[Aeringor] Soir de juillet, 2007 [dramatique]

[HRP] Le choix de donner un prénom au personnage uniquement vers la fin est délibéré, mais ne me demandez pas d'expliquer^^ Autobiographie en grande partie, mais tout de même fictive vers la fin Enfin voilou, écrit hier, un soir de juillet, 2007 [/HRP]

Soir de juillet, 2007

Tout semblait indiquer que cette journée ressemblerait à toutes les autres…Il s’était levé, avait embrassé père et mère par obligation et avait tourné la tête lorsque son frère avait voulu lui dire bonjour. Pourquoi ? Simplement parce que son frère n’était plus son frère : c’était un de ces gamins juste bons à se payer sa tête. Ce fut le début d’une journée pénible, comme à l’accoutumée : le frère lui offrit une gentillesse pleine d’ironie mordante, question de lui rappeler qu’il existait. Il lui répondit de façon cinglante et les dix premières minutes de ce jour furent disputes et réprimandes, parents oblige…

Il s’était levé à 6h10, après avoir déjeuner, il alla prendre un bain, de 6h32 à 6h53, sortant de la salle de bain à 55, le temps de s’habiller. Comme toujours, son frère avait encore râler parce qu’il ne lui restait que vingt minutes pour utiliser la salle de bain. Ce que le frère ne disait pas, c’est que « môssieur » se décidait à se préparer à 6h45, et que tel un prince, il lui fallait libre accès tout ce qu’il voulait. Ce dernier se vengea en allant se plaindre : « maman, je dois utiliser la salle de bain et il prend encore un bain ! »

C’est vrai qu’il exagérait, un bain matin et soir ! Mais voilà, les petits cons de l’école s’amusaient à dire qu’il sentait mauvais, et donc il fallait qu’il fasse l’impossible pour être sûr que ce n’était que des médisances… Sa mère ne tarda pas à venir l’engueuler en lui rappelant le montant de la dernière facture d’eau…Puis pour bien enfoncer le clou, ce fut au tour du père d’en rajouter une couche parce qu’il prenait trop d’eau chaude. Bien sûr ! Le père prend de l’eau à…disons 27 degré, c’est donc inconcevable que le fils la prenne à 35 ! Bref, matinée habituelle, il ne répond même pas à ses parents : quand il le fait, il se fait engueuler. Ca ne les empêche pourtant pas de le réprimander parce qu’il ne dit rien…

A 7h00, il sort et s’installe à l’ordinateur pour cinq petites minutes qui, il le sait, le mettront en retard…Mais le pc, c’est sa consolation : dans la vie virtuelle, on n’a pas l’impression de décevoir quoique l’on fasse ou soit, on est pris pour ce que l’on est, on se connecte et dans le même temps, on se déconnecte du monde réel. C’est ainsi que cinq minutes se changent en dix et qu’il doit courir pour attraper le bus…

A l’école, il pense au moment où il retrouvera ses amis du net, pour ne pas entendre les railleries des autres élèves. La journée ne passe pas vite lorsqu’on a que les profs à écouter, mais il supporte : plus que quelques heures et il sera bien, sur le net ! Seulement voilà, en rentrant, papa et maman ont interdit l’accès à l’ordinateur pour une durée indéterminée. Motif : il est temps qu’il reprenne une vie un peu plus normale…Mais la vie normale est cruelle et insipide, elle est repoussante…

Jérôme a appris une chose en choisissant de se taire : il faut toujours écouter ses parents, parce qu’ils ont toujours raison, même quand ils ont tort. Cette phrase, ils la lui ont souvent fait comprendre, sous plusieurs variantes… Alors Jérôme continue à se taire et monte dans sa chambre. Il doit se déconnecter de ce monde ! Lorsqu’on envoie des signaux que la connexion se coupe, il n’y a plus de communication possible : ceux-ci se perdent ou arrivent trop tard…Ceux de Jérôme, pourtant réels et pas virtuels, semblent avoir subi cette coupure…

C’est un soir de juillet, Jérôme est mort, maintenu à la verticale par un câble qui entoure son cou. Dans sa main, un billet avec cette phrase terrible : il faut toujours écouter ses parents…
Pourtant, ceux-ci ne liront jamais ce billet…parce qu’ils verront ces quelques mots écrit en grand sur le mur de la chambre, par la main tremblante de leur fils, telle une horrible leçon :