Souvenir de Vacances

Les vacances, c’est la période où les imbéciles heureux ont toujours raison. Où les gens souriants qui se taisent, une guitare à la main et des lunettes sur le bec, me semblaient les plus appréciables. Pourtant, on en voit de ces gens qui viennent s’agglutiner dans les campings pour y crier tous ensemble qu’ils y sont trop peu de temps, que le travail qu’ils sont abattu toute l’année ne vaut pas ce ciel mi-gris et que les mouettes crient plus fort qu’eux… Moi, je préférais les mouettes.

Je mangeais ma glace en regardant les hommes raconter à la mer leurs soucis de bureaucrates ou la peine qu’ils avaient à ramener leur femme chaque année. Elle, elle répondait toujours par le même soupir exaspéré et répétitif… Je ne crois pas qu’elle, la grande, la belle, se soucie des problèmes personnels, mais elle est sans nul doute bien plus forcée d’écouter que ceux qui le devraient.

Coté rue, ce n’était guère mieux. D’autres encore survolaient à peine ce qu’ils étaient sensés venir voir, bien trop concentrés sur leur nombril en se demandant comment le faire avancer sans trop bouger les fesses. Spécialisés dans l’art de péter en altitude, ils jetaient leurs sandwichs gras et onéreux à peine entamés dans les poubelles déjà remplies, juste à côté d’un ou deux barbus au teint mat qui les auraient volontiers mangés sans qu’ils aient trainés dans les ordures auparavant.

Les imbéciles heureux - cigarette, guitare, lunettes, canettes – formaient des cercles d’étranges silhouettes aux cheveux emmêlés, sur le sable ou le bitume. La masse des soucieux chroniques leur lançait des regards chargés du noir démérite qu’ils avaient à paraître plus heureux qu’eux sans travailler dur et en étant restés insouciants. Mais dans le dos, les regards. Sans doute de peur de rencontrer dans les yeux d’un de ces loqueteux souriants une raison de les envier et de regretter un peu plus encore la courte situation de travailleur en congé…

Mais eux, les imbéciles heureux, ils s’en foutaient. Au crochet d’une société qui leur tend volontiers, vivant de restes qu’on ne va pas brûler, freins à une avancée…Vers où ?

Ils sont peut-être flemmards, cons, sales et souvent affamés, mais ils sourient à la mer, eux, chaque année.

=>(Voilà je m'essaye à la nouvelle, n'hésitez pas à dire clairement ce qu'il faudrait changer)

Merci à toi ^^

Et clairement, je te dis de ne surtout pas t'arrêter

J'ai bien aimé, que dis je, j'ai vraiment aimé cette nouvelle, mi cynique, mi désabusée. Il y a, comme tout, des choses que j'ai plus aimés que d'autres, mais l'ensemble est si agréable qu'on ne s'arrête pas sur ce qui accroche.

Ma passage préféré, de très loin, est celui-ci :

Citation :

Coté rue, ce n’était guère mieux. D’autres encore survolaient à peine ce qu’ils étaient sensés venir voir, bien trop concentrés sur leur nombril en se demandant comment le faire avancer sans trop bouger les fesses. Spécialisés dans l’art de péter en altitude, ils jetaient leurs sandwichs gras et onéreux à peine entamés dans les poubelles déjà remplies, juste à côté d’un ou deux barbus au teint mat qui les auraient volontiers mangés sans qu’ils aient trainés dans les ordures auparavant.

Il renferme une force, une vérité nue et dérangeante, que tu as très bien su mener.

Par contre, et je ne peux te dire exactement le pourquoi, j'ai été dérangée tout le long de ton texte par le temps que tu emplois. On se dirait très souvent au présent, telle une scène que tu vois, mais tu emploies sans cesse le passé, ce qui rend l'identification par le lecteur très difficile.

Je ne sais si ce commentaire est pertinent, mais ce que je peux te dire, c'est que je suis impatiente de te relire encore (et au fait très joli courant d'air..)

Que de compliments ^^! Eh bien, merci... Je ne sais si l'inspiration me reviendra pour ce genre de texte, elle me vient d'habitude plutôt pour les vers...
Pour tout te dire, j'ai été moi aussi gêné par les temps! J'ai appliqué le présent pour définir des généralités, et le passé pour la narration, mais j'admets que c'est assez maladroit dans une ou deux de mes phrases...
Quant au courant d'air, j'en soufflerai sans doute d'autres, et je surveille les vôtres ;-)!

=>Allez, je cours publier un autre texte, mais versifié cette fois-ci (et un peu osé)

Rapidement car j'ai peu de temps en ce moment : je rejoins Dounette sur les temps. Tu devrais tout mettre au présent, à mon humble avis. Ça fluidifierait la lecture ! Mais sinon, globalement j'aime bien ton texte.

Merci à toi pour cette critique brève mais agréable! Je songerai aux temps.

C'est assez agréable dans l'ensemble.

Mais je regrette un peu l'aspect "mille-feuilles", dans le sens où les paragraphes sont posés les uns sur les autres, avec leurs idées et leurs personnages, sans qu'il n'y ait de réel "liant" à tout le texte. Certes il y a un fil conducteur, mais je ne sais pas... ça manque peut être un peu de naturel tout simplement, puisque tu oscilles entre constat personnel et récit pur.

En tout cas j'ai bien aimé ce ton mordant

Merci dvb

dvb a écrit:

ça manque peut être un peu de naturel tout simplement, puisque tu oscilles entre constat personnel et récit pur.

Je ne trouverais pas naturel de constater sans récit, c'est un peu comme écrire sans papier, non?

ce que je veux dire c'ets que tu es à cheval entre la nouvelle narrative (une histoire de fiction donc) et un billet personnel, comme une chronique ou un article d'étude.

C'est le mélange des deux genres qui me turlupine un peu. J'aime quand c'ets bien tranché spour ça ^^

Moi ca me gêne pas la mixture des deux genres, ça me fait penser à Montaigne, tu tires de ce que tu vis des réflexions, essais biographiques. Et je suis d'accord avec les filles, le passé cloche, le présent irait beaucoup mieux avec ce type de récit.

Hum toutefois je suis partagée, je vois la critique des gens imbus d'eux, de leur travail, du point de vue matériel je l'accorde.
D'un côté moi on m'a élevé dans l'idée que le travail c'est bien, et donc je trouve la critique un peu facile venant du jeune oisif, oisif pourquoi? car c'est les vacances? car il ne fait jamais rien?
Je n'ai rien contre le fait de cracher sur la société mais tout dépend du point de vue et de la légitimité de la position il me semble.

Mais on va encore me dire que j'ai rien compris et que j'extrapole...

Tu as raison bien sur, mais c'est une problématique, donc la raison on peut l'avoir par bien de points de vue!
Je te répondrai que, dans ce texte, je pars du principe qu'on ne peut vraiment être fier que de ce qu'on a choisi... Ainsi, ces gens imbus de leur travail, comme tu dis, sont des hypocrites envers les autres comme envers eux-mêmes puisqu'ils se plaignent de ce qu'ils sont.
L'homme voit le monde comme une sorte de purgatoire ou pour être "heureux" eh bien, il faut en chier... Mais le pourquoi... Il est profond ce pourquoi.

Citation :

L'homme voit le monde comme une sorte de purgatoire ou pour être "heureux" eh bien, il faut en chier...

mouarf... ça c'est une vision très protestante...donc pas forcément la plus judicieuse !

Quand au pourquoi, il est bien "mystique" : on l'appelle le poids de la société.

dvb a écrit:

mouarf... ça c'est une vision très protestante...donc pas forcément la plus judicieuse !

Et ce n'est pas la mienne