Cendres [Airet Syl]

Quelques commentaires à propos de Cendres

Encore le premier pas d'un long voyage, et en votre compagnie. Cendres évoluera avec vous (pour vous?) sur ce forum à mesure de son avancée. Pour le moment ce n'est qu'un projet secondaire, mais je ne manquerai pas de venir l'allonger un peu, à mesure que le sens profond du texte prendra une réelle dimension.

Thomas Mann a écrit:

La critique est à l'origine des progrès et des lumières de la civilisation

En vous souhaitant une excellente lecture.

Parcourant d’un doigt la tranche des livres exposés devant elle, Grendelor cherchait un auteur à encourager, une œuvre à révéler. Perdue dans ses pensées, son doigt arrêta sa course et ses yeux déchiffrèrent machinalement le titre : Cendres.

*Ca a l’air gai !* pensa-t-elle désabusée, *tout à fait ce qu’il me faut…*

Elle sortit le livre, guère plus qu’une ébauche en vérité, et s’installa à une table de lecture. Elle lut le texte, rapidement une première fois, puis le reprit, notant quelques éléments sur un feuille à côté d’elle. Elle le relut une dernière fois et commença à rédiger un petit commentaire à l’intention de l’auteur.


Un texte intéressant que nous avons là. La noirceur du genre humain. Un parti pris original. D’une manière générale, bien écrit, avec tout le vocabulaire pour nous donner cette impression de lourdeur, de poisse, de noirceur. Toutefois quelques petites choses me chagrinent.

Citation :

Ils n’étaient guère nombreux, à s’ébattre dans ce sillon de tombes anonymes, mais le cœur scintillant. D’une noirceur abyssale, aurait-on pu croire, mais les ragots dénigraient ce qu’ils redoutaient.

Ce « mais » me semble de trop, si tant est qu’il se rapporte au « ils » du début. Le morceau de phrase suivant, je n’arrive pas à voir à quoi il se rapporte vraiment, aux cœurs ? J’ai beau lire et relire ces deux phrases j’ai du mal à en saisir le sens telle qu’elles sont écrites.

Il y a quelques associations qui le choquent. Je ne saurais définir si elles sont voulues ou pas, aussi je les souligne.

Citation :

Les ruines affables

Citation :

satisfait d’avoir pu offrir un repos cohérent à cet homme

Citation :

Il semblait avoir perdu tout bon sens avec le départ d’un insurmontable géniteur.

Citation :

Le grand-père, sapé comme un vagabond défectueux, lui adressait de vifs coups d’œil.

Citation :

Encore quelques coups de pierre et la croix s’immobilisait.

Ici, je crois que « s’immobilisa » serait plus juste.

Citation :

Les brutales expériences du conflit multipliaient ces expériences.

Petite répétition qui perd un peu le lecteur, se demandant au final de quelles expériences il est question…

Citation :

Les mouettes, d’ordinaires assoupies dans leur complaisance, avaient fini par se taire.

Pour moi, cette phrase est un non sens. Si d’ordinaire elles sont assoupies, elles ne crient pas, donc pas besoin de se taire. Je crois bien comprendre que, alors que d’ordinaire elles sont assoupies, aujourd’hui elles crient mais qu’elles ont fini par se taire. Toutefois la phrase elle-même me semble dépourvue de sens.

Citation :

La fraîcheur du breuvage l’exhala

Ce n’est pas plutôt « l’exalta » ?

Citation :

Le besoin de humer encore la fraîcheur enfouie de pétales desséchés se montra plus forte.

Encore ici, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose pour vraiment comprendre cette phrase. Bien sûr, en y réfléchissant je vois bien ce que tu veux dire, mais le « plus forte » me fait forcément demande « que quoi ? » et ça ce n’est pas dit. Du coup je bute, lis et relis ce qui précède et ne comprends pas vraiment.

Citation :

Vicar sentait chaque parcelle de son corps flétrir, il serrait les dents pour ne pas s’étendre en un hymne enjôleur.

Là, je me pose encore des questions, est-ce bien flétrir ? C'est-à-dire que l’alcool le fait se flétrir ? Ou bien est-ce en fait « flétri » et donc que l’alcool le fait ressentir la moindre parcelle de son corps ?

Citation :

Les doigts jaunis par un tabac récalcitrant, la moustache, plus que probable, aux poils frisés, brunis par de la terre séchée et des brindilles emmitouflées.

Rhalala, encore une phrase où je me suis perdue. Bon d’accord je n’ai pas le sens de l’orientation mais quand même. Le « tabac récalcitrant » m’intrigue, l’apparition de la moustache me laisse perplexe d’autant qu’elle est « plus que probable » ? Vite un traducteur !!!

Citation :

Il n’y avait guère que les abominations pour atteindre l’ambition des soldats.

L’ambition ?! Sont bizarres ces gens…


Certaines phrases ou morceaux qui me plaisent particulièrement

Citation :

leurs nez aguerris aux funestes fumets

Citation :

Familles déchirées, pluie battante, les ingrédients d’une discorde bien menée.

Citation :

La boue et les cendres s’amoncelaient, lentement, linceul carnassier qui confinait des vivants oubliés.

Citation :

Spectres affamés de douleurs, apaisés par les poussières silencieuses.

Citation :

Restes calcinés, mégots entassés.

Citation :

La prédation se repaissait de civilisations sur le déclin, avec un délicieux dédain.

Citation :

cynique partisan d’un bourbier mouvant

C’était un commentaire rapide, mais elle n’avait pas beaucoup de temps à consacrer à la bibliothèque. Aussi, fronçant les sourcils tout en relisant une dernière fois le texte, elle le reposa et envoya sa feuille dans le courrier des auteurs.

Avoir un commentaire, ça crée une sorte d'angoisse, rien que de s'imaginer le lire. Et puis on le fait.

Grendelor, tu as parfaitement saisi la lecture qu'il me fallait! Effectivement, Cendres est un WIP dont un passage est édité chaque dimanche sur TA. Et j'avais justement besoin de commentaires pour avancer (j'ai cru que le texte faisait peur, au début).

J'ai donc ouvert le fichier associé et corrige au fur et à mesure.

¤ Ils n’étaient guère nombreux, à s’ébattre dans ce sillon de tombes anonymes, mais le cœur scintillant.

--> Ils n’étaient guère nombreux, à s’ébattre le cœur scintillant dans ce sillon de tombes anonymes.

C'est moins gênant, et on y gagne en sonorité.

¤ ruines affables, peut-être maladroit en effet, je tenais à souligner par la personnification des ruines que les habitants de la cité portuaire n'avaient guère d'autre choix que de vivre avec, elles sont donc les habitations les plus accueillantes que l'on puisse trouver.

¤ repos cohérent --> là c'est clairement voulu. certains corps disloqués n'ont pas pu retrouver leur intégralité pour reposer dans une véritable sépulture. On supposera qu'une tombe anonyme représente pour cet homme un bon matelas.

¤ Insurmontable géniteur --> J'avais déjà eu la remarque par mon cousin bibliothécaire. Silice (le gamin) en est encore à l'adoration de son père ; il cherche à l'imiter et n'envisageait pas encore possible de l'égaler (voir Papa de Chick et Adoration Déchue du même auteur). Par contre, 'insurmontable' est en effet sans doute à améliorer.

¤ Vagabond défectueux --> le choix des mots est réfléchi dans ce cas ; si la ville est personnifiée, Algar "Pépé" Soubresaut, lui, est objetisé. La ville détruite souffre, et le personnage, qui a toujours vécu là, se réconforte dans une solide carapace (quoi que cabossée).

¤ Pour le s'immobilisa tu as diablement raison, mais ce présent de narration (je crois) me semble renforcer l'instant de l'action. Encore une logorrhée, hein?

¤ Répétition d'expériences, ça c'est bien vu, je vais modifier. 'Les pratiques brutales du conflit multipliaient ces expériences'.

¤ Les mouettes assoupies dans leur complaisance. Effectivement, c'est très maladroit tout ça. J'avais bien l'explication suivante : les mouettes sont en sous-régime avec la recrudescence de nutriments (humains, hélàs), par conséquent elles sont toujours ballonnées et crient sans réelle conviction. Elles veulent plaire à leur futur repas et ne pas trop les ennuyer par leurs cris stupides à l'agonie de l'espèce humaine. Dès lors, leurs babil essoufflé s'estompe vers le silence.

¤ Non, c'est bien l'exhala. En buvant, Vicar dégage une odeur. C'est ce parfum d'armoise. Je vais sans doute l'exprimer autrement.

¤ Le besoin de humer encore la fraîcheur enfouie de pétales desséchés se montra plus forte --> s'empara de lui. C'est plus joli, Vicar est une victime dipsomane qui est contrôlé par l'arôme du génépi.

¤ Vicar sentait chaque parcelle de son corps flétrir. Je voulais indiquer le sentiment que l'on a quand on est resté trop longtemps dans son bain, on a la pulpe des doigts flétris. Vicar se sent proprement imbibé par la boisson, la dépendance l'effraie, il veut faire diversion par une chanson. Vicar a le sentiment de ressentir chaque étape qui le fait se racornir.

¤ Les doigts jaunis par un tabac récalcitrant, la moustache, plus que probable, aux poils frisés, brunis par de la terre séchée et des brindilles emmitouflées.

Vicar est ivre. Il n'a que quelques repères chromatiques (les doigts jaunes), il devine un semblant de moustache (encore qu'il n'est pas bien sûr), et il se souvient la crasse du bonhomme (ce vagabond défectueux), tout droit sorti d'un égoût empaillé. cela dit, je modifierai sans doute pour en clarifier les aspects.

¤ Oui, très chère, les soldats sont avides. Avides de piller, en moindre mesure, mais surtout avides d'en terminer et de quitter cette mélasse.

J'ai bien pris en compte tes remarques et en ai inclut certaines (les inexplicables, en fin de compte) dans le correction. C'est gentil d'avoir entamé cette lecture et d'avoir osé poster, parce que mine de rien, c'est ce genre d'observations qui me font enrichir le texte et le sens de l'histoire. En espérant continuer de vous plaire.

Hello Airet!

Un petit commentaire rapide que je voulais te faire.
j'aime beaucoup ce que tu écris, tu poses très très bien les ambiances et tu nos permet de très bien cerner tes personnages et leur mentalité.
Je trouve cependant l'utilisation des adjectifs et surtout des adjectifs décalés un peu excessive, ce qui rend la lecture parfois laborieuse.
Mais bon, je sais que cela plaît à beaucoup de lecteurs, et ce n'est là qu'un avis. Peut-être pourrais tu néanmoins tenter un allégement de la description?

Et bravo pour la référence au Génépi! On croirait presque avoir ce nectar chaud et revigorant en bouche!

Comme vous l'avez noté, il n'y a plus guère de nouvelles parutions de Cendres ces derniers dimanches, et il n'y'en aura sûrement plus qu'épisodiquement.
Et ce pour une raison bien précise, Cendres devrait devenir mon travail majeur de 2009 et contenir environ 150 pages d'ici la fin de l'année, avec refonte, retouche partielle et multiples relectures, pour changer du 'premier jet' qui m'est cher.
Ayant terminé cet hiver mon Epopée Céleste, j'ai désormais plus de temps pour me pencher sur cet essai peut-être plus ambitieux et très personnel dans le style.
Si la lecture vous manque vraiment, je pourrai toujours faire un geste

C'est bien dommage que ton texte ne possède pas plus de commentaires et que nous n'ayons pas la suite de ce texte.
Je vais essayer de commenter partie par partie mais là je vais plutôt faire sur l'ensemble et juste un simple avis personnel en disant que j'ai bien aimé, j'aime bien l'histoire, les personnages que tu nous décris, un monde inconnu et connu en même temps.
Tu écris bien, plutôt dans un ersatz de texte à la fois lyrique et soutenu mais qui fait du bien aux yeux.
Je reviendrai.

"Et si vous lisiez Cendres ?"

Oui, oui ! je le ferai un jour ou l'autre, ça presse pas !

Et puis le jour où je m'y colle enfin j'ai une vilaine sensation de honte ! honte parce que je ne l'ai pas lu avant et que je suis passé à côté d'un des meilleurs textes que proposent les bibliothèques. Mais mieux vaut tard que jamais parait-il.

J'ai été enchanté par ce texte qu'on parcours comme un tableau de maître, comme une fresque noire et minutieuse, sur laquelle il faut se pencher longtemps pour s'en impreigner totalement. Il y a là un fourmillement de détails, de trouvailles et de desseins comme on en voit rarement. Le détail de la phrase poussé à l'extrême donne une impression majestueuse, qui inspire à la fois admiration et respect. Mais le style maîtrisé ne serait rien sans l'accomplissement majeur de ce texte : son histoire. Car ici l'auteur parvient avec magie et virtuosité à concilier style et scenario, fond et forme, histoire et syntaxe. C'est une chose rare de lire quelque chose d'à la fois divertissant et esthétique. Alors quand c'ets bien fait il faut savoir le reconnaître ^^

J'ai adoré ces teintes sombres, ces parfums enhivrants, ces bruits entêtants, cette ambiance d'éternelle pénombre, entre chiens et loups. On finit par ressentir la texture même de ces cendres à travers les lignes et les vies de ces personnages. C'est froid et vigoureux. C'est grouillant et stérile. C'est métallique et viscéral.

Non vraiment !

Quand on a éprouvé du plaisir il faut dire merci.

Alors merci pour ce très beau texte.

Puisses-tu y revenir souvent dans l'avenir.

Rholala dvb, j'étais tombé dans une embuscade au boulot (It's a trap!), et puis ma secrétaire m'informe que j'ai reçu un mail qui dit qu'on a répondu à ce sujet surveillé! (bon en fait la secrétaire n'existe pas vraiment).

Ca m'a rendu un grand service de lire ce commentaire. Et pendant ce temps je dérouillait mes aptitudes pour pouvoir illustrer ce monde. Il y a un peu plus qu'autant de petites parties qui n'ont pas été postées, parce que ne laisser qu'une intro, c'est aussi intéressant de s'imaginer qu'il y a une suite quelque part.
Et bien ces personnages vont reprendre de leur mordant. Comme quoi le martelage médiatique...

Donc à mon tour de te renvoyer ce merci (un autre, je ne vais pas te rendre un présent tout de même).

J'ai imprimé et relu "Cendres" deux ans plus tard.

Là je crois qu'il est vraiment temps de faire quelque chose pour que ce texte ne tombe pas dans les limbes ^^

Sais-tu, cher dvb, que 3ans après en avoir publié le dernier morceau, Cendres a doublé de volume et il m'arrive parfois d'en faire la relecture, de l'améliorer encore et encore, et parfois de le poursuivre.
C'est un récit méticuleux.

Et fort en épithètes.

Citation :

Sais-tu, cher dvb, que 3ans après en avoir...

Maintenant ouiiii !!