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 [TERMINÉ] Olympus Mons

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Haalysse
Mike001
Chikoun
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Haalysse
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Haalysse


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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeLun 15 Déc - 21:17

Je pense en effet que Chikoun a compris d'où venait le lien hypertexte intempestif que j'ai eu le malheur de suivre ^^ Je vais de ce pas arranger la situation, merki Content


Mike001 a écrit:
Là je conviens que ce n'est pas très beau. Puisqu'Éris est la déesse de la discorde je n'ai pas pu m'empêcher de placer cette réplique. Ceci étant, elle est sur la sellette.


Ba voui, j'avais bien compris le pourquoi du comment, et c'est une très bonne idée, mais je ne sais pas quoi te proposer pour que ça tique moins à la lecture.


Mike001 a écrit:
je ne vois pas pourquoi il ne serait pas capable de faire la différence entre des humains et des animaux


Ce qui me dérange, c'est qu'il parle comme si les humains n'était pas des animaux ... Pour moi il est suffisamment justement intelligent pour nuancer ses propos et dire "Tu veux le décompte des autres animaux aussi ?" ou quelque chose du genre que tu trouveras plus approprié Complice et qui gênera moins à la lecture.

Argh et il faut que je pense à commenter les autres textes que j'ai lu !!! Aurais-je le temps avant mon départ ???  Succès total

Lyss Salut
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Mike001
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeLun 15 Déc - 21:52

Il ne considère pas les humains comme de faibles animaux tout simplement. Il a ravagé Mars parce qu'on lui en a donné l'ordre, certes il en tire une distraction, mais il aurait préféré ne pas avoir à le faire. D'ailleurs il dit bien : « Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. » et non pas : « Quand j'ai prévenu le Conseil solarien [...] ».
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeLun 26 Jan - 18:45

J'aime beaucoup, même si j'ai trouvé la fin un peu abrupte et triste.

Je peut pas m’empêcher de penser à Illium de Dan Simmons, c'est de la que t'es venu l'idée ? A ce propos je vous conseille le livre, c'est vachement intéressant Heureux
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Mike001
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeLun 26 Jan - 19:30

La fin est toujours abrupte en effet ; je n'ai pas terminé de la retravailler.

Bien que j'aie lu le diptyque Ilium/Olympos ça ne vient pas de là. À l'origine cette nouvelle devait être proposée pour un appel à textes ayant pour thème les volcans. Or, qui est le maître des volcans ? Olympus Mons.

Lumière Merci d'avoir lu et commenté (:
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeLun 9 Fév - 19:29

Mike001 a écrit:

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques. Les cris sans âme avançaient, implacables. Deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les décombres des constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

Dans ce premier paragraphe, j'aurais aimé une référence rapide au lieu.Tu nous introduis bien les personnages, bien l'objectif, bien tout ca. Mais il demeure un petit problème, c'est que tant que tu ne parles pas de combinaison de survie, on se demande où on est. Et je ne suis pas tout à fait certain que ce "suspense" autour du lieu soit si utile que ça. Je n'ai pas fini de relire, alors c'est de mémoire, mais il me semble qu'on est sur Mars, alors pourquoi pas un truc type... "du vent martien" Première phrase, boom, le décor est planté, on se représente la planète rouge, l'aridité, le vent et son silence : nous sommes dans un cadre de science-fiction, lecteur, tu es prévenu.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement ; ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient vite descendre et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.

— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.

— Je n'y arriverai pas.

— Conneries ! On ne s'est pas tapés (je sais que c'est autorisé, mais de manière puriste, je préfère toujours l'accord au singulier avec "on") des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.

— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.

— Tu étais d'accord je te signale.

— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.

— Ne dis pas ça, s'il te plaît.

— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!

— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.

— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?

— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.

— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent diligemment leur tente hermétique qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployée la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin de conserver son bon fonctionnement. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les pompes et à recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable. Ensuite, allongés dans leur demeure de fortune ils s'enlaçaient et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière, la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir. J'aurais bien vu une formulation différente : qui ne possédait pour toute issue qu'une mort exempte d'espoir. Ca la rend plus fluide, je trouve.

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au doux vent chaleureux. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, des images sibyllines s'emparaient de ses songes : un géant de brume à la voix profonde crachait des volutes de fumée vers elle. La chose était couronnée d'une planète gazeuse autour de laquelle virevoltait des dizaines de lunes. S'il devait y avoir une signification à ces signes, elle échappait complètement à la jeune femme.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avaient convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Ils se moquaient des personnes mal habillées passants (mot en trop, coquille), entraient dans chaque magasin sans acheter quoi que ce soit, juste pour le plaisir de faire un tour, ils reniflaient les odeurs chimiques propagées par les diffuseurs des magasins et essayaient d'en deviner les arômes. Ils étaient ensemble, ils se dévoraient des yeux. Ils s'embrassaient. La simplicité les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevée (rajout du e). Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles dans les magasins. La simplicité d'un amour exempt de responsabilité les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé. Du moins, jusqu'à ce que le sol s'ébranlât quand le noyau de la planète sortit de sa léthargie. Du moins, jusqu'à ce que le noyau de la planète sorte de sa léthargie et que le sol s'ébranlât.

Mars avait été terraformée pour accueillir en masse les colons, son activité interne était demeurée quasi nulle, et ce, depuis des milliards d'années lorsque des météorites se furent écrasées et eurent provoqué une ère d'éruptions volcaniques, ainsi que la disparition des champs magnétiques de la planète et de ses océans. À l'arrivée des premiers humains sur Mars, les terrains n'étaient que sablons et l'atmosphère renvoyait une unicité de beige grisâtre. Opiniâtrement, ils en firent un endroit habitable et désirable. L'activité interne de Mars était demeurée quasi nulle pendant des milliards d'années. Des astéroïdes avaient alors percuté la planète, provoquant une longue ère d'éruptions volcaniques, la disparition des champs magnétiques et des océans. Opiniâtrement, les colons en firent un endroit habitable et désirable, ils se débarrassèrent des sablons et de toute cette terre d'un beige stérile. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale de la Terre du berceau de l'humanité.

La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. (tu passes de "la" à "des", ce serait mieux de conserver une cohésion dans une même phrase) De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, des familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva pas. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, n'avaient survécu que Cycnus et Éris. (ne semblaient avoir survécu ne serait pas mieux ? Dans le sens où ca fait moins "wtf pourquoi ils sont que deux")


Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était suffisamment douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cent kilomètre de large. Ils mirent six jours supplémentaires pour atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud était éventré et gorgé de lave éventré était en fusion. Mais le plus impressionnant était survenait à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la (leur est plus harmonieux) fumée et régurgitaient de la (idem) lave en (de, ne pas oublier le s de concert si tu choisis de l'appliquer) concerts. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris se heurtait au mystère de l'Olympus Mons, le volcan qui ne s'était pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Cela avait en partie poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions. (Je sais pas, la curiosité répondrait aux questions... Ca me semble étrange, dans le sens où la curiosité fait se poser des questions, n'y répond pas. Le voyage y répond, par contre. Je sais pas si je suis clair, mais je trouve que le choix de "curiosité" comme sujet approprié) Mais la logique seule n'expliquait pas l'empressement qui l'incitait à avancer toujours plus vite. Quand elle tentait de ne plus penser au volcan son sommeil devenait agité, et lorsque Cycnus avait réussi à la convaincre de faire une pause de plusieurs jours, elle avait été prise d'une douleur aiguë au ventre qui s'était propagée le long de sa colonne vertébrale. Le mal n'était pas de ceux qui paralysent ou clouent au lit, plutôt de ceux qui empêchent au corps de se reposer. Il s'était dissipé peu de temps après que le couple eut repris la route.

Éris mettait régulièrement le sujet de l'inactivité de l'Olympus Mons sur le tapis, intimement convaincue que quelques secrets s'y cachaient. Le manque d'intérêt de Cycnus venait généralement à bout de sa patience et elle s'indignait, insatisfaite de son comportement apathique.

— Tu ne trouves pas ça bizarre  ? Ça ne te t’intrigue pas ?

— Bah non.

— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?

— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua Cycnus, avec sarcasme.

— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.

— Bien sûr, tu nous as tellement sauvés. Merci !

— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.

— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.

— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit ! cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.

— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.

— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir elle. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.

— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.

— C'est ce que tu penses ?

— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux, le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus. Ses cheveux étaient collés à son front du fait de leur saleté, il avait la bouche revêche et les yeux cernés. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu, celui dont elle était tombée amoureuse, il ressemblait à un cadavre. Ce constat la choqua, Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible, il était un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus, qu'elle l'insultait en le traitant à demi-mots de lâche. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation stérile. Elle était trop éreintée pour le motiver ou le contraindre à se dépasser.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il rebrousse chemin, en vain. (ajout de l'espace)La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, immobile car frappé de stupeur. Elle martelait la cloison de ses poings, intimant Cycnus à la fuite (je ne suis pas sûr que intimer à quelque chose soit correct. On intime à quelqu'un quelque chose. On intime l'ordre, on intime de fuir, mais on n'intime pas à la fuite. J'aurais tendance à dire "intimer la fuite" ou "intimer de fuir") . Alors, la lave le rejoignait, elle l'observait se liquéfier. Pendant que ses ongles griffaient le revêtement de métal et qu'elle s'époumonait à crier son nom, quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront (pas certain, mais concordance des temps ? j'aurais dit "auraient atteint" ou atteindraient à la limite) Mars seize mois plus tard.

Son second rêve différait totalement du précédent, comme soumis à des règles de la physique que son corps ne connaissait pas mais que son esprit avait déjà rencontrées (rajout de l'accord avec "des règles de la physique"). Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cela la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la (le "la" distancie le lecteur, alors que tu as essayé de nous y faire rentrer. "sa" serait plus prenant, je pense) danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.

— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Son corps l'élançait, il lui indiquait que le voyage n'était pas terminé. Elle entreprit tout de même de petit-déjeuner, plus par habitude que par réel envie. Cycnus ne tarda pas à faire de même ; ils mâchaient sans conviction leurs plaquettes enrichies en vitamines au goût de poussière, accroupis dans leur tente à peine visible à l'ombre de l'Olympus Mons.

— Alors ? grommela Cycnus.

— Alors quoi ?

— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe (pourquoi passage ici à la référence terrestre ? si c'est volontaire OK, mais je me demandais juste) ? On attend que les dieux daignent nous sauver ?

— Je pense qu'il va falloir pénétrer dans le volcan...

— T'es sérieuse ? C'est encore plus insensé que de grimper dessus ! Il doit y avoir des tonnes de magma en fusion qui risquent de s'écouler à tout moment.

— Je croyais que tu voulais mourir ?

— Ouais, mais si possible comme une larve amorphe qui crève la dalle. Pas carbonisé parce qu'on aura été trop cons pour rentrer dans un putain de volcan géant !

— Je ne t'oblige pas à venir, Cycnus.

— Tu veux que je fasse quoi à la place ?

Elle haussa les épaules.

— Tu as changé, Éris.

— Toi aussi je te signale.

— Je sais. Je me suis transformé en geignard à mesure que je voyais notre planète se détruire. À mesure que notre stock de vivres s'épuisait et que l'espoir que j'avais en moi me fuyait. Mais toi, tu n'as rien abandonné. Tu as trouvé un endroit où on serait peut-être en sécurité et tu t'y es tenue. C'en est même devenu une obsession. Plus on s'approchait d'Olympus Mons et plus tu prenais tes distances, comme obnubilée. À un point tel que nous mettre à l'abri n'est plus ta priorité.

— C'est faux !

— Vraiment ? Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus de quoi manger est une chose, croire que notre salut réside en un volcan en est une autre. Si tu es tant préoccupée que cela par notre survie, pourquoi tu n'envisages pas que l'on tienne jusqu'à ce que la Terre envoie un vaisseau ?

— On va s'échanger des reproches toute la journée ou on avance ?! éluda Éris.

— Tu veux entrer dans le mont donc ? demanda Cycnus, d'un ton posé.

— Si possible, oui.

— Très bien. Allons-y.

Éris fut surprise d'avoir convaincu si aisément son ami, d'ordinaire cela devait passer par une dispute plus intense.

— Ne te méprends pas, avertit Cycnus, devinant ce qu'avait en tête Éris, si je suis partant c'est uniquement pour te surveiller.

— Parfait !

Ils enfilèrent leur combinaison et rangèrent leur barda ; la marche reprenait.

— Bon, moi je veux bien t'accompagner jusqu'au fin fond des Enfers ; braver monts, volcans, lave, tempêtes, vents, destruction d'une planète. Juste que ne pas trouver une foutue entrée c'est à la fois frustrant et tout à fait logique.

— Qu'est-ce que tu marmonnes encore, Cycnus ?

— On a réglé la question de l'insanité qu'est la volonté de s'introduire dans un volcan, mais pas celle qui est de savoir comment on irait à l'intérieur.

— Tu t'attendais à quoi ?

— Je ne sais pas. Qu'on atteigne la patera ou qu'on creuse.

— Tu tiens à creuser dans un volcan qui fait vingt kilomètres de haut ?

— Évidemment que non ! J'imaginais juste que tu avais un plan, ou ne serait-ce qu'une théorie farfelue.

— J'y crois, c'est tout.

— Tu devrais t'entendre parfois, Éris... Tu crois quoi, que les dieux vont te montrer la voie ? D'un côté, niveau farfelu nous sommes servis.

— Qui sait.


Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire (j'sais pas pourquoi mais j'aurais bien vu un pluriel, mais ca n'a pas d'importance), ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par les leurs.

Éris en  profita immédiatement. Elle se tourna vers son compagnon, une expression de victoire moqueuse parfaitement visible derrière la visière de son casque.

— Ha ! Je te l'avais dit.

— On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est étrange.

— Personne ne te l'enlèvera, Cycnus.

— Je n'arrive pas à me décider. Qu'est-ce qui est le plus fort comme sentiment : l'irritation que j'éprouve du fait que tu aies eu raison ou la torpeur du fait que tu aies eu raison ? Tu sèmes la discorde en moi, Éris.

— Tu parles trop. Tais-toi.

Le tunnel ne disposait pas de porte qu'auraient pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.

Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.

— Quoi ?

— Quelque chose ne va pas. (oui, on s'en doute, tu viens d'entrer par la porte d'un volcan, c'est presque inutile comme réplique)

— Comment ça ? pressa Cycnus.

— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.

— Une créature ?!

— Oui. Je l'ai vue.

Cycnus ralluma sa lampe, qu'il conservait en main en tant que matraque, et arrosa le tunnel d'une lumière superflue.

— Où ?

— En rêve.

— Ah, voilà qui explique tout...

— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.

— Je pensais plutôt à : « elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.

— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.

— Et ?

— Et je crois que j'ai été manipulée.

— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.

— Tu penses que c'est la meilleure solution ?

— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir.

— Continuons plutôt.

— Hein ?! Vers une potentielle menace ? T'es de plus en plus tarée ma parole !

La fureur se propagea rapidement, elle emporta toute contenance. Éris voyait rouge. Elle serra ses poings, sa mâchoire et inspira profondément avant de cogner Cycnus à l'estomac de toute ses forces. Elle lui porta un seul coup qui le plia en deux.

— Tu ne l'as pas volée celle-ci ! Elle te pendait au nez depuis un moment.

Le pauvre Cycnus n'en revenait pas ; elle venait de le frapper ! Certes il n'avait pas été des plus courtois mais tout de même... La haine qu'il avait vu dans les yeux myosotis de la jeune femme le blessait davantage que l'attaque ; par son geste elle scellait leur séparation. La chute de Mars avait provoqué leur éloignement à long-terme, plus rien ne serait jamais comme avant. La planète, le quotidien. Leur couple. Tout avait été balayé, anéanti.

— Qu'est-ce qui t'as pris, Éris ?

— Désolé, mais ça soulage.

— Ah, c'est ça le nouveau stade ? On se tape dessus pour se sentir mieux ?

— Cesse donc de faire ta fillette, Cycnus, ça ne te réussit pas.

Éris n'attendit pas qu'il ait récupéré, tant son souffle que ses émotions. Sa route était toute tracée, encore quelques pas et tout finirait. Tandis qu'elle prenait les devants, Cycnus trottinait derrière, l'examinant d'un œil nouveau, presque suspicieux.

Au bout du périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita : ce n'était pas sa première visite. Cycnus, lui, était médusé par cette excavation aux proportions extraordinaires.

Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois. D'abord éloignés, ils semblaient se rapprocher, tourner autour d'eux. Les paroles incompréhensibles émanaient d'une unique voix ; elle parlait directement à leurs oreilles, directement dans leur esprit. Elle insinuait la peur. L'affliction s'engouffrait dans leur poitrine et la détresse troublait leur vision. Une brume se matérialisa. Elle dessina le monstre qui habitait dans cette tanière, le maître des lieux ; et d'insaisissable, elle s'offrit une consistance. L'être, un bipède de trois mètres aux membres filiformes, avait une peau jaune safran, épaisse et glabre ; ses yeux étaient d'une unicité de topaze, difficiles à croiser car ne possédant pas de pupille. Leur étonnement fut grand quand il leur adressa la parole :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Ça boum ?

Les humains abasourdis conservèrent le silence. L'étranger eut un sourire identique à celui qu'aurait pu faire Éris ou Cycnus. Il le faisait naturellement, ce n'était pas un rictus travaillé pour les imiter. Le mouvement des lèvres dévoila des dents oranges.

— Vous pouvez me répondre, je ne vais pas vous manger. Alors, rien à dire ? C'est plutôt décevant. Votre race a enfin un contact avec un alien qui communique en utilisant une de vos langues et vous restez de marbre ? Vous voulez que vos noms deviennent une blague dans le système solaire ? Parce que c'est ainsi que vous l'obtiendrez. J'imagine que vous n'avez pas eu vent de Aqrxou Ednxou, prince Vénusien, et de Glokuss le Titanide – évidemment ce n'est pas comme ça que les autochtones appellent Vénus et Titan, je fais la traduction sinon vous serez largués (rajoute de l'accord) – ? Pas étonnant, personne dans le système ne veut traiter avec les Terriens. Bref, le Vénusien et le Titanide se sont rencontrés par hasard, tandis qu'ils étaient tous deux en orbite au-dessus de Mercure. Pour leurs civilisations aussi c'était la petite mort. Aqrxou, qui était télépathe, réussit à établir une ébauche de communication avec Glokuss ; sauf que les gladiateurs de la lune de Saturne traitent les interventions psychiques comme des déclarations de guerre, ils sont puritains sur le sujet. Les Titanides ont ravagé Vénus, la rendant inhabitable. Voilà ce qui se passe quand un peuple de débiles brutaux ne sont pas surveillés et limités dans leurs déplacement.

— Je-je ne comprends pas, parvint à articuler Éris.

— Quoi donc ? demanda l'extraterrestre.

— Qu'est-ce que vous êtes ?

— Selon votre dénomination : un Martien. Puisqu'on est sous l'Olympus Mons, vous pouvez m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom. Grandiloquent, certes, mais c'est l'occasion de faire peau neuve.Vous ne m'en voudrez pas.

— Mais euh...

— Je vais couper court maintenant aux questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et vous faire le topo : j'ai appris votre langue en vous surveillant, oui Mars était habitée. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.

— Et le cataclysme ? osa Cycnus.

— Ça c'est moi, révéla Zeus.

— Pourquoi ? Comment ?

— On m'en a donné l'ordre, humaine maigrichonne. J'ai donc utilisé mes capacités. Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. Le Conseil a rendu son verdict il y a plusieurs mois : « les humains foulant Mars périront ». Le bail avait expiré, mes cocos.

— Mais...

— C'est un peu extrême comme solution, je le reconnais. Le Conseil préfère l'action au dialogue quand il doit s'occuper des espèces débiles. Ouais désolé, vous avez été catégorisés : « espèce à compréhension limitée, à tendance destructrice et auto-destructrice ». Par conséquent, vous n'êtes pas autorisés à quitter la Terre et son satellite. Dommage...

— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ? Combien de familles et d'enfants ? Nos familles...

Par une remontrance à peine audible, Cycnus ne parvenait pas à exprimer son ressentiment. La révélation le choquait et Zeus l'effrayait.

— Je le sais, répondit Zeus. J'ai tué exactement cent-cinquante-trois millions deux-cent-quarante-quatre-mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux colons. Tu veux le décompte des animaux aussi ?

— Pourquoi avoir fait quelque chose de si horrible ?

— Je vous ai dit qu'on m'en avait donné l'ordre. Si ce n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, pour un résultat similaire. Ou presque, étant donné que je vous ai sauvés. De rien. Grâce au cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide. Au milieu des morts et de la panique, deux humains sont ressortis à mes yeux. Leur histoire d'amour m'a attendri – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les récits dramatiques m'émeuvent davantage quand ils sont vrais. Celui-ci l'était particulièrement. Un pur condensé de l'histoire humaine en moins d'une période de révolution.

— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?

— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu que vos physiciens, ce qui est assez barbant.

— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, avança Éris, c'est pour ça que vous êtes...

— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes, pour m'occuper je capte toutes vos transmissions.

— Et quel est le rapport avec moi ?

— Tu te penses si importante, Éris ?

— Je dois bien l'être si vous avez pris le temps de nous sauver, de vous introduire dans mes rêves et d'utiliser Olympus Mons comme d'une balise.

— Exact, en effet. Après avoir passé des milliers d'années en solitaire j'ai besoin de me trouver un partenaire, un complice. Je t'ai choisi, Éris. Tu t'es montrée forte, vaillante, aimante ; tu seras parfaite dans le rôle.

— Attendez voir... Qu'est-ce que vous trafiquez ? exigea Cycnus.

— Tu n'as pas voix au chapitre, humain faiblard. Ton sort est décidé.

Zeus pointa du doigt Éris.

— Ce cauchemar a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...

— Ou alors ? pressa Éris, qui voulait passer cette vérité délicate.

— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.

— Et Cycnus dans tout ça ?

— Oui, et moi dans tout ça ?

— Il ne bougera pas de la planète.

— Il mourra...

— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans une année.

— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre, ravageur de monde ?

— C'est cela, approuva Zeus en riant. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.

Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.

Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.

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La.Louve.des.Cerises

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMer 4 Mar - 19:34

Lire ton chef-oeuvre à était très plaisant malgré quelques détails qui me déplaise.
Je suis pas une forte de tête qui arriverait à faire une critique sur une histoire, ou dire ce qui va et ce qui va pas, alors je vais juste dire mon avis simple en essayant qu'il soit assez constructive pour toi. J’espère que cela t'aidera, au moins un peu.

Ton histoire m'a vite intrigué, au point qui fallait que je lise la suite, au moins ton histoire n'est pas ennuyante.

Sur certains passages, j'ai bien ri, surtout celle là > " les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.", ce qui me dérange un peu, c'est que le début est super sérieux et intense puis on passe à l'humour et la légèreté de l'histoire, ce qui fait bizarre et donne au file de la lecture une sensation d'illogique, je sais pas si tu comprend ce que je veux dire par là mais je l'ai ressenti comme ça.

Il manque quelque chose pour ta fin, mais je ne serai pas te dire quoi !

Voilà, malgré tout cela, ton petit roman est très sympathique à lire et j'ai hâte d'en lire d'autre Blagueur
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMer 4 Mar - 21:44

Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques martiennes. La planète se plaignait, recrachait toutes les âmes qu'elle avait en elle. Les spectres poussaient devant eux les deux silhouettes. Les cris sans âme avançaient, implacables. Deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées et incertaines, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.

Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les décombres des constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.

Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût le sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester.

C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.

La fatigue venait toujours, irrémédiablement ; ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient vite descendre et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment.

— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.

— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.

— Je n'y arriverai pas.

— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but.

— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.

— Tu étais d'accord je te signale.

— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.

— Ne dis pas ça, s'il te plaît.

— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!

— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.

Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.

— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.

Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.

— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.

— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?

— Tu vois une autre solution ?

Il garda le silence.

— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.

— Trop génial...

La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent leur la tente hermétique qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Grâce à ce logement du dernier recours, ils mangeaient un repas chaud dans la journée car il n'y avait qu'à l'intérieur de cette tente que la combinaison n'était plus nécessaire. La journée ils survivaient en la portant – elle avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles – et la nuit ils survivaient en établissant leur campement.

Les jours passaient et la routine s'était vite introduite : marche, déploiement de la tente, dîner, entretien minutieux de la combinaison qui souffrait face aux trombes de sable, sommeil, petit-déjeuner, levée du camp, marche etc. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployé la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin de conserver son bon fonctionnement. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les pompes et à recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable.

Ensuite, Allongés dans leur demeure de fortune ils s'enlaçaient et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière ; la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir. [ta formulation est sympa, Chik, mais je n'arrive pas à me décider entre les deux, donc pour le moment je laisse la mienne]

Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au vent chaleureux. Le vent chaud envoyait baller ses cheveux noirs devant elle ; ils ondulaient souplement et venaient parfois se coincer entre ses lèvres. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, des images sibyllines s'emparaient de ses songes : un géant de brume à la voix profonde crachait des volutes de fumée vers elle. La chose était couronnée d'une planète gazeuse autour de laquelle virevoltait des dizaines de lunes. S'il devait y avoir une signification à ces signes, elle échappait complètement à la jeune femme.

Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avaient convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles dans les magasins. La simplicité d'un amour dénué de responsabilités les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé soit remise en question. Du moins, jusqu'à ce que le noyau de la planète sorte de sa léthargie et que le sol s'ébranlât.

L'activité interne de Mars était demeurée quasi nulle pendant des milliards d'années. Des astéroïdes avaient alors percuté la planète, provoquant une longue ère d'éruptions volcaniques, la disparition des champs magnétiques et des océans. Opiniâtrement, les colons en firent un endroit habitable et désirable, ils se débarrassèrent des sablons et de toute cette terre d'un beige stérile. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale du berceau de l'humanité.

La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine sous la lave ou les effondrements des tours d'habitation par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant du chaos apocalyptique qui déchirait les familles. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, des familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, inutilement en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva pas. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, ne semblaient avoir n'avaientf survécu que Cycnus et Éris.


Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était suffisamment douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cents kilomètres de large. Ils mirent six jours supplémentaires pour atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud éventré était en fusion. Mais le plus impressionnant survenait à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts régurgitaient de concert fumée et lave. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.

Éris se heurtait au mystère de l'Olympus Mons, le volcan qui ne s'était pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément. Cela avait en partie poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions. [Je vois ce que tu veux dire, Chik', mais bien que ce soit la curiosité qui occasionne des questions et pousse au voyage, c'est aussi elle qui demande des réponses. Et puis j'aime bien la formulation] Mais la logique seule n'expliquait pas l'empressement qui l'incitait à avancer toujours plus vite. Quand elle tentait de ne plus penser au volcan son sommeil devenait agité, et lorsque Cycnus avait réussi à la convaincre de faire une pause de plusieurs jours, elle avait été prise d'une douleur aiguë au ventre qui s'était propagée le long de sa colonne vertébrale. Le mal n'était pas de ceux qui paralysent ou clouent au lit, plutôt de ceux qui empêchent au corps de se reposer. Il s'était dissipé peu de temps après que le couple eut repris la route.

Éris mettait régulièrement le sujet de l'inactivité de l'Olympus Mons sur le tapis, intimement convaincue que quelques secrets s'y cachaient. Le manque d'intérêt de Cycnus venait généralement à bout de sa patience et elle s'indignait, insatisfaite de son comportement apathique.

— Tu ne trouves pas ça bizarre  ? Ça ne te t’intrigue pas ?

— Bah non.

— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?

— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua Cycnus, avec sarcasme.

— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.

— Bien sûr, tu nous as tellement sauvés. Merci !

— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.

— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.

— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit ! cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.

— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.

— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir elle. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.

— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.

— C'est ce que tu penses ?

— Oui.

Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux, le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus. Ses cheveux étaient collés à son front du fait de leur saleté, il avait la bouche revêche et les yeux cernés. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu, celui dont elle était tombée amoureuse, il ressemblait à un cadavre. Ce constat la choqua, Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible, il était un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus, qu'elle l'insultait en le traitant à demi-mots de lâche. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation. Elle était trop éreintée pour le motiver ou le contraindre à se dépasser.

Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve, elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il rebrousse chemin, en vain. La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, immobile car frappé de stupeur. Elle martelait la cloison de ses poings, intimant à Cycnus de fuir à la fuite. Alors, la lave le rejoignait, Mais rien n'y faisait et elle l'observait se liquéfier. Pendant que ses ongles griffaient le revêtement de métal et qu'elle s'époumonait à crier son nom, quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront atteindraient Mars seize mois plus tard.

Son second rêve différait totalement du précédent, comme soumis à des règles de la physique que son corps ne connaissait pas mais que son esprit avait déjà rencontrées. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cela la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la sa danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.

— Rejoins-moi !


Éris se réveilla en sursaut. Son corps l'élançait, il lui indiquait que le voyage n'était pas terminé. Elle entreprit tout de même de petit-déjeuner, plus par habitude que par réel envie. Cycnus ne tarda pas à faire de même ; ils mâchaient sans conviction leurs plaquettes enrichies en vitamines au goût de poussière, accroupis dans leur tente à peine visible à l'ombre de l'Olympus Mons.

— Alors ? grommela Cycnus.

— Alors quoi ?

— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe ? On attend que les dieux daignent nous sauver ? [j'ai mis le nom français du mont pour éviter les répétitions en latin ; est-ce dérangeant ?]

— Je pense qu'il va falloir pénétrer dans le volcan...

— T'es sérieuse ? C'est encore plus insensé que de grimper dessus ! Il doit y avoir des tonnes de magma en fusion qui risquent de s'écouler à tout moment.

— Je croyais que tu voulais mourir ?

— Ouais, mais si possible comme une larve amorphe qui crève la dalle. Pas carbonisé parce qu'on aura été trop cons pour rentrer dans un putain de volcan géant !

— Je ne t'oblige pas à venir, Cycnus.

— Tu veux que je fasse quoi à la place ?

Elle haussa les épaules.

— Tu as changé, Éris.

— Toi aussi je te signale.

— Je sais. Je me suis transformé en geignard à mesure que je voyais notre planète se détruire. À mesure que notre stock de vivres s'épuisait et que l'espoir que j'avais en moi me fuyait. Mais toi, tu n'as rien abandonné. Tu as trouvé un endroit où on serait peut-être en sécurité et tu t'y es tenue. C'en est même devenu une obsession. Plus on s'approchait d'Olympus Mons et plus tu prenais tes distances, comme obnubilée. À un point tel que nous mettre à l'abri n'est plus ta priorité.

— C'est faux !

— Vraiment ? Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus de quoi manger est une chose, croire que notre salut réside en un volcan en est une autre. Si tu es tant préoccupée que cela par notre survie, pourquoi tu n'envisages pas que l'on tienne jusqu'à ce que la Terre envoie un vaisseau ?

— On va s'échanger des reproches toute la journée ou on avance ?! éluda Éris.

— Tu veux entrer dans le mont donc ? demanda Cycnus, d'un ton posé.

— Si possible, oui.

— Très bien. Allons-y.

Éris fut surprise d'avoir convaincu si aisément son ami, d'ordinaire cela devait passer par une dispute plus intense.

— Ne te méprends pas, avertit Cycnus, devinant ce qu'avait en tête Éris, si je suis partant c'est uniquement pour te surveiller.

— Parfait !

Ils enfilèrent leur combinaison et rangèrent leur barda ; la marche reprenait.

— Bon, moi je veux bien t'accompagner jusqu'au fin fond des Enfers ; braver monts, volcans, lave, tempêtes, vents... Même la destruction d'une planète tiens. Juste que ne pas trouver une foutue entrée c'est à la fois frustrant et tout à fait logique.

— Qu'est-ce que tu marmonnes encore, Cycnus ?

— On a réglé la question de l'insanité qu'est la volonté de s'introduire dans un volcan, mais pas celle qui est de savoir comment on irait à l'intérieur.

— Tu t'attendais à quoi ?

— Je ne sais pas. Qu'on atteigne la patera ou qu'on creuse.

— Tu tiens à creuser dans un volcan qui fait vingt kilomètres de haut ?

— Évidemment que non ! J'imaginais juste que tu avais un plan, ou ne serait-ce qu'une théorie farfelue.

— J'y crois, c'est tout.

— Tu devrais t'entendre parfois, Éris... Tu crois quoi, que les dieux vont te montrer la voie ? D'un côté, niveau farfelu nous sommes servis.

— Qui sait.


Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par les leurs.

Éris en profita immédiatement. Elle se tourna vers son compagnon, une expression de victoire moqueuse parfaitement visible derrière la visière de son casque.

— Ha ! Je te l'avais dit.

— On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est étrange.

— Personne ne te l'enlèvera, Cycnus.

— Je n'arrive pas à me décider. Qu'est-ce qui est le plus fort comme sentiment : l'irritation que j'éprouve du fait que tu aies eu raison ou la torpeur du fait que tu aies eu raison ? Tu sèmes la discorde le doute en moi, Éris.

— Tu parles trop. Tais-toi.

Le tunnel ne disposait pas de porte qu'auraient pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonné et la voûte n'était pas étayée.

Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.

— Attends.

— Quoi ?

— Quelque chose ne va pas.

Tu crois ça ? Et moi qui me disais que tout était parfaitement normal jusqu'ici, ironisa nerveusement Cycnus.

— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.

— Une créature ?!

— Oui. Je l'ai vue.

Cycnus ralluma au plus vite sa lampe, qu'il conservait en main en tant que matraque, et arrosa le tunnel d'une lumière superflue.

— Où ?

— En rêve.

— Ah, voilà qui explique tout...

— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.

— Je pensais plutôt à : « Elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.

— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.

— Et ?

— Et je crois que j'ai été manipulée.

— Par la créature ?

Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.

— Allons-nous-en alors.

— Tu penses que c'est la meilleure solution ?

— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir. J'ai la chair de poule rien que d'y penser.

— Continuons plutôt.

— Hein ?! Vers une potentielle menace ? T'es de plus en plus tarée ma parole !

La fureur se propagea rapidement, elle emporta toute contenance. Éris voyait rouge. Elle serra ses poings, sa mâchoire et inspira profondément avant de cogner Cycnus à l'estomac de toute ses forces. Elle lui porta un seul coup qui le plia en deux.

— Tu ne l'as pas volée celle-ci ! Elle te pendait au nez depuis un moment.

Le pauvre Cycnus n'en revenait pas ; elle venait de le frapper ! Certes il n'avait pas été des plus courtois mais tout de même... La haine qu'il avait vu dans les yeux myosotis de la jeune femme le blessait davantage que l'attaque ; par son geste elle scellait leur séparation. La chute de Mars avait provoqué leur éloignement à long-terme, plus rien ne serait jamais comme avant. La planète, le quotidien. Leur couple. Tout avait été balayé, anéanti.

— Qu'est-ce qui t'as pris, Éris ?

— Désolé, mais ça soulage.

— Ah, c'est ça le nouveau stade ? On se tape dessus pour se sentir mieux ?

— Cesse donc de faire ta fillette, Cycnus, ça ne te réussit pas.

Éris se mordilla l'intérieur de la joue, regrettant plus de s'être emportée que de lui avoir fait du mal, mais elle n'attendit pas qu'il ait récupéré tant son souffle que ses émotions. Sa route était toute tracée, encore quelques pas et tout finirait. Tandis qu'elle prenait les devants, Cycnus trottinait derrière, l'examinant d'un œil nouveau, presque suspicieux.

Au bout du périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita : ce n'était pas sa première visite. Cycnus, lui, était médusé par cette excavation aux proportions extraordinaires.

Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois. D'abord éloignés, ils semblaient se rapprocher, tourner autour d'eux. Les paroles incompréhensibles émanaient d'une unique voix ; elle parlait directement à leurs oreilles, directement dans leur esprit. Elle insinuait la peur. L'affliction s'engouffrait dans leur poitrine et la détresse troublait leur vision. Une brume se matérialisa. Elle dessina le monstre qui habitait dans cette tanière, le maître des lieux ; et d'insaisissable, elle s'offrit une consistance. L'être, un bipède de trois mètres aux membres filiformes, avait une peau jaune safran, épaisse et glabre ; ses yeux étaient d'une unicité de topaze, difficiles à croiser car ne possédant pas de pupille. Leur étonnement fut grand quand il leur adressa la parole :

— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Ça boum ?

Les humains abasourdis conservèrent le silence. L'étranger eut un sourire identique à celui qu'aurait pu faire Éris ou Cycnus. Il le faisait naturellement, ce n'était pas un rictus travaillé pour les imiter. Le mouvement des lèvres dévoilait des dents oranges scintillantes.

— Vous pouvez me répondre, je ne vais pas vous manger. Alors, rien à dire ? C'est plutôt décevant. Votre race a enfin un contact avec un alien qui communique en utilisant une de vos langues et vous restez de marbre ? Vous voulez que vos noms deviennent une blague dans le système solaire ? Parce que c'est ainsi que vous l'obtiendrez. J'imagine que vous n'avez pas eu vent de Aqrxou Ednxou, prince Vénusien, et de Glokuss le Titanide – évidemment ce n'est pas comme ça que les autochtones appellent Vénus et Titan, je fais la traduction sinon vous serez largués – ? Pas étonnant, personne dans le système ne veut traiter avec les Terriens. Bref, le Vénusien et le Titanide se sont rencontrés par hasard, tandis qu'ils étaient tous deux en orbite au-dessus de Mercure. Pour leurs civilisations aussi c'était la petite mort. Aqrxou, qui était télépathe, réussit à établir une ébauche de communication avec Glokuss ; sauf que les gladiateurs de la lune de Saturne traitent les interventions psychiques comme des déclarations de guerre, ils sont puritains sur le sujet. Les Titanides ont ravagé Vénus, la rendant inhabitable. Voilà ce qui se passe quand un peuple de débiles brutaux ne sont pas surveillés et limités dans leurs déplacement.

— Je-je ne comprends pas, parvint à articuler Éris.

— Quoi donc ? demanda l'extraterrestre.

— Qu'est-ce que vous êtes ? souffla-t-elle faiblement.

— Selon votre dénomination : un Martien. Puisqu'on est sous l'Olympus Mons, vous pouvez m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom. Grandiloquent, certes, mais c'est l'occasion de faire peau neuve. Vous ne m'en voudrez pas.

— Mais euh...

— Je vais couper court maintenant aux questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et vous faire le topo : j'ai appris votre langue en vous surveillant, oui Mars était habitée. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.

— Et le cataclysme ? osa Cycnus.

— Ça c'est moi, révéla Zeus.

— Pourquoi ? Comment ?

— On m'en a donné l'ordre, humaine maigrichonne. J'ai donc utilisé mes capacités. Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. Le Conseil a rendu son verdict il y a plusieurs mois : « les humains foulant Mars périront ». Le bail avait expiré, mes cocos.

— Mais...

— C'est un peu extrême comme solution, je le reconnais. Le Conseil préfère l'action au dialogue quand il doit s'occuper des espèces débiles. Ouais désolé, vous avez été catégorisés : « espèce à compréhension limitée, à tendance destructrice et auto-destructrice ». Par conséquent, vous n'êtes pas autorisés à quitter la Terre et son satellite. Dommage...

— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ? Combien de familles et d'enfants ? Nos familles...

Par une remontrance à peine audible, Cycnus ne parvenait pas à exprimer son ressentiment. La révélation le choquait et Zeus l'effrayait.

— Je le sais, répondit Zeus. J'ai tué exactement cent-cinquante-trois millions deux-cent-quarante-quatre-mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux colons. Tu veux le décompte des animaux aussi ?

— Pourquoi avoir fait quelque chose de si horrible ?

— Je vous ai dit qu'on m'en avait donné l'ordre. Si ce n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, pour un résultat similaire. Ou presque, étant donné que je vous ai sauvés. De rien. Grâce au cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide. Au milieu des morts et de la panique, deux humains sont ressortis à mes yeux. Leur histoire d'amour m'a attendri – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les récits dramatiques m'émeuvent davantage quand ils sont vrais. Celui-ci l'était particulièrement. Un pur condensé de l'histoire humaine en moins d'une période de révolution.

— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?

— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu que vos physiciens, ce qui est assez barbant.

— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, avança Éris, c'est pour ça que vous êtes...

— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes, pour m'occuper je capte toutes vos transmissions.

— Et quel est le rapport avec moi ?

— Tu te penses si importante, Éris ?

— Je dois bien l'être si vous avez pris le temps de nous sauver, de vous introduire dans mes rêves et d'utiliser Olympus Mons comme d'une balise.

— Exact, en effet. Après avoir passé des milliers d'années en solitaire j'ai besoin de me trouver un partenaire, un complice. Je t'ai choisi, Éris. Tu t'es montrée forte, vaillante, aimante ; tu seras parfaite dans le rôle.

— Attendez voir... Qu'est-ce que vous trafiquez ? exigea Cycnus.

— Tu n'as pas voix au chapitre, humain faiblard. Ton sort est décidé.

Zeus pointa du doigt Éris.

— Ce cauchemar a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...

L'intéressé grogna en entendant ce qui n'était déjà plus une révélation et tourna la tête pour voir la réaction d'Éris.

— Ou alors ? pressa la femme Éris, qui voulait passer cette vérité délicate.

— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.

— Et Cycnus dans tout ça ?

— Oui, et moi dans tout ça ?

— Il ne bougera pas de la planète.

— Il mourra...

— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans une année.

— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre, ravageur de monde ?

— C'est cela, approuva Zeus en riant. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.

Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.

Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.

Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.

— Éris, dis quelque chose ! Tu ne peux pas croire cet alien. Il se joue de nous. C'est le plus grand assassin de toute l'histoire de l'humanité ! Le Boucher de Mars. Restons ensemble, comme nous l'avons toujours été, Éris.

Cycnus s'approcha de son ancienne compagne, la prit par les épaules et la brusqua.

— Parle, bon sang !

— Tu voulais mourir, Cycnus... Tu me l'as répété, encore et encore.

— Je te veux toi. Que l'on soit tous les deux, pour toujours.

— Tu m'aimes ?

— Oui.

— Laisse-moi partir alors. Je peux vivre moi.

Des pleurs silencieux avaient rougi les yeux d'Éris et tordu sa voix ; elle faisait son deuil dès maintenant.

— Et moi ? Je crève comme un connard ici ?!

— Ne sois pas égoïste, Cycnus, dit Zeus avec un grand sourire.

— Ta gueule toi ! Ferme ta gueule, putain ! Tout ça c'est de ta faute !

Le martien leva les mains, signe qu'il se taisait, mais ne se débarrassa pas de son air moqueur pour autant.

— Je ne te laisserai pas partir ! C'est impossible, je refuse !

— Il va falloir pourtant, Cycnus. J'ai choisi de vivre.

— Non ! NOOOOON ! Ne m'abandonne pas... On peut tenter de survivre ; les Terriens se dépêcheront.

— Je choisis de vivre, annonça Éris, autant à l'adresse de Zeus que pour son ancien amant. Au revoir, Cycnus. Je t'ai aimé.

La jeune femme se sépara de l'humain. Elle se déplaça ensuite maladroitement vers Zeus et se posta à son niveau, face à lui, dos tourné à Cycnus. Ce dernier était vidé, vidé de tout. Il ne possédait plus de force, de courage ou de but. Il n'avait plus qu'une vie vacillante brisée. L'échine recourbée, il n'ajouta rien quand ils passèrent à sa portée et qu'ils se retirèrent des lieux. Tout était fini. L'émotion lui bloquait la trachée. Cycnus prenait conscience qu'Éris avait fait son choix depuis des jours et qu'en son fort intérieur il s'en doutait lui aussi. Les regrets s'ajoutèrent au choc. Il avait vaincu le chaos mais le néant l'empoignait. Trouverait-il une nouvelle échappatoire ?

Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.



Dernière édition par Mike001 le Jeu 5 Mar - 0:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMer 4 Mar - 23:34

Les avis "simples" sont à mon goût tout autant intéressants et nécessaires que les critiques complexes, Cerisette Heureux

J'aime bien la nouvelle fin, Mike. D'un côté on est triste pour Cycnus... Larmoyant
... mais d'un autre il passe pour un gros boulet donc c'est marrant Heureux

Pour ce qui est d'utiliser "Mont Olympe" afin d'éviter la répétition, je t'avoue que ça me gêne un peu. Quitte à dire "Mont Olympe", autant dire "mont" ou "montagne" tout court.

"On fait quoi maintenant qu'on est arrivé en haut de la montagne ?" pourrait être une option.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Mar - 1:13

Cerisette a écrit:
[...] ce qui me dérange un peu, c'est que le début est super sérieux et intense puis on passe à l'humour et la légèreté de l'histoire, ce qui fait bizarre et donne au file de la lecture une sensation d'illogique, je sais pas si tu comprend ce que je veux dire par là mais je l'ai ressenti comme ça.

Il manque quelque chose pour ta fin, mais je ne serai pas te dire quoi !

Tout d'abord, encore merci d'avoir commenté et lu la nouvelle (:

Ensuite, est-ce que cette cassure dans le ton des dialogues est tempérée par l'étoffement de la fin du texte ?





Lepzulnag a écrit:
Les avis "simples" sont à mon goût tout autant intéressants et nécessaires que les critiques complexes, Cerisette Heureux

En effet, un lecteur qui connaîtrait moins la langue qu'un autre n'en demeure pas moins un lecteur qui peut apprécier le déroulement de l'histoire, la cohérence de l'univers, le développement des personnages et la pertinence de la chute. Le tout est de se poser quelques questions simples :
– le texte m'a plu —> est-ce grâce aux personnages, à l'univers, au style etc. ?
– le texte m'a déplu —> à cause de la syntaxe, du mauvais traitement des perso', des choix scénaristiques etc. ?



Lepzulnag a écrit:
Pour ce qui est d'utiliser "Mont Olympe" afin d'éviter la répétition, je t'avoue que ça me gêne un peu. Quitte à dire "Mont Olympe", autant dire "mont" ou "montagne" tout court.

"On fait quoi maintenant qu'on est arrivé en haut de la montagne ?" pourrait être une option.

Je garde sous le coude ces recommandations en attendant d'avoir plus d'avis sur ce point. Merci (:
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Mar - 11:04

Mike001 a écrit:
Ensuite, est-ce que cette cassure dans le ton des dialogues est tempérée par l'étoffement de la fin du texte ?

C'est beaucoup mieux, la fin est complète et pleines d'émotions, il n'y a plus cette sensation d'un manque. Cycnus apparaît plus, c'est triplement une belle fin qu'on pourrait dire Blagueur.

Mike001 a écrit:

– le texte m'a plu —> est-ce grâce aux personnages, à l'univers, au style etc. ?
– le texte m'a déplu —> à cause de la syntaxe, du mauvais traitement des perso', des choix scénaristiques etc. ?


Les personnages sont attachants dans leur décore apocalyptique, ce qui donne un air dramatique. Ce tout donne des émotions quant on lit, et c'est que j'aime quand je lis un livre, une histoire, car cela donne un vrai semblant de vie  Content  

Ce qui m'avais déplu , c'est cette illogique et ce manque à la fin , mais ceci, tu l'a déjà réglé Dansant
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D.A.

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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMar 10 Mar - 13:45

J'ai relu cette histoire hier et je l'apprécie toujours autant. Les rajouts pour la fin sont judicieux même si elle me plaisait en l'état. Je pense néanmoins qu'un passage gagnerait sans doute à être interverti. L'ancienne chute avait plus d'impact. Ce passage :

Mike001 a écrit:
— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.

Gagnerait à précéder celui-là :

Mike001 a écrit:
Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

Parce que je vois ça comme un film, je vois d'abord le plan où Cycnus est trahi, puis un plan sur l'intérieur du vaisseau où Zeus dit à Eris qu'il fera d'elle une déesse (bon d'ailleurs, très bon). Puis un dernier plan sur la terre qui rapetisse, et la phrase sur le prix à payer.


Mike001 a écrit:
— Non ! NOOOOON ! Ne m'abandonne pas...

Ça me parait bizarre à la lecture. Je préférerais avoir une note sur le déchirement qu'il ressent plutôt qu'un grand NOOOOON en majuscules.

Pour ce que tu te demandes sur la répétition, je suis d'accord avec Lepzulnag. "On fait quoi maintenant qu'on est arrivé en haut ?" conviendrait très bien.
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Aligby
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeSam 14 Mar - 19:20

Citation :
Olympus Mons

Le silence répondait aux gémissements tenaces du vent. Les grains de sables roulaient les uns contre les autres, esquintaient la roche et le métal ; ils se soulevaient au moindre appel des bourrasques martiennes. La planète se plaignait, recrachait toutes les âmes qu'elle avait en elle. Les spectres poussaient devant eux les deux silhouettes. Les cris sans âme avançaient, implacables. Deux silhouettes avançaient, incertaines. Voûtées et incertaines, elles affrontaient les éléments ; elles posaient leurs pas tant bien que mal, l'un après l'autre. Le couple se tenait la main et s'aidait à se mouvoir. Seul, aucun d'entre eux n'aurait pu parvenir aussi loin.
Les alentours n'étaient que désolation et misère. Les rochers aiguisés pointaient leurs dents en dehors d'une terre aride, tandis que les décombres des constructions rappelaient sans cesse le drame de la chute d'une civilisation. De la mort d'un peuple.
Mais à travers ce périple tortueux, un guide veillait. De son immensité, il les observait s'approcher lentement et leur permettait de ne pas se perdre. Bien que chaque mètre parcouru accrût leur sentiment de petitesse et de malaise, ils persistaient. S'ils marchaient, c'est que là d'où ils venaient, rien ne valait la peine de rester. [Compte tenu du fait qu’ils marchent en s’exposant à des dangers, il me semble qu’ils ne partent pas seulement parce que rien ne vaut la peine de rester : ce n’est pas la cause de leur départ, ça ne peut pas l’être, car c’est insuffisant.]
C'est ainsi que Cycnus et Éris progressaient vers Olympus Mons.
La fatigue venait toujours, irrémédiablement ; ils se mirent donc à l'abri dans les décombres d'un bâtiment. Le vent semblait se calmer mais la journée se terminait. Les températures allaient vite descendre et de toute façon ils n'avaient plus la force de poursuivre pour le moment. [L’encadrement de ta phrase par « de toute façon » … « pour le moment » l’alourdit : « pour le moment » me paraît superflu dans la mesure où la fatigue vient « toujours », on se doute qu’il y a répétition, et donc qu’ils vont reprendre ; la suite suffit aussi à le confirmer.]
— C'est sans fin, se plaignit Cycnus.
— On y est presque. Il faut tenir bon, l'encouragea Éris.
— Je n'y arriverai pas.
— Conneries ! On ne s'est pas tapés des semaines d'escalade et de marche pour que monsieur abandonne si près du but. [Tu passes de l’encouragement à l’agressivité en une seule réplique, ça me paraît un peu trop brusque. Si tu tiens à garder cet enchaînement, ajoute une incise pour expliquer ce changement de ton. Ou alors, modifie la précédente : « tenta de l’encourager Éris »]
— Le but... Quel but ? Tu as décidé qu'on grimperait sur Olympus Mons, le plus haut possible, et c'est tout.
— Tu étais d'accord, virgule je te signale. [Trop familier peut-être. Un « Je ne t’ai pas forcé la main ! » peut être au moins aussi efficace ; ou « je dois te rappeler que tu étais d'accord ? », l'ironie aurait l'avantage de renforcer l'impact de la pique]
— Parce que je suis un crétin, puisqu'il faut être un crétin pour accepter de te suivre dans ta folie d'escalade.
— Ne dis pas ça, s'il te plaît.
— Mais après ? Hein, qu'est-ce qu'on fait après ? Éris ! Qu'est-ce qu'on devient ensuite ?!
— Je ne sais pas... Je ne sais pas, Cycnus, dit-elle en pleurant.
Elle voulait toucher la peau de son compagnon pour sentir sa chaleur et le réconforter, mais la combinaison de survie l'en empêchait. Elle posa sa main gantée sur son avant-bras et le serra vigoureusement.
— Cycnus, regarde-moi. Regarde-moi, supplia la jeune femme.
Il se tourna vers elle et fixa ses yeux bleus embués. Éris posa sa tête contre celle de Cycnus, les casques s'entrechoquèrent.
— Demain on devra se lever et continuer, Cycnus. Il le faut.
— Continuer d'aller droit en direction de notre mort ?
— Tu vois une autre solution ?
Il garda le silence.
— Au moins quand ce sera fini, on dominera tout, enchaîna-t-elle. On se tiendra sur le point le plus élevé de la planète.
— Trop génial...
La nuit prit la suite et ils en restèrent là. Ils installèrent leur la tente hermétique qui leur apporterait de l'air respirable et les protégerait du froid mortel. Grâce à ce logement du dernier recours, ils mangeaient un repas chaud dans la journée car il n'y avait qu'à l'intérieur de cette tente que la combinaison n'était plus nécessaire [Je ne comprends pas cette phrase : grâce à la tente ils mangent chaud parce qu’à l’intérieur ils n’ont pas besoin de combinaison ??]. La journée ils survivaient en la portant – elle avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles – et la nuit ils survivaient en établissant leur campement.
Les jours passaient et la routine s'était vite introduite : marche, déploiement de la tente, dîner, entretien minutieux de la combinaison qui souffrait face aux trombes de sable, sommeil, petit-déjeuner, levée du camp, marche etc. Cycnus et Éris prirent leur premier repas chaud de la journée. En effet, ils devaient attendre d'avoir déployé la tente pour pouvoir se sustenter en toute sécurité sans la combinaison dont ils étaient vêtus quotidiennement. Cette dernière avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles. Toutefois, un entretien minutieux était exigé afin de conserver son bon fonctionnement. Aussi, après avoir mangé, le couple travaillait chaque soir à nettoyer les filtres, désobstruer les pompes et à recouvrir les trous provoqués par les trombes de sable.
Ensuite, Allongés dans leur demeure de fortune ils s'enlaçaient et contemplaient la toile tristement. Leurs derniers rires remontaient à des mois en arrière ; la joie avait abandonné leur vie comme la vie avait abandonné ce monde. Ils ne parlaient jamais de ce qui s'était passé, ni ne remémoraient d'histoires heureuses. Ils enduraient un cauchemar éveillé qui ne possédait qu'une seule issue : une mort exempte d'espoir. [ta formulation est sympa, Chik, mais je n'arrive pas à me décider entre les deux, donc pour le moment je laisse la mienne]
Pourtant, et même si cela la faisait souffrir davantage, Éris s'accrochait à la réminiscence de son existence pré-cataclysme. Désespérément, elle plongeait dans son enfance. Elle se retrouvait au milieu des pavillons, les oiseaux chantaient, l'herbe était verte et ses parents souriaient [Un chouïa cliché : trouve quelque chose de particulier, de singulier, quelque chose qui fasse que c’est son enfance à elle qu’elle se remémore, et pas celle de n’importe quel enfant] ; elle jouait et propageait des éclats de bonheurs cristallins. Ses cheveux noirs volaient face au vent chaleureux. Le vent chaud envoyait baller ses cheveux noirs devant elle ; ils ondulaient souplement et venaient parfois se coincer entre ses lèvres. Éris choyait énormément ce souvenir car elle savait qu'il était vrai. Bien trop souvent, des images sibyllines s'emparaient de ses songes : un géant de brume à la voix profonde crachait des volutes de fumée vers elle. La chose était couronnée d'une planète gazeuse autour de laquelle virevoltait des dizaines de lunes. S'il devait y avoir une signification à ces signes, elle échappait complètement à la jeune femme.
Cycnus, lui, repassait en boucle les images de la destruction de Mars. La journée ensoleillée et le ciel bleu dégagé l'avaient convaincu d'emmener Éris faire une balade dans le quartier marchand de la ville. Quand ils ne se dévoraient pas des yeux ou ne s'embrassaient, ils achetaient quelques petites babioles dans les magasins. La simplicité d'un amour dénué de responsabilités les contentait, ils ne pouvaient imaginer que leur vie puisse leur être enlevé soit remise en question. Du moins, jusqu'à ce que le noyau de la planète sorte de sa léthargie et que le sol s'ébranlât.
L'activité interne de Mars était demeurée quasi nulle pendant des milliards d'années. Des astéroïdes avaient alors percuté la planète, provoquant une longue ère d'éruptions volcaniques, la disparition des champs magnétiques et des océans. Opiniâtrement, les colons en firent un endroit habitable et désirable, ils se débarrassèrent des sablons et de toute cette terre d'un beige stérile. La planète rouge perdit son surnom désuet au profit de celui de « petite sœur » ; Mars devint florissante, la copie idéale du berceau de l'humanité.
La renaissance de volcans éteints des millions d'années auparavant associée à un éclatement inédit de tempêtes électromagnétiques fit des ravages dans la population. Des centaines de milliers d'êtres périrent dès la première semaine sous la lave ou les effondrements des tours d'habitation par la lave, la foudre, des tsunamis ou encore des éboulements. De rares chanceux purent prendre à temps les navettes interplanétaires tandis que les autres trépassaient immanquablement. Cycnus avait été le témoin impuissant du chaos apocalyptique [chaos apocalyptique = tautologie] qui déchirait les familles. Cycnus avait été le témoin impuissant des tours qui s'effondraient, des familles déchiquetées et du chaos apocalyptique. Les plus pieux s'étaient agenouillés et priaient [« et avaient prié » : concordance des temps, non ?] pour un miracle qui jamais ne vint ; ceux qui ne l'étaient pas avaient cherché, inutilement en vain, à se cacher et se protéger. Quelle que fût la décision choisie, elle ne les sauva pas. Finalement et en l'absence de raisons apparentes, ne semblaient avoir n'avaientf survécu que Cycnus et Éris.

Ils abordèrent Olympus Mons par l'ouest, à un passage du volcan bouclier situé entre deux escarpements où l'inclinaison de la pente était suffisamment douce. Olympus Mons était la montagne la plus grande du système solaire, culminait à vingt-deux kilomètres de haut et s'étendait sur six-cents kilomètres de large. Ils mirent six jours supplémentaires pour atteindre la base de la patera du volcan. Du contrebas du cratère, ils pouvaient voir une partie de la région de Tharsis : l'Amazonis Planitia dont ils provenaient était saccagée, le sud éventré était en fusion. Mais le plus impressionnant survenait à l'est. Les Tharsis Montes, un alignement de trois volcans boucliers presque aussi imposants que l'Olympus, crachaient de la fumée et régurgitaient de la lave en concerts régurgitaient de concert fumée et lave [« lave et fumée » plutôt, question de rythme du plus court au plus long]. Ils le faisaient sans interruption depuis qu'ils étaient sortis de leur sommeil antédiluvien. Par ailleurs, leurs cheminées rougeoyaient d'une lueur menaçante et des grondements sourds annonçaient une prochaine éruption démesurée.
Éris se heurtait au mystère de l'Olympus Mons, le volcan qui ne s'était pas ranimé en compagnie de ses frères. Toute la planète s'était subitement mise à agir contre ses habitants, comme si la nature refusait les modifications imposées à son écosystème, exceptée cette montagne précisément [Lourd : le précisément n’est pas utile, dans la mesure où tu parles d’une exception, c’est redondant. En l’enlevant, tu améliorerais le rythme de ta phrase]. Cela avait en partie poussé Éris à persuader son compagnon de s'y diriger ; la curiosité répondrait peut-être à certaines questions. [Je vois ce que tu veux dire, Chik', mais bien que ce soit la curiosité qui occasionne des questions et pousse au voyage, c'est aussi elle qui demande des réponses. Et puis j'aime bien la formulation] [Je ne sais pas ce qu’a dit Chik, mais la phrase me dérange aussi : pourquoi pas, plus simplement : « La curiosité avait poussé Éris à persuader son compagnon de s’y diriger » ; par ailleurs, je ne vois pas en quoi la curiosité pourrait répondre à certaines questions, elle peut tout au mieux conduire à trouver des réponses] Mais la [« cette »] logique seule n'expliquait pas l'empressement qui l'incitait à avancer toujours plus vite. Quand elle tentait de ne plus penser au volcan son sommeil devenait agité, et lorsque Cycnus avait réussi à la convaincre de faire une pause de plusieurs jours, elle avait été prise d'une douleur aiguë au ventre qui s'était propagée le long de sa colonne vertébrale. Le mal n'était pas de ceux qui paralysent ou clouent au lit, plutôt de ceux qui empêchent au corps de se reposer. Il s'était dissipé peu de temps après que le couple eut repris la route.
Éris mettait régulièrement le sujet de l'inactivité de l'Olympus Mons sur le tapis, intimement convaincue que quelques secrets s'y cachaient. Le manque d'intérêt de Cycnus venait généralement à bout de sa patience et elle s'indignait, insatisfaite de son comportement apathique.
— Tu ne trouves pas ça bizarre  ? Ça ne te t’intrigue pas ?
— Bah non.
— Comment est-ce que tu peux être si indifférent ?
— Désolé de m'inquiéter de choses plus urgentes. Ce qui va faire que l'on meure ou que l'on vive par exemple, répliqua Cycnus, avec sarcasme.
— Tu parles ! Si j'avais écouté tes gémissements on n'aurait pas bougé d'un iota.
— Bien sûr, tu nous as tellement sauvés. Merci !
— C'est mieux que de rester passif et se laisser mourir.
— Ouais, ben ma manière avait l'avantage qu'on ne s'acharne pas inutilement.
— Pas étonnant que tu réagisses de la sorte, tu ne t'es jamais battu pour quoi que ce soit ! cria Éris, en colère. Tu as toujours préféré éviter les conflits et les problèmes.
— Et moi j'ai toujours suivi ton comportement directif. Je parle mais tu n'écoutes pas. Tu ne suis que ce que tu as décidé, peu importe ce que je pourrais dire.
— J'ai agi pour nous sauver ! Tu préfères fuir vers la mort plutôt que de la fuir elle. Je considère que chaque jour passé tous les deux est une victoire, tant pis si tu ne l'acceptes pas.
— J'aurais préféré mourir là-bas, Éris. Avec tous les autres.
— C'est ce que tu penses ?
— Oui.
Elle le fixa attentivement. Il avait le visage osseux, le corps émacié par le stress et les privations. Il ne l'attirait plus. Ses cheveux étaient collés à son front du fait de leur saleté, il avait la bouche revêche et les yeux cernés. Il n'était plus l'homme plein d'entrain qu'elle avait connu, celui dont elle était tombée amoureuse, [Ici, je mettrais un point, question de rythme.] il ressemblait à un cadavre. Ce constat la choqua, Cycnus lui parut sous une perspective nouvelle. Il paraissait faible, il était un poids pour elle. Elle se maudit d'y avoir songé, Cycnus l'avait protégée quand le cataclysme s'était déclenché. Il avait trouvé le matériel, la nourriture et s'était même battu à différentes reprises contre des personnes mal intentionnées. Et voilà qu'elle ne l'estimait plus, qu'elle l'insultait en le traitant à demi-mots de lâche. Elle préféra émettre un grognement et aller se coucher que de devoir poursuivre cette conversation. Elle était trop éreintée pour le motiver ou le contraindre à se dépasser.
Malgré ses états d'âme, elle s'endormit facilement. Dans son premier mauvais rêve [si tu utilises la formule "dans son premier", il vaudrait mieux que tu aies annoncé qu'il y a eu deux rêves, là, ça sort de nul part ; suggestion un truc comme : "elle fit un premier mauvais rêve au cours duquel"], elle montait à bord d'un vaisseau spatial et échappait au danger. Cycnus ne la suivait pas et l'appareil décollait. Éris réclamait qu'il rebrousse chemin, en vain. La jeune femme voyait à travers un hublot la lave couler vers son ami, immobile car [ce « car » est un peu lourd ; ta phrase est également un peu complexe, tu pourrais mettre « à travers un hublot » en début de phrase ; et peut-être plutôt « la lave rattraper son ami »] frappé de stupeur. Elle martelait la cloison de ses poings, intimant à Cycnus de fuir [plutôt « lui intimant de fuir » peut-être ? ça fait bizarre « intimant à Cycnus »] à la fuite. Alors, la lave le rejoignait, Mais rien n'y faisait et elle l'observait se liquéfier. Pendant que ses ongles griffaient le revêtement de métal et qu'elle s'époumonait à crier son nom, quelqu'un tentait de la rassurer en lui disant que les secours atteindront atteindraient Mars seize mois plus tard. [Cette dernière phrase est lourde]
Son second rêve différait totalement du précédent, comme soumis à des règles de la physique que son corps ne connaissait pas mais que son esprit avait déjà rencontrées [D’après ce que je comprends de la syntaxe de cette phrase, c’est le rêve qui est soumis à des règles de la physique étranges, et non pas le contenu de ce rêve : tu vois ce que je veux dire ?]. Une gigantesque caverne l'entourait, le plafond était si haut qu'il n'était pas visible. Aucune lumière artificielle ou naturelle n'éclairait ce lieu et pourtant il ne baignait pas dans la pénombre. Cela la perturbait. Du reste, elle se sentait épiée. Elle tournait sur elle-même, examinant l'antre à la recherche d'une sortie. Son souffle s'accélérait, son cœur s'emballait. Elle tournait, tournait. Un murmure mit fin à la sa danse affolée. Le chuchotement sortait des murs et se répétait, insidieusement. Rejoins-moi, susurrait le souffle. Rejoins-moi, insistait-il. Une forme vaporeuse s'épaississait et glissait vers elle tout en gagnant en netteté. Un visage apparut. Des yeux jaunes s'ouvrirent. Une bouche perça.
— Rejoins-moi !

Éris se réveilla en sursaut. Son corps l'élançait, il lui indiquait que le voyage n'était pas terminé. Elle entreprit tout de même de petit-déjeuner, plus par habitude que par réel envie. Cycnus ne tarda pas à faire de même ; ils mâchaient sans conviction leurs plaquettes enrichies en vitamines au goût de poussière, accroupis dans leur tente à peine visible à l'ombre de l'Olympus Mons.
— Alors ? grommela Cycnus.
— Alors quoi ?
— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe ? On attend que les dieux daignent nous sauver ? [j'ai mis le nom français du mont pour éviter les répétitions en latin ; est-ce dérangeant ?]
— Je pense qu'il va falloir pénétrer dans le volcan...
— T'es sérieuse ? C'est encore plus insensé que de grimper dessus ! Il doit y avoir des tonnes de magma en fusion qui risquent de s'écouler à tout moment.
— Je croyais que tu voulais mourir ?
— Ouais, mais si possible comme une larve amorphe qui crève la dalle. Pas carbonisé parce qu'on aura été trop cons pour rentrer dans un putain de volcan géant !
— Je ne t'oblige pas à venir, Cycnus.
— Tu veux que je fasse quoi à la place ?
Elle haussa les épaules.
— Tu as changé, Éris.
— Toi aussi je te signale. [Décidément, t’aimes bien cette expression]
— Je sais. Je me suis transformé en geignard à mesure que je voyais notre planète se détruire. À mesure que notre stock de vivres s'épuisait et que l'espoir que j'avais en moi me fuyait. Mais toi, tu n'as rien abandonné. Tu as trouvé un endroit où on serait peut-être en sécurité et tu t'y es tenue. C'en est même devenu une obsession. Plus on s'approchait d'Olympus Mons et plus tu prenais tes distances, comme obnubilée. À un point tel que nous mettre à l'abri n'est plus ta priorité. [Pourquoi l’imparfait ?, ça me paraît bizarre]
— C'est faux !
— Vraiment ? Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus de quoi manger est une chose, croire que notre salut réside en un volcan en est une autre [que cr que que quoi cr que : allège ! « Que je ne crois pas que les secours arriveront avant que nous n'ayons plus…………. » : Où est la fin ?! À l’oral, personne ne prononcerait cette phrase.]. Si tu es tant préoccupée que cela par notre survie, pourquoi tu n'envisages pas que l'on tienne jusqu'à ce que la Terre envoie un vaisseau ?
— On va s'échanger des reproches toute la journée ou on avance ?! éluda Éris.
— Tu veux entrer dans le mont, [virgule] donc ? demanda Cycnus, d'un ton posé.
— Si possible, oui.
— Très bien. Allons-y.
Éris fut surprise d'avoir convaincu si aisément son ami, d'ordinaire cela devait passer par une dispute plus intense. [« d’ordinaire, une dispute plus intense s’en serait suivi » à la place ?]
— Ne te méprends pas, avertit Cycnus, devinant ce qu'avait en tête Éris, si je suis partant c'est uniquement pour te surveiller.
— Parfait !
Ils enfilèrent leur combinaison et rangèrent leur barda ; la marche reprenait.
— Bon, moi je veux bien t'accompagner jusqu'au fin fond des Enfers ; braver monts, volcans, lave, tempêtes, vents... Même la destruction d'une planète tiens. Juste que ne pas trouver une foutue entrée c'est à la fois frustrant et tout à fait logique. [Juste que : bannis juste cette expression !]
— Qu'est-ce que tu marmonnes encore, Cycnus ?
— On a réglé la question de l'insanité qu'est la volonté de s'introduire dans un volcan, mais pas celle qui est de savoir comment on irait à l'intérieur.
— Tu t'attendais à quoi ?
— Je ne sais pas. Qu'on atteigne la patera ou qu'on creuse.
— Tu tiens à creuser dans un volcan qui fait vingt kilomètres de haut ?
— Évidemment que non ! J'imaginais juste que tu avais un plan, ou ne serait-ce qu'une théorie farfelue.
— J'y crois, c'est tout.
— Tu devrais t'entendre parfois, Éris... Tu crois quoi, que les dieux vont te montrer la voie ? D'un côté, niveau farfelu nous sommes servis. [Cela étant, plutôt que « d’un côté »]
— Qui sait.

Au bout de plusieurs heures de vagabondage aléatoire, ils repérèrent une ouverture dans la montagne. Les dimensions de l'entrée étaient de taille humaine mais ne possédaient aucune des particularités qui révélaient que la construction fût faite par les leurs.
Éris en profita immédiatement. Elle se tourna vers son compagnon, une expression de victoire moqueuse parfaitement visible derrière la visière de son casque.
— Ha ! Je te l'avais dit.
— On ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est étrange.
— Personne ne te l'enlèvera, Cycnus.
— Je n'arrive pas à me décider. Qu'est-ce qui est le plus fort comme sentiment : l'irritation que j'éprouve du fait que tu aies eu raison ou la torpeur du fait que tu aies eu raison ? Tu sèmes la discorde le doute en moi, Éris.
— Tu parles trop. Tais-toi.
Le tunnel ne disposait pas de porte qu'auraient pu installer des militaires ou des scientifiques, aucun panneau ne balisait un éventuel sentier de randonnée et la voûte n'était pas étayée.
Le couple échangea un coup d'œil, sortit des torches et pénétra dans la galerie. Ils s'engagèrent dans le volcan assoupi sur des centaines de mètres. Le tunnel ne déviait pas, ni ne bifurquait, le chemin était plat tout du long. En s'enfonçant, une lueur tamisée rendit superflu l'usage des torches, elle venait de partout et de nul part simultanément. Éris s'arrêta.
— Attends.
— Quoi ?
— Quelque chose ne va pas.
— Tu crois ça ? Et moi qui me disais que tout était parfaitement normal jusqu'ici, ironisa nerveusement Cycnus.
— J'ai... Je crois qu'il y a une créature plus loin.
— Une créature ?!
— Oui. Je l'ai vue.
Cycnus ralluma au plus vite sa lampe, qu'il conservait en main en tant que matraque, et arrosa le tunnel d'une lumière superflue.
— Où ?
— En rêve.
— Ah, voilà qui explique tout...
— Exactement. Elle m'a dit de la rejoindre et on trouve une entrée le jour même nous menant au cœur d'Olympus Mons, l'unique volcan qui dort encore.
— Je pensais plutôt à : « Elle rêve de monstres, voilà qui explique son humeur de merde », railla Cycnus.
— Depuis des semaines je n'ai qu'une volonté, celle de rejoindre cette satanée montagne.
— Et ?
— Et je crois que j'ai été manipulée.
— Par la créature ?
Éris acquiesça. Le jeune homme posa une main sur son épaule.
— Allons-nous-en alors.
— Tu penses que c'est la meilleure solution ?
— Non. Mais je ne jouerai pas à ce jeu – si créature mystérieuse il doit y avoir. J'ai la chair de poule rien que d'y penser.
— Continuons plutôt.
— Hein ?! Vers une potentielle menace ? T'es de plus en plus tarée ma parole !
La fureur se propagea rapidement, elle emporta toute contenance. Éris voyait rouge. Elle serra ses poings, sa mâchoire et inspira profondément avant de cogner Cycnus à l'estomac de toute ses forces. Elle lui porta un seul coup qui le plia en deux.
— Tu ne l'as pas volée celle-ci ! Elle te pendait au nez depuis un moment.
Le pauvre Cycnus n'en revenait pas ; elle venait de le frapper ! Certes il n'avait pas été des plus courtois mais tout de même... La haine qu'il avait vue dans les yeux myosotis de la jeune femme le blessait davantage que l'attaque ; par son geste elle scellait leur séparation. La chute de Mars avait provoqué leur éloignement à long-terme, plus rien ne serait jamais comme avant. La planète, le quotidien. Leur couple. Tout avait été balayé, anéanti.
— Qu'est-ce qui t'as pris, Éris ?
— Désolé, mais ça soulage.
— Ah, c'est ça le nouveau stade ? On se tape dessus pour se sentir mieux ?
— Cesse donc de faire ta fillette, Cycnus, ça ne te réussit pas.
Éris se mordilla l'intérieur de la joue, regrettant plus de s'être emportée que de lui avoir fait du mal, mais elle n'attendit pas qu'il ait récupéré tant son souffle que ses émotions. Sa route était toute tracée, encore quelques pas et tout finirait. Tandis qu'elle prenait les devants, Cycnus trottinait derrière, l'examinant d'un œil nouveau, presque suspicieux.
Au bout du périple souterrain ils découvrirent une caverne, une caverne immense. Éris s'agita : ce n'était pas sa première visite. Cycnus, lui, était médusé par cette excavation aux proportions extraordinaires.
Des murmures cabalistiques se diffusèrent, tels des serpents sournois. D'abord éloignés, ils semblaient se rapprocher, tourner autour d'eux. Les paroles incompréhensibles émanaient d'une unique voix ; elle parlait directement à leurs oreilles, directement dans leur esprit. Elle insinuait la peur. L'affliction s'engouffrait dans leur poitrine et la détresse troublait leur vision. Une brume se matérialisa. Elle dessina le monstre qui habitait dans cette tanière, le maître des lieux ; et d'insaisissable, elle s'offrit une consistance. L'être, un bipède de trois mètres aux membres filiformes, avait une peau jaune safran, épaisse et glabre ; ses yeux étaient d'une unicité de topaze, difficiles à croiser car ne possédant pas de pupille. Leur étonnement fut grand quand il leur adressa la parole :
— Bonjour, dit l'être jaune avec un accent inconnu. Ça boum ?
Les humains abasourdis conservèrent le silence. L'étranger eut un sourire identique à celui qu'aurait pu faire Éris ou Cycnus. Il le faisait naturellement, ce n'était pas un rictus travaillé pour les imiter. Le mouvement des lèvres dévoilait des dents orange scintillantes.
— Vous pouvez me répondre, je ne vais pas vous manger. Alors, rien à dire ? C'est plutôt décevant. Votre race a enfin un contact avec un alien [extraterrestre, ça serait encore plus efficace] qui communique en utilisant une de vos langues et vous restez de marbre ? Vous voulez que vos noms deviennent une blague dans le système solaire ? Parce que c'est ainsi que vous l'obtiendrez. J'imagine que vous n'avez pas eu vent de Aqrxou Ednxou, prince Vénusien, et de Glokuss le Titanide – évidemment ce n'est pas comme ça que les autochtones appellent Vénus et Titan, je fais la traduction sinon vous serez largués – ? Pas étonnant, personne dans le système ne veut traiter avec les Terriens. Bref, le Vénusien et le Titanide se sont rencontrés par hasard, tandis qu'ils étaient tous deux en orbite au-dessus de Mercure. Pour leurs civilisations aussi c'était la petite mort. Aqrxou, qui était télépathe, réussit à établir une ébauche de communication avec Glokuss ; sauf que les gladiateurs de la lune de Saturne traitent les interventions psychiques comme des déclarations de guerre, ils sont puritains sur le sujet. Les Titanides ont ravagé Vénus, la rendant inhabitable. Voilà ce qui se passe quand un peuple de débiles brutaux ne sont pas surveillés et limités dans leurs déplacements.
— Je-je ne comprends pas, parvint à articuler Éris.
— Quoi donc ? demanda l'extraterrestre.
— Qu'est-ce que vous êtes ? souffla-t-elle faiblement.
— Selon votre dénomination : un Martien. Puisqu'on est sous l'Olympus Mons, vous pouvez m'appeler Zeus, ça me plaît bien comme nom. Grandiloquent, certes, mais c'est l'occasion de faire peau neuve. Vous ne m'en voudrez pas.
— Mais euh...
— Je vais couper court maintenant aux questions futures qui seront toutes plus consternantes les unes que les autres, et vous faire le topo : j'ai appris votre langue en vous surveillant, oui Mars était habitée. Et en vrac : les pyramides, ce n'est pas nous ; les enlèvements, oui ; les cercles de culture, non ; les dodos, oui.
— Et le cataclysme ? osa Cycnus.
— Ça c'est moi, révéla Zeus.
— Pourquoi ? Comment ?
— On m'en a donné l'ordre, humaine maigrichonne. J'ai donc utilisé mes capacités. Quand le Conseil solarien a appris que vous l'aviez colonisée, une réunion extraordinaire a été exigée. Le Conseil a rendu son verdict il y a plusieurs mois : « les humains foulant Mars périront ». Le bail avait expiré, mes cocos.
— Mais...
— C'est un peu extrême comme solution, je le reconnais. Le Conseil préfère l'action au dialogue quand il doit s'occuper des espèces débiles. Ouais désolé, vous avez été catégorisés : « espèce à compréhension limitée, à tendance destructrice et auto-destructrice ». Par conséquent, vous n'êtes pas autorisés à quitter la Terre et son satellite. Dommage...
— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ? Combien de familles et d'enfants ? Nos familles...
Par une remontrance à peine audible, Cycnus ne parvenait pas à exprimer son ressentiment. La révélation le choquait et Zeus l'effrayait.
— Je le sais, répondit Zeus. J'ai tué exactement cent-cinquante-trois millions deux-cent-quarante-quatre-mille-neuf-cent-quatre-vingt-deux colons. Tu veux le décompte des animaux aussi ?
— Pourquoi avoir fait quelque chose de si horrible ?
— Je vous ai dit qu'on m'en avait donné l'ordre. Si ce n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, pour un résultat similaire. Ou presque, étant donné que je vous ai sauvés. De rien. Grâce au cataclysme j'ai pu assister à un exode plus prenant que celui de l'Énéide. Au milieu des morts et de la panique, deux humains sont ressortis à mes yeux. Leur histoire d'amour m'a attendri – même si c'est vite devenu « plaintes et jérémiades entre Giselle et Robert ». Les récits dramatiques m'émeuvent davantage quand ils sont vrais. Celui-ci l'était particulièrement. Un pur condensé de l'histoire humaine en moins d'une période de révolution.
— Ils sont tous aussi dégénérés ceux de votre genre ?
— Si seulement. Moi je vous ai volé deux choses : le sens de l'humour et un goût prononcé pour les explosions. Mes compatriotes n'ont retenu que vos physiciens, ce qui est assez barbant.
— Vous êtes tout seul sur Mars en fait, avança Éris, c'est pour ça que vous êtes...
— Humanisé ? coupa Zeus. Oui, ça fait longtemps que je suis ici. Les autres sont dans les lunes joviennes, pour m'occuper je capte toutes vos transmissions.
— Et quel est le rapport avec moi ?
— Tu te penses si importante, Éris ?
— Je dois bien l'être si vous avez pris le temps de nous sauver, de vous introduire dans mes rêves et d'utiliser Olympus Mons comme d'une balise.
— Exact, en effet. Après avoir passé des milliers d'années en solitaire j'ai besoin de me trouver un partenaire, un complice. Je t'ai choisi, Éris. Tu t'es montrée forte, vaillante, aimante ; tu seras parfaite dans le rôle.
— Attendez voir... Qu'est-ce que vous trafiquez ? exigea Cycnus.
— Tu n'as pas voix au chapitre, humain faiblard [gringalet, ça serait plus efficace]. Ton sort est décidé.
Zeus pointa du doigt Éris.
— Ce cauchemar a deux fins possibles, ma grande. Tu ressors d'ici en compagnie de l'aimable Cycnus que tu n'aimes plus...
L'intéressé grogna en entendant ce qui n'était déjà plus une révélation et tourna la tête pour voir la réaction d'Éris.
— Ou alors ? pressa la femme Éris, qui voulait passer cette vérité délicate.
— Ou alors tu me suis dans les étoiles. Il y a énormément de beautés à contempler et je peux te garantir que nous réaliserons de grandes choses.
— Et Cycnus dans tout ça ?
— Oui, et moi dans tout ça ?
— Il ne bougera pas de la planète.
— Il mourra...
— Vous mourrez dans tous les cas. Vous n'avez pas suffisamment de nourriture pour tenir jusqu'à une éventuelle expédition de secours qui débarquerait dans une année.
— À cause de vous ! Donc je reste avec Cycnus et nous mourrons, ou je pars avec un assassin extraterrestre, ravageur de monde ?
— C'est cela, approuva Zeus en riant. La mort sans espoir ou la vie avec promesses.
Éris se sentait piégée. Aucune décision ne lui semblait être la bonne. Elle ferma les yeux et refit le fil de sa vie. Puis elle s'imagina demeurer sur Mars, un vaisseau s'envolait en silence comme une comète, laissant derrière lui un couple d'humains abandonnés, au décès prémédité.
Elle s'imagina accepter l'offre de Zeus, monter dans son engin et partir dans l'espace. Être le premier humain à découvrir le système solaire.
Quand elle souleva ses paupières, son choix était fait.
— Éris, dis quelque chose ! Tu ne peux pas croire cet alien. Il se joue de nous. C'est le plus grand assassin de toute l'histoire de l'humanité ! Le Boucher de Mars. Restons ensemble, comme nous l'avons toujours été, Éris.
Cycnus s'approcha de son ancienne compagne, la prit par les épaules et la brusqua.
— Parle, bon sang !
— Tu voulais mourir, Cycnus... Tu me l'as répété, encore et encore.
— Je te veux toi. Que l'on soit tous les deux, pour toujours.
— Tu m'aimes ?
— Oui.
— Laisse-moi partir alors. Je peux vivre moi.
Des pleurs silencieux avaient rougi les yeux d'Éris et tordu sa voix ; elle faisait son deuil dès maintenant.
— Et moi ? Je crève comme un connard ici ?!
— Ne sois pas égoïste, Cycnus, dit Zeus avec un grand sourire.
— Ta gueule toi ! Ferme ta gueule, putain ! Tout ça c'est de ta faute !
Le martien leva les mains, signe qu'il se taisait, mais ne se débarrassa pas de son air moqueur pour autant.
— Je ne te laisserai pas partir ! C'est impossible, je refuse !
— Il va falloir pourtant, Cycnus. J'ai choisi de vivre.
— Non ! NOOOOON ! Ne m'abandonne pas... On peut tenter de survivre ; les Terriens se dépêcheront.
— Je choisis de vivre, annonça Éris, autant à l'adresse de Zeus que pour son ancien amant. Au revoir, Cycnus. Je t'ai aimé.
La jeune femme se sépara de l'humain. Elle se déplaça ensuite maladroitement vers Zeus et se posta à son niveau, face à lui, dos tourné à Cycnus. Ce dernier était vidé, vidé de tout. Il ne possédait plus de force, de courage ou de but. Il n'avait plus qu'une vie vacillante brisée. L'échine recourbée, il n'ajouta rien quand ils passèrent à sa portée et qu'ils se retirèrent des lieux. Tout était fini. L'émotion lui bloquait la trachée. Cycnus prenait conscience qu'Éris avait fait son choix depuis des jours et qu'en son for intérieur il s'en doutait lui aussi. Les regrets s'ajoutèrent au choc. Il avait vaincu le chaos mais le néant l'empoignait. Trouverait-il une nouvelle échappatoire ?
Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.
— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?
— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.
— Vous pourriez me l'apprendre ?
— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.


Il y a quelques lourdeurs dans ton écriture : tes phrases sont souvent trop longues, et pleines de subordonnée : y a des sons [k] un peu partout. Tu peux alléger ça. Joue un peu plus sur les rythmes également.

Attention : dans tes dialogues, tu passes trop vite d'un état à un autre, sans transition.

Le mec fait un peu sa mauviette sur la fin mais tu le soulignes pas assez. Soit il lui dit de partir avec le martien (option : sacrifice) soit il ne veut pas qu'elle parte et il devrait peut-être s'énerver (option insulte, salope, traitresse quoi !) ; soit il fait sa mauviette, mais elle devrait ressentir vraiment de la pitié pour lui dans ce cas, faut que ça soit visible.
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Mike001
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Mar - 3:04

Anastasis a écrit:
J'ai relu cette histoire hier et je l'apprécie toujours autant. Les rajouts pour la fin sont judicieux même si elle me plaisait en l'état. Je pense néanmoins qu'un passage gagnerait sans doute à être interverti. L'ancienne chute avait plus d'impact. Ce passage :

Mike001 a écrit:
— Au fait, comment se fait-il que vous étiez seul ?

— J'étais le gardien de Mars. Ainsi que son prisonnier. Condamné à y vivre éternellement pour avoir formé à la télépathie Aqrxou Ednxou et par ricochet, causé la destruction du peuple Vénusien. J'aurais pu me présenter en Prométhée.

— Vous pourriez me l'apprendre ?

— Je vais t'enseigner un tas de choses, Éris. Je vais faire de toi une déesse.

Gagnerait à précéder celui-là :

Mike001 a écrit:
Mars et ses lunes, Déimos et Phobos, rapetissaient. Éris et Zeus étaient debout côte à côte, et admiraient la vue. Cette nouvelle paire ressentait honte et excitation, ils quittaient Mars définitivement. De l'espace, Olympus Mons leur rappelait ce qu'ils avaient perdu, ce qu'ils avaient obtenu, et à quel prix.

Parce que je vois ça comme un film, je vois d'abord le plan où Cycnus est trahi, puis un plan sur l'intérieur du vaisseau où Zeus dit à Eris qu'il fera d'elle une déesse (bon d'ailleurs, très bon). Puis un dernier plan sur la terre qui rapetisse, et la phrase sur le prix à payer.

J'imagine la scène différemment personnellement (peut-être que je devrais plus détailler dans la nouvelle du coup, je vais voir) : plan large sur Mars et ses lunes, travelling arrière, la caméra traverse la verrière, passe entre Zeus et Éris, on les voit de dos pendant qu'ils échangent entre eux et que les trois cailloux spatiaux diminuent de taille.

Anastasis a écrit:
Mike001 a écrit:
— Non ! NOOOOON ! Ne m'abandonne pas...

Ça me parait bizarre à la lecture. Je préférerais avoir une note sur le déchirement qu'il ressent plutôt qu'un grand NOOOOON en majuscules.  

Il y a tout un paragraphe juste après qui traite de ce qu'il ressent. Mais je comprends que le « non » en majuscule est bien moche. Pareil que d'hab', je vais me pencher là-dessus.

@Ali' : merci pour ce complet commentaire, il va m'aider à finaliser la nouvelle.

Lumière D'ailleurs si quelqu'un a quelque chose à ajouter, c'est l'occasion. La prochaine fois que j'apporte des modifications sera certainement la dernière avant de nombreux mois je pense.
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MessageSujet: Re: [TERMINÉ] Olympus Mons   [TERMINÉ] Olympus Mons - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Mar - 11:01

Hey Mike Succès total

J'avais préparé des commentaires dans un brouillon sur mes mails. Je te les copie colle ici, mais je n'ai pas forcément fini. M'enfin, espérons que ça t'aide déjà ^^

Je trouve cette nouvelle version très bien. Surtout le comportement de Cycnus qui est bien plus logique et profond. La fin fait plus fin ^^. Mais je ne serais pas contre que tu développes également un peu les sentiments de Zeus et Eris, pour que l'on comprenne encore mieux leur état d'esprit, et qu'on est le temps nous aussi de le ressentir.

Mais ne change pas la dernière phrase, hein ? Je trouve que cela boucle très très bien ton texte ! Complice

Et maintenant des petites remarques :


Mike a écrit:
Les spectres poussaient devant eux les deux silhouettes. Voûtées et incertaines, elles affrontaient les éléments


J'aurais mis "∅ deux silhouettes". Tu n'en parles pas avant donc l'article défini "les" choque un peu.


Mike a écrit:
Grâce à ce logement du dernier recours, ils mangeaient un repas chaud dans la journée car il n'y avait qu'à l'intérieur de cette tente que la combinaison n'était plus nécessaire.


Je vois l'idée de ce paragraphe, mais je ne le trouve pas forcément clair, malgré le parallèle évident entre le chaud du repas et le chaud de l’abri.


Mike a écrit:
La journée ils survivaient en la portant – elle avait pour fonctionnalités de produire de l'oxygène en le captant dans l'air ambiant, de recycler les urines et les selles – et la nuit ils survivaient en établissant leur campement.


La répétition du verbe survivre est faite pour ?


Mike a écrit:
ils ne pouvaient imaginer que leur vie soit remise en question.


Un peu léger la notion de remise en question face à un tel changement, non ? > "soit bouleversée" ?


Mike a écrit:
— On fait quoi maintenant qu'on a atteint le Mont Olympe ? On attend que les dieux daignent nous sauver ? [j'ai mis le nom français du mont pour éviter les répétitions en latin ; est-ce dérangeant ?]


Nope, je trouve pas.


Mike a écrit:
Même la destruction d'une planète tiens


J'aurais mis une virgule avant le tiens. Je l'aurais même mis en première place, tiens ! ^^


Mike a écrit:
Tu sèmes le doute en moi, Éris.


Comme je te l'ai dit, discorde c'étai cool, mais bizarre pour un dialogue. Doute c'est bien... mais moins cool ^^


Mike a écrit:
— Vous savez combien  de personnes vous avez tué ?


Espace intempestif en trop entre "combien" et "de"


Mike a écrit:
— Exact, en effet.

Je n'avais pas remarqué cela en première lecture, mais j'aurais plutôt mis "cela est exact, en effet". ou "Humm, en effet". Je trouve que "Exact, en effet." n'est pas très beau à l'oreille.

Mike a écrit:
Je peux vivre moi
Mike a écrit:
J'ai choisi de vivre
Mike a écrit:
Je choisis de vivre

La répétition est voulue ?

Et je trouve bien le comportement stoïque et froid d'Eris à l'égard de son ancien amant. Comme si elle en oubliait sa partie humaine pour devenir une déesse justement, mais pour mieux marquer ce basculement, je l'aurais faite moins bavarde. Et cela ferait un parallèle avec Zeus qui au contraire mime le comportement humain.

Mike a écrit:
Il n'avait plus qu'une vie vacillante brisée

J'aurais même mis "il n'ETAIT plus qu'une vie vacillante, brisée". ca montre qu'il est une nouvelle victime de Zeus.

Mike a écrit:
Cycnus prenait conscience qu'Éris avait fait son choix depuis des jours et qu'en son fort intérieur il s'en doutait lui aussi

J'aurais entouré "en son fort intérieur" de virgules.

Mike a écrit:
Il avait vaincu le chaos mais le néant l'empoignait

Succès total

Mike a écrit:
— Vous pourriez me l'apprendre ?

Là, j'ai mis 5s à comprendre qu'elle parlait de la télépathie.

Voili voilou Succès total

Haalysse Salut
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