Jette toi du haut du ciel.

Je regardais le ciel, je regardais les arbres, je regardais le vide. Tout finit par tomber toujours. J'ai perdu mon emploi, j'ai perdu ma famille, tout finit par tomber toujours. Je jette ce vague regard à ceux qui traversent Wilwarin comme des fantômes. Je veux être un fantôme. Et si d'autres destins me tombaient dessus? Je jette ma dernière pièce dans le vide. Et j'attends, j'attends d'avoir confiance en moi pour me jeter.

Je souris, je souris, au vent, à ceux qui écoutent, à ceux qui regardent - et à ceux qui connaissent mon nom. D'aucun pensent que je vais m'écraser dans la nature plus bas, et que je vais disparaître. D'aucun pensent donc que je ne vais jamais réussir. Je regardais le vide. Tout finit par tomber toujours.

Mes pieds amorcent l'impulsion, mes mains lâchent la barrière. Et puis je tombe, je tombe jusqu'à ce que mes ailes s'ouvrent. Et les plumes sont plus légères que le vent. Je tombe, je tombe, puis je m'envole.

Mes yeux pleurent du vent glacé qui giffle et crisse dans les oreilles.

***

Et puis j'ai croisé une énorme bête, qui ressemblait au vieux dessins des dragons d'autrefois, quand le monde en était rempli. Et il a hurlé quelque chose, et mes plumes ont pris feux.

Après, je suis tombé, je ne me souviens plus. Ce fut le vide. Le Grand vide. Les étoiles, la mer au loin qui chante, la terre dure qui répond des vagues de poussières qui remontent le vent. Et les promesses, les souvenirs, les rires. Et la musique : quelque notes sauvages, dans l'accent du temps. Je suis tombé.

***

Je gémis, mes jambes ont l'air comme broyées, tout mon corps entier me fait un mal de chien. Je me traîne à l'ombre, pour ne pas souffrir du soleil qui brûle. J'ai peur, et j'ai froid. Je gémis, et je suis un vers qui rampe. J'ai mal, et j'ai peur. Si je mourrai?

Pourquoi se dirigeait-elle par ici ce jour-là ? Seuls Eux là-haut le savent, à moins qu'Ils l'aient mis sur son chemin à dessein. Soupir. Sa conscience la travaillait trop pour qu'elle le laisse ici sans rien faire. Et puis s'il était mort, elle n'aurait pas perdu tant de temps que ça.

Elle rabattit le capuchon sur son visage et hâta le pas. A distance raisonnable de l'être, elle le vit ramper sur tout juste un ou deux mètres avant de se laisser retomber lamentablement au sol.
Alors, un faible écho de désespoir lui saisit le coeur et elle se surprit à accélérer le pas. Définitivement, ce n'était pas encore un de ces fous qui tentait d'apprendre à voler...

La complainte de la créature s'atténuait plus elle se rapprochait. Il voulait partir ! Son instinct de survie primaire le combattait encore à sa volonté de mourir. L'un était définitivement plus fort. Elle émit un petit sifflement de contrariété.
L'elfe s'insinua alors dans son esprit et l'aida. Sa Mélodie était plus forte et lui fit l'effet d'un coup de fouet. Elle ne cherchait pas à être tendre, elle devait briser cette lente et douloureuse mélopée qui avait envahi l'individu.

Si je mourrai ?

Elle se campa bien droite face à lui, cachant la lumière du Soleil.

Et si tu vivais ?

Décidément on ne peut plus crever en paix.

Il releva lentement en fixant l'étrangère en contre-jour. Pourquoi n'était-il pas foutu de mourir, une fois dans sa vie? Et cette musique dans la tête lui saturait les nerfs. Il tira une dague de sa ceinture pour aller se couper la jugulaire net, mais le pied puissant de celle qui cachait le soleil écrasa ses phalanges avec une certaine conviction. Il allait peut être devoir survivre. A quoi bon?

Il chercha vaguement son regard avant de murmurer :

- J'aurai essayé, un peu. Tiens j'ai jamais vu d'anges avec les oreilles aussi longues, peut être que ma vue dérive...

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase qu'une lente torpeur lui saccagea l'esprit, il se sentit partir en arrière dans un lent ménage puis perdit peu à peu le contact avec son environnement.

Après tout, peut être avait-il des ailes de plumes pour décoration, et non pour voler. Peut être qu'il était de bon ton de muter, aujourd'hui, mais que c'était purement artistique, et peu utilitaire. Peut être enfin, qu'après dix tentatives larvées, il n'était pas fait pour mourir aussi.

Enfin il se sentit aller pour de bon et sa conscience se rompit.

Elle arqua un sourcil tandis que sa tête retombait contre le sol. Elle ramassa la dague, ce n'était qu'un empreint, peut-être qu'il la récupérerait un jour. Peut-être. Elle soupesa l'objet, sourit à cette pensée et l'accrocha à sa ceinture.

Oups !

Son pied écrasait toujours la main de l'individu. Le retirant promptement, l'elfe ôta sa cape et la posa sur le corps assoupi. Elle grommela.
Lorsqu'elle se tenait en plein soleil, les pâles écailles sous ses yeux reflétaient la lumière du soleil et l'éblouissait quelque peu. Sa vision devait juste s'adapter.
Des écailles qui la rappelaient à d'étranges souvenirs. Elles avaient poussé, non sans douleur, peu de temps après...
D'autres étaient apparues, derrière ses oreilles pointues, descendant légèrement vers sa mâchoire. Enfin, celles marquant sa colonne vertébrale avaient été les plus douloureuses mais les dernières à se former. Là, s'arrêtait l'empreinte visible de la Nymphe...Et du Sang.
Son Dragon, lui, n'était plus apparu mais elle savait la Marque toujours présente sur sa peau.

Idrial ne perdit pas son temps. Elle ne pouvait le laisser crever ici, sa conscience le lui interdisait. Aussi, elle entreprit de réunir du bois sec et chercher de quoi se nourrir. L'elfe cueillit tous les coques, noix, fruits ou racines qu'elle jugeait comestible. Elle irait chasser lorsqu'il ferait nuit.
Revenant régulièrement là où elle l'avait laissé pour vérifier s'il respirait toujours.

Lorsqu'elle fut satisfaite, elle vint s'asseoir près de l'homme pour constater les dégâts. Il était tombé de nulle part, qu'il ait survécu paraissait déjà insensé. Que pouvait-elle bien faire de plus ? Ses os devaient être brisés et l'elfe ne faisait pas de miracle.

Elle se laissa retomber sur le sol, les mains croisées derrière la tête.

Attendons au moins de voir s'il passe la nuit, soupira-t-elle.

Compte les nuages, compte les nuages qui défilent en tout sens - de haut en bas, de droite à gauche. Puis tombe, tombe avec eux. Jusqu'en bas. Jusqu'au fond.

Son oeil s'ouvrit lentement, il s'attendait à retrouver les nuages, il fut giflé par la nuit et ses relents de froid. Alors il se rendit compte qu'il n'était pas parti du Monde d'Aelis. Il était resté, le corps broyée et la conscience vivace. De ses lèvres s'échappèrent un inconscient cri qui ébranla le ciel comme un orage :

" Thu' resh no"

Et si l'on vit au plein ses jours des têtes, des pieds, ou quelque chose approchant de l'humain, ce ne fut plus que, dans le reflet de la lune, une masse verte : un buisson fait de fleurs croissant à une vitesse dingue. Ainsi la nuit passa silencieusement jusqu'à l'aube. Et quand le premier rayon froissa le buisson, il se fâna brusquement, et prit place le corps d'un homme nu aux ailes noires superbes, le front marqué d'une lune, et la peau saturée de dessins d'arbres et de fleurs. Il se releva doucement au bruit du jour qui s'annonçait et sans craindre de sa nudité il avança droit vers le soleil. Jusqu'à s'effondrer à nouveau au coin d'un arbre, la fatigue l'ayant visiblement rattrapée.

Il se passa de longue heures, où l'elfe s'approcha une nouvelle fois de notre pauvre suicidaire. L'ellipse est de bonne augure, on vous épargnera l'ennui

Et il retrouve l'envie de rouvrir sa paupière et de regarder celle qui l'accompagnait depuis sa énième tentative de suicide. Se relevant un peu il se plaça dos à l'arbre, qui s'empressa de l'habiller d'une sorte d'écorce noire dont la couleur donnait l'illusion d'un habit élégant. ALors il murmura :

"Sotte idée de rester, vous allez vous ennuyer ferme avec moi. Ceci dit, je suis curieux de votre nom et d'où vous venez. Vous semblez étrange. "

Idrial réprima son envie de rire.

Je vous semble étrange ? Mon pauvre, on voit bien que vous n'avez pas assister à votre...vos ? Transformations ! J'étais bien loin de m'ennuyer d'ailleurs.

Elle se tut, regardant distraitement le foyer où ne subsistaient plus que des braises. Elle se sentait soudain très lasse. L'elfe l'avait veillé toute la nuit, trop captivée par le spectacle qu'il lui offrait.
Maintenant qu'il était là, éveillé, comme nouveau devant elle, Idrial se rendit compte qu'il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas conversé avec quelqu'un.

Vous pouvez m'appeler Idrial, elfe de mon état. Il y a bien longtemps que je ne côtoie plus les gens qui vivent ici en Aelis. Vous auriez pu tomber sur pire que moi et cette personne aurait bien pu vous laisser partir d'ailleurs.

Tout en parlant, elle récupéra sa cape sans rabattre le capuchon. Il était trop tard pour ça.

Ne serait-il pas temps d'aller chasser de quoi manger ? Si vous n'êtes pas encore complètement rétabli, je peux m'en charger seule.

Se rabattre sur ce genre de trivialité avait toujours été sa technique favorite. Elle le remettrait sur pied et reprendrait sa route.
Elle avait utilisé son Pouvoir pour le garder en vie et s'était exposée à être remarquée. Peut-être.

Buvez !

Elle lui tendit son outre.

Je vais aller la remplir par la même occasion, vous pouvez prendre ce qu'il reste.

Elle esquissa un sourire. Il avait l'air très capable de s'occuper de lui-même, il récupérait juste de son récent changement. Tout cela n'était que supposition, elle ne le comprenait pas vraiment.
Elle inspira profondément tandis qu'une brise légère soulevait délicatement ses cheveux. Il était très tôt, elle n'avait pas dormi et la fatigue la gagnait. L'elfe n'avait guère envie d'aller chasser. Ses réflexes seraient atténués, son pas lourd, sa concentration diminuée...
A cette pensée, elle ne lui laissa même pas le temps de récupérer son outre. Idrial en arracha le goulot avec les dents, se rassit et but une longue gorgée. Elle lui lança négligemment le reste.

A la réflexion, je ne serais pas très efficace vu mon état de fatigue actuel mais je n'ai pas touché à ma cueillette de la veille, cela devrait suffire.

De la cueillette. Il fit un léger signe de mépris avant de s'extraire de l'arbre tout en gardant sa précieuse couverture. Puis il s'éloigna de quelque lieux avant de sentir de son nez fin l'odeur d'une victime potentielle. De ses mains ses ongles s'agrandirent pour devenir plus acérés, et ses yeux se plissèrent pour percer l'espace. Une seconde plus tard, la silhouette d'une bête gisait au sol, eventrée. Il s'agenouilla pour la prendre dans ses bras et la poser sur son dos. Enfin il reprit le chemin du retour. Face à l'elfe il jeta le fruit de sa brève chasse, et s'asseyant en face se mit à dévorer les entrailles tout en fixant Idrial. Parfois il s'arrêtait pour lécher ses mains et lâcher un commentaire :

- Je me sens en pleine forme. Moi c'est Znuna. Navré d'honorer votre repas mais la cueillette, très peu pour moi.

Il arracha un os pour aller chercher la viande tout en gardant la peau de côté comme s'il envisageait déjà une utilité.

- Il traîne pas mal de bêtes assez facile à attraper dans le coin. Cela suffira pour aujourd'hui. Vous n'aurez qu'à fouiller dans les reste si la faim vous tenaille.

Puis il se leva, s'essuya brièvement la peau tâchée de sang d'un grand coup de langue ben rapeuse avant de se retourner, et de reprendre sa marche non sans lâcher un :

- Gardez la peau, ça vous fera quelque sous de dédommagement. Et bon repos, a la revoyure.

***

Quand le soleil atteint le zenith, dans une éclatante et écrasante chaleur, il aborda une masure en retrait, entourée d'un paturâge et de quelque chevaux de traits. Les machines de traits reposaient plus loin sous le faîte d'une grange dont la grand porte était largement ouverte. Il hésita, mais à défaut de sentir la moindre présence, s'approcha du puit qui jouxtait la demeure et tira de ses bras puissant le seau. Quand enfin il arriva à hauteur, il le lapa consciencieusement. Cette occupation l'absorba tellement qu'il ne sentit pas l'ombre au derrière armée d'une longue rapière qui pointe sa lame dans son dos en murmurant :

- Dans mon pays on coupe les mains des voleurs, qu'en pense tu Baldur?

- Qu'on devrait au moins lui couper un doigt pour l'exemple.

Znuna gronda légèrement, mais l'absence totale de repères, et l'arme pointant sur son dos le força à garder une certaine contenance. Cependant quand il entendit le bruit de chevaux rapides qui arrivèrent en l'entourant d'ombre et de poussière, ses yeux brillèrent d'une lueur fauve. Il se retourna lentement, sous la pression de l'arme et fixant les étrangers sourit :

- Si l'envie vous prend de m'arracher quelque membre de ma personne, je peux vous aider, mais au prix de quelque amusement nés de ma propre nature. Mettons que je sois le chat, et vous les souris.

Les rires massifs des camarades sur leur monture loin convainquirent qu'il ne les avait pas vraiment persuadés. Il retira alors le léger feuillage pour montrer ses doigts armées de griffes, et ouvrit sa bouche pour leur faire admirer ses canines longues comme celles des loups. Un moments, ses spectateurs restèrent figés de surprise avant que l'un d'eux s'exclaffa :

- La nature t'as pas arrangé mon gars, mais ne t'inquiète pas, on va te régler ca!

Il en fallut à peine plus pour que Znuna se glisse dans le dos de son premier agresseur et d'une frappe mortelle le décapite d'un coup de griffe. Cette foi-ci, l'effroi prit place dans le coeur de ses adversaires qui sortirent leur carabine pour tirer sans sommation. La plupart des balles sifflèrent à ses oreilles, et deux d'entre elles se fichèrent dans son épaule. Il hurla de plaisir avant de se jeter dans la bataille, déchiquetant tout ce qui était à porté, menant un ballet de mort des plus jouissifs, jusqu'à ce que son genou cède, broyé par une belle. Au sol il rit nerveusement :

- Je sens que le Destin me contente, je sens qu'on progresse. Deux fois que je manque de crever en deux jours. Ça devrait être la bonne, tu crois pas?

Son auditeur resta un moment silencieux comme s'il ne semblait pas comprendre ce que l'autre abruti qui avait défonsé la moitié de ses copains pouvait marmonner encore après avoir été criblé de balles. Il rapprocha son canon scié de celle de Znuna, puis son doigt s'actionna pour presser sur la détente.

Le coup parti et quelqu'un hurla de douleur. L'incompréhension chez l'un, du mécontentement chez l'autre.
Le paysan serrait les dents tout en tenant sa main, transpercée par le poignard de Znuna. L'elfe récupéra sans délicatesse "son" bien d'un coup sec lorsqu'elle arriva à hauteur du malandrin. Elle s'arrangeait pour lui saturer l'esprit et distiller une once de peur en lui.

Je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas vous attarder ici sous peine de subir un nouvel accès de folie de l'autre timbré derrière.

Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire sans joie et elle étendit ses Dissonances à tous ses camarades. Leur attitude se fit prudente. Ils reculèrent patiemment, ne s'autorisant à leur tourner le dos que lorsqu'ils s'estimèrent suffisant hors de portée d'une éventuelle attaque éclair.
L'elfe fit volte-face et examina Znuna, agaçée.

Si tu tiens tant que ça à mourir, je peux t'offrir une mort plus honorable que toutes tes stupides tentatives.

Sa curiosité était trop grande ! Quelle tristesse de rencontrer un être aussi singulier et aussi agaçant. Certes, elle n'était pas la patience incarnée et s'était aussi vexée de son comportement hautain. Elle n'espérait pas de remerciements de la part d'un suicidaire, non, mais elle ne supportait sa condescendance.

Et puis, tu n'as pas tenu bien longtemps. On manque un peu d'énergie peut-être ? Quel dommage de ne pas avoir profité des douceurs sucrées de ma cueillette !

Ses railleries ne déclenchèrent aucune réaction. Elle soupira.

Qu'est-ce que tu es, bon sang ?

Il contemplait le carnage, et l'elfe qui le regardait de ces yeux qui annonçaient rien de bon. C'était encore loupé, c'était pas pour ce soir encore. Son visage s'assombrit, et ses mains allèrent chercher ses innombrables blessures. Quand il s'exprima ce fut d'une voix rauque et fatiguée :

- Une erreur probablement, qui a lot d'être quelque part immortel dans son genre, en dépit des nombreuses contributions pour révoquer le terme une bonne fois pour toute. Pourtant, on vivait pas vieux dans mon village, mais faut croire que ca devait pas être mon cas.

Il avait vécu dans les profondeurs des montagnes, dans l'écho sombre d'Echoriath, a creuser des longs couloirs pour chasser les ombres millénaires. Toute sa famille avait été broyée par ces mêmes ombres. Pourtant, on leur avait dit " Vous êtes les Enfants de la Nuit, pour vous les secrets enfouis du Monde". Et depuis qu'il n'y avait plus personne pour creuser avec lui, il avait passé son temps à courir sur l'horizon, tout en sentant dans son dos la peau se tendre et s'arracher pour laisser place à une étrange transformation. Il tourna son regard dans celui de l'Elfe:

- Je suis désolé.Si votre amusement, c'est de sauver le monde, nous n'irons pas très bien ensemble. Ca fait bien vingt lunes que j'essaie de faire l'inverse. Jusque là, j'ai toujours gagné. Mais je retiens votre proposition.

En dépit de la fatigue, il se releva doucement et sourit :

- J'attends donc votre offre honorable d'un pied ferme.

Une erreur ? Oui, la manière dont tu disposes de ta vie est une erreur. Je ne te connais pas, je ne sais pas ce que tu as vécu mais si la Mort se refuse à toi, c'est peut-être qu'il y a une raison.

Elle se retourna et lui fit face. L'elfe n'appréciait pas son sourire.

Je suis navrée mais je ne me battrais pas avec un infirme. Cela dit, si tu arrives déjà à te lever, c'est bon signe. Ne cherche pas à me provoquer, je ne pense pas que tu sois en état de te battre et je n'en ai pas envie.

Il l'avait agacée, voilà tout. Jamais elle n'avait eu l'intention de mettre fin à ses jours.
Sa curiosité la travaillait trop, l'elfe ne pouvait pas rester son réponse. Il fallait qu'elle en apprenne un peu plus. De nombreuses espèces co-habitent de manière plus ou moins pacifiques en Ter Aelis. Cependant, on trouvait toujours de curieuses choses d'origines inconnues. Un hybride ? Un mutant ? Une nouvelle espèce ? La concernant, elle savait à quelle catégorie elle pensait appartenir. Enfin, presque.
Idrial pensait qu'il pouvait éclairer certains points de sa nature mais encore fallait-il le faire parler.

Ne restons pas ici, ils pourraient revenir en plus grand nombre.

Il grogna légèrement, referma ses griffes dans sa peau en gémissant un peu sous le coup de la transformation et s'enfonça sur la route, suivi de près par la jeune elfe. Ils n'échangèrent aucune parole tout au long du chemin, et quand ils durent s'arrêter pour se reposer, ils choisirent l'enfoncement d'une petite caverne d'un seul regard convenu. Au fond de l'ombre il se mit en boule et murmura son vieux langage, celui des siens qui évoquaient les Ombres et les secrets promis, comme un long quantique qui n'en finissait plus. Puis il s'endormit d'un sommeil troublé par des cauchemars qui n'agitèrent pas son corps d'une seule secousse.

Quand l'aube pointa sur les bords extérieurs, son oeil s'ouvrit pour capter la lumière, il se releva, observa l'elfe déjà débout, puis se remit en marche. Ils avançait droit devant, sans jamais faire de moindre remarque jusqu'à montrer du doigt une montagne qui s'enfonçait dans les nuages. Enfin, après de long et longs jours, ils étaient arrivés :

- Anah'rine, Forteresse des Nuages. De la haut on peut voir de loin Wilwarin pourchasser le ciel d'Aelis. C'est de là-bas que nous venons.

POurquoi l'avait-il amené ici? Il n'en avait aucune idée. Mais ils y étaient. Un moment, il contempla le majestueux mont qui n'avait pas de sommet, ou plutôt les récits n'avaient jamais pu gravir tout en haut pour en décrire l'incroyable lieu, tant secret que les politiques de son peuple après trente ans d'explorations hasardeuses avaient fermé les portes et juré que pas un seul Mortel ne devait observer le Lieu.

Pas un seul, mais il n'était pas un mortel. Son regard dévia vers l'elfe qui attendait sagement. Il se doutait qu'elle l'était, fragile et faite pour mourir, mais après tout, si elle s'acharnait à la garder en vie, elle pourrait être utile. Elle pourrait.

Il reprit sa marche vers les Nuages d'Anah'rine : peut être là-bas lui offrira t-on le repos.

Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle appréciait sa compagnie, non. Disons plutôt qu'elle n'était pas une grande bavarde et lui non plus. Cela lui permettait d'observer et elle était toute à la découverte des lieux et paysages qu'ils parcouraient.
Cette montagne avait quelque chose de majestueux, ses crêtes n'avaient pas le temps de se recouvrir de neiges éternelles que les nuages en cachaient déjà les sommets. Elle semblait s'élever à l'infini et l'elfe appréhendait difficilement son exploration. La beauté du paysage pouvait ôter toute prudence à ceux qui n'étaient pas des Enfants de la Nature. Pourtant, il n'y avait pas que son bon sens qu'il la mettait en garde mais elle avait peine à appréhender ce qui perturbait son Harmonie.

Anah'rine, Forteresse des Nuages. De la haut on peut voir de loin Wilwarin pourchasser le ciel d'Aelis. C'est de là-bas que nous venons.

Nous ? Tu es né au coeur de ce Colosse ? En-dessous ou au-dessus des nuages ?

Tout un peuple avait donc vécu ici. Avait ? Non ! Peut-être existait-il encore !
Personne n'en avait entendu parler. Elle n'était pas étonnée au vu du géant qui se dressait devant elle.

Qu'est-ce que tu comptes trouver ici ?

Pas grand chose sûrement. Il ne répondit pas. Son regard se perdit dans le chemin qui devenait de plus en escarpé. Plus ils montaient et plus la route était difficile, plus le climat était oppressant. Des lourdes brumes vinrent étouffeur leurs poumons tandis qu'un froid glacial jouait avec leur peau. Les nerfs tendus, et la démarche plus lente, ils continuèrent. Quand la montagne se fit Seuil au devant d'eux et qu'en lieu de décor, les portes gigantesques d'Anah'rine se dressèrent, il soupira. Face à eux, deux statues géantes les fixaient de leur yeux ardents, convergeant leur lourde main avec le doigt tendues vers eux. Quelqu' était l'angle qu'on pouvait prendre, le doigt semblait les suivre, comme si le Passé de ce Peuple de Nuit des Montagnes leur murmurait : " Nous vous voyons".

Ils voyaient en effet deux être vivants immobile devant l'entrée de l'Empire des Peuples de l'Ombre, à réfléchir lentement quel mécanisme, ou quelle magie allait leur permettre de rentrer. Il était sorti une seule fois, il n'était jamais rentré. Et dans toute son histoire, personne ne lui avait dit les secrets des grandes Portes. Du reste, dans toute son enfance, on n'en parla jamais. Il s'assit sur un bout de roche et regarda, de sa petite stature, les reliefs des portes, leur dessins gigantesques et les quelque mots encadrés de figures.

- Ange, démons, et Prophètes. Le Tryptique des mondes extérieurs. C'est ainsi qu'on en écoutait le monde extérieur nous parler. C'était aussi ce que les Sages et les Anciens rejetaient, en réclamant une réalité différente - faites d'hommes seuls, face à leur destins. Plus jamais il n'y aurait de Dieux et plus jamais il n'y aurait de hiérarchie, ni même de magie. C'était les Guerres perpetuelles que nous fuyons, et que nous rejetions. Voilà pourquoi nous nous sommes enfermés au dedans du Colosse, a creuser la terre. Si c'était au ciel que naissaient les Tyrans, nous allions creuser jusqu'au plus profond et nous enfouir dans le sein de la Mère nourricière. Ça n'a rien empêché, ni le début, ni la gloire, ni la fin. Au final, je reste seul à chercher pourquoi on m'a épargné.

Il avait parlé longtemps, en retenant son souffle, pour tout dire, pour réfléchir en lui même et à voix haute sur ses propres raisons qui l'ont fait revenir ici.

- Maintenant, maintenant que je sais pourquoi ils se sont enterrés vivant, au fond du Colosse comme tu l'appelles, maintenant que je me suis bien perdu dans vos mondes et que j'ai bien pu observé que nous avions raison, à propos de votre magie, à propos de votre religion, à propos de vos guerre, je veux faire de même dans ma maison, et contempler la poussière qui m'avait prévenu et qui avait raison. Ceci dit il faut quand même trouver un moyen d'entrer

Elle n'avait pas la force de parler. L'ascension lui en avait coûté alors qu'elle suivait Znuna sans poser la moindre question. L'elfe avait toujours eu un dangereux penchant pour l'inconnu ainsi qu'un sévère manque de prudence. Un manque qui aurait pu lui être fatal bien souvent.
Parfois, Idrial avait l'impression que l'Esprit bienveillant qui s'occupait d'elle devait souvent se tenir le front et soupirer devant tant de stupidité. Pourtant, il restait car elle était toujours en vie. Bien que d'autres Forces étaient entrées en jeu pour se faire.

Elle se sentait très mal à l'aise sous le regard et les doigts tendus des gigantesques statues qui encadraient la porte.

On n'est plus en Ter Aelis ici...

La sensation était si forte qu'elle exprima ses pensées à voix haute. Les paroles de Znuna firent écho à son impression. Ce...peuple rejete son existence même de cette Terre qui est la nôtre.

Ter Aelis est faite de Forces que l'on explique pas toujours et la "magie", si l'on veut l'appeler comme ça, fait partie intégrante du pays.
Cette même montagne, Anah'rine, elle fait partie de Ter Aelis et je peux le sentir...Elle renferme des Choses qui me glacent le sang. Cet endroit m'inquiète autant qu'il m'attire et pourtant il n'y a rien pour moi de l'autre côté de ces portes.

Le vent glacial soufflait toujours. Elle resserra les pans de sa cape autour d'elle et mit timidement un pied devant l'autre jusqu'à la Grande Porte, le nez en l'air et ses yeux cherchant à comprendre ce qu'ils voyaient.
Idrial toucha du plat de la main la pierre. Rien. Pourtant, ce qui l’inquiétait se trouvait derrière.

Longtemps ils observèrent les grandes portes, et longtemps ils restèrent immobile, devant le secret impénétrable. Jusqu'à ce que, mû par une inspiration hasardeuse, il murmura :

" Ah'ren si nol Drez"

Et dans le silence éclatant, on entendit l'écho discret d'un mécanisme qui se mit en place jusqu'à ce que l'effet d'un orage éclata. Les portes s'ouvraient. Idrial se retourna, interloquée. Il commenta d'un ton laconique :

" Les Dieux n'existent plus".

Puis il s'enfonça dans l'ombre qui se présentait à eux. Il venait d'être déçu de la simplicité avec laquelle il avait percé l'âme des portes ; déçu qu'elles ne fussent pas plus que les mots qu'on leur avait répétés jours et nuits. Dans la nuit de l'Antre, ses yeux mirent du temps à s'habituer jusqu'à capter de minces rayons de lumières perdus au loin. Sa vision s'éclaira et il s'avança, suivi d'Idrial. Ils franchirent un long couloir dont il distingua à peine les bas reliefs qui couvraient les murs. Mais il les connaissaient par coeur: La longue histoires du Colosse et ses millions de fourmis.

Après le couloir, ils tombèrent sur une grande soule dont la partie gauche semblait à semi effondrée, et au milieu de cette même partie une curiosité:

Ce qui ressemblait à un homme, grattouillait la terre de ses mains ensanglantées.

Le temps. Voilà une notion qui lui était devenue inconnue. Son histoire commence bien avant la rencontre de Znuna et d'Idrial. Les mots s'écrivent alors lorsqu'il n'était qu'un enfant, fils d'Echoriath féru d'aventures imaginaires et de voyages montagnards. Il s'imaginait héros, arpentant les sommets en compagnie de ses rêves. Et puis, il voulut se surpasser. Atteindre les cieux, dépasser les brumes. Et il grimpa, arpentant la voûte de ce qui s'avérera être une défunte cité. Une voûte bien fragile, de celles qui cèdent lorsque l'ingénu y met son pied.
Et elle fut brisée. Il chût, dans le vide et dans les ombres, roué de coups par des colonnes invisibles, roulant entre les pierres jusqu'à que meure la lumière et que vienne l'obscurité. Et là, il perdit toute notion des jours, des nuits et du temps.

Les ténèbres furent accueillantes. Il lui fallut un certain temps avant de les percevoir. Et lorsqu'il les vit, Il comprit qu'elles aussi le regardait. Et qu'elles étaient curieuses. Elles s'avérèrent bonne comparses, dévorant l'âme d'animaux égarés avant de lui offrir leurs carcasses. Elles laissèrent le chant des eaux se répercuter dans la caverne, le guidant vers d'invisibles sources. L'enfant devint homme, apprenant à vivre dans le noir, en cet Univers d'obscurité.
Il comprit qu'il y avait un secret en ces lieux et que les pièces qui lui étaient accessibles ne représentaient qu'un fragment de cette nocturne Cité. Alors, il ne le chassa point. Il resta dans l'Ombre, jouant avec les ténèbres, qui toujours triomphèrent et resta vivant, perdu dans ses songes et sa folie. Sa jeunesse devint un souvenir lointain, si lointain qu'il ne fut plus qu'illusion.

Et puis, un bruit. D'où venait-il, de quelles époques ? De quel Univers ? Quel âge avait-il ? Etait-ce le son de la mort qui venait le chercher ? Un éclat aveuglant brula ses prunelles et, durant un instant, il fut aveugle. Guidé par son esprit, par ses oreilles et son nez, il entendit des pas, sentit des odeurs, ressentit l'âme d'une créature hantée par la Fin. Et il voulut fuir. Car qu'importe la piètre existence qu'il avait mené, il ne voulait point mourir, à l'instant où la clarté d'un royaume nouveau venait balayer les dernières onces de sagesse d'un esprit ravagé.

Il escalada la terre et chercha à s'y enliser. Ses mains creusèrent la terre jusqu'à qu'y coule un liquide poisseux à la couleur inconnue. Mais ils étaient là. Derrière lui, l'observant, habités par une certaine curiosité. Alors, il parla. Sa voix fut étrange, brisée, écho d'une langue qu'il n'avait jamais employé depuis sa chute, si ce n'est pour une ode à sa folie ou durant son sommeil...

"J'imagine Mort plus effrayante. Vous n'êtes pas Mort. Souvenir disait que Mort avait cape, objet pour le Temps et Objet pour Tuer. Vous n'êtes pas Mort. Vous êtes chose qui fait fuir les Ténèbres. Vous êtes chose qui amène Lumière en nuit. Etrange voyage. Les ténèbres sympathiques. Pourquoi les faire partir ? Elles sont bonnes gagnantes. Et elles jouent souvent. Jouez-vous ? Marchez-vous la Nuit ? Cherchez-vous par delà ?"

L'Etranger était étrange. On ne savait si ces murs l'avaient avalés ou s'il fut assez malin pour pénétrer au saint du Colosse. Dubitatif en premier lieu, Znan finit par se laisser gagner par un léger sourire. Il répondit d'une voix douce et compatissante pour son calvaire.

"- Vous ne saurez jamais en sortir et autant vous, dire, sans nous, Mort viendra bien assez tôt vous cueillir. En attendant accompagnez nous. Nous allons au Coeur du Colosse comprendre pourquoi. Moi c'est Znan, elle c'est une Elfe Idrial".

Il laissa la jeune femme s'approcha pour observer d'elle-même ce malheureux perdu dans sa folie, puis continua son chemin vers la zone qui avait , semble-t-il, été épargné des décombres.

A l'est plus profond, la ou la nuit se fit plus épaisse encore, ils continuèrent. Il y avait désormais l'éclopé, le mec qui ratait sa mort, et l'autre qui l'avait épargné - on ne sait pourquoi. Ils étaient parti pour comprendre ce qu'un seul cherchait et réclamait du fond de son être:

- Pourquoi les ombres mangent-elles ceux qui creusent?

***

Chapitre Un: La langue des Uldyr

A l'est toujours plus profond, leurs pas faisaient désormais tant de bruit qu'ils craignaient parfois de réveiller le mal qui avait emporté le milieu. Un de ces mal qui avait sonné pour les siens si rapidement que nul n'en fut épargné, ou c'est ce que l'on croyait. C'est ce qu'il croyait. Arrivée dans une salle au plafond courbe, qui jetait sur des piliers ornés des mémoires des fantômes d'ici, ils restèrent un moment au centre. Face à eux divers couloirs, divers choix. Il se tourna vers ses camarade, d'un oeil rieur :

- On prend au pif?

Devant le regard rieur du drôle de personnage, L'Etranger ne put s'empêcher de rire. Un ricanement rauque, plus tranchant qu'une lame d'acier, se répercutant sur les colonnades de cette éphémère cathédrale. Ces lieux lui étaient connus. Ses pas, autrefois, avaient arpentés cette salle, contemplé les allées qui s'en évadaient. Ses mains, a moins qu'il ne s'agisse de ses pieds, fouillèrent le sol à la recherche d'un objet. Et lorsqu'il le trouva, il le souleva, triomphant. Le crâne d'un animal défunt voilà quelques décennies, nettoyé par la faune souterraine, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'éclat ivoirin de ce trésor.
Il reprit la parole, toujours guidé par cette voix folle et inconstante qu'était devenue la sienne.

"Les pas du Sauvage ont guidé Moi dans ces Lieux. Beaucoup chemins mènent au Refuge. Et le Refuge est vide, sauf quand Moi y suis. Deux voies partent vers ailleurs. Ailleurs est inconnu. J'y suis pas allé. Il y avait des Ombres, mais de méchantes Ombres. Alors jouons. Le Pif, n'est pas le bon moyen. Le Crâne dira la vérité. Lançons le. Qu'il vole, tournoie puis retombe. Qu'il se fende, s'envole ou se brise. La Droite sera le chemin du Crâne Indemne. La Gauche le chemin du Crâne Fendu. Le chemin du Crâne Explosé pourrait être Fuite, si elle existe. Et le chemin du Crâne Lévitant... Si Crâne sait voler, il montrera le Chemin."

En ricanant, il fit tournoyer le crane entre ses mains, le regard perdu vers les hauteurs de la Salle. Il n'y voyait que les ténèbres et, à vrai dire, cela était normal. Un Crâne offert aux Ombres du Plafond. Afin que ces dernières sachent leur venue et puisse les guider. Vers la nuit ou la vérité, peu importe. Au bout du chemin, il n'y aurait qu'une faux et son porteur, là depuis le commencement et capables de patienter jusqu'au Crépuscule...

"Alors, le Crâne en est jeté !"

Joignant le geste à la parole, l'Etranger lança l'objet en l'air.

Le vent glacé de la montagne avait laissé place à ses ténèbres. Il ne faisait pas aussi froid en son sein mais Idrial n'arrivait pas à se réchauffer. Réajustant sa cape, elle marchait désormais derrière Znan. L'elfe se sentait mal. A priori, seule l'absence de lumière réelle était inquiétante mais ce n'était pas un problème pour une elfe. Idrial faisait le décompte de tout ce qui l'entourait pour essayer de mettre le doigt sur ce qui essayait de perturber son Équilibre.

- Nous ne sommes pas seuls, ici. Quelque chose rôde et hante ce Colosse. Est-ce ce qu'il reste de ta civilisation ?

Elle s'interrompit et tendit l'oreille. De légers grattements montaient dans leur direction et ils découvrirent l'Etranger qui vivait ici. Znan n'était pas perturbé par sa présence, au contraire, il l'invita à se joindre à eux.
Son Harmonie fut secouée une fois de plus pendant un bref instant. Elle n'était pas sûre que cela soit dû à leur nouvelle rencontre. Non. Quelque part, leur arrivée avait réveillé quelque chose. L'elfe se sentait de plus en plus mal à l'aise. Elle ne lâchait pas Znan et tâchait de garder une formation serrée avec l'autre spécimen.

- On prend au pif ?

"Les pas du Sauvage ont guidé Moi dans ces Lieux. Beaucoup chemins mènent au Refuge. Et le Refuge est vide, sauf quand Moi y suis. Deux voies partent vers ailleurs. Ailleurs est inconnu. J'y suis pas allé. Il y avait des Ombres, mais de méchantes Ombres. Alors jouons. Le Pif, n'est pas le bon moyen. Le Crâne dira la vérité. Lançons le. Qu'il vole, tournoie puis retombe. Qu'il se fende, s'envole ou se brise. La Droite sera le chemin du Crâne Indemne. La Gauche le chemin du Crâne Fendu. Le chemin du Crâne Explosé pourrait être Fuite, si elle existe. Et le chemin du Crâne Lévitant... Si Crâne sait voler, il montrera le Chemin.
Alors, le Crâne en est jeté !"

Elle se surprit à tendre une main pour essayer d'arrêter son geste, en vain. Le Fou empoigna le crâne et le jeta en l'air, les yeux fixés au plafond, riant.
Elle détourna le regard et plaqua ses mains contre ses oreilles. L'Anticipation de choses étranges et inconnues à venir la rendait beaucoup trop nerveuse. L'elfe ne se reconnaissait pas.

- Ceci n'est pas un endroit pour les Vivants...

Et le bruit du Crâne qui se Fend de faire écho à ses paroles.

» [Aeringor] Le ciel