On va tout d'abord faire un petit point de technique du vers classique.
En violet mes commentaires.
En orange la faute
Les slash rouges sont les césures fausses. Les verts sont bons. Je ne te mets bien sûr pas celles des vers faux au niveau des pieds.
Les rimes en vert, sont riches, en orange suffisantes, et en rouge pauvres/inexistantes.
- Citation :
- Un gamin sur le tro/ttoir cherche le chemin
Oublié à l’amour / il crache dans ses mains
Esquive prestement / protégeant son chagrin
Mais frappe fort et net / en resserrant ses poings
Portes et volets fermés il est en panne de jour Ici, faute de pieds. 14 pieds. Tu n'as pas dû compter la liaison de portes/et et le "e" final de "panne" je pense.
S’offusque de briser / ses doigts devenus gourds
Tassé en lui-même il cogne sans rater son coup Ici, c'es 13. A mon avis tu as compté "mê/me/il"
Sauvage il arrache les cœurs qu’il secoue 11. Tu as surement compter sau/va/ge/il ce qui donne 12 mais est faux.
Sa frénésie ira/scible agit sans colère
Il veut simplement les / mener dans son enfer
Brutal et las il dé/fend son excès d’orgueil
Et tous les désirs dont il ne peut faire le deuil 13, aurais tu oublier le "e" final de faire ?
Tout en démesure / ses cris sont des silences
Tenaces ses mots par/lent avec virulence
D’une fatigue qui / le rend lâche et pugnace
Et l’entraine à s’asseoir / sur le trottoir d’en face
On se limitera à ça, niveau technique. Maintenant je m'explique :
Pour le comptage de vers, quelques trucs à savoir :
On compte tous les "e" finaux. Ainsi, "porte fermée" se compte "por/te/fer/mée" et non "porte/fer/mée"
Sauf !
En fin de vers, on ne compte pas le "e" final du mot (même sous la forme "es" ou "ent") : "fermer la porte" => "fer/mer/la/porte" et non "fer/mer/la/por/te"
Avant une voyelle, le "e" devient muet et se fond avec la voyelle qui suit : "porte entrebaillée" => "por/ten/tre/ba/illée" et non "por/te/en/tre/ba/illée"
A cette dernière règle, encore une exception :
Si le mot se finit par "es" ou "ent", on fait la liaison. Ainsi, même s'il y a une voyelle ensuite, le "e" n'est pas muet. "portes ouvertes" => "por/te/sou/vertes" et non "por/tou/vertes" (on remarque d'ailleurs, qu'ici s'applique aussi la règle du "e" final du vers)
Pour ce qui est des césures.
La césure est une coupure rythmique à certains endroits du vers. Les différentes parties du vers sont appelées hémistiches.
alexandrins : soit en 6/6, donc au milieu, soit en 4/4/4 (rare)
déca : 6/4 ou 4/6 (voire même 5/5 à l'extrême limite)
Pas de césure ailleurs.
C'est là que ca se complique.
La césure ne doit pas se trouver au milieu d'un mot comme ici :
- Citation :
- Un gamin sur le tro/ttoir cherche le chemin
La césure doit se faire entre deux mots.
Le dernier mot de la première hémistiche ne doit pas se terminer par un "e" prononcé.
- Citation :
- Tout en démesure / ses cris sont des silences
Pour pallier à ça, il faut que le mot suivant, le premier de la seconde hémistiche, commence par une voyelle. (en sachant que si le mot final de la première hémistiche est un pluriel, bah t'es dans la merde, si tu me permets. Vu que tu devras faire la liaison et donc laisser le "e" prononcé)
La césure ne doit pas non plus couper une proposition en deux.
- Citation :
D’une fatigue qui / le rend lâche et pugnace
Ici, la césure sépare le sujet (qui) du reste de la proposition. On doit pouvoir lire les deux propositions séparément.
- Citation :
Oublié à l’amour / il crache dans ses mains
Pour ce qui est des rimes, la seule qui me gène réellement est "chagrin" "poings", qui ne sont pas des rimes géniales. En effet, c'est pas réellement des rimes. La fin exacte de chagrin est [ê] alors que celle de poings est [!ê]. Légère différence, mais bon. De toutes facons, la rime est pauvre, donc ...
Ces précisions techniques ont un sens, c'est pas là histoire de faire joli. Ou plutôt si.
Les césures et les pieds participent au rythme d'un poème en vers fixes. Un vers faux sur ces points s'entend facilement, sur le plan du rythme, de la musicalité.
Tout est histoire de musique, tu le sais. Comme pour les rimes, d'ailleurs. Les rimes permettent une harmonie entre les vers, par la répétition des sons similaires. Plus il y a de phonèmes en commun, plus la rime est dite riche, et plus la musique produite est agréable. (si la rime n'est pas forcée, ce qui n'est pas le cas dans ton poème
) Les rimes s'inscrivent dans le même processus que la composition du reste du poème sur le plan musical, que ça soit conscient ou non. La répétition des sons dans la strophe, ou meme dans un ou deux vers proches seulement, permet une musique.
Enfin bref.
Voilà le plan, le cours, technique.
Pour ce qui est du fond.
Le thème est intéressant, je me demande d'où il t'est venu
- Citation :
Oublié à l’amour il crache dans ses mains
Je comprends pas le sens de "oublié à l'amour"... Ca me parrait bizarre, surtout au niveau des sonorités et du sens.
- Citation :
Et l’entraine à s’asseoir sur le trottoir d’en face
Ce vers là, je l'aime bien, vraiment. Décalé, d'une musicalité correcte.
Sinon, globalement, c'est pas mal
Fais en plus, je te dis
Euh une chose encore, je sais pas pour toi, mais moi je trouve que ca fait ultra lourd 4 rimes semblables à la suite. C'est que mon avis, par contre.
Biz'.