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| Monologue -inachevé- à deux | |
| | Auteur | Message |
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drahac
Nombre de messages : 3 Age : 32 Date d'inscription : 28/05/2009
| Sujet: Monologue -inachevé- à deux Ven 29 Mai - 12:35 | |
| - J'ai fait l'amour avec tant d'hommes que j'ai oublié leur prénom.
- J'ai fait l'amour avec peu d'hommes mais je n'ai pas voulu savoir qui ils étaient
C'est vrai, tu ne les as jamais considérés comme ayant des sentiments. Ils étaient là, à toi et toi tu étais là pour eux. Faire l'amour te dégoutait.
-C'est devenu une souffrance physique.
Si au moins tu les avais aimé.
-J'ai connu l'Amour.
L'amour douloureux, l'amour-angoisse, et tu as su que c'était ça, l'amour. Tu l'as su avant de toucher du doigt le bonheur.
-Je me suis blottie dans ses bras, dans son odeur. J'ai fait l'amour avec lui et j'ai trouvé ça bien. J'ai considéré le soleil et j'ai vu qu'il brillait plus, qu'il brillait mieux. J'ai été heureuse.
Et maintenant, tu vis.
-Toujours la beauté de mes rêves avait déçu mes espoirs d'une vie douce et paisible. Ce que tu vois et que tu n'as pas. Cruelle utopie! j'avais aimé ceux que j'imaginais, et puisque je les imaginais, ils me semblaient toujours parfaits. J'avais aimé vivre de palpitantes aventures et...
Tu ne voyages même pas. Passer deux jours avec quelqu'un te rend malade. Sans ta routine, tu serais perdue.
-C'est vrai. J'ai peur de sortir... J'ai peur de n'avoir rien à quoi me raccrocher. Maintenant, c'est différent. Avec lui, mon centre de gravité ne se trouve plus dans un monde imaginaire. Encore une fois, je vis. Mais cette passion est bien trop grande pour moi. Une si grande passion dans un petit bout de fille, vois-tu? Seulement, en me déchirant, elle me fait grandir. Elle brise mes côtes, je peux respirer; elle brûle mon cerveau, je peux réfléchir. Enfin je vois, enfin je sens. Inachevé | |
| | | Tr0n
Nombre de messages : 3306 Age : 44 Date d'inscription : 13/03/2008
Personnages RP Pseudo: Sucedebout Pseudo : Grocube Pseudo : Tron
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Ven 29 Mai - 12:45 | |
| Argh. Argh !
Bon. - Citation :
- J'ai fait l'amour avec lui et j'ai trouvé ça bien
Cette phrase aussi simple qu'elle puisse paraître m'a fait bander. C'est rare. On va m'affubler une nouvelle fois de tous les sobriquets pour avoir engagé ainsi la discussion avec une nouvelle venue (et pire encore me dire que je ne suis gentil qu'avec les femmes) mais comme je lis tout, aujourd'hui c'est ce texte qui va en prendre plein la poire. Ou pas... Très sérieusement il y a du potentiel, et c'est cette petite phrase simple qui me le fait "croire". Soyons bref, je n'ai guère de temps à consacrer à de longs commentaires : simplifie les éléments de ton écriture pour faire comme dans cette phrase. Le pseudo-dialogue est intéressant, c'est une idée originale, prélude à un "bon" texte. Retravaille donc un peu selon cet axe. En plus tu tombes en plein dans ma période Le Clézio, c'est à dire "simplification", "écriture aux phrases courtes qui envoie du pâté".
En tout cas cette phrase est délicieuse.
Bienvenue.
PS : Petit exemple de correction. Quitte à avoir un vocabulaire simple, autant faire des phrases simples qui sonnent juste : "J'ai connu tant d'hommes. J'en ai oublié leur prénom".
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| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Ven 29 Mai - 18:59 | |
| Alors. Du côté de la correction de la langue, je n'ai rien à redire, ce qui est en soi un bon point. Néanmoins, s'il n'y a pas de fautes, il n'y a pas non plus d'éclats de génie, pas de phrases à l'emporte pièce, pas de perles. Ton écriture a quelque chose de maîtrisé mais d'un peu banal, et je pense que tu en conviendras toi-même, si tu prends le temps de te pencher une minute sur ce que tu écris: - Citation :
- Ils étaient là, à toi et toi tu étais là pour eux.
Un chiasme bateau. Eux pour toi et toi pour eux. - Citation :
- L'amour douloureux, l'amour-angoisse, et tu as su que c'était ça, l'amour.
Une petite anaphore du mot "amour", avec une dislocation droite, juste pour ceux qui n'auraient pas bien compris de quoi tu parles. L'amour c'est l'amour, nous dis-tu, rien que ça. Méfie-toi de ces aphorismes "faciles". - Citation :
- Et maintenant, tu vis.
Encore une dislocation qui, avec une emphase un peu creuse, sonne comme un "la vie c'est beau". Etc, etc... Ces phrases qui jalonnent ton monologue à plusieurs voix sont finalement assez faciles à commenter: ce sont des emprunts, des lieux communs, de petites sentences toutes faites, que tu as cousues gentiment les unes aux autres ; dans l'absolu, le travail de création ou de re-création est nul - pas au sens de mauvais, au sens d'inexistant. On me reprochera de faire dans la formalisme outrancier si je ne glisse pas un mot sur le fond - à ma décharge, s'il m'arrive souvent de ne rien dire du fond, c'est qu'il n'y a pas grand chose à en dire. Convenons qu'une sexualité malheureuse, la rencontre inopinée du grand amour, et l'éloge de la vie, cela n'a rien de bien transcendant. Ce sont des thématiques que Tf1 et M6 maîtrisent bien aujourd'hui. Est-ce à dire qu'il ne faut plus parler d'amour ? Non, bien sûr, mais s'il faut parler du sujet le plus commun de notre littérature, autant le faire avec style. Sur ce point, je citerais volontiers Flaubert: Il n'y a ni beau ni vilain sujet, le style étant à lui tout seul une manière absolue de voir les choses.J'aimerais surtout, drahac, que tu ne te formalises pas d'un commentaire qui peut, je le conçois, te paraître assez abrupt. Je partage l'opinion de Tr0n, je pense que tu pourais faire quelque chose de ta plume, que tu possèdes en tout cas une maîtrise suffisante pour t'essayer à cet exercice. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire de ce potentiel une oeuvre mûre et intéressante, en un mot, un objet d'art à part entière. S'il ne faut retenir qu'une chose de mon intervention, que ce soit la suivante: méfie-toi du danger de la simplicité, méfie-toi de ces grands sujets que l'on déballe pompeusement et dont le traitement s'avère souvent assez creux. Ecrire sobrement, ce n'est pas être simple. PS: Je te relis, et il y a tout de même une phrase qui, il me semble, se distingue du reste: - Citation :
- J'ai considéré le soleil et j'ai vu qu'il brillait plus, qu'il brillait mieux.
Briller plus, briller "mieux" - épanorthose. Il y a un véritable travail de création dans le rapprochement d'un objet inanimé - le soleil qui "brille" - et d'un adverbe de qualité - "mieux" - qui devrait en toute logique se rapporter à une activité humaine, puisqu'il comprend une idée de jugement - ce que je fais est bien ou n'est pas bien. L'on voit clairement affleurer, dans cette luminosité qui s'humanise, l'allégresse du personnage, qui pulse, qui enfle jusqu'à contaminer le paysage même. L'effet est très ponctuel, mais réussi. Giraudoux est assez friand de ce genre de choses. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Dim 31 Mai - 2:17 | |
| Et sur le danger de cette emphase romantique, j'ai une pensée de Lautréamont: « Ce sont des mots comme celui de rêve, néant de la vie, passage terrestre, la préposition peut-être, le trépied désordonné, qui ont infiltré dans vos âmes cette poésie moite des langueurs, pareille à de la pourriture. » | |
| | | Cassiopée Héliaste
Nombre de messages : 9868 Age : 66 Localisation : Les pieds sous l'eau, la tête au delà des étoiles. Date d'inscription : 05/01/2008
Personnages RP Pseudo: Cassiopée Pseudo : Maelun Pseudo : Lucia
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Dim 31 Mai - 2:23 | |
| Et de la pourriture jaillit la vie.... Sans elle, pas de renaissance. Le romantisme est sans doute indispensable pour cette touche de réalisme dont on peut être friand. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Dim 31 Mai - 14:14 | |
| Les romantiques n'étaient pas vraiment connus pour leur sens des réalités. Le romantisme c'est la fin du XVIII et le début du XIXe, le réalisme français c'est plutôt la fin du XIXe avec Zola ou Flaubert. Tout le XIXe grossomodo se fascine pour la pourriture, mais dans le cadre de cette citation de Lautréamont, ce n'était pas exactement un compliment. | |
| | | drahac
Nombre de messages : 3 Age : 32 Date d'inscription : 28/05/2009
| Sujet: réponse Mar 2 Juin - 18:26 | |
| Tout d'abord merci à vous d'avoir pris le temps d'envoyer une réponse à mon premier texte, alors que l'on m'avait par ailleurs recommandé de lire plusieurs de vos commentaires comme les meilleurs D'autant plus que dans ce texte, en effet, aucune recherche stylistique, aucune prise de risque, rien de tout cela, et bien entendu la phrase qui t'a plu n'était pas volontairement construite de cette façon Je m'étais attendue au jugement d'un adolescent aux mêmes problèmes idiots -adolescents- que moi, et j'ai été effrayée par ce jugement objectif. Je ne pensais pas mon texte de beaucoup de valeur syntaxique, mais seulement sentimentale. Finalement, un problème banal, d'adolescent banal (un peu moins banal pour moi que pour les autres, voilà tout). J'essaierai de publier tout de même un nouveau texte, mais je suis tout de même heureuse que l'on aie pu m'encourager à continuer tout en m'améliorant Merci encore! Quant au Romantisme, je ne prétends pas en faire: j'admire seulement le contexte historique qui a pu conduire les hommes à de telles pensées, à peu près de la même façon que j'admire la part biographique dans un tableau. | |
| | | Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Monologue -inachevé- à deux Mar 2 Juin - 20:27 | |
| Le cancer du jeune écrivain, c'est de se croire formé. On a tous je crois cette tentation. A rebours, il me semble que reconnaître que l'on a du pain sur la planche, cela revient à se hisser sur la voie de l'excellence. L'écriture, cela se travaille, autant que cela se cultive: écrire beaucoup et lire autant. Il n'est de mauvais écrivain que celui qui renonce à travailler.
N'hésite pas à publier des oeuvres. Si nous pouvons t'être utiles par nos commentaires, nous le ferons avec joie. S'il nous arrive d'être durs dans nos critiques, nous ne sommes pas méchants, et nos reproches ne sont jamais gratuits. Nous savons à l'occasion nous montrer enthousiastes devant ce qui nous plaît - Tr0n est enthousiaste sous le niveau de la ceinture, c'est un début, qui a dit que la critique littéraire était assexuée ?
Au plaisir de te lire. | |
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