Le Siège de Galvorn - Quartier Sud-Est par la Mer.

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En un rugissement, les trois dragons qui étaient restés aux cotés d'Adune Shënierastë après l'énième dispersion se dévoilèrent et, ensemble, fondirent sur le Zeppelin. Le Commandant demeurait en tête, le regard brûlant d'une flamme guerrière, consumé par cet instinct qu'il n'avait plus ressenti depuis des années. Les balles disparaissaient à son contact, ne devenant plus que gerbes d'or en des cieux obscurs. Il n'en allait point de même pour ses compagnons. Malgré les enchantements qu'il mettait à l'œuvre afin de les protéger et leurs cuirasses, ils subissaient les coups des mitrailleuses. Et lorsque Der'Karen, Dragon des armées du Sang, perdit la vie, devenant en cela la première victime du front océanique, le Commandant hurla : "Séparez-vous et visez les toiles supérieures du Zeppelin !
Réduisez-les en cendres ! Je m'occupe d'y débarquer les hommes !" Alors qu'il prononçait ces mots, son épiderme se teinta d'Argent, jusqu'à qu'il ne soit plus qu'une volute d'éclat et d'indistinct.
Simultanément, la même chose advint aux dix guerriers encore en vie, qui disparurent en une gerbe d'Harmonies, pour réapparaitre sur la passerelle d'embarquement est du Malekith. Drystan se matérialisa à leurs cotés, reprenant l'aspect de l'homme, arme au poing. Il caressa négligemment une profonde balafre qui courrait le long de sa joue.
Au dessus d'eux, retentit le chant des flammes déferlantes, celles là mêmes qui se libéraient sur les hauteurs du Zeppelin. Les créatures célestes tournoyèrent, dansèrent, lacérèrent puis disparurent, l'une dans la mort, l'autre dans les ombres. Le commandant se retourna vers ses hommes et, d'un seul geste, ils se précipitèrent dans les allées du Malekith en flammes, vifs tels les lames de la faucheuse.
Pour triompher d'une telle forteresse, une armée ne suffirait pas. Mais quelques hommes, si, fussent-ils condam-nés à une sinistre destinée. D'une pensée, Drystan contacta Ner'Khal.
"Maintenant, Draconien. Et rappelez-vous. Visez votre survie, minimisez les pertes.
Empêchez leurs navires de manœuvrer, immobilisez les et je suis sur que nos fanatiques préférés trouveront un moyen de les expédier ad-patres".

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Entre l'assaut du Shënierastë sur le Malekith et la dernière vague sur le port, deux minutes s'étaient écoulées.
Deux minutes meurtrières, ayant couté la vie à une vingtaine de dragons et une trentaine d'hommes pour les soldats de Drystan. Mais, à présent, les flammes s'élevaient en tout lieu et les fils de la Confrérie se battaient, sur le Malekith, sur les frégates, les goélettes et les quais, tandis que les Dragons balayaient les vents de leurs griffes et de leurs feux.
Une nuit aux couleurs du Sang...

Les premières paroles ne furent qu'un murmure.
Les siècles m'auront susurré des mots, enfant du vent. Ils m'ont dit autrefois que la violence est la réponse de celui dont la verve ne peut avoir de contenance. De celui qui ne peut diriger, mais seulement tuer. Le bras, non pas l'esprit qui le guide. Etes-vous ainsi, malgré votre panache et votre puissance ? Un bras au service d'un roi ?
Ner'Khal, seigneur des Wyrms, étendit ses ailes. Anciennes, parcheminées, une véritable carte des célestes et des astres. Elles étaient la nuit, la plus pure de toutes, celles au travers de laquelle nous ne voyons plus que néant. Et ses yeux étaient deux lunes, pleines et étincelantes, deux lunes posées sur Chokmak. Deux lunes qui ne voyait pas seulement l'être, mais aussi ce qu'il était, cette magie, belle et subtile, qu'est celle de la brise fugace. Et Chokmak le contemplait, lui, resplendissant aux écailles noires, lui, premier de la couvée de Noz'Drum. Chacun cherchait une faille, chacun se demandait si cet ennemi ne scellerait point sa destinée.
Autrefois, pensa le Dragon, nous ne craignions point les hommes. Eux nous voyaient tels des mythes, des légendes que nul ne pourrait terrasser. Mais à présent, leur yeux se sont tournés vers l'univers. Ils l'ont compris.

Sa voix retentit alors dans les cieux tumultueux de Galvorn, plus puissante que les canons, les pleurs et les cris.
Et à présent, tu me provoques, lame au clair, esprit sanguinaire. Mais pourquoi ? Pourquoi te battre ? Quelles sont les raisons qui te poussent à entrer dans de si futiles querelles ? Pourquoi t'opposer à notre marche ? Qu'y gagnes-tu ? L'honneur ? Celui-ci est entaché du sang des dagues plantées dans les ténèbres. La Victoire ? Même moi, je ne peux la prédire. Tout ce que je sais, c'est que cette Guerre sera plus terrible que tout ce que nous pouvions imaginer. Et c'est pour cela que nous, fils de Noz'Drum, sommes là. Le Sang nous a appelé et nous avons choisi de le servir.
Mais les Dragons ont d'autres raisons. Celles silencieuses, murmurantes, que nous ne verrons qu'à la fin de toute chose. Celles qui se tapissent dans les limbes, prêtes à bondir sur la bête blessée.
Ces secrets que seuls les anciens se targuent de contempler sont notre nature, eux qui déversent leurs flammes sur vos navires. Eux qui tuent vos frères et meurent de leur main.  
Alors, guerriers aux multiples visages, toi qui n'est pas un mais plusieurs, je te le demande. A la fin de cette nuit, le monde que nous connaissons n'existera plus. L'aube sera celui du bouleversement et du renouveau. Pourquoi, alors, te battre au nom d'idéaux défunts et de principes révolus ? Pourquoi dresser ta lame contre une créature qui possède en son cœur visions et connaissance quand tu pourrais la dresser à ses cotés ? Rejoins-moi, fils du vent.
Ou délaisse cette guerre. Assieds-toi sur les falaises de Galvorn et contemple la naissance de cette nouvelle ère.
Mais ne nous battons pas. Car nous y perdrions tout deux.

Ainsi, le Dragon tourné vers le front de l'Unique. Chokmak tourné vers le front des Lunaires, ils se regardèrent.
Derrière eux se dressaient les flammes, présentes ou à venir. Ils brillaient au cœur du chaos, deux étoiles aux aspects des deux armées, attendant un geste, attendant un acte. Tous les voyaient mais nul ne les contemplait.
Deux héros à l'égale valeur, marchant sur les fils d'un destin tumultueux, que chaque bourrasque pourrait terrasser, à jamais.  

Le Saint Vorrion était en flamme. Les voiles brûlaient ainsi qu'une partie de la proue, victime des tirs acharnés d'une frégate et de trois goélettes ennemies. L'une d'elle étaient d'ailleurs encore coincée dans la coque du navire de la flotte du Culte, retenue par l'éperon qui avait porté le coup fatal à la frégate Missionnaire. Mais le Mandrite Jorovic ne s'était pas laissé vaincre facilement et en plus de celle qu'il emportait littéralement avec lui par le fond, les épaves des deux autres goélettes sombraient déjà tandis que la frégate ennemie affichait une sérieuse voie d'eau à bâbord.

- A la mémoire d'un brave, murmura Von Lehart depuis son poste de commandement. Puisse l'Unique le prendre dans ses bras et l'élever du fond des abysses jusqu'à son royaume.

La bataille était rude mais s’engageait apparement en leur faveur. Malgré la perte du Saint Vorrion et le retrait du Saint Waynydd suite à de multiples avaries, les pertes ennemies compensaient largement ces déconvenues : le tiers de leur goélette gisaient par le fond où fuyait déjà, accompagné par deux de leurs frégates. Les dragons prélevaient également leur tribut parmi les équipages pirates et plus d'un vaisseau avait interrompue sa course pour affronter ces abordages aériens. Le dirigeable l'avait un temps inquiété, mais leurs alliés de circonstance semblaient en avoir fait leur affaire. Du moment qu'il ne chutait pas sur sa flotte...

- Signaux! Faites suivre : que C'zevak pousse le Dellurion sur le flanc bâbord pour combler la brèche laissée par le Saint Waynydd. Ordre de se lancer dans la bataille avec tout ce qu'il a. Ordre aux autres Juggernauts de suivre le fanion amiral. Nous allons plonger dans la mêlée et porter un coup décisif à leur moral! Réaumur, quelle est la situation des Priants?

- Le Mandrite Del Dialis rapporte une tentative d'abordage par une goélette adverse, Archimandrite, avortée par l'intervention du Saint Antoine. Peu de dégât à déplorer. Les Priants bombardent actuellement les quais, le long de la jeté sud.

- Parfais, mes compliments au Mandrite Al'Maldik pour son action. Comment se porte les combats au devant?

- Le Basarguiniy fait feu de toutes ses bouches, Monsieur. Le feu éternel remplie son oeuvre et tient les moucherons à l'écart, il devrait rentrer au contact du navire amiral ennemie dans quelques instant et -

Un bruit terrifiant, couvrant celui pourtant impression des pièces de marine, vint couper la phrase du Mandrite. La fumée monta depuis le Basarguiniy et Von Lehart vit avec horreur la silhouette du mat principal s'affaisser, lentement d'abord puis de plus en plus vite pour finalement s'écraser sur le pont dans un chaos sans nom.

L'Archimandrite releva sa longue vue et contempla impuissant l'arrêt forcé du Juggernaut. Devant lui, émergeant de la brume, la proue décorée en une figure grotesque du navire amiral ennemi fumait également avec malveillance. Le fût d'un gigantesque canon dépassait de la bouche de la figure, rougeoyant encore de la puissance du tir. Un tir unique qui avait réussi à immobiliser le Juggernaut.

- Signaux! En urgence : ordre au Saint Vivian et Saint Istaki de se poster en tiraillement sur le vaisseau amiral adverse! Qu'il le force à manœuvrer sur eux. Et ordonnez au Saint Orazio de se porter à tribord pour porter secours à Hjormal. A tout les Juggernauts, avec moi, manœuvre d'abordage sur le vaisseau ennemi! Frère Mastifal!

Une silhouette en armure qui se tenait jusque là en retrait s'avança sur l'ordre de l'officier.

- Seigneur.

- Préparez vos Jurés, nous partons à l'abordage. Qu'ils se tiennent prêt à guider nos hommes à l'assaut de cette forteresses flottante hérétique!

Le Frère Juré Mastifal plaqua son point ganté sur la lourde cotte de maille qui couvrait son torse. Son Primat lui avait ordonné de rejoindre la flotte, avec une trentaine de ses frères, pour protéger les officiers des pervers alanthropes et magiciens au service de Galvorn, et il se faisait déjà une joie du devoir qu'il allait accomplir.

- Il seront prêts seigneur, comptez sur moi.

- Officier, hurla Von Lehart à son état-major, faites sonner le branle-bas de combat et préparez les pièces à feu éternel du Xupimada: nous allons faire griller ces sauvages!

D'un ultime soupir, Sélène libérera son chagrin,
De larmes, son regard s'emplira à l'aube de la fin,
Reflets de ces rivières aux pourpres reflets,
Les yeux de la reine seront ensanglantés.

Raviver l'espoir est un acte noble. Mais cette Lune s'emplit déjà de Sang, enfant des vents...

Alors que Ner'Khal soufflait ces mots, les rais de la Céleste se transcendèrent. Il n'y avait nul magie derrière cela si ce n'est le souvenir ravivé d'anciennes lois, de ces lois auxquelles même l'Univers devait se plier. Une teinte rosée se déposa tel un voile sur le corps d'albâtre et tous comprirent alors qu'à chaque victime, elle s'assombrirait, pour devenir l'écho de ces pourpres ruisseaux déversés ici bas. Ner'Khal regarda Chokmak, une dernière fois.
Beaucoup pensent que puissance et sagesse vont de pair, mais cela n'est que mensonge.
Les forts ne sont souvent que les serviteurs des penseurs. Peut-être l'es-tu aussi, toi qui te bas pour des idées...
Quoiqu'il en soit, merci de m'avoir offert ce temps que tu aurais pu employer contre mes alliés. Je m'en servirais à bon escient.

Ces paroles prononcés, le Dragon se laissa choir entre les brumes survivantes. Depuis quelques instants, son esprit se délectait tant du débat que des batailles marines. La chute du Basarguiniy ne lui était point inconnue, tout comme les mouvements des différentes armées. Les vagues se brisaient sous les coques de l'Unique, ses navires filant à présent à quelques dizaines de mètres en dessous d'eux. Leur présence n'était, par ailleurs, pas passée inaperçue aux yeux du Mandrite Cuchulainn, capitaine du Saint Scythus. Le Seigneur d'Ebène ne chercha pas à savoir si les rafales déversées en leur direction était un soutien attentionné où une attaque malvenue. Alors que les balles glissaient entre les vents à la recherche d'une proie, il filait déjà entre les mats de la flotte, ayant repéré un ennemi plus puissant que Chokmak. Un ennemi que le Xupimada ne pourrait peut-être pas défaire seul. Un ennemi que l'ainé de Noz'Drum arriverait peut-être à amener du bon coté de la balance. D'un rugissement, il signala sa présence à ses frères. A son second signal, des cieux tomberaient quelques dizaines de Dragons, avec pour proie un assemblage de fer et d'acier, que les mortels nommaient le Terrasseur de Mondes.

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La chute des dragons fit tout d’abord naître un sourire sur les lèvres de Hjormal. Voir ces hideuses créatures ainsi coupées dans leur élan satisfaisait l’homme de foi. Mais l’homme de guerre fit vite perdre son sourire au Mandrite lorsque que celui-ci comprit que ces bêtes à écaille, chacune pesant plusieurs centaines de kilos, allaient s'abattre de plein fouet sur son navire.

- Évacuez le pont immédiatement! Hurla-t-il à un équipage déjà paniqué par les récents événements. Tous dans les cales, tous…

Le dernier ordre du Mandrite ne franchit jamais sa gorge. L’horizon s’emplit devant lui d’une masse sombre et grandissante, et il n’eut que le temps de remercier l’Unique pour avoir un jour commandé de tels homme, un tel vaisseau, avant de disparaître sous le corps écailleux d’un wyrm chutant à pleine vitesse sur la passerelle.


Le Mandrite Thormara contemplait la ruine flottante qu’était devenu son fier bâtiment. Du Saint Istaky ne restait que voiles déchirées, bois brisé et corps agonisant sous les cadavres des deux wyrms qui les avaient écrasés. Il se mit à songer que sans doute l’horreur eut-elle été moindre il se serait permis de pleurer pour ses compagnons et son navire. Mais en cet instant il ressentait bien au-delà du chagrin pour les morts, une déception trop vive pour qu’il puisse s’autoriser des larmes : celle de ne plus pouvoir aider les siens, de ne pouvoir faire payer aux hérétiques le prix des trop nombreux morts qu’ils avaient infligés parmi Son peuple.

Il leva les yeux au ciel et contempla une lune rouge sang, devant laquelle se détachaient les silhouettes des survivants de la vague de wyrms. Le vent se leva alors sans prévenir, plus fort que jamais, et la formation se rompit tout aussi soudainement. Les lézards étaient affolés et se mirent à cracher les flammes tout autour d’eux. Pire, ils commencèrent à diminuer dangereusement leur altitude.

- Balistes, ordonna à s’en faire rompre la gorge le mandrite à la seule dunette encore intacte, visez ces horreurs avant qu’elles ne soient sur nous! Tirez!

Les doubles carreaux fusèrent en direction d’un des volatiles à écaille et fit mouche, abrégeant les souffrances de l’animal. Malheureusement pour l’homme posté à la dunette, la recharge de son arme ne lui permit pas de réitérer son action et un second dragon affolé fit disparaître le sommet du mat dans une géhenne rouge orangée.

- Unique, protèges nous… furent alors les derniers mots que le Mandrite du Saint Istaki prononça avant que le pont ne fût envahie par les flammes.


L’Archimandrite Von Lehart serrait la rampe de la passerelle du Xupimada avec une telle force que ses phalanges étaient depuis longtemps devenue blanches. La perte de ses navires et surtout d’autant d’hommes de valeur faisait naître en lui une rage sans pareil. Il souhaitait faire payer autant aux Lunaires qu’aux Sanguins mais l’ordre du Primat n’était toujours pas parvenue. Tant pis, songea-t-il, contentons-nous de ces pirates pour le moment…

Il scruta sa cible de sa lunette. Le vaisseau amiral adverse faisait bien la même longueur que le Xupimada, peut-être même plus, pour une largeur légèrement inférieur. Un équipage sans doute moins nombreux, les pirates étant incapables de se rassembler en un même endroit en trop grand nombre sans commencer à s’égorger les uns les autres. De plus les dragons avaient au moins servis à réduire fortement les équipages des navires ennemis.

Ils fuyaient tous les uns après les autres, ou coulaient pour les moins rapides. Le flanc tribord avait souffert d'un dernier assaut ennemi et la choc avait été brutal. Mais la simple présence du Delurion avait permis au Culte de l'Unique de garder l'avantage : la dernière frégate avait commis l'imprudence de se mettre bord a bord avec le mastodonte dans l'espoir de lui asséner un coup de mitraille fatal, mais elle n'avait fait qu'exposer son pont, plus bas sur l'eau, aux balistes chargées de feu éternel. Sa carcasse brûlait maintenant, accompagné dans sa déchéance par le lent enfoncement d'une goélette dans les noirs de la baie. Sa jumelle de tonnage essayait de son côté de mettre le plus de distance entre elle et le Saint Scythus, dont la défense acharné avait permis de repousser deux abordages, hélas au prix de nombreuses vie et de deux larges brèches dans la coques. La frégate avait mis en panne et tentait par tous les moyens possibles de combler les voies d'eaux.

Le flanc bâbord en revanche ne s'en sortait pas aussi bien : les frégates, bien que naturellement supérieur de par leur foi et leur équipage humain, devaient combattre a un contre deux et ne pouvaient se permettre un abordage sans dangereusement s'exposer. Aussi les goélettes restantes fondaient sur les Priants et leur escorte, talonné par quelques dragons vengeurs.


Le Mandrite Stanhope, du Lac Kelma’ar, regardait les rapides vaisseaux fondre sur le flanc tribord de sa formation. Adressant une rapide suite d’ordre à son état-major, il fit pivoter les trois navires d’un quart tribord pour présenter leur proue à l’ennemi et ordonna que l’on charge les boulets incendiaires.

Trois dragons harcelaient les deux goélettes de queue et leur voilent flambaient déjà, projetant de longs reflets rouges sur les vagues. Les équipages n’étaient pourtant pas en reste et une pluie de projectile variés s’élevait régulièrement de leurs ponts incendiés en direction des maudits reptiles.

Les cinq navires restant continuèrent leur progression, bien décidé à causer le plus de dégât possible au sein de l’artillerie flottante adverse. Ils ne s’inquiétèrent pas outre mesure lorsque le bruit des lourds mortiers retentit : ces canons-bombardes étaient notoirement peu précis et leur chance de toucher de si petits navire étaient ridicules. Les boulets fusèrent selon une trajectoire en cloche avant d’amorcer leur décente. Ils étaient à mi-chemin lorsqu’ils explosèrent, libérant dans un rayon de dix mètre autour d’eux une myriade d’éclats incandescents et d’huile inflammable. Des projectiles redoutables dont on excusait facilement hasardeuse précision.

Deux goélettes furent prises sous cette pluie ignescentes, les hommes hurlant alors que leur peau fondait sous la chaleur. Une troisième vit ses voiles s’enflammer à leur tour mais continua sur sa lancée. C’est à cet instant que les frégates Saint Antoine et Saint Carthen partirent à la rencontre des ennemis déjà malmené. Les canons tonnèrent et deux nouveaux assaillants firent halte pour contrer cette menace. Ne restait que deux goélettes pour lancer l’attaque, ce qu’elles firent en désespoir de cause. La première se rua sur le Dôme de Réhan : une première volée de boulet préleva son tribut parmi l’équipage humain et la riposte des balistes montés sur les flancs du Priant furent mortel mais moins impressionnante. Les mortiers n’étaient plus utile aussi près et le pirate réduisit encore la distance jusqu’à arriver à portée de mitraille : un déluge de plombs de taille diverse réduisit le pont du navire-mortier à une tempête de sang rouge et de hurlements, dont le Mandrite Del Dialis ne pouvait qu’être le spectateur. Un choc se répandit alors dans toute la structure : la goélette dont les voiles se consumaient avait conservé suffisamment de vitesse pour user de son éperon et celui-ci venait de pénétrer dans la coque du Dôme de Réhan, dévastant l’intérieur du navire et ouvrant la voie à assez d’eau pour couler le Priant en quelques minutes.

Le Mandrite contempla l’oeuvre de l’ennemi et prit une décision : déjà la première goélette revenait à la charge le plus près possible pour avoir le plaisir d’achever elle-même les survivant, aussi l’officier se hâta-t-il de saisir une gaffe et de rejoindre l’écoutille qui donnait dans la cale. Son chapeau fût soufflé par la mitraille au moment où il passa la tête par la trappe et il s’engouffra en catastrophe dans les corridors déjà envie d’eau de mer. Il dût se débattre parmi les marins survivant qui cherchaient à rejoindre le pont mais atteint finalement sa destination : ouvrant la porte d’un violent coup d’épaule, il regarda un bref instant la trentaine de barils solidement arrimés à la coque.
Usant de la gaffe pour faire levier, il força le couvercle du premier tonneau de poudre et, après avoir recommandé sur âme à l’Unique, plongea son briquet allumé dans la matière noire.

L’explosion du Dôme de Réhan fût telle que le navire qui l’avait éperonné se volatilisa dans les airs avec sa victime. L’autre pirate subit de si près l’impact que son flanc tribord ne fût plus qu’une dentelle de bois, dont les deux autres Priants se débarrassèrent facilement. Alors les frégates d’escorte purent aller porter secours à leurs frères, scellant le sort des forces pirates sur le flanc bâbord.


Le frère Mastifal se tenait debout devant l'icône de la petite chapelle de bord du Xupimada. Il ne priait pas mais se contentait de fixer l’objet du regard, ce qui l’avait toujours apaisé et lui permettait en cet instant de se concentrer sur la bataille imminente. Autour de lui ses frères se préparaient également, méditant pour les uns, buvant pour les autres, voire partager quelques faits d’armes antiques. Il vit le Frère Berlios se faire aider par les Frères Karan et Holund pour enfiler les dernières pièces de son armure. Sa lourde cotte de mailles semblait trop petite tant elle était tendue sur son imposante bedaine, et le tabard porté par-dessus cette dernière, retenue par un ceinturon serré à l'extrême et flottant tel un étendard dix bon centimètre devant les jambes du guerrier, ne faisait qu'accentuer le côté ridicule du combattant. Et pourtant il fallait craindre le Frère Berlios, car le monstre a l'imposante barbe rousse n'était pas le dernier lorsqu'il s'agissait de faire preuve de vaillance et son arme, une affreuse longueur de bois dure  comme la pierre et garnies de billes d'acier, avait prélevé son lot d'hérétiques au cours des ans.

- Fils de l’Unique, recevez Sa grâce en cette heure sombre. Puisez-y courage et vaillance. Fils de l’Unique, recevez…

Le vieux Prélat Gustode passait d’un homme à l’autre, apportant Sa bénédiction sur les armes comme sur leurs manieurs. L’ancêtre accusait du poids des ans et on devinait à peine son corps maigre sous sa robe rouge bordeaux aux bordures argent, dont les manches trop grandes pendaient béante autour de ses poignets squelettiques. Mais lorsque l’on regardait dans ses yeux, cachés entre d’imposants sourcils blancs, on pouvait y déceler l’éclat d’un esprit, sinon immortel, encore assez jeune pour mener des hommes au combat. Les hommes le suspectaient d’être un ancien Franc-tireur, et l’adresse du vieil homme dans le maniement d’un sabre court aussi usé que lui n’atténuait en rien cette théorie.

Mastifal sourit à la vue de la trentaine d’homme en train d’achever de s’équiper. Lui-même sentait sur ses flancs le poids de ses deux haches d’abordage, des armes de qualités, redoutables entre ses mains. Le fait qu’il est déjà réussi à vaincre l’Enfant Exodus lors d’une joute d’entrainement avait suffi à une époque à lui faire gagner une réputation de combattant redoutable. Inviter le perdant au restaurant par la suite lui avait en prime permis d’obtenir, en plus du respect, la sympathie du Répurgateur avec lequel il avait pu s’entrainer régulièrement depuis lors. Lorsque le Primat avait appris que le Juré était fils de marin et avait passé une partie de sa jeunesse sur les flots, il n’avait même pas hésité à le nommer chef de ce petit groupe d’assaut maritime.

- Tenez-vous prêts, dit-il à ses hommes quand l’instant fût venu. Nous allons aborder l’hérésie dans quelques instants.

- Pourquoi s’ennuyer à mener un tel assaut, questionna le Frère Holund avec un sourire en coin. Lâchons plutôt Berlios du haut d’un mat vers leur pont, il suffira à lui seul à couler un si petit rafiot !

Quelques rires résonnèrent dans la chapelle, dont celui du vieux prélat qui avait passé l’âge de voir de l’insubordination partout.

- Oh, tu veux encore me laisser faire tout le travail, hein Holund ? Répondit l’imposant Juré. Que l’Unique vous emporte, toi et ta paresse !

- Surveille tes paroles, barrique, ou je serais bien tenté de vérifier si tu es capable de flotter malgré toute cette ferraille !

Les hommes s’esclaffèrent de plus belle, accompagné cette fois par leur officier. Les plaisanteries de ce genre étaient monnaie courante et Mastifal savait que chaque Juré serait prêts à tout pour ses Frères.

- Très bien mes Frères, assez rit. L’heure du combat a sonné.

Comme pour accentuer ses paroles la coque du Xupimada trembla de toute sa longueur, son revêtement de cuivre frottant contre les planches du Destructeur de Monde.




- Les grappins sont en place, Archimandrite, nous n’attendons plus que votre ordre !

Le commandant des forces de l’Unique s’abreuva de la scène : le Xupimada, plus haut de pont que le Destructeur, dominait de presque deux mètres le bord de son adversaire, offrant une vue dégagée sur les forces déjà en présence. Les dragons et leurs gens avaient fait du ménage parmi l’équipage pirate, mais les flibustiers étaient des combattants aguerris et plus d’un reptile avait compris trop tard l’erreur de se poser sur le pont du navire. De plus, les champions lunaires et solaires se tenaient au milieu du combat, prélevant leur lot de victimes parmi les troupes sanguines.

Le Xupimada allait suffire à faire pencher à lui seul la balance en leur faveur, pensait Von Lehart. Le Lyganos et le Veren’Dani faisait déjà voile vers le port, leurs pompes et catapultes à feu éternel ayant suffi à réduire en cendre le dernier barrage de frégate ennemi, leur coque cuivré les protégeant des flammes qui se répandaient comme des tâches d’huile sur les eaux de la baie.

- Préparez les hommes à l’abordage ! Faites sonner la cloche et ordonnez aux dunettes de faire feu sur le pont ennemie : balistes et grenades à mitraille.

- Monsieur… Les troupes de nos alliés sont déjà engagés, précisa avec prudence Réhaumur. Il y aura des morts dans les deux camps si nous exécutons cet ordre.

Le regard de Von Lehart le figea sur place.

- Ais-je l’air de quelqu’un qui donne des ordres sans les avoir dûment pesé, Mandrite ?

- Non monsieur, répondit Réhaumur d’une voix forte en regardant un point fixe, très loin au-dessus de l’épaule de son commandant.

- Alors qu’attendez-vous donc pour les exécuter ? hurla l’Archimandrite.

- Mes excuses, monsieur, avec plaisir, monsieur !

Le Mandrite fila avec un sourire en direction de ses hommes pour relayer les ordres. La cloche de bronze sonna sur le pont du Xupimada et les premiers projectiles fusèrent des mas et d’au-dessus du bastingage. Les projectiles des balistes, certains se terminant par des minuscules fioles de feu éternel, suffirent à incendier les points d’accès du pont et isolèrent une zone d’accès pour les troupes du Culte. Les grenades qui suivirent suffirent à nettoyer cette zone d’abordage de ces ancien occupant, et ce sans distinction.

Fermement agrippé aux câbles d’abordage, les hommes du Cultes se lancèrent à l’assaut, menés par les Frères Jurés. Le Prélat Gustode, juché sur le dos du Frère Karan, fit également partit de la première vague et, à peine ses pieds eurent touché le bois ennemis qu’il concentra son esprit, redirigeant la foi des Frère en un puissant champ anti-magie. Un marin cru voir en lui une cible facile : le tir d’un fusil à huit canons mobiles que le Prélat maniait avec assurance lui expliqua définitivement son erreur.

La chute de Berlios fût brutale mais l’homme se redressa avec une vitesse surprenante et il leva sa longue masse pour cueillir d’un revers un corsaire un brin trop sûr de lui. Mastifal faisait tournoyer ses haches en un tourbillon mortel et menait l’assaut, laissant un sillage de cadavre dans sa progression.

- Pour l'Unique! Pour Sa gloire! Ni pitié, ni rédemption! Chargez!

Une troupe de soldat de l’unique venait de débarquer sur le pont du Terrasseur. La première vague de pirates qui leur sauta dessus fut décimé en une fraction de seconde, l’un d’entre eux réussissant à survivre trois petites secondes et érafler le doigt d’un des frères. Dorkir réagit immédiatement à l’appel de charge que lança le capitaine ennemi.

Sanguinaire avec moi, flibustiers et forbans, escalader moi ce vaisseau et massacrer ces croyants. Pour la Lune !

Sur ces paroles, les sanguinaires et Krug s’élancèrent sur la troupe de Jurés accompagnés de et Kordrok. Le chef des lunaires restait en retrait et soutiendrait ses troupes avec sa magie, Kordrok veillerait sur la vie de Dorkir. Ce dernier serait un élément essentiel à la fin de cette guerre, les chefs nées et suivit étaient rares en ces temps de guerre. De leurs côté le reste de l’équipage tenta d’aborder le Xupimada couteaux entre les dents et pistolet à la main. Ils rencontrèrent les soldats de l’unique qui se sautèrent sur le pont du Terrasseur, dans un choc sanglant. Une cinquantaine de pirates assoiffés de pillage réussit à mettre pied sur le pont de l’immense Juggernaut. Le reste des flibustiers s’élança pour repousser les quelques wyrms qui assaillaient encore le navire et affronter les sanguinaires présent sur le navire, ainsi que le seigneur des wyrms qui pour le moment avait crée une zone de vide autour de lui. Quelques uns se portèrent aux bouches de canon qui n’étaient pas bloqué par le navire de l’Unique et firent feu sur les deux Juggernaut s’approchant du port.

La totalité de la flotte des Lunaires gisait au fond du port, mêlée à quelques navires de l’Unique et wyrms sanguines. Seul el Terrasseur continuait de lutter avec bravoure. Les coups de canons visant les Juggernaut n’eurent que peu d’impacts, trouant le haut de la coque et tuant quelques soldats qui se préparaient à débarquer sur les quais de Galvorn.


Krug, Kordrok et les sanguinaires rencontrèrent les frères Jurés de plein fouet. L’impact les envoyant valdinguer les uns comme les autres. Un Sanguinaire et un Frère ne se relevèrent pas du choc broyer par le marteau de Kordrok ou découper par les haches du frère Mastifal.
La corpulence du Frère Berlioz semblait improbable au vu de son agilité et de sa rapidité. Le sanguinaire lui faisant face peinait à esquiver ses attaques et avaient déjà subit de nombreuses éraflures sans parvenir à porter le moindre coup. Puis, d’un coup, Berlioz sauta en avant abattant son bâton dans un coup sensationnel vers le bas, qui fracassa le crâne du sanguinaire et enfonça le pont du Terrasseur. Un coup magistral, qui augmenta la ferveur de ses frères au combat. Douze Frères contre les dix sanguinaires, Dorkir et Kordrok, le combat battait son plein. Déjà deux frères et deux sanguinaires étaient tombés sous les coups des uns et des autres. Au cœur de la mêlée deux luttes hors normes s’engagèrent : Kordrok sauta sur Berlioz, abattant son marteau de guerre sur ce dernier qui esquiva en se reculant légèrement ; Le frère Mastifal qui attaqua Krug Dorkir qui venait d’achever un frère.

Tu es rapide pour un gros lard. Le nain cracha par terre, et frappa le pont de son marteau activant la rune de feu de son marteau. Une partie des tatouages du nain se mit à luire d’un rouge feu. La force du nain semblait plus pesante, agressive et empreinte d’une rapidité nouvelle. L’assaut fulgurant qui suivit surpris légèrement Berlioz qui dut parer le choc avec son bâton. L’impact le fit reculer d’un bon mètre, un sourire naquit sur ses lèvres. Enfin un adversaire à sa valeur. Berlios recula, planta ses pieds sur le sol et lança un coup de taille monstrueux avec son arme, le nain bloqua l’attaque d’un reflexe en opposant le plat de son marteau. Le choc le poussa à terre, et la suite vit Berlioz sauté en l’air pour frapper son ennemi au sol. Sur une roulade Kordrok se décala du coup et frappa vers le mollet du frère.

A leurs côté Dorkir et Mastifal s’échangeaient des amabilités à coup de hache et de sabre. Le pirate semblait s’essouffler un peu plus vite que son adversaire. Autour d’eux la plupart des Frères et des Sanguinaires jonchaient à même le sol, l’inondant de leur sang visqueux.  Seul Karan et Holund se tenaient encore debout face à deux sanguinaires couverts du sang de frères tombés. Tous semblaient épuiser, mais aucun ne renonçait à répandre le sang et annihiler l’adversité.


Le reste du pont du vaisseau amiral Lunaire ressemblait à un cimetière. Quelques flibustiers éraient hagard aux milieux des corps, cherchant à fuir l’horreur qui les entouraient ou de nouveaux ennemis à anéantir. Quelques uns sautèrent à la mer et tentèrent de gagner les quais à la nage, les autres se ruèrent sur le Xupimada. La plupart des forbans l’ayant abordés gisaient morts devant le grand nombre de soldat de l’unique, mais un lourd tribut avait été prélevé dans leur rang. Une trentaine de pirates faisaient front à une bonne centaine de soldat qui les encerclait prêt à mettre un terme à l’existence de ces hérétiques. Du haut de son navire Von Lehart exhortait ses troupes à mettre fin à cet abordage.

Réaumur, faites taire ces pirates une bonne fois pour toutes. Nous n’avons pas de temps à perdre. La prise de la ville doit continuer, nous devons débar… Mais qu’est que c’est que ce chant ?

Je ne sais pas Archimandrite.

Un chant clair et cristallin résonnait dans l’air, puis dans un éclair d’or, Sephi apparut sur le pont devant le reste de ses troupes un phénix posé sur son épaule. L’elfe tourna son regard vers l’Archimandrite, d’un souffle une rafale de vent en forme de flèche partit sur l’Archimandrite. Le Mandrite Réaumur poussa Von Lehart de la trajectoire et ne fut qu’éraflé par le trait, une fine coupure laissant échappé un filet de sang sur sa joue. L’attaque magique enragea les soldats de l’Unique qui chargèrent d’un seul homme sur les derniers flibustiers et leur chef. Le corps à corps s’engagea, de manière brutale. Les pirates protégeant l’elfe réussirent à tenir en échec les soldats de l’Unique, mais chaque mort les affaiblissaient alors que de nouvelles recrues apparaissaient pour remplacer les morts en face. La lame de l’elfe tournoyait dans les airs découpant les corps adverses avec délicatesse et précision. Cinq pirates restaient à ses côtés alors qu’en face malgré la centaine d’hommes tombés, il en restait toujours autant. Les derniers flibustiers se sacrifièrent emportant avec eux un ou deux adversaires pour permettre à leur chef de s’échapper. La bataille semblait perdue et Sephi n’avait même pas réussi à toucher leur général. Il sentait maintenant la présence d’un champ d’anti magie autour des deux capitaines. Il allait devoir sauver ceux qui pouvaient encore l’être et se retrancher dans la ville. Mais avant il avait une dernière tâche à accomplir. Le canon lunaire tonnerait une dernière fois pour le malheur du Xupimada. L’elfe disparut avec son phénix dans un éclair d’or et de rouge laissant les troupes stupéfaites. Ces dernières purent voir par-dessus le bastingage le pont du Terrasseur, où ne restait plus que deux sanguins Ner’khal et Drystan, ainsi que 6 hommes entrain de combattre, dont 3 frères jurés : Mastifal, Berlioz et Holund. Karan gisant à ses pieds.

Les frères restants n’en revenaient pas. Les sanguinaires avaient une valeur de combat qui les égalait. Holund se dressait sur le corps de Karan qui semblait agiter de faibles soubresauts bataillant contre un sanguinaire pour essayer de sauver son frère. Leurs armes tintaient en se rencontrant l’une manié avec dextérité et force, l’autre s’abattant avec brutalité et rapidité. La fatigue commençait à les prendre, la drogue s’amenuisait dans le sang du sanguinaire et toutes ses coupures commençaient à lui faire mal. Son attention se relâchait doucement. Sur un coup précis du Frère, il sentit l’épée s’enfoncer dans son ventre, la mort allait le prendre rapidement, il n’eut que le temps de lancer un coup de taille de son sabre qui entailla le genou d’Holund le forçant à s’écraser par terre, hurlant de douleur. Le sanguinaire mourut avant de frapper le sol, s’écrasant aux côtés de frère Karan qui sentait la vie s’écoulé de son corps par la plaie béante qui s’ouvrait sur son flanc. Ses yeux se fermèrent sur un dernier sourire à son frère juré.

A côté Mastifal commençait à prendre doucement le dessus sur Dorkir, lui ayant infligé plusieurs estafilades sur les bras et le visage. En retour, il n’avait à se plaindre que d’une égratignure sur sa main droite. Il poussait s’en cesse le capitaine pirate dans ses retranchements le forçant à parer et se défendre et lui bloquant toute initiative. Les haches tournoyaient toujours s’abattant à l’improviste droite ou gauche. Dorkir avait du mal à évaluer et parait souvent par réflexe de son couteau ou de son sabre. Il voyait sa fin arriver doucement, mais sa fierté l’encourageait à continuer. Si une ouverture apparaissait il saurait s’en saisir. Pendant cette pensée, la hache de Mastifal siffla et s’abattit sur le mât contre lequel Dorkir avait été acculé, il eut à peine le temps d’esquiver et son oreiller fut coupé. Le temps que le frère retire sa hache, Dorkir réussit à porter un coup de taille vers le ventre du frère, il prit le coup de plein fouet dans son armure et fut légèrement ébranlé, il se reprit en reculant d’un bond. La force du pirate était impressionnante il avait presque coupé le souffle de Mastifal.

Un peu plus loin, Kordrok et Berlioz s’échangeaient des coups d’une violence inouïe. Le pont autour d’eux était cabossé par la force des coups qu’ils se portaient. Le nain commençait à prendre doucement l’avantage, la vitesse octroyer par ses tatouages lui permettait de surpasser légèrement Berlioz dans ce domaine. Il avait réussit à lui déformer son armure au niveau des côtes d’un coup puissant. L’homme semblait souffrir d’une côté. Kordrok lui avait hérité d’un hématome violet sur sa hanche, seul la partie en bois de l’arme de son adversaire l’ayant touché sur le coup reçu.  Frère Berlioz se rua de nouveau en avant, faisant tournoyer son arme et l’abattant d’un gigantesque coup de taille visant la hanche de son adversaire. Kordrok roula à terre pour éviter le coup, il sentit tout de même le bâton lui érafler le haut du dos. Se relevant il porta un coup en uppercut avec son marteau vers la mâchoire du frère. Le coup rencontra la main qui amortit l’impact du coup, propulsant l’homme en l’air mais évitant de se faire fracturer la mâchoire. IL tomba lourdement sur le sol, lâchant son arme. La légère perte de conscience de son adverse permit au nain de prendre l’initiative, il se rua en avant portant un coup de bas en haut visant le crâne. Berlioz se recula comme il put encore sonné par le coup et sentit l’arme s’abattre sur son genou le brisant net. Il hurla de douleur, grimaça et tenta de reprendre ses esprits et son arme. L’attrapant du bout de la main, il vit le nain lui sauter dessus pour assener le coup final. L’homme brandit son bâton dans un dernier réflexe et trouva le flanc du nain, lui arrachant une grimace de douleur et déviant le marteau suffisamment pour qu’il s’enfonce juste à côté de son crâne, lui laissant la vie. Sans réfléchir les deux hommes s’empoignèrent le cou pour s’étrangler. Les forces étaient équivalentes, et la rougeur s’emparaient des visages des deux guerriers, dans un dernier élan de lucidité, Kordrok asséna un cou de genou dans le ventre de son adversaire, le faisant lâcher prise sous la douleur de l’impact dans ses côtés fêlés. Puis le cou de Berlioz se brisa dans les mains du nain. Kordrok tomba à côté, presque évanouit par le manque d’air et l’écrasement de sa trachée.


L’elfe réapparut à côté du canon lunaire sur le pont du Terrasseur. IL commença à saboter le canon pour le faire exploser. Et le tourna vers la coque du Xupimada, avec l’angle qu’il avait le coup ne serait pas mortel pour le navire, mais l’empêcherait peut être de débarquer trop rapidement. Et tout gain de temps pouvait permettre de gagner la guerre même si elle démarrait plutôt mal. L’elfe finit ses préparatifs, et alluma une mèche relativement longue. Regardant le pont, il avisa Kordrok étalé par terre suffoquant et Dorkir en mauvaise posture contre son adversaire. Un frère rampait même vers son ami Nain pour tenter de l’achever et venger la mort de Berlioz. Sephi envoya son phénix récupérer Dorkir et courut attraper Kordrok. Le pirate s’évapora dans un éclair sous les yeux de Mastifal qui mit du temps à comprendre. Puis se retournant il avisa le chef des Lunaires attraper le nain et une autre pate de l’oiseau de feu. Il lança sa hache mais les trois Lunaires disparurent dans un éclair d’or et de rouge la hache passant juste après et s’enfonçant dans le bastingage du navire. Ils s’étaient enfuient, vers al cité probablement. Il souffla, ils avaient vaincu, mais il ne lui restait plus aucun frère ni même le prélat qui avait succombé lors des affrontements. Il approcha d’Holund le seul encore en vie de ses hommes, ce dernier avait la jambe sérieusement entaillé mais avait stoppé l’hémorragie avec le foulard d’un forban. Le bruit d’une mèche crépitant attira l’oreille du frère et dans une vision d’horreur il vit la mèche allumé d’ici 30 seconde le pont du Terrasseur serait soufflé par l’explosion. Attrapant son frère blessé et une corde pendant du Juggernaut il hurla à l’équipage de s’éloigner rapidement du navire ennemi. Se tenant d’une main à la corde, il sentit le navire commencer à s’écarter en craquant, pendant qu’on les hélait vers le pont du Xupimada. Un bruit d’explosion étourdissant retentit, soufflant le Terrasseur et l’embrasant, ainsi qu’une coque qui se brise. Le dernier boulet de ce canon venait de percer un trou dans la coque du Juggernaut à hauteur de la mer, déclenchant une légère avarie. Le navire ralentit par l’entrée d’eau s’arrêta à quelques mètres du Terrasseur qui flambait. Le risque d’embrasement n’était pas nul pour le moment. Les hommes s’affairaient sur le pont sous les ordres de l’Archimandrite pour sauver le Xupimada d’un éventuel feu. Mastifal s’écroula sur le pont, épuisé par sa dernière action. Holund n’était pas léger et le tenir par la main avait été une épreuve difficile le temps que les hommes les ramènent sur le pont. Mais au moins son frère survivrait.

Dans le ciel, la silhouette de draconienne de Ner’Khal emmenant le corps inanimé de son allié Drystan se détacha au dessus des flammes du Terrasseur. La mer avait prit son lot de victime et les poissons du port pourraient se nourrir pendant plusieurs mois des restes qui pourriraient au fond de la baie.