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 Atlantique Nord - Plumo - Vladimir Haulet

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MessageSujet: Atlantique Nord - Plumo - Vladimir Haulet   Atlantique Nord - Plumo - Vladimir Haulet Icon_minitimeMer 2 Jan - 18:05

Atlantique Nord - Plumo - Vladimir Haulet Atlant10

La première chose que je ressentis en me réveillant, c’était un énorme mal de crâne. J’avais l’impression de m’être endormi complètement saoul sur un vieux canapé aux ressorts rouillés. Je n’ouvris pas les yeux tout de suite et tentait de me remémorer les évènements passés. Le voilier, la tempête, la dérive dans le minuscule rafiot...bah tout ça n’était sans doute qu’un mauvais rêve ! Je réalisai alors que depuis tout à l’heure un petit bruit strident se faisait entendre. Avec la bonne humeur caractéristique d’un homme que l’on réveille trop tôt le matin, je donnai un grand coup de poing dans la poche de mon pantalon d’où semblait provenir le bruit. Ironie du sort ou non, voilà que le réveil se mit à sonner encore plus fort. Je réalisai alors qu’il s’agissait de mon portable. Toujours sans avoir jeté un seul regard autour de moi, je plantai l’écran du gêneur en plein devant mes yeux et daignait enfin ouvrir une paupière alourdie par la fatigue. Je pouvais lire en grosses lettres noires « anniversaire Claire penser à acheter des fleurs ». Ca c’était une bonne idée de le marquer. Trop exténué pour faire quoique ce soit d’autre, je laissai tomber mon précieux bidule par terre.

Je me frottai alors le visage et repoussait une mèche rebelle lorsque je m’aperçus que je n’étais pas dans mon appartement. En fait, je n’étais nulle part. Tout autour de moi s’étendait à perte de vue d’immenses étendues d’eau, sans fin, sans îlot, sans relief, sans vie, sans rien. D’ailleurs même s’il y avait eu le moindre monceau de terre, j’aurais été bien en peine de l’apercevoir : il faisait nuit noire. Ce que j’avais cru être mon lit était en fait le sol d’une sorte de canot pneumatique jauni et usé par les ans, et mon oreiller se trouvait être la tête d’un vieil homme. Alors ça n’était pas un cauchemar, juste la réalité. Pour résumer la situation, moi et les différents rescapés étions perdus quelque part dans l’Atlantique Nord, sans plus aucune vivre et rien à boire depuis deux jours. Et dire que l’espoir fait vivre...Lorsque précédemment j’avais essayé d’appeler des secours, j’avais eu la grande joie de constater qu’il n’y avait bien entendu aucun réseau. Je voulus m’asseoir alors sans réveiller qui que ce soit, mais je compris très vite que c’était peine perdue. Je résolus alors de rester debout, les bras croisés. Etrangement, je n’arrivai pas à m’accabler sur mon sort ou à pleurer. Et pourtant, la situation était des plus dramatiques ! En fait j’en avais tellement ras-le-bol de toutes ces histoires que désormais je laissai le sort faire les choses. Après tout, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, et je m’appelai Richard, pas Rambo.

Sans espoir, je scrutai alors l’horizon, tentant d’y apercevoir un signe de vie, n’aurait-ce été qu’une lumière. Mais rien. Le néant. Et en plus, mes chaussettes étaient mouillées et ma chemise puait l’humidité et la crasse. C’est alors que, en me retournant pour récupérer mon manteau, je vis tout près de nous naviguer un énorme navire. Malgré son aspect fantomatique et inquiétant, je bondis de joie et faillis tomber dans l’eau. On était sur un minuscule rafiot en latex, pas sur le Titanic ! Je réveillais les autres sans ménagement, hurlant à tout va. En quelques minutes ils étaient tous aux aguets, encore plus qu’un jour de paye, et lorgnaient avidement le bateau, criant de plus en plus fort pour se faire remarquer. Au soulagement général, l’immense machine se dirigea bientôt vers nous. Alors que le navire s’approchait, je fus surpris par l’absence de vagues sur son passage, et par le silence qui régnait tout autour. Toute cette mécanique aurait pourtant du faire énormément de bruit. Quand on savait que ma bagnole à moi, Richard premier du nom, faisait plus de boucan que ça, ça donnait matière à réflexion ! Toujours est-il que l’on n’allait pas laisser passer cette aubaine. Alors que notre miracle en fer et en tôle se rapprochait de nous, je pus lire sur son flanc droit le nom du monstre : Le Styx. Si je n’étais pas le premier à me moquer des superstitieux, j’aurais commencé à m’inquiéter...

Une épaisse corde nous fut alors lancée depuis le haut du vaisseau. Toujours sans un bruit, pas même un clapotis, son extrémité heurta violemment la surface de l’eau. Toujours pas une voix, pas une silhouette, et pourtant cette corde qui était là à nous tendre ses deux petits bras, cette corde qui sur le moment représentait tout ce qu’il y avait d’essentiel dans nos vies : la liberté, la civilisation, la culture, les fast-food, le téléphone, et bien entendu la télévision. Après les effusions de joie des rescapés, le silence. Tout le monde avait remarqué qu’il y avait quelque chose d’étrange, quelque chose de louche derrière ce miracle presque stéréotypé du bateau arrivant au dernier moment pour sauver les gentils naufragés. Enfin quoi quand on sauve des gens on y met un peu de soi ! On crie, on hurle, on apostrophe, et même si on ne parle pas la même langue, au moins on gueule ! En voilà du sauvetage, du vrai. Mais non, là on lance un bout de tissu, comme si on avait l’habitude d’en sauver à la pelle des comme nous. En tout cas, personne n’avait fait mine de grimper pendant de longues minutes.

C’est la mémé qui craqua et décida d’agripper solidement la corde et de se hisser lentement. Alors là c’était une première ! Elle y arrivait, et avec l’aisance d’un singe grimpait tout le long. C’était super mamy et wonder woman réunis en une seule et même personne. Suivi bientôt son mari, âgé et pas bien en forme lui non plus, qui y arriva tout aussi facilement, puis l’arrière petit fils d’à peine dix ans. A contrecoeur, je me décidais enfin à attraper cette maudite ficelle et à en voir le bout. Et bien figurez-vous que moi, Richard Michelet, qui avait passé plus de temps dans les pubs que dans les salles de gym, parvenait sans aucune difficulté à grimper.

Cela faisait trop d’éléments qui s’enchaînaient à la suite, quelque chose ne tournait pas rond. On aurait dit un vieux navet où les réalisateurs avaient oubliés d’ajouter les bruitages et les quelques détails qui rendent une scène réaliste. Il manquait à tout ça des tripes, une consistance ! Malgré ma conscience qui me hurlait de repartir en arrière, je continuais à grimper, encore et encore. Mais j’étais pourtant persuadé au fond de moi-même qu’un drame allait se produire, quelque chose d’abominable, d’atroce, dépassant l’entendement humain. Là, tout de suite. Je sentais qu’en quittant ce petit rafiot, je délaissai une partie de moi-même, un bout de mon âme, de mes souvenirs. Je finis tout de même par arriver au bout de cette petite séance d’escalade, et m’écroulait sur le pont, non pas par épuisement mais pour baiser le pont goudronné qui avait tout pour plaire à un citadin comme moi.

Une fois tout le monde embarqué, le navire commença à repartir lentement vers le port le plus proche. Et pourtant, quelque chose me tracassait de plus en plus. Je voyais le drame se rapprocher, lentement, mais toujours plus vite, toujours plus près. Il serait sur nous dans quelques instants, c’était sur. Désespéré, je jetai alors un dernier coup d’œil à notre embarcation de fortune qui dérivait au loin, définitivement perdue. C’est alors que je compris tout. Ca y est, je me sentais mourir. Tout était fini...le vieux capitaine m’interpella en voyant ma face livide. J’étais le seul encore à avoir réalisé l’enjeu du drame qui sous nos yeux venait d’arriver. Tous les regards étaient fixés sur moi, sur le moindre mouvement de mes lèvres. Les larmes me vinrent aux yeux et en pleurnichant je parvins enfin à murmurer « J’ai oublié mon portable dans le canot ! ».
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