Nahïs, devoir n°1 [TrOn]

Citation :: " Décris-moi deux homosexuels qui s'embrassent au jardin des plantes."

En écoutant, en boucle, une chanson:Les tétines noires

[J'ai failli devenir folle à écouter cette chanson. Juré. :drunken: Et sinon je crois bien que je n'ai pas mis de poires dans la recette, trop peur de me prendre une tarte... Yeux au ciel

]

Blanc. Soleil aveuglant. Je plisse les yeux. La nature criarde me jette ses odeurs, telles des ordures. Sauvage, elle m'assassine, de sons et de saveurs. En vrac. Une allée. Des tulipes se dressent fièrement, me toisant. Je tourne la tête. J'avance. Au bruit de mes pas se mêlent les miasmes insistants du lilas. Malaise dans le jardin. Doucereuse, l'effluve m'entraîne... dangereuse. Devenue marionnette, je la suis, comme envoutée. Je bouillonne. L'astre brûlant se plaît à me cogner et son rire, sarcastique, résonne. Qu'importe. J'avance. La tête dodelinante. Puis c'est l'explosion. Crissement de feuilles, telle une détonation. Je crie. Réveil soudain. Je les vois. Tâches de chair se détachant du patchwork verdoyant. Ecoeurant. Je les scrute. Obscures éclaboussures se reflétant dans ma rétine. Ils sont deux. Mélange de parfum capiteux et de relent de sueur. Le premier déposé pour charmer l'autre, le second exhalé par la peur de déplaire. Ils sont deux. Le premier s'accrochant convulsionnément à l'autre, le second jouissant de son puissant pouvoir. Amour notoire. Un homme avec un homme. Leurs langues se cherchent, je les lorgne. Suintantes de salive, ces sirènes soupirantes s'étreignent. Sirupeuses. Elles se séparent puis s'emmêlent sur fond de souffle sonore. Suffoquant. Je m'étouffe.

Jaune. Ca pisse la mièvrerie. Le long de ma jambe, l'acide ruisselle. Frisson. Avide, je veux savoir, je veux encore voir. Rampant, je me rapproche. Mains entrelacées, bouches en fusion, ils se confondent, se fondent l'un l'autre. L'un dans l'autre. Voyeuse. Voyeuse! hurle mon inconscient. Prends-moi pour ce qu'il te plaira, je m'en fiche. Deux mâles en rut, ça s'admire. Ca se vénère. Gémissements. Inaudibles pour les autres, pas pour moi. C'est indécent! diraient certains. Non. C'est beau l'amour. C'est brut. Primitif. Les instincts remontent, refont surface. Fini le superficiel. On gratte le vernis, et voilà la vraie vie. A l'état naturel.

Kaléidoscope de couleurs. Ils se pressent, se compressent. Peur de se perdre. Manque de l'autre. La passion les prend et les pousse, jusqu'à l'épuisement. Ca s'accroche, s'écorche, se décroche. Silencieux, le monde végétal se pâme devant l'impétueuse rythmique qu'offre ces hommes en flammes. Dévore, consume, embrase, brûle. Encore. Et encore. Les fleurs défaillent et moi j'ouvre les yeux. J'épie. Assis sur l'abjecte pelouse, ce tapis à l'odeur douceâtre, ils s'embrassent. Les veines bourdonnantes et les reins tendus, ils entament une danse brutale. La chaleur torride les emballe, les emporte. Effervescence des sens.

Valse bestiale sur écran végétal.
Gestuelle sensuelle qui choque, fougueuse.
Enlace-moi, délasse-toi, ne me lache pas.
Spectacle.
Animal.

Ogresse, je repars. Repue.

Citation :: La nature criarde me jette ses odeurs, telles des ordures. Sauvage, elle m'assassine, de sons et de saveurs.

Tu veux dans l'ordure ? Alors pourquoi utiliser les mots saveurs ou odeurs ? La puanteur, les relents, les remugles abyssaux. Tu veux du cri ? Alors pourquoi de simples sons ? Des hurlements oui ! De la vocifération ventesque ! Tu tiens un excellent bout là, ne reste vraiment qu'à creuser encore plus dans la tripe.

Citation :: Des tulipes se dressent fièrement, me toisant

Mais des tulipes que diable ! C'est tout petit, c'est tout gentil, c'est joli, mignon !? Sors donc de la plante haute, carnivore, bouffeuse de cette nature qui t'assassine, qui te domine.

Citation :: Malaise dans le jardin. Doucereuse, l'effluve m'entraîne... dangereuse.

Elle t'entraîne juste ? Elle t'attire de ses leurres, elle éveille ta curiosité, elle te pique au vif. Ca suscite. Ca excite. Ca racole ces effluves. Bonne opposition douceur / danger, mais vas y, n'hésite pas, gerbe les mots !

Citation :: L'astre brûlant se plaît à me cogner et son rire, sarcastique, résonne

Il résonne ? Il résonne où ? Dans ces pérpétuelles trublions séditieux, d'une tentation imperceptible. Azy fonce, décris encore, fais moi jouir du mot, balance, jette les encore plus.

Citation :: La tête dodelinante

Citation :: Le premier s'accrochant convulsionnément à l'autre

Citation :: Suintantes de salive, ces sirènes soupirantes s'étreignent

Inexactitudes. Dommage pour le sirène putain.

Je m'arrête là.

Ton travail est excellent. Il mérite quelques améliorations sur le "choix" de certains mots pour couler un peu plus dans l'émotion que tu veux partager (notamment n'abuse pas du synonyme qui mélange parfois tes idées, suis le crado que tu veux mettre et évite les mots comme douceur, saveur, ou sinon oppose les immédiatement à un mot bien sale, bien sorti du fond du coeur) mais il frôle la perfection pour m'avoir fait ressentir - exactement - ce que je t'ai demandé hier soir. Nourri toi de ma petite critique des premières phrases pour réfléchir à des axes d'améliorations.

Les sonorités sont musicales et j'adore vraiment ce genre d'écriture, odeur/ordure par exemple.

Citation :: Ca s'accroche, s'écorche, se décroche.

Gloups je b...

Rien à ajouter on en reparle ce soir. J'adore quand on suit exactement tout ce que je dis pfiouf. Preuve que ce n'est pas si compliqué que ça que de vomir les mots. La musique aide toujours maintenant on va passer à des choses plus terre à terre pour voir si tu arrives à me sortir le même genre de choses sans certaines aides ^^.

Perverse comme je les aime, tu écris avec le fond des tripes. Un travail de très bonne qualité sur lequel devrait prendre exemple beaucoup d'élèves. Tu as bien suivi le petit court d'hier soir.

16/20 Sans hésitation.

J'ai joui à la lecture.

Tu m'en refais un comme celui là et je t'épouse.

Merci.

» Alwenn [TrOn] devoir numero trois