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| [Background] Les dents dans la Terre | |
| | Auteur | Message |
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Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: [Background] Les dents dans la Terre Lun 19 Jan - 20:16 | |
| [Pré en bulles]
C'était l'hiver, dans la vallée. Autant dire qu'il faisait aussi chaud que beau.
Partout, la Nature prodiguait pousses, fleuraisons et germes. Partout, la vallée rougissait, de ce beau rouge caractéristique de l'herbe fraîche. Partout, la vie renaissait ...
Près d'un lac, une escouade paramilitaire de lapins palmipèdes s'ébrouait jovialement après une manœuvre. Plus loin, quelques amis limaces tentaient de passer de 0 à 100 Km/h en moins de 6 secondes, départ arrêté. Sous terre, les oiseaux fouisseurs n'en finissaient plus de construire des galeries autoroutières payantes. Bref, tout aillait bien dans ce monde-là.
Au-dessus de ce petit monde grouillant (le terme "petit monde" ne s'appliquant pas aux oies géantes, qui parcourent les vallées d'un pas d'un seul), les arbres veillaient. Les racines figées au plafond, leurs cîmes descendaient vers le sol, jusqu'à pour certains vouloir atteindre les premiers brins d'herbe. Emouvante tentative, lorsque l'on sait que si une cîme touche un jour le sol, les castors débarquent et font un épointage à la tronçonneuse. C'est donc dans les plus massifs de ces arbres que vivaient, sylvestres, une petite communauté de boules de poils bleues. Organisée et hiérarchisée, l'ordre régnait sans partage sur cette famille haut perchée : car les carnicureuils, petits animaux pacifistes, aimaient avant tout le respect et le calme naturel de leur habitat. Il suffisait d'écouter leurs couinements mélodieux ...
T'ARRÊTES TOUT DE SUITE DE MORDRE LA JAMBE À TATA, OU JT'ARRACHE TES ROUPETTES DE BÂTARD DÉGÉNÉRÉ, JULIUS, T'AS COMPRIS ? ... OU J'RÉPÈTE AVEC LES POINGS ??? | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 20 Jan - 13:02 | |
| [Aparté zoo-sociologique, destinée à une meilleure compréhension de ce qui va suivre] La communauté des Carnicureuils (l'on devrait plutôt dire "la famille", tant le taux de cosanguinité était présent depuis des générations, de sorte à ce qu'on se demande si le Carnicureuil n'eut put devenir une espèce autrement plus développée, voire dominante, sans ses croisements et recroisements incestueux), sage et à la limite philosophe, n'avait pas pour habitude de faire des vagues. Leurs penchants carnivores étaient sagement domestiqués : les chasses étant planifiées à l'année, selon les cycles de reproduction des espèces visées ; leur fragile petite taille compensée par la domiciliation en altitude, à l'abri des prédateurs de base (les chats volants ne mangent pas les carnicureuils, cf. les traités de paix inter-espèces du siècle dernier) ; et leurs diplomates avaient depuis longtemps compris l'intérêt de parler poliment avec un arbre : "à terme, on peut l'habiter (moyennant entretien et loyer exorbitant à l'année), et il nous protège en retour".
Il était donc tout à fait inhabituel, pour les petits poilus bleus, d'avoir dans leurs rangs un indiscipliné. C'était même, dans le cas grave où l'un d'eux mord un compatriote, excessivement mal-vu. Qu'il morde, en plus, sa tata ... c'était pire que tout. [Fin de l'aparté, destinée à une meilleure compréhension de ce qui va suivre - avouez, vous comprenez déjà mieux.]
Il fut donc logique de voir le dénommé Julius franchir le seuil de la maison familiale, toutes voiles dehors. En fait, à en juger par la posture et la vitesse, on pouvait même dire qu'il volait involontairement, sous l'impulsion certaine d'un poing, plus qu'il "franchissait". Mais les carnicureuils ne volant pas, l'on fera abstraction de ce détail. ... On notera goulûment, par contre, le vacarme assourdissant qu'il fit, d'une part à cause des insultes qu'il vociférait, d'autre part à cause de l'atterrissage brutal, trois niveaux plus bas, dans la fosse à os rongés.
La tata sus-mordue et le tonton sus-frappant, deux carnicureuils légèrement obèses dans la fleur de l'âge, sortirent de leur maison, la mine renfrognée. L'une boîtait méchamment, l'autre se tenait douloureusement la patte droite.
Tu y es allé fort, mon canard. Oui, ma caille, mais j'ai eu peur que ce tordu dégénéré te casse ta jolie papatte, tu comprends. Malgré tout. Tu ne devrais pas parler de lui en ces termes, c'est le fils de ton frère. Grmf. J'aimerai oublier ce détail. Une voix nasillarde rugit violemment des bas-fonds du village, plus précisèment de la fosse à os en contrebas. JE NIQUERAI VOS CARCASSES RONGÉES APRÈS VOTRE MORT, POURRITURES DE DÉMOCRATES !!!!! Ah. Tu peux parler de lui en ces termes. Merci, ma chatte. Je t'en prie, mon poulet. JE SUCERAI VOTRE MOËLLE EPINIÈRE, ET JE SAUCERAI AVEC VOS POILS !!!!!!!!! J'aimerai lui en coller une, moi aussi. Voyons, ma puce ... Le fils de mon frère !
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mer 21 Jan - 16:49 | |
| [Une vie de Steack]
La fosse à os rongés était en quelque sorte la poubelle du village : la consommation carnassière des petits habitants bleus passant bien souvent par l'engloutissement de milliers de côtes, plat de côtes, palerons, tendrons et autres plaisirs bouchers, tous les habitants jetaient les os restants, proprement rongés et nettoyés, à la fosse.
Julius mit un moment non négligeable à en sortir, ayant aperçu au fond du réceptacle une côte mal grignotée qu'il se devait de terminer. Se pourléchant les babines, il se hissa au-dehors de la gigantesque cuve en bois et atterrit sur la passerelle suspendue qui remontait en pente douce vers le village. Chemin rebroussant, il étudia le meilleur moyen d'enfoncer un pylône dans la gorge de sa tante, prélever la tête de son oncle pour la jouer au bowling, trouver le moyen de s'exiler le plus loin possible après ça, en même temps que de changer d'identité, de visage et de couleur de poil. Mais jugeant qu'il faisait trop beau pour une tuerie salvatrice, il remisa sagement ses plans.
Il arriva, au bout de quelques minutes aux premiers étages du village, qui s'articulaient comme le reste autour du tronc de l'épicéa (Philibert Calisson de son petit nom, P.C. pour les habitués). L'habitat du village était pour ainsi dire troglodyte : P.C. créait, contre rémunération, autant de renfoncements naturels que de familles à loger dans son tronc. Ainsi, les carnicureuils n'avaient pas à abimer le corps de leur hôte. P.C. commençait à ressembler, avec quelques huit mille carnicureuils logeant à plein temps, à un très gros bout d'emmental. La seule contre-partie fâcheuse étant que, parfois, leur hôte ... "s'oubliait" et quelques familles bleues se retrouvaient expulsées par le bois reprenant subitement sa forme plane, quand ce n'était pas un éboulement de sève qui les figeait à jamais dans l'ambre, corps et biens. Cependant, avec leur démographie galopante et leur fécondité légendaire, la communauté considérait que c'était un mal nécessaire.
Julius s'arrêta près des premières habitations, où était aménagé un promontoire panoramique entre deux branches écartées : on avait une belle vision d'en bas, d'ici. Le tapis d'herbe, en dessous, semblait d'un rouge uniforme, et le petit Julius, s'accoudant au rebord boisé, soupira au souvenir de sa dernière randonnée "au sol". ... Trooop bien ... Mais trop court. Ici, c'est la fin de la mort qui tue. Définitif. ... Pire que si j'étais un Yala* ! En plus, l'ôt félé du casque va avertir le Conseil que j'ai goûté la jambe à sa greluche. Ils vont me bannir aussi sec. "Méssant Julius". Non non non. Faut que tu t'tires, gamin., se dit-il en prenant une voix grave et rocailleuse.
Ses yeux carmins perdus dans l'horizon, il fallut qu'au bout de quelques minutes, la providence lui apparut. ... Une escadrille de chats ailés volait gentiment en direction du village. Et s'il y avait ... Le museau du Carnicureuil frissonna d'ingéniosité.
NDA : * Les Yalas, de préférence appelés "les Glorieux Icares" (une fois qu'on s'est pris une praline de Yala dans les dents, on n'ose plus les appeller Yalas et on fait la révérence en serrant les fesses quand on les croise) sont la caste chasseresse des Carnicureuils. Ils se postent à la cime des arbres, attendant qu'un gibier passe, et dès lors qu'il se trouve juste sous eux, ils sautent en chute libre en hurlant "Yalaaaa" (C.Q.F..D.). Après, c'est selon : Ou ils atterrissent en masse sur l'animal et le mordent jusqu'à ce que mort s'ensuive, Ou ils le ratent et forment un amas de chair toute plate au sol. Vu d'en haut, ça peut même former de jolis dessins quelques fois.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mer 21 Jan - 20:26 | |
| Mû par une dynamique digne des meilleures cystites, le petit bleu détalait le long du tronc de l'épicéa, droit vers le bas, direction la cîme. Le village était déjà loin quand il entendit son cœur battre plus fort que ses seize griffes raclant l'écorce. Le tronc s'affinait à grande vitesse, la cîme paraissait toute proche. Et les six chats ailés passaient tranquillement en dessous, les yeux fixés droit devant eux, leurs ailes battant mollement l'air.
A quelques centimètres de la fin, alors que le tronc n'était plus qu'une branche et les dernières branches que brindilles, on entendit un crissement : les griffes du carnicureuil bloquèrent, tout son corps se figea instantanément. Il leva les yeux, hors d'haleine, et inspira un grand coup avant de crier :
HOLECHAAAAAAAAAATS !! HEHOOOOO !!
Pas un ne bougeait. Les chats n'étaient pas malins, c'était connu ... mais sourds ? ...
TEE-NAAAAAAAHH !!! HOOOOOOOOO !! TEEEEEEEE-NAAAAAAAAHH !!! Heu ... SHEBAKITEKAT ????!!!!? Un paquet acheté, un paquet gratuit et la sardine offerte ! J'y crache mêm'pas dedans !
L'escadrille s'éloignait, lui tournant le dos. Il avait dépassé largement la cîme où se trouvait Julius, lorsque l'un deux, d'un battement arythmique, se détacha de la formation et entreprit un ample demi-tour. Le carnicureuil souffla un grand coup, histoire de rattraper son palpitant avant qu'il sorte de sa poitrine. La tête à l'envers, ce n'était pas la meilleure solution d'irrigation sanguine qu'on aie jamais vue.
Le chat ailé s'approcha doucement. Dans un bruit de plumes froissées, il ouvrit grand ses ailes, décéléra brusquement puis se mit à battre très rapidement de ces dernières pour assurer sa portance. Presque dressé devant le bleu carnivore, son regard de jade cynique le transperça.
HéHé, Salut Poupette. Ca mousse, la vie ? Julius ... Quelle surprise. Le félin avait une voix neutre et froide, presque dédaigneuse ... Rhô, je vais bien, merci. On peut causer, toi et moi ? Je t'écoute. ... Aussi mielleuse qu'un tiroir qui coince ... Ouimélààààà ... La tétanie me guette, et je n'aime pas les crêpes au point d'en faire une imitation quarante mètres plus bas, tu vois. Je te suis jusqu'à la première plateforme. Tu seras bref. ... Aimable comme un huissier. Julius avala sa chique sans bruit. Ok, cool. C'est cool. Cool, hein ? C'est cool. Il entreprit un demi-tour précautionneux et une fois re-cramponné, commença de gagner des plans plus stables, le chat à sa suite, voletant paisiblement. Le mutisme n'étant pas inscrit au patrimoine génétique du carnicureuil, il crut bon de chercher la conversation : Eh didonc, Tee-Nah ... Vous alliez où avec tes potes, là ? À la piscine. Aouais .. Vous avez évolués grave, les chats ... | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Lun 26 Jan - 21:00 | |
| Les compères débarquèrent sur la plateforme la plus proche, et bien qu'à l'entrée du village des carnicureuils, on y trouvait une vie bien agitée : allant et venant, plusieurs poilus bleus s'affairaient, passant de pont à branche, discutant et travaillant en même temps, le tout dans un gentil brouhaha de paroles et de pas griffus.
Tee-Nah sembla alors tendue. Très tendue. À peine ses ailes repliées contre ses flancs, ses yeux verts allèrent de droite à gauche, cherchant à englober d'un regard toute la foule qui passait près d'elle. Julius, lui, se contenta de poser son postérieur, croisa les bras et commença d'expliquer sans même remarquer que le chat ailé ne le regardait pas : BON. Ma titine, je t'explique. Il y a du monde ici ... Si je t'ai pêchée à la cime du P.C. tu comprends bien que ... ...Beaucoup d'agitation. .. C'est pas vraiment pour te caresser les poils de la croupe, quoique ... Trop de monde. Vraiment trop de monde. .. Si j'avais eu une soirée à t'accorder, crois-moi, je t'aurai montré pourquoi on m'appelle ... Ils bougent tous. Ils bougent tous trop vite. Tu te tais.... "Bâton agile". Hmmm ? Je te demande pardon ? Julius leva la tête : Tee-Nah était en proie à l'affolement, ses yeux fous parcourant la place en tous sens. Le carnicureuil se dressa et s'approcha, posant une patte apaisante sur l'épaule de l'inquiète. L'effet apaisant étant apparemment sur répondeur, le chat ailé sursauta brusquement, pattes tendues, sur un bon trois centimètres de haut. Dans l'affolement le plus total, une patte griffue jaillit, avec trop de tranchant pour que ce soit autorisé sans permis, et par un vif balayage horizontal, chercha à dévisser la tête de Julius. AAAHH !!! ME TOUCHE PAS, SALE LARVE !!Un courant d'air plus tard, Julius relevait les oreilles et la tête, certain d'avoir perdu sa mèche préférée : celle du devant qui boucle. Biiingo. Maiis ... T'es complètement purgée du ciboulot, toi ..., lui fit-il, les yeux ronds. Tee-Nah dévisageait tour à tour Julius et les badauds arrêtés de stupéfaction. Elle tremblait. "Limit Nervous Breakdown". TU TE TAIS. TU TE TAIS ET TU T'EN VAS. Euh Non. Non, JE m'en vais. C'est ça ... Je m'en vais.Julius, abasourdi, n'eut pas le temps de protester qu'une scène lui apparut à quelques mètres : une scène qu'il ne voulait pas voir. Descendant du tronc, une vingtaine de carnicureuils arrivaient au pas cadencé. La plupart étaient aussi gros que des rats, et arboraient un regard mauvais. C'était la garde. Et au milieu d'eux, les mines renfrognées, deux personnes qu'il connaissait bien : le Premier Ministre, Président du Conseil d'Ordre des Carnicureuils (les majuscules sont importantes pour l'intonation) et ... son oncle (les minuscules sont primordiales pour les minables). La voix du Premier Ministre retentit, impérieuse : JULIUS ! PAR DÉCRET DU CONSEIL, VEUILLEZ VOUS RENDRE À LA GARDE I-MMÉ-DIA-TE-MENT !!Le petit carnicureuil déglutit péniblement, son visage se figea en un masque de peur. YirK. La jambe à Tata a parlée. Ils vont me tuer. Ne pas faire pipi par terre. Surtout pas. | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 27 Jan - 19:23 | |
| Les badauds s'étaient écartés pour laisser passer le convoi officiel, qui approchait de la plateforme à grand pas. Julius paniquait, évaluant dans sa tête les divers châtiments qui aillaient lui tomber sur le museau si les gardes le serraient. Une fois qu'il eut pensé à "Ecartèlement" (bien que cela lui semblait légèrement éxagéré pour une morsure sur congénère, fût-il agaçant au point de légitimer ce geste ...), il lâcha les griffes qu'il était en train de ronger et courut en direction de Tee-Nah, qui s'éloignait déjà, dépliant les ailes pour s'envoler. Tee-Nah ! Ma belle, ma somptueuse, ma si belle amie de vingt ans ... Tee-Nah. Elle le toisa sévèrement, arborant un port princier dont seuls les chats ont le copyright. Tu flattes trop. Tu t'éloignes, je vais partir rejoindre mes amis. JULIUS !! VOTRE ONCLE NOUS A TOUT RACONTÉ, REVENEZ ICI ! Le Premier Ministre, resté en arrière, apostrophait alors que la Garde s'approchait, des crocs patibulaires en avant. MON ONCLE NE SAIT PLUS CE QU'IL DIT : IL EST TOUJOURS AVEC MA TANTE, C'EST VOUS DIRE SA SANTÉ MENTALE !, rétorqua Julius, brandissant le poing. C'est pas complètement faux ... Excusez-moi ?!, s'outragea le dit oncle. Le petit carnicureuil se retourna vers le chat : ailes deployées, elle allait se jeter dans le vide. Tee-Nah !! EMMENE-MOI AVEC TOI ! HM ? Jamais, voyons. Je ne suis pas coursier, je suis ... Que tu sois chat, pet de nonne ou rouleau de tapisserie : tu as des ailes, EMMENE-MOI ! Nullement. Adieu, nabot. Et dans un superbe plongeon aux atours olympiques, elle se jeta par-dessus la plateforme. C'était sans prévoir la ténacité du nabot en question, qui, dans un magnifique jeté de soi aux atours précipitants, se jeta lui aussi par-dessus bord. Par 50 mètres de haut. Et alors que la chatte commencait à battre vigoureusement des ailes, elle reçut un poids à tribord, rivé à elle. Perdant tout équilibre, elle partit en vrille. Une frimousse hilare, harnaché sur une aile, lui lança : Pas tout ça, va falloir redresser, cap'tain ! Sinoon ... ON VA FAIIIRE DES CREEEEEEE-PEUUUUUUUUH !!
Les deux silhouettes tourbillonnèrent un instant près du tronc de l'épicéa, puis s'éloignèrent. Plus bas. De plus en plus vite. Accoudés au bastingage de la plateforme, deux carnicureuils pas tout jeunes observaient la chute : Eh bien. Ca nous évitera les frais d'un bannissement ... Parlez pour vous : il m'a volé mes bons au porteur. Il va falloir envoyer une équipe de nettoyage en bas récupérer mes biens ... Ou ce qu'il en restera. Quel outrage. Oh. Je suis désolé pour vous. En parlant d'outrage, j'aimerais que l'on rediscute des propos que vous avez tenus sur mon épouse. Ah ? Oh, c'était dit sans y penser, voyons. Sans y penser, hm ? Ben voyons. Outrage.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Jeu 29 Jan - 13:26 | |
| La vie est ainsi faite que les rampants rampent, les nageurs nagent, les marcheurs marchent, les volants volent et les voleurs aussi. Généralement, l'on constate aussi que les nageurs, par exemple, se trouvant dans leur élément, nagent particulièrement bien. Bien mieux qu'un rampant qui se mettra, on n'a pas encore compris pourquoi, à se débattre dans l'eau pour finir par couler au fond comme une larve. Il est donc logique d'observer un volant qui vole particulièrement bien, puisque dans son élément. Et bien réunissez ensemble un volant et un marcheur, et immédiatement c'est la bérésina. On n'a pas encore compris pourquoi. C'est précisément ce qui se passe, ici et maintenant, alors qu'un chat ailé (etiqueté, donc - merci de suivre - volant) tombe gauchement vers le sol à grande vitesse puisqu'il se trouve affublé d'un carnicureuil dépressif (etiqueté, donc - c'est moins simple, mais suivez quand même - marcheur), adepte des baptêmes de l'air qui se terminent mal. Comme c'était prévisible, la déduction en est simple : c'est le drame. La panique. Le licenciement sans golden parachute ... Tout cela ponctué de cris d'affolement atroces , de gesticulations désespérées et de prières en solde.
... J'ai un brelan de dames. T'as quoi toi ? UNE FURIEUSE ENVIE DE T'EN METTRE UNE. LÂCHE MON AILE !! Oh noooon. Si je fais ça, je m'écrase et en plus on ne pourra plus jouer. MAIS ON VA S'ÉCRASER !!?? Oui Rhôô, hein, c'est toi qui sait voler. Moi je mords, je griffe et je saute trèèèèès bien. 'Peut pas tout faire, débrouille-toi. JE-PEUX-PAS-VOLER-SI-TU-ME-TIENS ! J'ai-une-quinte-flush-t'es-foutue ... Ecoute, NABOT. Lâche-moi tout de suite, je te jure que je te rattraperai dès que j'aurai rétabli. Je ne m'écraserai pas, et accessoirement, toi non plus. Même pô j'y crois. T'es mauvaise perdante aux cartes. ... Et puis j'aime bien ici, on peut parler là, on est que tous les deux. MAIS ON VA S'ÉCRASER !!!??? Ah, tu l'as déjà dit ça. Un bug de la matrice, sans doute. Hein ?? ... D'ailleurs ... On devrait déjà être morts, et on tombe toujours. Oui non, ça, c'est l'auteur. Rien à voir. Il fait durer pour que le dialogue soit plus ... riche, je crois. Ah bon. Ça me rassure.
Le sol fut soudainement plus proche, on devinait même quelques brins d'herbe qui s'étaient écartés pour que l'impact décrive un rond flasque parfait. L'habitude, sans doute, lorsque l'on vit sous un arbre rempli de carnicureuils.
Bon, faut bosser là, on y va.Dommage, j'avais une bonne main ... Julius, le pelage couché par les vents forts, remonta le long de l'aile, s'aidant de ses griffes malgré les grands cris de douleur de sa monture, pour s'asseoir rapidement sur l'encolure du chat. Moins d'une seconde plus tard, il saisissait chaque oreille de Tee-Nah dans ses mains, puis tira du plus fort qu'il puisse. ÅÅÅÅÅÅÅÅÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏËËËËËËËËËËËËËËËËËËËË !!!!!!!!!!!!!!!! En gros, oui. Sinon, c'est l'imitation du pilote qui veut redresser son avion, tu vois ce que je veux dire ? Sympa, ton danois, cependant.
A quelques petits mètres du plancher des oies, les ailes du félin s'ouvrirent en grand. Dignement. Tee-Nah, dans un remarquable effort doublé de puissance, se mit à les agiter frénétiquement, les quatres pattes en avant, les yeux exorbités. Et alors qu'une décélération se produisait effectivement, qu'un semblant de portance semblait produire un coussin d'air sous les ailes, que l'espoir s'allumait enfin dans deux paires d'yeux, que la plaine alentour et ses habitants retenaient leur souffle et fermaient les yeux de leur progéniture, l'impact arriva. Un bruit sourd, opaque, fit trembler quelques centimètres carré de terre. Puis ... Plus rien.
PAYE TES YEUX, QUOI ! ... TROP-BON !! RHAAAAAAAA .. On la r'fait, dis ?
Une voix terreuse, engourdie par la douleur lui répondit : Dis-moi ... que tu as une ... mutuelle, parce que ... je vais te ... stériliser.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Jeu 29 Jan - 20:57 | |
| Bon, tu te sens comment ? Capable de t'égorger. Prends un ticket, alors ... y'à de l'attente, ma poule. Et là, ça fait mal ? FXHMRTLKJH !!! 86 points au Scrabble ... Ah ouiiii, c'est de la bonne fracture, ça madame. Je te réduirai en miettes ... Les carnicureuils ne sont pas friables, voyez vous .. Marche un peu, pour voir. Juste pour voir. Si j'aligne une patte devant l'autre, je t'écrase ta gueule. Tee-Nah, tremblante malgré l'appui de quatre pattes, esquissa un pas en avant. Puis deux, puis trois. Tous en direction de Julius. Oh, Sainte Molaire. Elle m'en veut ... Euh ... euh ... AAAAAAAAAAH REGARDE LÀ-BAS !!! UNE OIE !!!!! une ... hein ???? Et ............ elle tourna la tête. Moment d'anthologie s'il en fut dans les annales de ce pays, on sût à partir de ce moment précis que l'intelligence des chats devaient finalement bien moins voler qu'eux. En tous cas, bien moins haut : le jour où un Carnicureuil sortit une ruse aussi élaborée qu'un rejeton de deux semaines pour gruger un chat ailé. Amen. Il va sans dire qu'après avoir longuement fouillée le paysage derrière elle, finalement haussé les épaules et retourné la tête à l'endroit, Tee-Nah se retrouva bien seule. La seule preuve de la présence récente de Julius étant ce petit filet de fumée qui s'évaporait déjà dans l'air et ces quelques brins d'herbe qui s'agitaient encore après la dépression cyclonique que sa course avait crée ... Le sale petit ... non ... le gros ... non plus ... le ... le ... RHOOOOH !
Le temps qu'elle choisisse une insulte correctement appropriée, Julius, lui, avait franchi deux clairières à fond de train, un buisson épineux la tête baissée ainsi qu'un lac d'un bond (les rapports officiels tendent à montrer que c'était plus exactement une mare, si l'on considère qu'il l'aie effectivement sautée, et non pas comme les analystes le soulignent dans leur hypothèse, probablement contournée). Ce fut à l'entrée d'un marécage certainement pas indiqué par le guide du petit randonneur, que le petit Carnicureuil s'arrêta brusquement. Non pas qu'il avait considéré avoir abattu suffisamment de kilomètres pour être à l'abri, mais plutôt parce qu'il venait de se rendre compte que depuis quelques minutes, il n'avait rencontré personne aux alentours. Pas un lapin palmé, pas une limace, pas un crapaud frugivore ou un mouton cuirassé. Rien.
Et ce fut ici, dans ce glauque, boueux et vaseux panoramique que les tout premiers vrais ennuis du petit Carnicureuil dénommé Julius commencèrent ...
Dernière édition par Julius le Lun 2 Fév - 17:24, édité 2 fois | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Lun 2 Fév - 15:26 | |
| En somme, c'était un marécage bien typique ... La boue environnante alternait avec des flaques d'eau saumâtres dont l'odeur rappelait une aisselle pas fraîche. La végétation, basse mais dense, présentait tout le panel obligatoire de ce qui pousse ici. Hormis qu'ici les arbres filandreux, descendant jusqu'au sol, gênaient la visibilité, et qu'une brume rougeâtre finissait de la rendre nulle.
Avançant prudemment dans ce cloaque végétal, Julius ne cessait d'indiquer à son palpitant de faire moins de bruit, concentré sur sa progression à l'aveugle.
Y' nous apprennent rien à l'école ... En géo, ils ont jamais dit : "sur la carte, voyez où se trouve le plus graaaaand et pourri marais de notre beau pays". Jamais. Et moi je fais une petite échappée, pif, j'en trouve un. En plus, j'ai faim. Grave. Effectivement, les intestins du Carnicureuil manifestèrent bruyamment leur droit à la grève, ce qui produisit un très joli écho de GRLBGRBLGRBLGRBLGRBL - GRBLGRBLGRBL - GRBL - GBL ... (en carnicureuil dans le texte). Le sourire effilé de Julius s'agrandit : Cool, y'à de l'écho, let's get rock. QUAAAND TE REVEERAAIII-JEEE MON PTIIT RÉSINEUUUUUUUUUX ... RÉSINEUUUX ...SINEUXX ... MA FOURRURE BLEEUUUUUEEEEE ... RURE BLEUUEE ...BLEUEEE ... EST BIEN EN BERNEE-EUH ... EN BERNE-EUH ...NEUH ... SANS TAA GROOOOSSSE ... BON. ON COMMENCE. Une voix sinistre et profonde avait résonnée dans tout le marais, comme un coup de tonnerre, provenant de partout et nulle part à la fois. Julius se figea instantanément, les oreilles dressées. Késsé ce bazar ... MAINTENANT, AVANCE. La voix était impérieuse : elle lui donnait clairement un ordre, comme portée par les airs. Le carnicureuil se mit à trembler, légèrement inquiet : On reste cool, bien cool, c'est sûrement une caméra cachée ... MAIS AVANCE, HOO !! OULA ! Ouiouioui, j'avance !! Après avoir bondi de frayeur, Julius se mit à avancer rapidement, regardant tout autour de lui avec des yeux apeurés. Il fit quelques petits mètres dans les herbes, lorsque la voix gronda à nouveau : LÀ ... SAUTE !! Hein ? Mais y'à rien à ... MAIS SAUTE-EUH !! Instantanément il fit un petit saut de puce sur place, comme mû sur ressort, puis retomba dans la boue en s'éclaboussant. Rhâaa, sa mère en ... MAINTENANT, ATTRAPE LE CHAMPIGNON. Je ... pardon ? ATTRAPE-LE-CHAMPIGNON. En un éclair, la petite boule de poils bleus se mit à fureter frénétiquement autour, à la recherche d'un éventuel champignon. Ecartant les roseaux, soulevant la mousse, fouillant la boue. Il releva le museau au bout de quelques secondes, la mine déconfite. Alors là, je suis désolé, on peut faire ça dans un bois, plutôt ? ... Passque lààààà ... MAINTENANT QUE TU L'AS, TU PEUX COURIR DROIT DEVANT. Je ... pardon ? Non, pas pardon. OK, OK Je cours, je cours, hein ?!, fit-il en agitant une main au-dessus de sa tête. Prenant ses pattes à son cou, Julius détala droit devant lui, fendant la végétation : sans rien y voir, cependant, il se mit à prier ses dieux de ne pas rencontrer un ... Un bruit sourd résonna lorsque le crâne du carnicureuil rencontra sèchement une paroi verticale. Son corps, tout d'abord aplati horizontalement par l'impact, retomba au sol et s'éclaboussa une seconde fois. aaaah ... j'ai maaaal ... j'ai faiim .. je suis trempé ... et je veux faire pipi ... C'est quand qu'on arriiiiiveuuh ..
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Lun 2 Fév - 17:22 | |
| Julius se redressa, certain d'avoir gagné un crâne fendu en bonne et dûe forme. Maugréant et se massant la tête d'un patte, il tâta de l'autre la paroi face à lui : cela semblait être de la terre séchée. Lorsqu'il vit que ce qui s'avérait être un mur était arrondi, il entreprit de le suivre. La voix revint à l'assaut : SAUTE ENCORE. C'est ça, ouais. Deux secondes ... J'explore. ATTENTION, EVITE LA TORTUE. Dès qu'en j'en croise une, promis, j'la bouffe. SAUTE-LUI DESSUS ! Coquin, va ! Ca va être dur de faire ça à travers la carapace, par contre ... CONTINUE TOUT DROIT ENCORE. .. Tu vas la fermer, oui ? Ca marche plus "Jacques a dit", il s'est fait défoncer la ganache tout à l'heure. PRENDS LE CHAMPIGNON, MAINTENANT. T'es bouché : Y'À-PAS-DE-CHAMPIGNON-DANS-LES-MARAIS !
Continuant de s'adresser à la voix impersonnelle sur un ton à peine belliqueux, Julius longeait gentiment le mur en terre : il semblait décrire un arrondi. Au bout de quelques pas, l'encadrement d'une porte rudimentaire apparut, ainsi qu'un petit chemin fait de pavés qui en partait pour se perdre dans la brume. Deux pots de fleurs encadraient l'ouverture, et un paillasson en brosse dure marquait l'entrée d'un "Bienvenue". Le carnicureuil, ses petites mains posées sur ses hanches, se demanda ce qu'une maison pouvait bien faire ici, et surtout qui l'habitait. Alors que la voix continuait d'indiquer des actions farfelues, il en fit une qui n'était pas prévue : il toqua. ... QUAND TU AS L'ÉTOILE, TU DOIS ... TOC TOC TOC ... METS EN PAUSE, JE REVIENS, CA FRAPPE.
Quelques cliquetis indiquèrent que l'on poussait des verrous, et la porte bascula lentement sur ses gonds. Une lueur jaune s'échappa de l'ouverture, illuminant le marais et la face ahurie du carnicureuil. Bonjour, c'est pour quoi ? Si c'est les calendriers, j'ai déjà donné. Julius sentit clairement sa mâchoire tomber jusqu'à ses genoux : se dressait devant lui un crapaud bipède d'environ 1 mètre 30 de haut, prenant à lui seul presque tout l'encadrement de la porte. Rouge criard avec des tâches marrons, ce qui ne gâchait en rien l'horrible tableau. L'amphibien le fixait de deux énormes globes oculaires dorés, une expression vaguement triste sur son faciès rugueux. Hmmm ... Tu es qui, toi ? Je ... C'est TOI qui braille depuis tout à l'heure ? Moi ? Oh, ça s'entend autant que ça ... Autant ? J'ai cru que c'était Sainte Molaire qui m'adressait la parole en direct live ... Le crapaud agrandit encore un de ses yeux, qui devait presque faire la hauteur du petit bleu, désormais. Julius hasarda intérieurement que c'était de l'étonnement. Alors qu'il allait répondre, une seconde voix venant de l'intérieur, bien plus âgée, le fit à sa place : Biquet, fais donc entrer ce voisin, je te prie. Le crapaud tourna lentement la tête, il s'adressait visiblement à quel'qu'un. C'est à dire qu'on ne le connait pas, et ... FAIS ENTRER CE VOISIN, FOUTRECUL DE FIENTE À CRACHOIR !! Ouiiiiii, m'man ... Le crapaud refixa lentement son attention sur Julius. Et alors que ce dernier, comprenant la suite éventuelle des évènements amorçait déjà un demi-tour façon "je dérange, je m'en vais, vous ne m'avez pas vu", une immense langue se déroula de la bouche entrouverte de l'amphibien et s'enroula autour du carnicureuil qui pédalait tout ce qu'il pouvait. Une seconde plus tard, il n'y avait ni Julius, ni crapaud au dehors. Juste une porte qui claqua violemment. Et le silence, ensuite.
Même pas un rire satanique, et pourtant, ça aurait pu.
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| | | Julius
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| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 3 Fév - 16:59 | |
| Laffe moa, g'os tas. Pas encore.
Complètement enrubanné par une langue poisseuse qui dépassait au bout d'une gueule béante, Julius ne voyait plus rien. Le crapaud avait pris la précaution de complètement l'englober, mâchoires & dents comprises, afin d'éviter une morsure désagréable. Le carnicureuil avait tout d'abord cru qu'il allait servir de fast-food au géant, mais ce dernier semblait attendre quelque chose.
J'en fais quoi, m'man ? Pose-le là, Biquet, je te prie.
L'étreinte se déserra subitement : Julius sentit son corps glisser lentement vers le bas, jusqu'à ce qu'il touche une surface dure, qui le fit s'asseoir. Le crapaud ravala lentement sa langue, laissant son hôte voir où il se trouvait : une habitation circulaire en terre séchée, dont le toit formait un dôme évidé en son centre. Il se trouvait apparemment dans la pièce principale, assis à une table en terre, sur un banc moulé directement dans la paroi de la maison. Attablé face à lui se trouvait un autre crapaud, plus petit mais apparemment bien plus vieux, à voir le nombre de tâches et rides qui le maculaient. Ce devait être "M'man". Elle dévisageait Julius avec un regard glauque, si tenté qu'on puisse avoir autre chose que du glauque avec deux orbites "jaune moche" molles, et disproportionnées. "Biquet", lui, s'était désintéressé de son invité, et s'asseyait tranquillement à ses côtés, sur le même banc. Le carnicureuil vérifia tout d'abord qu'il avait tous ses membres, puis l'état déplorable de son pelage visqueux, avant d'esquisser, par l'apparition subite de ses dents effilées, un geste belliqueux. Un doigt avertisseur se dressa : Sachez, petit carnicureuil, que notre peau secrète un venin. A votre place, j'éviterais de nous mordre ou de nous griffer. Julius rangea prestement sa dentition, ses yeux s'arrondirent de stupeur. Venin ? Mortel ? Oh, on en guérit vite. Mais une fois mort. La vieille avait prononcé ces mots avec un sourire entendu. Beaucoup trop entendu : il y eut un bruit net de déglutition chez le petit bleu. Ok ok. Bon, laissez-moi partir ou ... Ouuu ? ..., sussura la vieille en plissant les yeux. ... Ou tout mon village va vous tomber sur le colon. La vieille eut un petit rire nerveux. Voyoooons. Vous êtes certainement banni, Julius. Si cela n'est pas, le Conseil n'enverra ja-mais quoi que ce soit vous secourir. Hihi ! "Biquet" eut un rire nerveux lui aussi, plus long. Le carnicureuil sentit son palpitant jouer un morceau de salsa dans sa poitrine. Comment ... Vous ... Je .... mayday- mayday - check ... Mais heuu ... M'man capte très bien toutes sortes de choses. Toutes sortes. Capte ?, Julius n'arrivait visiblement pas à aligner plus d'un mot à la fois. La vieille se pencha en avant, comme pour mieux être entendue. Etes-vous disposé à m'écouter, carnicureuil apatride ? Je .. S'pèce de sale tanche boursouflée, je vais vous dire à quoi je suis disposé ..., cracha-t-il. Biquet ? Récompense, je te prie. Oui, m'man. La vieille avait parlée sur un ton désinvolte : le membre antérieur de Biquet, large comme un tronc, s'abattit soudain en pleine face du petit poilu qui, par un effet de cinétique bête comme ses pieds mais implacable, alla s'incruster dans la paroi derrière lui pour revenir ensuite, par rebond, à sa position verticale initiale. Julius sembla alors nettement moins alerte. Et maintenant, cela irait-il mieux ?, répéta la vieille. Gnmf ... Et ma pa-aa-atte dans ta gueule, sale ... Biquet ? Récompense. Oui, m'man. Le battoir revint aussi vite : le faciès du carnicureuil s'aplatit, rebondit contre la paroi, revint à sa position. Ses yeux commencèrent à loucher, sa mâchoire tremblait toute seule. Une main, tremblante elle aussi, tenta de la maintenir. GrroOoss ...F ... F ... Fais Fo .. uTRee .. e ..e Biquet ? Oui, m'man. Battoir - Aplatit - Paroi - Rebond - Position verticale. Julius ressemblait à une peinture cubiste, mais en volume. Ses bras tentèrent apparemment une figure non-repertoriée de tectonik, la gueule grande ouverte, yeux pochés au plafond. Il dodelina gaiement une seconde avant de s'écrouler sur la table, agité par quelques petits spasmes.
La vieille amphibie rendit un clin d'œil de satisfaction à son fils et se frotta les pattes. Paaaaaaaaaarfait. Nous allons bien discuter, vous et moi, maintenant.
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| | | Julius
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| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Jeu 5 Fév - 18:00 | |
| Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, Julius se demanda depuis combien de temps il était inconscient : lorsqu'il entendit son ventre se plaindre, il se dit que c'était bien trop long ; lorsqu'il sentit les écchymoses sur son visage, il se dit que c'était bien trop court ... Êtes-vous maintenant calmé, carnicureuil ? Je suis anesthésié ... C'est pas pareil.
La vieille amphibie se tenait toujours devant lui, semblant ne pas avoir bougée. Biquet, lui, était allé s'asseoir lourdement un peu plus loin, tournant le dos, et la distance mise entre ses bras-troncs et la tête de Julius avait quelque chose de festif.
AVANCE ENCORE, ET SAUTE. Le carnicureuil dressa les oreilles (en grimaçant) : le crapaud semblait reparti dans ses directives, mais il ne s'adressait ni à Julius, ni à personne d'autre d'ailleurs. Il parlait visiblement à un fantôme. DESCENDS DANS LE TUNNEL. La curiosité n'étant pas le plus faible de ses défauts, Julius interrogea discrètement la vieille : ... Dites. Il se shoote aux champis, le fiston ? SAUTE SUR LA TORTUE, LÀ, ATTENTION. ... Suis pas sûr qu'elle apprécie, la tortue, tout de même ... ... ET LÀ TU LUI BALANCES SA CARAPACE. Shooté ? Noon. Il joue à Mario. Ou plutôt .. Il explique à son frère comment on joue à Mario. La télépathie, c'est très utile quand on est loins. Mario ? Son frère ? La ... Quoi ? Didiou, ça cause pas clair chez vous !
La vieille leva les yeux au ciel, gagnée par la lassitude. Elle inspira longuement comme s'il lui fallait un courage incommensurable pour parler : Carnicureuil Julius, je doute que vous compreniez la moitié des paroles que je pourrai dire. Cependant, mon fils et moi avons certaines capacités surprenantes ... Ouais, lui, nique les tortues à distance, et vous, vous faites un élevage de furoncles. Je vois bien. INSOLENT. Nous utilisons juste notre esprit mieux que vous. Mais c'est bien ce que j'dis ... Vous avez des idées qu'on-a-pas. ... Si je vous disais que je peux voir le passé, l'avenir, que je peux voir les réalités parallèles ? 'vous répondrai que les psychiatres coûtent moins cher qu'on ne croit ... Et que dans l'avenir qui est mien, je vous ai vu, petit carnicureuil ? Jouer un rôle ? Oui Oh les voyantes, c'est plus vraiment original, 'savez. Cherchez encore. JE NE SUIS PAS UNE VOYANTE, RACLURE DE BIDET PARALYTIQUE. Les suicides, c'est l'avenir. 'Devriez tenter. Juste une fois. Bien que "m'man" montât en pression (et donc gonflait physiquement), Julius ne semblait pas intéressé par la discussion : il rêvait à une entrecôte. Bien juteuse. Premier choix. CETTE COULURE DE POIL RASÉ ME SORT PAR LES DOIGTS ! BIQUET !! APPORTE LES ÉLECTRODES !!!! Ouiiiii, m'man. Feignant la surprise, Julius lui sortit son plus beau sourire carnassier : Vous aurais-je froissée, chère médèèème ? SI FAIT. Nous verrons si vous serez aussi insolent une fois que ...
Et là, cette fois-ci : il y eut un rire démoniaque. Un bien gras ...
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| | | Julius
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| | | | Julius
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| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Ven 27 Fév - 16:06 | |
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RAPPEL DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS : Le personnage principal s'est enfui de chez lui sur le dos d'une vieille copine qui avait un moyen de locomotion cool, lui a bien pourri la gueule à l'arrivée, puis s'est retrouvé en pleine banlieue tout seul. La zone. Il s'est fait choper par une famille de détraqués six fois plus gros que lui, dont la maternelle semble jouer à Madame Soleil version Cruella. Le personnage principal, donc, a grave merdé.
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Écartelé par des filins à ses quatre pattes et suspendu à la verticale du sol, Julius se trouvait au centre de la pièce. Par mesure de sûreté et de prévention auditive, on lui avait gentiment appliqué un bâillon - qui ne l'empêchait nullement de mugir horriblement. Par on-ne-sait-quelle autre mesure (d'ailleurs), on l'avait affublé d'une dizaine d'électrodes sur le corps, reliés à une grosse machine cubique derrière laquelle était assis lascivement "Biquet". Sa "m'man", quant à elle, faisait les cent pas autour du carnicureuil, lui jetant régulièrement des regards mauvais.
Biquet ? Est-ce que c'est prêt ? Une seconde, m'maaaaan. Une seconde ? Tu veux une récompense ? Des pattes massives trifouillèrent violemment des molettes. ... C'est ... C'est prêt, m'man. J'aime ta ponctualité, quand elle est mue par la terreur indicible que je t'inspire.
La pustuleuse batracienne s'approcha du carnicureuil et lui arracha d'un geste mesuré, le bâillon qui lui enserrait la mâchoire : la conséquence de cela fut d'une logique imparable. Sales Pourritures Anarchistes de Fin de Paquets !! Toi, la grosse, T'auras droit à une Ablation de la Tête dédicacée !! Je boufferai tes tripes au soleil, en mettant les doigts dans ... La vieille écarquilla ses grands yeux : l'envie d'enfoncer la paroi nasale du carnicureuil derrière ses oreilles se faisait tellement forte ... ... servirai d'un tibia pour l'enfoncer dans le Fondement de ton ... Maintenant, Biquet. ...BBEEEEEEEEEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUUUUUUUUUUUAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHGGGGGGGGGGGGGGGG ... L'appareil cubique avait émis une vibration basse, Julius était tétanisé, les yeux fixes, la bouche grande ouverte. En transe. Parfait. Maintenant, abaisse le levier de droite. Doucement. ...GGGGG/ IRK /BELTHILATALANTECHORIATHGALVORNALKHAZAAARWILWARINSULNARPOUVOIRMONARCHIEACCESSIONÂMEDAMNÉEÂMEDAMNÉE / IRK /JULIUSÂMEDAMNÉEJULIUSÂMEDAMNÉEJULIUSÂMEDAMNÉEJULIUSÂMEDAMNÉEHIPIPIPHOURAAAAAAJULIUSÂMEDAMNÉE Le petit bleu convulsait frénétiquement, les yeux roulants.
Ah oui, non, on est trop loin dans son futur, là. Reviens à gauche. Oui, m'man. ...DAMNÉE/ IRK /ET SANS PLUS ATTENDRE, LES RÉSULTATS DU TIRAGE DE CE SOIR: DANS L'ORDRE LE 37, LE 26, LE 14, LE 6, LE 43 ET LE NUMÉRO "CHANCE" LE 3 !!!! ... Note-le, ça peut servir, ça. Ah ?
Et alors que la machine cubique crépitait, que le carnicureuil vibrait dans la maisonnée ... Au-dehors, les marécages semblaient résonner d'un lointain fracas, sourd et régulier. Qui approchait.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Ven 24 Avr - 13:01 | |
| De longues minutes étaient passées. Les voix s'étaient mues en chuchotements, et un curieux dialogue s'instaura entre la vieille batracienne et le carnicureuil. Un échange implicite et forcé : Julius louchait, la langue pendante, complètement hagard. La machine cubique exerçait sur lui une emprise totale, qui ressemblait fort à une hypnose.
... Tu feras ce que je t'ai demandé, Carnicureuil ? Oui. Sans discuter ? Oui. Et que se passera-til une fois que tu l'auras fait ? Je-deviendrai-maître-incontesté-de-toute-chose-je-régnerai-sur-un-pays-entier-tout-le-monde-me-vénerera-et-j'aurai-plus-de-poils-pour-plaire-aux-filles. Exactement. Elle plissa ses globuleuses paupières de satisfaction, et s'écarta pour rejoindre son fils, qui commençait à s'assoupir derrière sa machine, lorsqu'une nouvelle secousse ébranla la maison. Une plus forte que la précédente, qui était déjà plus forte que celle d'avant. Biquet ... On va pouvoir terminer l'instruction du poilu, j'aimerai ... ZZZzzzzZZzzzzZZZZZZ ... Biquet ? ...Attends, tu vas voir. Alors que la mère levait une imposante main palmée au-dessus de l'endormi, affichant un sourire sadique, un enième tremblement, assourdissant, agita les murs de la maison. Et là, les murs se fendillèrent un peu. Interrompant son geste, la batracienne eut un moment de doute : ce qui se passait n'était pas normal. La réflexion, puis la peur s'inscrivirent tour à tour sur son visage boursouflé. Elle avait compris.
BIQUET !!!! FLAQUE DE MUCUS, BOUGE-TOI !! Le fiston écarquilla soudainement les yeux, et se redressa d'un bond sur ses pattes arrières. Est-ce ... Qui .. Pourquoi je ... IL FAUT PARTIR !! TOUT DE SUITE !! Ah ? MAIS SORS, CRÉTIN, SOOOOOOOOOORS !! Alors que la vieille s'agitait beaucoup trop vite pour son âge, un autre tremblement résonna. Comme si la terre s'éventrait autour d'eux. La maison craquela très fort, le dôme du toit s'effondra en quelques secondes, tout comme les murs juste après. Tout l'habitat des deux crapauds se trouva aplati subitement, deux mètres sous le niveau du sol, comme tout le marécage qui l'entourait alentour. Piétiné par la patte triangulaire d'une oie. | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Lun 27 Avr - 19:25 | |
| Dans un silence incrédule, deux paires de yeux ronds observaient le marais alentour. Tout était uniformément plat : les buissons, la mangrove, la boue, les roseaux, les oiseaux .. Tout. Et si l'on levait la tête bien haut, on pouvait même voir la cîme des arbres les plus longs largement égratignée* par un bec hautain.
On est sortis à temps, M'man. Mmm. Encore un peu, et on aurait été plats - tout pareil. Mmm. ... C'est méchant, une oie. Biquet regarda nonchalamment vers l'ouest : l'arrière-train colossal et flou de l'oie découpait encore l'air, à l'horizon. Les tremblements de sa marche lente étaient à peine audibles, étouffés par le marécage. Mmm. La matriarche fixait, contrariée, les restes de la maison familiale : une galette de terre craquelée au fond d'un cratère triangulaire. C'est triste, oui. Notre maison ... J'ai perdu mon déo senteur "Cuisse Persillée", dans l'histoire. La maison, je m'en cogne la rondelle. C'est le poilu que je regrette. Ah booooon ? Le visage du crapaud s'était arrondi de stupeur, puis de grosses larmes huileuses perlèrent sur ses joues bossellées. M'man ... Je suis si content ... Tu pensais en-fin à remplacer P'pa. C'est bien. La vieille ne prit même pas la peine de montrer son indignation à sa progéniture, elle manifesta sa lassitude par un long soupir accompagné d'un haussement d'épaules asymétrique.
RAS-LE-BÉRET. MARRE, MARRE, MARRE. Une petite plaque de terre se souleva, à l'endroit où fut le dôme de la maisonnée, tenue par deux papattes griffues. S'extirpant prestement, couvert de boue séchée, les yeux furibards et les oreilles couchées, Julius remontait la pente du cratère à toute allure, tournant le dos aux batraciens. La vieille amphibie, à l'autre bout de l'empreinte, bondit de surprise. Il est vivant ! Mais se souvient-t-il toujours ...? JULIUS !! WAOUH !! RAPPLIQUE ICI, M'MAN A UN TRUC À TE DIRE ! La ferme, barrique à crachats ! Mais tais-toi donc, tu vas nous faire repérer ! Mais fais pas ta timideeuu, M'man .. Dis-lui que tu l'ai ... Une gifle plus tard, le jeune crapaud reconsidéra avec amertume sa phrase : ... J''me disais aussi que t'étais un peu vieille ... Seconde gifle. En aller-retour, celle-ci.
Bien trop éloigné pour les entendre, Julius avait déjà quitté la zone du sinistre et accélérait l'allure, suivant le sillage cyclopéen de l'oie. La mine déterminée par des yeux colériques et un front barré, il se répétait une litanie. Je-deviendrai-maître-incontesté-de-toute-chose-je-régnerai-sur-un-pays-entier-tout-le-monde-me-vénérera. Et cette grande pétasse d'Oie va m'y aider. Sinon j'la bouffe. Nan, j'la gobe. ... Nan, j'la mords, je la découpe en paquets de 3Kg et je la mets dans des petits sachets de congélation étanches. Le tout au freezer, et j'ai à bouffer pour 3 générations de petits Julius. Quand j'serai maître du monde. Avec plein d'poils, aussi.
*Bien entendu, nul besoin de répéter que l'histoire se situe dans un monde inversé, hein. Bien entendu. ... Bien sûr.
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| | | Julius
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| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Lun 25 Mai - 19:21 | |
| [Ne tirez pas à la chasse]
Ma queue m'en est témoin, si d'ici j'arrive encore à rien voir ... Julius, juché sur le bout des griffes de ses pattes arrières, fouillait l'horizon. Les mains jointes au-dessus de ses yeux, il se protégeait du soleil de midi. N'importe quel mou du cervelet aurait pu y voir un fier explorateur, alors qu'il fallait y voir un fier chasseur d'Oie. parmi les pires, même, puisqu'il faisait partie des chasseurs d'Oie inconscients. Autant dire que la durée de vie du carnicureuil était maintenant aussi longue que le petit doigt d'un nourrisson enfoncé dans l'oreille de son papa.
Inconscient mais pas idiot, Julius avait vite compris que pour suivre les traces d'un animal qui fait des enjambées de 900 mètres, il fallait prendre de l'altitude et voir loin. C'est ainsi, qu'après avoir grimpé sur des talus épineux, des collines molles et des buissons urticants, il avait choisi des moyens plus ambitieux.
mmm ? mais ... 'Presque fini. Attendez, attendez. Je vous demande pardon ??
Loin devant lui s'étendait la plaine de l'Ouest, vaste terrain mi-herbeux, mi-sableux et plat comme les fesses de sa sœur. Il y avait peu d'animaux "sympas" par là-bas. Il allait falloir la jouer finaude. La plaine était vierge, comme reflétant sans aspérités la lumière zénithale. Vierge ? Non, car au loin, alors que l'horizon devenait flou, on devinait un renfoncement dans le sol. Une délimitation triangulaire qui creusait la plaine, grande comme une zone commerciale de banlieue friquée : l'empreinte de l'Oie. SON oie.
OOOOOOOOH ! Je vais appeller les poulets ! Voilà-ok-c'est-bon-je descends.
Avec prudence et néanmoins célérité, Julius descendait de son précieux piédestal. Jusqu'en bas, ce qui fut long. Non-mais-ça-va-bien ? Ro-yal. J'ai aperçu ma proie, je sais où ... JE NE PARLE PAS DE ÇA ! Oui, je sais. Quel dommage, d'ailleurs. Mais vous m'êtes monté dessus ! Je l'ai compris à l'odeur, oui. Mais ça ne se fait pas ! Je ne le dirai à personne, promis. Le piédestal du carnicureuil, une girafe à bouclettes laineuses qui dormait précédemment, se releva maladroitement et lui adressa une moue furibarde. Autant de chair déployée rappela au petit bleu depuis quel jour il n'avait pas mangé. Diantre. Alors vous ... Vous ne bougez pas, j'appelle les poulets. Non mais. La girafe prit une inspiration profonde pour mugir bien fort. Julius l'interrompit : Laissez, laissez ... Au lieu de passer aux faits divers, ce qui est déjà bien, je vous offre la rubrique nécrologique. Ce qui est mieux. Pour moi.
Les yeux du carnicureuil s'affinèrent, virant au rouge profond, en même temps que ses crocs blancs se dévoilèrent. La girafe tenta de mugir. Tenta seulement.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Sam 30 Mai - 23:15 | |
| Check .. Rapport du Sergent Julius Hunter-Zork, bataillon Oméga. Jour 5 :
Contrôle ? Nuit noire, ll fait nuit noire. Saleté de chiure de guerre. Il est 2 heures zéro/zéro à la montre que je n'ai pas. Stop. Je me trouve à l'aplomb des Gorges Moches, reliant la plaine de l'Ouest aux prairies couvertes du Sud. Stop. Au sommet d'un piton rocheux estimé à 600 mètres de haut par les experts que j'ai inventés. Stop. Juste en-dessous de moi, ma cible s'est endormie. C'est le moment idéal pour attaquer. euh ... ah oui. Stop. J'en ai un retard ...
La chasse à l'oie avait repris de plus belle, ces deux derniers jours. Une fois que Julius eut enfin digéré le repas qu'il fit grâce à la girafe râleuse, sa progression n'en fut que plus rapide. Et hier, alors qu'il gagnait lentement du terrain sur sa proie, l'Oie s'était arrêtée pour dévaster un champ, agriculteurs, bétail et moissonneuse compris. Le Carnicureuil avait alors pris une avance précieuse qui lui permit, la nuit venue, de s'approcher tout près de sa cible. L'Oie ayant jugée stratégique de se cacher dans une vallée encaissée de hautes parois rocheuses, Julius avait gravi la paroi la plus à l'est pour se trouver en hauteur. Juste au-dessus de sa cible.
Je surplombe très exactement la cible, Contrôle. Stop. Si les calculs que je n'ai pas faits sont exacts, il y a un dénivelé de 80 mètres quinze jusqu'à la base du cou du mastodonte. Je peux sauter. La couche épaisse de plumes amortirait ma chute, ma cible ne se rendra pas compte qu'elle est attaquée.Stop. Mais le plus dur sera à faire, une fois sur place.Stop. Je devrai ramper sans me faire repérer jusqu'à la jugulaire la plus proche. Stop. Ensuite, une morsure large et profonde provoquera une hémorragie. Stop. Je n'aurai plus qu'à m'agripper fermement au cou, jusqu'à ce que ma proie cesse de s'agiter, de hurler et de se débattre vainement. Quelle merde.Stop. Là, elle perdra connaissance et s'effondrera. Elle sera à moi. Stop.
Souhaitez-moi bonne chance, Contrôle. Et dites à la femme que je n'ai pas, ... que je l'ai toujours aimée. Stop.
Julius finit son cigare imaginaire, rabaissa la visière de son casque imaginaire et s'approcha du bord rocheux. En contrebas, le dessus du crâne chauve de l'oie, avec un corps gigantesque emplissant le canyon en dessous. Immobile. On l'entendait presque ronfler, la coquine. La nuit était tiède, le vent inexistant : des conditions idéales pour une chute libre sur un matelas de plumes 80 mètres plus bas. Le carnicureuil souffla lentement pour évacuer le stress, huma une dernière fois les senteurs nocturnes de ... de ... Sniiiif ... Ca cocotte, tout d'un coup ?
Bonsoiiiir ! Je vous dérange ?
Exécutant une volte-face façon ninja par un demi-retour mal voltigé qui manqua de lui faire manquer le rebord de la falaise et descendre les fameux 80 mètres cul par dessus tête, Julius fit face à l'inconnu surgi derrière lui. Tous ses sens aiguisés, griffes sorties.
Un être se tenant sur ses deux pattes arrière. Pas plus haut que lui. Une queue touffue et brossée de frais. Un regard de braises rouges orné de cils courbés. Un pelage bleu "lila", des griffes manucurées et un sourire ourlé.
... Une carnicureuil. Une bombe, en plus.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Ven 4 Sep - 18:24 | |
| PAYE TES YEUX, T'ES TROP D'LA BONNASSE DE COMPÉT' !!, fut la première pensée qui vient à l'esprit de Julius, lorsqu'il détailla la carnicureuil face à lui.
Boooon .. soiiir. Euh. Voilà, oui, c'est le soir. AHEM. furent les paroles qui arrivèrent bizarrement dans sa bouche, certainement sans être passées par le cerveau juste avant.
Elle sourit poliment, dans un haussement d'épaules empli d'une grâce indescript ..., puis plissa son magnifique petit museau à peine humide mais qui s'assortissait tellement bien avec ..., faisant mine de ne pas avoir sentie la gêne qui provenait de Julius, ni entendue le fracas assourdissant de son cœur qui tentait désespérément de sortir de son thorax en lui pétant deux ou trois côtes.
Dans un silence nocturne que seul un petit grincement - provenant d'une certaine mâchoire où les dents jouaient au bras-de-fer - venait troubler, la carnicureuil s'avança gentiment près du rebord de la falaise, près de Julius, et regarda nonchalamment en bas.
Ohlala, c'est haut, dites. GMFZCHRPFT-GZT. ... Je vous demande pardon ? Pas ... Pas si haut. Rhôf. Et puis l'atterrissage est sponsorisé, alors heuuuu ... Je vois. C'est une oie en-dessous ? Baa ... Oho. Et vous alliez sauter, c'est ça ? Geu ... Et atterrir dessus ? For-mi-da-ble ... Hihihi ... Ne seriez-vous pas un de ces extravagants chasseurs d'oie, défiant le danger au mépris du danger (en plus) ? ...
Le cœur de Julius s'était maintenant muni d'un maillet clouté, et maravait goûlument les quelques côtes de sa poitrine qui tenaient encore debout. Avec, bien entendu, un orchestre symphonique lourd en cuivres derrière. Pour le vacarme.
Ca m'a l'air teeeellement excitant. J'en suis toute tremblante rien qu'à l'idée. Ses dernières paroles avaient sciées en deux les rotules de Julius, qui se sentait de plus en plus mal. La perspective d'un évanouissement lui semblait être un excellent compromis entre la honte définitive de tomber dans son jus face à la créature de rêve, et la sauvegarde physique de son thorax.
Se passant une main délicate sur les poils de sa queue, d'un bleu tellement bleu que le ciel ne pouvait rivaliser ..., elle jeta un regard mutin à Julius, puis un autre en contrebas du précipice. Moi, c'est Priscilla. Allez, je saute avec vous.
Le Grand saut, sans filet, dans le vide. Ensemble ... en couple.
Un craquement métallique retentit à l'intérieur du crâne de Julius (le fait qu'il n'y avait, d'ailleurs, absolument rien de métallique dans sa tête, inquiéta Julius trois dizièmes de seconde). Mais sa mâchoire, au lieu de tomber encore une fois, articula :
P-P-P-P-A-R-D-O-N ?
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 8 Sep - 13:30 | |
| Rappel de l'énoncé du problème : Nous en somme en pleine nuit en rase campagne, au bord d'un ravin de 600 mètres de haut, à l'aplomb duquel dort paisiblement une oie géante de 10 tonnes. La scène est on-ne-peut-plus calme et rien ne vient troubler le sommeil du colosse palmé. Et là, on ouïe :P-P-P-P-A-R-D-O-N ?Tranchant la sérénité de la nuit quelques secondes après l'exclamation mitraillée de Julius, un mugissement plaintif et lourd monta alors du ravin. Comme une vache qui passe par le véto, un peu (ou le véto qui passe par la vache, ça dépend de la taille de la vache).Julius se rigidifia, muscles figés, sans oser regarder en bas. ... va falloir remettre not' sauterie à plus tard, chère Priscilla ...Priscilla se pencha au-dessus du vide, déchiffrant l'obscurité. Oooh, c'est miiiiignon ... Elle doit rêver, voilà tout."Mignon" et "oie" utilisés dans la même phrase, ça peut tuer un carnicureuil cardiaque ...La femelle carnicureuil, détournant totalement son attention de la masse endormie au fond du ravin, se retourna vers Julius, les mains jointes et un superbe sourire nacré venant ourler ses lèvres bleuies : Dites, vous savez ce qui me ferait plaisir, heuuuu ... C'est quoi votre prénom, au fait ?... Rocco.Ok. Dites, vous savez ce qui me ferait plaisir, Rocco ?Oui je sais, poulette, mais j'ai pas trouvé de pharmacie sur le chemin, alors heuuuu ...Chassons cette oie ensemble !!Les pupilles de Julius s'arrondirent. OULA. Pouce. Je chasse seul et pour ma gloire personnelle privée. Je vais devenir maître incontesté de toute chose et je ... Je ...Quoiiii ... Oooh, alleeeeeez, pour me faire plaisiiiiiir !?Julius adopta une attitude hagarde, la mâchoire entrouverte. Ses bras ballants se mirent à trembler. Ne faites pas cette tête-là, je suis une bonne chasseuse ...... euuuuh ... Elle a l'air encore moins convaincue que moi, en fait.Priscilla eut un instant de doute : elle se retourna prestement. A la place du ravin, un œil noir et rond, large comme un soleil, observait les deux carnicureuils. Tout autour de l'orbite, une montagne de duvet blanc dépassait du précipice. Elle n'avait fait aucun bruit pour se relever, la coquine.Mais rapidement, l'observation teinté de curiosité laissa place à une colère rougeoyante, dans les yeux de l'Oie. ... J'veux pas mourir avant mon dépucelage ... Snirfl ... | |
| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| | | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 2 Mar - 11:59 | |
| A ma gauche : Ro-ccooo et Pris-Ci-Laaaaaa, le duo infernal au nom autant improbable que leur quotient intellectuel ! 1 kilo 600 avec la fourrure et les dents, 14 centimètres et des poussières du pointu peton au haut du front !
A ma droite : "AaaaAAaahhhhMonDieuuuuuuuuuuu", la mystérieuse et gigantesque Oie qui fait dire non, nooon, NON à la drogue ! 10 tonnes - ouuuuuuiiiiiiii, 10 toooooooonnes !!!!!!! - sans les plumes et l'os de la queue, 700 mètres de haut de la palmée papatte à la houpette choupinette !Les deux camps s'observent un moment, figés dans leurs postures respectivement par les chocottes et par l'étroitesse du ravin. L'atmosphère, dans cette nuit étoilée, est tellement moite que même un serpent suerait sous les bras ... Les athlètes s'échauffent lentement, le regard vide, la nuque souple ... Et là, tout alla très vite. Alors que Priscilla, sans doute prise d'une berserk attitude, commença d'insulter copieusement la montagne de plumes, le dit Rocco, le regard mauvais, prit rapidement quelques pas d'élan, puis dans un crissement de pattes sur le gravillon, courut droit en direction du rebord de la falaise. En pleine course, une impulsion musclée ... et le Carnicureuil bondit dans les airs. Direction l'œil droit du plumé bestiau. Mâchoire ouverte et griffes en avant, une torpille à fourrure fusait en hurlant vers l'orbite démesurée d'une Oie éberluée. Mais ? Rocco ...?Julius ferma les yeux juste avant l'impact : ses machoîres s'incrustèrent violemment dans ... un tapis duveteux et épais. Il rouvrit les yeux pour constater qu'il était figé à l'horizontale dans la paupière fermée de l'Oie. Si près, et si loin en même temps ... La tête de l'oie pivota lentement à la façon d'une statue, de sorte à ce que l'œil gauche voit ce qui lui grattait l'œil droit. Un œil unique détailla la petite chose, visiblement étonné. EH HOooo ... Mais qui m'a foutu un [Inadapté] pareil !!Mais [Aguicheuse] de sa [ethnie] j'ai pas que ça à [Agiter] moaaaa !!!! Mon œil ! Lâche-mon-œil !Rocco hoqueta d'étonnement à l'entente d'un ordre donné par une tête large comme un vieux chêne : il lâcha l'emprise sur la paupière. Sa machoîre s'ouvrit et - très curieusement, si on tient compte du fait que plusieurs petites centaines de mètres le séparaient du sol - le petit Carnicureuil se mit à chuter. Une brise fraîche, sans doute annonciatrice du lever du soleil lui fouetta le visage, ses oreilles se rabattèrent en arrière sous l'effet de la vitesse, il entendit vaguement au loin un curieux animal nasillard qui chantait sans doute le petit matin : Rooo-Coooo ! Noooooooooon, ne meuuuuuuuuuurs paaaaas saaaaans m'avoooooooooir déflo ........Et alors qu'il voyait sa petite vie, toutes les personnes qui l'avaient croisé, défiler bien trop vite devant ses yeux pour qu'il puisse reconnaître quelqu'un ... la chute s'arrêta. Doucement. Un nuage blanc de coton. Soyeux. Il était allongé, encore dans la posture du suicidé qui va manger le sol, au beau milieu d'un champ mou de plumes blanches : une aile deployée. Julius n'en revenait pas qu'une Oie, le palmipède le plus craint et détesté de ce monde, le sommet de la chaîne alimentaire, le prédateur ultime que tous fuient, le monstre qu'on singe aux petits enfants pas sages ... l'avait sauvé. Le Carnicureuil leva un regard empli de reconnaissance larmoyante, un béat sourire aux lèvres, vers la lointaine tête ovoïde qui le toisait, tout là-haut dans le ciel. Qu'elle était charitable, cette Oie ... ... Et tendre. T'inquiètes : Je préfère écraser ta face de [vent corporel] sous ma patte. C'est plus ... "distrayant" comme bruit.GULP.
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| | | Julius
Nombre de messages : 54 Date d'inscription : 22/11/2007
| Sujet: Re: [Background] Les dents dans la Terre Mar 2 Mar - 19:02 | |
| Monsieur la dinde ? Occupée à regarder quel endroit du canyon serait plus à même de broyer tous les os d'un carnicureuil en même temps dans un "crac" à l'unisson de ce qui pourrait évoquer un Fa, l'Oie n'entendait pas ni ne voyait les appels de Priscilla, restée à l'aplomb de la falaise.
Monsieur la dinde ? Youhou ? Monsieur ? S'il vous plaît ?
Finalement, là, deux rochers pourraient bien servir à caler le corps frêle du petit bleu. Une fois calé, un bon coup de patte fournirait sans aucun doute le diapason convoité. Ah, Carnage quand tu nous tiens, même la plus insignifiante des victimes a goût de miel ...
Hého ? Monsieur ? Monsieur la dinde ?
L'oie détourna subitement son attention : comment l'avait-on appellé ? Relevant son cou vers le haut de la falaise, il ajusta son regard morne et éternellement contrarié face à la Carnicureuil. Même pas gênée d'avoir un si imposant vis-à-vis, elle soupira de soulagement et minauda en souriant : Ah, merci de m'accorder un instant : (2 carreaux en retrait, on tire une marge, ouvrez les guillemets)
je tenais à vous présenter mes excuses concernant mes précédentes paroles, elles ont été proférées sans doute dans un moment de stress intense accompagnant votre présence initiale et je ne pourrai garantir qu'elles aient étés dites sciamment sous ma volonté propre, tout compte fait. On peut ainsi en déduire que je n'étais pas vraiment responsable de cela, ainsi je tenais à vous signifier ô combien j'étais fière et émue de pouvoir enfin rencontrer un imposant animal comme vous, puisque vous ne le savez peut-être pas mais les dindes sont considérées dans tooooooooout le pays comme de sauvages prédateurs, autant immenses que dangeureux et il faut bien l'avouer, jamais ô grand jamais je n'aurai cru -même si on m'avait soutenu Mordicus (Mordicus, c'est le tonton à ma mère. Par alliance. Pas ma mère, mon tonton) - que j'aurai pu rencontrer un jour, dans ma misérable vie de petite carnicureuille enorgueillée dans sa beauté naturelle et bien brossée, une dinde aussi grande et majestueuse que vous sans perdre instantanèment la vie soit par l'indiscible effroi causé par votre présence soit par le piéteniment divin que vous faites si bien. Il est donc bien normal que j'aimerai, si cela ne vous dérange pas excessivement dans votre ... La ferme !! ... si on remplace un seul carnicureuil par un petit millier, ça vous va, niveau tuerie ? S'il vous plaît, merci, bonjour, vous êtes bien joli ?
L'oie resta figée, impassible, quelques secondes. Quelques secondes qui profitèrent à Julius pour discrètement se carapater de l'aile de son hôte, qui s'était abaissée alors qu'il cherchait son "coin", quasiment au niveau du sol. Rampant sans bruit, il s'éloigna de la scène du futur crime, retenant à la fois son soufflet et une envie d'uriner extrêmement tenace depuis qu'il avait compris que l'Oie comptait le faxer.
Redis-moi ta [vilénie] de proposition, tu m'intéresses, espèce de [Jeune fille] [malpropre] en [période des amours].
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