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 [Article] Eléments de métrique classique

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Irrumo

Irrumo


Nombre de messages : 133
Date d'inscription : 06/01/2008

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MessageSujet: [Article] Eléments de métrique classique   [Article] Eléments de métrique classique Icon_minitimeMar 8 Avr - 0:28

Pourquoi se casser les pieds à faire des vers? Quelle idée saugrenue pousse des gens à compter les syllabes, et aller à la ligne à chaque fois?
Je répondrai simplement : le vers est une unité ryhtmique, et sa codification facilite la mémorisation, et la mise en musique. Si dans l'antiquité les poètes sont représentés avec des lyres, c'est qu'ils sont aussi musiciens. Virgile dit : "je chante", et celà est à prendre au pied de la lettre. Pour comprendre l'intérêt du vers, il suffit d'écouter des chansons françaises et de regarder comment le texte est fait. Le décompte précis des syllabes, les effets de rimes, tout a un sens quand le texte est mis en musique.
Mais le vers s'est affranchi de cette nécessité de la mise en musique, et comporte par sa cadence et ses éventuels jeux de sonorités, un rythme régulier qui lui donne une allure musicale, quand bien même le poème n'est pas chanté. C'est pourquoi, pour comprendre la métrique, il faut les lire à haute voix, en respectant toutes les règles de diction, pour ne pas bousiller l'harmonie des vers.

Une première chose à comprendre, c'est que la métrique française est adaptée à notre langue. Celle-ci ne fait pas comme le latin le grec ou l'anglais, de différence entre les voyelles brèves et longues. Par ailleurs le français accentue toujours à la fin d'un mot ou groupe de mots. Exemple:
Par ailleurs le français accentue toujours à la fin d'un mot ou groupede mots
Il s'agit d'un accent tonique, mais il est moins marqué qu'en italien. Certains accents sont plus forts que d'autres, sur "groupe", l'accent est très faible. Ce sont les accents qui donnent à la phrase française sa mesure, son rythme.
Il partit sans un mot.
Ici par exemple, nous avons un rythme binaire, il y a deux groupes avec accent.
Il partit sans un mot pour se pendre.
Là nous avons un rythme ternaire, l'effet en est différent.
Une régularité est créée par le fait que le nombre de syllabes est toujours le même:
3/3/3.

A partir de là un vers est une unité rythmique définie par la répartition des accents.
L'accent fort d'un vers, c'est le dernier. Un accent comporte normalement au moins un accent secondaire (la structure binaire est minimale).

Ex
Tes flots harmonieux
2/4
C'est un hexasyllabe avec coupe secondaire, qui donne un rythme inégal.
En métrique classique, c'est le retour de la même unité qui créée un phénomène disons, de battue. Il faut concevoir que la fin de chaque vers est particulièrement sonnante, et qu'elle marque une pulsation régulière.
Au sein de ce rythme régulier peuvent s'installer beaucoup de d'inégalités, de phénomènes de heurts etc. Mais ceux ci prennent leur sens par rapport au cadre régulier.

En métrique, il faut d'abord se mettre d'accord sur la manière dont on compte les syllabes, et celle ci est codifiée, et fait partie de conventions qu'il faut connaitre pour lire les poètes classiques, ou a fortiori pour s'essayer à faire des vers classiques.

Le grand point délicat, c'est le "e" dit "muet". C'est la seule voyelle qui, en finale ne peut pas porter l'accent.

Si je dis les : les pompes funèbres, les accents tombent sur "om" et "è", surtout pas sur les e, qui sont atones.
De cette particularité nait diverses fragilités:
1° le "e" s'élide toujours devant une voyelle : la funeste ordure. "e" ici ne peut pas se prononcer.
2° le "e" peut s'apocoper devant consonne : les pompes funèbres, très facilement prononcées : les pompfunèbr.

En métrique classique l'apocope est interdite en milieu de vers.

on devra dire : les pompEs funèbres.

On sera même obligé de faire toutes les liasons, de sorte qu'on puisse prononcer les "e" quand ils sont suivis d'un "s" ou "nt".
Les pompes inutiles. (lépompeuzinutil)
En revanche, après la dernière syllabe accentuée d'un vers, le "e" ne compte pas.
"Laissent parfois sortir de confuses parol(es)"
Faites l'expérience de lire ce vers avec ou sans les "e" qu'il faut prononcer, vous verrez comment on peut massacrer par la simple diction un vers parfaitement mélodieux.

L'autre point c'est celui de la diérèse. Celle ci consiste à considérer comme voyelle les "u" "i" ou "ou" devant une autre voyelle. Exemple "violence": le i n'est pas une semi consonne (vyolence) mais une voyelle qui compte (vi-o-lence). Cette convetion est importante, et donne un air plus solennel et plus majesteux aux mots.
Les voyelles qui font diérèse le sont originellement en latin. On dit vi-o-lence, à cause du latin vi-o-lentia. Par contre le mot pied se prononce en une seule syllabe, car ce "i" est le fruit d'une évolution phonétique: le mot vient du latin "pedem".
Pour savoir où sont les diérèses, il faut une certaine habitude. On peut retenir que la diérèse est systématique pour les mots en -ion.

Les vers les plus courants sont l'héxasyllabe (6 syllabes), l'octosyllabe (Cool, le décasyllabe (10) et l'alexandrin (12).
Attention ces deux derniers vers ont une coupe secondaire obligatoire, qu'on appelle césure, et qui sépare le vers en deux hémistiches.
Pour le décasyllabe la coupe est généralement à la 4° syllabe, pour l'alexandrin, presque toujours à la 6°.
Ex de décasyllabe:
Les cavaliers//de l'enfer/ se préparent.
Ex d'alexandrin:
Les affreux/ cavaliers// de l'enfer/ se préparent
La césure est notée avec les deux barres, les coupes moins importantes, avec une barre.
L'architecture des vers est essentiellement liée à cette coupe obligatoire, et ne pas la sentir, l'oublier est une faute grave et trop répandue.

Ceux qui ont suivi comprendront qu'un "e", étant donné qu'il n'est pas accentué, ne peut en aucun cas être mis en césure.
Sinon il est contraire aux règles de commencer le deuxième hémistiche par le "e" "muet" du dernier mot de l'hémistiche précédent.

Ex : Les cavaliers/ prépa//rent l'enfer/ pour les hommes

La césure tombe bien à la sixième syllabe ici, mais le mot "préparent" est coupé en deux. Ce n'est donc pas un vers régulier.


Enfin la rime est très importante: c'est un écho sonore qui renforce considérablement la structure métrique, et qui est riche de jeux de sens possibles.
Une véritable rime se définit par au moins deux phonèmes communs:
Ex
Le petit goldmichet
Secouait un hochet.

La rime est suffisante parce qu'il y a deux phonèmes communs : ch-è


Par contre:
Le petit goldmichet
N'en sortit pas bien frais.

La rime est insuffisante et pauvre, parce qu'il n'y a qu'un seul phonème commun : è.
A vrai dire ce n'est pas une rime. C'est nul.

Une rime est riche quand il y a trois phonèmes communs.

Le petit goldmichet
Ne buvait qu'au pichet.

Les rimes peuvent être disposées de diverses manières:
suivies : AABBCC etc,
croisées: ABAB
embrassées: ABBA

Une strophe est une structure qui se fonde sur les croisements et les embrassements des rimes.
Une succession de rimes suivies ne fait pas une strophe.
Quand on fait un poème en strophe, je conseille de définir préalablement son schéma et de s'y tenir.
Par exemple on peut faire un poème avec des strophes bâties sur le schéma simple ABABA. Introduire un nouveau schéma strophique c'est introduire une rupture, une irrégularité. Si on le fait, il faut savoir pourquoi, et être conscient de l'effet. Sinon autant se passer de ces variations inutiles et nauséeuses.
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