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| Cendres [Ebauche Technologique - WIP] | |
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Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 7 Sep - 16:02 | |
| Il y avait la guerre. Il y avait toujours la guerre, son lot de feux, de sang. Et puis, il y avait ceux qui vivaient d’elle. Ceux qui s’en repaissaient. Qui s’abreuvaient de cette misère. Ils n’étaient guère nombreux, à s’ébattre le cœur scintillant dans ce sillon de tombes anonymes.
D’une noirceur abyssale, ces dévoreurs, maîtres de l’infâme et du désespoir, trouvaient leurs délices dans cette tristesse nauséeuse. Les ruines affables, étalées sous leurs nez aguerris aux funestes fumets, dévoilaient toute la richesse de leur âme. L’homme s’y trouvait nu, retourné à des instincts primaires, exposé aux vices, aux abjectes tentations, parmi les chars essoufflés, les corps foudroyés.
Les suiveurs de l’oubli dispensaient leurs tourments, réclamaient l’abnégation, ils s’octroyaient les ressentis mis à nu. Ogres, charognards, c’était leur incontestable châtiment.
Vicar Goupille était l’un d’eux.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 7 Sep - 16:05 | |
| I - Sépulture
Encore quelques coups de pierre et la croix s’immobilisait. L’outil, simple pierre propice à cet usage funèbre, vint rouler sur le sol, puis ne bougea plus. Le rituel s’achevait, dans un silence sépulcral. D’ordinaire, il n’accomplissait pas ces tâches. Mais ils avaient su l’émouvoir. La perte abrupte d’un proche ne préparait jamais à cette douloureuse séparation. Vicar avait horreur d’ensevelir des gens. Les sacrements, tout ça, ne donnaient pas la part belle au métier.
L’enfant pleurait. Malgré lui, Vicar accordait un certain intérêt à cet épanchement. Son grand-père tenait l’épaule du petit. Il avait les yeux clos, approuvait ce chagrin, sans doute occupé à réprimer sa propre rancœur. Vicar arrangeait les gravats pour leur proposer une sépulture conciliante. Les pratiques brutales du conflit multipliaient ces expériences. Familles déchirées, pluie battante, les ingrédients d’une discorde bien menée.
Vicar semblait désolé pour ces gens. Prince de mauvais augure, ils l’évitaient. Il avait les mains sales. La boue et les cendres s’amoncelaient, lentement, linceul carnassier qui confinait des vivants oubliés. La tristesse ne refluait pas. Les larmes traçaient de fines rigoles sur les joues creusées du gamin. Le blanc de ses yeux accusait, cerclé de noir, de crasse.
Lorsque Vicar eut terminé, satisfait d’avoir pu offrir un repos cohérent à cet homme, il se releva. Des miasmes flatteurs s’imbibaient d’odeurs affreuses. Les mouches, grossies par un festin inespéré, vrombissaient d’un intense plaisir. Tout comme lui, elles suivaient l’armée, récoltaient les miettes que ses soudards avaient décriées.
Il se mit à pleuvoir. D’abord calmement, puis avec davantage de ténacité. Les mouettes, d’ordinaires assoupies dans leur complaisance, avaient fini par se taire. Tant mieux, elles l’agaçaient, avec leurs cris rauques, leurs voltiges assourdissantes.
L’étrange couple le regardait toujours. Il ne pouvait pas leur offrir plus. Ils ne priaient pas, ils attendaient que Vicar agisse. Le gosse reniflait encore, de temps à autre. Avec la pluie battante, il ne manquerait pas d’attraper la crève. Il semblait avoir perdu tout bon sens avec le départ d’un insurmontable géniteur.
Vicar avait soif. Un mauvais goût dans la bouche, saveur suave, salée, le lui rappelait. Comme le deuil ne leur suffisait pas, ses deux témoins le scrutaient d’un air affolé. Le grand-père, sapé comme un vagabond défectueux, lui adressait de vifs coups d’œil. Sûr, il paraissait rusé. Ses cheveux, gris et sales, garnis de croûtes terreuses, lui semblaient aussi engorgés qu’une bouche d’égout. Les larges tâches qui garnissaient son manteau n’excluaient pas un récent séjour sous le sol éclaté.
Ils avaient faim autant que l’ivresse le gagnait. Au détour d’un char éventré, loin derrière les pillages poussiéreux, les gravats dégueulés par des maisons à l’agonie, ils avaient trouvé une enseigne encore déchiffrable. Ils l’avaient suivi et il n’avait pas le cœur à leur refuser ce repas. Vicar espérait qu’ils l’abandonnent enfin. Leur mutisme lui pesait. D’avantage que le purulent harcèlement des volatiles.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 14 Sep - 19:42 | |
| II – Le port Derrière les vitres de l’établissement, une place en bord de mer. L’épais rideau pluvieux s’abattait sans cesse. Les vagues, gorgées d’écume, venaient frapper la digue de leur puissance marine. La rade n’était nullement épargnée. Les bateaux oscillaient, les mâts s’entrechoquaient et la grisaille embrassait le tout.
– Un triste jour pour mourir, dit Vicar, plus à lui-même qu’à ses invités.
Ils étaient profondément ancrés dans leur mélancolie. Bouleversés. Les gouttes avaient paru leur passer au travers, alors que Vicar se contentait d’inonder le sol de son manteau détrempé. Il avait les pieds mouillés ; ses bottes ne s’étaient jamais montrées comme un modèle d’étanchéité. Il préférait cependant ne pas les enlever. Pour s’immerger davantage dans l’œuvre qu’il desservait, Vicar commanda trois bols de génépi. L’armoise remonterait le moral au gamin. Du moins, il lui offrirait l’évasif sentiment d’appartenir aux vivants.
Vicar leva subrepticement son verre, fit un signe entendu au vieux, et porta le liquide doré à ses lèvres. La fraîcheur du breuvage l’exhala ; il tourna plusieurs fois sa langue imbibée de saveurs fleuries avant d’avaler sèchement. Au moins, le gamin ne tousserait plus pendant un moment. Le besoin de humer encore la fraîcheur enfouie de pétales desséchés se montra plus forte. Vicar sentait chaque parcelle de son corps flétrir, il serrait les dents pour ne pas s’étendre en un hymne enjôleur. L’alcool filtrait par ses lèvres entrouvertes, épousait son palais assoupi pour ruisseler dans une gorge bouillonnante. Les verres s’alignaient en un rang parfait, vides pour la plupart. Vicar se sentait sourire. Ses émois chassaient désormais toute invasion glaciaire. Pour ce soir, la boue resterait en dehors de tout.
Le vieil homme n’avait rien manqué de ce glissement progressif dans les abîmes de l’ébriété. Il n’avait pourtant rien laissé, pas une goutte. Mais l’emprise s’était estompée. Il fronçait les sourcils comme pour mieux le distinguer, sans le juger, simplement constater le besoin d’évasion de leur généreux donateur. Les doigts jaunis par un tabac récalcitrant, la moustache, plus que probable, aux poils frisés, brunis par de la terre séchée et des brindilles emmitouflées. Vicar préférait s’imbiber de ses odeurs montagnardes plutôt que d’en imaginer une crasseuse, nauséeuse, de raisin putréfié.
Le gamin ne pleurait plus. Il constatait amèrement les méfaits de la destruction. Peut-être ordonnait-il ses souvenirs, les classant en catégories colorées, bien moins ternes que ce tripot moribond. L’étalage d’immoralités suscitait en lui une indifférence animale. Evidemment, il réclamait son triste père. Parti sans qu’il ne comprenne l’importance de lui déclamer son amour. L’accalmie ne fut que passagère, l’enfant avait les yeux gorgés de larmes.
Vicar, dans son état de grâce, se sentit nager parmi les vapeurs d’éthanol, il n’avait qu’un léger contrôle sur un corps d’emprunt. Épanoui parmi les relents sauvages, il savourait ce subtil abandon. Vicar demeurait impassible. Le vieux l’imaginait en pleine compassion ; mais la vertu spiritueuse du génépi lui offrait un retour naturel vers la vénalité et les vices du charognard.
– Monsieur, articula le grand-père.
Le mot était sorti avec difficulté. Il entraîna une quinte de toux virulente, embrumée, récidiviste et chargée de fluides pâteux. La voix charriait des litres insensés de fumées. Vicar ouvrit les yeux, plus alerte que jamais. Le rituel émotif retombait dans les miasmes cruels du tripot insalubre.
– Nous aideriez-vous à retrouver ma fille ? La mère du petit.
Vicar prit conscience de la requête. Il amerrissait en trombe et n’était pas certain d’apprécier. Son esprit vagabondait dans une luxure presque convenable. Il se souvint la tombe, la pluie battante et cette grande sollicitude. Le bruissement d’un linceul, les voiles dans le port, les miséreux sans sépulture. Vicar s’était attendri dans sa sobriété, exigeante faiblesse. Alors que l’armoise le gonflait d’assurance, il allait refuser. Pourtant, il leur accorda ce peu de repos.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Mar 23 Sep - 14:24 | |
| III – Garnison Le capitaine Albionce de Meiro ne souriait plus. Dans les grondements d’un véhicule blindé, il attendait nerveusement les ordres. L’artillerie avait donné toute la matinée des coups sourds, épuisants et sans riposte. L’invasion surprenait des générations de pacifistes réprimés. Il n’y avait guère que les abominations pour atteindre l’ambition des soldats. Spectres affamés de douleurs, apaisés par les poussières silencieuses.
L’époque était à la mine cliquetante, à la frappe spontanée et impulsive. Albionce n’avait jamais autant fumé que depuis ces derniers jours. Embuscades, débauches de débris humains et pressions constantes. La nuit, il s’extirpait de cette gangue fielleuse. Il s’adonnait à des rêves furieux, hantés par de brûlants souvenirs. Le jour, c’était tout aussi macabre, mais palpable également. Restes calcinés, mégots entassés.
La prédation se repaissait de civilisations sur le déclin, avec un délicieux dédain. Roulement de chenilles, pierres écrasées sous le poids de l’oppression d’acier. Un char Eperon approchait. Il avait le flanc ravagé par des impacts solidaires, pourtant, son moteur crachotait encore une fumée âcre, enrichie en huiles noirâtres. La prochaine échauffourée aurait sans doute raison de son intégrité. Une estafette passagère qui se délesta d’un messager étoilé au grade de lieutenant.
C’était une femme, nonchalante, peu soucieuse des trainées noueuses qui maculaient son imperméable. Albionce constata l’absence d’enthousiasme sur un visage d’adolescente ravagé par des épreuves angoissantes. Quelques mèches rousses s’égaraient à l’extérieur de son béret ; le capitaine nota des yeux pâles et une mine maladive, des mains noyées dans de larges poches et des bottes rehaussées par une croûte de terre grasse. Un sinistre personnage de plus.
– Mon capitaine, marmonna une voie presque chaleureuse. Lieutenant Edwel Ogreska.
Elle esquissa un ersatz de salutation d’une main trop pressée de retourner au sec. Albionce l’écoutait, bien déterminé à en apprendre davantage. Elle n’en dit pas plus, peu à peu couverte d’une pluie éparse dont les gouttes claquaient sur son manteau étanche. Le capitaine prenait l’eau ; il prit la décision de l’inviter dans un abri plus approprié. Les troupiers n’avaient eu qu’un regard de curiosité pour cette femme ruisselante. Ils conservaient leur attention pour le char mutilé et les noirceurs impies d’un front imprévisible.
– Alors, Ogreska, vous étiez au temple d’Olovar. Etait-ce vraiment aussi horrible qu’on le prétend? – Grandiose, fit le lieutenant. Je ne veux pas en parler.
De Meiro était peu convaincu. Sa vis-à-vis ne quittait ni son imper, ni sa morgue notoire. Il lui avait offert un immonde café qu’elle sirotait tout en se cramponnant à un récipient cabossé. Pire, elle semblait l’apprécier. Edwel ne souhaitait pas se presser. Elle profitait d’un confort restreint pour s’accorder un maigre repos.
– J’ai une transmission pour vous, capitaine, avoua t-elle entre deux tièdes lampées.
Albionce la vit tirer une enveloppe d’une de ses poches intérieures, entrouvrant à peine son imperméable, ne dévoilant rien de sa féminité. Il se montrait davantage surpris par la fantaisie hiérarchique que par les absconses procédures. Deux semaines à attendre la distribution des rôles, à pester contre les torrents de glaise et l’épuisement des munitions, pour finalement aboutir à de la délégation d’informations. Il décacheta le courrier, contempla un instant le sceau du général, puis déplia un papier malgré tout froissé.
Le lieutenant Ogreska paraissait se repaître du contenu sur le faciès dubitatif du capitaine. Ses yeux brillaient d’une lueur débauchée. Les nouvelles n’étaient, en un sens, pas favorables. Albionce ne monterait pas sur les planches ; une impression confirmée par une seconde lecture. Edwel le narguait, inspirée par l’aspect mitigé d’un visage sévère.
Le capitaine remercia sa coursière, cynique partisan d’un bourbier mouvant. Seul, Albionce parcourut les quelques photos de famille emportées. Au soir, Il affichait une profonde sérénité, lorsque dans le lointain le pilonnage reprit son souffle.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 28 Sep - 17:41 | |
| IV – Renifleur L’entrepôt paraissait encore se consumer. Le toit était partiellement effondré et un nuage de poussière noire poursuivait chaque courant d’air. Les briques, rongées par des pluies abrasives, se ternissaient de suies pâteuses et de tâches saumâtres. D’un aspect général, la ville reflétait bien cette atmosphère de vitre à demi brisée, de murs écroulés et de sinistres espaces jadis industrialisés.
Quelques mendiants avaient investi ce simulacre de prospérité ; ils croulaient sous d’insipides décharges et donnaient l’impression de propager l’épidémie individualiste. Le commerce du néant fleurissait sur un terreau de douteuses intentions. Silice n’aurait jamais osé affronter ces lieux abjects sans un mécène des causes hasardeuses. Vicar, bien que titubant encore, avait promis de le ramener à sa mère.
Derrière, Pépé traînassait. Il lançait des regards haineux, le minimum pour obtenir une paix provisoire. Ce matin, il ne pleuvait plus, un soleil terne filtrait à travers une chape tenace et ambrée. Des gravats encerclaient de larges cratères, dévoilant des armatures tordues et des flaques de goudron fondu. Des soldats étaient morts ici, recouverts de façades éventrées, dans un tumulte de terre enflammée. Puis, la poussière avait parfaitement couvert les ruelles de sa fine pellicule en dentelle.
Les lieux s’étaient volontairement agencés pour ne pas être découverts. Vicar décelait ce type d’arrangement ; il était du métier. Des tôles froissées, des arêtes rouillées et une obscurité malveillante. Le genre d’endroit assiégé par des héritages crapuleux. Il aurait préféré la pluie à ce semblant de soleil, pour anticiper au mieux le moment où on leur tomberait sur le râble.
– Qu’est ce qu’on cherche, au juste ? demanda Silice.
Vicar renifla, il attendit que le silence captive à nouveau toutes les mauvaises intentions, fermement tapies dans les environs. Il intima au gamin de parler moins fort.
– On cherche le Renifleur. Il pourrait nous aider.
Le visage de Silice s’empreint d’un sérieux désespérant. Il voulait en savoir davantage, mais les échos ne lui étaient pas favorables. Même l’ombre de Vicar, dans son habit noir, lui recommandait une raisonnable prudence. Si l’homme n’était de toute évidence pas armé, il possédait en revanche une remarquable ceinture de mignonnettes et un fond de génépi, cette boisson qu’il consommait avec outrecuidance.
Vicar, derrière son brouillard liquoreux et sa voix rauque d’un matin embrumé, estimait encore les distances d’un œil serein. Là-bas, vers les grues halieutiques, il avait décelé un jeu de barbelés incisifs. Sur le front de mer, surveillés par une meute de cormorans affamés. Le genre de ruine qu’affectionnaient les receleurs, trop délabré pour y prêter la moindre attention, au cœur d’un complexe marécageux aux palétuviers d’acier. Le ciel leur offrait sa première alternative de bleu, quand, mû par une volonté capricieuse, Vicar entraîna un Silice apeuré et un Pépé flâneur dans les limbes du Renifleur.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 19 Oct - 22:09 | |
| V – Les Pierres d’Ecume Une terrasse en bord de mer, une agréable vue dont avait pu profiter tout un assortiment d’objets luisants. Quelques documents d’intérêt avaient sans doute fait le trajet depuis la ville, mais Protène Marmaïa, plus connu sous le nom du Renifleur, considérait les valeurs en fonction de l’éclat. Ses quelques associés demeuraient néanmoins attirés par le stupre et les œuvres d’art, Protène leur laissait volontiers. Eux ne comptaient pas les facettes, ils encaissaient machinalement, sans accorder le moindre égard aux marchandises. De plus, un ensemble de pierres taillées s’avérait plus simple à évacuer qu’un reliquaire massif et miteux. C’était le plus simple à écouler, pour obtenir des espèces dans les délais les plus courts, un produit vendu dans la précipitation, et une imitation en verre partait pour une petite fortune.
Protène chérissait ses pierres, il les caressait précautionneusement et leur susurrait les petits noms qu’il leur avait attribués. De toutes ses possessions, il en affectionnait une en particulier, le Grand Diurne, auquel il vouait une admiration presque déictique. Malgré sa chaînette de crapauds, en dépit de son teint terne, usé au cours de violentes années. C’était son gri-gri des guerres tristes et grises.
Le Renifleur sentait les pierres. De leur arôme il en déduisait tout un tas d’informations qu’il classait dans des calepins. Lui seul connaissait le sens de ses joyaux. Son bureau regorgeait d’étagères. Jadis, il avait sans doute appartenu à un contremaître tenace et scrupuleux. Aujourd’hui, Protène acceptait l’idée, il scrutait parfois la mer à travers d’épais carreaux aux montants rongés par le sel. Une autre fenêtre lui permettait de contrôler les allées et venues dans le pôle industriel.
Un livre posé sur une écritoire polie le comblait d’attention. D’autres trésors l’attendaient sur les terres ravagées. Certes, l’avantage de la connaissance l’obligeait à longtemps étudier le contexte, l’histoire et les circonstances de ses protégés, l’idée d’une concurrence insomniaque le comblait de nervosité. Imaginer qu’on oeuvrait contre son dessein l’emplissait d’une crainte gourmande en extrémités de phalanges. Pas de sous-traitance pour ce bon vieux Protène, il dirigeait ses affaires avec une rigueur maladive, accroché aux basques de l’armée, entre les champs de mines et l’étouffante rébellion des envahis.
Protène Marmaïa s’extirpa de sa studieuse torpeur au tintement d’un discret carillon, l’un des nombreux indicateurs qui jonchaient le sol de la propriété. Ignorant ses accélérations cardiaques, il se positionna derrière un établi désuet et, cramponné à l’étau, il regarda sur le chemin descendant qui menait à son affaire. Curieux. Protène n’attendait personne ; il était particulièrement délicat d’atteindre son lieu d’office.
Trois silhouettes, d’une démarche sereine ou capricante pour la moins allongée d’entre elles, dévalaient la sente avec insouciance. Le vent chassait les immortelles, s’emmêlait dans les ajoncs et nourrissait les alentours de pollens pèlerins. En outre, il soulevait le noir manteau du meneur, et ne ralentissait en rien son entrain.
Le Renifleur présentait les ennuis quand ils entraient dans le périmètre de son intimité. Ses pierres n’étaient pas à l’aise non plus. Il y avait un enfant également, ce qui accentuait sa méfiance. Les enfants étaient de grands fouineurs et finissaient toujours par se railler de lui. Heureusement, pas de militaires, juste des badauds qu’il s’empresserait d’envoyer paître. A moins qu’il ne reste cloîtré dans ses baraquements, feignant l’absence. Protène se ravisa. S’ils arrivaient jusqu’ici, avec tant de certitude dans leur démarche, c’était pour le voir, lui. Peut-être possédaient-ils une pierre. Cette idée chassa toutes les précédentes et le receleur s’habilla. Il s’apprêtait à recevoir les visiteurs.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 2 Nov - 21:56 | |
| VI – Un Crochet Par Le Grand Bazar
En temps normal, un entrepôt ne contenait pas autant de carcasses bovines. Mais en prévision d’une période de disette, c’était un placement non négligeable. Protène et ses investisseurs avaient eu la main heureuse et vraisemblablement récupéré tout un cheptel. L’odeur y était incommodante, du moins pour Silice qui se tenait le nez dans un mouchoir en espérance d’un actif lessivage. Vicar connaissait l’animal, son aversion fortuite pour les adolescents. Si les mouches préféraient de loin ce qui gisait sans grâce dans les rues cadavériques de la cité portuaire, elles auraient pu apprécier le luxe des beaux quartiers.
Vicar comprenait le sourire gêné de Protène. Le Renifleur ne considérait pas sa cache comme un déambulatoire touristique, voire scolaire. D’où son rictus pincé et son abondante exsudation. Il ne faisait pas si chaud ; le caractère intimiste de la visite n’entretenait en aucun cas les suées du receleur. Protène glissait sur sa propre peur. Il avait suffi que Pépé contemple nonchalamment les rangées de volumineuses charpentes saisies par un froid salé pour qu’il s’imagine un instant suspendu par la cheville à l’une des esses insouciantes. Heureusement, Protène connaissait Vicar, ce qui aurait pu le rassurer.
– Comment vont les affaires ? demanda Vicar d’un ton grave. – Dur, répondit Protène sur un registre hésitant entre l’angoisse et la méfiance. Dur. C’est l’époque qui veut ça.
Vicar tapotait une longe musclée, jaugeant d’un œil contrit l’épaisseur de gras. Protène se réfugiait dans ses banalités protectrices. Sa présence dans les largesses littorales justifiait une prospérité dissimulée. Pourtant, le Renifleur plus que jamais souhaitait jouir de sa renommée, il s’approcha donc du principal visiteur avec un air entendu de conspiration.
– Qui sont ces gens, Goupille ? Je sais que tu travailles seul, tes problèmes t’en ont apporté d’autres. Et ils ont une mauvaise touche.
Protène maquillait ses préjugés derrière une nuée de marottes gestuelles. Il triturait un objet sphérique dans une ample poche, contact apaisant qui lui rendit de son aplomb. Il craignait la cupidité d’inconnus plus gourmands que lui.
Vicar reçut de plein fouet une nausée jusqu’alors endormie, réveillée par l’effervescence d’odeurs soufrées. Un coup de matador dans ses narines d’ordinaire alimentées en poudre et en iode. Il désirait retrouver ses prairies montagnardes, le souffle des graminées dans l’air du printemps et la perspective de journées en alpages. Vicar trouva son réconfort dans l’une des fioles accrochées à sa ceinture.
– Ce sont eux les premières victimes du conflit, Protène.
La liqueur le brûlait, lui rappelait ses meurtrissures, mais lui apportait également des escapades salutaires, loin de cette sauvage prostitution. Entre les saveurs arborescentes, amères, fruitées, et les exactions d’un front déchiré, sale et corrompu. Ses pentes peuplées de broutards harmonieux et carillonnants, absentes de toute notion d’ossements mutilés et affectés au pantomime d’une chambre froide.
– Si je traite avec toi, Protène, c’est qu’il te reste ce qu’il faut en morale pour conserver mon respect. Je suis là pour eux. Pour la mère du petit.
Dans l’intervalle de pièces de viandes saisies par le sel, tournoyant légèrement sous l’effet d’une ventilation laborieuse, Protène Marmaïa soupira, libérant un nuage vaporeux de moiteur satisfaite. Il n’était guère convaincu de sa signification.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Lun 10 Nov - 17:47 | |
| VII - Les Bras De La Nuit Edwel Ogreska définissait son bien être par une santé tenace. Elle logeait dans un immeuble ravagé aux portes rouillées, où l’ossature des étages supérieurs témoignait du souffle éruptif qui avait tout emporté. Un semblant de matelas, presque confortable, un fauteuil à la mousse béante et un meuble qui se résumait à un grand tiroir. Edwel consultait des documents, jetant de temps à autre un œil distrait par l’une des ouvertures, criblée d’éclats et maintenue en état par des planches vermoulues. C’était ce qui se faisait de moins miteux.
Le soleil se couchait. Les rayons rougeoyants de l’agonie d’un jour filtraient dans la pièce unique. Edwel délaissa son étude pour profiter du panorama. En face, un immeuble à l’enseigne ternie, la façade absente par endroits laissait apercevoir des tapisseries, des restes de cheminées et des armoires détrempées par la succession de pluies. Plus loin, un amas de gravats, caressé par les rais obliques, d’où dépassait une armature tordue. Tous les corps n’avaient pas vraiment été retirés des décombres, malgré les tentatives de tunnels aux maladroits étrésillons. Les rues étaient désertes ; le vent arpentait les lieux, il soulevait des nuages poussiéreux comme pour recouvrir le plateau d’un linceul apaisant.
La mer la captivait encore, au-delà de la ville morte, lorsque toute lumière s’estompa. Edwel rangea son dossier, qu’elle posa dans le tiroir. Elle y préleva en outre un indicible couteau et un revolver de gros calibre. Puis elle renferma le tout dans son uniforme qu’elle boutonna avec précaution. Emmitouflée dans sa carapace militaire, elle déposa le fin béret d’un bleu accompli sur sa tête. Ses bottes claquaient d’un ton rassurant sur le plancher. Quelques verrous plus tard elle s’extrayait de la chambre. Le froid nocturne se saisit d’elle, par une brise fuligineuse qui traversait les couloirs et se nourrissait des dépouilles transies.
Edwel tira un large disque d’une de ses profondes poches. Une mine. Le lieutenant glissa l’objet sous une anfractuosité, dans le couloir imbibé, gondolé par les intempéries. De quoi refroidir les velléités du premier des pillards venu. Edwel n’était pas sûre qu’elle marche encore, mais la laisser à demi évidente encouragerait la réflexion. La ville l’absorba.
Elle cherchait de l’eau potable, de quoi manger, évidemment, et des nouvelles concernant l’invasion. Le vent venait du large et épousait la côte pour l’emporter vers le front. Ce soir, le fracas se ferait oublier. Une avenue plus loin, Edwel gagnait le couvert d’une ruelle étranglée, quand le moteur nonchalant d’un mécanisme d’envergure l’immobilisa. Les chenilles martelaient le sol et réduisaient les agglomérats en une farine de pierre qui saupoudrait le sillon du char Eperon.
Le véhicule, couvert de brunes éclaboussures par-dessus son treillis fauve, fonçait sans discernement vers ses nouvelles positions. Il prenait son élan pour franchir les monticules de béton désarmé. Le lieutenant Ogreska se laissait fondre dans l’espace. Il valait mieux ne pas devoir se justifier d’errer dans les nuits glacées d’un océan torride.
Plus loin, Edwel découvrit un corps, laissé en évidence, encore ruisselant de fluides. Le conflit s’attardait parmi des hommes traqués, peu scrupuleux devant leurs crimes. Il lui fallut l’enjamber pour finalement buter contre un rail. La gare dégoulinait d’activité, vers un crescendo de fraudes sous le couvert de guichets surpeuplés. Un véritable marché parallèle, déformé par les junkies et les receleurs. Le lieutenant Edwel Ogreska s’en soucierait plus tard. Pour le moment, elle se dirigeait d’un pas décidé, fermement convaincue de ne pas se laisser importuner, vers le hall des consignes où l’attendait sa mission suivante.
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| | | Airet Syl Chromatique
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| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 30 Nov - 17:23 | |
| VIII – Une Halte Sur La Grande Dune
Le grand-père était un homme inspiré. Assis parmi les oyats, il contemplait la ville étreinte par des volutes de cendres. D’un mélange de pétales carbonés et de sable léger. Pépé Soubresaut ne connaissait pas d’autres endroits, et malgré la sueur qui le noyait, il l’aimait toujours. Une cité brisée, aux éclats enjôleurs.
– Quelqu’un reprendra de l’andouillette ? demanda Vicar, mâchonnant une viande élastique au goût prononcé de fumée.
Algar et Silice montrèrent leur enthousiasme pour un exercice masticatoire peu coutumier. Vicar vidait une nouvelle flasque, puissant digestif qui le transportait déjà vers ses versants ensoleillés. Le revers d’une dune participait à renflouer son imagination. Un reste de salade finissait de le satisfaire, tendrement bercé par une flaveur de noisette.
– Il ne nous a pas aidés, commenta Silice. – Protène Marmaïa n’est pas un esclavagiste. Peut-être que ses associés le sont, mais pas lui.
Répondre au gamin semblait la meilleure perspective pour épargner ses pleurs angoissants. La politique de culpabilisation ne prenait plus en masse ; Vicar profitait de sa torpeur apaisante pour envisager d’autres solutions. Il y avait de l’agitation en ville, et la quiétude littorale les en éloignait. Vicar Goupille sentait le regard inquisiteur de Pépé. Son attitude de braconnier délogeait sa sombre tranquillité d’un piédestal d’indifférence.
– J’irai voir la garnison, promit-il, les paupières alourdies par des rayons obliques. Dès demain. Ce soir, ils seront trop nerveux.
La brise s’appliquait à leur dérober toute chaleur, mais leur apportait des composés aromatiques d’une essence aérienne. Impossible de saisir ce repos de l’âme dans les faubourgs ombragés. Alors que ses songes s’élevaient, en ville s’effondrait un bâtiment, rongé par une sape boulimique. Une fougue destructrice couverte par le piaillement des jeunes cormorans nichés sur les falaises, un peu plus haut.
Lorsque Vicar s’éveilla, le jour avait considérablement baissé. Silice et son grand-père, immobiles, attendaient des réponses. Ils n’osaient encore exiger de lui sur des tons moins silencieux. Ou des reniflements affligés. Après tout, ce serait se séparer d’un instrument de survie. Vicar se sentait parasité par des odeurs nauséabondes. Sûr que les égouts se montreraient enrichissants, mais l’envie d’y demeurer n’était pas prioritaire.
– Bon. J’irai voir le capitaine ce soir. Il n’appréciera pas.
Vicar désirait retrouver sa solitude, plus que tout en cet instant. Quelques fournisseurs, accessoirement son frère étayaient ordinairement son relationnel. Alors que la concurrence empochait des liasses de titres, il collectait les incertitudes. Les plongeons le lorgnaient avec une prudente narquoiserie. Vicar soupesa une pierre avant de l’envoyer proprement vers l’attroupement emplumé, qui s’éparpilla en piaillements.
La mer se bordait d’écume lorsqu’un drap nuageux assombrit le firmament. Vicar se leva, épousseta les quelques grains de sable récalcitrants à la gravité. Cette paresse réflective l’avait ébouillanté. Il était d’humeur commerçante. Le peu d’égards du capitaine pour les civils le forçait à agir seul. Comme un retour aux jours paisibles, un jour sobre parmi ses montagnes, Vicar embrassait la ville de sa prédation. Là-bas, sur les quais damnés, quelques soldats partaient en permission. Lui n’envisageait pas de retour, il avançait paisiblement, les paumes ouvertes comme pour freiner le vent. La garnison l’attendait.
Dernière édition par Airet Syl le Sam 17 Jan - 15:10, édité 1 fois | |
| | | Airet Syl Chromatique
Nombre de messages : 1384 Age : 41 Localisation : Les Hauts Fourneaux Date d'inscription : 29/04/2008
| Sujet: Re: Cendres [Ebauche Technologique - WIP] Dim 14 Déc - 16:40 | |
| IX– Trêve Drapeaux en berne, sonneries de clairons étouffées par une pluie vacillante. Encore un hommage silencieux aux nombreuses vies calcinées dans le conflit. Le désastre du Temple d’Olovar, de retour pour la célébration d’une triste agonie. Albionce de Meiro dénigrait le mutisme des vétérans. L’anniversaire s’ensuivait généralement de morbides désagréments.
– J’avais mon frère là-bas, dit Vicar.
Le capitaine hocha la tête, sans réelle compassion. Personne ne s’épanchait sur le sujet. Sans doute en référence à l’amas d’atrocités générées par les génies destructeurs. Vicar était un personnage distrayant, assoiffé de connaissances. En outre, il faisait l’effort de se présenter sobre devant la garnison, bien que des composés résiduels émanaient de son personnage. Albionce l’appréciait vraiment.
– J’ai souvent cru que vous n’étiez pas du genre à avoir une famille. – Sans lui, on peut dire que vous vous trompez de peu.
Bien. Vicar ignorait l’étiquette et dispensait ses anecdotes tout en savourant un café détrempé, servi dans une tasse bosselée. Il régnait un parfum de femme, léger, presque impalpable. Le charognard contemplait l’intérieur de la tente, détaillant son contenu sans grande avidité. Rien de franchement convoitable. Un toubib s’était présenté au capitaine, forçant les quelques lois d’hygiène pour lui présenter des faits. L’anniversaire ne proposait aucun repos ; la garnison continuait de mourir.
De Meiro avait fermé son visage. Il s’attachait à un sourire morne, presque contraint. A la limite du tremblement, il trouva le réconfort auprès d’un poêle jusqu’alors discret. Albionce le nourrit en bûches difficilement maintenues au sec, puis perdit son regard dans la danse furieuse des flammes. Vicar Goupille nota l’intensité de la pluie, quelques grondements nuageux et finalement le ronflement de la cafetière. Parfois le feu tressautait, exposant de maigres consolations à l’engourdissement.
– Vous n’avez pas essayé de chercher votre frère ? Il a peut-être survécu. – A vrai dire, ce n’est pas lui que j’aimerais trouver.
Vicar se souvint des files d’attente, des masses regroupées sur les registres où se mêlaient les noms. Des bribes éparses, rassemblées dans le deuil d’un charnier. L’armoise l’accompagnait déjà, se jouant des lettres, lui dévoilait une nouvelle nuit de terreur. Pas de Goupille. Une énième disparition dans l’espérance d’une nouvelle bouteille. La brume étendue sur ce triste passé s’étalait, puis s’écartait devant l’exploration de ses mémoires. Loin de sa dipsomanie, Vicar souffrait. Emétique, il aspirait d’immenses goulées d’air moribond.
– Vous cherchez qui, au juste ?
Après avoir agrémenté son fond de café d’un sirop fleuri, Vicar l’avala d’un trait. De quoi le réchauffer d’avantage qu’une tuyauterie indocile. Un peu de courage à glaner sous une toile imbibée de pluies piquantes. Il se sentait le cœur apaisé, parcouru de vagues amènes et chaleureuses. Délaissé de son manteau de peine, il s’imprégnait de la douce naïveté d’un fauteuil tourmenté.
– Une femme, déclara t-il. Je cherche une femme. Une parmi des milliers d’autres. Celle qui pourrait me libérer d’une promesse.
Albionce de Meiro soupira, mollement amusé. Un regard vers son bureau, la photo d’un foyer. Pensées lénifiantes vers des sentiments brûlants. Vicar Goupille se réfugiait dans d’indolentes contrées pour s’éclipser du conflit, pour se soustraire au tortueux présent. Le capitaine estimait cette persévérance ; plutôt que de s’abandonner à des chimères, il convint de s’élancer à leur poursuite. | |
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