Un léger retard...

La taverne était bondée, une ambiance festive ayant littéralement envahit l'air. Nous passerons sur les pitreries de Darkfire, accoudé à une table; sur Kinder qui roulait du muscle devant un groupe de filles surexcitées; sur Ramrod, seul, dans un coin sombre, éclairé par une chandelle, un fusin dans la main, et une feuille de papier dans l'autre (il avait d'ailleurs de la peinture sur le nez, même en cette heure avancée); sur Astriel qui voletait dans la salle bruyante, vidant par-ci par-là des chopes de bières entamées, avec discrétion; sur...

- BON BAH C'EST BON ! TU VAS PAS NON PLUS TOUS LES FAIRE !

Vivi, désolé. Bon, bref, vous aurez un apperçu général de la salle. Mais interessons nous donc à Teclis. Ce dernier se trouvait au comptoir, sirotant une grenadine au lait (une boisson de dur !) quand Sephiroth lui tappa dans le dos.

- KOF KOF KOF KOF REUH !

- Alors Tec' ! Toi, tu nous as toujours pas raconté comment tu es arrivé sur Ter Aelis.

Teclis considéra son interlocuteur, les larmes aux yeux. Il reprit lentement sa respiration, puis balbutia en crachant un peu de liquide rosé.

- Kof, si j'suis là, c'est qu'j'vous l'ai forcément raconté !

- Hmmm ! Barman, vérifiez siu plait !

Un homme fort se pressa vers un écran d'ordinateur bleuté, en suspension dans l'air, et pressa quelques touches sur un écran tactile. Une liste apparut.

- Nan nan nan nan nan nan, je ne l'ai pas !

- Alors, espèce de feinénant, tu pensais y échapper ! Hein ? Avoue !

- Meuh nonmépadutou...

Teclis vit que nombre de regards s'étaient tournés vers lui. Il regarda d'un air désespéré vers la porte, mais elle se trouvait trop loin. peut-être qu'il arriverait à atteindre une fenètre avec un peu de chance si...

- Le petit malin ! Allez allez, raconte nous !

- Ouaip ! Tout le monde l'a fait, tu n'as pas le droit d'y échapper comme ça.

- Bon, okay okay... Mais laissez moi me donner un peu de courage. Barman, envoyer une grenadine... non, plutôt une triple vodka.

L'homme envoya un bon verre de liquide clair comme de l'eau que Teclis avala d'une traite. Puis, l'air las, il se trouna vers ses interlocuteurs.

- Bon, c'était par une terrible nuit d'hiver, il pleuvait très fort. Très très. Mais alors très très très, plus encore que quand Dounette chante.

Une bouffée de terreur s'empara de l'assemblée.

- Bref, un vrai déluge. Comme tout bon Elfe digne de ce nom qui se respecte, en grand et puissant Eldar, je venais par la mer. Non pas que cela ait une signification importante, mais vous comprenez, ça en impose un max !
Fier, comme toujours, posté sur la proue du bateau (et mouillé, et grelotant, et à deux doigts de rendre mon déjeuner) je voguais tel un faucon à travers cette tempète. Mon navire perçait les vagues comme une épée fend la pierre. La nuit était sans lune. Et c'est alors, qu'au milieu des ténèbres et de la brume, je la vie émmerger devant moi...

- TER AELIS !

- 'TAIN ! Sephy', tu casse tout là, c'est moi qui devait le dire ça !

- Bref, continue.

- ...

- Quoi, c'est tout ?

- Bah oui, c'est fini, vous vous attendiez à quoi ? Le temps des krakens et des calamars géants, c'est fini.

- Mais, mais, et après, tu as vu Ter Aelis dans la brume et...

- Et quoi ? Bah rien, j'ai débarqué tranquillement.

- C'est bidon !

- Je sais, et alors ?

- Et alors ! On va s'embèter nous maintenant, tu as cassé l'ambiance avec ton récit à deux sous !

- Pas ma faute.

Tous les Ter Aeliens semblaient décontenancés. Puis, Sephy' hurla.

- TOUS SUR LUI ! LES PLUMES ET LE GOUDRON !

- Glups.

Et toute la taverne se précipita sur Teclis en hurlant de joie. L'évènement fut immortalisé par Ramrod, dans un superbe tableau : un noble et fier elfe recouvert de plumes de poulets et de dindons...

Occupé à ingurgiter une boisson chaude afin de fêter son retour dans la communauté après quelques temps au pays des côtes déchiquetées (et de la pluie déprimante), et surtout à la fin de la vérification des événements manqués (faudrait penser à avoir un secrétaire ou une ordonnance, mais le bon personnel était si rare!), Son Excellence l'Amiral fut témoin du spectacle (disons-le) lamentable du récit manquant en tout point de réalisme (mais bon point, d'hypocrisie aussi), suivit du lynchage dans les régles de l'art, pour tant soit peu qu'il s'agisse d'un art, du malheureux arrivant tout juste.

Lorsque le goudron, les plumes, et les coups de gourdins (surgit de nulle part) eurent coulés - personne n'avait remarqué que depuis cinq minutes déjà Teclis et Darkfire s'étaient éclipsés, et ont continuait de se donner joyeusement des coups et les poignées gluantes -, le danger étant devenu minime, Syllas osa quitta son coin - son nouvel uniforme blanc sortait tout juste du pressing! -, à travers la salle dévastée.

Dehors, ils rencontra les deux "fuyards". Syllas souhaita la bienvenue à Teclis, et donna la direction dudit pressing afin qu'il puisse redevenir blanc et sec.

(du royalblue Dark !^^)

- Et sinon, tu vas bien ?

Teclis cracha une plume.

- Oui oui, ça va, recouvert de plumes et de goudron, mais tout va bien !

- Mais t'inquiète !

- Ca, je risque plus. Attends que je mette la main sur le f*** de ****** de ****** qui m'a renversé UN TONNEAU ENTIER de goudron dessus, quand je saurais qui c'est...

- Boah ! ne cherche pas, pas la peine, ça peut être n'importe qui...

Teclis s'apprètait à répondre, mais une silhouette altière apparut soudainement. Dans l'embrasure de la porte de la taverne, le nouveau venu portait moultes galons, et son uniforme était d'un blanc impeccable et immaculé.

- WAAAA, un ange !

- Mais non, c'est Syllas banane !

- C'quoi ça, le nom d'une coupe de glace ?

- Heu, en quelque sorte dirons nous.

Syllas s'avança. La porte de la taverne se referma en grinçant derrière lui.

- Bien le bonsoir !

- Lut.

- Hello !

- Et bien et bien Teclis ! Que vois je, tu te trouve dans un piteux état.

- Non pas que mon état soit piteux, c'est plutot moi qui suis dépité...

- Quel humour ! En attendant, je te conseille un excellent pressing, se trouvant pas loin d'ici, j'y vas pour mes uniformes. Ca devrait te redonner un peu de... fraicheur dirons nous. Une bonne douche te fera du bien aussi; ajouta-il après un instant de réflexion.

- Tu me sauves la vie Syllas ! Merci bien ! Et merci à toi aussi Darky pour le soutien moral ! Bon, j'y vais de ce pas !