[WIP] Haesobya

Peu convaincue par les théories présentées par l’ouvrage offert par son frère, Haesobya laissa son esprit vagabonder. Depuis quelques temps déjà l’idée s’imposait jusqu’à devenir une certitude voire une obsession: cette ville était trop étroite. Trop petite pour qu’elle puisse réaliser ses recherches sans entacher davantage le nom de sa famille. Pire encore, ceux considérés comme des érudits faisaient preuve d’un paternalisme et d’un conservatisme qui frisait la bêtise.
Son frère pouvait bien lui apporter des thèses diverses et variées, elle avait besoin d’aller sur le terrain, de débattre des théories, de questionner directement les chercheurs.

La jeune femme en était convaincue, elle avait épuisé toutes ses possibilités dans cette ville et devait partir pour poursuivre son projet. La seule chose qui l’avait jusqu’ici empêché de quitter la maison familiale, c’était sa jeune soeur. Le sachant, son frère Adéodat utilisait la jeune Amarynthe comme argument chaque fois qu’elle tentait de le convaincre de la laisser mener ses études dans une grande ville.

Cependant, Hae tenait dorénavant son excuse pour la grande ville. Amarynthe venait de fêter ses 16 ans, et comme toute jeune fille de bonne famille, elle devait être présentée à la société. Leur mère étant décédée, Hae était toute désignée pour jouer les chaperons.

Elle avait quelques remords à utiliser sa soeur ainsi, mais après tout, c’était une réalité, ce voyage était nécessaire pour que la jeune fille soit présentée à des hommes de bonnes familles digne de son rang. Amarynthe était une belle jeune fille douce et agréable et qui se montrait très compétente dans les matières essentielles à une dame. Hae ne pouvait être aussi élogieuse concernant sa personne, si elle n’était pas désagréable à regarder, ses choix vestimentaires laissaient à désirer. On pouvait d’ailleurs à peine parler de choix car il semblait plutôt qu’elle avait pris le premier vêtement à porter dans la corbeille à linge. Ce n’était pas si loin de la vérité puisqu’il est vrai qu’elle se sentait plus libre et à l’aise dans les vêtements de son frère que dans ses corsets, invention diabolique destinée à torturer les femmes. Désespéré, son frère lui avait fait tailler des vêtements masculins disons féminisés afin que la gouvernante cesse d’hurler au scandale dès qu’elle voyait Hae en pantalon. Il lui avait cependant fait promettre de ne les mettre que dans la résidence.
Hae ne put s’empêcher de sourire au souvenir de son frère entrant furieusement dans sa chambre quelques jours plus tard après cette promesse. Elle avait effectivement respecté celle-ci mais des invités importants étaient de visites, et elle n’avait jugé opportun de changer sa tenue avant de se présenter aux invités. La dame avait pousser une exclamation outragée avant de simuler un évanouissement. Bien qu’à la décharge de cette dernière, elle devait bien avouer qu’elle revenait de la grange où elle avait aider ranger le charbon, et elle était donc noir de suie, complètement décoiffée, et dans une tenue de garçon d’écurie.
Son frère l’avait alors menacé de cesser d’être tolérant à l’égard de ses lubies et l’envoyer au couvent jusqu’à ce qu’elle comprenne la place et le devoir d’une femme.

Elle avait cédé, non pas à cause des menaces de son frère, mais parce que celui-ci se sacrifiait suffisamment pour elles. Il n’avait pas besoin que la ville l’accuse d’avoir mal élevé ses soeurs ou encore essaye de le convaincre de l’interner quelque part. D’ailleurs elle avait peu de doute sur la provenance de l’idée du couvent. Comme si tuer leur mère à cause de leurs superstitions n’avait pas suffit, il devait détruire également leur fille aînée. Une bouffée de rage l’envahit au souvenir de la mort de ses parents. Elle avait mis du temps à canaliser sa haine et avait finalement compris que c’était l’ignorance et la peur des villageois qui avaient tué sa mère. Toute sa rancoeur et colère était dirigées vers un seul et unique objectif: comprendre quelle maladie avait atteint sa mère et prouver au monde que sa mère était ni folle ni possédée.
Elle savait que sa mère était profondément aimée par ceux même qui avait décidé de l’enfermer puis de la brûler. Les larmes vinrent lui piquer les yeux à ses souvenirs douloureux mais elle écarta cette vague de chagrin avant d’être submergée.

Hae dirigea ses pensées vers son frère et son nouvel objectif. Elle savait qu’Adéodat avait les mêmes motivations, il n’était pas devenu médecin par hasard. Cependant, malgré l’héritage, il souhaitait financer le train de vie de sa famille et laisser cet argent comme dot afin de nous assurer un avenir plaisant. Ce n’était pas une charge qu’il aurait dû s’imposer, d’autant qu’il était évident qu’Hae n’accepterait jamais d’être une gentille petite épouse chargée de valoriser son époux. L’héritage était donc bien assez suffisant pour qu’Amarynthe ait la garantie d’un très bon mariage et qu’Adéodat ne sacrifie sa propre vie. Il pouvait bien affirmer qu’il se privait en rien, il n’en était pas moins qu’il n’avait toujours pas consentie à trouver une épouse.
De plus, cela signifiait également qu’il devait être praticien avant tout et qu’ainsi, il disposait de peu de temps pour ses recherches. C’est probablement pour cela qu’il permettait à Hae son indiscipline et l’encourageait même en lui apportant les articles d’éminents professeurs de médecine.

Nul doute que son frère ne serait pas dupe lorsqu’elle lui présenterait son plan, mais elle le voyait déjà se persuader qu’Hae également pourrait enfin y faire une rencontre qui mettrait fin à ces folles intentions.

Les conseils d'Ana sont judicieux.
Pourtant, après avoir relu une nouvelle fois tout le texte, je me demande si tu fais bien partir de cette description pure.
Que penserais-tu placer Haesobya dans une scène caractéristique mettant son opposition aux traditions en valeur ? Soit un échange avec son frère, soit un entretien avec les érudits où elle demanderait à entrer dans un cours ?
Avoir une scène active mettant en jeu ce que tu décris en y plaçant judicieusement les détails qui la personnalise seraient plus prenants.

Pardon pardon, j'étais persuadée d'avoir répondu!

Merci beaucoup pour vos analyses et corrections.

Je ne pense pas reprendre rapidement ce bg, d'autant que le personnage se construit et évolue dans un rp. Je pense donc que je vais attendre de l'avoir davantage cerné avant d'utiliser vos conseils pour reprendre son histoire. Mais je l'abandonne pas, bien au contraire!