[OS] Rencontre prédestiné

Nous nous sommes rencontrés un soir d’été. Tu étais allongé sur l’herbe calmement. Tu semblais profiter de l’air nocturne. Tu étais rayonnant et imposant. Un être opposé en tout point à ce que j’étais. Je ne pouvais pas t’approcher de peur de me bruler.
Je ne suis pas un être débordant de confiance en soi, ne se trouvant ni désirable ni puissant. J’en serais même ton contraire.
Pourtant, tu es venu à ma rencontre à ma surprise. Je ne te l’ai jamais avoué mais cela ma rassuré.

Tu m’as conseillé, tu m’as guidé.
« Sois toi-même » voila bien trois mots qui m’ont fait souffrir plus que ce je n’aurais cru. Les larmes sont montées et j’ai pleuré en silence. Tu étais gêné et tu t’es excusé pensant avoir fait quelque chose de mal. Je t’ai rassuré, chose qui m’a moi-même étonné puisque j’étais toujours la personne à consoler.

Cela t’a fait rire. Un son salvateur pour moi dont le cœur est meurtri. Puis nous nous sommes quittés.
Je suis revenu le lendemain puis le jour d’après mais tu n’étais plus la. Je me suis demandé si tu n’avais pas été un ange. Un ange présent seulement pour me remonter alors que j’étais au plus bas.

Chaque jour, inlassablement je suis revenu à cet endroit qui m’était cher désormais. Mais toujours rien.
L’été s’est terminé laissant place aux manteaux de feuilles d’automnes. J’allais toujours à cette place qui à mon étonnement restait toujours libre. J’étais plus couvert dut au froid qui s’installer lentement mais j’avais changé. Si la vie me permettait de te revoir, je voulais que tu sois heureux des efforts que je faisais chaque jour.

Tu m’avais dis : « il est plus facile de fuir en mourant que de vivre en affrontant »
Cette phrase a remué beaucoup de choses dans mon âme. Chaque jour est plus dur à vivre et à affronter mais il offre aussi ses lots de consolations.

Un « merci », un « bonjour », des petits mots anodins qui offrent réconfort et chaleur aux cœurs déjà gelé par les tristes réalités.
Alors j’attends, peut être n’étais tu que le fruit de mon imagination débordante avide d’aide et de soutien ou peut être m’étais-tu destiné ? Je ne fais que l’espérer.

Les arbres ont perdu leur feuilles, les terrasses disparaissent des cafés, les écharpent remplaces les foulards, la neige recouvre de ses longs manteaux blanc ceux de feuilles ocre et automnales. C’est l’hiver qui sonne à nos portes. Et je ne t’ai toujours pas revu. N’était ce la qu’un folle espoir que de vouloir te revoir ? Je ne dois pas désespérer et continuer à voir ce que le destin me réserve.

Nous sommes exactement le même jour qu’il y a un an. Les cerisiers sont de nouveau en fleur et je me rends compte que je n’avais pas apprécié leurs beautés à sa juste valeur jusqu’à aujourd’hui tout simplement.
Alors cette fois-ci, je laisserais de coté tout mes ennuis car il ne faut pas croire qu’ils aient disparu avec juste de la bonne volonté. Non, ils sont toujours la, toujours aussi noir et pesant mais ils ne grignotent plus vraiment mon essence de vie. Ils attendent que ton souvenir disparaisse de mon cœur pour attaquer de nouveau.
Pour le moment, il tient bon, il continue d’éclairer mon chemin même si il se ternit peu à peu. Plongé dans la contemplation de ce cerisier immense qui se tient à cette place, je me coupe du monde.

Puis lorsque je me détache de cette beauté éphémère, tu es là. Je reste sans bouger, assuré que je rêve surement éveillé.

C’est ton rire qui me fait redescendre sur terre. Je ne rêve donc pas. Tu es là. Tu me souris toujours de la même façon. C’est vraiment quelque chose de rassurant, de vivifiant. Je l’écoute sans m’en lasser.

Tu me racontes beaucoup de choses et je t’écoute calmement. Le poids qui pèse sur mon cœur s’envole peu à peu et je suis soulagé. Tu fais remarquer que j’ai changé. J’avoue donc à demi-mots que c’était dans l’espoir de te revoir. Tu sembles comprendre vraiment ce que je sous entend par la. Et à ce constat je ne peux que me sentir mortifié. Car je voulais te le cacher, toi que j espéré revoir un jour sans en avoir la certitude. Je devais te faire pitié voir te dégouter comme je me dégoutais moi-même en ce moment.

Mais tu n’as rien dis, tu m’as seulement ébouriffé les cheveux, un sourire collé aux lèvres. J’avoue que sur le moment j’étais déconcerté. Devais-je en rire ou en pleurer ? Devais-je me vexer si tu ne me prenais pas au sérieux ou me sentir soulagé que tu ne me détestes pas ?
Finalement le silence est d’or lorsque la parole est d’argent. Alors je n’ai rien dis, savourant ce contact même éphémère qui remplissait de nouveau mon cœur d’espoir.
Puis la nuit avança laissant bientôt place à l’aube. Je n’avais pas vu le temps passé et je savais déjà que l’on allait de nouveau être séparé. J’avais changé et je ne voulais pas me montré faible à nouveau.

Je voulais avoir la force de te demander si nous pouvions nous revoir mais je n’osais pas. Tu sembles l’avoir remarqué et à ma surprise c’est toi qui me pose cette question si attendu. Maitrisant le flot d’émotion qui me submerge, j’acquise avec joie. Tu sembles toutefois gêné par quelque chose.
Prenant mon courage à deux mains, je t’interroge. Tu dois repartir pour un an d’ici quelques heures. Repartir où ? Voila ce que je mourrais d’envie de te demandé mais comment oser alors que l’on ne se connait qu’à peine. Ce que je n’ose demandé. Tu le sais, comment ? Aucune idée mais tu me rassures.
« Si tu m’attend un an alors je serais à toi »
Je suis bien trop surprit pour bouger ou répondre. Cette fois c’est toi qui es désarmé face à mon silence. Tu t’excuses pour cette proposition et tente de t’expliquer.

J’apprends alors que tu attendais toi aussi de me revoir. Un souvenir qui persistait chaque jour. Toi que je croyais si différent de moi, tu m’es pourtant plus semblable que nombre de personne dont je pourrais faire la description par cœur. Pendant que tu te confonds en excuses, je souris et finit par t’arrêter. Oui je t’attendrais. Apres tout n’ai-je pas déjà attendu un an rien que pour te revoir ?
Tu es heureux et ton bonheur fait le mien. Sous les cerisiers, nous scellons une promesse. Une promesse qui prouve que la différence ne conduit pas forcement au malheur.
C’est ma différence qui m’a permit, après tout de te rencontrer et d’enfin pouvoir « vivre ».