[Musique] "La vie, c'est toujours les mêmes chansons"- Brassens.

Nantes de Barbara






Cette chanson est tirée d'une triste histoire. Il faut connaitre un peu la vie de Barbara pour la comprendre. La chanson est extrémement bien écrite. Quand Barbara était jeune, elle était victime de sévices sexuels de la part de son père - elle en parle dans la chanson l'Aigle noir. Personne ne l'a su avant qu'elle se confesse dans ses mémoires. Je ne sais pas d'ailleurs si elle a finit de les écrire. Elle est morte un peu avant la fin, m'enfin je ne suis pas sûre de ce que je dis là-dessus... Si je me souviens bien, son père les avait quitté sa mère et elle, lorsqu'elle était encore adolescente d'où le "vagabon". Des années plus tard, elle reçoit un appel au petit matin qui lui annonçait que son père était malade et qu'il demandait à la voir. Lorsqu'elle fait le trajet jusqu'à l'hopital, elle se rend compte, qu'en fait, il était mort bien avant et qu'il ne l'avait jamais demandé. Les médecins et infirmiers avaient dit ça pour des raisons administratives. Elle parle de "voyage" pour parler d'un simple trajet en train, elle dit "le teint blafard" de Nantes. Elle associe Nantes à son père mort. "25 Rue de la Grange-au-loup" qu'elle répéte, ritournelle, est une rue qui n'existe pas, c'est très imagée et facile à comprendre. Il me semble qu'une fois la chanson connue, une rue a été nommé comme ça à Nantes mais je n'ai pas eu le plaisir de vérifier ça. Au final, elle a finit par l'enterrer quand elle dit "je l'ai couchée sous les roses" et on comprend qu'elle lui pardonne parce que c'est son père et que sur le moment, elle était très émue.


En fait, il s'agit un peu de sa chanson de consécration. La première fois qu'elle l'a chanté, c'était dans une espèce de Star Academy de l'époque. Quand elle a commencé à la chanter, il y a eu un silence quasi religieux dans la salle et pas un bruit jusqu'à la fin de la chanson. Elle a eu une innovation à la fin.



Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était encore inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:

"Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."

A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m'en souviens du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir

Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard

Pourtant j'étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà, tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un "je t'aime"

Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin.


EDIT :


Je viens de vérifier, j'avais bien compris ce qu'on m'avait dit :

"22 mars 1986, le lendemain de la représentation de Lily passion à Nantes, Barbara assiste avec Gérard Depardieu à l'inauguration de la rue de la grange au loup à Nantes. Cette rue est dans un quartier neuf de la ville [vers une promenade rue de la grange au loup]. Elle est émue."