Leonis et Nayima

Aloïse courrait aussi vite qu'elle le put. Elle comprenait difficilement l'urgence de la situation, mais son frère avait si peu l'habitude de hausser le ton, qu'elle s’exécuta immédiatement lorsqu'il lui avait ordonné d'aller chercher son père, ainsi que sa sacoche de voyage. Bien qu'elle ne put retrouver le premier - la maison était déserte -, elle trouva assez vite une grande sacoche de cuir dans la chambre de Leonis, et compris rapidement qu'elle ne s'était pas trompé lorsque son frère accueillit son retour avec un grand sourire.

"Aloïse, vite, donne la moi ! Elle est vraiment mal en point. Tu n'as pas trouvé papa ?"

"Non, il n'y avait personne a la maison, il a du partir au marché !"

La présence de son père à ses cotés aurait beaucoup rassuré Leonis. Malgré ses connaissances en matière de soins, il n'avait pas eu beaucoup d'occasions de les mettre à l'épreuve, et encore moins dans une situation comme celle-ci où la survie de son patient dépendait de lui. Il gardait néanmoins son stress sous contrôle, et appliqua son enseignement à la lettre.

Il récupéra rapidement dans sa sacoche un tissus fin et une fiole d'eau pure, et entreprit de nettoyer rapidement la blessure. Si la situation n'avait pas été aussi urgente, il aurait demandé à sa sœur de faire bouillir de l'eau, pour s'assurer de la propreté du tissus, mais la blessure de la jeune elfe était telle qu'il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. Un soupir de soulagement s'échappa de la bouche de Leonis lorsque l'inconnue gémit au moment où il toucha sa plaie : visiblement son état n'était pas aussi grave qu'il l'imaginait, et elle n'avait du perdre connaissance que quelques minutes plus tôt. Quelle chance que ce fût à quelques mètres de la boutique de sa sœur ! Une fois la blessure plus propre, il entreprit d'ouvrir délicatement l'abcès à l'aide de sa lame chirurgicale, et nettoya le pus qui en sorti à l'eau claire. La dernière étape, sa préférée, si tant est que l'on puisse réellement apprécier de soigner une blessure purulente potentiellement mortelle, consistait à remplir la plaie avec un onguent à base d'ail, de gingembre et de calendule, très efficace contre l'infection, et les nausées et vomissements qui pourraient en résoudre. Le seul point noir était l'odeur de l'ail, qui mettait généralement des jours à disparaitre. Un prix à payer peu cher pour la chance de rester en vie.

"Aloïse, va chercher Ellian, il pourra nous aider à la transporter à la maison. C'est plus près que mon cabinet, et elle y sera tranquille ! S'il pouvait nous ramener la charrette à bras dont vous vous servez pour amener le lin, ça serait encore mieux !"

La jeune fille s'exécuta, et deux heures plus tard, l'elfe dormais profondément, dans le lit et sous la tutelle de l’apprenti médecin...

Nayima errait sous la chaleur écrasante du désert. Il n'y avait que le sable à perte de vue et cette lumière éblouissante qui lui brûlait les yeux. Elle avançait sans connaître la direction, sans même savoir s'il y avait une destination à atteindre, avec le seul souhait de quitter enfin cette fournaise.

La jeune femme devait être proche de la mort, elle commençait à délirer, à entendre des voix. Elle ne cessa pourtant pas d'avancer, comme entraînée par une force, un objectif dont elle ignorait encore l'existence. Ou peut-être que toute volonté l'avait quitté et son corps ne faisait que continuer à obéir à un dernier ordre: marcher.

Dans un moment de délire, il lui sembla être allongée et voir un homme penché sur elle, mais le soleil aveuglant lui rappela bien vite la triste réalité de sa situation. Elle avait tellement chaud... elle se sentait si abandonnée.

La journée avait été éprouvante. Outre la nouvelle venue dont il fallait s'occuper, toute la famille de Léonis était sur le pied de guerre. Les confections de sa sœur avait attiré l’œil de personnalités importantes, et ses talents de couturière avaient été demandés en urgence pour le carnaval d'Atalantë qui arrivait dans quelques semaines. Les bagages furent rapidement empaquetés, et Aloïse ainsi que ses deux parents prirent une caravane en fin d'après midi, pour rejoindre le navire qui les amènerait à bon port.

Seul Léonis restait dans la demeure familiale avec les deux responsabilités qui lui incombaient : prendre soin de la maison, et de l'elfe blessée. Cette dernière n'avait pas semblé être trop perturbée par le départ de la famille. En tout cas, pas autant que par ses délires fiévreux. Son état plutôt stable rassurait le jeune garçon, mais il appréhendait son réveil et la discussion qui allait s'en suivre.

Alors que la nuit tombait, il prépara suffisamment de purée de pois pour deux personnes, prit sa ration et se retira dans le salon ou il en profita pour s'allonger et évacuer le stress de la journée.

"Héla héla ! On se calme mademoiselle, c'est encore un peu tôt pour se lever !"

Léonis avait entendu l'elfe essayer de se lever. Il en profita pour venir aux nouvelles.

"Comment vous sentez-vous ? Vous avez sacrément eu de la chance de tomber sur moi ! Qu'est-ce qui vous est arrivé ?"

Il s'installa sur la table du salon, et s'affaira à la préparation d'un onguent anesthésiant, qui devrait soulager quelque peu la jeune fille.

Un inconnu vînt l'aider. Elle l'entendait parler sans toutefois réussir à comprendre ses paroles. La pièce tournait bien trop et la douleur sur son ventre si insupportable que la nausée la prenait.
Déjà une chaleur intense commençait à l'étouffer à nouveau et elle sentait des filets de sueur coulait sur son visage et son dos.

"Chaud... Soif... De l'eau..." soufflait-elle entre ses respirations haletantes.

Il semblait à Nayima que tout son corps irradiait, qu'être plongée dans de l'eau était sa seule porte de salut.

"De l'eau... pitié" murmura t-elle à nouveau avant de s'effondrer sur le sol, en position de foetus. Elle proférait encore quelques paroles inaudibles entre deux râles, la fièvre avait ramené la jeune femme dans ses délires.

"Ça vient, ça vient, mais je dois d'abord remplacer ton onguent, tu peux tenir encore un peu sans eau, mais si cela s'infecte, tu seras beaucoup plus inquiétée !"

En repoussant délicatement les membres de son hôtes, Leonis nettoya la plaie et y appliqua le plus doucement possible le nouvel onguent préparé. Celui-ci devait permettre de soulager un peu la douleur de l'elfe, ainsi que de calmer son esprits et les hallucinations dues à la fièvre.

"Voila, un peu de repos, et avec ça, ça ira beaucoup mieux !"

Il abandonna la jeune fille quelques minutes, le temps de revenir avec une coupole d'eau de la réserve de sa maison, il redressa son patient en position assise, adossée contre un mur, et lui fit boire lentement.

"Voila, ça devrait aller un peu mieux, non ? Tu peux parler ? Qui es-tu, que t'est-il arrivé ?

Quelque chose fut appliqué sur sa plaie et la chaleur reflua. Il y avait toujours de la douleur mais la sensation d'avoir un brasier au niveau de l'estomac disparaissait. Elle accueillit avec soulagement les quelques gorgées d'eau qui lui furent accordées.

Au son de la voix, la personne venue à son secours était un homme. Sa vue était encore trop flou et fatiguée pour distinguer ses traits.
Bien qu'il lui parla avec une certaine douceur, Nayima sentit une certaine exaspération dans les questions posées; comme si ce n'était pas la première fois qu'il les lui posait, comme s'il s'attendait à ne pas avoir de réponse une fois de plus.

Quelques minutes furent nécessaires pour qu'elle comprenne les questions; plusieurs autres encore pour chercher si elles avaient des réponses. Elle était si lasse et perdue. Elle fit des efforts pour se rappeler et, après quelques tentatives pour parler, la jeune femme réussit à répondre d'une voix enraillée:

Je ... Je vais mieux. Merci. Je peux parler

Ces quelques paroles étaient déjà très douloureuses pour sa gorge desséchée et une quinte de toux l'empêcha de poursuivre immédiatement. Le souffle retrouvé, elle poursuivit:

Nayima... mon nom est Nayima. La Guerre... une mission et... après quelques hésitations il a disparut!

Avec plus de force et de l'étonnement, elle répéta Il a disparut! comme si ces paroles étaient plus importante que ce que son cerveau voulait l'admettre.

Fyryath a disparut!! cria-t-elle enfin dans un sursaut, les larmes ruisselantes.

Les réponses de Nayima  eurent un effet insoupçonné. Il se sentais subitement confus alors que des réminiscence de sa dernière expérience chamanique - qui datait seulement de quelques jours - revenaient à sa mémoire. Il se souvenait de l'habituelle confusion que la fumée des feuilles provoquaient lorsqu'il l'inspirait. Il se souvenait de l'inconfort désagréable que la drogue lui provoquait. Il se souvenait avoir eu chaud, très chaud, terriblement chaud. Il se rappelait ces visions horrifiantes, le sang, la mort, les cris… Et la chaleur étouffante qui l'écrasait, qui le terrassait et le terrifiait.

Il rouvrit les yeux quelques secondes plus tard, les bras serrés contre lui-même. Les mots de la jeune elfe avait mystérieusement provoqué chez lui ce flashback. Tout était toujours très confus, mais il savait que quelque chose d'important, de terrible s'était passé. Bien qu'impossible de dire de quoi il s'agissait, il n'avait pas oublié un détail en particulier. Le regard inquiet, fixé sur la jeune elfe, il murmura :

"Les dragons ?"

Des jours durant, son corps avait lutté contre l'amnésie. Ses délires dans le désert était un rappel de son errance pour trouver Fyryath lors de l'intronisation du Sang.
L'épreuve avait été cruelle mais nécessaire pour qu'elle trouve son équilibre, qu'elle accepte sa colère comme contrepartie de son empathie.

La perte de son compagnon était un fort traumatisme qui l'avait terriblement choqué, au point d'en perdre la mémoire.
Le choc la plongea dans un état semi-comateux où s'alternaient des moments de cris et gémissements, d'autres d'absences totales, mais parfois, son hôte réussissait à obtenir quelques minutes d'attention et des bribes d'informations de son interlocutrice.

Au départ, Nayima ne semblait même pas être consciente de ses réponses, comme si une autre entité avait pris le relais. Mais peu à peu, les réponses se firent hésitantes bien que confuses; l'elfe revenait à al réalité de plus en plus régulièrement.
Une nouvelle détermination luisait dans ses yeux, elle était prête à se battre pour sortir de son état confus; elle avait un objectif.

Bien heureux de l'amélioration de l'état de son hôte, Leonis n'en restait pas moins troublé. Les divers patients à soigner au cabinet, et les coups de main donnés à sa sœur lors de l'arrivage de stocks d'étoffes ne parvenait pas à enlever à son esprit ce flashback qu'il avait eu quelques jours plus tôt. Ce genre d'expériences pouvaient bien sur arriver, notamment en rêves quelques jours après une transe, mais l'intensité et la soudaineté de celle-ci l'inquiétait profondément. Plus étrange encore, elle était arrivé subitement, comme en réaction à l'une des phrases de l'elfe.

"La Guerre ? Fyryath ? Qu'est-ce qu'elle a bien pu vouloir me dire ? Et pourquoi est-ce que cela me semble si familier, que j'en tremble encore rien d'y penser ?"

Il maudissait les effets d'amnésies qui accompagnait généralement ses expériences de visions, et qui rendait tout les souvenirs qu'il en avait très flous. Il s'était cependant bien gardé d'essayer de retenter l'expérience, de rappeler la vision à son souvenir. Il savait que ce n'était pas la voie des Dieux, et que ça l'exposerait à des dangers qu'ils préférait éviter.

Mais l'importance que ça avait eu dans son esprit, couplé avec l'état de sa patiente - deux choses qui étaient liées, il en était persuadé - lui intimait de trouver des réponses.

Pour le moment, il tentait tant bien que mal de se concentrer sur l'essentiel : l'état de la jeune elfe. Tant qu'elle n'était pas en mesure de se débrouiller par elle même, il était impensable de la quitter.

"Ça devrait aller pour toi, mon garçon, garde bien l’attelle pendant trois bonnes semaines, et si tu n'as plus mal, tu pourra l'enlever ! Et sois un peu plus attentif la prochaine fois !"

Il laissa son dernier patient quitter le cabinet, prit sa sacoche et rentra retrouver la jeune elfe.

Nayima se réveilla en bien meilleure forme. Elle avait encore du mal à supporter la chaleur étouffante du Sûl-Nar et gardait un souffle légèrement haletant qui provoquait de petites vagues de douleurs au niveau de sa cicatrice en voie de guérison.
Les souvenirs revenaient progressivement comme si son cerveau se réparait lentement à l'image de sa blessure.

Elle sentait les forces revenir mais restait cependant encore très affaiblie. La jeune femme n'était capable que de quelques pas avant que ses jambes tremblent et renoncent à la supporter.
Elle se leva donc avec précaution et laissa le temps à son cerveau d'accepter le passage de la position allongée à assise. Elle était ainsi sur le bord de sa couchette quand elle entendit son hôte rentrer.
Il sembla un peu surpris de la trouver consciente mais surtout calme et assise. "Même une patiente comme elle finissait par comprendre qu'elle ne devait se lever brusquement" devait-il penser.

"Merci pour votre aide et vos soins" , l'accueillit-elle dans un sourire.

color:

"Hey ! Ça à l'air d'aller mieux, on dirait ! Vous savez, c'est mon travail, vous n'avez pas besoin de me remercier pour ça ! Bon, c'est vrai que la c'était gratuit, mais je n'allais quand même pas vous laisser mourir dans la rue non ? Surtout là ou je vous ai trouvé, je ne pense pas que ce soit un coin très fréquentable pour une jolie elfe comme vous."

Leonis était un peu gêné d'avoir la patiente dont il avait pris soin pendant ces derniers jours assise en face de lui, et parfaitement consciente. D'autant que le commentaire qui venait de lui échapper n'arrangeait pas les choses. Aussi il préféra rester discret sur sa vision, même s'il n'avait pas réellement eu l'intention de lui en parler, tout du moins pour le moment.

"Vous devriez rester encore un peu, le temps de vous reposer et d'être capable de vous prendre en main. Après cela, malheureusement je ne pense pas que ma famille pourra vous héberger ici, vous comprenez je l'espère ? Avez-vous un endroit ou aller ?"

D'autres n'auraient pas hésité à me laisser sur le côté... J'ai de la chance que vous m'ayez trouvé! Un soigneur en plus!

Après un petit temps d'hésitation, Nayima ajouta:

J'ai cru reconnaître Sûl-Nar, mais je ne me rappelle pas pourquoi je me suis dirigée vers cette cité...

Son discours devint haché au fur et à mesure qu'elle réalisait son ignorance et sa situation. Son souffle s'accélérait alors qu'elle poursuivait:

... je ne me rappelle pas grand chose ... j'ai l'impression que ce que je sais est à portée mais ... je ne retrouve pas.

Avez-vous trouvé des indices sur moi? Quand vous m'avez trouvé?

Savez vous qui je suis?

Et j'ai cet étrange nom qui tourne dans ma tête: Fyryath... Le connaissez-vous? Peut-être que c'est la personne que je suis venue voir!

"Il semblerait que vous soyez encore sous le choc. Je suppose que la mémoire va vous revenir. N'avez vous pas des proches dont vous vous souvenez ? Ou des visions, d'une ville ou vous auriez pu aller ?"

A la mention du nom de Fyryath, Leonis ne put s’empêcher de se remémorer sa vision. Le feu, le sang, la guerre... Si ce qu'il avait vu était bien réel, l'elfe avait certainement du traverser une période difficile. Le vague souvenir flou de dragons lui était encore plus mystérieux.

Quel rapport avec l'elfe ? Serait-ce lui qu'elle appelle Fyryath ? Que s'est-il donc passé ? Et pourquoi suis-je aussi persuadé que cette vision est bien réelle ? Serait-ce l'un de ces voyages dans l'âme dont parlait Magran ?

Leonis était en attente de réponses. La possibilité qu'il ait pu voir le passé, ou tout au moins quelques bribes lui semblait impossible. Pourtant, son ressenti était là. Il devait trouver des réponses, et rapidement. S'il était effectivement capable d'animancie, il se devait de retourner auprès du vieil homme.

"Fyriath ? Je crains de ne pas pouvoir vous aider. Vous n'avez nulle part ou aller ? Vous pourriez essayer de trouver un spécialiste, qui pourrait vous aider à retrouver la mémoire ? De mon coté, je dois également me préparer, un long voyage m'attends, et je ne pourrais pas vous garder encore longtemps..."

"Mais oui, je ne me suis même pas présenté, excusez moi ! Je m'appelle Léonis ! Quant a quelqu'un qui pourrait vous aider, hmm"

Léonis réfléchissait, se remémorant ses années d'études à Wilwarin. Il y avait étudié la médecine pendant 5 années à l'académie. Là-bas, il avait rencontré plusieurs professeurs qui pourraient, au mieux soigner Nayima, au pire, la renseigner sur un collègue qui pourrait l'aider.

"J'ai vécu pendant 5 ans à Wilwarin, ou j'y ai étudié la médecine. Malheureusement mes connaissances ne sont pas assez poussées ni adaptées à votre cas pour que je puisse vous aider. Mais je connais un homme, spécialiste dans les troubles psychologiques, je pense que peut-être il pourrait vous aider. Il s'appelle Hyléon, et a été l'un de mes professeurs pendant 3 ans. Malheureusement je ne sais pas ou vous pourrez le trouver, il n'enseigne plus aujourd'hui. Peut-être aurez-vous plus de chances auprès des mages de Belthil en effet. Et dans le pire des cas, vous pourrez peut-être le trouver à Belthil, lui aussi !"

Il avait hésité à recommander un personnage aussi étrange que son ancien professeur, mais c'était la seule maigre piste qu'il pouvait donner à l'elfe pour l'aider. Il n'allait tout de même pas lui parler de ses visions...

"Quant à la raison pour laquelle vous êtes venu à Sul-Nar, je crains de ne pas pouvoir vous aider. Peut-etre êtes vous venu pour rencontrer quelqu'un ? En tout cas, si vous allez a Belthil, essayez de voir si vous pouvez le trouver, sinon, je crains de ne pas pouvoir vous aider plus que ça... En attendant, une affaire urgente me presse, et je vais devoir voyager moi aussi. Mais je pourrais vous retrouver la-bas, il y a fort à parier que mon voyage m’emmène à Belthil dans les mois à venir !"

Son sauveur avait déjà beaucoup fait pour elle, elle ne pouvait lui reprocher de ne pouvoir l'aider davantage. Pourtant, elle était déçue et inquiète. Elle ne connaissait personne et avait peur de quitter ce seul visage connu.

Le médecin ayant quitté le logement pour une affaire urgente, elle prit encore quelques jours pour se rétablir et préparer son départ. Le seul espoir qu'elle avait désormais résidait dans les mages de Belthil.

Les nuits de la jeune femme étaient difficiles, d'étranges cauchemars perturbaient son sommeil; elle se réveillait en sueur et fatiguée. Des images essayaient de s'imposer à son esprit sans qu'elle n'arrive à véritablement les capter ni les comprendre.
Le besoin de partir et obtenir des réponses se fit de plus en plus urgent. Ce fut avec un certains soulagement qu'elle débuta son voyage de Sûl-Nar à Belthil.