Principes Fondamentaux de l’Univers
Ou les concepts clés de deux courants d’évolution
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L’Origine
« S’il y a une clé qui, perdue, emporterait avec elle toute la technocratie, il s’agit sans nul doute de celle qui ouvre les portes de l’Origine… »
Ector Valentine
La théorie des Dimensions est considérée par l’ensemble des physiciens comme le cœur de l’évolution. Elle repose sur les lois suivantes :
« Le Tout, puisqu’il faut bien le nommer, recèle en son sein une infinité de Dimensions. Ces dernières sont toutes reliées et l’impossibilité d’un passage direct d’une première à une seconde est le résultat de deux principes élémentaires : En suivant la même logique que maints mécanismes de transferts, il existe une barrière énergétique séparant les Dimensions. Ainsi, seul un apport énergétique considérable pourrait permettre le passage d’un corps à travers cette muraille ; Tout corps originaire d’une Dimension sous-tend à y rester et, s’il en est éjecté, à y revenir. S’opposer à ce phénomène est fondamentalement impossible étant donné qu’il implique un approvisionnement cons-tant du corps en énergie afin de le maintenir dans un état dit « excité » et, par conséquent, propice aux transferts dimensionnels. »
Principes élémentaires de la Distorsion.
Volume I.
Ces principes, établis par Ector Valentine dans les Citadelles d’Azur, 1830 années après la construction de la Citadelle Originelle – A.C.O. – furent par la suite considérés comme le premier pas sur le sentier de l’Origine. En effet, pour d’aucuns, la théorie des Dimensions rejetait définitivement la possibilité d’un transfert définitif dans une autre dimension sans toutefois interdire un séjour extrêmement temporaire. La question de l’intérêt de ce voyage se posait toutefois. Des arguments tels que des couts énergétiques faramineux, un bouleversement du grand « quantum » dimensionnel et de tout le fatras intergalactique justifiait certes l’opération auprès des scientifiques mais s’avéraient bien moins élégants à l’oreille des mécènes. Ce fut quelques années plus tard qu’une deuxième équipe de chercheurs édifia les bases d’une équation clé : la conservation des niveaux stables.
« Nous établissons ainsi l’équation suivante :
N x n = Constante
Où « n » correspond au nombre moyen de paliers énergétiques stables d’un atome lors de son excitation et « N » au nombre total d’atomes dans la dimension considérée. Autrement dit, moins d’atomes une dimension contiendra, plus ces atomes présenteront des valeurs énergétiques intermédiaires stables. Cela signifie que si nous apportons de l’énergie, sous forme d’un rayonnement par exemple, à un atome issu d’une Dimension à faible quantité atomique, ce dernier pourra conserver cette énergie sans avoir à la réémettre et sans subir de modifications drastiques – par opposition à notre Dimension où les seules possibilités sont une modification irréversible de la structure atomique, par ionisation, ou la dé-excitation directe, etc... »
Démonstrations élémentaires de la Dimensionnalité.
N. Kielostel
Cette dernière fut sans conteste une avancée théorique impressionnante même si les lois régissant les dimensions voisines n’étaient pas le principal souci des mécènes, à l’heure où les Pierres évoluant à l’horizon s’avéraient peuplées d’individus étranges qui pratiquaient assidument des arts occultes et mystérieux.
Il se trouva néanmoins quelques bienfaiteurs pour continuer de renflouer les caisses des laboratoires et c’est leurs noms que la postérité conserva. Car, dans les cinq années qui suivirent furent effectuées les plus grandes découvertes de notre temps : la loi de Transfert, l’apport énergétique non destructeur, la cartographie Dimensionnelle et, par conséquent, l’Origine. Commençons par le début.
« La localisation spatiale des barrières dimensionnelles a été découverte. Bien que la croyance populaire conçoit toujours ces frontières à l’instar de murailles érigées on ne sait trop où, une équipe des Citadelles a finalement mis en évidence le véritable lien unissant les Dimensions. Il s’agit d’une particule, dès lors nommée la particule de transfert, présente au cœur même des protons, apte à entrer dans un état d’instabilité dimensionnelle si soumise à une énergie adéquate. Les implications de cette découverte sont infinies : en effet, en supposant que nous puissions exciter un corps de manière non destructrice, il serait possible de le transférer dans une autre dimension. »
« A l’instant même de la découverte de la particule de transfert, une nouvelle connexion entre les Dimensions semble s’augurer. Une analyse poussée du rayonnement Universel a mis en avant la présence de radiations fossiles, potentiellement issues d’autres Dimensions. Une analyse poussée de leurs caractéristiques pourrait nous permettre de remonter à leurs demeures originelles et, surtout, aux caractéristiques de ces dernières. Les scientifiques crédités de cette découverte affirment être capables, par l’intermédiaire de ces rayonnements, remonter à l’énergie « standard » – pour un atome doté de un proton, électron et neutron – nécessaire pour effectuer un transfert entre notre Dimension et une Dimension X et ainsi pouvoir référencer chaque dimension en fonction de cette énergie. »
Préface de Dimensions (17) p. 1 et p. 4
1850 A.C.O.
« […] Via les principes de l’existence dimensionnelle et par l’intermédiaire des lois présentées précédemment, il nous est possible d’établir le théorème suivant : Chaque atome, à un niveau d’énergie stable donné, possède son équivalent dans chacune des Dimensions. Tous les atomes dits « équivalents » peuvent être identifiés par un nombre de Charëos identique. […] Un second théorème peut alors être établi : Selon le principe d’interconnexion des atomes équivalents, tout atome ayant subi un transfert dimensionnel reviendra, dans sa dimension originelle, à la position de l’atome dit équivalent où, dans le cas où il n’a pas subi d’excitation énergétique supérieure à celle nécessaire pour changer de dimension, à la sienne […] Finalement, les auteurs auront cherché à expliquer les modifications subies par les atomes dits « récepteurs » lors des transferts dimensionnels. Un état de superposition temporaire aura été modélisé, avançant que les atomes excités se superposent temporairement – comme précisé dans le titre - aux atomes de la Dimension d’arrivée. Dans le cas où cette dimension s’avère être la dimension originelle de l’atome transféré, il a été supposé que l’atome initialement présent s’oblitère suite à l’arrivée de ce dernier. »
Traité des Lois de Transfert
P. Visterias
Le « traité des lois de transfert » peut s’avérer assez complexe quant à sa compréhension. Il se résume toutefois assez aisément. D’après Pen Visterias, tout atome possède son équivalent dans une autre dimension et, ainsi, s’il est transféré avec juste assez d’énergie pour franchir la barrière dimensionnelle, il se superposera sur son équivalent et, lorsqu’il reviendra dans sa dimension d’origine, il reprendra sa place première. Par contre, si l’atome franchit la barrière dimensionnelle avec un excédant d’énergie, il ne prendra pas la place de son équivalent mais celle de l’atome ayant un nombre de Charëos* identique au sien, en considérant son excédant d’énergie. Et, par conséquent, lorsqu’il reviendra dans sa dimension originelle, il ne reviendra pas à sa position première. Il pourra atteindre, via cet excès d’énergie, des positions totalement différentes dans sa dimension d’origine. Et cela, pour les mécènes, correspondait au rêve du déplacement instantané capable de renverser le cours d’une bataille. Plusieurs paramètres restaient toutefois à étudier, assez savamment formulés par le pionnier de la recherche Dimensionnelle, Ector Valentine :
« […] Ainsi sont les deux derniers limites :
Le transfert d’une quantité non négligeable d’énergie à une entité quelconque sans lui causer de dommages irréversibles et la découverte une Dimension qui répondrait aux deux critères suivants :
- Ayant une barrière énergétique suffisamment différente de celle des autres Dimensions afin de pouvoir appliquer des excès d’énergie d’importants sur les atomes à transférer sans pour autant les transférer dans une Dimension différente à celle visée.
- Ayant un nombre quasiment infini de niveaux énergétiques – et, par conséquent, très peu d’atomes – afin de pouvoir atteindre la totalité des nombres de Charëos en modifiant simplement les excès énergétiques.
Cette dimension, si elle existe, serait le support d’une évolution telle que nous ne saurions l’imaginer. Les distances deviendraient une notion relative et le commerce, la recherche, la communication, en seraient révolutionnés. »
Conférence sur le déplacement instantané.
Ector Valentine.
La science possédait, à cet instant, l’ensemble des atouts lui permettant d’atteindre cet objectif, ainsi que des ressources quasiment illimité et des encouragements particulièrement vindicatifs de la part du gouvernement. Les découvertes de l’Origine et du transfert énergétique non destructeur furent effectuées la même année et toutes deux publiées dans la prestigieuse revue « Dimensions ».
« La compréhension de la nature du rayonnement fossile nous aura permis de générer une émission énergétique doté des même caractéristiques intrinsèques. Ce signal s’est avéré être extrêmement modulable, permettant de faire varier son énergie sur des distances extrêmement faibles. Ses effets sont restreints à la particule de transfert d’un atome quelconque et, par conséquent, ne peuvent affecter la nature de l’atome. Diverses expériences ont montré que lors du passage dans une autre Dimension, l’excédent d’énergie contenu dans la particule de transfert est relâché sous forme d’énergie et mène à l’excitation de l’atome support, cela sans causer de dégâts à l’atome originel. Nous pouvons ainsi établir le corolaire suivant au second principe de la Dimensionnalité : Non seulement le corps sous-tend à revenir dans sa dimension originelle mais il sous-tend aussi à y revenir sous une forme stable.
Toute l’énergie dissipée dans une autre dimension affectera uniquement l’atome support et, de ce fait, son nombre de Charëos, lequel modifiera aussi celui de l’atome supporté. »
« Le nombre de Dimensions étant présumé infini, la logique nous permettrait d’avancer que, pour chaque valeur d’énergie, il existe une barrière dimensionnelle. Il n’en est rien. Via l’analyse des rayonnements fossiles, nous avons mis en exergue un nombre fini de barrières dimensionnelles, ce qui impliquerait qu’il existe un nombre fini de Dimensions et/ou que notre Dimension n’est pas connectée avec l’ensemble du Tout. Nous avons de plus constaté un « regroupement » des valeurs énergétiques inhérentes aux barrières autour d’une même valeur (0.17 keV pour un atome standard) règle à laquelle échappent seulement un nombre limité de dimensions. En focalisant nos études sur ces dernières, nous avons extrait les caractéristiques d’une dimension qui correspond aux paramètres escomptés :
- Le niveau d’énergie de sa barrière dimensionnelle très inferieure à celui des autres Dimensions.
- Le nombre d’atomes constitutifs s’avère non seulement fini mais aussi extrêmement faible.
- La distribution des nombres de Charëos s’avère similaire à celle de notre Dimension, impliquant que si deux atomes sont proches – en considérant à la fois leur niveau d’énergie stable et leur position géographique – en notre Dimension, ils le seront aussi dans la Dimension décrite précédemment. »
Dimensions (19) p. 374 et p. 813
1852 A.C.O.
Dès lors, le voyage Dimensionnel devint théoriquement possible. Le principe de ce transfert, nommé dès lors la Distorsion, fut, à nouveau, expliqué par Ector Valentine :
« Considérons un cube métallique. En utilisant le rayonnement dimensionnel, nous pouvons fournir suffisamment d’énergie aux particules de transfert présentes dans chacun de ses atomes pour lui permettre de franchir une barrière. Deux idées sont à rappeler ici :
- Lors du passage dans le cube, une infime partie de l’énergie sera dissipé, ce qui implique que tous les atomes n’auront pas exactement la même énergie.
- Les atomes seront systématiquement transférés dans la Dimension ayant la barrière la plus haute accessible.
L’objectif sera bien sur de lui faire franchir la barrière de l’Origine, Dimension qui répond en tous points aux nécessités de la Distorsion. Une fois la barrière franchie, l’excès d’énergie que nous préalablement fourni au cube sera dissipé, sous forme d’énergie, au sein de ses atomes supports dans l’Origine**, ce qui conduira à leur excitation et les mènera à un nouveau niveau d’énergie stable et ainsi, à une modification de leur nombre de Charëos. Et, lorsque que le cube devra rejoindre notre Dimension, en vertu des principes clés du Dimmensionalisme, il ne reviendra pas à son emplacement originel mais à l’emplacement qu’il aurait du occuper s’il avait le nombre de Charëos représentatif de ses atomes supports suite à leur excitation. Autrement dit, il reviendra à un endroit totalement différent, mais calculé. […] A la question « La Distorsion est-elle possible dans le cas où, pour atteindre la position souhaitée, les atomes supports doivent avoir des niveaux stables d’énergie plus faibles que ceux initialement rejoints par le Cube ? », la réponse est fort simple. Non, mais nous avons trouvé le remède.
D’après la cartographie des deux Dimensions, via le nombre de Charëos, il a été mis en évidence qu’une hauteur donnée dans notre Dimension correspondait à un niveau d’énergie stable donné dans l’Origine. En effet, si nous voulions représenter graphiquement l’Origine, il s’agirait d’un plan bidimensionnel d’atomes d’une superficie deux à trois fois supérieure à celle de notre Univers. Les niveaux d’énergie les plus bas des atomes de l’Origine correspondraient aux profondeurs abyssales de l’Océan des Brumes et les plus hauts aux cieux. Ainsi, il suffit d’effectuer systématiquement les distorsions vers un point plus élevé.
Il serait aussi possible d’exciter les atomes supports de l’Origine jusqu’à un niveau d’énergie instable, cela conduisant à leur dé-excitation spontanée jusqu’à leur niveau d’énergie le plus bas mais cela nécessiterait, d’une part, une énergie incroyable et, d’autre part, conduirait à des émissions de rayonnement énergétiques dans toute l’Origine impliquant ainsi une instabilité globale de la Dimension. […] « Avons-nous eu une veine phénoménale en découvrant l’Origine ? » Sans conteste oui. Mais n’est ce pas l’essence même de la Science ? Beaucoup de recherches aléatoires et une chance incroyable ? »
Conférence sur les principes de la Distorsion.
Ector Valentine.
Le développement simultané des calculateurs et des intelligences artificielles sonna l’avènement de la Distorsion. En utilisant les capacités de modélisation de leurs systèmes et leurs connaissances de l’Origine, les chercheurs parvinrent rapidement à déplacer des objets à la complexité croissance et des corps vivants. Ces expériences ne furent que peu connues par la population, exception faite d’une malheureuse pluie de grenouille qui s’abattit sur les Citadelles d’Azur à la suite d’une erreur de programmation.
Néanmoins, au bout d’un certain temps, il fallut se rendre à l’évidence. La Distorsion fonctionnait et, dans son sillage, des milliers de possibilités commençaient à croitre : déplacer des êtres, des vaisseaux : s’assurer une suprématie stratégique constante en apparaissant là où nul ne pourrait ne pourrait anticiper une présence. Certaines limites furent toutefois observées, sur les corps de petite dimension transférés à l’air libre : les conditions météorologiques, et, en particulier, le vent, s’avérèrent avoir une légère influence sur la valeur du nombre de Charëos.
Ce phénomène n’eut aucun impact sur la Distorsion de vaisseaux et autres appareils d’une grande envergure mais bien plus sur celui des corps humains. En effet, un simple transfert dans une zone venteuse pouvait signifier un déplacement peu fortuit de certaines cellules tel que, disons, une main réincarnée à deux ou trois centimètres de son corps. La sécurité entourant la Distorsion des corps humains et petits objets fut ainsi amélioré et ces transferts ne furent effectués qu’à partir de plateformes et protégés de toutes frasques climatiques.
Ainsi furent découverts l’Origine et la Distorsion. Cœurs de la technocratie, c’est sur leurs épaules que reposent l’avantage et la puissance des seigneurs des machines.
Hiran d’Elicarnas.
*L’expression de ce dernier est des plus complexes, mais il fait intervenir l’énergie, la position originelle de l’atome dans les deux dimensions et un certain nombre d’autres paramètres.
**Dans l’origine, le cube n’est plus un cube mais de quelques points qui correspondent à la répartition de ses atomes sur les atomes supports de l’Origine, au bon niveau d’énergie – soit au même nombre de Charëos. Mais, dans un souci de compréhension, nous allons rester sur le principe d’un cube.