[Background] Aelis en guerre

Un truc réalisé à partir d'un rêve sur aelis x) Une guerre avec des changements de grades qui expliqueront le départ et l'arrivée de nouveaux gardiens.si je m'ennuie assez en cours je continuerai, donc je le poste et on verra.

Cette nuit-là, Sephiroth n’arrivait pas à se rendormir. Il venait de rêver d’une guerre qui impliqua beaucoup d’aelissiens, du temps où Aelis était encore un pays de la Terre. D’où le « Ter » Aelis. Il livra ses souvenirs par écrit, le temps de l’Histoire demandait à venir, il devait répondre à son appel…

C’était un jour de rassemblement des aelissiens du pays. L’habitude voulait qu’elle se fasse à Bourges, ville du premier rassemblement. Mais depuis quelques années, la ville changeait à vue d’œil. Elle devenait village, et la végétation ressemblait de plus en plus au maquis. Il faut dire que les corses, rebaptisés corsaires pour faire référence au groupe extrémistes, exportaient leurs trésors un peu partout. Le retour de la magie dans le monde était à l’origine du fleurissement de nombreuses richesses mais aussi de beaucoup trop de dérives…

- Ceux qui s’en vont en train, nous avons un souci, dit Ramrod.

Ramrod, c’était l’âme du pays, avec Cécile, alias Dounette. Beaucoup d’entre eux usaient de nom de code pour ne pas se faire remarquer. Du coup, Ramrod et Dounette restaient plutôt une « coutume d’appellation » locale, comme pour tant d’autres.

- Eric, dit Sephiroth, il reste un train pour la Belgique, nous pourrions peut-être…

- C’est risqué, Jérôme… Deux-cents soixante-dix-huit villages des alentours sont en guerre contre l’état français. Et c’est le cas dans de nombreux autres pays.

- A ce que je sache, la Belgique est encore sûre, à ce niveau là…

- Bon, alors, va pour le pays voisin ! Rassemble le groupe, tutélaire, nous partons !

- Ils sont prêts. Bagages pliés, traces effacées. Dounette, enfin, Cécile est sur le front avec ceux qui restent pour se battre et aider la population locale.

Le visage de Ramrod s’assombrit. Ca ne lui ressemblait pas de s’éloigner de sa belle. Il répondit :

- Oublie les noms de code pour l’instant… Ils ne sont pas utiles. Espérons que Darkfire et Mido l’assisteront comme il faut. Ce sont deux tutélaires de qualité. Enfin, c’étaient… En choisissant de se battre en première ligne, ils renoncent au conseil.

- Ne nous attardons pas, il est important que nous progressions rapidement.

Ils traversèrent les champs, droit au nord, vers Paris. Ils ne mirent guère de temps pour y parvenir, grâce aux conditions physiques un peu spéciales des aelissiens. Les arènes, les concours, ainsi que leurs caractéristiques personnelles faisant d’eux une sorte de « super-combattants ».

- Gardien Shadow, au rapport !

- J’avais cru voir ton ombre, répondit l’âme damnée avec un petit sourire sur le visage.

- Je vous apporte des nouvelles fraiches. Dounette soigne des blessés, mais rien de grave pour l’instant. Ils résistent et aide les populations victimes. Elle te fait savoir aussi que…

Il eut un regard compatissant envers Sephiroth.

- Les belges s’y sont mis, eux aussi…

Tous sortirent épées, pistolets ou autres armes. Shadow s’était fait suivre ! Il disparut comme il était venu, ne pouvant se défendre, laissant le groupe dans une embuscade.

- Désolé, je ne savais pas…

Des balles sifflèrent à proximité de leurs têtes, les obligeants à se baisser. Ils n’eurent aucun mal à faire une percée dans l’amas de corsaires et de belgistes qui les entouraient.

- Doit-on se battre, Ram’ ?

- Non. Faites le moins de mal possible, dispersez-vous, on vous recontactera ! Sephiroth, Kyara, Idrial, G3n3sis, vous venez avec moi !

Tous suivirent les ordres sans se poser de questions. Ils étaient habitués à la sagesse de leurs dirigeants. Ramrod sauta d’un pont qui surplombait la Seine, les autres à sa suite. Ils atterrirent dans un petit bateau à moteur, où se tenait une boule de poils bleus :

- Merci Julius. Vas-t-en à présent, tu as autre chose à faire. Dit Ramrod d’un ton appuyé.

La boule de poil fila, et les quatre autres ses sourirent : Ram’ avait déjà prévu beaucoup de choses.

- Kyara, G3n3sis, vous serez nos nouveaux tutélaires. Idrial, tu remplaceras Juliette en son absence, en tant que gardienne du Collège. A présent, il est temps d’aller à la mer, les enfants…

Ils ne posèrent pas de questions. Mais ils se demandèrent tous où ils allaient et ce qu’ils feraient une fois à la côte. Les extrémistes devaient être basés le long de la mer pour bloquer le commerce naval. Peu avant l’arrivée, Ramrod expliqua :

- Bon, réunion ! On va aller faire un peu de grabuge, là-bas. En attendant… en attendant quelque chose, on verra quoi. J’espère juste qu’on ne patientera pas trop longtemps…

Comme prévus, l’accueil ne se fit pas attendre. A peine posés les pieds sur la terre ferme, qu’ils furent en état d’arrestation. On les enferma dans une cellule de la base navale la plus proche, et l’on confisqua l’épée de Sephiroth, qui semblait être le seul armé.

- Je suppose que personne ne peut faire quelque chose contre du plomb ? Demanda Sephiroth.

Idrial et G3n3sis se regardèrent :

- Nos pinceaux ne peuvent pas modeler de la matière qui l’a déjà été, ca prendrait beaucoup trop de temps…

- Et moi, ma magie n’est plus assez développée, cette base est un tue-la-magie née ! Ajouta Kyara.

- Quant à moi, il me faudrait trop de temps pour faire fondre tout cela… soupira Sephiroth.

- J’ai un plan, ne vous en faites pas, dit Ramrod.

Un peu plus tard, ils se mirent tous à l’œuvre…

- Masamune revient toujours, murmura Sephiroth.

L’épée mit quelque secondes à lui revenir en main. Comme prévu, un soldat l’avait suivie, intrigué. Voyant le gardien armé, il appela à l’aide et cinq autres arrivèrent.

- Kyara, Idrial, montrez-leur ce que peuvent faire des femmes.

Kyara retira l’aiguille qui maintenait ses cheveux, et comme un baiser volant, l’expédia dans la gorge d’un soldat. Idrial, elle, sortit un petit couteau qu’elle dissimulait entre ses seins. Un lancer habile lui permit d’atteindre un second soldat, en plein cœur. Masamune trancha alors les barreaux, leur procurant des armes de secondes mains. G3n3sis transperça l’œil d’un adversaire, jusqu’au cerveau. Ramrod balaya un ennemi et lui fendit le crâne. Sephiroth décapita la tête d’un autre, et les filles achevèrent le dernier en équipe.

- A présent, au tour des peintres, de jouer !

Leurs coups de pinceaux permirent de modeler les corps et de réparer la cellule. On aurait dit que les prisonniers étaient toujours emprisonnés. A ceci près qu’ils étaient sans vie et qu’un écureuil bleu n’avait pas sa place là-bas.

- Six corps, cinq personnes… Il fallait trouver quelque chose. Kyara, tu peux les animer un peu ?dit Idrial, avec un demi-sourire.

- Je devrais y parvenir, avec le peu qu’il me reste, oui…

Les corps gisant s’animèrent. A présent, il leur fallait partir vite, avant qu’on ne se rende compte de leur subterfuge.

- Nous avons tué…

- Pas vraiment, dit Ramrod. Ils ne sont pas humains, si vous sentez bien.

Cela les troubla, et ils avancèrent en silence.

- Waouh !

- Excellent !

- Est-ce qu’on va… ?

- Un hydravion !?

- Et oui… un hydravion en panne. C’est pour ça qu’il est encore là.

- Mais… en panne ???

- Julius a rongé quelques fils par-ci par-là, ajouta Ramrod avec malice.

Ils sourirent tous, cette fois, et l’âme damnée s’installa en face du cockpit.

- On devrait pouvoir décoller et s’éloigner un peu, en principe.

Ils décollèrent sans encombre, puis les moteurs bloquèrent, l’avion trembla, et ils durent amerrir à quelques mètres seulement de la côté. Les soldats pouvaient encore les atteindre.

- Et zut !

- J’ai trouvé la raison, dit G3n3sis.

Il tenait par la queue un carnicureuil qui semblait avoir choisi un mauvais endroit pour faire la sieste.

- Il s’en remettra, mais nous il faut qu’on s’en aille, les bateaux partent, sur la côte. Ils vont arriver.

Kyara sortit et descendit sur un des flotteurs de l’engin. Elle fit tourner sa main dans l’eau.

- Cassiopée ?

Un élémentaire d’eau de mer avec le visage de la femme appelée s’éleva :

- Elle est occupée, sur le front.

- Peux-tu demander à la mer de me prêter un peu de magie ? questionna Kyara.

- C’est pour la bonne cause.

Les batteries de la tutélaire rechargées, elle s’empressa d’appeler Sephiroth :

- Il me faut Masamune !

Sephiroth la lui lança, sans comprendre.

- Et toi avec, triple idiot !

Elle le tira vers elle, et le retint pile poil avant qu’il ne prenne un bain forcé. Elle se dirigea vers l’arrière de l’avion. Elle jeta un sort à l’épée, qui se mit à flotter dans les airs, à mi-hauteur.

- Tu vas te faire un peu des bras, tu manques d’exercice ces derniers temps. Contente-toi de tourner ça très vite, je vais t’aider avec un peu de vent.

L’effet fut immédiat, ils prirent rapidement de la vitesse. L’avion tangua un coup, renversant ses passagers, et on put entendre, après un juron ignoble :

- C’est pour ça que j’ai toujours aimé être âme damnée. On a toujours des bonnes surprises. A présent, G3n3sis, tu prends les commandes, moi je m’occupe de l’autre carnicureuil là ! Direction l’Amérique, et en un temps record, s’il vous plaît !

Ca faisait une journée entière qu’ils avaient quitté la côte européenne, et le temps était au beau fixe. Comme si la politique ne faisait pas la pluie et le beau temps, le soleil persistait et montrait ses chaleureux rayons qui venaient lécher les…poils roussis d’un carnicureuil.

- Dis-moi le Ramichon…

- Hmmm ?

- Tu crois que…que ?

- Non, je ne pense pas. Pas avant un bon bout de temps en tout cas. Et il faut voir si le choc émotionnel ne va pas bloquer l’action de la mélanine.

- La mélakoi ? Mets-là où tu veux, s’tout !

- Nom de… Je veux dire que tu pourrais très bien avoir les poils blancs à vie, à cause du choc !

Le carnicureuil se releva d’un bond sur ses pattes arrière, les yeux grands ouverts, la bouche pendant jusqu’à reposer sur ses membres supérieurs.

- Non, non, non, non et non ! Attends…tu veux dire que ? Que je pourrais être…albinos ?

- Oui… soupira Ramrod.

- NON ! Mais, mais… mais c’est pas possible ! C’est comme passer du schtroumpf au gnome, de la sirène à la morue, du thon en boîte ! Tu peux pas me faire ça, Ram’ !!!

Pour un carnicureuil, avoir des yeux de cockers… c’est assez, hum, particulier. En fait, c’est tellement un drôle de mélange qu’on a envie de tout…sauf d’en refaire l’expérience.

- Si quelqu’un pouvait m’aider à le calmer…

- J’arrive.

G3n3sis traversa l’aile gauche pour se rendre sur la droite où l’âme damnée et l’écureuil faisaient auparavant bronzette. Il prit Julius par la queue, lui fourra le pinceau à des endroits innommables, le barbouilla de haut en bas, du gros orteil gauche jusqu’à la mèche favorite de la bestiole.

- Voilà, nouvelle couche, on y verra que du feu ! Tu parais encore mieux qu’avant ! C’est comme pour les voitures…

- Euh…merci ?

- Idrial a pris les commandes, Ram’, elle n’en pouvait plus de tout ce soleil. Et je pense que je vais prendre un peu le tour de Seph’, il passe du pâle au noirâtre, c’est mauvais pour lui. Ca me fera un peu d’exercice.

Il descendit sur les flotteurs et rejoignit le tutélaire qui, en collaboration avec Kyara, faisait avancer leur embarcation particulière.

- Merci, dit Sephiroth. J’ai les mollets en feu, et les bras en compote.

- De rien. T’as surtout la tête d’un steak qu’on n’accompagnerait jamais de frites, si tu vois ce que je veux dire…

- Ah. Ah. Drôle, ça, G3n’. Quand est-ce que tu nous quittes ?

- Bientôt… une fois arrivé, je devrais retourner à Paris, c’est ma ville, et j’ai des amis là-bas.

- Je sais, j’avais déjà compris. Fais nous avancer à présent, ca te défoulera et te permettra de réfléchir à ton aise.

Le reste du voyage se passa sans encombre, l’hydravion avançant au bon gré du vent qui semblait leur être favorable. Ramrod renonça au minishort quand le soir tomba, l’humidité faisant friser les poils, Idrial faillit faire une collision frontale même au milieu de l’océan, Kyara se déplaça d’un centimètre vers la gauche, Sephiroth s’endormit dans les bras d’un Julius, qui cessa de ronfler après quatre bonnes heures...

- L’Amérique !

- L’Amérique, tu veux l’avoir, et tu l’auras… Pardon ! C’est plus précisément la Californie, on a contourné le pays. Quoi ? Me regarde pas comme ça, les carnicureuils sont des vrais pro de la géo !

- Ah, enfin… Smirtnoff nous attend probablement déjà, les enfants.

- Smi…smirno…Smirtnoff ?! C’est pas le pennsylvanien belgo-anglais flamand qui a des origines peut-être françaises, ça ? Bref, l’arrière-arrière-arrière-petit-cousin par alliance du Drac’ ?

- Julius, je te préférais quand tu ronflais, au moins tu n’étais pas ronflant. On n’a pas de preuve que Smirtnoff soit un vampire, et ses origines sont connues mais pas si loin dans la généalogie. Alors sois belle, et tais-toi.

- Tu pouvais pas lui dire mieux pour nous soulager, Ram’, ajouta Kyara, juste pour la forme.

- A présent, allons-y. Trouvons un endroit où amerrir sans être trop visible.

La chance ( ?) voulut qu’il trouve une petite crique où ils purent amerrir discrètement. Ils dirent au revoir à G3n3sis, qui promit de revenir quand le moment serait venu de retourner en Europe, et le groupe se tourna vers Ramrod pour l’interroger du regard :

- Où va-t-on à présent ? Demanda Sephiroth.

- On va voir Smirty.

- Heu, oui mais…la Californie, c’est un peu… comment dire, grand, non ?

- En principe, son repaire se trouve près de la côte…

- Heuuuu, ouais ! Mais…la côte, c’est un peu … comment dire, long, non ? intervint Julius, en imitant grossièrement Sephiroth.

Ce dernier lui fit un croche-patte par inadvertance à l’aide de Masamune, avant de demander :

- Alors ?

- Alors…je ne sais pas ! Je suis pas Saint-Adobe, moi, les gars ! On va marcher, et on verra bien…

- Et si l’Amérique souffre des mêmes maux que l’Europe ? questionna Idrial.

- On se défendra. Dit fermement Kyara, qui semblait avoir envie d’en découdre. A la base, j’ai le mal de mer. Ca se caractérise chez moi par une dégradation de l’humeur….

Imitation à retardement ou instinct de survie, Julius recula d’un centimètre vers la gauche, à distance respectueuse de la tutélaire.

- Il faudrait…

- Ram…

- Il faudrait une carte…

- Raam ?

- Ou peut-être une boussole ?

- Raaamrooood ?!

- Quoiqu’en fait, si on écrivait dans le sable…

- RAMROD !

- JULIUS, OUI, QUOI ? Sacré nom de graal ! Tu ne vois pas que je parle !!!

Le carnicureuil s’arrêta brusquement de lui tirer le minishort, comme s’il venait seulement de se rendre compte de son geste.

- Nan mais…c’est juste que…

- Que quoi ?

- Que toutes les maisons sont identiques, observa Idrial à la place de l’écureuil.

- P..pardon ? Oh non de non…

Ramrod s’assit par terre, défaitiste. Kyara sourcilla, avant d’ajouter :

- Tu ne trouves pas que…ça pue la magie peinturluresque, par hasard, Ram’ ? Ca pourrait, peut-être, vouloir dire que Smirt’ n’est pas loin, non ?

Elle avait dit cela à voix douce, avec un brin de moquerie dans la voix. Ramrod se releva prestement, et s’écria :

- Mais bien sûr !!! Bon, il faut faire un signe à Smirt ! Idrial, tu pourrais dessiner un vampire avec tout ce sable ?

- Bien sûr, c’est dans mes cordes. Même mes padawans savent faire ça ! Tu comprends, c’est so kawai, alors…

Aussitôt décidé, aussitôt fait. Il fallut une bonne heure pour distinguer nettement de quelle créature il s’agissait. Ils n’eurent pas le temps de finir qu’une énorme bourrasque envoya tout à l’eau. Le vrai vampire était arrivé, cette fois…

- Ne refaites plus jamais ça !

- Bonjour Smirt’, moi aussi ca me fait plaisir de te voir ! ajouta Kyara.

- Désolé…venez vite, je vous expliquerai. Et cesser la magie, toute suite, s’il vous plaît.

Ils suivirent le gardien des arts graphiques à travers de nombreuses rues où les maisons se présentaient toutes blanches, à trois étages, avec des châssis bleu foncé. Elles avaient de grandes fenêtres derrière lesquels on voyait de gros rideaux rouges en velours cachant l’intérieur. Une plus petite fenêtre, en haut, laissait penser qu’un grenier sombre se cachait dans chaque maison. Enfin, il n’y avait personne dehors.
Il les fit entrer dans une maison qui ne semblait en rien se différencier des autres. Mais une fois entré, ils furent tous admiratifs de la décoration des lieux. C’était du vieux tout en étant moderne. Comme si l’art s’était modernisé au travers des siècles. Un unique escalier en bois montait à l’étage.

- Il y a un truc de bizarre…

- Oui, Sephiroth. La maison est plus grosse vue de l’extérieur, en fait. Mais il faut avoir l’œil pour le remarquer. Il y a pas mal de pièces cachées. Vous les découvrirez bien assez tôt, mais pour l’instant, suivez-moi.

Il pénétra au travers de ce qui semblait être une bibliothèque, mais qui se révéla être en réalité l’entrée d’une pièce immense, au milieu de laquelle trônait un bureau ovale.

- Bienvenue dans ma réplique de la maison blanche, dit Smirtnoff avec calme.

- Merci, répondit Ramrod au nom du groupe qui eut tôt fait de s’installer dans les confortables fauteuils mis à leur disposition.

- J’ai beaucoup de choses à vous expliquer et à vous raconter. Mais avant cela…

Il se tourna vers Julius, qui avait la gueule grande ouverte, bien décidé à juger de la qualité du bois qui avait servi à construire ce bureau gigantesque. Le vampire sortit les canines :

- Avant cela, je te promets que si quoique ce soit ici rencontre tes dents de charnu, tu rencontreras les miennes en retour, est-ce clair ?

Julius referma la gueule dans un claquement, et hocha la tête vigoureusement de haut en bas.
Une petite réunion allait enfin pouvoir commencer. L’ambiance prit un air solennel.

- Mesdames, messieurs, nous sommes en guerre. C’est pourquoi il est urgent que vous sachiez les conditions dans lesquelles nous nous trouvons, les circonstances qui l’ont déclenchée, et qui aura un rôle déterminant dans l’Histoire de notre monde. Pour ce faire, laissez moi d’abord appeler et nommer les conseillers qui nous ont rejoints afin qu’ils vous fassent leur rapport.

Cette fois, bien plus que leurs narines tentant de repérer une quelconque odeur de cuisine, se fut leurs oreilles, qui se dressèrent.

Cassiopée, Aillas, et Dounette entrèrent dans la pièce. Si les premiers semblaient plutôt sereins, la dernière avait une mine bizarre. A peine arrivée, elle se jeta dans les bras de Ramrod. Après cet instant d’émotion, elle dit :

- Laissons parler le sioux. Notre homme invisible. Je n’aurai jamais pensé qu’il soit capable de cela… Mais bon, il est très utile.

- Attends…depuis quand es-tu ici ? Comment se fait-il que nous soyons arrivés après Cassiopée et Aillas qui étaient en pleine France ? Et qui est ce sioux ?

- Ben…on a pris l’avion, nous.

- Ah…oui, fatalement. J’aurai du y penser…

- Bref, laissons parler le sioux. Howakhan, c’est à toi.

Ramrod tourna la tête dans tous les sens pour le chercher : rien. Julius tenta une position plus osée en montant sur la table, et en passant la tête entre ses jambes, comme s’il espérait percer un quelconque voile invisible.

- J’ai la faculté de me fondre dans le décor, en effet. Voici mon rapport.

Tout a commencé en France, lors de la réunion rituelle. J’ai reçu un message de Smirtnoff, via des moyens qui ne sont pas importants à détailler ici. Ca faisait un moment que j’opérais pour le compte de l’organisation et il m’a appelé en urgence. J’ai heureusement pu prendre l’avion avant que les aéroports soient bloqués par les corsaires, les belgistes et autres. Dounette était dans l’avion, mais elle ne pouvait pas me voir. Et je ne devais pas entrer en contact avec elle, de toute manière, on était tout de même surveillé. A peine arrivé à la correspondance à New-York, que je rencontrai Smirtnoff, intelligemment déguisé pour halloween. Oui, c’était plutôt …

- Namého, attends, là, stop !!!

- Oui, je pense que là…

- Est-ce que tu aurais l’amabilité, ô, doux narrateur, de CHANGER sa COULEUUUR ? On n’arrive pas à voir ce qu’il dit ! Et c’est important de pouvoir voir ce qui se raconte…sinon, on va mal s’entendre ! ‘Fin, bref, tu veux bien, dis ?

[HRP]- C’est bien parce que c’est vous, les gars, hein… [HRP]

- Je disais donc, reprit Howakhan qui fut bien content de ne pas devoir consulter le dico pour trouver l’antonyme de « tardif », qu’être déguisé si tôt dans l’année était plutôt bizarre, mais en Amérique, tout se peut et rien n’étonne. En fait, c’est presque la meilleure façon de passer inaperçu. Bref, nous projetâmes ensemble le plan de se rendre l’un à la maison blanche, l’autre au FBI pour avoir une idée des connaissances qu’avaient les américains sur la guerre qui éclatait.
Je vous avoue que j’ai mis du temps à trouver le Famous Black Institute. En fait l’entrée est cachée sous une friterie. Si, je vous promets ! Plus précisément la « Barack’s Home Mama ». Là-bas, j’ai constaté ce qu’était le vrai FBI : un centre d’entraînement pour les noirs. C’est comme ça qu’ils s’appellent entre eux. En fait, il s’agit d’un camp d’entraînement et d’initiation à la magie. Le nain Frisco, des monts volcaniques Echorintiens en serait un des co-fondateurs. Il fusionne sa magie à la science des corsaires, dirigés par le capitaine Barbe-Rase, que Balthazar Hednot avait enregistré comme mort suite à un raz-de-marée.

Pour faire court, Barbe-Rase l’échoué, Frisco l’exilé, Mourud l’enseveli et Touchet le coulé, respectivement originaires de Galvorn, d’Echoriath, de Sûl-Nar et d’Atalante ne sont pas disparus, ni décédés. Ils se sont disséminés aux quatre coins de la planète, et ont perverti des extrémistes de toutes les nations pour ériger une armée. Leur but est que la magie soit l’arme du chaos, et la technologie la cause de la dépravation. De cette manière, ils comptent annihiler le rêve, et s’attaquer dès lors aux fondations d’Aelis.

Le reste, c’est aux autres de vous le dire… J’ai fait court, mais l’essentiel est là.

- Waouh ! Ben dis-donc ! Quelle aventure ! Mais de nombreuses questions restent en suspend. A qui le tour ?

- A Smirtnoff, peut-être ? Dit Cassiopée.

- Non, non. Je ne suis pas pressé. Et puis votre récit m’intéresse aussi, je ne vous ai pas encore entendus et je pense qu’il me permettra d’introduire le mien. Allez-y.

- Bon, d’accord… Laissez-moi mettre de l’ordre dans cette histoire. Tout commence un peu avant la réunion. Nous voulions venir, mais un problème de pédale nous a retenu. Ca m’a permis de rencontrer Aillas comme je ne l’avais jamais vu. Vous savez, on s’est bien croisés deux trois fois sur Aelis, mais en dehors de cela, nous n’avions jamais du la jouer familiale. Toujours est-il que, coincés sur l’autoroute de la Bretagne, on a du demander un coup de main aux autres voyageurs. C’est là que les mauvaises rencontres ont commencé…
Shadow est arrivé pour nous prévenir du danger, mais il s’est fait toucher avant de pouvoir nous dire quoique ce soit. On l’a protégé et on s’est battus comme des beaux diables. C’est là que j’ai fait appel à un élémentaire d’eau de mer, il a mis un peu de temps à venir, d’autant qu’il vous a rencontré, selon ses dires. Mais Aillas, très bon combattant, a fait des merveilles avec le levier de vitesse. Quel escrimeur hors-pair !

- Hum, elle oublie de mentionner la façon dont elle a coincé la tête de deux de ces zigotos sous les garde-boues… Et comment elle a fait en sorte que deux autres s’entretuent en les faisant tourner en bourrique !

- Oui, enfin bon… Après qu’on se soit débarrassé d’eux, on a décidé de retrouver notre terre natale… Du coup, parvenus en pleine campagne, on s’est vite rendus compte qu’il restait beaucoup d’hommes de main à affronter. On a rejoint un des villages qui se défendaient, et on les a aidés à se défendre. Là aussi, Aillas les a bien aidés.

- Elle exagère, comme toujours. J’ai été trouvé le maire du village, et lui ai demandé ce qu’ils avaient à leur disposition. A part les armes des policiers présents, les ressources étaient peu conséquentes. Les axes principaux de communication étaient bloqués… Du coup, j’ai organisé avec lui la résistance. On a utilisé la tôle des voitures comme boucliers sommaires. Quant à l’essence, c’est malheureux de la gaspiller, mais on l’a utilisé pour bouter le feu aux campements provisoires des lascars. Ensuite, je leur ai appris qu’elles que rudiments du combat à l’épée à l’aide de leviers de vitesse… Bien entendu, on a gardé des moyens de locomotion, je ne suis pas bête au point de les priver de moyen de fuite. Enfin, quand on les a quittés, ils étaient occupés à creuser des trous. Certains pour y faire tomber les ennemis, d’autres pour s’y cacher et soigner les blessés… Je n’ai pu guère apporter plus d’idées, ils avaient déjà prévu le reste.

Après nous nous en sommes allés, on savait qu’on devait rejoindre Smirtnoff. Vous n’êtes pas sans savoir que lui et moi fonctionnons bien ensemble, et ça faisait déjà un moment que j’étais dans l’organisation. Du coup, après avoir nommé des maîtres du hasard - en gros, des personnes qui joueront leur joker au cas où les précautions prises par le village ne marcheraient pas - Cassiopée et moi-même avons pris le premier vol pour New-York. Nous avons croisé pas mal de noirs du FBI dans la grosse pomme, mais il semblerait que l’absence d’utilisation de magie nous permet de garder une certaine couverture. C’est Cassiopée qui a trouvé cela…en en utilisant à deux pas d’eux ! Après une course poursuite dans la ville, nous nous sommes cachés dans une ruelle : ils sont passés sous notre nez sans même nous voir !

- Pur coup de chance… J’avais juste bien deviné, j’aurai pu tout aussi bien me tromper. En attendant, on a découvert un point important : utiliser la magie, c’est nous mettre en danger, et nous montrer reconnaissables. Statistiquement parlant les gens sensibles autant que nous à la magie sont rares. Il n’y a pour ainsi dire que les gens contre qui nous nous battons qui le sont. Voilà à peu près tout ce que nous avons pu retirer de notre petite aventure…

Tout le monde arborait un visage grave… Sauf un carnicureuil qui avait les yeux écarquillés d’une façon étrange. On y lisait l’inquiétude.

- Nom d’une machine à défriser le persil ! C’est que ça fait de moi…une cible !!! En étant une créature purement magique, je dois être la cible numéro 1 !! Ils vont m’écarteler la voûte plantaire et m’épiler les poils un à un !!!

Ramrod regardait Julius d’un air étrange, grave. Comme s’il prenait l’animal au sérieux, pour une fois.

- Je crois que ta spécificité magique résidait surtout dans la couleur de tes poils et le fait que tu parles… Etant devenu momentanément ou à jamais albinos, tu ne devrais pas craindre quelque chose. Par contre, il va falloir te passer de la coloration magique du pinceau de G3n’, et passer chez un vrai coiffeur. Mais on s’arrangera.

Kyara eut un sourire étrange…

- Oui, et bien entendu…il vaudrait mieux que tu évites de parler quand on est en public… Ca nous fera des vacances, et tu ne te feras pas repérer.

- C’est qu’elle perd pas le nord la morue…

Une baffe monumentale de Kyara envoya l’animal mesurer le mur dans toute sa hauteur.

- Hmpf…

- Bien, dit Ramrod. A présent, il faudrait que Smirt’ nous explique ce qu’il a à nous dire…

- Oui, en effet. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur. J’ai infiltré la maison blanche, et c’est pire que je ne le pensais. Touchet le coulé y travaille en personne… Et d’autres de ses hommes de main y sont, eux aussi. Avant qu’ils ne réussissent à me repérer - jusqu’à présent, ils ne passaient pas à l’attaque car ils n’étaient pas encore assez expérimentés pour dissocier leur magie et la nôtre - j’ai pu écouter des discussions que tenaient le président. L’Amérique… a peur. Elle se sent démunie vis-à-vis de ce conflit. Le président pense que rien dans ce monde ne peut les aider à vaincre de pareilles forces. Il recommande donc au gouvernement de fermer les yeux sur les forces en action dans le pays. C’est pour cela que nous ne sommes pas sujets à des conflits déclarés. Mais je crois que même si le président est mal conseillé, il viendra en aide à l’Europe d’un point de vue purement militaire. Les noirs ne veulent pas d’un chaos incontrôlable, ils redoutent le pouvoir qu’ils cherchent, ridiculement… Je pense qu’il est dans notre intérêt, donc, de profiter du temps que leur crainte nous laisse. A ces fins, il faut entrer en contact avec les familles d’accueil de tous les aelissiens, avec les aelissiens qui continuent de se battre, et organiser une résistance.

- Comptez pas sur moi pour appeler les gens de Rog Nirea, les gars… Ni même les autres charnus de mon espèce. Je ne suis pas présentable, puis j’ai eu des problèmes avec eux, et depuis ça me ronge encore les tibias.

- Julius… pour la deuxième fois dans cette histoire : sois belle, et tais-toi.

- Oups ! Pardon, j’oubliais… pas pu résister à un petit coup de pub subliminal, tu vois ?

- Moi je vois surtout une chose… C’est que Dounette a toujours une grise mine, et qu’elle n’a pas encore pris la parole. J’aimerai qu’on l’écoute…

Sephiroth lui fit un sourire encourageant, tandis qu’elle se dégageait doucement des bras de son mari. La fermeté vint durcir son visage, et elle commença :

- Je ne vous ferai pas de longs discours. Vous devez simplement savoir deux ou trois choses, et apprendre des mauvaises nouvelles. Comme ça, vous pouvez déjà vous préparer à entendre ce que j’ai à vous dire. Quand Ramrod est parti avec son équipe, les aelissiens et moi sommes restés pour aider les habitants de Bourges. Mido et Darkfire m’assistaient, ainsi que Youef. Ce dernier se chargeait d’organiser les troupes aelissiennes, en définissant des stratégies de combat. Je n’ai jamais vu quelqu’un analyser aussi bien le terrain que lui. Il a tourné tout changement de relief, tout arbre, et toute autre chose à notre avantage, vraiment, il est brillant ! Darkfire et Mido, eux, me servaient plus de garde rapprochée, lorsque j’allais sur le champ de bataille récupérer nos blessés. L’agilité elfique du second n’avait d’égal que la folie créatrice de Darkfire. Ce petit bonhomme nous a inventé une trentaine de bombes différentes sur même pas une semaine ! Je n’ai jamais vu ça…

On a pu récupérer Shadow, qui, heureusement pour lui, s’est glissé jusqu’à nous sur des kilomètres. Il faut croire que le vent était bon et que les ombres s’envolent… Comme il est fortement mal en point, nous avons décidé de l’envoyer dans un endroit plus sûr. Il œuvrera aux côtés d’Aligby et Goldmund… Par contre… Darkfire a disparu. Il est parti un soir, et on ne l’a plus jamais revu. Aucune idée de ce qu’il est devenu. Quant à Mido, il est parti de lui-même, pour satisfaire une vengeance personnelle. C’est pourquoi j’ai pris l’avion seule pour venir jusqu’ici… Aux dernières nouvelles, Juliette et Mido se battent ensemble, ils ont regroupé les habitants de Caen et de Lorient pour mener une rébellion plus efficace et remarquable. Mais le cas de Darkfire… je ne me le pardonnerai jamais…

Ramrod posa une main douce, mais ferme sur l’épaule de Dounette. Il parla soigneusement :

- Ce n’est pas ta faute… Mido et Darkfire ont choisi de t’épauler. Darkfire est parti de lui-même… Je pense que quoi qu’il puisse lui être arrivé, on le saurait si sa magie s’était éteinte. Il reviendra. Et s’il ne revient pas, je te promets qu’on le vengera au centuple. Mais il n’aurait certainement pas voulu qu’on baisse les bras, ou qu’on s’apitoie sur son sort pendant que d’autres pauvres gens sont en train de mourir. Reprends-toi, il faut avancer maintenant, et échafauder d’autres plans.

- Pas maintenant. Intervint Smirtnoff. Vos estomacs crient famine, Julius ne tient plus en place, il croit qu’arrêter de parler rime avec s’arrêter de respirer, et il a presque retrouvé une schtroumpf-attitude propre à sa jeunesse. Prenez une nuit de repos… Vous êtes les hôtes de l’organisation.

- Tu es le fondateur, Smirtnoff ? Questionna Sephiroth.

Ce dernier ne lui répondit pas et se contenta de lui faire un demi-sourire.

- Allez dîner, puis vous coucher. La cuisine se trouve en face de … se trouve où il y a Julius. Les chambres sont au premier étage, ne pénétrez pas plus haut, c’est le grenier et l’accès en est défendu.

Ils se levèrent, s’étirèrent et avancèrent à pas peu assurés vers le repas qui les attendait. Ca faisait du bien de ne plus être au grand air et de retrouver un peu de confort… Sephiroth décida d’aller se coucher immédiatement.Tandis qu’il montait à l’étage, le tutélaire fut pris d’une envie irrésistible : braver l’interdiction de Smirtnoff. Ce qui devait se cacher au grenier devait être probablement important et étrange, il en était presque certain… Il se fit plus discret et le plus léger possible pour ne pas faire grincer les marches, et continua son ascension. Arrivé au grenier, il poussa la porte, lentement, s’attendant à un choc…

Rien ne vint. Sephiroth entra dans une pièce qu’il connaissait trop bien… C’était la chambre qu’il occupait chez sa famille d’accueil ! Avec des couches de poussières qui laissaient penser que des années et des années s’étaient écoulées depuis la dernière fois que quelqu’un avait franchi ce seuil. Il entra prudemment, et se sentit comme rajeuni. C’était la nostalgie qui avait pris place en lui. Il frôla les draps du lit double avec une main, avant de repérer le vieil ordinateur, qui semblait encore plus ancien avec toute cette poussière.

-Et si… murmura Sephiroth pour lui-même.

Il pressa le bouton d’allumage, et l’ordinateur commença à charger la page d’accueil.

-Je devrais pouvoir prévenir ma famille d’accueil, en envoyant un mail…

- Nous sommes déjà prévenus. Eteints cela, tu vas le faire griller.

Son frère et son père adoptifs se tenaient dans l’ombre. Sephiroth comprit toute suite qu’il y avait un problème. L’ordinateur explosa et le tutélaire roula sur le côté, dégainant son sabre.

-Un pas de plus, et je vous tranche la tête !

-Arrête ! Dit Smirtnoff.

La détonation avait averti tout le monde qu’il se passait quelque chose d’anormal. Interrompant leur repas, tous affluaient à présent au grenier.

-Je suppose qu’il s’agit de ta chambre et de ta famille d’accueil ? Cette salle est conçue pour enfermer les intrus dans leurs rêves. Tu as de la chance de ne pas avoir fermé la porte… Elle protège un secret qui ne doit pas être percé avant la fin de l’histoire, le temps que le narrateur trouve quoi en faire.

Sephiroth hocha la tête, et recula pas à pas vers l’entrée de la chambre.

-Excusez-moi.

Ils descendirent tous reprendre leur repas là où ils l’avaient laissé. Peu à peu les discussions se réanimèrent :

-Smirtnoff ? Tu as montré les canines toute à l’heure, et…tu manges un steak saignant. Es-tu vraiment un… Idrial laissa sa question en suspend.

-Ouais. C’est en jouant les chauves-souris que j’ai pu échapper aux gardes de l’entrée de la maison blanche.

-Ah…

-Smirtnoff ? Je voudrai savoir : comment as-tu développé l’organisation ? Demanda Kyara, songeuse.

-Ce serait long à t’expliquer. En fait je la gère plus ou moins parce que je suis en Amérique. Mais l’idée vient de quelqu’un de plus haut placé que moi. Je n’ai pas le droit de dire qui. Par ailleurs, les ADs connaissaient l’existence de cette association.

-Ram’, comment se fait-il que tes poils de jambes sont frisées ?

- L’air marin, ma chérie…

-Je t’avais pourtant dit de mettre un pantalon. Tu te rends compte que tu vas faire toute l’aventure ainsi si le narrateur veut jouer encore longtemps ?

- Je sais, je sais…

- Dites les deux oranges, là ! C’est quand qu’on me trouve une coloration naturelle ? C’est pas que ça me fasse plaisir mais… j’ai les chocottes ! Puis, c’est pas sex’ pour draguer les dames, tu vois ?

- Justement, Julius… l’interpella Sephiroth. Tu viens bien d’un monde inversé, non ?

- Euh…oué. Pourquoi ?

- Et bien…je me disais que, du coup, chez vous, c’était peut-être les mâles qui portaient les bébés…

Le carnicureuil ouvrit la bouche, la ferma, la rouvrit, la referma…

-P…possible. J’avais jamais pensé à cet aspect-là. Je veux dire…

-Pense simplement à te protéger d’elles aussi, la prochaine fois.

Julius se tut, songeur… Sephiroth avait vu juste : l’écureuil avait des sujets sur lesquels il ne préférait pas parler. Il faudrait qu’il y pense la prochaine fois qu’il voudrait qu’il fasse une pause. Ramrod et Dounette lui sourirent, pour bien lui faire comprendre que l’incident de toute à l’heure était oublié. Le repas se termina dans la bonne humeur, et tous montèrent se coucher.

Le lendemain matin, tous se levèrent aux alentours de midi. Kyara voulut sortir prendre l’air et profiter des rayons dorés, mais le vampire l’en défendit :

- Tu risquerais de te perdre… Etant recherché par le gouvernement américain - enfin, je veux dire, le FBI - j’ai du peindre toutes les maisons pour qu’elles semblent identiques à toute personne un minimum sensible à la magie. De cette façon, ils peuvent toujours courir pour me retrouver. Ca a du bon d’être un nocturne… ca m’a donné assez de temps pour faire du vite fait bien fait.

- Tu plaisantes là j’espère ?

- Pas le moins du monde cocotte ! J’ai voulu sortir faire mes besoins, et il me l’a défendu, fois de charnu ! Du coup j’ai du utilisé ces choses-là… les doigts-l’êtres.

C’est précisément à ce moment qu’on entendit Dounette crier :

- Juliuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus !

Le carnicurueil s’était apparemment rincé le visage dans l’eau de la cuvette, y laissant une touffe de poils qui avait bouché la canalisation, et avait pris soin de faire ses besoins dans le lavabo.
Une personne qu’on n’avait pas encore vue jusqu’à présent se fit alors remarquer, en inscrivant dans son petit calepin :

- Plus un plombier, ou ce qui y ressemble, je note.

Non, ce n’était pas Aligby ! Rappelez-vous, il est occupé avec Goldmund et Shadow. Ramrod fit les présentations :

- Phimélias nous est arrivé ce matin. Il connaît Ter Aelis mais il connaît surtout le marcher noir. Il nous offre ses services en ce temps de guerre.

- Ouaip, faudra juste avoir deux ou trois piécettes en échange, rien de grave. J’ai la coloration pour l’autre asticot, là.

- Bien, dit Dounette avec un sourire carnassier, Juliuuuuus, c’est l’heure du baiiiiiin.

- Saint-Adobe, père de Dou’, priez pour moi pauvre écureuil, maintenant et à l’heure du bain…Bain qui signera ma fin.

- Aaaaamène-toi, tu vas me le payer TRES cher.

Et Dounette de tirer Julius jusqu’à l’étage, et Julius de griffer le plancher de ses ongles pour résister, sous les yeux ébahis des spectateurs présents dans le hall d’entrée.

- Bon… que fait-on alors, si on ne peut sortir ? Demanda Sephiroth qui avait suivi la scène depuis l’étage.

- Oui, c’était la question que je me posais avant d’être interrompue, ajouta Kyara.

- C’est vrai, Smirt’, on ne va pas rester cloîtrés ici à ne rien faire…

Le vampire ne répondit pas. Idrial arriva sur ces entre-faits et demanda :

- Que faites-vous tous là ?

- On attend que Smirty nous réponde, dit Kyara.

- Pourquoi, que se passe-t-il ?

- On n’a pas le droit de sortir, expliqua Sephiroth.

- Du coup, on voudrait savoir ce qu’on va faire, insista Ramrod.

- Ah oui, je vois… Alors, oui, j’aimerai savoir aussi. Que va-t-on faire, Smirt ?

Smirtnoff paraissait énervé. Il dit, agacé, en tournant les talons :

- Et bien ca me paraît clair, non ?! Si vous ne pouvez sortir, vous ne pouvez faire qu’une chose : rester ici.

Et il disparut dans un escalier qui menait au sous-sol… Les autres se regardèrent curieusement, hésitant entre se penser idiots ou bien le trouver presque drôle.

Nul ne sait pour quelle option chacun opta, mais Ramrod réunit toute personne aelissienne dans le bureau ovale, excepté Smirtnoff qui semblait avoir mieux à faire au sous-sol. C’est ainsi que Dounette, Howakhan (visible cette fois-ci), Aillas, Cassiopée, Kyara, Idrial, Julius, et Sephiroth se trouvèrent attablés en compagnie de Ramrod mais aussi d’Undead Flake, d’Aligby, de Juliette, d’Astriel, de Green, de Laylay et de Teclis.

-Puisqu’on ne peut pas sortir, dit Ramrod, j’ai fait entrer du monde. Mais nous sortirons, ça c’est un fait. Tous ceux qui viennent d’arriver vont nous raconter leur histoire. Il faut savoir où nous en sommes sur tous les fronts. Après cela… et bien nous aviserons.

*
*------*

Le récit d’Aligby, ou le type qui n’rpisera probablement jamais.

Tout commença le 30 août à neuf heure du matin. Je venais d’arriver à Bourges, quand j’aperçus quelque chose de suspect. Il y avait des hommes qui ne semblaient pas nets dans le village. Vous connaissez mon goût de l’information : j’ai immédiatement pensé à aller les interroger. Ce fut une mauvaise idée… A part des grognements et des menaces je ne récoltai rien de bon. Cependant…vous connaissez mon instinct fouineur, je ne résistai pas à ouvrir le coffre d’une des jeeps présentes, et là j’eus une vision plus qu’éloquente. Des armes, et des réservoirs de magie noire. Je flairai tout de suite le coup fourré. J’avais entendu parler auparavant des problèmes avec l’extrémisme. Mes neurones firent le lien sans que je ne les y force. Poursuivi par un homme qui m’avait repéré, je regagnai ma voiture rapidement et démarrai en trombe. Hors de question de rester à Bourges, je rentrai chez moi.

Sur la route, je mis la radio et écoutai attentivement les informations : ce que je craignais avait fini par arriver. J’en conclus évidemment que les aelissiens s’étaient impliqués dans la bataille. Il fallait dès lors que moi-même j’y prenne part. Mais comment ?

Je pris un peu de temps pour réfléchir, et je contactai Goldmund pour y réfléchir avec lui : il a souvent de bonnes idées. A force de faire tourner nos méninges, nous trouvâmes un accord avec le narrateur. Puisque nous n’aimions pas ou ne savions pas rpiser, il fallait mériter notre inclusion à l’histoire d’une autre façon. C’est ainsi que le canard enchaîne version Ter Aelis s’étendit à la France. Le canard à Hélice serait momentanément et expressément adapté à la guerre qui faisait rage dehors.

On eut tôt fait d’engager une équipe de volontaires, et nous pûmes enclencher les rotatives. Depuis, nous livrons des journaux dans la France, mais aussi en Belgique. Nous avons même fini par traduire le Canard en anglais pour parvenir à une vente mondiale.

Le souci c’est que le journal nous prit tellement de temps que Goldmund et moi dûmes engager une équipe toujours de plus en plus importante, et il est désormais difficile de se cacher. Nous subissons des attaques dans toutes nos entreprises. Les messages que nous passons dans le journal ont des visées patriotes et encourageantes. Nous soulignons aussi l’importance de ne pas perdre espoir et de continuer de rêver. Nous n’avions pas compris vraiment que nous allions à l’encontre des projets des Quatre Noirs, comme nous nommons à présent Touchet le coulé, Barbe-Rase, Mourud l’enseveli et Frisco l’exilé dans le journal, mais nous avions inconsciemment deviné la chose. Il faut croire que nous sommes de bons journalistes, tout deux.

Shadow est devenu notre facteur, il poste de nombreux journaux dans les régions ou Goldmund et moi opérons. Au moins assurons nous une certaine régularité, d’autant que nous nous déplaçons chaque mois dans un nouvel endroit pour éviter une attaque.

Mais vous ne devinerez pas la meilleure nouvelle ! Et je me fais une joie de vous l’annoncer :

Mesdames, messieurs, mes chers confrères, mes chères consœurs, outre le fait que j’ai monopolisé un post entier sans que vous vous ennuyiez, notre journal permet – et c’est scientifiquement prouvé – de ralentir considérablement l’annihilation du rêve partout dans le monde ! Ce qui nous donne un temps supplémentaire pour prendre nos dispositions ! C’est pas beau ça ?

De grands sourires se dessinèrent sur le visage des membres présents. Aligby avait trouvé comment figurer dans le récit sans pour autant être dépourvu d’utilité : il était assez fier de lui. Et comme tout le monde l’aime beaucoup, notre Ali’, on va lui faire un peu de pub en vous recommandant d’aller lire le dernier numéro du Canard à Hélice, trouvable dans la partie journal, sous Belthil, où y a quasi toujours une lupiote bleue qui clignote pour signaler un tas de nouveaux potins qu’on ne peut rageusement pas lire. Voilà.

Dounette interrompit les réjouissances en s’adressant à Laylay et Teclis, assis l’un et l’autre à sa droite.

- Ce n’est pas tout. Il reste des histoires à raconter. Au niveau d’Aelis mais aussi du monde. C’est là que Teclis & Laylay, puis Undead & Astriel ainsi que Juliette & Green interviennent. J’invite les quatre premiers à commencer, je me fais du souci pour Ter Aelis…

Teclis et Laylay se redressèrent, et le peintre fit signe à son compère de raconter l’histoire.

- Bien. Il était une fois, dans un pays appelé Ter Aelis, un Teclis et un Laylay qui…

- …

- Oh, pardon ! Vieux réflexe. Je reprends. Donc, Laylay et moi sommes retournés en Ter Aelis après le carnage à Bourges. Comme on le pressentait, le pays se faisait assiéger par les envoyés des Quatre Noirs, qui profitaient de l’absence de nombre d’entre nous pour tenter de pénétrer dans l’enceinte du pays. Tu sais, Ram’, c’était une bonne idée, ce mur aelissien… Il tient toujours à pas mal d’endroit, même s’il a subi des dégâts. Ca leur a permis de résister jusqu’à notre arrivée. Toujours est-il qu’on a tout de même bien fait de rentrer avec du renfort.

Laylay s’est occupé de produire armes fantaisistes et armures dans les ateliers en compagnie des volontaires qui étaient présents, et ca a plutôt bien marché. Nos ennemis étaient totalement pris au dépourvu chaque fois qu’une nouvelle arme apparaissait. Evidemment ça n’est qu’à chaque fois temporaire, c’est fou ce que la magie noire permet une adaptation rapide à l’environnement et aux risques encourus.

- Hmm hmm… fit Sephiroth pour lui-même. Ca sentait le vécu…

- Quant à moi, je me suis occupé, avec le restant d’Artisencres, de rédiger des missives à faire transmettre aux habitants « figurants » de Ter Aelis. Ainsi les nains antiques creuseurs des monts d’Echoriath, les elfes et autres créatures d’Adalerin, les vers et les plongeurs des sables de Sul-Nar, le kraken et les monstres aquatiques d’Atalante, les yétis d’Alkhazzar, les dompteurs de chevaux des plaines de Belthil ainsi que les scientifiques de la capitale, les griffons et leurs maîtres à Wilwarin, les pirates et voleurs de Galvorn et toute autre créature ont été quémandés pour se joindre à nous… J’ai fait le trajet personnellement quand les habitants n’osaient pas y aller. Je n’ai pas trouvé tout le monde, et tout le monde n’a pas répondu par l’affirmative… Certains pensent que la magie opèrera par elle-même pour les sauver, et ne veulent pas risquer de bousculer l’ordre établi. On se croirait limite en présence de centaures. Mais bon… au moins, on a eu du renfort. Et par la suite, l’arrivée d’Undead et d’Astriel nous a permis de regagner du terrain alors qu’on commençait à en perdre à nouveau. Mais ça, je leur laisse le raconter.

Undead fit signe au chat ailé de prendre la parole, préférant rester attentif et ne pas concentrer son esprit sur ce qu’il avait déjà vécu, et donc analysé. Le chaton déploya ses ailes pour effectuer un vol plané sur la table, afin d’être vu de tous.

- Je vais essayer de parler fort, vous me pardonnerez, mais j’ai un chat dans la gorge. En fait, Undead et moi sommes arrivés un peu en retard parce qu’on a rencontré des soucis en chemin, et qu’il aime beaucoup réfléchir au calme. On est passé par des montagnes, d’ailleurs. Ca nous a permis de rencontrer peu de monde, et de ne pas se faire trop repérer, car l’air de rien, on a rameuté pas mal de monde avec nous et le déplacement en équipe ne passe guère inaperçu. On a engagé des maîtres en arts martiaux et en combats armés. On a trouvé peu de maîtres en magies, mais ça, on s’en doutait. Heureusement qu’en Ter Aelis on a pas mal de doués en la matière. Bref, avec tout ça, on a créé une percée dans un attroupement d’ennemis qui s’en prenaient à nos murailles. Ca les a déstabilisés, et pendant un jour ceux-ci n’ont plus attaqué, révisant leur stratégie.
Ce qui nous a permis de s’organiser un peu. On a divisé nos effectifs de moitié ! Et oui… on était trop les uns sur les autres, ca nous créait plus de problèmes qu’autre chose. Du coup on a procédé à quelques menus changements dans nos défenses. On a nommé des capitaines, on a fait des équipes, des tours de garde, etc. On s’est munis d’arbalétriers, on a ressorti la vieille technique du feu grégeois qui a le mérite d’être non magique et donc moins prévisible, et tout le toutim. Quand les légions ne se battent pas, elles s’entraînent dans l’arène, prises en charge par nos différents maîtres. Undead, lui, passe régulièrement dans tout le pays à dos de griffon pour savoir ce qu’il se passe sur le front et donner des ordres par-ci par-là. Il a également eu la bonne idée de recycler l’académie en infirmerie, celle-ci étant moins sujette aux attaques, se situant dans les airs. Bref, à l’heure actuelle, Ter Aelis ne se porte pas trop mal, on assure bien la défense. Mais nos ennemis ont l’air très très très très trop nombreux. On pense qu’il y a des duplicateurs, des clones ou une industrie quelque part qui leur permet de se multiplier…

Tout le monde affichait un air grave… La situation était à ce point critique en Ter Aelis ? Heureusement que des gens comme ces gardiens avaient été là… Tout le monde avait envie de dire merci, et en même temps tout le monde se sentait mal à l’aise en imaginant les éventuels dégâts… Sephiroth prit la parole et demanda à voix douce :

- Green… Juliette… Et vous ?

Green poussa un grognement, Juliette un soupire…

- Oh, nous… Nous n’avons que de la guerre à raconter. Les bretons et les normands se sont tous rassemblés sur les plages, profitant que la mer constituait un côté en moins à défendre… Mido et moi avons travaillé à la coordination des troupes. On ne s’est pas trop mal débrouillé, c’est le pouvoir de l’amouuuur *soupire* En tous les cas, Green nous aide beaucoup également car il a pris le commandement des forces aériennes. Ce monsieur sait faire plus que du rangement dans des bibliothèques : il a des connaissances en mécanique qui surpasse la moyenne. Réparer des avions, en construire, avec un peu de magie, il sait faire ! Il s’est amusé à larguer des bombes de couleur, c’était chouette. C’est une petite expérience personnelle que j’ai réalisée… Selon la couleur qui leur tombe dessus, les gens changent d’humeur – et de teinte de cheveux, c’est pour ça que je suis brune à présent ! Ils deviennent tristes, ou bien joyeux, amoureux, énervés, révoltés contre leur supérieur, etc. Ca crée beaucoup de désordre dans les troupes ennemies car cette magie tend trop vers la blanche pour que la noire œuvre efficacement contre celle-ci. Ils arrivent à estomper les effets mais les gens restent un peu… « changés ».

Ramrod lui sourit :

- Toi aussi, tu as changé, Ju’. Tu as l’air plus épanouie, plus femme. L’action et le grand air t’ont fait du bien ? A moins que…

Tout le monde fixa Juliette, les yeux ronds. Et tous s’exclamèrent d’une même voix :

- Nooooon, nous dis pas que… Si ?

Juliette rougit jusqu’aux oreilles…

- Ben, euh, si… Mido et moi nous sommes tellement rapprochés que… Enfin, il n’y a rien de mal à ça !

En tout cas, elle essayait de s’en convaincre. Tout le monde éclata de rire et l’atmosphère se détendit :

- Mais non, Ju’, t’en fais pas. Tu es heureuse avec lui, c’est le principal, va…

A ce moment-là, Sephiroth tapa du poing sur la table :

- Mais bien sûr, qu’on est bête !

- Quoi ? Demanda Dounette, étonnée ?

- A votre avis, que fait Smirtnoff dans les sous-sols, hein ? Et comment un Phimélias peut-il entrer et sortir malgré l’interdiction de Smirt’ qui bloque la porte ?

- « Il y a de nombreuses pièces secrètes », récita Idrial, songeuse…

- Je crois qu’il est temps de marcher sur les traces de Smirtnoff, décida Ramrod.

Ils descendirent tous par les escaliers empruntés par le vampire auparavant et ne tardèrent pas à se retrouver dans la pénombre. Après quelques minutes à marcher dans le noir, se heurter les uns aux autres et retirer les toiles d’araignées de leurs cheveux, ils se trouvèrent en face de deux tunnels.
Personne ne disait rien… Même Julius, étrangement, gardait son calme et se contentait de fixer son regard dans la direction de celui de Ramrod. Il montra d’une patte un panneau indicateur : « la sortie est par lààààà !!! »

- Je n’y crois pas, dit Ramrod. Prenons l’autre.

Personne ne discuta et tout le monde avança, Sephiroth fermant la marche. « C’est trop facile… » sembla-t-il entendre dire quelqu’un derrière lui. Un frisson le parcourut mais il ne vit personne en se retournant. Il pressa un peu plus le pas… Après quelques minutes, ils débouchèrent dans les égouts.

- Pouah, même Galvorn est plus propre ! dit Kyara.

Les égouts étaient d’une saleté époustouflante et c’était sans parler des odeurs. Julius s’était fourré deux doigts dans les narines pour empêcher les effluves de lui paralyser son petit cerveau. Tout le monde avançait, une main sur la bouche. Personne ne disait rien, jusqu’à ce qu’Idrial envoie valser un panneau « Welcome in America » qui lui gênait le passage.

- Tu parles ! Je t’en donnerais des bienvenus, moi… Nan mais est-ce qu’ils savent que même les égouts devraient ne pas sentir autant ?! Qu’est-ce qu’ils consomment pour que ça pue autant !?

- Des big mac au Mc Do ?

Nouveau silence, jusqu’à ce qu’ils tombent au creux d’une étoile à cinq branches…

- Par où va-t-on ?

- On va se séparer, dit Ramrod. Howakhan, Green, Kyara, Juliette ensemble. Idrial, Sephiroth, Cassiopée, Dounette avec moi. Ensuite... Aillas, Youef, Laylay et Astriel vous retournez au pays. Teclis…

- Avec moi ? proposa Phimélias qui semblait les avoir suivis.

- Euh… Oui, pourquoi pas, bafouilla Ramrod pris au dépourvu. Donc, je propose que chaque groupe prenne un chemin différent. Le but étant d’éviter de se faire repérer en étant en trop grand nombre… Howakhan et co vous retournez en France gérer ce fameux conflit. Maintenant que vous êtes plusieurs, essayez peut-être d’étendre votre gestion à un plus grand ensemble pour mieux résister. Howakhan je pense plus particulièrement à toi qui peut te rendre invisible : fais l’émissaire et joue les infiltrateurs. Mais ne prends pas trop de risques non plus… Aillas, Youef, Laylay et Astriel… Aelis a besoin de vous, plus que jamais. Teclis, suis Phimelias, je suppose qu’il a des projets personnels en commun avec les nôtres, sans quoi il ne serait pas ici. Bonne chance !

Chacun prit un chemin au hasard et ils se retrouvèrent en comité plus restreint que toute à l’heure. Étrangement l’air leur semblait plus lourd et l’avancée plus pénible depuis qu’ils étaient plus seuls…

- Les rêves et l’espoir… murmura Sephiroth.

Dounette acquiesça. Il ne fallait pas les perdre, même si ils se sentaient seuls.

Howakhan, Kyara, Green et Aeris ressentaient la même sensation de leur côté. Sauf que… sauf qu’il y avait du bruit devant eux. Un bruit qui avait l’air… Humain.

- Je doute pouvoir me fondre dans le décor avec toute cette eau, je vais faire du bruit… Quelqu’un pourrait ?

Juliette s’avança, déterminée. Avec son pinceau, elle fit un mouvement rapide dans l’air et l’eau devant eux s’éleva en une grande vague qui alla s’écraser au fond du couloir dans lequel ils avançaient… Quelques instants plus tard ils découvrirent le corps évanouis d’un homme, apparemment assommé par le panneau qui avait rencontré le pied d’Idrial plus tôt dans l’histoire.

- Sûrement un espion, dit Kyara.

Green acquiesça.

- Et bien c’est raté, vieux, on t’a vu avant que tu nous voies. Venez, empruntons cette échelle, elle mène probablement à la sortie, il devait bien venir de quelque part.

Green grimpa vaillamment le premier pour faire tomber rats et grosses araignées afin de rassurer les filles. Howakhan le suivit directement, afin d’éviter une situation où son regard serait directement orienté vers le postérieur de demoiselles ravissantes. L’ascension parut longue mais au bout de cinq minutes à peine ils arrivèrent en face de la surface métallique bouchant l’entrée. Green fit signe avec son doigt de se taire et ouvrit la plaque en passant la tête au dehors.

- NCIS, sortez les mains en l’air. Vous êtes accusé du meurtre du marine Brooks.

L’homme qui dirigeait son arme vers Green s’arrêta :

- Euh… Donald ? C’est pas le bon acteur…

Sephiroth marchait en tête avec Ramrod, le couloir dans lequel ils se trouvaient étaient habités par toute une famille de rats… Et Dieu sait qu’une famille de rat c’est très très très grands. D’autant que les américains semblaient ne pas être les seuls à souffrir d’obésité… Dounette et Idrial semblaient ne pas aimer ce genre de bestiole. Cassiopée, elle, se contentait de demander à son élément préféré de les exporter sur les côtés. Ils marchaient en silence quand Dounette poussa un cri : un rat qui était en hauteur venait de lui tomber dessus avant de faire le saut de l’ange dans la flotte à leur pied. Ramrod et Julius se retournèrent vivement. QUI OSAIT TOUCHER A DOUNETTE ? ~~Ramrod~~ Julius sortit les canines et se jeta sur le rat, lui plantant bien profondément ses dents de charnu dans son corps grassouillet. Tout le monde ouvrit grand les yeux… Julius de plus gros encore.

- POUAH ! Quel goût dégueulasse !

Mais ce n’était pas ça le problème… Pas pour les autres, en tout cas… Tandis que Julius se frottait la langue de ses pattes, tous observaient les autres rats, qui avait leurs regards fixés sur eux…

- Ca, c’est une erreur, murmura Cassiopée…

Ce fut le signal, tous les rats se mirent à crier et à se diriger vers le groupe. Tout le monde se retourna d’un même geste et se mit à courir, cherchant une sortie… Ils tournèrent longtemps, une fois à gauche, une fois à droite, tout droit, retour en arrière : cul de sac, etc. Les rats les faisant tourner dans une course folle. Idrial sortit un pinceau et se mit à tracer des marques sur les murs sous leur passage, ils comprirent vite qu’ils revenaient sur leur pas et, au bout du compte, trouvèrent le chemin.

- Là, dit Cassiopée, indiquant d’un hochement de tête l’échelle.

Après quoi elle se retourna, vaillante, vers la troupe de rat et dressa un mur d’eau devant eux, d’un geste ascendant des bras vers le haut.

- Dépêchez-vous de grimper, ordonna-t-elle.

Personne ne manqua de se presser, les hommes ayant, ce coup-ci, la délicatesse de faire passer les dames d’abord – hormis l’héroïne du moment, évidemment.

Une fois sur l’échelle, Cassiopée laissa retomber la vague géante sans ménagement, ce qui provoqua une houle forte pendant un instant suffisamment long pour leur permettre d’être presque sorti. Lorsqu’Idrial sortir la première, des bruits de fusils qu’on armait se firent entendre.

- Tiens, tiens… Des Aelissiens en promenade. On vous a presque attendus. Heureusement que vous êtes d’un naturel peu discret.

Trop nombreux, les ennemis les maîtrisèrent sans mal, d’autant que chacun d’eux était trop épuisé de cette course pour pouvoir bien penser. Julius eut la présence d’esprit de donner un coup de dents dans les mollets de l’un d’eux, mais il le paya d’une fléchette de tranquillisant dans l’arrière-train. Ensuite, ce fut à leur tour et tous sombrèrent dans la noirceur de l’endormissement involontaire…

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