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 Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest

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Exodus (...)
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Exodus (...)


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MessageSujet: Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest   Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest Icon_minitimeMer 7 Mai - 0:22

La nuit avait frémis au passage des dragons par-dessus les plaines. Faisant claquer leurs immenses ailes de cuir, ils s’étaient élevés dans les nues, s’exposant un bref instant aux reflets de la lune avant de disparaitre. Un bref instant qui suffit à faire naitre la peur dans le cœur des défenseurs de Galvorn. Tous levaient les yeux, que ce soit depuis les remparts, les toits ou les barricades, car tous craignaient de voir le ciel soudainement se changer en une masse difforme et écailleuse, faisant pleuvoir la mort incandescente sur leur cité. Et ainsi tous attendaient.

Un défenseur finit par baisser son regard, et du haut de sa redoute, laissa échapper un son d’effroi. Les plaines du delta avaient pris feu. La nuit brillait comme en plein jour au sud-est de Galvorn, les torches se reflétant par milliers sur les armes des soldats. Alors commença à monter une voix, celle de plusieurs centaines de soldats chantant à l’unisson pour Sa gloire. Alors le soldat sentit naitre en lui plus que de la peur : il prit conscience, au plus profond de son être, que le désespoir venait de se lover tout prêt de son cœur.

Et le feu, depuis la terre, jailli à sa rencontre.

* * *

DeVaanne regarda en silence la première volée de projectile filler en direction des faubourgs et du mur d’enceinte. Les longues et fines trainées ignescentes des flèches des scorpions montés par les Archivistes semblaient s’envoler pour ne jamais atterrir. Ce qu’elles faisaient pourtant, mettant le feu à tous ce qui se trouvaient sur leur chemin. En comparaison, les boulets de tourbe enflammée des trébuchets de campagne semblaient presque lents et pataud, vrombissant dans les airs sans aucune grâce. Jusqu’à ce qu’il touche le sol : alors s’élevait une éphémère et magnifique fleur incandescente, parfois accompagnés de cris de souffrance et d’effroi.

Le Primat se détourna du spectacle des premières slaves pour contempler l’armée qui s’était massé derrière lui.

Ces hommes et femmes faisaient sa fierté. A peine une demi-heure après que les éclaireurs aient signalé les premiers mouvements du camp des Sanguins, la grande majorité d’entre eux étaient déjà prêt : les sous-officiers du Jarl Carenvan avaient placé leurs formations avec soin, regroupant les escouades sous leurs bannières, retrouvant les Mages dévots et les Prélats de bataille qui leur étaient attribués. Juste devant eux se trouvaient les archers de métiers menés par le Jarl Irensvor, lequel se faisait une joie de hurler sur chaque tireur qui n’était pas correctement aligné, son propre arc long lui dépassant du dos. Çà et là apparaissaient les tricornes noirs des Francs-Tireurs, dispersés plus ou moins au hasard entre les escouades. Moins discrets enfin pouvait-on repérer les nombreux Archivistes répartis dans l’armée, principalement grâce aux trous laissé entre les formations par des soldats peu désireux de son coller trop près de ces êtres potentiellement explosifs. Certes, les Archivistes étaient tous aussi dangereux qu’un Teclis mal réveillé, mais ils savaient se montrer utile : leurs armes de sièges se révélaient assez fiables compte tenu de leur délais de construction record, et les braseros et soins dispensés avaient permis de limiter à une centaine d’hommes les malades trop atteint pour rejoindre le combat. Certes, une dizaine d’entre eux avaient été intoxiqué par les vapeurs des braseros, mais Teclis garantissaient que leur fièvre passerait en même temps que leur couleur verte.

Sur les ailes enfin se trouvaient les nombreux cavaliers de cette armée : presque un tiers des soldats dont il disposait étaient montés, et il allait devoir sagement les utiliser s’il voulait éviter de gâcher leur talent entre les ruelles du bouge qu’était Galvorn.

Une armée entière, dont les lueurs des torches révélaient les couleurs de leurs pourpoints et armures. Un ost prêt à la guerre et chantant la Prière des Valeureux, comme avant chaque bataille. Une première pour ce pays, songea DeVaanne. Un chant qu’il ne sera pas prêt d’oublier.

Lui-même se tenait sur son destrier de combat, revêtu de son armure et de sa cape écarlate. Un esprit moqueur aurait pu trouver à redire à la discrétion d’un tel accoutrement et de la cible aisée qu’il faisait pour n’importe quel artilleur. Mais cet esprit se serait très vite ravisé à la vue de cet homme d’or menant à la charge près de 700 cavaliers. De plus irradiait du commandent en chef des forces de l’Unique en Ter Aelis une confiance et une fierté sur laquelle on aurait pu tordre une barre de fer : les boulets et autres projectiles incommodes n’étaient donc pour lui pas une source d’inquiétude. Tout au plus un son bref et strident.
Cette force et cette fierté se trouvait également dans son proche entourage. Tout son quartier général se trouvait autour de lui, accompagné par une soixantaine de Frères Jurés et une trentaine de Chevaliers du Culte en guise de garde rapprochée. L’Ethnarque Dragowin, les Frères-Jarl Rudiger et Medelciulli, le Jarl Carenvan : tous des hommes d’expériences et à la foi aussi rigide et fiable que leurs lames.

Enfin, cernant leur Primat, se tenaient une demi-douzaine de silhouettes rouges et or. Les Enfants ne chantaient pas, ne prenaient pas part aux ultimes débats militaires. Ils se contentaient de fixer le brasier naissant qu’était Galvorn, entrevoyant le futur qui s’offrait à eux. Tear caressa machinalement le cou de Dispater mais en lieu et place de la fourrure ne rencontra que de l’acier et du cuir. Teclis, occupé à régler une lourde bouche à feu à canons multiples, n’aurait surement pas laissé son protégé lupin partir au combat sans une protection adéquate. Laylay vérifiait pour la troisième fois en deux minutes que son calepin était bien en place tandis qu’Exodus se bagarrait avec les lanières des canons d’avant-bras qu’il avait réquisitionné, en plus d’un gantelet et d’un spalière légère. Sharah’In accordait son instrument jusqu’à des degrés de variation que seule elle percevait et Mike faisait le vide en son esprit, se concentrant sur sa tâche futur.

Tous connaissaient leur mission et aucun ne doutait de son bien-fondé.

L’estafette rejoignit le quartier général à toute allure. Le tirailleur mit pied à terre et s’inclina devant le Primat avant de lui délivrer son message.

- Le capitaine Cuchulain du Saint Scythus a donné bonne réception des ordres, mon Primat. Il transmet les consignes d’attaque à l’Archimandrite Von Lenhart à l’instant même.

- Très bien, répondit DeVaanne. Si tout se passe bien nous pourrons compter sur la flotte pour ouvrir un troisième front du côté du port d’ici une heure, de quoi nous laisser le temps d’atteindre les portes et les franchir. Rudiger, faites dire à Isnofet de préparer ses tirailleurs à avancer. Et faites cesser les prières au prochain refrain, ordonna-t-il à l’Ethnarque, il est temps de s’adresser aux hommes.

Les gorges se turent. Ne subsistaient plus que le son des projectiles incendiaires et des chevaux, parfois couvert par celui d’un lointain effondrement. Le Primat fit avancer son cheval jusqu’à la première ligne de fantassins, dont plusieurs se signèrent devant lui, et ôta son casque. Sa voix ne pouvait pas porter plus loin que les trois premières lignes, mais les prélats allaient relayer ses mots au travers de toute l’armée. L’engouement collectif ferait le reste.

- Soldats ! Hommes et femmes servant fièrement l’Unique ! Ceux que je peux avec fierté appeler mes frères et sœurs ! C’est la fin de cette trop longue attente : devant nous se dresse Galvorn l’orgueilleuse et voyez : déjà, elle flambe ! Cette nuit, nous allons vider ses rues de la vermine qui l’infect, purifier ce sanctuaire d’allanthropes et de blasphémateurs. Ainsi commencera notre œuvre consistant à rendre à l’Unique et ses élus ce pays trop longtemps dominé par ces être sournois et cruels ! Ceux-là même qui envoient aujourd’hui des membres de notre propre race contre nous, pour défendre leurs vies sacrilèges. Ceux-là même qui sont semblables aux esclavagistes qui tenaient notre peuple sous son joug il y a des siècles, et dont l’Unique nous a libéré ! Cette nuit, nous poursuivons cette guerre éternelle contre les allanthropes et les hérétiques, eux qui craignaient de nous voir nous élever par peur de notre gloire promise ! Et ils eurent raison de nous craindre : par le passé déjà l’esclave s’est rebellé, et a jeté à terre ses oppresseurs ! Réitérons l’histoire ! Portons encore une fois le coup de grâce, de manière à ce que jamais ils ne se relèvent !

Les cris d’approbations fusèrent depuis les rangs de l’ost du Culte. Le Primat se redressa alors de toute sa hauteur sur ses étriers et présenta Antienne bien hait au-dessus de lui, semblable à un ange vengeur.

- Alors suivez-moi, vaillant soldats, bénis entre tous par Sa lumière ! Suivez-moi dans la bataille, dans la ruine de nos ennemis ! Brûlez cette fosse décadente, passez ses habitants par le fil de l’épée et ce faisant, hurlez avec moi le nom du seul vrai salut de notre race et de ce monde : l’Unique !

UNIQUE !

Un seul cri retentit des masses armées. Un seul nom fut scandé alors que les cornes et tuba lâchaient un son grave et puissant à même de faire vibrer les cages-thoraciques, annonçant la mise en marche des troupes.

UNIQUE !

Les tirailleurs exaltés se mirent également à avancer, d’abord suivant un trot léger mais passant vite à un bruyant galop, accompagné sur leurs arrières par d’inquiétants chariots grillagés. Les fantassins et le reste de la cavalerie les suivaient au loin, marchant d’un pas cadencé, frappant leurs boucliers de leurs armes, et toujours accompagnés du son discordant des trompes de guerre. L’armée du Culte de l’Unique fondait sur Galvorn, qui ne pouvait plus que se préparer à rencontrer son destin.

UNIQUE ! UNIQUE ! UNIQUE ! UNIQUE !

* * *

Les tirailleurs dévalèrent les plaines à toute allure depuis leur position. Quatre cents cavaliers légers aux costumes éclatant et aux chevaux rapides comme le vent. Ils étaient fiers d’avoir été désigné pour le premier sang et lançaient de violents cris de guerre à l’attention de leur cible, les défenseurs des faubourgs, déjà envahi par les flammes. Chargeant leurs arbalètes, ils se ruèrent en direction des premières barricades entourant les quartiers extérieurs alors que les canons des murailles se mettaient à tonner, accompagnés des premiers projectiles depuis les barricades.

Quelques hommes et chevaux tombèrent mais ils n’étaient rien comparé à la masse de combattant chargeant à plein poumons. Arrivé à quelques dizaines de mètres des faubourgs, ils rompirent alors leur formation et s’éclatèrent en deux groupes longeant les abords des bâtiments. Les premières volés de carreaux furent lâchées, meurtrière pour quiconque n’était pas à couvert. Formant deux cercles de chaque côté de la route principale, ils firent pleuvoir suffisamment de carreaux pour obliger les défenseurs à garder la tête baissé.

La pluie de mort cessa soudainement. Un volontaire de Galvorn osa relever la tête de derrière son couvert. La dernière chose qu’il vit fût une forme rouge vaguement humaine, et une lame de vingt centimètre se projeter vers son œil.

La mort venait d’entrer dans les faubourgs, tout juste sortie de carrioles grillagées et malodorantes. Hurlant, palliant, se déplaçant à quatre pattes plus souvent qu’à deux, simplement couverts de bandes de tissus rougis et de lames montés sur leurs avant-bras, deux cents êtres qui un jour avait été humain se jetèrent sur les fragiles barricades.

Le Prélat-Jarl Reichert faisait déjà faire demi-tour aux carrioles et ne lança pas un regard en arrière. Il savait que ses protégés feraient leur œuvre et par la même gagneraient leur pardon aux yeux de l’Unique. Et il se sentait comblé de les y avoir aidé.

Car malgré les canons et les flèches, les flammes et les barricades, les Repentis du Culte venaient de pénétrer dans les quartiers extérieurs de Galvorn, déchiquetant tous ceux qui se mettaient sur leur passage et ouvrant la voie à la première vague de fantassins.
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Erlidann

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MessageSujet: Re: Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest   Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest Icon_minitimeSam 10 Mai - 13:57

Ainsi donc elle allait commencer cette guerre dont on parlait depuis si longtemps. Lui qui n'a jamais été un homme d'action se retrouve aujourd'hui chef de guerre. Mais quel autre choix avait-il ? Quitter le foyer qu'il avait enfin trouvé ? Non, rester et défendre la patrie qui était maintenant sienne. Il sera bientôt temps pour beaucoup de mourir et pourquoi ? Il n'en avait pas la moindre idée, la seule chose qui importait c'était que ne rien faire serait pire. Les soldats qui l'accompagnaient n'était pas pour moitié soldat la semaine passée, il était maintenant sur le pied de guerre, le cœur pris d'angoisse mais décidé à mourir plutôt que de voir Galvorn tomber aux mains de ses envahisseurs. Tant de vies sacrifiées sur l'autel de la démence...

Pendant sa méditation, son null se déployait autour de lui, figeant son environnement proche à l'état approximatif où il était lorsqu'il avait pour la dernière fois posé les yeux dessus. Les premiers projectiles virent percuter la barricade qu'il occupait, ou à tout le moins, c'est ce qui aurait du se produire, car au lieux d'enflammer le bois des remparts de fortunes, ils disparurent dans une brume de rêve vaporeuse aux reflets d'arc-en-ciel. Certains assaillants essayèrent de franchir cet obstacle surprenant mais se retrouvèrent subitement à la position qu'ils occupaient quelques secondes avant. Garic, le garde à qui Erlidann avait donné l'ordre de le réveiller lorsque la bataille serait lancé hésita quelques secondes avant de lui secouer l'épaule. Revenant rapidement à l'instant présent, il se leva, prit son polochon tandis que son null se résorbait à sa vision périphérique et ses angles morts. Une flèche bien placée aurait du lui être fatale mais elle disparut elle aussi en un songe mortel.

Dans la clameur des assaillants, les plus hardis n'arrivaient que difficilement à garder leur contenance. Une première vague de haillons virent percer les rangs Lunaires avant qu'une quelconque contre-attaque ne puisse être mise en place. Erlidann se mit à crier le nom de leur déesse révérée pour galvaniser les troupes. Cri d'abord ténu, il commença petit à petit à être repris depuis toutes les barricades :

« LUNA ... LUNA .. LUNA»

Erlidann fracassa la tête de plusieurs des étranges créatures à l'apparence humaine qui les assaillaient avant d'interpeller Garic :
« Va dire à tout le monde de reculer dans les ruelles puis vers les passages sous-terrains et de tout faire sauter ! »
Le jeune homme se mit à courir de barricades en barricades, hélant les survivants du premier assaut et esquivant ou taillant dans le vif les assaillants qui croisait sa route.

« Peut-être avons-nous une chance de voir le jour se lever... » songea le rêveur tout en continuant sa besogne guerrière, son polochon, devenu une arme contondante digne d'un marteau de guerre.

Dans une odeur de sang, de poudre et de fumée, ils se préparaient à reculer pied à pied vers les souterrains.


Dernière édition par Erlidann le Dim 3 Aoû - 14:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest   Le Siège de Galvorn - Quartier Ouest Icon_minitimeJeu 15 Mai - 0:18

DeVaanne contemplait au travers de sa longue vue les progrès de la première vague d’infanterie. Les défenses des faubourgs avaient tenue à peine moins longtemps que ce qu’il avait escompté, les partisans de Galvorn n’ayant que peu d’intérêt à sauver les quartiers extérieurs. Certes, il y avait eu cette… anomalie, vers l’une des barricades, mais elle n’avait pas tenue assez longtemps pour lui coûter trop d’homme. Déjà il les voyait décrocher, à la lueur des flammes, en direction du mur.

Il s’agissait d’une retraite sans précaution, les hommes les moins expérimentés se contentant de fuir du mieux qu’il pouvait la ligne de Repentis. Leur nombre avait passablement diminué, les projectiles et les barricades ayant prélevé leur tribut. Mais il en restait encore suffisamment pour poursuivre les fuyards. Un groupe de lunaire couru se réfugier derrière une palissade, à l’abri des flammes et donc de la vision inquisitrice du Primat. Un léger mouvement du pouce suffit à faire passer une nouvelle lentille dans la longue vue, ce qui lui permit alors de contempler les formes grisés de ces lâches se faire déchirer par deux Repentis.

Le vrai problème était maintenant l’artillerie et les unités d’archers qui alignaient les premières troupes de l’Unique depuis le mur d’enceinte, couvrant la retraite de leurs congénères. Retraite qui commençait d’ailleurs à s’organiser en direction d’une suite de bâtiments ressemblant vaguement à des entrepôts.

Le Primat jura dans son casque : les canons des défenseurs étant trop occupés, il avait ordonné à sa propre artillerie de s’avancer pour pouvoir commencer le pilonnage du mur et au-delà. Aussi  les fantassins allaient devoir prendre ce hangar sans le soutien des pièces mobiles.

Il lui fallait donc compter sur les Enfants qui s’étaient joint à la première vague pour mener la charge contre les derniers défenseurs des faubourgs, et surtout ouvrir les portes au reste de l’armée. Une fois les portes prises, il pourrait alors mener en personne la charge de la seconde vague et s’enfoncer au cœur de Galvorn pour porter le coup fatal.

* * *

 Mike 

Mike accéléra le temps de passer à découvert. Bien lui en pris puisque trois projectiles fusèrent là où il s’était trouver quelques secondes auparavant, suivit du choc sourd et répétés des pointes rencontrant le bois. Plusieurs soldats l’imitèrent et l’on entendit encore une fois le bruit de l’acier qui se plantait ou rebondissait contre les pavois. Un bref cri de douleur signala toutefois que certains des défenseurs savaient mieux viser que les autres.

Les troupes régulières progressaient rapidement, secondé par les archers de métiers et quelques francs-tireurs. Le Primat avait lancé plusieurs centaines d’hommes et femmes à l’assaut des faubourgs, presque un tiers de son armé, et ceux-ci ne comptaient pas le décevoir. Pourtant, de ce qu’en voyait Mike, l’avancé des fantassins semblaient ralentir. Les défenseurs encore présent dans les rues ne présentaient pas un défis pour les soldats, mais l’entrepôt investit par le gros des troupes ennemies se situait pile au niveau du coude avant la dernière ligne droite vers les portes, dégageant une ligne de vue parfaite depuis les remparts  sur tout inconscient qui se jetterait à l’assaut de la bâtisse. Un premier groupe d’assaut avait tenté de dresser un mur de bouclier pour progresser à l’abri des tirs de la muraille : leurs corps prouvaient que le chef des hommes coincés dans le hangar connaissait hélas le principe des tirs croisés.

L’Enfant savait qu’ils ne pouvaient se permettre de rester coincé ici trop longtemps. Les flammes et la fumée qui les avaient aidé à faire fuir les défenseurs risquaient maintenant de se retourner contre eux, aveuglant et asphyxiant les troupes de l’Unique à mesure que le temps passait. Il devait atteindre les portes, et cela incombait de d’abord prendre l’entrepôt.
L’abri des lunaires était un bâtiment de grande taille aux fondations de pierre, les étages étant composés de larges et épaisses planches de bois. Le toit avait sans doute été couvert de peaux humides, si bien que les flammes ne semblaient pas être capables de progresser sur le sommet de la bâtisse. Un bastion de fortune mais efficace, d’autant plus défendable que les nombreuses ouvertures permettaient aux assiégés d’assurer un tir de barrage efficace tout en restant protégés.

Mike, à l’abri dans une ruelle perpendiculaire à la route principale, contempla les hommes qui se s’étaient spontanément joint à lui. Amusant, se dit-il, comme la vue du manteau rouge des Enfants semblaient rallier à lui les soldats alors que tous savaient que l’Inquisition faisait preuve d’une affection toute particulière pour les missions spectaculaires et invariablement suicidaires. Il se e trouvait ainsi accompagné de deux escouades de troupes régulières Croisées ainsi que d’un groupe d’archer de métier, dont le tabard rouge et noir se confondait aisément dans les ombres des lieux. L’un d’eux enfin ne portait que du noir, un Franc-tireur ayant perdu groupe au cours du combat et préférant sans doute la relative sécurité de la première ligne à celle de l’isolement en territoire ennemi. Le regard du Fremen s’arrêta sur l’arme de l’un des archers : un long fusil à mèche, au bout duquel ressortait un objet long, fuselé et passablement grotesque. L’arme portait la signature propre à Teclis pour chacune de ses création : un outil propre, létal, et donc chaque composant hurlait le mot « explosion ! » avec insistance.

- Donnez-moi ce fusil et couvrez-moi avec vos hommes, dit-il à l’archer. Quand à vous, dressez-moi un mur de bouclier à la sortie de la ruelle.

Les fantassins s’exécutèrent sans un mot et se placèrent de manière à offrir à Mike un abri suffisant pour qu’il ait une vue dégagée sur le fronton du hangar. Il s’avança, le lance-fusée à l’épaule, et pris le temps de viser. Sa longue tunique rouge d’Enfant faisait de lui une cible voyante et un simple tir de fusil à mèche aurait suffi à percer son plastron, mais il savait qu’Il ne laisserait pas une telle chose arriver. Il se redressa à la vue de tous, défi lancé à la face lunaire et exemple vivant – pour le moment – de la foi en l’Unique. Le canon se dressa en direction du premier étage et Mike appuya sur la gâchette.

Les inventions de Teclis explosaient toutes. Parfois trop tôt, parfois par accident et parfois même sans que la poudre ou le feu n’y ai joué un rôle quelconque. Celle-ci ne fit pas honte à la longue lignée de prototype ayant participé à sa création et déchaina l’enfer sur les défenseurs. Le choc en lui-même suffit à faire trembler les planches de bois et l’on vit un homme être violement projeté par l’une des fenêtres. Mais cela ne fût rien comparé à la langue de feu qui jaillie au travers des ouvertures : les cris des brûlés retentirent dans la nuit au milieu du son des canons et des rares fusils, et les tirs en provenance du hangar cessèrent.
Mike eu juste le temps de voir passer un éclair rouge en provenance d’une ruelle en face de la sienne avant que celui-ci ne disparaisse caché par la fumé. L’Enfant se permit alors un sourire : ceux qui n’étaient pas mort dans l’explosion allaient vite regretter leur sort.

* * *

 Laylay 

Le Katar fendit l’air pour se loger à l’intersection de deux plaques de cuir. La lame d’acier perça le tissu et la chair et le lunaire lâcha sa masse en poussant un cri déchirant. Il se laissa tomber à terre tandis que Laylay poursuivait sa course en direction du fond du hangar. L’attaque de Mike lui avait fournis la couverture idéale et c’était le cinquième à tomber sous ses coups. Déjà d’autres troupiers suivaient son exemple et se jetaient à sa suite dans l’entrepôt. Sa capture n’était plus qu’une question de minute, mais Laylay avait en tête un autre objectif. Celui qui avait réussi à transformer la fuite désorganisée à retraite à peu près ordonnée devait être éliminé, ne serait que pour payer pour le sang sacré qu’il avait fait couler.

L’Enfant aperçu un mouvement vif au-dessus de lui et s’écarta juste à temps pour éviter un lourd tonneau qui s’écrasa sur le sol. A l’étage ! Fonçant sur le gauche en direction d’un escalier de bois, Laylay se trouva nez à nez avec un archer elfe qui le visait depuis le palier. La flèche siffla à ses oreilles et déjà l’homme encochait un deuxième trait, mais le zélote fut plus rapide et sauta les premières marche pour planter ses deux Katars dans le poitrine du lunaire. Tel un félin, laissant sa cible gémir ses derniers instants, il reprit sa course folle vers l’étage.

L’endroit, une large mezzanine, était envahi par la fumée, la fusée incendiaire de Mike ayant parfaitement remplit son rôle. Quelques corps noircie gisait près des ouvertures, mais d’autre bien vivant se tenaient encore debout. Il fuyait, comprit-il en les voyant se replier vers une échelle passant entre deux murs du hangar. Il aperçue le visage d’un semi-elfe entaché de sang et suie, juste avant que ce dernier ne disparaisse dans le passage accompagné des derniers soldats. Un seul resta en retrait, homme aux long cheveux gris et arborant un soleil noir tatoué sur la gorge, qui referma la trappe derrière ses camarades et fit face à Laylay en dressant une longue épée devant lui.

- Tu n’iras pas plus loin, fit l’homme dont le long manteau brun cachait à peine un plastron léger. Ta route s’achève ici, avec moi.

- La voie que je suis a été tracée il y a déjà des lustres, et l’Unique sait qu’elle ne s’achève pas ici, répondit l’Enfant avec mépris. Tu n’es qu’un caillou sur le chemin, que l’on retire d’un coup de botte !

Bondissant sur son adversaire, il comprit au dernier moment son erreur et esquiva sur le fil la deuxième lame que l’homme sortit de son manteau. Celle-ci longea ses joues et vint déchirer la capuche de sa robe avant de revenir à l’assaut, secondé de la première lame, plus longue mais plus lente. L’Enfant, tout en esquive, fut obligé de reculer, poussé par son assaillant jusqu’au bord de la mezzanine. Au moment où il sut que ses pieds ne pouvaient plus reculer sans amorcer le grand plongeon, il prit son opposant par surprise en parant pour la première fois un coup de son katar. Profitant du déséquilibre provoqué, il se déporta sur la gauche et planta l’une de ses lames dans le tendon d’Achille de l’homme du Zénith, qui lâcha ses armes en tombant à genoux. En un éclair, Laylay fut derrière lui, agrippant ses cheveux de manière à rejeter la tête de l’impudent en arrière. Le fil d’acier de son arme couru alors le long de la gorge, coupant net le soleil noir et laissant couler un sang carmin.

- Et de un… Maintenant, le chef !

Il se précipitait sur la trappe quand celle-ci explosa, accompagné d’une gerbe de flamme et d’éclats de bois.

* * *

 Teclis 

Le chariot roulait à vive allure sur la voie principale, le faire cerclant les roues projetant des étincelles à chaque pavé trop irrégulier. Un choc sourd et un léger bond du véhicule fit comprendre à Teclis qu’il venait de passer  sans doute un peu trop rapidement sur un corps. Encore un sujet perdue pour la science, mais il ne s’en formalisait pas : il avait depuis longtemps épuisé les possibilités qu’offrait l’application de chocs à grande vitesse sur les corps humanoïdes.

Les pièces d’artilleries s’étaient remise à tirer depuis les lignes de l’Unique, et elles faisaient sa fierté, tant les trait de feu passaient au-dessus des murailles en un vol régulier et ordonné. En revanche les canons des-dite muraille ne s’étaient toujours pas tut, et plus d’un boulet semblait avoir essayé d’atteindre le chariot dans sa course.
Il ne pouvait se permettre de prendre un tir, pas si tôt, pas alors que sa création n’avait pas encore été testé sur le terrain. Un tel projet ne pouvait échouer ainsi. Il ne l’autoriserait tout simplement pas.

Le lourd véhicule bâché déboula enfin dans la ligne droite menant aux portes. Sur sa gauche, il vit brièvement Laylay quitter un bâtiment en feu avec quelques hommes, sa robe d’Enfant noircie en plus d’un endroit. Et droit devant, profitant du couvert d’une masure débordant sur la rue, Mike lui faisait de grand signe pour qu’il vienne se placer à l’abri, lui et son précieux chargement.

- Accrochez-vous,  frère, nous y voilà, hurla l’Enfant à l’intention de l’arrière du chariot.

Les boulets rebondirent sur les pavés autour de lui, fauchant les imprudents ou les malchanceux sur leur passage. Teclis leva les yeux vers les remparts et contempla alors la bouche d’un canon pointé droit sur lui. Il y eu un battement de cil qui sembla durer une éternité, puis l’incandescence jaillie de la pièce d’artillerie, propulsant un boulet rougi à sa rencontre. L’Enfant cru en deviner chaque détail, remarquant que le métal ne semblait de meilleur qualité et que les résidus brûlant qu’il laissait derrière lui trahissait une poudre mal tassée. Son corps décida quant à lui qu’il n’était plus temps pour une étude approfondie des projectiles mortels qu’on lui destinait et sauta du chariot en marche.

La sphère d’acier vint percuter le chariot au moment où l’Archiviste rencontrait douloureusement le sol, épaule en avant. La fourche se brisa, libérant un cheval mais brisant la patte du second qui se trouva pris au piège sous les roues du véhicule. Ce dernier fit une embardé et se retourna sur le côté, glissant sur quelques mètres dans un bruit de tonnerre avant de se stopper net à quelques dizaines de mètre de la porte principale.

- Archiviste, debout, intima Mike à son collègue tout en le relevant, le combat ne fait que commencer !

- Mais… mon chargement ! Un gâchis monstrueux ! Une hérésie ! Un sacrilège de ce tout ce que la science a amené de bon en Son monde ! Un –

Il n’eut pas le temps de finir qu’un énorme morceau de métal émergea du chariot dévasté, déchirant les restes de la bâche, brisant les cerceaux d’acier. Au bout de ce morceau long et épais se trouver une main tout aussi impressionnante, faite du même métal sombre. L’être se releva alors des débris, se redressant du long de ses trois mètres et demis, et contempla le champ de bataille.

- Haha ! Des boulets impropres, je le savais ! Les incapables ! Pas foutu de fondre le métal avec un minimum de soin !

La « tête » aux multiples hublots pivota dans un chuintement, chercha l’Archiviste du regard quelques instants et posa sur lui son regard jaune teinté d’argent.

- Archiviste… Est-ce là… l’endroit ?

La voix semblait faite de deux plaques de métal s’entrechoquant et pourtant, on y décelait une force et une puissance à peine continue. Une flèche rebondie contre l’épaule de la structure, qui ne réagit même pas.

- Oui Frère Artétos ! Galvorn se tient devant vous ! C’est le moment que vous attendiez, celui de faire s’abattre la colère – et accessoirement votre poing – sur toute cette vermine qui vous fit tant souffrir par le passé. Pour l’Unique, et le génie humain !

- Alors… qu’il en soit fait ainsi…

La silhouette de métal d’Artétos fouilla dans les débris du chariot et en sortit une tête de bélier en acier, montée sur un tronc relativement court. Saisissant l’objet à deux mains, l’homme de métal se dirigea d’un pas lourd en direction de la porte. Les projectiles tintèrent en nombre sur son armure à mesure que les défenseurs prenaient conscience de la menace qui se profilait mais pas un seul ne semblait l’inquiéter. Un boulet vin percuter de biais l’une de ses épaule et le métal se tordis à l’impact mais non se rompis pas. Artétos, légèrement déséquilibré, repris sa marche en accélérant, pointant la tête du bélier droit devant lui.

Le choc était suffisant pour faire tomber une fine poussière des moellons autour de la porte. Le premier coup se contenta de faire chanter l’acier contre le bois, ainsi que les trois suivant. Au cinquième coup, le bois craqua et les premières craquelures apparurent. De l’huile bouillante fut crachée par les mâchicoulis mais si elle eut un quelconque effet, ce ne fût que de chauffer encore plus la rage de l’ancien Juré. Il jeta le bélier derrière lui et commença à frapper de toute la force de ses poings les planches durcie de l’hui. Le troisième coup suffit à percer le bois fragilisé de part en part. La main chercha à tâtons la lourde barre qui verrouillait la porte et la trouva quelques centimètres plus bas. Des lames et des marteaux vinrent s’écraser sur les doigts gigantesques, sans plus de résultat que tous les essais précédent. Une fois fermement refermé sur la large poutre, il lui suffit de serrer le poing pour briser en deux morceaux.

La porte Sud-Ouest de Galvorn s’ouvrit, poussées par deux puissantes mains de métal. Une forme humanoïde et métallique de plus de trois mètre de haut pour presque autant de large se dessina alors dans le passage.

- Fuyez tant que vous le pouvez… incroyants…

L’être de métal fonça alors droit devant lui pour déchirer de ses mains quiconque serait assez fou pour l’arrêter.

- Car Artétos le Déchu … vient vous chercher !


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