Otalimar
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| Sujet: Otalimar Devoir n°3 [Goldmund] Lun 28 Avr - 19:16 | |
| Sujet: écrire un sonnet en t'inspirant de ces vers, mais sans les réutiliser: "Resplendit à jamais comme un astre inutile La froide majesté de la femme stérile."
devoir: Venue à la lumière dans la souffrance Désirée et voulue dans la joie accueillie Levée à bout de bras et soumise aux regards Ainsi est elle née cette nouvelle née
Courant au bord de l’eau nous la retrouvons donc Bien des années plus tard sa beauté a grandie Elle est gaie et joyeuse et encore innocente Qu’elle en profite donc, le monde est bien cruel
Maintenant bien plus mûre elle affronte le monde Elle fonde une famille et s’épuise au travail Sa vie est heureuse mais elle en paye le prix
Désormais retraitée et ses enfants partis Seule avec son mari elle goûte au repos Epuisée par la vie sans le moindre regret | |
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Goldmund
Nombre de messages : 2123 Age : 36 Localisation : Plus loin qu'ailleurs Date d'inscription : 23/12/2007
| Sujet: Re: Otalimar Devoir n°3 [Goldmund] Jeu 1 Mai - 15:21 | |
| Bien. Arrête-moi si je me trompe, mais le seul et unique lien unissant ton sonnet à ces vers de Baudelaire n'est-il pas la reprise du pronom personnel "elle" ? Un peu faible. Si comme je le pense le sujet t'a laissé tout à fait poreux, pourquoi ne pas avoir fait l'effort de rechercher le poème dont étaient extraits ces vers ? Il suffisait de googliser la chose:
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche on croirait qu'elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.
Comme le sable morne et l'azur des déserts, Insensibles tous deux à l'humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la houle des mers, Elle se développe avec indifférence.
Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l'ange inviolé se mêle au sphinx antique,
Où tout n'est qu'or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile, La froide majesté de la femme stérile.
L'on voit clairement affleurer dans ce sonnet de Baudelaire la figure de la mendiante, l'idéal féminin dont le moindre geste vient sublimer le quotidien, selon une logique quelque peu cocteauïenne, avec cette idée que "le beau est toujours bizarre". L' "astre" qui "resplendit", la "froide majesté": tout cela pouvait t'aiguiller dans cette direction. Bien évidemment, tu étais tout à fait libre de produire une toute autre interprétation. C'est justement pour te laisser une plus grande marge de manoeuvre que je ne t'avais donné que deux vers. La liberté en écriture est un cadeau empoisonné, je n'ai pas été très gentil sur ce coup-là, je m'en rends compte. Passons.
D'un point de vue stylistique, je note une certaine recherche dans l'écriture, avec tout un travail sur le rythme (je pense notamment à la première strophe qui en superposant les participes passés crée un effet d'attente: venue, désirée, levée), les effets d'échos (joie / souffrance, innocente / cruel), les constructions en parallélisme ("elle affronte le monde / elle fonde une famille"). Je ne pense pas me tromper en suggérant que c'est cet aspect de la création qui a le plus retenu ton attention. Ce n'est pas mal du tout, ce n'est pas non plus parfait tu t'en doutes. Ton écriture manque souvent de maturité, elle est un peu simple, il y a des maladresses telles que "Ainsi est elle née cette nouvelle née". Je vois bien la recherche de l'épiphore avec "née" mais le rendu n'est pas très heureux. A ton âge c'est assez normal, on ne nait pas écrivain, et je ne peux te conseiller que deux choses: lis et écris autant que possible. Quelques écueils cependant que tu peux d'ores et déjà t'efforcer d'éviter: garde-toi absolument des topoï littéraires. Qu'est-ce qu'un topos ? C'est un lieu commun: une image, une idée, un concept qui à force d'être employé perd toute originalité. Il y a une maxime très simple qui permet de s'en dégager - simple et cruelle à la fois: si ce que tu as à dire n'apporte rien à ce qui a été déjà été fait, n'écris pas. Ainsi, l'on évitera par exemple de multiplier ce genre de choses: "Elle est gaie et joyeuse et encore innocente / Qu’elle en profite donc, le monde est bien cruel". Le récit dans son entier est assez convenu, tu perds en crédibilité. L'orthographe enfin est correcte, l'accord du participe passé est une difficulté majeure que traverse nos jeunes écrivains, et tu t'en sors honorablement, je n'ai noté qu'une seule faute: "sa beauté a grandie grandi". C'est une règle à apprendre par coeur: le verbe au participe passé ne s'accorde avec l'auxiliaire avoir que si le COD du verbe est posé avant le verbe. Auquel cas, il ne s'accorde plus avec le sujet mais avec ce COD.
Dernier volet, la versification. Ca va aller assez vite: pas de rimes, pas de jeux sur les sonorités. La forme du sonnet est respectée; j'ai bien deux quatrins, deux tercets, et les alexandrins font à peu près 12 pieds. Trois vers sont mal mesurés:
=> Ve/nue/ à/ la/ lu/miè/re/ dans/ la/ sou/ffrance (11 syllabes, on ne dit pas sou-ffran-ce) => Sa /vie /est/ heu/reu/se/ mais/ ell/e en/ pa/ye/ le/ prix (13 syllabes, on dit "pa-ye" et non "paye") => Seu/le a/vec/ son/ ma/ri/ ell/e /goû/te au/ re/pos (11 syllabes, entre deux voyelles on fait une liaison: gou-tau-re-pos)
Et qui dit vers mal mesurés, dit césures mal placées, mais nous n'avions pas vraiment eu le temps d'en causer. Je t'invite cependant à consulter le cours d'Irrumo sur le sujet, il est là pour être lu: Eléments de métrique classique (lien clickable). Pour faire court, tu ne peux pas mettre ta césure après un "e", sauf si celui-ci est élidé, c'est-à-dire qu'il ne se prononce pas devant la voyelle qui suit pour faire une liaison. Nous pourrons y revenir plus tard.
=> Elle est gaie et joyeus/e et encore innocente (là c'est correct, la césure vient après "joyeuse", mais tu noteras que le "e" final de "joyeuse" ne se prononce pas, on fait la liaison avec le mot qui suit: joy-yeu-set-en-core) => Sa vie est heureuse/ mais elle en paye le prix (là ce n'est plus correct, le "e" se prononce car il est suivi d'une consonne, il n'est pas élidé) => Venue à la lumiè/re dans la souffrance (encore une fois c'est faux, le "e" se prononce et tu me places la césure en plein milieu de "lumière")
Au final, tu me donnes l'impression d'avoir négligé ce devoir: tu aurais un petit côté je-m'en-foutiste que ça ne m'étonnerait qu'à moitié. Il y a pourtant du boulot. J'attends de toi plus de sérieux sur le prochain exercice. | |
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Otalimar
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| Sujet: Re: Otalimar Devoir n°3 [Goldmund] Sam 3 Mai - 13:37 | |
| D'accord, je vois qu'il y a encore du boulot! Donc effectivement j'ai eu des gros problèmes pour démarrer et chercher un thème qui m'inspirait dans les deux vers. Et je n'ai pas fait de rimes étant donné les difficultés rencontrées pour respecter la forme du poème. Je prends note de tes commentaires, c'est bien le but après tout:) Un truc pour lequel je n'ai pas d'excuse: il ne m'est même pas venu à l'esprit de chercher le poème complet pour mieux cerner le sens des deux vers. | |
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| Sujet: Re: Otalimar Devoir n°3 [Goldmund] | |
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