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| La Geste d'Inconscience | |
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Drystan Rôliste
Nombre de messages : 3758 Age : 31 Localisation : A l'Ombre du Chêne Date d'inscription : 23/12/2007
Personnages RP Pseudo: L'Histoire Pseudo : Le Kaessendryn Pseudo :
| Sujet: La Geste d'Inconscience Dim 1 Déc - 15:26 | |
| « Mourir en héros ou vivre en essayant de le devenir. Ainsi demeurent les légendes, immortelles défuntes » Kaësendre d’Arcanis
Livre I
Echos - Prologue
I
« L’écume s’épanche lentement sur le sable. La plage miroite d’un éclat azuré, illuminée par la lueur de la pierre d’Eltacomb. Le Kaladas s’est effacé par delà les montagnes. Durant un instant, nous pourrions croire que la paix n’a jamais quittée l’Univers, que cette douceur règne encore en tout lieu et que nul ne pourra jamais l’altérer. Cela est vrai, dans un certain sens. Une guerre s’est achevée. Mais, avant même que ses cendres ne soient balayées par les vents, une nouvelle s’est dressé. Les monstres d’autrefois sont devenus des héros. Les ennemis, des alliés. Quant à certains des plus braves, ils ne sont plus que des parias. En cet océan d’illogisme, la certitude est un luxe que je ne peux m’offrir. Je ne sais plus que croire. La foi qui m’aura porté jusqu’en ces terres s’est éteinte. L’Unique m’a abandonné. Mon esprit s’emplit de questions, portant sur ces vérités que j’ai imaginées afin de combler les silences de ces derniers mois. Je suis las. Las de croire, d’espérer, de suggérer et d’essayer de faire des idées une réalité. Quel fut mon rôle dans ce conflit ? J’en fus le témoin. La plume qui retranscrivit les actes. Qui mît des images sur les rêves. Qui mît des visages sur les noms. Et pour comprendre le cheminement qui m’aura mené jusque sur cette plage, en l’instant où seuls les royaumes de Selen embrassent la mer d’argent, il faudrait repartir au commencement. Je tiens entre mes mains l’Histoire d’une Chute. L’Histoire d’un Crépuscule. L’Histoire d’une Fin. L’Histoire d’un Renouveau. Et, à présent, je vais vous la conter… »
Hiran d’Elicarnas
Dernière édition par Drystan le Mer 4 Déc - 20:36, édité 1 fois | |
| | | Drystan Rôliste
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| Sujet: Re: La Geste d'Inconscience Dim 1 Déc - 15:34 | |
| Les Guerres d’Evolution
Partie I : Au Bout du Monde
I Les premières notes que j’ai pu établir se basent sur l’histoire. Ce sont souvent les plus simples à découvrir. Avec le temps, je les aurais complétées, densifiées, éclaircies. De cette guerre dont je ne cesse de parler, elles représentent l’une des origines : la première fois où les deux courants d’évolutions se seront rencontrés ; où des êtres aux différences innombrables se croisèrent. Et où ils décidèrent de se haïr.
Hiran d’Elicarnas
II
Je ne peux toutefois débuter cette histoire – et je m’en excuse auprès de ceux qui sont las de ces incessants détours – sans présenter l’Univers. Sa constitution à parfois de quoi surprendre et j’ai entendu les légendes les plus improbables sur sa nature et sa création. Les Veilleurs, pour l’exemple, sont intimement persuadé que l’Univers est le fruit de leurs Dieux et que c’est la magie résiduelle qui leur a été confié qui assure sa cohésion. Alors que toute personne dotée d’un semblant de culture générale sait que l’Unique est le seul créateur et que c’est l’écho des forces qu’il aura mis en œuvre qui permet à l’Univers d’exister. Et oui, la différence entre les deux versions est minime, prouvant ainsi que sur le plan théologique, les Veilleurs sont non seulement des mystificateurs mais aussi des pâles plagiaires. Passons. A la suite de la bataille du Varaderim, de nombreuses discussions avec Tyrïn d’Eltacomb m’auront appris que la structure de l’Univers n’est pas évidente pour tous ses habitants. Que nombreux sont ceux qui n’ont jamais entendu parler des Brumes ou su qu’ils vivaient sur des Pierres. Ces hommes pensent que les mers sont le support de leurs contrées, qu’ils nomment eux même iles, archipels ou continents. Ils ont évidemment tort. Mais étrangement, leur naïveté ne les a que peu égarés. Car, s’ils avaient navigué jusqu’à l’horizon, ils auraient découvert de vastes cascades d’écumes plongeant dans l’infini. Il aurait rencontré une autre sorte de « mer ». Une mer inconsistante, vaporeuse, tourmentée, uniquement constituée de nuages et de volutes. Une étendue d’albâtre que le premier fils de l’Univers aura nommé l’Océan des Brumes. Et les Pierres, qui portent en leur sein les montagnes, les plaines, les rivières et les flots, perdurent sur cette immensité, à l’instar des iles, archipels et continents. Ce sont les forces divines et, à proprement parler, celles de l’Unique, qui maintiennent ces rocs en suspension. Ces enchantements prennent naissance bien en dessous de l’Océan des Brumes, en ces contrées que la mythologie du Crépuscule nomme le Maelström. La mer immatérielle s’étend dans bien des directions, sillonnée de toute part par des voiliers aériens et des vaisseaux technocrates. Dans les cieux resplendissent deux nébuleuses. Le Kaladas, qui enlace de ses rayons d’or les royaumes centraux de l’Univers. Ces derniers perdurent dans une journée perpétuelle et seules les plus hautes montagnes peuvent y apporter la nuit. Les contrées périphériques, quant à elles, ne contemplent que peu les rais du Kaladas, privés de cette manne par les mêmes sommets qui apportent le repos aux civilisations du cœur. Elles vivent ainsi dans un éternel Crépuscule, dominé par les éclats azurés de l’Aven’Nest. Maintes légendes furent contées sur cette nébuleuse. Pour les Veilleurs, gardiens du Crépuscule – plus connu sous le nom de Bout du Monde – depuis l’aube des temps, elle fut crée par Seren, déesse renégate qui aurait souhaité égaler la splendeur de l’Univers. A lui seul, l’Aven’Nest représente l’éternel conflit des Veilleurs. Il gravite inlassablement autour de nos royaumes, cherchant une faille, un passage. Et les créatures qui vivent sous ses entrelacs espèrent tout autant. Mais ces terres sont celles de l’Extérieur. Le même Extérieur que les fils du Crépuscule affrontèrent dans l’espoir d’assurer la pérennité de nos peuples. Durant longtemps, je n’ai point cru à ces affabulations, à ces histoires de démons et de héros. Néanmoins, ce n’est pas parce que nous ne croyons pas aux mythes que ces derniers cessent d’exister…
Hiran d’Elicarnas
III
Comme tous les conflits, les guerres d’évolution prirent naissance dans l’incompréhension, l’orgueil et le dédain. Isolées par l’Océan des Brumes, seules régentes de leurs Pierres, les civilisations évoluèrent en suivant des voies qui leur furent propres. D’aucunes suivirent leur logique, d’autres leur imagination. Il en résultât deux courants, que je décrirais selon les mots qui leur furent dédiés par la postérité :
« L’une fut l’imaginaire, reflet de l’âme, du rêve et de l’incertitude. Elle prit naissance entre les racines du plus ancien des arbres, glissa sur les rais de la première des nébuleuses. Elle devint partie intégrante des forces qui coulent dans l’Univers. Elle écouta ses souffles, suivit ses soupirs. Elle fut attentive, subtile, discrète ; le cœur d’une nature qui lui conféra sa force. Elle puisa son essence dans ce que les ingénus nommèrent la magie. Une magie aux innombrables ramifications, aux incroyables nuances. Et ses fidèles la nommèrent l’Arcanisme. » « L’autre fut la réalité, reflet de l’esprit, de la cohérence et de la certitude. Elle apparut lorsque les deux premières pierres s’entrechoquèrent, s’inventa au travers du vol d’un oiseau. Elle bouleversa la structure même de l’Univers. Elle triompha de sa puissance, domina ses éléments. Elle fut rude, impressionnante, omniprésente ; sa force lui vint du seul esprit humain. Elle se servit de l’Univers tel un outil et y forgea la science. Une science aux lois codifiées, à la logique unifiée. Et ses fidèles la nommèrent la Technocratie. »
L’évolution – La naissance d’une ère nouvelle Yvean Septem Avec les âges, les peuples découvrirent un moyen de traverser ces cieux et d’explorer ces terres lointaines, flottant par delà l’horizon. Ils y découvrirent des civilisations qui, tout comme eux, voulaient voir ce qui perdurait aux confins des cieux. Certains s’étaient développés à leur instar et ils se lièrent d’amitié. D’autres étaient trop différents et ils les considérèrent d’un air supérieur, ne voyant en eux que des barbares destructeurs ou des rêveurs léthargiques. Dans leur esprit germa l’idée d’une race inferieure et ils en vinrent à rêver d’esclavage et de domination… Ces faits furent résumés avec bien plus de grâce par Tyrïn d’Eltacomb.
« Maints siècles s’écoulèrent avant que les dépositaires des différents courants d’évolution ne se rencontrent enfin. Il leur fallut bâtir des vaisseaux afin de croiser entre les Pierres. Les Arcanistes les conçurent à partir de la Magie. Les Technocrates les édifièrent via la Métallurgie. Et lorsque ces Béhémoths se rencontrèrent, l’incompréhension naquit. Puis vint le jugement. Et enfin, la haine. La paix ne fut qu’éphémère. Chacun construisit les armes qui leur permettraient d’emporter un conflit devenu certain. Puis. Une étincelle s’embrasa au cœur de cette tourmente. La Guerre éclata. »
Notes sur l’Origine de la première Guerre Universelle Tyrïn d’Eltacomb
Cette étincelle fut crée par les Arcanistes mais la postérité s’accorda sur un fait. Tous l’attendaient, sans exception. Elle vint des royaumes d’Akën, une contrée située sur les flancs nord des falaises d’Olëstan et, par conséquent, aux portes de la Vallée du Selfirion, la plus grande confédération Technocrate de l’avant guerre. Bâtie sous l’égide des Citadelles d’Azur, cette dernière rassemblait des milliers de Pierres coexistant dans un certain pacifisme, toutes guidées par la vénération de la Mécanique et un dégout profond à l’égard de la magie. Ainsi, lorsque, guidé par des visions expansionnistes, les armées Arcanistes d’Akën s’en prirent aux dominions nordiques des Citadelles, la riposte fut implacable.
« Les démons technocrates fendirent les cieux tels des lames d’ébène. Ils vomirent des pierres d’aciers et de feu qui répandirent sur nos cités les souffles de l’apocalypse. Profitant de leur effet de surprise, ils réduisirent les principaux postes de défenses à néant. Du haut des montagnes, je contemplais le chaos. J’entrevoyais les joyaux de mon peuple ravagés par d’immenses gerbes embrasées. Seules quelques cités furent épargnées. Elicarnas fut l’une d’entre-elle. Cette humble bourgade ancrée dans les sommets devint le cœur d’une civilisation défunte, d’un peuple de montagnards voué à contempler les plaines ravagées où vivaient autrefois leurs familles. Mais ce sacrifice ne fut pas vain. D’une seule voix, les Arcanistes s’élevèrent contre la destruction. D’un seul geste, ils prirent les armes. Et d’un seul coup, ils frappèrent… »
La chute d’Akën Deothèse – Prêtre de l’Unique dans la cité d’Elicarnas L’Arcanisme, paisible et silencieux, devint un immense dragon. Il dévasta les royaumes et embrasa les civilisations. Face aux seigneurs de la Mécanique, les fils de la magie invoquèrent les éléments. Les brumes devinrent aussi tranchantes qu’une lame, les Pierres ployèrent sous la colère des arcanes, les mers se transformèrent en brasiers. Tous les peuples oublièrent leurs vaines dissensions. Il ne resta plus que deux camps. Les Arcanistes et les Technocrates. Ce furent ces derniers qui prirent l’avantage. L’innombrable eut raison des puissants enchanteurs : Ils ne surent arrêter tous les coups, éviter tous les assauts. Lentement, ils courbèrent l’échine. Ces victoires apportèrent la confiance aux fils des machines. Ils se crurent invincibles. Et attaquèrent les Veilleurs en leurs terres eux qui, à l’issue d’un conflit meurtrier avec les Démons, avaient jugé bon de ne point intervenir dans les Guerres d’Evolution. D’un souffle, les Harmonies s’éveillèrent, protégeant leurs légataires en ces royaumes mortels. La mère des magies reprit ses attributs guerriers et frappa. L’environnement fut distordu, transcendé, recréé. L’impétuosité des guerriers crépusculaires eut raison de l’ennemi. Pour la première fois depuis la Chute d’Akën, l’Arcanisme fut vainqueur. Et l’espoir revint. Une alliance naquit dans le Nord* , rassemblant les Veilleurs Septentrionaux et deux des principaux royaumes centraux : Novendir, plus connu sous le nom des six Cités, et Eltacomb. Ce fut la fin de la guerre de Puissance et l’aube de celle des Hommes. Le Selfirion libéra ses armées sur trois fronts : la Chaine d’Esférendis, par delà laquelle se dressait la Citadelle des Confins, cité reine des Veilleurs ; les royaumes occidentaux où les enfants du Crépuscule avaient levé une puissante armée ; le Novendir, afin de triompher de la grande alliance Arcaniste. C’est en ces contrées qu’eut lieu la première grande bataille des Guerres d’Evolution. Plusieurs Hérauts y devinrent des Héros et, parmi eux, fut Urban d’Eltacomb.
« Ebène et braises. Voici la couleur des cieux en temps de guerre… Même l’impétuosité du Kaladas ne pou-vait percer ces ombres. Nous attendions, aux portes de l’Océan des Brumes, juchés sur nos montures célestes. Nous n’étions qu’un millier. Mille Arcanistes des plus audacieux, des plus braves et des plus courageux jamais engendrés par le Centre. Mais qu’importe notre héroïsme, quelles étaient nos chances face aux innombrables armées de la technocratie ? Mes yeux s’étaient-ils posés sur mon fils pour la dernière fois ? Etait-ce l’Univers auquel je prédestinais Tyrïn ? Un Univers où il ne serait qu’un esclave ? A cette pensée, je sentis la colère embraser mes sens. Voilà ce que nous étions devenus, nous, les fils des Arcanes. Des guerriers, emplis de haine et de rancœur. Ebène et braises. Voici la couleur des océans en temps de guerre. Les cendres des royaumes lointains s’étaient liées aux brumes, noyant les mers dans un manteau d’obscurité. Les rocs se découpaient dans l’horizon, lames déchiquetées aux pointes acérées. La terre elle-même avait l’aspect d’une prochaine sépulture. Et, à l’horizon, je les vis. Innombrables, imposants, effrayants. Des mastodontes d’aciers et de lumières, dévorant les ténèbres avant de les recracher, au combien plus sombres. Une myriade d’insectes les enveloppait. J’y devinais des « vaisseaux ». Ainsi, tels étaient ses cracheurs de mort et de chaos. Nos Kalasvres avaient bien pâle allure face à ces phénix de métal. Je lançais ma monture au travers des cieux, rejoignant nos rangs. Nul mot n’y était prononcé. Nous ne redoutions que trop l’issue fatale de cet affrontement. Face à de tels en-nemis que pouvions-nous espérer ? Une ultime bataille, un soupçon d’héroïsme, peut-être. Et la mort... Notre commandant éleva la voix, hurlant afin de couvrir les gémissements des mécaniques ennemies. Comme nous tous, il savait que peu survivraient. Il était de son devoir, toutefois, de raviver l’espoir de ces pauvres hères que nous étions devenus : « Inutile de retarder l’échéance, mes frères. Allons écrire l’Histoire de notre sang et rappelons à tous que si les enfants des Arcanes ne possédaient point la toute-puissance, ils eurent le courage de s’y opposer. Qu’ils dressèrent leurs lames là où tous auraient fui et que, peut-être, ils changèrent la destinée d’un Univers ! Car il existe un espoir. Car il existe un avenir où nous serons vainqueurs. Et cet avenir, aujourd’hui, nous allons le faire nôtre ! » Sur ces mots, l’air s’embrasa. Cette magie que nous avions autrefois utilisée afin de construire devînt notre lame. Les initiés aux arts nobles des Arcanes se nimbèrent d’une aura lumineuse. Leur clarté fut celle d’une lance opaline, qui s’élança au sein des ténèbres, accompagnée des derniers éclats du Kaladas. Leurs sortilèges nous enveloppèrent, armure d’argent et d’éphémères. Je pris la tête de mon escadre. L’étendard de l’Alliance resplendissait à mes cotés. Une plume d’argent gravée sur un fond d’ébène, ultime fragment d’une tranquillité passée qui, jamais, ne reviendrait. Enfoui au plus profond de mon âme, écrasée par les voiles d’idéalisme et de patriotisme, brulait une idée fixe : Cette guerre n’avait nulle raison de continuer, de tuer ou même d’exister… Mais le temps n’était pas à de telles pensées. Les cieux s’emplirent d’une fragrance métallique. L’ennemi fit feu et, aussitôt, une nuée d’éclats d’airain s’abattit sur nous. Elle s’évanouit en une gerbe d’étincelles, terrassée par la magie. Le chaos s’étendait autour de nous, porté par ces particules embrasées. Mais nous tînmes bon. Et le premier coup fut Arcaniste. L’un des enchanteurs franchit le voile et, à l’instar d’une lance étincelante, s’abattît sur un mastodonte. Sous son vol, l’acier se recroquevilla, les hommes s’embrasèrent et les connectiques disparurent. Il ne resta qu’un vide, traversant la bête de part en part. Elle chût alors, jusqu’à disparaitre entre les brumes, fracas d’explosions et de cris. Malgré cette victoire, nous sentions nos forces faiblir. Bien des plaies avaient été ouvertes, bien des énergies consumées. Nos cœurs se crispaient face à ces armées que mille batailles ne sauraient altérer. Je plongeais entre les vaisseaux, évitant les tirs trop nombreux. Face à de telles puissances, que pouvais-je faire, si ce n’est guider les miens et porter l’étendard de l’Alliance au plus profond de l’affrontement, ravivant l’espoir des soldats les plus désemparés ? Je n’étais qu’un stratège, un héraut naviguant solitaire au sein d’une lutte entre deux titans. Une lutte qui, lentement, tournait en notre défaveur […] C’est alors que je les perçus. Un Arcaniste sait discerner la magie, en tout temps, en tout lieu. Et lorsque les Harmonies s’éveillent, nous ressentons toujours un souffle embraser notre cœur, à l’instar d’un enfant qui contemple le Kaladas au sortir des falaises d’Olëstan pour la première fois. Et elles furent, là où nous avions tant besoin d’elles. Finalement, le Crépuscule avait répondu à notre appel. L’esprit des Veilleurs naviguait le long des courants originels, se matérialisant entre l’espace et les âges. Je perçus leurs voix. J’entendis leur fureur. Et je la vis s’abattre. Elle trancha, dévasta, brisa les inventions technocrates afin de rétablir l’équilibre. Certains mastodontes se dématérialisèrent, ne devenant plus que fragments emportées par les forces du Maelström […] Et, au septentrion, apparut l’armée du Bout du Monde. Il était là, ce parangon de majesté, arborant fièrement l’étoile d’Arcanis sur ses étendards. L’espoir revenait… Tout n’était pas perdu. » La Bataille du Novendir Urban d’Eltacomb
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Durant trois jours, les forces du Crépuscule, d’Eltacomb et de Novendir luttèrent de concert. Des renforts affluèrent des six cités, galvanisés par cette chance de victoire. Et, alors que les cieux n’étaient plus que cendres et les océans que flammes, les Arcanistes triomphèrent. Leurs ennemis battirent en retraite et il en fut ainsi jusqu’à la chaine du Varaderim. Là, profitant des hauteurs, des passes et des vallées, ces derniers se retranchèrent et parvinrent à stabiliser le front. Deux s’établirent finalement, et ils rassemblèrent toutes les grandes armées des guerres d’Evolution. Celui des falaises d’Olëstan et du Varaderim, composée de la Grande Alliance dressée face à l’ultime rempart du Selfirion ; Celle de la Citadelle des Confins, cité mère du Crépuscule, opposant les veilleurs austraux aux forces technocrates. Plus qu’un combat entre deux courants d’Evolutions, là se jouait un duel entre deux hommes. Un jeune général venu du Selfirion, brillant stratège dévoré par une ambition sans limite et un commandant du Bout du Monde déifié par les siens, hanté par ses souvenirs et son amour de la Justice. Yvean Septem et Altan Hayarn ; Là où l’un dominait par son brio et ses réflexions, l’autre l’emportait par sa fouge et le courage qu’il inspirait aux siens. Et c’est la rencontre de ces deux hommes qui scella les Guerres d’Evolution.
Hiran d’Elicarnas
*L’Univers étant, de par sa nature, immobile – ce sont les nébuleuses qui gravitent autour de lui – le nord est simplement indiqué par la position de l’Etoile du Safran.
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| Sujet: Re: La Geste d'Inconscience Mar 3 Déc - 22:53 | |
| IV
« J’entrevis la ruine. J’imaginais des guerriers dépourvus d’objectifs arpenter de désertiques contrées. Je songeais à nos majestueuses cités écrasées par le temps. Je naviguais dans les cieux de ce paysage déliquescent, y observant la Fin. Il y avait une voix. Puissante, aussi ancienne que le roc, aussi fuyante que les rivières, aussi trompeuse que les brumes. Elle ne retentissait pas. Elle plongeait directement dans les méandres de mon esprit. Elle décrivait ce chaos. « La guerre sera éternelle. » Les soldats continuaient à avancer. Les vents devinrent plus puissants… Et le temps s’accéléra. Les armures se corrodèrent, les membres s’étiolèrent. « L’éternité entrainera la stagnation. » Pourtant, ils n’abandonnèrent point. Qu’importe les tempêtes, leur route resterait inchangée. Ils n’en connaissaient plus d’autre. Les souffles de l’avenir arrachèrent des pans entiers de leur cuirasses, brisèrent leurs ossements et ne laissèrent que des poussières. La voix fut à nouveau, implacable. « La stagnation sera la fin. ». Les poussières devinrent sables, recouvrant les Pierres d’un linceul d’albâtre. Les brumes s’oblitéraient, ne laissant plus que l’éclat du Kaladas. Lui-même se ternit. Seul demeura la lumière de l’Aven’Nest, perdue au-delà des confins « Et lorsque les ténèbres viendront, il n’y aura que le silence pour les accueillir. »L’Univers disparut. La nuit fut, immense, insondable. Nulle étoile ne sut l’éclairer. Nulle nébuleuse ne put l’illuminer. Invisible voyageur, je me tenais au cœur de ce chaos. Et je sentis son regard. « Les Arcanistes ne courberont jamais l’échine. Leurs cœurs seront d’acier, leurs âmes seront de pierre. Il te faut changer l’Equilibre. Apporter la défaite pour permettre la victoire. Trahir pour régner. » La noirceur dansa autour de moi. Je crus y distinguer une silhouette. « Dresse ta lame aux cotés des seigneurs des confins. Achève cette Guerre. Construis un royaume dont tu seras le Seigneur. Gouverne. » Ce fut tout. L’immobilité revint. J’inspirais lentement, supputant quant à la puissance de mon interlocuteur. Puisant en mon âme, je trouvai le courage de l’interroger. « Et les Veilleurs ? M’accepteront-ils ? Mes armées les tourmentent sans relâche. Se laisseront-ils guider par un ennemi tel que moi ? » Les paroles surgirent à nouveau du néant. « Tu devras leur faire entendre raison. Celui que tu rencontreras croit en la Justice. Il devra apprendre que tout ne peut se résoudre sous le joug de cette dernière. Rappelle-lui le rôle des Veilleurs, montre-lui combien cette guerre est futile. Dis-lui ta vérité, montre-toi sous ton vrai jour. Il comprendra. ». L’ombre sembla m’envelopper. J’y ressentis une force ancestrale, aussi ancienne que l’Univers. « Serais-je seul ? », demandais-je. « Non. Sois implacable, sois impitoyable. Ne laisse point l’ennemi obturer ta voie. Et, lorsque que tes sentiments chancèleront, que le doute viendra, j’arriverais avec lui. Les portes du Maelström s’ouvriront. Et, à nouveau, un Seigneur d’autrefois les franchira afin de protéger l’avenir et d’assurer le présent. Je viendrais. » Sentant l’éveil franchir les frontières de mon esprit, je posais une ultime question. « Qui êtes-vous ? » Il apparut. Ses yeux embrasèrent les ténèbres. Ils miroitaient d’un éclat enflammé, dessinant volutes de fumée et cristaux de lumières. Autour d’eux se dressait un ramage d’ébène, lequel se propageait jusque dans la nuit. « Je suis la rivière, changeante et immortelle. Je suis le vent, fourbe et audacieux. Je suis celui qui ressent les ombres. Je suis celui qui navigue entre les pensées. Mon âme a contemplé la naissance de l’Univers. Mon sang a coulé dans les veines des Monarques du Crépuscule. Je suis. »
Yvean Septem Carnets d’une Guerre Eternelle
Yvean s’éveilla. Ce rêve… A maintes reprises, il avait arpenté son esprit, hantant son repos de sinistres présages. Il n’y avait plus de doute. Il était temps d’agir. Ses yeux vagabondèrent sur les murs. Accrochée à ces derniers, grésillait une lampe. Le système énergétique du camp ployait sur la demande et même lui, pourtant général des armées tech-nocrates, devait se contenter des miettes. Si, aux Citadelles d’Azur, les constructions rivalisaient d’élégance et d’audace, les campements de la technocratie n’étaient qu’acier. Sur les cloisons s’affichaient, avec cette pâleur typique des hologrammes, cartes de pays et plans de batailles. L’homme se leva. Il s’habilla prestement, rassemblant les vêtements égarés ici et là avant de s’en revêtir. Il s’avança ensuite vers la porte, laquelle coulissa en un discret chuintement. Elle donnait sur un couloir aux parois translucides, arpenté par quelques officiers. A sa sortie, un soldat se fendit d’un bref salut avant de le suivre, énumérant les événements des dernières heures d’une voix laconique : « Les forces Arcanistes continuent de défendre les allées du port et la voie qui mène à la Citadelle du Crépuscule. Nos hommes ont battu en retraite jusqu’aux positions fortifiés. Les forces aériennes adverses continuent à empêcher tout ravitaillement et harcèlent les flancs de nos légions principales » Il s’arrêta un instant, faisant défiler les données affichés sur la plaque de silicium qu’il tenait entre ses mains. Yvean soupira. Au-delà des parois se dressaient des baraquements disparates, traversés par un flux ininterrompu de soldats en armure. Ces dernières étaient lourdes, pesantes et peu esthétiques. La célérité n’était point leur objectif. Tout comme la précision n’était pas la raison d’être des armes portées par ces combattants. Les Technocrates, à l’instant de la Guerre des Hommes, avaient choisi d’utiliser robustesse et puissance de frappe plutôt que vivacité. Et, face aux fils du Crépuscule, ce choix s’avérait malhabile. Yvean regrettait parfois la « primitivité » des siens. L'utilisation seule de la force et de la vigueur ne conduisait que rarement à la victoire. Il enviait le polymorphisme de la magie crépusculaire, elle qui permettait à la fois furtivité, violence et protection. Lui n’avait que deux de ces atouts entre les mains et, faute de mieux, il composait avec.
Il continua d’avancer, le regard perdu dans les cieux. Seule la clarté de l’Aven’Nest illuminait les landes du Bout du Monde. Tout y semblait d’azur ou d’ébène, la moindre entité y revêtant une allure mystique. Ainsi, même les cor-vettes, croiseurs et chasseurs stationnés au dessus du camp semblait emprunts de magie. La base principale de la Technocratie avait été établie dans les hauteurs de la Ceinture d’Inexistence. Les légendes étaient fécondes à l’égard de ces lieux. Yvean en avait entendu quelques unes, racontés par des prisonniers et moribonds.
« Composée uniquement de débris et de rocailles, la Ceinture d’Inexistence gravite lentement autour de la Citadelle des Confins. Elle fut autrefois une part intégrante du Roc d’Arcanis et demeure à jamais le reflet du Del Rivhen. Celui-ci fut le dernier affrontement, à ce jour, entre les supposés créatures de l’extérieur et les fils du Crépuscule. Au cours de cette bataille, ces derniers auront brisé l’essence même de leur Magie, provoquant la Fin de bien des leurs et l’anéantissement des contrées périphériques de leur pierre principale. Et même si la victoire revint finalement aux Veilleurs, ils en furent brisés. Depuis de jour, nul n’a eu le droit de s’établir sur les décombres de la Ceinture, lieu de culte et de recueillement aux yeux des fils du Crépuscule. Cela expliquerait la hargne avec laquelle ils essayent de nous débouter de nos positions. Je n’y vois toute-fois qu’une affabulation inventée afin d’expliquer un conflit bestial entre, que sais-je, deux factions rivales au sein d’une même Civilisation. Qui pourrait croire qu’il existe des êtres en ce néant qui constitue les royaumes perdurant au-delà du Crépuscule ? »
Yvean Septem Carnets d’une Guerre Eternelle
Et, à l’horizon, se dressait la Citadelle des Confins. Sa flèche s’élevait dans les cieux à l’instar d’une lance de lumière et, autour d’elle, poussaient d’immenses forêts. Puis venaient les murailles d’albâtre, infranchissables remparts du Crépuscule. Car si ces derniers semblaient exister en ode à la beauté plus qu’en égide du Bout du Monde, les Initiés ne laissaient nul projectile les atteindre, dessinant une invisible barrière autour de leur royaume. Avec le temps, Yvean avait appris à l’entrevoir, remarquant l’endroit où tout assaut semblait s’oblitérer pour ne devenir qu’absence. Après des mois de siège, ses triomphes s’étaient avérés bien pâles. Il n’avait avancé que de quelques pas, s’emparant difficilement de la cité portuaire accolée à la Citadelle et, depuis plusieurs jours, bataillant pour devenir le maître du pont qui le mènerait aux portes de cette Capitale. Une guerre éternelle… Tel était l’avenir de ce conflit. L’écho de ses rêves voguait en cette réalité, se transposant au présent jusqu’à en devenir un fragment. Un fragment d’éternité. Il percevait la lassitude dans la voix de son intendant, alors qu’il récitait un couplet identique à celui d’une infinité de journées. Ça et les rumeurs venues du Selfirion… Yvean ne put résister. Alors qu’ils avançaient en direction de la frontière occidentale du camp – la plus proche de la Citadelle des Confins – le Général s’arrêta. Souriant, il sortit une cigarette d’un étui en argent, usé par le temps et les voyages. L’allumant, il s’adressa à son intendant. - Navré de vous interrompre dans votre monologue, Quéltin. Non pas qu’il soit inintéressant, loin de là. Mais je me demandais… Que pensez-vous de tout cela ? Vous savez, la guerre, notre siège du crépuscule… - Notre Guerre est juste, mon Général. Et ainsi, le siège l’est tout autant, répondit-il d’un ton légèrement contrit. Je ne vois pas que dire de plus. - Hum. Quéltin. Vous m’avez accompagné dans toutes mes batailles, que ce soit dans les landes du Selfirion ou en ces lieux. M’avez-vous déjà vu exécuter quelqu’un parce qu’il se permettait d’avoir un avis qui divergeait de celui dicté par la Technocratie ? - Non. - Ca signifie que, si je vous pose une telle question, c’est par intérêt pour la vraie réponse. L’autre, je la connais par cœur ! S’exclama Yvean avec un léger sourire. L’intendant demeura un instant silencieux. Yvean devina les rouages de l’esprit s’agiter follement afin de concocter une réponse qui serait à la fois représentative de ses véritables pensées et proche d’une idée politiquement correcte. Sa voix s’éleva, légèrement saccadée, évitant d’être trop forte afin de ne point attirer l’attention sur des propos po-tentiellement divergents : - J’ai l’impression que ce siège sera long, mon Général. Très long. Je ne mets pas en doute vos talents de stratège, loin de là. Mais cet ennemi est différent… Il ne cède pas, il ne recule pas, il ne perd jamais espoir. La lassitude est partout dans nos rangs. Nous n’avions jamais affronté de tels monstres. - Des monstres ? - Oui ! Ils ne sont que violence, comparé à nous. Je ne vois qu’armes, que chaos. J’ai l’impression que leur magie a été établie afin de détruire et uniquement de détruire. - Oh. Yvean leva un sourcil interloqué. Je pense qu’ils ont exactement la même impression à l’égard de la Technologie et, plus particulièrement, à notre égard. - Mais ce n’est pas le cas ! Nous avons l’Origine, nous avons ces œuvres et ces constructions si majestueuses que le ciel lui-même s’incline devant-elles ! Nous avons la science, la médecine, l’Alstérion. Nous sommes capables de naviguer jusqu’au cœur des brumes, d’atteindre les arabesques des nébuleuses sans que nos ailes ne s’enflamment ! - Mais le savent-ils ? Je suis persuadé que, derrière les murs de la Citadelles des Confins, ce cachent des mer-veilles tels que les fils de la Mécanique n’en ont jamais vu. Rappelez-vous que c’est une guerre. Ce n’est pas le propre de ces dernières de mettre en exergue les bons cotés des peuples. Je vous le garantis. Enfin. Là n’est pas la question. Ainsi, les hommes en ont assez de ce conflit ? Je les comprends, murmura le Général avec un air attristé, nous n’avançons plus. Chaque pas est récompensé par la mort et les larmes… Pourquoi se battent-ils encore, alors ?
« Par amour pour vous, je pense » Quéltin prit une inspiration, à l’instar de ces hommes qui, face au précipice, prennent finalement la décision de s’y jeter. « La haine, le respect de nos Seigneurs, l’amour de la Technocratie. Cela n’est plus que l’apanage de quelques uns… Des rumeurs circulent. A les entendre, le pouvoir profiterait de cette guerre, s’enlisant dans les cloaques de la luxure alors que nos enfants endurent milles privations, que nos femmes s’épuisent à la tache afin de construire les armures dans lesquelles nous périrons… La foi s’étiole et seul demeure le ressentiment, l’envie de révolte. Pas contre vous. Mais contre le Pouvoir. » L’esprit du Général s’égarait à nouveau dans les limbes. Un fin sourire posé sur ses lèvres, une cigarette coincée entre ses doigts, il laissa son regard vagabonder dans l’infini. Plus que les pensées d’un homme, les mots de Quéltin étaient le reflet d’une impression collective. Une impression qu’il avait savamment forgé afin d’arriver à cet instant précis… Les rumeurs peuvent être amplifiées. Les hommes peuvent être soumis, apprenant à préférer leur commandant à un seigneur lointain et éphémère. Et cela, Yvean Septem, Général des Armées Technocrates, ne le savait que trop bien.
« Diviser pour régner. Cette phrase, nous l’avons tant entendu lors de nos apprentissages. Et, lorsque la guerre fait rage, lorsque la confiance disparait et que les brebis s’égarent, elle prend tout son sens. Les hommes, au cours des batailles, préfèrent croire en leurs Généraux. Ce sont eux qui tiennent leur vie entre leurs mains et, s’ils parviennent à préserver l’existence de leurs sujets, ils auront leur amour. Et celui-ci sera essentiel : si ceux qui veulent le pouvoir ont une armée à leurs cotés alors, ils auront une légitimité. Celle du sang. Voilà longtemps que l’issue de cette guerre m’est connue. Mes rêves ne sont que l’écho d’une cruelle vérité. Dès l’instant où les Veilleurs sont rentrés dans le conflit, l’équilibre a été rétabli. Technocrates et Arcanistes combattent à présent à armes égales et, tant qu’il en sera ainsi, nul ne pourra l’emporter. Les ambitieux pourront alors trouver une voie jusqu’au trône. En amplifiant les rumeurs venues du Selfirion, j’ai dévié la fureur de mes brebis. Leur haine porte à présent sur leurs seigneurs plutôt que sur l’ennemi. Et leur amour demeure mien. Il ne reste plus qu’une chose à accomplir. Une alliance impossible. Impossible, dis-je, mais mon inconscient semble y croire. Si j’arrive à accomplir mes rêves – littéralement –, si cette alliance parvient à exister, si le Crépuscule se soulève à mes cotés, alors le cœur de la Technocratie sera brisé. Je marcherais sur les Citadelles d’Azur et, héros d’une guerre, je monterais sur le trône. Là, je devrais construire une unité afin d’empêcher qu’un nouveau conflit ne naisse. Rassembler les Arcanes et les Machines. Créer l’Avenir et assurer sa postérité. » Yvean Septem. Carnets d’une Guerre Eternelle.
-
Le pas léger, Yvean continua son vagabondage. La voix de Quéltin accompagnait sa marche telle une discrète mélopée, portant en son sein quelques accords de triomphe. Des constructions métalliques s’élevaient sur les flancs de leur route. Leurs fenêtres étaient scellées par des barreaux d’acier, à l’allure aussi ténébreuse que les lieux qu’ils protégeaient. Insensible à cette atmosphère lugubre, le Général lança quelques mots : « Ne trouvez-vous pas, nonobstant ce conflit, qu’il y a dans l’air un je-ne-sais-quoi d’euphorique ? Comme si l’Univers s’était teinté d’un voile de tranquillité, de plénitude... Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus… » L’air perplexe que lui accorda son interlocuteur répondit à sa question. Celui-ci se pencha sur son NavPad, sans se départir de son regard. D’un geste vif, il fit défiler les données jusqu’à obtenir une carte de la Ceinture d’Inexistence. Un éclat y miroitait, semblant converger vers le camp. « Ce n’est pas dans l’air… C’est dans le tissu de… Attention ! » Avant même que l’écho de ses paroles ne s’oblitère, Quéltin se jeta sur son supérieur, le projetant contre le sol. Au même instant, les Harmonies s’entrouvrirent. Un souffle d’énergie balaya les lieux, prenant naissance à l’endroit où s’était trouvé Yvean. Les murs vacillèrent. La poussière s’éleva et, dans un tourbillon, obscurcît les cieux. Les deux technocrates cherchèrent à se relever, en vain. Ils ne purent que se retourner et contempler la source du chaos. Et ils y virent l’Arcanisme. Non pas celui, éphémère et lointain dont s’emparent parfois les légataires d’une magie défunte. Mais bien celui qui n’a d’égal que la splendeur du Kaladas. S’incarnant au cœur de l’éclat, les fils du Crépuscule se redressèrent. Ils ne portaient qu’ébène, invisible parure aux cotés des Harmonies et des Lames. Sous les entrelacs de tissus, Yvean devinait leur peau diaphane et, gravée sur leur torse, l’Etoile d’Arcanis. L’un des Veilleurs attira alors son regard. Non pas pour ce qu’il était. Mais pour ce qu’il devint. Surgissant du néant, de sombres volutes s’enlacèrent son corps. Et, soudain, il ne fut plus homme. Il était Unique. Il était de ces créatures que les mortels ne peuvent contempler qu’une seule fois. Ses écailles ne luisaient point. Elles absorbaient toute lumière. Ses yeux ne brillaient point. Ils étaient l’éclat. Sa simple existence emplissait l’espace d’une présence infinie et, lorsqu’il étendit ses ailes, Yvean le vit dans toute sa splendeur. Le Dragon. Monarque du Crépuscule, Seigneur de la Vie, du Courage, de l’Impétuosité et de la Matière. Lui qui aura choisi d’exister parmi les enfants du Bout du Monde, devenant en cela l’Avatar de l’un de leurs hérauts. Le compagnon d’Altan Hayarn, Adune Shënierastë.
Hiran d’Elicarnas, D’après les notes d’Yvean Septem. | |
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