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| Katarin, premier devoir. [Irrumo] | |
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C'Biz
Nombre de messages : 13 Age : 37 Date d'inscription : 06/04/2008
| Sujet: Katarin, premier devoir. [Irrumo] Sam 19 Avr - 2:21 | |
| - Citation :
- uacuus dit :
donc en fait je te demande pour premier devoir de me faire un compte rendu d'un coeur simple de Flaubert uacuus dit : je te demande de prendre le passage que tu voudras, et de commenter son style uacuus dit : et plus précisément le lexique uacuus dit : en te posant la question, pourquoi ce mot ci et pas ce mot là - Citation :
- Elle l'enferma [Loulou, le perroquet empaillé] dans sa chambre.
Cet endroit, où elle admettait peu de monde, avait l'air tout à la fois d'une chapelle et d'un bazar, tant il contenait d'objets religieux et de choses hétéroclites.
Une grande armoire gênait pour ouvrir la porte. En face de la fenêtre surplombant le jardin, un oeil-de-boeuf regardait la cour ; une table, près du lit de sangle, supportait un pot à l'eau, deux peignes, et un cube de savon bleu dans une assiette ébréchée. On voyait contre les murs : des chapelets, des médailles, plusieurs bonnes Vierges, un bénitier en noix de coco ; sur la commode, couverte d'un drap comme un autel, la boîte en coquillages que lui avait donnée Victor ; puis un arrosoir et un ballon, des cahiers d'écriture, la géographie en estampes, une paire de bottines ; et au clou du miroir, accroché par ses rubans, le petit chapeau de peluche ! Félicité poussait même ce genre de respect si loin, qu'elle conservait une des redingotes de Monsieur. Toutes les vieilleries dont ne voulait plus Mme Aubain, elle les prenait pour sa chambre. C'est ainsi qu'il y avait des fleurs artificielles au bord de la commode, et le portrait du comte d'Artois dans l'enfoncement de la lucarne.
Au moyen d'une planchette, Loulou fut établi sur un corps de cheminée qui avançait dans l'appartement. Chaque matin, en s'éveillant, elle l'apercevait à la clarté de l'aube, et se rappelait alors les jours disparus, et d'insignifiantes actions jusqu'en leurs moindres détails, sans douleur, pleine de tranquillité.
Tout bon scientifque se doit de dissoscier le fond et la forme, c'est pourquoi j'ai tenté de les laisser liés. Premier constat, voilà une nouvelle réaliste qu'elle est simple à lire, compréhensible et accessible sans détours. Je pense notamment à la construction narrative, l'alternance phrases courtes/longues plus intense sur la fin, le vocabulaire, la ponctuation. Un coeur simple qui se trouve être problématique pour sa propriétaire. Non pas que tout soit histoire de sympathie mais plutôt d'empathie, que la brave Félicité éprouve aisément, voire trop simplement.
Le passage en question intervient à la mort du perroquet Loulou, après son empaillement, lorsqu'il est ramené pour être exposé en la chambre de Félicité. C'est l'occasion pour Flaubert de décrire celle-ci :
Une première phrase "annonce la couleur" de la description qui suit, une sorte d'introduction ou de résumé de l'inventaire en l'occurrence.
La chambre est tout ce qu'il y a de plus classique, une petite piaule de domestique à priori située sous les combles ("corps de chéminée"), dont la porte s'entrebaille uniquement, certainement peu éclairée et ouverte sur le monde extérieure. Le nécessaire à bonne y est satisfait, "un pot à l'eau, deux peignes, et un cube de savon bleu" qui évoquent un statut social nécessiteux de ce genre d'équipement, encore classique, plutôt pauvre même ("lit de sangle", "assiette ébréchée"). Le tout est teinté par une ambiance assez religieuse, qualifiée par l'énnumération des "chapelets, des médailles, plusieurs bonnes Vierges, un bénitier en noix de coco ; sur la commode, couverte d'un drap comme un autel...". A noter la transformation du mobilier comme outil de culte, et quelques reliques gardées ça et là (la boîte de Victor, "un chapeau de peluche", "une redinguote de Monsieur"). Il y a une insistance sur les souvenirs de Félicité, à travers Loulou spécialement dans le dernier paragraphe cité mais aussi grâce aux autres reliques et au petit bordel qu'elle a pu accumulé dans sa chambrée. Toutes ces "vieilleries" créent une atmosphère austère. Encore une énnumération qui fait penser à l'inventaire d'un vieux garage, un dépôt/fourre-tout pour les objets dont plus personne ne se sert, même pas Félicité : on sent bien par l'énnumération qu'on se retrouve en face d'un beau bordel pas vraiment utile. Si ce n'est pour la "déco"... selon les goûts, discutables, de la domestique. Le vocabulaire est simple, très varié puisqu'on ne retrouve pratiquement pas de répétitions à travers toute la nouvelle. Il est simple mais précis, sans fioritures ni éxagérations ; lorsqu'ils y en a, elles sont produites par la structure des phrases, une succession de courtes, ou par des listes comme celle décrite plus haut, ou à propos des reposoirs (juste avant la mort de Félicité par exemple). Sur ce passage, il ressort du lexique un effet d'accumulation, d'inutilité, surtout si l'on se rappelle être dans une chambre de bonne. Flaubert dit les choses telles qu'elles sont, si j'osais je me hasarderais presque à dire qu'il possède une image de la scène et qu'il la retranspose le plus fidèlement et le plus simplement possible sur le papier. Le résultat est l'impression qu'a le lecteur de se retrouver en face d'un réel tableau, haut en couleurs ou parfois terne, plutôt statique que dynamique. L'idée plus que les mots est directrice si bien que ceux-ci dégagent parfois un sens empli d'inutilité sans l'être dans la narration.
Finalement il retranscrit le plus réellement et vraissemblablement possible la vie et les sentiments perturbés par son coeur "simple" de Félicité. Aussi loin que je m'en souvienne, il y a bien eu une "période réaliste", auquel cas on doit pouvoir y rattacher ce texte.
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| | | Irrumo
Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 06/01/2008
| Sujet: Re: Katarin, premier devoir. [Irrumo] Dim 20 Avr - 12:33 | |
| - Citation :
- Une première phrase "annonce la couleur" de la description qui suit, une sorte d'introduction ou de résumé de l'inventaire en l'occurrence.
Oui cela annonce la couleur, c'est pourquoi il aurait été judicieux de lui faire un sort, pour préciser de quelle couleur il s'agit. Une chose très simple à noter, est l'alliance étrange de "chapelle" et "bazar", qui sont deux univers opposés normalement, et qui se trouvent là fortement rapprochés, "à la fois" permet à la fois de noter la simultanéité de ces univers, et l'incongruité de leur rapprochement. Chapelle se trouve développé par "objets religieux", et bazar par "choses hétéroclites": de sorte que la double impression est développée par une double classe d'objets. Le sentiment bizarre qu'éveille la chambre de la bonne s'incarne dans une opposition qui se développe. Précisons les choses: une chapelle est un lieu de recueillement, austère, où tout est destiné à l'adoration du sacré. Le "bazar" est un lieu où on vent tout et n'importe quoi, dans le bruit, et le terme évoque la confusion et la disparité. Les deux mots sont connotés de manière différente; comme la chapelle est liée au sacré cela relève de l'élevé, tandis que le bazar connote le populacier, cette différence de connotations se confirme dans les objets religieux opposés aux choses hétéroclites. Dans cette opposition se dessine toute la religiosité de Félicité. Celle-ci repose sur une accumulation d'éléments de sa vie, qui s'associent et symbolisent des choses affectives. De sorte qu'on ne peut pas limiter la description de la chambre à un compte rendu fidèle, mais bien à une manière indirecte de dépeindre l'idolâtrie forcenée de sa propriétaire. Et cela ne va pas sans ironie, comme le témoigne la distorsion entre l'effet de "bazar", et la disposition religieuse. - Citation :
- La chambre est tout ce qu'il y a de plus classique, une petite piaule de domestique à priori située sous les combles ("corps de chéminée"), dont la porte s'entrebaille uniquement, certainement peu éclairée et ouverte sur le monde extérieure. Le nécessaire à bonne y est satisfait, "un pot à l'eau, deux peignes, et un cube de savon bleu" qui évoquent un statut social nécessiteux de ce genre d'équipement, encore classique, plutôt pauvre même ("lit de sangle", "assiette ébréchée").
J'avoue que ce commentaire me parait inutile. - Citation :
- Le tout est teinté par une ambiance assez religieuse, qualifiée par l'énnumération des "chapelets, des médailles, plusieurs bonnes Vierges, un bénitier en noix de coco ; sur la commode, couverte d'un drap comme un autel...". A noter la transformation du mobilier comme outil de culte, et quelques reliques gardées ça et là (la boîte de Victor, "un chapeau de peluche", "une redinguote de Monsieur"). Il y a une insistance sur les souvenirs de Félicité, à travers Loulou spécialement dans le dernier paragraphe cité mais aussi grâce aux autres reliques et au petit bordel qu'elle a pu accumulé dans sa chambrée.
Oui ce sont deux aspects très importants. On pouvait aussi noter la fantaisie de cette description, notamment le bénitier en noix de coco : imagine simplement l'eau bénite dans une noix de coco: la religions prend la forme d'un exotisme de pacotille, et l'effet est humoristique. L'ironie sur les reliques est extrème: "une redingotte de Monsieur". Cet objet, comme tous les autres, ne valent pas ce culte, et la déférence sociale marquée par "Monsieur" de la servante pour le maître, se convertit en un autre registre, la déférence religieuse. C'est cette superposition de plans qui créée l'intérêt du texte. - Citation :
- Toutes ces "vieilleries" créent une atmosphère austère.
Pas du tout. L'austérité serait au contraire dans le dépouillement ou la nudité. Tout est au contraire surchargé. Quant aux vieilleries: leur sacralisation les rend ridicules et créent une forme d'ironie. Mais cette ironie n'est pas simple. Tout jusqu'au perroquet empaillé, est le reste de souvenirs, et de pertes. Ce texte a donc une grande force par rapport au reste de la nouvelle. Le bénitier en noix de coco, par l'exotisme, évoque les personnages qui sont morts au loin. Il y a un effet pathétique dans cette vie de Félicité, qui ne tient que par ces objets dérisoires en eux mêmes, et qui font revivre artificiellement, dans une fixité objective, les misérables riens de son existence passée. - Citation :
- Encore une énnumération qui fait penser à l'inventaire d'un vieux garage, un dépôt/fourre-tout pour les objets dont plus personne ne se sert, même pas Félicité : on sent bien par l'énnumération qu'on se retrouve en face d'un beau bordel pas vraiment utile.
Objets inutiles, mais dont il fallait analyser la signification et les effets. - Citation :
- Si ce n'est pour la "déco"... selon les goûts, discutables, de la domestique.
C'est autre chose que de la déco, tu as toi même parlé du caractère religieux. - Citation :
- Le vocabulaire est simple, très varié puisqu'on ne retrouve pratiquement pas de répétitions à travers toute la nouvelle. Il est simple mais précis, sans fioritures ni éxagérations ; lorsqu'ils y en a, elles sont produites par la structure des phrases, une succession de courtes, ou par des listes comme celle décrite plus haut, ou à propos des reposoirs (juste avant la mort de Félicité par exemple).
Observations imprécises. - Citation :
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Sur ce passage, il ressort du lexique un effet d'accumulation, d'inutilité, surtout si l'on se rappelle être dans une chambre de bonne. Flaubert dit les choses telles qu'elles sont, si j'osais je me hasarderais presque à dire qu'il possède une image de la scène et qu'il la retranspose le plus fidèlement et le plus simplement possible sur le papier. Oui, il possède une image précise, c'est plus que probable. Mais cela ne se borne pas à décrire "tel que c'est", surtout que c'est l'auteur lui même qui construit l'image. On pourrait parler d'effet de réel, cela fait vrai, car s'accumulent précisément des objets qui appartiennent à une réalité commune pour la plupart, ou qui sont justifiés par le texte. Mais cela n'empêche qu'il ne s'agit pas de faire un tableau pour faire vrai simplement: il s'agit de mieux dépeindre à quoi se réduit la fin de vie du personnage, par ses objets d'adoration. Et cette description comporte des effets fantaisistes, des distorsions humoristiques, qui se mêlent à un certain pathétique. - Citation :
- Le résultat est l'impression qu'a le lecteur de se retrouver en face d'un réel tableau, haut en couleurs ou parfois terne, plutôt statique que dynamique. L'idée plus que les mots est directrice si bien que ceux-ci dégagent parfois un sens empli d'inutilité sans l'être dans la narration.
Certes ça ne sert à rien, mais au même titre qu'un autel ne sert à rien. Donc plus que sentiment de l'inutile, je parlerais plutot d'impression de dérisoire.
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