La femme sans visage

Quitte à écrire un texte autant qu'il soit commenté. Texte écrit à l'occasion d'un devoir de Tron portant sur le portrait.


La femme sans visage

C’est une femme sans visage, sans expression. Une pellicule de peau masque sa frimousse. On ne voit pas ses yeux, ni sa bouche, ni son nez. Pas même ses sourcils. Pourtant tout cela elle en est dotée mais ça n’apparaît pas. C’est comme si cette fine couche de peau laissait voir mais ne se ne laissait pas voir. Cette jeune fille aime, déteste, se fâche mais aucune émotion ne transparait. Parfois quand elle est toute seule face à son miroir, elle s’amuse amèrement à se maquiller grossièrement comme le ferait une fillette. Mais au lieu de se mettre du fard à paupières elle se dessine ses yeux, se constitue une bouche. Elle envie les gens qui pleurent, les vieillards marqués par les rides ou les personnes couvertes d’imperfections. Elle, reste lisse alors qu’elle bouillone de l’intérieur. Sa figure, elle la recherche et la trouve à travers ses cheveux, son corps et ses vêtements : artifices faciales de substitution. Ils sont là pour la décrire, pour brosser son portrait, son moral, sa personnalité. La plupart de ses habits sont plutôt voyants, très colorés. Bien qu’elle souhaite ne pas se faire remarquer, elle a besoin de cette explosion d’émo-couleurs pour sa santé mentale. Ca lui permet d’exprimer qui elle est, ce qu’elle ressent. Ses cheveux mi- longs noirs sont une délivrance pour elle. Ils sont toujours détachés afin de masquer son absence de traits mais elle les agrémente de perles et de barrettes de toutes sortes. Elle se sent à l’aise, sa noirceur la protège, elle fait plus sauvage et se fait moins accoster que si elle était blonde, pense t’elle. Elle aime porter des lunettes de soleil, avec, tout le monde croit qu’elle a des yeux derrières ces vitres fumées. Elle a l’impression d’être un escroc, d’usurper son monde mais savoure ce soupçon de normalité. Elle préfère les bêtes aux humains car eux n’en ont que faire qu’elle n’ait ni pupille, ni museau. Elle préfère s’isoler ne plus voir ces autres qui la dévisagent. Alors elle ferme ses yeux intérieurs pour oublier. Son passé d’ abandonnée. Récupérée par une vieille aveugle.Sauvée des services sociaux qui s’ils l’avaient trouvé l’auraient euthanasié ou exposé tel un animal de foire ou de science. Elle remercie ce semblant de chance d’avoir été trouvée. La vieille l’appela Olivia. Elle estima que O. lui allait mieux, tel Joseph K. dans le Procès qui n’avait aucune prise sur sa destinée. Elle se rendit vite compte de son handicité, l’atrocité en handicap. Elle sauvait les apparences en faisant croire qu’elle allait à l’école alors qu’elle se dirigeait vers les étagères de la bibliothèque. De même O. avait vite développé une aptitude à la ruse afin de ce débrouiller dans ce monde qui l’avait fait immonde. Ses longues journées de rat de bibliothèque avaient renforcé le teint clair de sa peau. Lorsqu’elle tourne les pages d’un livre, elle admire tant l’ouvrage que ses mains qui sont si bien dessinées avec la marque de ses phalanges et la couleur de ses ongles peints. Le visage de ses mains la rassure. Elle aime ces humains de papier avec tous ses personnages si abordables. Elle se voit avec leur trait. Elle préfère entendre de bons mots plutôt qu’assister à un spectacle d’humour basé sur la gestuelle ou fait d’imitation. Sentir sa gorge se distendre sous le rire la fait revivre.
Sa passion c’est le dessin, la confection, l’illustration. Elle fait elle- même ses vêtements, patchworks de différents tissus. Elle s’improvise des colliers afin de mettre en valeur ce cou et cette gorge qui remplacent cette bouche si transparente. Elle voudrait se faire tatouer pour être marquée, existée.
Olivia est plein d’inventions mais elle a toujours peur. Panique d’être découverte, enfermé.
Même si elle se voit comme un monstre, elle veut être libre, elle ne fait de mal à personne hormis à elle-même.
Son âge lui se lit dans son corps, ses courbes. Elle est de taille moyenne, sa physionomie indique qu’elle fait du sport. Même si elle sait que jamais on ne la touchera, elle veut garder un corps attractif, être séduisante. O. se fait une joie d’exposer ses longues jambes, parsemés de grains de beauté, à la vue de tous par le biais de jupes courtes. Elle a l’air d’une catin comme ça mais elle ressemble au moins à quelqu'un. De biais, sur le côté, si on devait l’imaginer en portrait c’est comme ça qu’elle poserait.

Principe et thème intéressants.

Bon, il se fait tard, donc je vais être bref. Et j'espère que ce texte sera commenté après moi ! ><

Principes d'identification, de malaise et d'ambiguïté soulevés avec brio, tact, et doigté. Un début de texte qui part bien, voire très bien, avec une entrée en la matière rapide et sans douleur. Viennent ensuite quelques répétitions, qui toutefois, ne nuisent pas à la compréhension, et s'estompent vite pour faire place à de la narration pure et simple sur l'historique du personnage.
Les bases sont posées, et bien posées. je regrette juste le jonglage avec les temps un peu hasardeux parfois, ou volontairement chaotique peut être ?

Petite contradiction ensuite, avec une O. très renfermée, qui finalement, parait exubérante, ou plutôt, qui n'a pas peur de se montrer en public. En vérité, et où le tout est bien démontré, c'est que O. n'a pas peur de l'extérieur, d'être madame tout le monde dans une rue : elle est a peur d'être quelqu'un de précis, une personne particulière. Ce statut induit une relation privilégiée avec d'autres individus, et cela lui pose, on peut le comprendre problème.
Un paradoxe fondamental du personnage, que tu parviens à mettre en relief.

Le ressenti de O., ou plutôt, les amalgames de sentiments dont elle peut être la source, sont un autre aspect prenant du texte. Peut être qu'il y a un léger manque d'implication dans la façon de narrer tout cela, d'incarnation du personnage, mais dans l'ensemble, le manque qui habite cette femme sans visage atteint le lecteur. L'usage de barbarismes tel que "handicité" renforce l'idée de "monde à part", de "l'autre coté du masque". D'inconnu somme toute...


Et pour la mise en page, un saut de ligne entre les paragraphes ?