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 Epique Epique & Colégram

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Mike001
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Mike001
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Fév - 23:55

Lepzulnag a écrit:

Citation :
Elles se sont lavé
Et là on n'accorde pas Tétanisé

Il manque un bout de phrase après le verbe pour que ce soit correct, mais oui, il y a de ça.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 11:39

Personnellement, vous m'avez perdue : pourquoi Elles se sont baignées et pas Elles se sont lavées ? Et pourquoi manquerait-il un bout de phrase après Elles se sont lavé pour que ce soit correct ?
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 14:58

http://la-conjugaison.nouvelobs.com/regles/orthographe/l-accord-du-participe-passe-des-verbes-pronominaux-188.php

Enjoy.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 16:01

Citation :
2. Le participe passé ne s'accorde pas lorsque le verbe pronominal réfléchi ou réciproque admet un C.O.I.
C'est pourtant clair, non ? Blagueur
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 16:16

Sinon pour répondre exactement à ta question :

On dit bien "Elles se sont lavées.", j'avais tort.

Par contre si on rajoute un bout de phrase après : "Elles se sont lavé les mains." ; là on n'accorde pas, parce que le COD est après le verbe.

C'est là un cas assez simple, mais entre toutes les règles que j'étais en train de lire, je m'étais totalement perdu. L'histoire de COI sus-citée par exemple.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 16:19

Merci pour le doc Mike et merci pour la clarification Lepzulnag (Ohh le vilain double post  Blagueur ).

Je pense avoir compris, mais je sens que je ne suis pas à l'abris de m'embrouiller le cerveau à nouveau ^^
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 16:38

J'ai horreur de la langue française.
Il faudrait avoir cette règle sous la main dans les aides à l'écriture. Mais, je suppose que Mike l'a déjà placée.
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Mike001
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 19:23

Cassiopée a écrit:
J'ai horreur de la langue française.
Il faudrait avoir cette règle sous la main dans les aides à l'écriture. Mais, je suppose que Mike l'a déjà placée.

[plagiat Chikoun]

Je ferai un article sur la grammaire. Un jour.

[/plagiat]

Un jour où je les connaîtrai mieux aussi.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Fév - 21:16

Ahahahahahah ! Enfoiré ! Cela dit, mon article sur les pieds, je l'ai fait ! Eh oh !


Cela dit, je n'avais pas noté cette règle sur les verbes pronominaux réfléchis dans mon article sur les participes Très Heureux


J'essaie de trouver des contre exemples à mon explication, mais selon moi c'est parce que la véritable forme de "elles se sont lavé les mains" est "elles ont lavé leurs mains". Et ce n'est plus le sujet qui est source de l'accord.
Alors qu'on ne peut pas dire "Elles ont lavé" tout seul, si c'est pour dire qu'elles se sont lavées elles.
C'est à mon avis plus fiable que de voir s'il y a quelque chose après. Parce que "Elles se sont lavées à la fontaine". (Il faudrait donc préciser qu'il faut que ce soit un COD (?) après, pour qu'on n'accorde pas, mais pour ca il faut savoir faire la différence entre un COD et un COI)



Spoiler:
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Lepzulnag

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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Fév - 15:20

Yo tout le monde !

J'ai enfin terminé l'histoire suivante : Les Taches de Sang, disponible ICI.
Pfiouu... Plus que cinq épisodes ! Satisfait

Je ne vais pas vous parler tout de suite de cette nouvelle histoire, je vous laisse la découvrir... Je tiens simplement à prévenir qu'elle est assez longue, donc prévoyez un bon quart d'heure, au calme, pour la lire. Du reste, j'ai tout fait pour que vous ne vous ennuyiez pas !

Comme d'habitude, les conseils et les critiques sont plus que bienvenus Content







(@Mike: dernières corrections effectuées)
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Haalysse
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Fév - 23:22

Yooo  Salut !

J'aime beaucoup ce nouveau texte Succès total Vraiment ! Même si c'est vrai qu'il est long. Je trouve aussi qu'il y a plus de répétitions que d’habitude. Ou alors c'est les corrections de Mike sur mes propres écrits qui commencent à porter leurs fruits ^^

Je n'ai pas tout relevé, seulement lorsque mon cerveau sortait de la découverte de ton texte et se rendait compte de cela :


Lezulnag a écrit:
- Je n'en ai strictement aucune idée. On dirait une sorte de statuette. Si on la regarde assez longtemps – ce que j'ai fait – on peut discerner des yeux, et peut-être des bras et des jambes... En tout cas c'est assez hypnotique. Tiens, regarde.

> deux fois regarde


Lezulnag a écrit:
- Comme vous êtes méchants ! Tiens, pour la consoler, je vais dormir avec elle cette nuit. Hein, ma jolie petite statuette ? Ça te dit ? On va dormir ensemble !
- J'aurais peur, à sa place... sourit Alex.
J-E rendit la statuette à son ami.

> Deux fois dormir, deux fois statuettes. Statuettes revient également beaucoup à la fin là :


Lezulnag a écrit:
- J'ai enfin compris, J-E ! triompha-t-il en souriant. Ah ah ! J'ai compris ! C'est à cause de la statuette que tout ceci arrive !
Il s'agenouilla devant son ami. Avec affection, il posa une main bienveillante sur son crâne chauve et calciné. J-E était à deux doigts de pleurer de soulagement, de fondre en larmes sans la moindre retenue.
- Elle me parle, J-E, expliqua-t-il doucereusement. La statuette me parle.


Lezulnag a écrit:
Au fait, Matthieu, Alex et moi on a une question très importante à te poser... Une question assez... personnelle.

> Deux fois questions. Et je crois que ce mot revient aussi dans le reste du texte.


Lezulnag a écrit:
- Il n'y a que trois possibilités, calcula Matthieu (ses yeux plissés auraient fait honte au plus perspicace des détectives). Première possibilité : l'un d'entre nous ment, et a saigné du nez cette nuit. Deuxième possibilité : un inconnu blessé a fait effraction chez nous cette nuit, a utilisé les chiottes, puis est reparti en prenant soin de ne rien déranger. Troisième possibilité : quelqu'un, dans cet appartement est somnambule.

> Quatre fois possibilités, mais là ça peut paraitre logique  Succès total


Lezulnag a écrit:
la sérénité de son ami le [/color]rassurait[/color].
[...]
la tranquillité de son ami [/color]rassura[/color] J-E.

> Deux fois rassurer dans des phrases similaires. Mais ça peut aussi jouer en faveur du texte. (La répétition légèrement différente dans un rêve); Après réflexion, je laisserai si j'étais toi  Complice

Selon mes souvenirs, il y a aussi beaucoup les mots somnambule, coupable, ménage, chants, buissons, voiture. (j'ai un peu eu la flemme de tout quoter, désolée  Gêné )

J'ai aussi remarqué des virgules manquantes (parfois il s'agit juste d'un goût personnel, tu n'es pas obligé de suivre, hein !? ^^)


Lezulnag a écrit:
Du coup, lequel d'entre vous qui a saigné du nez cette nuit ?
Lezulnag a écrit:
Par contre, tu connaîtras personne.
Lezulnag a écrit:
Déjà, il devra commencer par nettoyer les toilettes
Lezulnag a écrit:
Quand ils auront atteint, la voiture ils pourront rentrer à l'appartement
Lezulnag a écrit:
Ignorant royalement son colocataire, il sortit de sa chambre d'un pas malhabile.


Certaines tournures de phrases sont orales, et même si c'est dans un dialogue, ça me dérange un peu :

Lezulnag a écrit:
C'est pas toi qui a tâché les toilettes ?

> Ce n'est pas toi


Lezulnag a écrit:
Par contre, tu ne connaîtras personne.

Lezulnag a écrit:
ils risquent de ne pas nous laisser tranquilles.


Et ici un retour à la ligne intempestif  Blagueur :

Lezulnag a écrit:
l'un
sobre, l'autre titubant misérablement.


Ici, il manque un mot :

Lezulnag a écrit:
Mais ce dernier ne s'était pas aperçu qu'il l'avait laissé derrière, continué son chemin sans s'arrêter.


Et une faute ! La seule que j'ai repérée ^^

Lezulnag a écrit:
que le jeune homme en fut paralysée

> paralysé

Là, il manque un tiret :

Lezulnag a écrit:
Alex, tu fais quoi ? Matthieu est devenu fou...


Et là, un espace c'est ajouté, le coquin  Diable

Lezulnag a écrit:
- C'est trop laid ! s'exclama-t-il Espace en trop dès qu'il l'aperçut de près.


Ensuite, je pense que Alex et toi devriez-vous poser des questions. Enfin, surtout toi : ton colocataire à quand même imaginer que tu le tuais à cause d'un objet que tu as ramené de la rue. Peut être son inconscient en a-t-il marre de ton côté chineur ? Blagueur

Plus sérieusement, je trouve ce texte sympa. On sent bien la peur de J-E, et on partage ses doutes. Et tu nous embrouilles très efficacement quand il se dit qu'il est content de rêver d'Emma Watson, puis qu'il retourne à son rêve comme si c'était la réalité. C'est un peu comme ça dans les rêves. On le sait sans le savoir.

Enfin bref, la suite, la suite ! Dansant
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMar 17 Fév - 15:19

Corrections effectuées Haalysse, beau travail !

Je crois que tu as une apprentie, Mike Content

Haalysse a écrit:
Ensuite, je pense que Alex et toi devriez-vous poser des questions.
Il faut bien garder à l'esprit qu’Équipe Épique & Colégram est une version romancée de nos rêves et de nos histoires ! Je tire mon inspiration d'un peu partout, de là où je peux la trouver, et parfois j'invente quand il manque quelque chose.

Par exemple dans cette histoire, il y a très peu de matière réellement tirée d'un cauchemar. Je pense qu'il est intéressant de connaître la vérité a posteriori, du coup voilà comment j'ai construit cette nouvelle :

Spoilers:
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeJeu 19 Fév - 3:36

Petit padawan deviendra grand (:
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeLun 2 Mar - 17:32

Salut tout le monde !  Content

On est lundi, et lundi, c'est le jour d’Équipe Épique & Colégram !

Cette fois-ci je vous propose une courte nouvelle, encore une fois issue de l'esprit décidément fort fertile de J-E :


Quel psychologue sera assez audacieux pour oser interpréter ce songe ? J'attends vos dissertations  Tu peux pas test

Plus que quelques épisodes, et les choses sérieuses vont commencer.

Bonne lecture !
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Mar - 22:12

Lepzulnag a écrit:


6. Opération Réveil





Matthieu avait toujours eu des difficultés à se réveiller. Un jour, il raconta à ses deux colocataires comment, même enfant, c'était la croix et la bannière pour qu'il daigne se lever. Chaque matin son esprit luttait si violemment pour goûter au plaisir de quelques minutes supplémentaires de sommeil, qu'on en venait à se demander s'il ne valait pas mieux le laisser tranquillement dormir.

Or il vint une sombre époque, où les études se firent particulièrement éprouvantes, et surtout, extrêmement matinales. Se lever chaque jour à huit heures était un devoir que le jeune homme se fit (fît) un point d'honneur de respecter ; jusqu'à ce que la fatigue se fisse si accablante que malgré les attaques furieuses de son réveil, dormir restait toujours la meilleure option. Matthieu parvint à se lever à l'heure pendant le premier mois ; suite de quoi, il manqua systématiquement les cours du matin.

Cette situation ne pouvait durer. Quelles chances le jeune homme avait-il de réussir ses études, si son métabolisme faisait tout pour qu'il échoue (échouât ; si tu joues avec le subjonctif imparfait il faut aller jusqu'au bout :b) ? Lui fallait-il inlassablement se battre contre lui-même ? C'était un combat qu'il ne pouvait gagner...

Ou du moins, qu'il ne pouvait gagner seul. Un soir, alors qu'il dégustait avec Alex et J-E un délicieux cheesecake, il leur (inutile) demanda leur aide.

- Mes amis, l'heure est grave. Cela fait à présent huit jours d'affilée que je n'arrive pas à me lever pour aller  l'université. Ce cheesecake en est la preuve : comment aurais-je eu le temps de le faire, sinon ? Mais voilà : mon niveau baisse de jour en jour, et si ça continue ainsi, mes prochains partiels risquent d'être un obstacle que je ne saurais surmonter. C'est pourquoi j'ai besoin de vous.
- Tu veux qu'on te réveille ? s'étonna J-E.
- Oui. C'est ma seule chance si je veux réussir. Les alarmes n'ont plus le moindre effet sur moi : je les éteins sans même m'en rendre compte. Mais une présence humaine, j'en suis sûr, saura rallumer ma conscience.

Les trois amis restèrent un instant silencieux ; le gâteau était diablement bon.

- Pour nous ce ne sera pas un problème, jugea Alex. On se lève avant toi de toute façon. Il nous suffira de se relayer. À quelle heure tu veux qu'on vienne frapper à ta porte ?
- Vers sept heures et quart, ce serait parfait. Ça me laissera le temps de manger et de me préparer.
- Ok. Faisons comme ça alors.

Ainsi, la fin de ce cheesecake marqua le début d'une ère nouvelle, qui n'allait durer que quelques mois seulement, mais qui allait laisser une empreinte durable dans la vie des trois jeunes hommes. L'ère où Alex et J-E devaient s'occuper de réveiller Matthieu.



1er réveil.
Il était précisément sept heures et quart quand Alex, après avoir pris sa douche, vint toquer à la porte de Matthieu. Il poussa doucement la poignée, et sa tête bienveillante s’immisça dans la pièce.

- Il est sept heures et quart... prévint-il doucement.

Au fond de la chambre, Matthieu s'éveilla délicatement. Il s'étira avec grâce, puis poussa un petit grognement de contentement.

- Ah, mon brave Alex, souffla-t-il.
- Tu veux que j'allume la lumière ? demanda ce dernier.
- Je veux bien, oui... Merci.

Alex referma la porte, et Matthieu s'assit sur son lit. Pendant plusieurs minutes, il laissa les pensées matinales fourmiller agréablement sous son crâne. Il était certes fatigué, ses yeux s'ouvraient avec difficulté, mais il souriait : il était heureux d'être parvenu à se lever, d'être prêt à affronter cette nouvelle journée. Huit heures de mathématiques l'attendaient aujourd'hui, et il savait que sans ses colocataires il en aurait manqué la moitié.

- Allez, c'est parti... grogna-t-il d'une voix rauque, et il chercha ses habits d'un regard pas encore très alerte.



4e réveil.
Ce matin, ce fut J-E qui ouvrit sa porte. Comme son camarade jusque-là, il se montra prévenant et attentionné.

- Debout, Matthieu ! chantonna-t-il joyeusement. Il est l'heure de se lever !

Après quelques secondes, le cadavre qui gisait sur le lit s'agita brutalement, produisant les sons les plus désagréables.

- Allume la lumière s'il-te-plaît, lui demanda Matthieu d'une horrible voix.

Il se sentait tellement fatigué.... Après dix minutes d'intenses efforts, il parvint à quitter sa position allongée. Une étrange grimace déformait ses traits. Quel calvaire de se lever si tôt. Ne pouvait-il donc profiter un peu plus de ses matinées ?

Il saisit ses vêtements d'une main dépressive.



8e réveil.
- Toc toc toc... fit la mélodieuse voix d'Alex.
- Grmmbl... grommela Matthieu d'un ton peu commode.

Alex alluma la lumière. Son ami poussa alors un terrible cri, et se tortilla dans tous les sens.

- Noooon ! Pas la lumière ! gémit-il. Éteins-la, éteins-la !

Alerté par le ton déchirant de sa voix, Alex s'exécuta. Néanmoins il resta un instant debout devant l'embrasure de la porte, comme hésitant. Puis il demanda :

- Tu vas réussir à te lever ?
- Oui, oui... Laisse-moi juste un peu de temps. Je vais allumer la lumière moi-même.

Alex ne savait pas trop s'il devait croire ou non son ami. Finalement il décida de lui faire confiance, et il referma la porte.

Mais sitôt que le noir envahit la chambre, Matthieu se rendormit.



11e réveil.
Cela faisait trois matins de suite que Matthieu ne se levait pas, et cela n'avait pas échappé à ses deux colocataires. Aujourd'hui c'était au tour de J-E d'aller toquer à sa porte.

- C'est stupide, dit-il à un Alex intensément concentré sur sa brioche. Il veut qu'on vienne le réveiller, mais juste après il se rendort !

Alex se contenta d'acquiescer. Il se disait que c'était le problème de Matthieu, qu'eux tentaient juste de l'aider, et que si ça ne suffisait pas alors il n'y avait rien à faire : ils n'allaient pas le forcer. Mais J-E était d'un autre avis. De nombreuses pensées le travaillèrent, jusqu'à ce qu'il murmure (murmurât) d'un air fourbe :

- J'ai une idée...

***

Matthieu dormait d'un air serein, un sourire candide aux lèvres et la tête profondément enfouie dans son oreiller, quand sa porte s'ouvrit soudainement.

- MATTHIEUUU !! rugirent ses deux colocataires.

La lumière éclata dans la pièce, et ils plongèrent sur son lit.

- IL FAUT SE REVEILLER ! gueulèrent-ils.

En même temps, J-E saisit son ami endormi par le cou, et tenta de le tordre comme s'il égorgeait un coq. L'effet fut réussi : jamais Matthieu ne s'était réveillé aussi rapidement. D'une pulsion des jambes il renversa J-E en arrière et tenta de s'arracher à sa prise ; mais ce dernier s'accrochait à lui de toutes ses forces.

- Vas-y Alex, je le tiens !

À cette époque, le lit de Matthieu était plus utilisé en tant que ring qu'autre chose : sa grande largeur et ses deux mètres de longueur permettait les combats les plus épiques. De plus, entre le mur et le bout du lit se trouvait la « fosse », un espace réduit où l'on pouvait facilement faire tomber une personne de taille humaine, et qui faisait également office de dépotoir pour le linge sale de Matthieu. Les féroces bastons sur ce lit n'avaient qu'une seule règle : le dernier qui n'était pas tombé dans la fosse, était le vainqueur.

Aussi, quand Alex vit ses deux amis empêtrés, il vit là l'occasion de remporter une victoire éblouissante. Il les chargea, et prenant appui sur le bois-de-lit, les poussa de toutes ses forces.

- Noooon ! s'écria J-E. Traître !
- Allions-nous, J-E ! cria Matthieu. C'est notre seule chance !

Les deux amis se jetèrent sur un Alex prêt à défendre chèrement sa vie.

Dix minutes plus tard, le combat se terminait, laissant les jeunes hommes essoufflés. Personne n'était tombé dans la fosse – Alex s'était héroïquement défendu – mais il était l'heure pour les trois compères d'aller au travail.

- Tu vas réussir à te lever, ce coup-ci ? fit Alex.
- Je ne vois pas comment je pourrais réussir à me rendormir ! rigola Matthieu.
- Mission accomplie, alors, observa J-E. Tu peux nous remercier : un réveil aurait été bien moins efficace.
- C'est vrai... Merci. Mais ne me faites pas ce coup-là tous les matins !



16e réveil.
Au fil du temps, il avait fini par s'établir une petite routine. Alex et J-E avaient abandonné l'idée de parvenir à faire se lever Matthieu chaque matin ; néanmoins, cela les amusait de venir l'embêter. Souvent, J-E réfléchissait à comment il pourrait bien le surprendre. « Il faut qu'on trouve des façons amusantes de le réveiller... » dit-il un jour à Alex.

Or ce matin-là, en observant les casseroles dans la cuisine, il eut une très bonne idée.

***

L'entrée de J-E fut fracassante. Il défonça la porte, écrasa l'interrupteur, puis bondit au milieu de la pièce.

- JE SUIS UN DINDON ! gloussa-t-il puissamment.

Les jambes ridiculement arquées, les fesses tendues en arrière, il se mit à sautiller grotesquement en agitant furieusement une pauvre casserole, qu'il frappait à l'aide d'une cuillère en bois.

- JE SUIS UN DINDON ! répéta-t-il en caracolant à travers toute la pièce. JE SUIS UN DINDON !

En roulant abusivement des fesses, il rapprocha son postérieur frémissant juste devant le nez de Matthieu. Ce dernier l'observait d'un œil vide. J-E se trémoussa audacieusement tout en caquetant comme une vulgaire volaille. Il se retourna ensuite, donna un puissant coup de cuillère contre la casserole, puis il repartit de sa démarche si particulière.

- JE SUIS UN DINDON ! affirma-t-il une dernière fois.



18e réveil.
Un pied surpuissant enfonça la porte de la pauvre chambre.

- Matthieu, allons-y, on nous attend ! clama Alex d'une voix héroïque.

L'endormi tourna une tête perplexe vers son ami. Celui-ci s'était déguisé en ce qui semblait être une caricature de super-héros. Au-dessus d'une paire de chaussures de sport, il arborait un caleçon moulant d'un bleu très clair, lui-même surmonté d'un slip rayé de blanc et d'orange. Un marcel blanc venait mettre en valeur les muscles fins de ses bras ; ce dernier tenait une serviette verte qui tombait dans son dos comme une large cape. Enfin, couronnant le tout, une passoire mise à l'envers faisait office de casque.

Matthieu bondit aussitôt de son lit, et chercha dans son armoire une tenue qui pourrait rivaliser avec celle d'Alex.

- Quelle est notre mission ? s'enquit-il d'un air sérieux.
- La vieille de l'immeuble est coincée dans l'ascenseur avec son chien claustrophobe, répondit gravement Alex. Celui-ci devient fou, et il est train de la manger... Il faut aller l'aider !
- Bon sang, pauvre chien... jura Matthieu. C'est bon je suis prêt, allons-y !

Il avait enfilé une longue perruque gothique, et une chemise à fleurs largement ouverte sur le torse. Des chaussettes de ski roses lui remontaient jusqu'aux genoux, fermement tenues par une vieille paire de sandales. Une couche pour adulte trop grande bouffait fièrement au niveau de ses hanches. De ses menaçants gants cloutés, Matthieu frappa ses mains l'une contre l'autre.

- Il est temps d'en finir une bonne fois pour toute avec cette vieille maléfique... cracha-t-il.

Ils s'élancèrent courageusement hors de la chambre.

Quand J-E – qui rêvassait tranquillement dans le salon – vit Alex ainsi accoutré lui déclarer solennellement : « L'heure est venue d'aller faire vomir du chien... », il ne sut trouver ses mots. Puis Matthieu le rejoignit, jeta à son tour un regard de feu à J-E, et les deux super-héros quittèrent l'appartement d'une allure immensément brave.



20e réveil.
- Hi hi hi !

Ce rire inquiétant fut le premier son qui parvint aux oreilles de Matthieu. Pressentant que quelque chose d'anormal se tramait, il se retourna. Il eut tout juste le temps d'apercevoir un J-E entièrement nu, avant que celui-ci ne se faufile sous sa couette.

- Mais !... réagit Matthieu, consterné.
- Hi hi hi !

J-E s'était simplement allongé à côté de lui, et attendait patiemment – avec toute la rigueur d'un esprit scientifique – de voir combien de temps Matthieu allait tenir avant de se lever.

Cela ne fut pas bien long : presque aussitôt, celui-ci quitta couette, matelas et oreiller, et sortit de sa chambre d'un pas vif. J-E, très fier de lui, décida de rester un peu plus longtemps afin d'être certain qu'il ne revienne pas. Et puis le lit était extrêmement confortable : pourquoi ne pas en profiter ?

Cependant, les minutes passaient, et Matthieu ne réapparaissait toujours pas. Il faut (fallait) pourtant bien qu'il revienne chercher ses vêtements, réfléchit J-E, perplexe. L'appartement – en-dehors du son régulier de la douche d'Alex – était totalement silencieux ; à tel point que cela finit par l'intriguer. Qu'est-ce qu'il trafique ? songea-t-il. Curieux, il se leva, enfila le caleçon qu'il tenait dans sa main, et chercha son colocataire.

La cuisine était vide. Le salon aussi. La salle de bain était occupée par Alex. Il ne restait plus qu'une seule possibilité : sa propre chambre ! J-E s'y précipita... et ne put que constater sa défaite. Matthieu avait éteint la lumière, et s'était allongé sur son lit.

Il dormait profondément.



23e réveil.
04h02. Quelques heures avant l'aube, la chambre de Matthieu baignait dans un silence serein. L'obscurité qui y régnait était presque palpable ; il semblait que la gravité en était plus forte, comme enveloppant la pièce de son étau rassurant. Tout au fond, Matthieu était mollement écrasé contre son matelas.

Sa respiration était douce, silencieuse. Parfois il inspirait un grand coup, un large bol d'air, qu'il relâchait en un long soupir. Ses joues étaient légèrement rouges, sa peau chaude et sèche ; lorsqu'il remuait, c'était une caresse mutuelle échangée avec sa couette. Oh ! Comme il avait l'air bienheureux ! Comme il semblait innocent ! Qui serait assez cruel pour interrompre son...

La porte s'ouvrit soudainement.

- MATTHIEU ! cria J-E.

Il semblait furieux. Matthieu leva aussitôt les yeux vers lui, comme s'il attendait sa visite. Étonnamment, un grand sourire illumina sa face, et il éclata de rire devant le visage mi-colérique, mi-indécis de son colocataire.

- C'était à mon tour de te réveiller, J-E ! se réjouit-il. J'espère que tu ne l'as pas trop mal pris. J'ai entendu dire que se réveiller au milieu de la nuit aidait à se remémorer ses rêves... On va peut-être avoir des histoires à se raconter, demain !

J-E ne répondit rien. On sentait qu'il était perturbé. Il ne savait s'il devait s'énerver ou non. Finalement il décida que ça n'en valait pas la peine, et il se contenta de poser le téléphone de son ami – qu'il tenait dans la main – sur son bureau.

- À demain, J-E ! fit Matthieu. C'était sympa de se parler à cette heure-là de la nuit... Ça n'arrive pas souvent, hein ? Dors bien.
- Ouais... Toi aussi, grommela J-E avant de rejoindre sa chambre.

Laissons donc ces deux hommes se recoucher tranquillement, et pour mieux comprendre cette histoire, remontons quelques minutes en arrière...


03h59. J-E dormait comme un bébé. Il n'avait pas fermé ses volets pour laisser filtrer un peu de lumière : il n'aimait pas se retrouver dans le noir le plus complet. Sa chambre était parfaitement rangée, presque minimaliste, bien loin du fouillis surprenant dans lequel débordait toujours celle de Matthieu. Sa couverture reposait, légère, sur son torse. Il était parfaitement calme. Sous ses traits immobiles, son esprit travaillait courageusement, frémissant de vie et d'intelligence. Son imagination totalement débridée ressassait les évènements les plus marquants de sa journée et les réutilisait à sa façon : les mêlant à ses espoirs, ses ambitions et ses peurs, pour l'emmener vivre les aventures les plus excitantes. Ah ! En cette heure réservée au sommeil, qui oserait interrompre ces doux rêves ? Ce serait un réel sacrilège que de...

Une horrible musique explosa furieusement.

Atrocement rappelé à la réalité, J-E sursauta violemment. Les yeux affolés, totalement épouvanté, il tourna la tête dans toutes les directions. Que se passait-il ?...

- I'M... A... MOTHERFUCKEEEEER !!! vomit une voix qui semblait surgi droit des enfers.

J-E était complètement perdu. Tout son corps tremblait. Il avait l'impression de devenir fou. D'où venait donc ce son monstrueux ?

- I'M... A... MOTHERFUCKEEEEER !!! répéta la voix.

Le jeune homme se secoua, puis se frotta les yeux. Il se força à réfléchir. Ayant quelque peu récupéré ses esprits, il pencha alors la tête sous son lit ; un petit téléphone y rugissait furieusement.

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

J-E ramassa l'appareil. Une petite icône de réveil s'agitait joyeusement sur l'écran. En-dessous était inscrit le texte :
« Bon réveil mon p'tit J-E ! Il est 4h du mat' :,D Bisou – Matthieu ».

- I'M... A... MOTHERFUCKEEEEER !!!

Passablement énervé, J-E éteignit le téléphone, et se demanda quand Matthieu était venu le glisser sous son lit.


22h46. Lorsqu'il vit J-E se diriger vers les toilettes un livre à la main, Matthieu étouffa un ricanement perfide. En de petits pas furtifs il infiltra sa chambre, et déposa le téléphone piégé. Il repartit sans que quiconque l'ait repéré.

Hé hé hé ! À mon tour de frapper ! songea-t-il fièrement.



26e réveil.
La porte s'ouvrit en trombe.

- MATTHIEUUU !!

Alex et J-E le chargèrent.

- La couette, Alex ! s'écria J-E. Prenons sa couette : sans elle, il n'est rien !

Les deux amis tirèrent la couverture d'un coup sec, mais Matthieu, d'un ultime réflexe, avait réussi à poser ses griffes dessus. Il s'accrochait à elle comme si sa vie en dépendait ; tout d'abord parce qu'il ne pouvait se résoudre à quitter la molle chaleur de sa couche, mais aussi parce que cette nuit-là, il s'était endormi totalement nu.

Surpris devant sa farouche résistance, incapables de le séparer de son précieux édredon, Alex et J-E tirèrent plus fort encore. Matthieu devait faire un choix : soit le matelas, soit la couette. Il choisit la couette. Avec l'énergie du désespoir il s'enroula totalement autour d'elle, puis se laissa tomber du lit.

Ses deux colocataires, tenant chacun un bout de la couverture, le firent alors glisser sur le sol, l'emmenant hors de sa chambre. On eut dit (On eût dit ; c'est du conditionnel passé deuxième forme qui est similaire au subjonctif plus-que-parfait sans le « que », haha, putain de français) qu'ils déplaçaient une chenille réfugiée dans son cocon. Ils le traînèrent ensuite tout le long du couloir.

- Ouvre la porte de l'appart ! rigola Alex.

J-E, enthousiasmé par cette idée, s'empressa d'aller la déverrouiller. Puis ils balancèrent leur victime sur le palier, et refermèrent la porte de l'intérieur.

***

Toujours totalement emmitouflé dans son épaisse couverture, Matthieu se réinstalla confortablement. Il ne ressemblait plus à une chenille, mais à une vulgaire crotte.

- Vous pouvez me laisser dehors aussi longtemps que vous voulez, grogna-t-il, tant que j'ai ma couette, je suis content !

Et en effet, il n'était pas malheureux : cela lui apparaissait comme une nouvelle expérience de sommeil loin d'être désagréable. À travers la couverture il posa sa tête contre la porte, et ferma les yeux. Il tenta de retrouver son rêve.

C'est alors qu'il entendit un son qui le pétrifia. Une des voisines du palier d'en face ouvrait sa porte, et s'apprêtait à sortir. L'esprit de Matthieu se mit à fonctionner à toute vitesse. Elle allait bientôt l'apercevoir... comment allait-elle réagir ? Et lui, comment devait-il réagir ? Il résolut de ne pas bouger d'un poil. Au moins, sa couette le camouflait.

Il l'entendit refermer la porte derrière elle, se retourner... puis s'immobiliser. Il savait qu'elle l'observait, qu'elle se demandait pourquoi ce tas informe se trouvait là. Trois légers coups de talon retentirent contre le sol : intriguée, elle s'approchait. Je n'existe pas... je n'existe pas... se répéta Matthieu.

Mais il eut beau faire tous les efforts du monde pour disparaître, il n'en resta pas moins physiquement présent devant son palier, entortillé dans sa couette.

- C'est quoi ce truc... fit sa voisine d'un ton dégoûté.

Elle prit alors conscience que ce "truc" camouflait un humain. Hésitante, elle ajouta, plus curieuse que concernée :

- Ça va ?...

La moelleuse crotte ne daigna pas lui répondre.

La jeune femme tendit alors une main vers l'édredon, et entreprit de découvrir ce qui se cachait dessous.
Elle ne va tout de même pas ôter le seul rempart à ma nudité ?! s'insurgea Matthieu.

- Oui, oui, je vais bien ! assura-t-il des tréfonds de sa couette. J'ai juste besoin de me reposer. J'ai passé une nuit épouvantable...

En même temps il fit surgir sa main des replis de la couverture, et après une courte bataille, repoussa fermement celle de son agresseur.

Étonnée – peut-être même consternée – elle l'observa un instant. Puis le son léger de ses talons claqua de nouveau tandis qu'elle s'éloignait et descendait les escaliers. Matthieu soupira. Il attendit qu'elle fut (fût) partie, puis toqua à la porte de son appartement ; rapidement, J-E vint lui ouvrir. Sa couette dignement enroulée autour de la taille, Matthieu rentra dans le salon et s'assit sur le canapé.

- Mes amis, annonça-t-il calmement, je crois que nous venons de ruiner notre réputation auprès de nos voisines d'en face.

Il étouffa un long bâillement. Ses deux colocataires souriaient : ils devinaient plus ou moins ce qui avait dû se passer.

- Déjà qu'elle était pas glorieuse... observa Alex.
- Je suis sûr que la prochaine fois, on a moyen de les surprendre plus encore, suggéra J-E. Il ne faut jamais qu'elles sachent à quoi s'attendre !
- Tu penses à quoi, par exemple ? demanda Matthieu, amusé.
- Je n'ai pas encore d'idée, mais il suffit d'y réfléchir un peu.

Les trois camarades plongèrent profondément dans leurs pensées.

- Il reste des couches dans ta chambre ? demanda soudainement Alex.
- Au moins sept, répondit Matthieu. Pourquoi ?
- On pourrait en enfiler une chacun, et un soir, venir leur proposer une « soirée couches ».

J-E et Matthieu rigolèrent, enthousiasmés. Une idée en amenant une autre, ils discutèrent ainsi pendant une bonne dizaine de minutes, trouvant sans cesse de nouvelles farces ou situations cocasses qui n'attendaient que d'être mises en œuvre (bien que la plupart ne le seraient jamais). Puis, profitant d'un instant de silence qui se prolongea, Matthieu soupira longuement, et déclara :

- Pour ce qui est de mon réveil... Je crois qu'il est temps qu'on arrête là. On s'est bien amusé, et cela m'a vraiment aidé au début, mais à présent ça commence à prendre des proportions démesurées. Entre moi qui réveille J-E à quatre heures du matin, et vous qui m'enfermez dans le couloir... on ne pourra pas tenir ce rythme très longtemps. Alors voilà : je vous remercie pour votre aide, mais je vais de nouveau tenter de m'en sortir seul.

J-E acquiesça – regrettant néanmoins de ne pas avoir eu le temps de réveiller Matthieu de toutes les façons qu'il avait imaginées.

- Comment tu comptes t'y prendre ? demanda Alex.
- Je vais essayer d'en parler avec des gens, répondit-il. Peut-être qu'ils m'apporteront des éclaircissements, des idées, qui me permettront de vaincre mon mal.
- Si tu veux, je peux t'inscrire chez les « Endormis Anonymes », proposa J-E.

Matthieu rigola.

- Bon ! s'exclama-t-il ensuite en se frottant le ventre. J'ai faim !

Il lança un regard concerné à ses deux colocataires.

- Il reste du cheesecake d'hier, j'espère ?
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeLun 9 Mar - 13:48

Yo Lepzulnag Succès total

Je viens de lire L'Invraisemblable Conte de la Pieuvre au Fond de l'Eau.

Je voulais juste te dire que ça m'a bien fait rire ! Dansant Même si je me suis sentie mal pour la pauvre berthe qui se fait arracher un poil géant sans rien avoir demandé, marcher dessus, inondée et envahie par des vacanciers !! Blagueur La fin est très amusante  Succès total

Haalysse Salut

PS : pas le temps de faire un commentaire plou long, désolée Gêné
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMar 10 Mar - 19:20

Merci Haalysse Content Tes commentaires m'aident vraiment. Je suis presque au bout de ce projet, pourtant j'ai du mal à le finir, à m'y mettre pour de bon, pour la simple et bonne raison que mon esprit a tendance à "papillonner" entre tous mes travaux.

Quant à Mike, ton travail m'est toujours aussi enrichissant. Cela me force à travailler mes phrases dans le détail, à prendre conscience de mes défauts d'écriture, tout en perfectionnant ma connaissance de la langue française.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMar 10 Mar - 21:05

Pas de quoi, c'est un plaisir de te lire (:



Lepzulnag a écrit:

7. Les Taches de Sang (pourquoi des majuscules ?)




J-E et Alex étaient confortablement installés dans le salon, chacun allongé sur un canapé. Alex jouait nonchalamment avec sa Rasta Ball, tandis que son ami s'amusait sur son téléphone. Dehors, le soleil dardait encore quelques courageux rayons qui peinaient à traverser les larges vitres. On était samedi.

- Au fait, demanda J-E, tu sais ce que c'est, les traces rouges sur la porte des toilettes ? On dirait du sang.
- Je me posais justement la question ! C'est bizarre. Je n'avais pas remarqué avant aujourd'hui.
- Si ce n'est pas toi, c'est sûrement Matthieu alors. Il a dû saigner du nez, et s'est levé au milieu de la nuit pour chercher du papier toilette.
- Ouais... De toute façon c'est toujours de sa faute, plaisanta Alex.

C'est ce moment que choisit Matthieu pour rentrer dans l'appartement. « Yo les asticots ! » s'écria-t-il du bout du couloir. Il ôta manteau et chaussures, puis rejoignit le salon.

- Vous ne devinerez jamais ce que j'ai trouvé dans la rue... fit-il, tout jovial.

Alex sourit : combien de fois depuis qu'ils avaient emménagé, l'avait-il vu arriver avec cette expression réjouie, et leur poser toujours la même question ? Les bibelots qu'il avait ramassés s'entassaient sur un large meuble. On pouvait compter trois gants, un bonnet coloré, un étrange bonhomme en plastique, un lacet, un chausson rose « Snoopy », une écharpe, un éthylotest usagé, un petit boîtier aux couleurs de la Bretagne, (virgule inutile) et une peluche en forme de singe.

- Une chaussette pour enfant ? proposa-t-il à tout hasard.
- Faux ! se réjouit Matthieu, tout fier. J'ai trouvé... ceci !

Et il brandit un objet innommable. La babiole était brun foncé, et tenait dans la paume de sa main. (un exemple de reformulation : « La babiole, d'un brun foncé, tenait toute entière dans la paume de sa main. »)

- Qu'est-ce que c'est ? grommela J-E en fronçant les sourcils.
- Je n'en ai strictement aucune idée. On dirait une sorte de statuette. Si on la regarde assez longtemps – ce que j'ai fait – on peut discerner des yeux, et peut-être des bras et des jambes... En tout cas c'est assez hypnotique. Tiens, regarde.

Il tendit l'objet en bois à son ami. D'un bond gracieux, Alex se rapprocha pour l'observer également.

- C'est trop laid ! s'exclama-t-il dès qu'il l'aperçut de près.
- Ne dis pas ça, réagit Matthieu, tu vas la vexer ! Regarde-la : comme elle a l'air triste !
- Elle n'a pas l'air triste, elle a l'air de rien du tout, le contredit J-E. Sa tête est juste... dérangeante.
- Comme vous êtes méchants ! Tiens, pour la consoler, je vais dormir avec elle cette nuit. Hein, ma jolie petite statuette ? Ça te dit ? On va dormir ensemble !
- J'aurais peur, à sa place... sourit Alex.

J-E rendit sa trouvaille à son ami.

- Je préfère qu'elle soit dans ton lit plutôt que le mien, conclut-il avant de changer de sujet. Au fait, Matthieu, Alex et moi on a une question très importante à te poser... Une question assez... personnelle.

Matthieu fronça les sourcils. Son regard se fit inquiet. Que voulaient-ils donc savoir ? J-E le fixait intensément.

- Matthieu... dit-il gravement. Est-ce que tu as tes règles ?

Le jeune homme sembla défaillir. Ses yeux s'écarquillèrent.

- Comment avez-vous deviné ? murmura-t-il dans un souffle.
- T'as mis du sang partout sur la porte des toilettes, prévint Alex.
- Ah, ça. (Matthieu cessa de jouer la comédie) Du coup, lequel d'entre vous a saigné du nez cette nuit ? J'ai jeté un coup d’œil ce midi : il s'y est pris comme un cochon !

Ses deux amis tiquèrent.

- Mais... s'étonna J-E, indécis. C'est pas toi qui a tâché les toilettes ?
- Bah non. La dernière fois que j'ai saigné ça remonte à deux mois, quand je me suis blessé en tentant de faire une acrobatie.

Une étrange tension traversa alors la pièce. Matthieu jeta un regard inquisiteur à J-E, qui en renvoya un plus féroce encore vers Alex. Celui-ci examinait ingénument sa rasta ball (d'ordinaire tu mets des majuscules à « Rasta Ball »).

- Il n'y a que trois possibilités, calcula Matthieu (ses yeux plissés auraient fait honte au plus perspicace des détectives) (parenthèses inutiles). Première possibilité : l'un d'entre nous ment, et a saigné du nez cette nuit. Deuxième possibilité : un inconnu blessé a fait effraction chez nous pendant notre sommeil, a utilisé les chiottes, puis est reparti en prenant soin de ne rien déranger. Troisième possibilité : quelqu'un, dans cet appartement est somnambule.

Il scruta plus attentivement encore ses colocataires, qui n'osèrent pas défier son regard.

- Est-ce que l'un d'entre vous est somnambule ? grinça-t-il d'une horrible voix mièvre.
- Non, répondit Alex, surpris.
- Moi non plus, fit J-E.

Ils avaient tous deux l'air très innocents. Matthieu croisa les bras sur sa poitrine et leva le menton.

- Hé bien moi, il m'est arrivé de l'être, quand j'étais petit...
- Tu veux dire, s'étonna Alex, que ce serait toi le coupable ?
- Je n'en sais rien. C'est juste une supposition. Je me suis peut-être levé cette nuit sans m'en rendre compte. J'ai dû vagabonder dans l'appartement, sans but. Puis je me suis cogné la tête contre un mur et cela m'a fait saigner du nez. Alors quand j'ai ouvert la porte des toilettes – pour faire je ne sais quoi – j'ai mis du sang partout.

Alex eut une moue dubitative. Il ne semblait pas du tout convaincu par cette hypothèse. Quant à J-E, il jeta un étrange regard à Matthieu.

- Tu sais que ça me ferait vraiment flipper si je me levais pendant la nuit, (virgule inutile) et que je te voyais dans un tel état ?

Matthieu eut un sourire pernicieux. Effrayer son ami avait toujours été un de ses petits plaisirs.

- Je suis sûr que même inconscient, je ferais (ferai) tout pour te faire peur ! ricana-t-il.

J-E sourit, puis avisa l'heure sur son téléphone.

- Il est l'heure, Alex, prévint-il. Il faut qu'on y aille.

Les deux hommes se levèrent et se préparèrent.

- Vous partez ? demanda Matthieu, surpris.
- On est invité à une soirée dans une petite ville de campagne, à une demi-heure d'ici en voiture.
- Vous... vous m'abandonnez ?...

Il avait mis toute la tristesse du monde dans sa voix. Ses grands yeux vulnérables auraient fait pleurer un ange. Tout en laçant ses chaussures, J-E lui jeta un regard nonchalant.

- Bah tu peux venir, si tu veux. Par contre tu ne connaîtras personne.
- Non, c'est bon, rigola-t-il. Je vais rester ici, je suis trop fatigué pour sortir de toute façon. Et puis on a une enquête à mener : pendant que vous vous amuserez, je vais tenter de découvrir le mystère que cachent ces curieuses tâches (taches) de sang.
- On compte sur toi, dit Alex. T'as intérêt à avoir trouvé le coupable avant notre retour, qu'on lui fasse sa fête.
- Aucun problème. Ce sera quoi la punition ?
- Déjà, il devra commencer par nettoyer les toilettes, décida J-E. Et tant qu'à y être, il fera le ménage dans tout l'appartement.
- Puis, quand il aura terminé, on lui tordra le cou, ajouta Alex tout naturellement.

Matthieu rigola à haute voix.

- Alors je vais faire en sorte de ne pas être le coupable ! J'ai déjà quelques soupçons sur l'un de nos voisins... Ce serait la victime idéale.
- Tant que le ménage est fait et que je ne finis pas le cou tordu, tout me va, s'accorda J-E en enfilant sa veste. (Il adopta un ton très parental) On te laisse l'appartement, Matthieu. Ne fais pas trop de bêtise (bêtises), compris ? On risque de revenir vers les quatre heures du matin. Alex s'est généreusement proposé de ne pas trop boire pour pouvoir nous ramener.
- Ne pas faire de bêtise (bêtises) ? Tu sais bien qu'une telle promesse m'est impossible. En tout cas, amusez-vous bien. Si vous avez de la chance, peut-être qu'une surprise vous attendra...

Juste avant de refermer la porte de l'appartement, J-E leva la tête vers Matthieu. Ses yeux brillaient d'une étrange malice.


***


Il faisait nuit. Les deux hommes marchaient dans les ruelles obscures du village : l'un
sobre, l'autre titubant misérablement. Tous les lampadaires étaient éteints depuis des heures ; seul un croissant de lune éclairait faiblement leur chemin.

- Alex..., (tu vois, la virgule après les points de suspension c'est génial) gémit J-E, rappelle-moi pourquoi on a garé la voiture si loin ? Et explique-moi pourquoi je n'arrive pas à marcher droit. Je n'ai pourtant pas tant bu...

C'était vrai : tout au long de la soirée, il ne s'était contenté que de quelques bières. Mais malgré tout il se sentait mal, sans qu'il sache déterminer ce qui n'allait pas. Les mots s'écorchaient avant de sortir de sa bouche, il contrôlait difficilement ses pensées comme ses gestes. Il avait l'impression que son esprit évoluait dans un étrange brouillard, dont sa lucidité avait de plus en plus de mal à s'échapper.

- Allons, fais un peu d'effort, marche plus droit, lui conseilla Alex. Concentre-toi : ce n'est pas si dur. Si les flics te voient comme ça, ils risquent de ne pas nous laisser tranquilles.

J-E l'écouta, (virgule inutile) et se força à mettre convenablement ses pieds l'un devant l'autre. L'alcool, c'est dans la tête ! se persuada-t-il. Aussitôt, comme si malgré la boisson il avait quelque pouvoir sur son esprit, il se sentit mieux (agencement maladroit de la phrase). Son allure se fit plus souple, ses pensées s'éclaircirent.

- Comment t'as trouvé la soirée ? demanda Alex.
- Sympa, répondit J-E, bien qu'il se rendit (rendît) compte qu'il était incapable de se la remémorer ; il ne savait même plus avec qui il l'avait passée.
- Tiens, passons par là, proposa Alex en montrant un petit chemin. C'est un raccourci.
- T'es sûr ?

Le sentier était encore plus sombre que la rue. Deux hautes haies le longeaient de chaque côté. J-E n'aimait pas passer par ce genre d'endroits la nuit. Son imagination l'inquiétait toujours des pires façons possibles (je ne suis pas fan de cette formulation).

- Mais oui. Ça nous fera gagner au moins cinq minutes. Allez viens, tu as juste à me suivre. J'ai un pull blanc, impossible que tu me perdes de vue.

J-E camoufla son angoisse. Il se dit qu'il préférait encore suivre Alex entre les haies, que de se retrouver seul dans ce village sombre et silencieux. De plus, la sérénité de son ami le rassurait. À son tour, il s'engouffra entre les buissons.

La végétation était si haute qu'elle couvrait la lueur de la lune. De ses yeux pourtant déjà habitués à l'obscurité, il sentait les branches et les épines avant de les voir (maladroit). Il essayait de ne pas penser aux araignées et autres vermines qui devaient grouiller partout autour de lui, si proches mais invisibles. Le pull blanc d'Alex était comme un phare dans l'obscurité, qui le guidait et sur lequel il portait toute sa concentration.

C'est alors qu'un son étrange parvint jusqu'à ses oreilles. Une sorte de mélopée funèbre, extrêmement perturbante, qui venait de devant et qu'il n'entendait que très faiblement.

- Alex..., souffla-t-il, tu entends ?
- De quoi tu parles ? répliqua très calmement ce dernier.
- Ce chant étrange... Ça vient de devant.

Alex s'arrêta à son tour, (virgule inutile) et tendit l'oreille.

- C'est quelqu'un qui a mis de la musique, c'est tout, conclut-il. Pourquoi tu m'embêtes avec ça...

Il reprit sa marche, et encore une fois sa tranquillité apaisa J-E (« Il reprit sa marche, apaisé par la tranquillité de son ami. »). Mais plus ils avançaient, plus la litanie se faisait perceptible. À travers les buissons – peu épais malgré leur hauteur – il finit par apercevoir une lumière qui attisa sa curiosité. Le chant venait de là, il en était certain. Il écarta quelques feuillages, puis avança sa tête pour voir au travers.

Un grand jardin se dessina devant lui. En son centre se trouvait un groupe de gamins. Deux d'entre eux se tenaient debout et portaient d'imposantes torches ; les autres étaient tous prosternés, le front appuyé contre l'herbe fraîche, et chantaient leur sinistre mélopée. Devant eux, dressé sur un monticule informe, se trouvait la source de leur adoration : un autre enfant, entièrement nu. Il levait au-dessus de sa tête un parpaing qui semblait beaucoup trop lourd pour lui.

- Mais qu'est-ce qu'ils foutent ! s'écria J-E malgré lui.

Tous les visages des gamins se tournèrent aussitôt dans sa direction. Puis tout s'enchaîna très vite. Celui qui soulevait le parpaing le jeta au sol, et le rassemblement se dispersa. Les porteurs de torche coururent jusqu'à une petite piscine pour y éteindre leur feu. En quelques secondes seulement, tous les enfants avaient disparus (disparu). J-E ne voyait, ni n'entendait, plus rien. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer.

- Alex !

Il retira sa tête de la haie, puis chercha son ami du regard. Mais ce dernier ne s'étant pas aperçu qu'il l'avait laissé derrière, il avait continué son chemin sans s'arrêter. Une crise d'angoisse frappa aussitôt J-E, le pétrifiant momentanément. Il était seul ; il faisait noir ; il était perdu dans un village qu'il ne connaissait pas. Le jeune homme voulut appeler Alex, sans y parvenir. Les mots refusèrent de sortir de sa bouche, s'emmêlant avec sa langue malgré tous ses efforts. Ses dents lui faisaient mal.

J-E courut pour rattraper son ami. Les branches le griffaient cruellement. Il voyait si peu que ses pieds trébuchaient souvent. Tant de questions s'agitaient dans sa tête, se battant les unes contre les autres. Que faisaient ces gamins dans ce jardin ? Pourquoi avait-il le sentiment d'être complètement soûl, alors qu'il n'avait presque pas bu ? Et surtout, où se trouvait Alex ? Avant tout, il devait le retrouver.

Le chemin arriva à un carrefour. Ni à gauche ni à droite, il n'y avait de trace d'Alex. J-E maudit sa malchance et son ami. Pourquoi ne l'avait-il pas attendu ? Suivant uniquement son instinct, il décida de tourner à droite. Quelques mètres plus loin, il surgit du sentier terreux et revint sur une route goudronnée. Cela le rassura légèrement. Il souffla. Bien qu'il faisait toujours très sombre, la lune et les étoiles déposaient à présent leur linceul blanc partout où elles le pouvaient. J-E avisa un panneau qui recommandait les conducteurs à rouler moins vite. Deux petites filles souriantes se tenant la main y étaient dessinées. En-dessous était inscrit le texte : « Attention Enfants ».

Il lui sembla alors que ce panneau n'était pas un bête insigne routier, mais une terrible mise en garde. Les enfants sont dangereux ! pressentit-il en frissonnant. Au même instant, une comptine se fit entendre, venant de derrière lui. Une comptine chantée par deux petites filles.

Des sueurs froides envahirent J-E. Il se savait en danger, pourtant il n'osait fuir. Lentement, il se retourna.

Quelques mètres devant lui, les deux fillettes du panneau le regardaient fixement, se tenant par la main. Elles étaient toutes deux vêtues d'une robe blanche. Leurs yeux étaient terrifiants, d'un bleu qui transperçait les ténèbres. De gigantesques cernes les rendaient plus effrayants encore : elles donnaient l'impression que les petites filles n'avaient pas dormi depuis des années. J-E ne pouvait détacher leur (son) regard d'elles ; pas plus qu'il ne pouvait s'empêcher d'écouter leur chansonnette, murmurée entre leurs dents gourmandes.

Qui a vu, dans la rue,
Tout menu,
Le petit ver de terre
Qui a vu, dans la rue,
Tout menu,
Le petit ver tout nu

Elles rigolèrent, d'un rire si adorable et pourtant tellement malsain que le jeune homme en fut paralysé. L'une sortit une fourchette de sa robe ; l'autre un couteau cranté qui ressemblait davantage à une scie. J-E savait ce qui allait se passer. Il savait qu'elles s'apprêtaient à le manger. Malgré tout il ne pouvait se résoudre à faire le moindre geste, comme si une part de lui souhaitait que ces deux petites filles le dévorent.

NON ! réagit-il, terrifié. Il se démena de toutes ses forces, mais ne parvenait qu'à agiter des membres fantômes. Les fillettes s'approchèrent, un sourire affamé aux lèvres.

Manger cru
Le petit ver de terre
Manger cru
Le petit ver tout nu...

- J-E ! retentit alors une voix familière.

Ce dernier se retourna aussitôt. C'était Alex. Un immense soulagement libéra le jeune homme. Il courut le rejoindre, puis montra du doigt les deux petites filles qui fuyaient en courant.

- Elles voulaient me manger ! expliqua-t-il, essoufflé. Tu m'as sauvé la vie. Les enfants dans ce village sont tous fous.

Alex jeta un regard perplexe à son ami.

- Mouais... Permets-moi d'en douter. Elles rentrent juste chez elle, regarde : elles se dépêchent parce qu'il est tard et que la nuit est tombée depuis longtemps. Je pense que la bière t'as fait un peu trop d'effet.

Ce fut comme une gifle mentale. Était-il possible qu'il ait imaginé tout ceci ? Que sa peur et son esprit si brouillon l'aient fait halluciné (halluciner) ? Il se sentit complètement perdu. Il faut que je comprenne... se persuada-t-il, mais ses pensées étaient tellement floues : que devait-il comprendre ?

- Allez, viens, l'intima Alex. On est presque arrivé à la voiture.

J-E le suivit sans rechigner. Quand ils auront atteint la voiture ils pourront rentrer à l'appartement ; et une fois arrivé à l'appartement, il pourra enfin se poser et réfléchir calmement. En attendant, il décida de faire totalement confiance à Alex. Il semblait bien plus serein, sobre et raisonnable que lui.

Aussi quand il aperçut devant eux la silhouette sombre d'un homme en train de promener son chien, il se força à garder son calme. Après tout, les gens ont bien le droit de promener leur animal au beau milieu de la nuit, songea-t-il. À l'instar d'Alex, il l'ignora et continua à marcher tranquillement.

Cependant, plus ils s'approchaient de cet homme, plus la peur s'instilla dans le cœur de J-E. Il sentait au plus profond de lui que quelque chose n'était pas normal. Tout d'abord l'inconnu semblait enveloppé d'une épaisse aura d'obscurité. Pas après pas, il restait toujours aussi ténébreux, de telle sorte qu'on ne pouvait discerner les traits de son visage. Et puis il y avait la bête. Il y avait quelque chose de gênant dans la façon dont elle se déplaçait, tirée au cou par une laisse métallique.

Ce n'est que lorsqu'ils furent proches de quelques mètres que J-E comprit ce qui n'allait pas. L'homme sombre ne promenait pas son chien... il en traînait le cadavre !

- Alex, regarde... susurra J-E le plus silencieusement possible. Il promène son chien mort !

Sans même regarder ni l'homme ni le chien, son ami s'arrêta pour lui jeter un regard courroucé.

- Écoute (manque une virgule) J-E, ça peut plus durer, dit-il tout haut. Il faut que tu apprennes à contrôler ta peur ! Voilà ce que j'en fait (fais) de ton chien mort.

Et sans la moindre crainte, il se dirigea vers la silhouette ténébreuse. Mais il est fou ! paniqua J-E. Cet homme est un psychopathe... Il va se faire tuer !

- KIIIIIIIIIIICK !!! gueula Alex.

Il arma superbement sa jambe, et tel un rugbyman tentant une transformation, il donna un tel coup de pied au pauvre canidé que celui-ci partit comme une flèche hors du champ de vision de J-E. Ce dernier, tout surpris, ne put s'empêcher de rire. Le psychopathe avait disparu en même temps que son chien.

- Vite, monte dans la voiture ! l'exhorta Alex.

Sans comprendre pourquoi son ami était si pressé, J-E s'aperçut que la voiture était juste en face. Il courut jusqu'à la Clio bleue s'installer côté passager. Quand Alex alluma les phares, leur soudaine lumière révéla entièrement la route : elle était envahie de villageois en pyjama qui, semblables à des zombis, déambulaient lentement dans leur direction.

- Ils veulent nous empêcher de partir ! s'écria J-E. Démarre !

Le conducteur ne se fit pas attendre. Il écrasa l'accélérateur, et quelques villageois en même temps.

- Vise les enfants, fit J-E, ce sont eux les plus dangereux !

Suivant le conseil de son ami, Alex – qui conduisait comme un dieu – prit grand soin d'éviter les personnes adultes pour se frayer un chemin parmi les gamins, les défonçant sans la moindre pitié. Des membres sanguinolents, détachés de leur corps, venaient parfois se coller contre le pare-brise ; un vigoureux coup d'essuie-glace les expulsait alors bien proprement.

Finalement, laissant derrière eux un long sillage de carcasses déchiquetées, Alex et J-E parvinrent à s'enfuir du village. Les enfants inquiétants, le psychopathe au chien, plus rien ne pouvait leur faire de mal à présent. J-E soupira de soulagement. Ils allaient rentrer chez eux.

En s'adossant confortablement contre son siège et reposant sa tête en arrière, le jeune homme se dit qu'il aimerait voir les étoiles. Aussitôt, le toit de la voiture disparut. L'immense voûte céleste s'offrit à lui dans les moindres détails. Jamais il n'avait vu un tel ciel. Il semblait beaucoup plus proche que d'habitude, avec une profusion de constellations qu'il ne soupçonnait même pas. J-E apercevait très nettement, dessinés en brillants pointillés, une famille de castor, un koala aveugle surmonté d'un chapeau haut-de-forme, un énorme concombre radioactif, une étrange statuette, (virgule inutile) et le magnifique visage d'Emma Watson. Elle semblait le regarder avec une gentillesse et une adoration infinies.

Ah ah ah ! se gaussa une voix au plus profond du jeune homme. Moi aussi je rêve d'Emma Watson !

Il se tourna vers Alex – totalement impassible – et chercha à se justifier pour toutes les frayeurs qu'il avait eues dans le village.

- Excuse-moi d'avoir paniqué, tout à l'heure. Mais ce qui m'arrive a un sens, je le sais. Le village, les enfants... même toi ! J'ai le sentiment de traverser une épreuve, dont je ne sortirai vainqueur qu'en comprenant ce qui se passe.
- Si tu le dis... répondit Alex, apparemment peu intéressé par la question. On arrive dans dix minutes.

Plus que dix minutes ! J-E sentait que tout allait se résoudre dans leur appartement.


***


La Clio décapotable se gara sans un bruit devant l'immeuble.

- Tu crois que Matthieu a préparé une surprise pour notre retour ? demanda J-E, empressé.
- Aucune idée. Il est tard ; qu'est-ce qu'il aurait pu faire ?

Les deux colocataires ouvrirent la porte de leur domicile. Il faisait entièrement sombre, hormis une petite lueur au fond du couloir, qui s'échappait timidement de la porte entrouverte de la chambre de Matthieu.

- À ton avis, il est encore réveillé ?
- Apparemment oui, répondit Alex. Mais mieux vaut ne pas le déranger. Moi je vais me coucher, bonne nuit.
- Bonne nuit.

J-E le regarda entrer dans le salon pour rejoindre sa chambre, puis, discrètement, il se dirigea vers celle de Matthieu. Il était bien trop curieux pour ne pas aller voir ce qu'il trafiquait !

- Matthieu... murmura-t-il en poussant sa porte.

Des bougies posées un peu partout éclairaient la pièce. Il régnait une odeur particulière, mélange d'épices et de transpiration. Matthieu était assis sur son lit, le dos parfaitement droit. Un livre gisait par terre, les pages renversées. La statuette qu'il avait trouvé (trouvée) la veille reposait entre ses jambes. Ses yeux étaient grands ouverts, presque exorbités ; pourtant il restait totalement immobile.

- Matthieu ? répéta J-E, un peu plus fort cette fois.

Ce dernier tourna lentement sa tête vers lui. Son cou était tendu au maximum, ce qui le rendait inhumainement long. Ses yeux gigantesques semblaient dépourvus de toute conscience. Il ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit, comme s'il voulait exprimer quelque chose d'imprononçable.

- MÈK ! gueula-t-il finalement.

Cela ressemblait plus à un sauvage borborygme qu'à un véritable mot. J-E en frissonna. Matthieu semblait complètement en transe, plongé dans un délire que lui seul comprenait.

- Tu vas bien ? lui demanda-t-il, inquiet autant lui-même que pour son ami.

Celui-ci continua à le fixer des deux coquilles vides que formaient ses yeux ronds.

- Réveille-toi ! l'implora J-E, qui ne pouvait supporter ce regard.

Voir Matthieu dans cet état l'inquiétait réellement. Il s'approcha de lui et le secoua violemment par les épaules, bien décidé à le faire revenir à la raison.

- Matthieu ! geignit-il presque. Réveille-toi !

Le corps de son ami était tel un chiffon entre ses mains. Puis il devint brusquement aussi dur que du métal. « J-E... » murmura-t-il d'une voix spectrale. Il sortit alors ses mains de sous la couette, et J-E poussa un long cri d'effroi.

Son ami tenait entre ses paumes ensanglantées le cadavre mutilé du chat du quartier. Son ventre était ouvert en deux, ses pattes tordues ou arrachées ; sa mâchoire était éclatée tandis que ses fines dents avaient été soigneusement extirpées, puis plantées dans ses globes oculaires. « Qu'as-tu fait ? » gémit J-E en reculant de quelques pas, le visage tordu par l'incompréhension.

Matthieu se leva mécaniquement, tenant le félin souillé par la queue. Ignorant royalement son colocataire il sortit de sa chambre d'un pas malhabile. Totalement dépassé par les événements, J-E ne put que l'observer rejoindre les toilettes, puis se dépêtrer en cherchant comment l'ouvrir. Par inadvertance, il mettait du sang partout. Enfin – un peu par hasard – il poussa la poignée et disparut dans les sanitaires.

Il faut prévenir Alex ! se dit J-E. Profitant de ce que Matthieu ne pouvait le voir, il se précipita vers le salon... pour découvrir qu'Alex était exactement dans la même position que la dernière fois qu'il l'avait aperçu. Il lui tournait le dos, aussi immobile qu'une statue.

- Alex, tu fais quoi ? Matthieu est devenu fou... C'est à cause de lui, le sang sur la porte ! La nuit il devient somnambule, il tue des animaux puis trafique je-ne-sais-quoi dans les toilettes. Oh, aide-moi !

À ce moment la chasse d'eau se fit entendre. Aussitôt, J-E sut ce que Matthieu était en train de faire : il faisait disparaître les traces de son crime. Alex, sans bouger le reste de son corps, pivota alors lentement la tête dans sa direction. Arrivé de profil, il hésita un instant. Alors, en un horrible craquement d'une lenteur traumatisante, son cou se tordit, brisant les muscles et les os un par un, avant de se dévisser totalement.

Il lui tournait toujours le dos, mais à présent son visage lui faisait face. Un énorme sourire torturé déformait ses traits, dévoilant toutes ses dents à travers une langue qui s'agitait follement. J-E manqua de défaillir. Il heurta sans le vouloir la porte qui se trouvait derrière lui, se replia de quelques pas dans la salle de bains. Une nouvelle fois le son de la chasse d'eau retentit ; Matthieu semblait avoir des difficultés à éliminer le cadavre.

Alex se mit à rire, mais on aurait dit des pleurs en même temps. Le ton qu'il employait était à la fois immensément railleur, et infiniment honteux. « J-E... » murmurait-il entre deux rires, de la même voix spectrale qu'avait employé (employée) Matthieu. « J-E... », répétait-il, narquois, se moquant des peurs et des faiblesses de son ami.

Celui-ci ne comprenait absolument plus ce qui se passait. Avait-il fait tout ce chemin pour en arriver là ? Cela n'avait aucun sens. Ses forces le quittèrent ; il tomba sur les fesses. Sa mâchoire lui faisait extrêmement mal. La chasse d'eau se fit encore entendre. Il voulut gémir, mais aucun son ne sortait. D'exaspération, il souffla ; toutes ses dents tombèrent de sa bouche.

Alors il cria. Il cria comme il n'avait jamais crié. D'horreur, d'incompréhension, et surtout devant l'inéluctabilité de ce qui arrivait. Fébrilement, il posa ses mains sur l'évier et se releva sur les genoux. Devant lui, le miroir lui renvoya le reflet d'un homme qui n'en était plus un. Sa bouche édentée était tordue en une horrible grimace ; ses cheveux cramoisis tombaient par mèches entières ; sa peau devenait rêche et creusée d'énormes sillons. Ses yeux fous s'agitaient dans tous les sens.

- J-E ! claironna une joyeuse voix.

Matthieu surgit dans l'embrasure de la porte, se positionnant entre lui et Alex. Il semblait avoir récupéré tout sa conscience. Ses gestes étaient vifs et précis, tandis que son regard avait retrouvé son habituelle et rassurante vivacité. Il brandit la figurine qu'il avait trouvée la veille comme un trophée.

- J'ai enfin compris, J-E ! triompha-t-il en souriant. Ah ah ! J'ai compris ! C'est à cause de la statuette que tout ceci arrive !

Il s'agenouilla devant son ami. Avec affection, il posa une main bienveillante sur son crâne chauve et calciné. J-E était à deux doigts de pleurer de soulagement, de fondre en larmes sans la moindre retenue. Matthieu allait le sauver, il en était certain ; il ne pouvait s'en sortir sans aide.

- Elle me parle, J-E, expliqua doucereusement son ami d'un air très compréhensif. La statuette me parle.

Matthieu sourit gentiment. Ses pupilles étaient deux aimants protecteurs auxquels son colocataire ne pouvait se détacher.

- Et tu sais ce qu'elle me dit ?

Sa voix avait des accents étrangement exaltés.

- Elle me dit de te tuer.

Il sembla alors qu'il allait jouir. Son visage se transforma du tout au tout. Ses traits se déformèrent de la façon la plus bizarre qui soit, entraînés par une passion perverse. Ses yeux vicieux fouillaient jusqu'aux tréfonds de l'âme sans la moindre considération, brisant tout sur leur passage, laissant J-E totalement anéanti.

Sa statuette se transforma en un large couteau, qu'il plaça sous le cou de celui qu'il allait tuer.

- Tu vas mourir ! exulta-t-il.


***


J-E se réveilla soudainement, totalement tétanisé. Ses muscles étaient durs comme le fer, il transpirait abondamment. Le jeune homme pouvait encore sentir la froideur de la lame sur son cou.

Dès qu'il eut retrouvé l'usage de ses membres, son premier réflexe fut de vérifier s'il avait encore toutes ses dents et tous ses cheveux. Quelque peu tranquillisé, il s'assit sur son lit.

- Cauchemar de merde... grogna-t-il en se frottant les yeux.

Il passa cinq minutes à se remémorer ce qu'il venait de vivre. Comme cela lui avait semblé intense ! Il regarda son réveil. 4h17. Depuis combien de temps rêve et cauchemar luttaient l'un contre l'autre sur le champ de bataille de son imagination ? Il n'en avait aucune idée.

J-E se leva, puis d'un pas lourd rejoignit la salle de bains. En allumant les lumières, en effleurant les objets, il prit conscience de combien la réalité, par son immuable logique, était rassurante. Il fit couler de l'eau, se débarbouilla, se regarda dans la glace ; une idée amusante lui traversa alors l'esprit.

- Je pourrais raconter mon cauchemar à Matthieu, sourit-il, ça ferait une super histoire pour Équipe Épique & Colégram.

Fier malgré tout de son rêve, il s'essuya le visage. En quittant la salle de bains, son regard se posa sur la porte des toilettes. Se rappelant certains souvenirs de son cauchemar, il s'arrêta un instant pour l'observer.

Tout de même, songea-t-il, perplexe, d'où peuvent bien venir ces fichues taches de sang ?
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Mar - 21:58

Je mets des majuscules parce que j'ai considéré que c'était un titre... ça peut aussi être un nom de chapitre, mais bon. J'ai commencé comme ça, alors je garde.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Mar - 22:09

Il n'y a pas de majuscule à chaque nom commun dans un titre.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Mar - 23:14

Oh ? Interrogatif Je sais pas où j'ai été chercher ça alors ^^
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Mar - 16:24

J'ai rattrapé mon retard dans la lecture : je m'étais arrêté aux premiers épisodes. Je dois dire que cela me plait énormément : j'ai beaucoup ri. Je trouve ton écriture fine et maîtrisée. Je lis rarement des textes aussi longs sur ordinateur, et pourtant, j'ai pratiquement tout enchaîné en une fois, c'est dire si ça m'a plu. Je n'ai donc pas grand chose à commenter, sinon pour dire que je trouve que tu as su trouvé une véritable forme littéraire. L'exercice n'était pourtant pas simple. L'idée qu'on ne sait pas toujours si tu racontes un songe ou juste la vie de la collocation renforce le mystère autour de celle-ci. Et puis, raconter ses propres songes est une chose, raconter ceux des autres rajoutent véritablement quelque chose. Le fait que tu écrives Épique Épique & Colégram au fur et à mesure entraîne des interactions entre le texte et la réalité, comme dans cet épisode 8 : la mise en abîme est intéressante. Ce n'est pas pour autant mon épisode préféré, mais il se dévore néanmoins comme les autres. Tes fins sont réjouissantes de drôlerie : celles de Kaméhaméha ou de Choix cornélien sont par exemple franchement aussi surprenantes que réussies. Le dernier sketches m'a un peu moins marqué. Peut-être aussi à cause de la fatigue, je le relirai, parce que je ne suis pas certain d'avoir tout compris.

J'ai quand même noté quelques remarques et corrections :


« J-E sortit de sa ceinture plusieurs bombes de mousse qu'Alex avait d'abord pris pour des grenades. Il se déshabilla, puis ils l'aspergèrent joyeusement, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus voir que ses yeux et sa bouche. »
=> Il y a des scènes que vous devriez filmer. J’ai un petit dossier spécial pour des vidéos dans ce genre (!)

« attirer l'attention »
=>    Attirer l’attention, c’est redondant : les deux mots ont la même origine étymologique. Préfère-lui des expressions comme « appel l’attention » ou, ici ça irait mieux : « susciter l’attention ».

« leur balle respectives »
Accord.

« Ce temps que J-E avait passé à furieusement réfléchir, eux l'avaient dépensé à jouer avec une petite balle, tout en essayant de faire croire à l'autre qu'ils en étaient immensément transcendés. »
=> Cette phrase en fin de nouvelle ne me paraît pas nécessaire. Tu as répété bien suffisamment le fait qu’ils faisaient semblant l’un l’autre d’être transcendés. Je te suggérerais plus simplement de dire que J.-E. avait compris leur petit manège.

« Vous avez l'air tellement cons »
Accord.

« Au large, il s'amusa » Virgule.

« Bien que sa première tentative ait lamentablement échouée »
Bien que doit être suivi du subjonctif, ici passé. Échoué au masculin, puisqu’ici il fonctionne avec l’auxiliaire avoir ; c’est un cas un peu limite parce que d’un point de vue linguistique, ça a un sens de mettre échouée. Mais grammaticalement, la règle est celle du masculin, le participe passé s’accorde seulement avec le COD antéposé.

« un délicieux cheesecake »
Italique : les mots de langue étrangère se mette en italique dans un texte en français (il en va de même pour les mots des langues mortes, comme « a priori ».

« cosplay » Italique.



Bref, vivement la suite.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Mar - 23:47

Content de voir que ça t'a plu, et merci d'avoir commenté Content Je vais bientôt me mettre à l'écriture des derniers épisodes : toutes les idées sont dans ma tête, je n'ai plus qu'à leur donner la forme qui les mettra le mieux en valeur.

Sinon j'ai apporté vos dernières corrections, à toi et Mike. Il y a juste ta remarque sur "attirer l'attention" qui me laisse perplexe  Sceptique

Après mûre réflexion, j'ai décidé de laisser "attirer l'attention", pour la simple et bonne raison que c'est une expression. Les expressions sont faites pour être utilisées, même si elles sont "moches" selon un certain point de vue.

Ceci dit, "Susciter l'attention", c'est bien aussi.

Ah, je viens de regarder, d'après le wiktionnaire (je n'ai aucune connaissance en latin :3) l'étymologie de attirer et attention diffèrent :
"Attirer" est issu du mot "tirer" qui viendrait de "traire", ou trahere en latin.
"Attention" viendrait de attentio, mais ça je suppose que tu le savais déjà.
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Aligby
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeDim 15 Mar - 23:54

Tu verras sur toi la déferlante Goldmund arrivée.

Tiens, chiche, je lui dirais de te lire. Sadisme, quand tu nous tiens.
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MessageSujet: Re: Epique Epique & Colégram   Epique Epique & Colégram - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Mar - 0:10

Tout cela me parait fort inquiétant...

(et pour ne rien arranger, je suis en train d'écouter une musique carrément tragique)
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