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 Zolaurai un jour, Zolaurai...

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Teclis
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MessageSujet: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeJeu 12 Avr - 14:50

Comme je m'ennuie ferme au milieu de cette période de partiels, que j'ai déjà plein de projets en retard, que je suis capricieux et que cette bon dieu de section n'a pas vu d'animation depuis 3 mois environ, je défie le détenteur du trophée Zola en duel. Me semble que ce sera une bonne occasion pour les lecteurs de Dvb (haha, jeu de mots) de lire l'un de ses délicieux textes.

Pour le reste, je lui laisse, comme c'est son droit, le choix des armes (sauf l'anti-puces s'il te plait). Chien
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dale cooper

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MessageSujet: Re: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeJeu 12 Avr - 23:34

Ah !

ça faisait longtemps ouai !

Laisse-moi réfléchir à un sujet et une contrainte !

Je relève d'ores et déjà le défi ^^
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dale cooper

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MessageSujet: Re: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeJeu 12 Avr - 23:54

"CRISE D'IDENTITE" sera le sujet

Le récit comprendra trois chapitres. Il débutera sur Facebook, se poursuivra autour d'une ou plusieurs tables et se terminera dans un lieu public que toi et moi, écriveurs, affectionnons particulièrement.

L'un des personnages s'écriera "De toute façon Ginette est une salope !"

Il sera interdit d'utiliser le verbe faire.

Les prochaines semaines s'annoncent déjà compliquées pour ma part : je serai absent jusqu'à la fin mai. Aussi je pense qu'une échéance au 30 juin me semble raisonnable.

Tu l'as voulu, tu l'as eu !




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Teclis
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MessageSujet: Re: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeDim 15 Avr - 14:21

Ouch, ça risque d'envoyer de la saucisse tout ça ! Bon, ces conditions me vont, ainsi que l'échéance ! Que le meilleur gagne !
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dale cooper

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MessageSujet: Re: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeSam 30 Juin - 0:18

Bon voilà !

C'est fait.

L'échéance c'est dans 42 minutes.

Moi je suis ok...

... et toi ? Le seras-tu à temps ?!
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Mike001
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MessageSujet: Re: Zolaurai un jour, Zolaurai...   Zolaurai un jour, Zolaurai... Icon_minitimeDim 1 Juil - 1:44

Du fait de l'absence de texte de la part de Teclis, seul celui de dvb est en lice et ce dernier remporte donc automatiquement le Trophée Zola.

Félicitations à lui pour avoir rendu ledit texte dans les temps et avoir respecté les consignes.


Citation :

"CRISE D'IDENTITE" sera le sujet

Le récit comprendra trois chapitres. Il débutera sur Facebook, se poursuivra autour d'une ou plusieurs tables et se terminera dans un lieu public que toi et moi, écriveurs, affectionnons particulièrement.

L'un des personnages s'écriera "De toute façon Ginette est une salope !"

Il sera interdit d'utiliser le verbe faire.




______________________________







I - Sur Facebook


Citation :

J-C Méheult j’emmerde mon patron et je pisse à la raie de tous mes cons de collègues ! Marre de ce boulot de merde !

Vous et 17 autres personnes aiment ça


« Jean-Christophe ? Réunion à 14 heures dans la salle Alizée. Vous n’oubliez pas, hein ? Faudra aussi qu’on discute d’un petit souci avec votre récente promotion… »

Un petit souci. Avec sa récente promotion. Il n’en fallait pas plus à Jean-Christophe pour sentir le stress auréoler sa chemise de nouveau cadre moyen. Trois jours qu’il avait acquis ce nouveau statut dans la boîte, et déjà on lui parlait de « petit souci ».

A neuf heures un lundi matin, voilà qui augurait une belle semaine…

Aussitôt parti de son bureau, le Directeur de la Communication, laissa la place à Jean-René, l’ancien binôme de Jean-Christophe.

« Très fort mec ! Toi tu as le sens de la gratitude, aucun doute là-dessus ! »

Mais quoi à la fin ? C’était la journée de la soupe à la grimace aujourd’hui ?

« Mais qu’est-ce que vous avez tous ce matin ? On me reproche quoi exactement ?
- Bah qu’est-ce que tu crois ? Les murs ont des oreilles ici. Même les murs facebook !
- Facebook ? Mais c’est quoi ce délire ?
- Oh c’est bon ! Fallait être un peu plus prudent aussi ! C’est pas très malin pour un nouveau cadre de comm’ d’étaler ses états d’âme sur internet. Tu penses bien que le Directoire a des yeux partout. Comment tu crois qu’ils recrutent ! Ils sont attentifs à tout ! T’es bien placé pour le savoir en plus !
- Mais de quoi on parle au juste ?!
- Mais on parle de ta boulette sur ton mur facebook ! C’est déjà en train de tourner dans tous les couloirs ! En plus avec ta promo, ça attise les jalousies ! Y’a pas idée non plus d’être bourrin comme ça ! »

Jean-Christophe se massa les yeux et prit une profonde respiration avant de reprendre le plus calmement possible cette conversation sans queue ni tête.

« Peux-tu, s’il te plait, me dire précisément, de QUOI IL EN RETOURNE ?! »

Jean-René le fixa avec une expression indéfinissable, à mi chemin entre la perplexité et le mépris le plus total.

« Tu n’es pas au courant ou tu te fiches de moi ? »

Jean-Christophe fixa ses yeux ronds dans ceux de son collègue.

« Tu n’as aucune idée de ce qui se passe, hein ? T’es pourtant pas aussi stupide que ça… »

Le doute l’emporta sur toute autre considération. Dans un geste trop théâtral pour être sincère, le collègue de bureau sortit une feuille A4 soigneusement pliée de sa poche, la déplia et la déposa sur le bureau de son nouveau supérieur. Jean-Christophe s’en saisit avant même qu’elle ne touche le sous-main.

« J’emmerde mon patron et je pisse à la raie…
- … de tous mes cons de collègues ! Ca m’englobe aussi, je suppose ?
- C’est quoi le rapport avec moi ? D’où ça sort ça ?
- J-C Méheult. C’est bien toi, non ? Jean-Christophe Méheult !
- Méheust. Avec un « S »
- Ouai bon, t’aurai pu trouver mieux comme pseudo. Si tu crois que ça allait suffire pour brouiller les pistes.
- Mais c’est pas moi ! T’as idée du nombre de types qui peuvent s’appeler « J-C Méheult », avec ou sans S, dans ce pays ?
- Ouai mais pas de bol. Par un miracle ou par un autre c’est arrivé sur le bureau de Ginette très tôt ce matin.
- Comme par hasard ! Si ça se trouve c’est elle qu’il l’a bidouillé. Elle est tellement garce cette morue !
- Ouai mais c’est l’assistante de direction de ton chef !
- Secrétaire de service ! Il y a une nuance qu’elle n’a pas encore bien saisie…
- Pas de bol, elle est dans ses petits papiers et sa parole a valeur d’Evangile.
- Ses calomnies tu veux dire ! Elle raconterait n’importe quoi pour attirer l’attention ! Oh et puis merde ! C’est pas moi tu t’en doutes bien. Et de toute façon Ginette est une salope ! »

Jean-René plissa les yeux, comme pris d’une douleur soudaine. Déjà Jean-Christophe entendait le mitraillage des talons de l’assistante dans le couloir.

« C’est de moi qu’on parle ?
- Bonjour…
- Oui c’est ça ! Et en plus on joue l’innocent ! Bravo ! Je te félicite pas ! Grossier en plus ! Ca mon p’tit bonhomme ça restera pas lettre morte. Je vais en aviser la cellule anti-harcèlement ! Au fait, le patron te demande dans son bureau ! Immédiatement ! »

Le talonnage bruyant remonta le couloir jusqu’à l’antre de la mégère. Jean-Christophe dévisagea son collègue avec une moue dédaigneuse avant de se lever.

Qui que pouvait être ce J-C Méheult, il allait le retrouver et le traîner devant les Tribunaux !


* * *

« Avant toute chose Monsieur le Directeur, c’est pas moi !
- Ah mais si c’est vous ! On va pas revenir là-dessus. On a déjà tout entamé les démarches depuis un moment et croyez-moi vous n’allez pas vous défiler. Que voulez-vous : ce nouveau poste ce ne sont pas que des avantages, ce sont aussi des responsabilités et un devoir de respect envers l’entreprise. Vous l’avez voulu, maintenant il faut l’assumer.
- Mais euh… je vous jure. Il doit y avoir méprise. Vous n’allez pas croire toutes ces idioties.
- Ce sont peut être des idioties pour vous, mais la boîte doit se montrer respectueuse envers tous ses salariés. Vous devriez en faire autant. Je vous rappelle qu’avec ce poste vous représentez officiellement l’entreprise. Tâchez de ne pas l’oublier !
- Je n’ai pas à m’excusez pour des opinions qui ne sont pas de moi.
- Mais on ne vous demande pas votre avis !
- C’est quand même fort de…
- Ca suffit ! Vous cherchez quoi là ? Vous voulez qu’on vous retire le poste ? Avec un comportement comme ça je n’aurai aucun scrupule, vous le savez ça ? Bon assez parlé ! Vous allez prendre le chèque à la comptabilité et préparez vos affaires pour ce soir.
- Quoi ? Comment cela ? Non, non ! Je connais mes droits. Je sais qu’il y a des formalités à respecter. Vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi aussi facilement !
- S’il vous plait Jean-Christophe ! On en a déjà assez discuté. Ca suffit. C’est dit, c’est dit. Je n’ai pas que vous à gérer dans cette affaire !
- Ah bon ? Qui d’autre ? Vous surveillez tout le monde ou quoi ?
- Bah oui ! C’est mon boulot de manager. Et le vôtre c’est de faire ce que je vous dis. Allez, sortez maintenant. Et n’oubliez pas : réunion tout à l’heure avec les membres du comité d’entreprise.»

Incroyable. Jean-Christophe était en train de se faire limoger sans autre forme de procès, de la manière la plus expéditive qui soit et sans même pouvoir s’expliquer. D’ailleurs il n’y avait rien à expliquer. Cette histoire d’homonymie ingrate allait précipiter sa carrière aussi facilement qu’une fausse facture dans un broyeur.

Le reste de la matinée, Jean-Christophe Méheust la passa effondré sur son bureau, pianotant sur son ordinateur, à la recherche de son homonyme maléfique. En vain.

A l’heure de midi, Sidonie se présenta sur le seuil de son bureau. Sidonie était rattachée au service des ressources humaines, et accessoirement, la plus jeune des Délégués du Personnel, plutôt paradoxal comme double fonction. Il ne la connaissait que vaguement, à peine l’avait-il croisée plus de trois ou quatre fois jusqu’alors.

« Bonjour, Sidonie. Je me doute de la raison de votre venue ici…
- Bah oui c’est moi qui dois vous accompagner aujourd’hui.
- Je ne sais pas si je dois me sentir rassuré ou pas.
- Allez, venez on va manger. On parlera de tout ça à table.
- J’ai pas très faim !
- Oui mais la journée va être longue et j’ai besoin que vous soyez très attentif. Ca n’est peut être qu’une formalité pour vous, mais pour nos camarades ça compte beaucoup. »

Camarades. Quel mot désuet. Lui qui n’avait rien à se reprocher, devrait désormais composer avec un vocabulaire de lutte ouvrière et de syndicalistes à la noix. Il avait pourtant pris grand soin de ne jamais s’afficher avec les membres les plus velléitaires de la boîte. Il allait sans doute en payer les frais dès aujourd’hui.

Et pourtant tout ça n’était pas de son fait ! Quelle injustice.





II – A table


Jean-Christophe n’avait pas pipé mot dans la voiture. La jeune femme l’avait conduit jusqu’à un restau ouvrier, non loin du siège social. Elle avait pourtant tenté de rompre la glace en lui tenant des propos pour le moins… hors de propos. La pluie, le beau temps, le concours de peintures des ouvriers. Elle insistait beaucoup sur ce point. Le jeune cadre moyen se fichait allègrement des croûtes des dégénérés de l’usine. Il avait des soucis bien plus importants en tête, et cette pimbêche, aussi ravissante qu’elle fut, ne semblait pas prendre la mesure de la situation critique dans laquelle un stupide message électronique venait de le plonger. Deux phrases dont il n’était même pas l’auteur.

« Dites-moi Jean-Baptiste, vous les avez vu les œuvres du concours ?
- Hein ?
- Les tableaux, les dessins, les sculptures… vous les avez regardés au moins ?
- Mais qu’est-ce que j’en ai à fiche !
- Oh ! Ne dites pas ça. Il y en a de très réussis. Même si j’ai trouvé le jury un peu sévère, voire même trop classique dans ses choix.
- Je… je me sens pas bien. On peut parler d’autre chose ?
- Je ne vous pensais pas comme ça Jean-Baptiste. Je peux vous appeler J-B ? On vous appelle bien J-B, non ? Je trouve ça plus sympa.
- Mais je m’appelle pas J-B, ni Baptiste. C’est quoi encore cette histoire ?
- Vous n’êtes pas Jean-Baptiste ? C’est pas vous le correspondant de la chaine de production au siège ?
- De quoi ? Mais non ! Je suis Jean-Christophe Méheust ! Ou J-C Méheult, pour certains…
- Ah oui c’est vrai ! Désolée. On a changé le planning au dernier moment. Quoi qu’il en soit, c’est vous qui allez avoir l’insigne honneur de vous retrouvez seul sur scène tout à l’heure !
- Vous parlez d’un honneur ! J’y suis pour rien ! Vous comprenez ça ? Je n’ai rien demandé à personne ! C’est même pas moi qui ait… Ah ça m’énerve ! C’est n’importe quoi !
- Oui je comprends qu’on puisse être nerveux. A votre place je serai peut être un peu stressée aussi, mais rassurez-vous, je serai juste à côté de vous. D’ailleurs à propos, vous avez préparez un petit quelque chose ?
- Préparé quoi ?
- Bah… une petite intervention ? Un texte ? Un discours ?
- Oh hé ! Non !
- Mais vous comptez aborder le sujet sous quelle approche ?
- Je sais pas moi ! C’est votre boulot ça, non ? En tant que déléguée ou membre de la RH ? Je sais même pas à quel titre vous intervenez d’ailleurs !
- Oh, un peu des deux à vrai dire !
- Super ! C’est vraiment expéditif ! On voit bien avec quel sérieux la boîte traite ses salariés.
- Oui enfin, l’important c’est d’être là et de montrer à tout le monde que ça compte pour la Direction !
- Je vous trouve pas très rassurante. J’ai un peu de mal à saisir dans quel camp vous êtes, à vrai dire.
- Pardon ?
- Laissez tomber !
- Alors ? Votre intervention ?
- Déjà, je vais clamer haut et fort mon innocence. J’y suis pour rien et je tiens à ce que tout le monde le sache ! Ensuite, il est hors de question que j’aille chercher ce fichu chèque à la comptabilité ! Je suis même prêt à le déchirer devant eux s’il faut. Et puis enfin, c’est moi qui vais les menacer. S’ils continuent cette mascarade, je crois bien que je vais tout renverser !
- Mmm… L’humour. Oui ça peut être une bonne approche. On ne l’a jamais tenté, mais pourquoi pas. Après tout, c’est la première fois pour vous.
- Et j’espère la dernière !
- Ceci dit je crois que ça serait un peu extrême de déchirer le chèque. Oui bien sûr le montant n’est pas très important, j’ai déjà insisté sur cet aspect de mon côté, mais c’est avant tout symbolique. Ensuite, tout renverser... je crois qu’il y a beaucoup de gens qui se sont donnés du mal pour réunir toutes ces pièces. Ca serait manquer d’égard pour ces petits travailleurs de l’ombre.
- Vous n’allez quand même pas prendre leur défense ? Vous êtes une vendue ma parole !
- Non je n’ai malheureusement pas pris part aux décisions. Croyez-moi que si ça avait été le cas, le résultat aurait été bien différent !
- Mais… mais vous êtes une vraie ! Une vraie… j’y crois pas !
- Disons que j’ai une certaine vision des choses… je ne suis pas très académique c’est tout !
- Hé ben dis donc ! C’est peu de le dire !
- Merci ! Je prends ça comme un compliment ! »

Jean-Christophe resta coi devant la jeune femme et son aplomb. Ainsi, il n’y avait aucun espoir qu’on le prenne au sérieux. Pire, on lui avait collé entre les pattes la pire des défenses. Il n’allait pas être représenté par cette sorcière, mais bien crucifié ! L’appétit le quitta et il s’enfuit fumer dehors.





III - Vers un lieu apprécié


L’après-midi ne fut qu’une longue succession de remontées gastriques dans l’œsophage de Jean-Christophe. Le feuillet A4 soigneusement déplié sur son bureau, le jeune homme n’avait plus goût à rien. Il s’était résigné à subir une procédure aussi fugace que ridicule. Il rechercha tout de même les coordonnées de la Direction du Travail, des Prud’hommes et d’un avocat spécialisé en droit social. La partie se jouerait loin de son bureau et puisque le Directoire voulait tricher, il ne pouvait plus qu’espérer en l’équité des instances arbitrales. C’était trop bête.

A intervalles réguliers son organiseur de tâches le prévenait que la réunion de quatorze heures était retardée. A croire que même son chef voulait le faire tourner en bourrique. C’était navrant. Tout ça parce qu’une saleté d’arriviste en talons pointus l’avait confondu avec un inconnu. J-C se demandait ce qui était le plus méprisable : la méprise elle-même ou la bêtise de ses collègues.

Vers dix-sept heures, n’en tenant plus, il ferma sa session de travail et se leva pour rentrer chez lui, là où personne ne l’attendait, pas même des amis virtuels sur Facebook.

En descendant les escaliers qui menaient au hall puis au parking, Jean-Christophe croisa son chef. Il lui lança un regard on ne peut plus dédaigneux et méprisant. Le chef ne releva pas. Il semblait frénétique et accaparé par d’autres nécessités. Toutefois il le héla au détour du palier.

« Vous allez où Jean-Christophe ? Ca y est c’est l’heure !
- Désolé je rentre chez moi.
- Ah non ! On n’a pas le temps. On doit y être dans vingt minutes. Vous avez bien pris le chèque à la comptabilité ?
- Non.
- Bon pour aller plus vite on va y aller tous les deux avec une voiture de service.
- Non !
- Pas par là ! Le parking de la flotte est derrière. Allez venez.
- NON ! J’en ai strictement rien à fou…»

Sidonie, lancée par son élan, glissa sur le parquet de stuc lustré avant de manquer se casser la figure devant les deux hommes. Par réflexe, Jean-Christophe la retint, la sauvant ainsi d’une dégringolade certaine.

« Oh merci J-B »

Ses joues rosir un tout petit peu alors qu’elle se dégageait délicatement de l’étreinte.

« Tout le monde est prêt ? Je peux venir avec vous ? Le type du service de communication est déjà parti sans m’attendre.
- Mais non il est là. Enfin… il est un peu dans la lune. J-C je vous présente Sidonie, Sidonie, le gars de la comm’ »

Sidonie toucha ses cheveux pour en faire tomber une épaisse mèche devant les yeux. C’était sa meilleure façon de se cacher lorsqu’elle ne savait plus où se mettre.

Le chef poussa Jean-Christophe dans le bâtiment, jusqu’à une sortie de service qui donnait sur l’arrière-cour.

« Mais où on va au juste, finit-il par demander.
- Ben au musée d’art moderne, indiqua le directeur.
- Contemporain, rectifia la jeune fille.
- Mais pourquoi faire ?
- Pour que vous puissiez enfin remettre les prix du concours de dessins aux lauréats de l’usine ! Vous avez lu mon dernier mail ?
- Non… non, désolé Monsieur.
- Rassurez-moi, vous avez bien le chèque Jean-Bastien ? Pour le gagnant ?
- Le... le chèque ? Pour le concours ? Pas pour mon licenciement ?
- Mhmh ! C’est ça... vous l’avez J-B ?
- Non ! Je l’ai… oublié…
- Oh bon sang ! Quelle tête en l’air vous faites mon petit Jean-Christophe ! Allez vite le chercher, il est dans la grande enveloppe orangée, dans le bureau de Mme Labonne ; vous pouvez pas le rater. Pendant ce temps-là, Sidonie et moi on va démarrer la voiture. Rejoignez-nous de l’autre côté du bâtiment, ça ira plus vite. »

Jean-Christophe n’avait rien préparé pour son intervention. Le Directeur avait voulu profiter du concours annuel d’art plastique pour le présenter officiellement aux autres salariés. Il trouvait ça plus convivial et plus adapté pour un cadre du service de communication. Bien entendu les aigreurs infondées de Ginette, ne parvinrent jamais jusqu’à lui. Et à vrai dire, tout le monde s’en fichait, à part les deux ou trois professionnelles des gorges chaudes qui furent assez stupides pour y donner crédit.

Sidonie l’assista tant bien que mal durant la cérémonie improvisée. Jean-Christophe s’en sortit plutôt bien. Il était si soulagé d’avoir tout compris de travers et de ne pas être viré, que le sourire lui venait avec naturel. Les gens rirent poliment à ses traits d’humour approximatifs et les lauréats furent félicités. Seule Ginette et ses consoeurs restèrent de marbre, en prenant bien soin de ne pas se mêler aux autres salariés.

Un peu plus tard, à l’heure des flûtes et des petits fours, J-C se campa devant l’œuvre qui venait d’obtenir la troisième place. Il cherchait à en saisir le fond, ou la forme, il ne savait pas vraiment lui-même, mais la peinture lui parlait plus que toutes les autres. Il penchait béatement la tête à la recherche d’une signification cachée, mais au final il le trouvait juste beau.

« Moi aussi j’aurai voté pour celui-là ! »

Sidonie pencha la tête tout près de celle de Jean-Christophe, comme pour attraper le même détail qu’il étudiait dans la composition.

« Je serai incapable de dire pourquoi, mais cette toile me parle beaucoup…
- Moi non plus.. enfin si ! moi aussi elle me parle.. la toile. Vous savez Sidonie, je crois qu’au-delà des choses apparentes, trop faciles à interpréter ou trop insignifiantes pour être relevées, il se cache un tout autre sens. Plus mystérieux, plus indéfinissable et... et qui ne demande qu’à surgir pour révéler une toute autre vérité. En fait, il y a trop de mensonges, trop de méchanceté dans la vie quotidienne, dans les couloirs de nos entreprises ou ailleurs, pour laisser s’exprimer les plus simples et les plus pures vérités. »

Etonné lui-même par ce déballage de confidences et d’analyses bancales, Jean-Christophe se tourna vers le jolie visage de la jeune femme. Celui-ci rosit encore un plus, à cause du champagne, mais pas uniquement, avant d’afficher un franc sourire.

« Vous savez quoi ? Vous êtes un vrai poète J-B ! »
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