Capitalistes

Assis face à l'écran de l'ordinateur du boulot, je me mets à rêver d'évasions et de libertés. Je n'en puis plus de ce travail de commercial, il ne faut voir que par l'argent, toujours l'argent ! Cette vie ne intéresse plus... Je sais ce que vous allez dire, encore une énième histoire du pauvre type de bureau qui, grâce au destin, va découvrir qu'il est exceptionnel et va vivre plein d'aventures bla bla bla. Aucune originalité en somme. Et bien vous avez raison ! Comment dîtes-vous ? Je ne devrais pas le savoir étant donné que je suis le personnage de l'histoire ? Vous savez, je suis un peu le pantin de l'écrivain, fruit de son imagination. D'ailleurs à quoi je ressemble ? Je suis un homme de petite taille, plutôt maigre, des cheveux blonds bouclés, des yeux verts grossis par des lunettes carrées aux verres épais.
Je suis sans cesse persécuté par mon patron, un gros porc habillé en costard qui pète plus haut que sont cul, avec toujours un cigare coincé entre les dents. Je suis sur qu'il boit du whisky pour faire original...Jackpot ! Et vous continuez à lire ce brouillon infâme ? Vous faites honte aux grands écrivains qui, pour vous divertir, se sont tués à la tâche ! D'accord, j'accepte d'être le personnage principal de cette boutade. Mais j'en attends beaucoup sur le bulletin de paye, enfoiré de capitaliste à la con !

Après une journée de travail éreintante, malmené par mon patron pour ne pas changer, je décide de me détendre en allant faire un tour au supermarché. Non mais attendez ce n'est pas possible : qui se détend en allant faire les courses ? Il n'y a que les femmes pour...d'accord je reprends, désolé.
En passant les portes automatiques, l'odeur des viennoiseries emplissent de plaisir mon odorat qui met en appétit mes papilles gustatives. Le magasin est plutôt vide, normal pour un mardi à 17 heures. J'aperçois quelques jeunes et quelques retraités, ça devrait aller vite à la caisse. Contraste saisissant est cette femme entièrement habillée d'une combinaison en latex. Elle est vraiment sexy, mais je me demande bien ce qu'elle fait au milieu du passage à me regarder avec autant d'intensité. Stratégiquement, je m'engage dans le rayon des céréales, l'odeur du sucre couvrant la mienne, il est impossible que cette créature puisse me suivre. De stupeur je lâche un cri ridiculement aigu. Je vois un homme armé d'un flingue plus gros que ma tête. D'ailleurs, je crois que c'est elle qu'il vise. Avant même de pouvoir réagir, l'homme me tire dessus et m'atteint de plein fouet dans les abdominaux. Par réflexe je les contracte et, comme par miracle, la balle repart droit entre les deux yeux de mon agresseur qui s'effondre dans une mare de sang. Dans le supermarché, c'est la panique, les caissières appellent la police et les gens sont à terre.

- C'est bien toi !

Le canon en latex venait de prononcer ces mots avec sa voix de tigresse. De sont regard de feu, elle me somme de la suivre, ce que je fais en bon chien obéissant. Arrivées sur le parking, les sirènes de police sont déjà bien audibles.

- On va à ma voiture dépêche-toi !

En courant derrière elle je peux admirer ce formidable fessier à faire bander le plus impuissant des impuissants. Si je tombe ce n'est pas le tibia que je risque de me casser, mais passons ce détail. Arrivé devant une superbe Ferrari Enzo rouge, ma belle demoiselle se penche pour y entrer, me faisant signe de faire de même. Question discrétion on a connu mieux. Merde, les flics sont déjà là. En un coup d'accélérateur la voiture passe de 0 à 100 kilomètres à l'heure, secouant les deux protubérances de ma chauffeuse. Mon regard change très vite de direction lorsque celle-ci sort deux énormes desert eagles, ouvre la fenêtre et tire sur les voitures de police. Une des voitures fait une dizaine de tonneaux, touché à la roue et explose dans un camion-citerne à quelques mètres de la voiture. J'ai senti la chaleur sur ma peau, et ça me rend vraiment nerveux.

- Putain mais c'est quoi ce bordel ?!
- Reste bien calé au fond de ton siège et tout ira bien. Tiens le volant !
- Quoi ?!

Sans même regarder si je prends le volant, la folle ouvre sa porte, s'accroche au toit et se met à surfer sur la route. Se retournant avec adresse, elle fait feu sur les voitures de polices, ses semelles faisant des étincelles.

- OH MERDE UN CAMIOOOOOOOON !

Se jetant dans la voiture, la belle met un grand coup de volant et tape dans un trottoir avec une violence inouïe, faisant décoller la voiture haut dans les airs. Je hurle à la mort quand j'aperçois que la cabine du camion est à quelques centimètres. J'ai le temps d'apercevoir le chauffeur et lis sur ses lèvres qu'il récite le Notre Père. Je ferme les yeux. On est mort. Je sens une brûlure sur ma joue gauche, surement les tortures infligées par le feu des Enfers. J'entends un bruit, et je me rends compte que je me suis pris une incroyable claque.

- Réveille-toi, nous avons encore de la route.

Regardant derrière-moi je vois que nous sommes à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville.

- Sa fait une bonne demie-heure que je te baffe pour te réveiller.
- MAIS TU ES COMPLETEMENT DINGUE ONT A FAILLIS CREVER COMME DES CHIENS ESPECE DE GROSSE CA..., sans avoir le temps de finir ma phrase je me prends un coup-de-poing du tonnerre de Zeus et tombe dans les pommes.

Allez, j'arrête pour aujourd'hui, marre d'avoir à supporter les écrits d'un pseudo-écrivain à peine sorti de l'adolescence. Comment ça je suis lourd ? Vous voulez la suite ? Et bien payez l'écrivain et peut-être qu'il y aura une suite. Enfoirés de capitalistes !

-je me mets à rêver d'évasions et de libertés.

=> Rêver d'évasions et de libertés, c'est au choix : un pléonasme, une platitude, ou les deux. Surtout, évasion et liberté méritent d'être au singulier ici. On parle du concept d'évasion et du concept de liberté.

- Et vous continuez à lire ce brouillon infâme ? Vous faites honte aux grands écrivains qui, pour vous divertir, se sont tués à la tâche ! D'accord, j'accepte d'être le personnage principal de cette boutade. Mais j'en attends beaucoup sur le bulletin de paye, enfoiré de capitaliste à la con !

=> Si l'interpellation faite au lecteur de la nullité de l'écrit en court n'est pas originale ni dans la forme ni sur le fond, j'aime bien en revanche le "D'accord, j'accepte d'être le personnage principal de cette boutade". J'aurais mis "certes" plutôt que "d'accord", mais c'est parce que j'aime bien certes.

- Sa fait une bonne demie-heure que je te baffe pour te réveiller.

=> Tu as le droit de retrouver la grosse faute tout seul comme un grand !

-ONT A FAILLIS

Idem et bis in idem.

-Allez, j'arrête pour aujourd'hui, marre d'avoir à supporter les écrits d'un pseudo-écrivain à peine sorti de l'adolescence. Comment ça je suis lourd ?

Tu as pris suffisamment d'assurance maintenant dans ton écriture pour pouvoir te passer de ce genre de subterfuge derrière lequel tu te camoufles.

Ce texte est un peu décevant : son titre ne correspond pas vraiment à son contenu, et il n'invite pas non plus à une réflexion entre son sujet et son objet. Le fait qu'il y ait un patron méchant cliché ne suffit pas à en faire une interrogation du capitalisme. Ta fin me fait rester sur la mienne. L’accélération rapide passant du tout au tout évoque vaguement le rêve.

Je me permets de le dire parce que je pense que tu peux faire beaucoup mieux. Trouve un angle à tes textes, quelque chose, approfondis les, vas plus loin !