Tout est calme.

L’embarcation tangue délicatement sur l’océan, au rythme de l’onde des vagues. De l’écume blanche et moussue, ressemblant à de la neige, bouillonne contre la coque en bois. La pureté de ces flocons marins jure avec la peinture défraichie du navire.

Autour, on n’entend plus que le souffle du vent. Et ce son, ce bruissement caractéristique propre aux grandes étendues d’eau. Celui-là même que l’on perçoit également dans les forêts les plus profondes, en fermant les yeux. La douce frénésie qui agite des milliers et des milliers de feuilles, pour finalement donner corps à un subtil murmure.

Les marins, sur le petit bateau perdu au milieu de l’immensité bleue, se sont désintéressés de leurs corvées. Ils contemplent ébahis l’horizon de plus en plus sombre. Une immense lame de fond, haute comme une montagne, leur fonce dessus.

Un grondement sourd se rapproche alors que les tréfonds de la vague roulent à la manière d’un tambour. Une gueule béante se forme, prête à les avaler. Pourtant, aucun homme ne bouge, trop perdu dans ses propres pensées.

Il semble que chacun désire profiter de ses derniers instants, seul. Un étrange caprice de l’homme, qui pourtant toute sa vie durant cherche à s’entourer. Qu’importe, ce petit geste d’égoïsme individuel s’inscrit dans l’harmonie qui règne à la surface de cet océan. Le silence est roi.

Néanmoins, même l’éternité est éphémère. La forteresse d’eau se meut en direction de l’embarcation, toute assoiffée de destruction qu’elle est. Le bruissement marin s’éteint progressivement pour ne plus laisser place qu’à un sourd grondement. Le tambour roule.

L’écume bouillonne et mousse. Les flots ballotent de légers morceaux de bois à la peinture défraichie. Tout est calme.

Je vous remercie tous les deux pour vos commentaires.

Pour répondre à Cordelia, il est en effet vrai que certaines structures sont de piètre qualité. A vrai dire, je n'étais moi-même pas satisfait de tout en postant. J'ai eu peu de temps pour la rédiger (pré-rentrée associative de ma fac). (j'aime bien "pureté" comme mot moi =°)

Green : la césure brutale et l'opposition entre le calme et l'immense vague est réalisée sciemment. Quelque chose qui arrive doucement, mais dont on doit sentir la brutalité, et qui repart aussitôt. Peut-être que c'est en effet "trop saignant" mais je voulais que le lecteur soit confronté au problème d'un coup. Il prend conscience du raz de marée comme les marins le font de leur mort imminente.

Encore un pwik pour vous deux