Sombre ruelle pour vagabond noir [RP concerté]

C'est l'odeur du loup qui l'avait attirée. Et l'étrangeté de celle de l'homme qui l'accompagnait. Alors qu'elle sortait de la taverne, Lùthien l'avait humée et la curiosité l'avait dévorée comme un chaton devant un nouveau jouet. La journée avait été d'une banalité à dormir et l'elfe commençait à désespérer de trouver qui que ce soit d'intéressant dans les bas-fonds de la cité. Elle hésita un instant en regardant sa moto, mais l'odeur était proche, pas besoin de la prendre. La chasseuse en fut légèrement déçue mais rapidement un sourire mutin se peignit sur son visage, faisant briller ses yeux dorés.

Nez au vent, l'elfe parcourut les ruelles avant d'entendre un groupe de miliciens interpellés brutalement quelqu'un. Sûrement sa proie à en juger par le fumet délicat qui flottait jusqu'à elle. S'approchant discrètement, sans bruit, elle évalua la situation. 4 soldats, 2 arbalètes, 2 épées, un homme et un loup. La patrouille était nerveuse, des choses étranges rodaient souvent dans Galvorn. L'homme et le loup étaient de marbre, le loup cependant prêt à agir, une lueur mauvaise dans son regard. Lùthien réfléchit un instant. Elle n'avait pas envie de se battre avec les gardes, encore moins sous cette forme là. Son travail à Galvorn lui plaisait. Une idée lui traversa l'esprit, faisant naître une lueur amusée dans ses yeux.

Un loup noir approcha doucement derrière les miliciens, flaira l'un de ceux qui tenaient une arbalète. Avant qu'il ait le temps de complétement se retourner pour voir ce qui touchait ainsi son pantalon, le loup leva la patte et arrosa copieusement le-dit pantalon. Le garda cria, faisant fuir l'animal. Oubliant en un instant l'homme et l'autre loup, la patrouille partit à la poursuite du loup noir qui les perdit sans mal dans les ruelles sombres. Il réapparut derrière Legion, le poussant doucement derrière les genoux pour lui signifier qu'ils feraient mieux de partir avant que la garde ne vienne rechercher sa proie première.

L'être sombre commençait à lui plaire.

Elle s'était laissée renifler sans bouger, il n'apprendrait pas grand chose par ce moyen, si ce n'était que malgré les apparences elle était femelle. Elle ne rendit pas la pareille au loup. Les elfes ne se sentent pas ainsi et, puisqu'il était provoqué, le changement n'affectait pas sa façon de penser. Les gardes étaient revenus plus vite que la chasseuse ne l'avait escompté, ce qui les fit un instant remonter dans son estime. Ils étaient coincés, ce qui ne sembla pas perturber l'être qui les menait, le loup et elle. D'un geste, il disparut dans un mur d'ombres. La louve n'avait pas eu le temps d'observer le phénomène, qui pourtant fit remuer le Loup dans son âme. Les soldats la mettaient en joue, seule proie visible. Ils n'eurent pas le temps de finir leur mouvement et s'effondrèrent, victimes des sortilèges de l'homme.

Il ressortit, toujours accompagné de son loup, et repartit sur son chemin, l'invitant d'un signe. L'elfe hésita quelques instants, les regardant s'éloigner. La transformation la fatiguait et le jeu était fini. Un grognement retentit derrière Legion, où Lùthien, nue, frissonnait, débarrassant l'un des gardes de sa veste, trop courte évidemment pour l'elfe. Déchirant sa chemise de ses mains encore griffue, elle s'en fit une jupe avant d'emboiter le pas à l'homme au masque de fer, son allure menaçante malgré son habillement digne d'une habitante des égouts.

Un soupir agacé s'échappa des lèvres de l'elfe quand elle entendit le bruit des gardes revenant à eux. Visiblement, ils en voulaient. Un rire joyeux retentit.

Il y en a au moins un qui doit me détester.

L'étincelle joueuse revint dans le regard de Lùthien. Son compagnon, lui, ne semblait pas goûter la plaisanterie et cherchait un endroit où se cacher.

Ho, tu ne veux vraiment pas te battre? Tu as bien raison, ils sont trop mous.

D'un geste de la main elle lui fit signe, pas le moins du monde complexée par sa tenue légère, seul lui importait de ne pas trembler de froid.

Si tu veux te cacher, suis moi et ne traine pas.

L'elfe se mit à courir avec agilité et rapidité, ses mouvements rappelant ceux du loup en chasse. Sans s'inquiéter de savoir s'il la suivait ou non, après tout il faisait bien ce que bon lui semblait même si elle trouvait sa compagnie intéressante, Lùthien s'engouffra dans la ruelle sombre, sauta lestement sur un tas de gravats pour atteindre le toit de la maison qui la bordait. Courant sur les tuiles, elle traversa la longueur et d'un bond gracieux s'envola par dessus la ruelle suivante. Toujours aussi prestement, elle redescendit. A quelques pas, une bouche d'égout était visible et la chasseuse la souleva d'un mouvement désinvolte avant de s'y glisser.

*Pas un bavard, ça c'est sûr*

Si l'homme l'intriguait, Lùthien n'en laissait rien paraître. Les égouts étaient son second royaume; elle savait où passer sans danger, à quel endroit commençaient les territoires interdits même pour elle. Un frisson la secoua. Si sa pudeur n'était pas gênée de sa tenue, l'air collant et poisseux lui rappela que de simples morceaux de tissus n'étaient pas vraiment adéquats. L'elfe tourna donc brusquement à l'embranchement qu'elle s'apprêtait à traverser. Un coup d'oeil en arrière lui apprit que Legion était toujours là, bien qu'il sembla se diriger sans vraiment la suivre. Avec un haussement d'épaules elle annonça tout de même.

Je vais me chercher une paire de fringues, j'ai ma tanière par là-bas. Si tu veux te balader tout seul ici, méfies-toi quand même, il y a des choses qui seront peut être dangereuses, même pour toi. Après, si t'es pas pressé, tu peux venir et ensuite je t'emmène où tu veux, si tu sais où tu veux aller. Par contre, j'te préviens, j'suis pas un guide touristique.

La voix de l'elfe était désinvolte et, malgré son parlé, toujours mélodieuse. Elle était curieuse mais savait aussi que c'était un compagnon bien secret sur lequel elle était tombée. Son regard doré, légèrement phosphorescent dans la nuit des égouts, se posa sur le loup noir. A nouveau son démon intérieur remua. Il y avait quelque chose, c'était certain.
Se retournant, la chasseuse reprit son chemin tortueux dans les passages, plutôt étroits, des bas-fonds. Il lui fallut une bonne douzaine de minutes avant d'atteindre sa tanière. Un cul de sac sombre, dont l'entrée était signalée par un amoncellement de petits os, soigneusement rongés, pour certains violemment cassés. Des couvertures recouvraient le sol, elles-mêmes couvertes de poils noirs. Un lourd coffre était visible tout au fond, contre le mur.
C'est vers lui que Lùthien se dirigea, se débarrassant de ses frusques en chemin, offrant à la vue le corbeau tatoué sur son épaule gauche, s'emplissant de l'odeur fauve qui régnait en ces lieux, bien plus agréable que celle, nauséabonde, qui suintait de l'eau stagnante. Ouvrant le coffre, l'elfe sortit des sous-vêtements, un pantalon de cuir noir, un débardeur et une veste en cuir de la même couleur, ainsi qu'une paire de bottes. Elle s'habilla rapidement et se pencha à nouveau dans sa réserve. Elle en tira un lourd rouleau de velours, qu'elle déroula, dévoilant 5 fines dagues qu'elle répartit dans ses vêtements. Enfin correctement équipée, l'elfe se sentit mieux.

Il voyait leur visage sans en saisir les saveurs ni relief, son système nerveux végétatif faisant le plus gros du boulot, lui indiquant la seule chose qui valait la peine d'être sue. Leur accoutrement. Ils faisaient partie de la milice de la cité sombre. Cela suffisait, et il s'en contentait, il n'en avait même presque rien à faire si ce n'est qu'ils semblaient assez enclin à lui tailler une bavette. Où plutôt de l'emmener au poste du quartier, leur mine sévère le regardèrent avec pitié et dégoût. L'un d'eux l'intima de le suivre, le ton dur sans être agressif.

Il n'en avait rien à foutre. Il prit une énième rasade de saké parfumé à la cannelle, une des moult spécialités d'un des bars de la rue. Le liquide s'écoula dans sa gorge, chaud comme la braise, réconfortant et légèrement sucré. En cet instant il ne pouvait pas rêver mieux sinon d'être tranquillement avachie dans un divan, un verre et sa bouteille de saké placés à portée de main. Et surtout de ne pas avoir ces gêneurs.

Ils lui dirent plusieurs choses, il n'en retint aucune, n'écoutant même pas. Il n'en avait pas envie. L'un d'eux le saisit pas le bras. Par réflexe, il tenta de se dégager mais la main du garde tenait fermement son poignet. Leur regard se croisèrent.

- Lâches moi.

Sa réponse négative déclencha une réaction en chaîne d'une complexité inouïe dans son organisme, sa conscience embrumée s'égarait sur un chemin dangereux laissant sa place à ce qu'il n'était pas, ce qu'il n'aurait jamais fait.

- Lâches moi. C'c'est, un..un conseil. prononça-t-il, titubant à moitié

Leur regard sévère contrastaient avec le sourire moqueur. Le garde le força à marcher et ils se mirent en route vers le poste. L'un des trois gardes s'empara de sa bouteille de saké. L'engrenage était en marche. Le temps de réalisé sa situation mettait un temps bien long à lui arriver en pleine figure.

Arrivé à un carrefour, de l'animation fit des échos, un autre groupe de gardes passèrent devant eux. Un des miliciens s'arrêta et leur exposa brièvement leur situation. Ils étaient à la recherche d'un type louche, portant un masque et accompagné d'un loup noir, et qui n'agissait pas seul apparemment. Il y avait sans doute des morts déjà, et plusieurs escouades étaient arrivés en renfort pour fouiller le quartier et trouvé cet individu criminel.

- vous...vous le retrouverez jamais bande de moustiques, mais faites faites...je m'en fich'tout'façon.
- Toi la ferme, et suit nous saleté d'ivrogne de merde.
- Yen a marre de vous, de vrais parasites !
- Et bah...t'avais paka croupir dans cette cité, abruti, tu crois que ça te rend plus brillant d'être gare ici et pas à Atalante ? t'es qu'un idiot pour penser ça. Hey, heu, va t'faire. Tous, vous servez à rien.
- La ferme !
- Si je veux.
- Ah ouais ?!
- Aller, je suis su..ur que ça t'fait bander d'utiliser ton statut à outrance, aller vas y, je m'en fous. T'es qu'une sous-merde toi et tes potes. Laisse moi, lache moi, s'il te plait.
- Pardon ?!
- Alleeeeeer je m'excuse, je suis déchiré, c'est normal qu'j'dise plein de conneries.
- Tssss, la ferme. Sinon je te colle un bourre-piffe, t'as pigé, j'hésiterais pas à la prochaine insulte !

Il se débattit, sans grande vicacité mais avec force. Ils lui ordonnèrent de s'arrêter sur le champ et il ne trouva à leur répondre qu'une provocation de plus. Le poing du garde lui arriva en plein figure et il ne trébucha pas car le garde le tenait fermement de l'autre main.

Astriel s'arrêta, il porta sa main sur son visage puis porta un regard emplit de haine et de colère. Son sang qui bouillonnait tranquillement depuis peu sembla entrer en éruption. Cet flasque infâme qui cogitait en lui s'agita violemment.

Au moment où le garde s'apprêtait à repartir et à le traîner de force, il ressentit une vive douleur au bras. Il se retourna vers son origine et ses yeux roulèrent à moitié lorsqu'il découvrit son bras brisé en deux, la douleur se déversa sur lui comme une coulée de boue. Il posa genou à terre, paralyser de douleur. Les deux autres eurent plus de chances, l'ange se glissa derrière le deuxième garde et lui brisa simplement la nuque dans un bruit écoeurrant. Le dernier se rua sur lui tandis que son collègue tombait sur les pavés. Astriel matérialisa une fine lame de plasma et la planta dans son abdomen, puis décrivit un bel arc de cercle qui trancha net les viscères dont la rate, l'homme s'effondra et mit peu de temps à trépasser à cause de l'hémorragie importante.

- c'était pas une insulte d'..d'abord.

Le dernier survivant, le bras brisé était paralysé par la peur plus que par la douleur. Astriel ne faisait même plus attention à lui, il prit une gorgée de la bouteille qu'il avait rattraper avant qu'elle ne se brise sur le sol. Puis reprit son chemin.

Derrière lui des cris retentirent, des bruits entrèrent en échos et des rumeurs fondées allaient se répandre telle une traînée de poudre. Il s'en moquait en l'instant présent. Il ne voulait plus les entendre. Il voulait être seul dans son manteau de chagrin et de déchéance.

Quelques minutes plus tard et plusieurs centaines de pavés parcouru, il n'aperçu guère une bouche dégoût sans son couvercle et...tomba dedans. A moitié sonné, mais heureux de voir la bouteille de saké sans une égratignure, il se releva en titubant et regarda en vers la sortie. Il resta là un moment puis poursuivit sa route dans les égoûts. Errant telle une âme en peine.

Il ne fallut pas longtemps avant qu'il ne tombe nez à nez avec une ruée de rats dont certains faisaient aisément la taille d'un chat. Sans doute y avait-il plus gros. Il n'y prêta pas trop d'attention, et déambulait sans but précis. Puis fut attirer inconsciemment par une lumière. Et Il tomba nez à nez avec une silhouette sombre. Il observa son attitude face à rat plus gros qu'à l'accoutumé, intéressant fut le mot qui se matérialisa à sa conscience encore présente. Il remarqua d'ailleurs que l'individu, et son loup, étaient encerclés. Il remarque également, qu'il l'était tout autant. Cependant, il ne réalisait pas plus du danger que la vermine représentait que de l'hostilité potentielle de l'individu.

Comme elle s’y attendait, il ne l’avait pas suivie. Même si sa curiosité était éveillée, l’elfe n’avait pas l’âme d’un saint-bernard. De plus, elle le pensait de taille à affronter la plupart des habitants de ce niveau des égouts. Plus bas, c’était une autre histoire. Lùthien s’apprêtait à remonter prendre un verre à la taverne quand un hurlement la figea. Celui-ci n’était pas humain, ni même animal. Mais elle reconnut les couinements excités qui suivirent. Des rats.
Ceux des bas-fonds de Galvorn avaient la particularité d’être assez intelligents et très belliqueux. Une sorte de roi les gouvernait, un rat si gros que certains le pensaient issu de manipulations d’un mage un peu fou qui avait élu domicile dans les égouts pendant quelques années avant de reprendre une vie « normale » à la surface. Il était vrai que ce rat, surnommé le Mutant, hantait les égouts depuis plus d’une dizaine d’années maintenant.

Tournant à droite plutôt que de prendre l’échelle qui remontait, la chasseuse continua en direction des cris. Elle ne s’en faisait pas, mais voulait observer l’homme au masque de fer et son loup, ainsi que la chose qui avait hurlé ainsi. L’elfe n’était plus qu’à un croisement de distance quand elle commença à se sentir mal. Sa peau la démangeait. C’est en voyant la scène au complet qu’elle comprit, alors qu’une nausée lui soulevait l’estomac et la pliait en deux. Aux côtés de l’homme se tenait un ange. Certes, pas au mieux de sa forme vu sa façon de tituber, mais son aura brûlait l’elfe aussi sûrement que s’il avait eu une auréole de lumière. Tombant à genoux, un grondement sourd s’échappa de sa gorge.