Souvent, lorsque la nuit, aux abysses...

A celle que j'aime

Souvent, lorsque la nuit aux abysses dérobe,
Tandis que je palis, les plus tristes pensées
Et que mon esprit danse, et que sa sombre robe
Frôle piteusement les terres du passé ;
Lorsque souvent, mon âme ensanglante la joie
Et enterre, indolente, et l’espoir, et l’amour,
Et que la solitude exhorte avec effroi
Au cynisme, à la mort, le plus heureux des jours,
Je pense à toi, mon ange.
Je t’aperçois, mon cœur, et qu’importe la pluie,
Et qu’importe le vent, les tombes, les ruines,
Pourvu que tu sois là !
L’enfer s’évanouit!

Assis sur un amour, qu’éploie ses blanches ailes,
Pareil à la colombe en des cieux embrasés
Et exhume l’espoir des songes éternels
Ainsi que ton regard enterre les années,
Je chevauche la vie, radieuse, sublime,
Au dedans de la brume, au dessus des nuages,
Plonge vers l’horizon et sur l’écume, un hymne
Résonne infiniment de l’océan des âges :

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

J’entends ton épitaphe, Ô tombeau de nos jours,
Je le vois se moquer, sournois et triomphant,
De notre amour futile à ses yeux de velours,
Que charmerait la mort, d’un corps affriolant.
Il glisse sur la peau de celle dont mon cœur,
Impuissant, s’est épris, et dont l’âme frissonne
Comme l’arbre transi par l’atroce douleur
De son bois effeuillé par le souffle d’automne.
Je veux te raconter, Princesse de la Pluie,
Un conte merveilleux pour ne point que tu trembles,
Il était une fois un poète maudit
Dans un lointain pays – tout au moins, il me semble -.
Le pauvre infortuné s’enivrait de la rose,
Se gorgeait d’espérance, aspirait au talent
Et sous l’astre divin, rêvait l’apothéose,
Tandis que son crayon n’offrait qu’un sombre blanc.
Chaque soir accueilli par ses tristes chimères
Il craignait, impuissant, d’enfanter le néant
Et l’échine courbée, ne devenait le père
Que d’un pauvre cadavre aux entrailles gisant.
Mais alors qu’il pleura, tu lui pressas la main ;
Des plaisirs effacés, tu abaissas le voile
Et je fus consolé, car je vis le chemin
Et, sous ta paupière, une larme d’étoile.
Vois-tu, ma douce muse, arrosons le présent !
Demain n’est pas éclos ; hier est dans l’oubli !
Aussi pur que tes yeux dont mon âme s’éprends
L’amour est une fleur que le temps ne flétri.
« Ne redoutes tu pas la fin de nos années ?
Me dis tu, implorante : et la fin du bonheur ? »
Le Temps nous portera, mais l’Ennui, aiguisé
Saura glaner la rose et planter le malheur !
C’est de ce poison là que mon esprit a crainte !
Famélique, perfide, il traque les amants
Et mêle, en les chassant de la céleste enceinte,
Les divines unions aux païens sacrements !

Ô mon ange, Ô mon cœur ! Je convulse d’effroi !
Ton âme purpurine est l’écrin de mes heures.
Je ne saurais poser en un funeste endroit,
Sur un glyphe de marbre, une gerbe de fleur,

Car lorsque, de tes lèvres,
Nait un sourire ! Vois,
De mon corps, une fièvre
S’emparer tout de moi !
Aussitôt je soupire,
Et ce sont mes désirs
Qui, brûlant de plaisirs,
Sont chevillés à toi.

Et lorsque l’odeur
Sucrée de ton corps
Vanillé, se meure,
Eloignée, alors,
Paniqué, je crie
« Quelle ignominie
Que le jour qui fuit
Dans tes courbes d’or ! »

Mais si la Colombe
Usée, chutait
Sur notre tombe
A tout jamais ?
Ô qu’ai-je peur !
Et quel malheur
Que le bonheur
Qui s’éteindrait !

Car je crains
L’éphémère,
Que s’écroulent
D’un revers
Ces doux cieux
-Feu mon vœu,
Maudit Dieu -
Dans la mer.

On vit,
On aime,
On fuit
Et blême
J’ai peur
Mon cœur
Se leurre
Je t’aime.

Je t'aime.

pas mal la reduction de pieds! (je ne m'y connai pas trop en poésie donc je laisse les autre commenter.)

C'est très beau....

Et je voudrais m'arrêter là, pour rester sous le charme...

A un autre moment peut-être...

C'est... tout simplement magnifique...

Mais je laisserais le soin à Cassiopée de commenter... Je ne saurais le faire sans gâcher la magie de tes vers.

Alors juste bravo.

Tu sais déjà ce que j'en dis, en général, tu sauras, normalement, plus précisément ce que j'en pense dans 2 semaines.

Poème magnifique ... un niveau excellent et enviable .
Un message très beau sur des images subtiles .
Chapeau bas

J'adore, j'adhere... Voila un poete de talent !

Je ne m attarde pas sur la metrique, tu t y connais bien mieux que moi, et tout cela me semble tres bon. Je vais toutefois tenter de faire quelques remarques. :face:

1) Utilisation tres frequente du "et". Dans certains passages, celui-ci agit comme un effet de style et n est pas maladroit. Toutefois, il revient trop souvent a mon gout.

2) J avoue ne pas bien cerner la parabole que tu emploies au centre du poeme. Je trouve qu elle brise un peu la melancolie que tu installes si bien. Qui est cette princesse de la Pluie ? Un petit passage qui me semble inutile.

3) Quelques maladresses.

Citation :: Hier est dans l oubli

Moui...

Citation :: Plonge vers l’horizon

Il manque un sujet quelque part.

Citation :: Et lorsque l’odeur
Sucrée de ton corps
Vanillé, se meure,
Eloignée, alors,
Paniqué, je crie

Probleme rythmique. Tu imposes a ton texte une forme qui ne suis plus le fond. Trop de virgules.

4) Tu t egares un peu trop, selon moi. J imagine que ce poeme est ne d un moment de passion (meme s il est evident que tu l as retravaille). Je cite ceci a titre de defaut, mais j avoue que cela rend ton texte plus riche... (oui je sais, je chipote)

Ensuite, je me permets de citer les passages qui m ont vraiment plu.

Citation :: Le Temps nous portera, mais l’Ennui, aiguisé
Saura glaner la rose et planter le malheur !

Citation :: On vie,
On aime,
On fuit
Et blême
J’ai peur
Mon cœur
Se leurre
Je t’aime.

Je t'aime.

Une fin superbe, ou la forme si breve rentre en adequation avec le fond. Une conclusion magnifique. Je ne sais si le "on vie" est volontaire, mais si oui, c'est joliment trouve.

Bref, du beau travail, vraiment !

Un talent pareil c'est assez impressionant.
J'avoue ne pas être fou de poésie, trouvant le message souvent noyé dans des envolées plus ou moins maladroites.
Mais là, la pureté de l'écriture permet d'enrober magnifiquement le plus beau message du monde.
Et quel final.

Bravo Kensei. Quelle classe Heureux

Je suis absolument charmée. Si on m'écrivait quelque chose de semblable...

C'est une histoire de passion, cela commence par des images, cela finit par des verbes d'état.
Je suis absolument charmée encore une fois.

Sincèrement, bravo.

Chacun à son âme, chacun à sa poésie, qu'elle plaise ou non.

Voilà ici et voici là un texte qui pour une fois m'émet de par son âme. Ses petites imperfections font qu'on s'attache à quelque chose : il n'est simplement lisse comme le parfait certaines fois le voudrait.

Un texte comme j'aimerai en écrire : cohérent, inspiré ou encore constant, ponctuel pourquoi pas.

Clown -> s'il-te-plait, fait un effort d'interprétation, il te donne justement l'occasion de faire travailler ton imaginaire, ta logique, ton âme!
Tiens, tu parles de mélancolie, on pourrait penser très simplement que "princesse" renvoie à la fille, la "pluie" aux larmes qui vont avec la mélancolie. Et ne me dis pas "pourquoi des larmes???" sinon je te tue! ^^

Je le dis et le repete, c est un poeme superbe. Très Heureux

Toutefois, je reste sur mes positions.

Meme si cette parabole rajoute une touche d originalite, je trouve qu elle est en trop. Je ne critique pas la forme, cela va de soi, mais bien le contenu. Apres, il s agit d un ressenti tout a fait personnel et je comprend que tu ne saisisse pas le fond de ma pensee.

Je rajouterai que, selon moi, le ressenti et la logique ne sont pas compatibles Très Heureux

. Ma logique peut parfois retenir ce dont mon sentiment ne veut pas (comme c est le cas ici, pour cette parabole), et vive versa.

Enfin, comme je l ai fait remarquer plus haut, les petites imperfections que j ai relevees ne sont que pur chipotage. Je serai bien incapable de produire poesie de cette qualite Choqué

.

(je pars en vacances dans deux heures, et je m excuse d avance de ne pas pouvoir repondre aux prochains messages)

Non mais, j'ai beau le relire 10 fois, je le trouve toujours aussi génial.
C'est dire la qualité vraiment Choqué

Citation :: Ton âme purpurine est l’écrin de mes heures.

Citation :: Il craignait, impuissant, d’enfanter le néant
Et l’échine courbée, ne devenait le père
Que d’un pauvre cadavre aux entrailles gisant.

J'aurais vraiment pu citer tout le poème mais ces vers sont vraiment woaw.

Le fin est comme celle Des Djins d'Hugo, mais j'ai envie de dire que cette fin est mieux que celle d'Hugo.
C'est comme un rêve quand on lit ca...

Je sais, je ressasse mais je m'en fiche.

Vraiment... C'est...

Franchement c'est intemporel, CA. Ce truc qui me tient le coeur.

Si je faisais l'hystérique - j'en suis pas loin - je te crierais que je t'aime et que je veux que tu reviennes ici, pour réecrire, encore, plus, beaucoup plus !

J'm'en remets pas.

Des imperfections, certes, mais on s'en fout parce que c'est magnifique. Ha, c'est magnifique. Je me fais de la peine à m'extasier comme ça devant un poème m'enfin là Peur

A Noél, je veux un poème comme ça sous le sapin. C'est foutu, on obtiendra mon coeur, mon âme, ma vie, mon passé, mes pensées, tout.

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