Touchée, bercée (Sans titre renommé)

Ecrit le 14 Avril 2009

Je ne suis pas comme eux. C’est eux qui me l’ont dit. Pourtant, je leur ressemble, j’ai les mêmes yeux, les mêmes cheveux. J’ai même une bouche et un nez qui ressemble au leur.

Je suis dans la rue. Je marche : je dois aller faire des courses. Le magasin est juste là, avec son enseigne clignotante dans la nuit. Mais la grille se ferme avec son grincement habituel. Cela fait déjà la troisième fois de la journée que je viens à cet instant. Je repars. Tant pis, je mangerai hier.
La rue est vide, il fait noir et l’éclairage public est allumé comme en plein jour. J’avance le nez au ciel en chantonnant à m’arracher les cordes vocales. Je ne hurle pas, je murmure. Un homme se tourne par là bas. Il est étrange, il me regarde d’un air courroucé. Je n’ai rien fait de mal, je chantonne juste. Je me fends d’un large sourire en sa direction, mais il se retourne en secouant la tête.

Je laisse glisser doucement mes doigts le long du mur à ma gauche. Je marque le territoire. Je suis chez moi. Traînées rouges sur le crépi jaunâtre. Ils vont encore se plaindre. C’est joli, pourtant. Je regarde ma chair caresser si doucement ces pics. C’est doux. Je souris, je ferme les yeux.

Je suis fatiguée. Je m’assoie sous la lune, au milieu de la route, juste sur les lignes blanches. De toute manière, les voitures m’aiment bien. Ce sont les seules qui acceptent mes caresses. Ah, en voilà une ! Je me lève, les mains dans les poches, et je lui souris. Ses yeux m’éblouissent mais je ne veux pas la vexer, je garde les miens bien ouverts pour voir sa tendre approche. Je sens son pare-choc sur mes genoux, enfin, elle m’accepte.

Dans son étreinte amoureuse, je me suis endormie. Je ne me réveillerai plus.

Tiens ! il est resté sans commentaire celui-ci ôÔ

Je me souviens l'avoir parcouru en son temps, sans rien trouvé à y redire, laissant à des âmes plus sensibles le soin de le triturer.

Et puis je l'ai relu hier, et je lui ai trouvé une sonorité nouvelle.

Soit je n'aime toujours pas le "genre suicidaire" pourtant très récurrent ici ou là. Mais cette énergie sautillante, jeune, insouciante (?) m'a plu. J'aime le déséquilibre dans ce jeu que tu fais sur la déchirure-déchéance de l'espace-temps et de la perception entre cet être défait, mais vivant, et le cadre prédéfini de la réalité tangible et insipide.

Alors oui, je dois avouer que cette folie douce sonne à la fois comme un joyeux refus de la réalité et une exploration hallucinatoire et morbide d'alcaloïdes mortels.

En fait j'aime bien, finalement ^^

Dommage pour son absence de titre Triste

Ah, et bien merci. ^^

Son absence de titre est due au fait que, sur le coup, je n'en ai pas trouvé, et qu'après coup, je ne m'y suis pas penchée. Et je ne sais pas s'il en a vraiment besoin, aussi...

Pour la petite histoire, lorsque j'ai entamé l'écriture de cette petite chose, j'avais en tête d'écrire sur la folie. Et puis je l'ai laissé aller où il voulait, et voici le résultat. Rien de réfléchit, en somme.

je trouve que c'est un peu triste de laisser une oeuvre sans nom, comme si elle était orpheline (vas-y édit le titre koi !! ^^)

Je pense que tu pourrais développer ce thème de la folie sur ce même ton dans quelque chose de plus construit et de plus consistant, parce que ce trait bouillonnant est vraiment plaisant et s'y prête plutôt bien.

Le voilà renommé pour toi!

Et merci du conseil. Heureux Bleu

Chromatique Nombre de messages : 2373 Age : 32 Date d'inscription : 22/11/2007

Citation :: Tant pis, je mangerais hier.

Rien que pour cette phrase, j'aime ton texte. C'est je trouve l'instant le plus juste de ton texte. Celui ci autrement ne m'a pas plus touché que ça. Le côté fou oui, mais il aurait fallu développer plus pour qu'on ressente vraiment le délire. Là je trouve que c'est un peu ... Ecrasé, je ne sais pas trop quoi dire d'autre à part que certaines tournures de phrases sont vraiment géniales, d'autres un peu lourdes, comparées à d'autres.

Heureux Bleu

Nombre de messages : 2050 Age : 27 Date d'inscription : 07/02/2008

J'adhèèèère!

Rmh.

Citation :: J’avance le nez au ciel en chantonnant à m’arracher les cordes vocales. Je ne hurle pas, je murmure.

Ça, j'adore.

Citation :: Je sens son par-choc sur mes genoux, enfin, elle m’accepte.

Sauf erreur de ma part, on ne dit pas par-choc, mais pare-choc.

J'aime beaucoup ton texte pour son surréalisme, son style masochiste et ses tendances suicidaires.

Ah oui, en effet, on dit "pare-choc", merci pour ce détail. ^^

Et merci à tous de vos commentaires.

Coup de coeur de la nuit.
J'aime bien ce texte il me touche. Il y a toujours une beauté dans la narration suicidaire, car celle-ci laisse exprimer tout, aucune peur, aucun doute, plus de limites, peut être le moment où on est le plus naturel. Beauté de l'instantanné, du déroulement qui va amener à une vraie fin, pas possibilité de changer les dés. Une décision pure, qui n'aura pas la déception de changer.

Ce texte est ma foi très poétique, les images que tu développes. La caresse du mur.
Comme Mido la phrase d'hier m'a arrêté, un poids au ventre.

Le début est un peu lent et ennuyant, comme si tu nous filmais la vie banale, et ensuite ça s'accélère et la beauté de la vie commence dans l'acceptation de la mortalité.

Merçi

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