"Je vois un monde emplis de contradiction. Un monde qui se meurt lentement et douloureusement."
Devant un vieil homme se tenait une mer agitée de milles tourments, le souffle puissant du vent créant d'imposantes tornades, les courants dévastant la côte tout entière. Les bateaux à quai, ainsi que les infrastructures plus ou moins solides du port industriel avaient été avalées par l'océan, magistral dans sa fureur.
" Rien ne résistera à cette tempête. Elle s'enfoncera toujours plus loin à l'intérieur de nos terres. Le comprends-tu, mon fils ?"
Une silhouette se dégagea de l'obscurité derrière lui. Elle s'approcha du vieil homme qui se tenait au bord de la falaise et répondit d'une voix laconique :
"Jamais elle ne s'arrêtera, n'est-ce pas ? Jamais nous ne pourrons vivre en repos."
"Oui, mon fils. C'est le début de la fin, comme ils disent les jeunots. Mais ne trouves-tu pas cela beau, mon fils ? Pouvoir assister à sa propre mort ?"
Le jeune garçon garda le regard fixé vers l'horizon, mais ne put s'empêcher de sourire.
"On ne peut empêcher l'inévitable, mais que faîtes-vous de cette Terre ?"
"Je ne suis pas sûr de bien comprendre. Je ne suis pas dans ta tête, rappelles-le toi."
"Cette Terre vit car nous sommes là pour la contempler. Un être seul n'existe que pour lui-même, il n'a donc aucune vie réelle. Nous-mêmes, nous sommes insignifiant lorsque nous sommes isolés, mais solidaires, notre force peut soulever des montagnes ! Je m'efforce en tout cas de le croire, et de ne pas perdre espoir concernant l'avenir de l'humanité."
Après un court silence méditatif, le père reprit.
"Connais-tu le principe de l'hérisson, mon fils ?"
"Je ne le pense pas, père."
"Et bien, vois-tu, pendant l'hiver, les hérissons se frotte entre eux afin d'éviter de geler sur place, mais ils se blessent les uns les autres par la même occasion. Les hommes sont comparables aux hérissons. Plus ils se rapprochent, plus ils se blessent."
"Plutôt souffrir que mourir, c'est bien ça ? Quelle stupidité… Je n'y crois pas. Moi-même je me suiciderait si la souffrance était trop douloureuse."
"Et ou placerais-tu cette limite ? répondit le père du tac au tac. Penser être au dessus de cette loi humaine, cela passe encore, mais l'appliquer vraiment est bien différent ! Ne confonds pas nouer la corde, et se pendre !"
"Je le sais, père. Je le sais. Mais si je ne prétends pas au-delà de mes capacités, je n'aurais aucun prétention de vie ou de mort, et tout ce discours deviendrait superflu."
"C'est à mon tour de le dire, alors."
"Dire quoi ?"
"Je le sais, mon fils, je le sais."
Ce monde, c'est moi. Peut-être. Qui est capable de savoir ce qui se cache dans son dos ?
Mais avant tout, je viens ici en tant que visiteur, enfin, peut-être en viendrais-je un jour à participer à la vie commune de ce forum, qui sait ?
J'avais fait vœu de solitude, comme les nonnes font vœu de chasteté, mais mes décisions d'un jour ne sont que poudre aux yeux dissimulant une nature indécise et peu réfléchie. Je viens donc ici jeter un coup d'œil, heureusement que je ne suis pas borgne en passant, car il y a des escaliers devant la porte de ma chambre.
A bientôt. Peut-être, encore une fois.