Demain, gamin, demain

Tu as tué mon temps, gamin. T'es venu, tu dis rien. Tu restes là tes yeux plantés dans les miens.

J'ai froid. J'ai trop froid, gamin. Mes os sont ridés de s'être trop pliés, plus tordus encore que tes sourires glacés.

Tu m'uses, gamin. Ça t'amuse de voir le vent mesurer mon âge aux grimaces qu'il emporte ? Ça t'amuse de compter sur mes joies absentes l'insomnie qui me hante ?

J'ai peur, gamin. J'ai peur. Je ne connais rien d'autre. Pas d'ailleurs. Pas de repos, pas de paix. J'ai passé ma vie à nous déchirer. Déchiré je finirai.

Tu pleures, gamin. Tes si petites mains. Crispées, je les vois. Je ne vois plus que ça.

Et oui, je meurs, gamin. Mais ne t'en fais pas. Ce n'est rien. Il ne se passe rien. Il n'y aura plus rien. Il ne m'arrive rien.

Tout va bien, gamin. Tout va bien.

Le début m'a touché, je me suis sentie pénétrée par tes rimes, et par la souffrance qu'elles cachent. tout cela sonne comme un air de musique, avec les débuts de phrases qui commencent par "gamin" :

Citation :: Tu as tué mon temps, gamin.

Par ailleurs, certaines choses me paraissent superflues, la fin surtout, la répétition du mot "rien" semble casser tout le rythme que tu avais installé auparavant et c'est dommage D:

Je suis assez d'accord avec mellekoko : on sent bien le rythme musical, une rengaine mi-enjouée, mi-triste qui s'installe en arrière plan.

La transition est intéressante : il n'y a pas de pardon, juste un constat, celui de l'échec, de l'amertume qui finalement va se transformer en une libération dans la souffrance.

Et c'est aussi vrai que les phrases courtes à la fin casse un peu le rythme (c'ets une impression où tu joues pas mal de cette figure de style ces derniers temps ? j'ai comme l'impression d'avoir déjà lu ça dans un article à paraître au prochain journal ^^ )

Blabla, dvb. Prout.

C'est une figure de style que j'utilise très souvent, elle me vient facilement. Une habitude de plume, qui a les qualités de ses défauts.

Pour répondre à vos remarques sur le rythme, il est vrai que la dernière partie rompt la rythmique présente dans les phrases précédentes, en installant une litanie plus courte, plus répétitive, plus hachée. Je ne vais pas dire que c'était hautement réfléchi de ma part, mais c'était tout de même voulu. Alors qu'au début le vieux s'adresse au gamin, de manière un peu agressive, la fin est plus intime, moins incisive. Le vieillard essaie au final de se convaincre lui même que sa mort n'est pas si grave. Pas si effrayante. Une rengaine comme une prière ou une formule magique. Mais entre mes envies de poètes et vos sensibilités de lecteurs, il y a manifestement eu problème de communication. Zut !

Merci pour vos commentaires. Mentor

Je ne pourrai que difficilement commenter la forme de ce poème, tant je suis absorbée par l'émotion qu'il me procure.
Il est vraiment rare que des textes me fassent cet effet là et, bien que mon avis ne vaille que ce qu'il vaut, je trouve ce discours bouleversant.

Au début du poème (et même un peu après), bien que les phrases un peu abruptes du vieux pourraient sonner comme un reproche, on a tout de même l'impression qu'il ne fait que 'taquiner' l'enfant.

Citation :: T'es venu, tu dis rien. Tu restes là tes yeux plantés dans les miens.

Dans ce vers particulièrement, je crois ressentir une sorte de gêne de la part du vieux. A la fois content que "le gamin" soit venu à son chevet en cet instant fatal (la fatalité ressort beaucoup de ce texte), et embarrassé de ne savoir comment lui expliquer qu'ils vont devoir affronter la mort (l'un acteur, si on peut dire, l'autre spectateur de cette mort). Et ce vers me paraît donc particulièrement efficace.

On dirait en fait que le vieux prend le gamin dans les bras de ses mots pour le rassurer, et pour s’apaiser lui-même.

Bref, ça ne me laisse pas de marbre. ^^'

Merci, Oxalys. Peintre

Je suis contente que ce texte te touche autant.

» Nirwar d'hier, Mostenfer de demain