De Vaanne, peut-être même sans vanne du tout

(et en tout cas pas de Vannes, navré pour Leurs Nombreuses Bretonneries)




Mâtines sonnent dans l’église désertée de Berthil. Un bedeau un peu plus motivé que les autres, ou peut-être un peu plus inconscient, a pris sur lui de célébrer la gloire de l’Unique dans une ville où la religion est devenue curiosité, exotisme, anomalie, au risque d’encourir le courroux des habitants réveillés de leur sommeil du Juste.

Plus bas, dans la nef, un tintement retentit, signe qu’un genou armuré vient de se mettre en terre devant l’autel, monumental mais quelque peu vieillissant. Sa génuflexion achevée, son propriétaire pose les deux mains sur son torse, la tête toujours inclinée, puis repart à pas lents et sonores vers ses quartiers.

Il avance, précédé d’un halo éblouissant qui ne doit rien à sa dévotion au culte. L’armure qu’il porte, ciselée par les meilleurs artisans d’une fort lointaine contrée, étincelle de mille feux dorés et accroche la moindre lueur pour la renvoyer en un kaléidoscope rayonnant.

Seule la tête du personnage est découverte : un visage jeune surmonté de cheveux tirant sur le brun, des yeux sombres et surtout, une expression sévère qui peut parfois se fendre, comme d’aucunes le nommèrent, d’un grand sourire. De grande stature, sans aller jusqu’à des extrémités bretonnes, l’armure l’aide à accentuer l’aura de sévérité qui l’accompagne.

Tournant brusquement au fond d’un long couloir parti de la sacristie, il entre dans une petite pièce remplie de plusieurs sacs. Manifestement,il vient d’arriver et seuls les plus importants objets sont déballés. Unesimple chandelle de suif remplace désormais la torche qui a rempli son office.Elle est cependant suffisante pour que l’œil accroche quelques formes que les
ombres dansantes font se mouvoir, comme animées d’une vie propre.

Plusieurs livres artistiquement reliés, dont un grand missel, encombrent la table de chevet. Un dernier, plus simple, resté grand ouvert sur la grande table, est couvert d’une écriture minuscule destinée à économiser la place. La lueur vacillante ne permet pas de distinguer ce qui y est écrit, mais laisse deviner qu’il s’agit d’une liste.
A côté du petit tome trône un énorme casque complet, assorti à l’armure et très semblable à ceux de l’Antiquité, si l’on excepte la crinière. La visière est en T, laissant une mince bande pour les yeux et le nez dans un souci de protection maximale. Sur le front, le symbole d’ l’Unique est enchâssé dans un cercle fermé symbolisant le monde entier.
Enfin, pour achever de remplir la table, dépassant dans le vide des deux côtés, une arme monumentale, une épée à peine moins longue que son possesseur appelée Zweihänder et dont l’impact psychologique est aussi important que son impact physique, lui-même proprement terrifiant et sanglant.

Le personnage jette un rapide coup d’œil au petit livre avant de le refermer et de le glisser sous son armure. Il saisit ensuite son casque et l’ajuste sur sa tête. Pour terminer, il prend la Zweihänder des deux mains et attache le fourreau dans son dos de telle façon qu’elle ne lui batte pas les flancs ni ne l’empêche de marcher.
Ceci fait, il sort de l’église d’un pas vif et s’enfonce dans la nuit de Belthil : l’inquisiteur De Vaanne, l’envoyé des Ministres du Culte, est prêt à remplir sa mission.

Ah ah, j'ai deux trois indications où trouver des hérétiques. M'enfin, il te faudra un familier pour conjurer les flammes et déambuler dans les bois avec un minimum de panache.



Brrr!, hein? Ce mille-patte arachniforme, celui qui aime l'humidité et les coins sombres de nos demeures devrait te permettre d'épier ici où là, pour glaner quelques astuces.

Enfin, bienvenue, toi qui a la particularité d'avoir été davantage vu jusqu'alors en chair et en os qu'en virtuel. Monsieur ne fait pas comme tout le monde, hu?

Le gobelin vampire le plus discret d'Alderin, s'étant perdu dans les beaux quartiers de Belthil, cherchait son chemin entre la forêt de jambes mouvante qui se dressait sur la Grand Place.

"Oh là là ! j'aurai jamais dû passer par ici ... Et dire que j'ai laissé mon paletot à la maison ! quelle tête en l'air je fais ! Pardon, poussez-vous, excusez-moi !"

Rien n'y faisait, les "Grands" se montraient toujours aussi irrespectueux envers les créatures de moindre taille.

"Poussez-moi, excusez-vous ! aïe"

L'effet de marée humaine l'avait fait dériver jusqu'au parvis de l'antique Cathédrale, qui trônait non loin de la gigantesque porte d'entrée de la Cité.

S'appuyant contre le parapet d'un bras tendu, il reprit son souffle, et observa autour de lui à la recherche d'un point de vue assez haut où il pourrait grimper pour mieux regarder alentour.

Une colonne de métal doré finement ciselé, se dressait justement à quelques pas de lui. Il se mit dès lors à l'escalader jusqu'en son sommet, s'agrippant à la crête pour mieux se pencher. D'ici il avait un panorama insaisissable sur tout Belthil. Il mit une de ses mains en visière, estimant de loin, le chemin qu'il lui restait à faire.

La statue s'ébranla quelque peu en émettant un grincement métallique de protestation.

"Très bien ! mais je ne veux pas d'un scolopendre comme animal de compagnie... Par contre ce petit singe fera parfaitement l'affaire : il a l'air attachant, vif et espiègle et semble mû par une certaine forme d'intelligence animale. Je vous le prends !"

Le silence retomba alors que le colosse retrouvait sa position statique.

"Un quoi ? Un scolopendre ?! Mais c'ets de moi qu'on parle ! Est-ce que j'ai l'air d'un singe ? Est-ce que je ressemble à l'une de ces espèces exotiques, comme ces égorann sauvages qui poussent sur le dos des Chastosaures ?!"

N'en tenant plus, le Gobelin s'élança sur la paroi de l'édifice consacré avant de grimper vers les sommets, laissant derrière lui armure rutilante, batteleur et service d'accueil.

"Si on me cherche, je suis dans le clocher !"

Celui-ci était attendu, plus qu'il ne le pensait peut être. L'insertion d'une nouvelle âme dans Ter aelis ne passait jamais inapperçu pour Grendelor et si elle se déplaçait moins en ce moment, le détour valait l'effort parfois. Elle rejoignit donc l'attroupement qui se formait au niveau de la cathédrale, portant sa grossesse presque à terme avec autant de grâce que possible. Elle accueillit l'inquisiteur avec un charmant sourire, posant au passage une main rassurante sur le bras de sa soeur.

Il ne serait pas le premier à porter l'armure en nos terres. Mais il est vrai qu'elle est totalement inutile, précisa-t-elle en regardant de Vaanne.

Ses yeux bleus se portèrent jusqu'au gobelin en train d'escalader la cathédrale. Un éclair de curiosité y passa avant que son attention ne se reporte sur l'inquisiteur.

Souhaitez-vous de l'aide pour visiter notre beau pays?

Exodus exultait. Il marchait d'un pas pressé en direction de l'église de Bethil, la nouvelle étant parvenue à ses oreille dans la mâtiné. Il avait dès lors pris le premier transport en direction de la capitale administrative et payé grassement le chauffeur pour qu'il oublie momentanément l'idée d'excès de vitesse.

Il se trouvait maintenant sur le parvis presque déserté du bâtiment religieux. A l'intérieur s'élevait des voix qui ne semblait en aucun cas être issues d'un office religieux et sur le clocher on pouvait voir s'agiter une créature passablement grotesque, dont l'apparence faisait penser sans difficulté à une gargouille qui aurait prit vie par quelques prodige. Exodus garda en tête la nécessité d'étudier le phénomène de plus près, des fois que, mais il y avait plus pressant pour le moment. Il pénétra dans l'église, fit le signe de l'Unique face à l'autel et entrepris de remonter la nef.

Là s'y trouvait déjà Cassiopé, Maudit Compère et supérieure hiérarchique directe sur ces terres, La douce Grendelor qui était toujours aussi radieuse et enfin le sujet de leur présence à tous: L'inquisiteur De Vaanne, tout de métal vêtue, son casque sous le bras et sa Lourde lame dans le dos. Ces trois personnes était en pleine discussion lorsqu'il se permit d'intervenir à son tour:

-Si vous voulez mon avis, il connais déjà les lieux mais ne saura refuser une si charmante invitation. Et pour l'armure je crois bien ne jamais l'avoir vu la retirer.

Les regard se portèrent sur lui, il exécuta dès lors un bref salut au groupe avant d'enchainer.

-Veuillez m'excuser si je vous ai interrompu. Mesdames, vous êtes toujours aussi charmante. Surtout vous Dame Grendelor: votre grossesse vous va à ravir, si vous permettez ce compliment.

Il se tourna ensuite vers l'inquisiteur avec un sourire amusé sur le visage.

-Et la bienvenue à toi en Ter Aelis mon cher De Vaanne. L'Ordo t'aurait-il affecté à une nouvelle tâche en plus de tes autres charges?

- Je conçois fort bien, gente dame, répondit De Vaanne, que le port d'une telle armure peut paraitre incongru dans une cité administrative où l'arme la plus dangereuse jamais autorisée est sans nul doute le formulaire A54, mais personne ne sait quand les ennuis peuvent surgir. Même ici, des mages impériaux rôdent dans les coins sombres...

Il s'inclina autant que faire se pouvait dans un bruit de métal frottant doucement sur un gambison.

- Cette armure, reconnaissable entre toutes même si certains petits êtres la prennent pour une colonne d'observation, est l'insigne de ma fonction. Me l'enlever reviendrait à condamner une Âme Damnée à ne point apparaître dans un éclair orange et environnée d'une forte odeur de souffre. Impensable, n'est-ce pas ?
De plus, je n'ai aucune intention de vous causer des soucis à vous, Maudits Compères. Les Ministres du Culte ont apprécié mes efforts dans mon affectation originelle, une cité indolente qui se laisse facilement gouverner. Ils ne m'ont point fait venir pour déclencher une chasse aux sorcières mais pour m'installer ici et participer à la res publica. Et si mes agissements font rentrer dans le giron de l'Unique quelques âmes égarées, ils n'en seront que plus contents.

il adressa un sourire moqueur à Exodus.

- Vois-tu, cher collègue, les inquisiteurs sont entraînés à sa voir parfois faire preuve de subtilité, ce qui n'entre pas dans les préoccupations un peu... "brut de décoffrage" des répurgateurs. Le café est même déconseillé, pour éviter de rendre trop nerveux nos interlocuteurs...
Enfin, si j'ai lu le très bon plan qui m'a été fourni en arrivant en ces lieux, je pense que toute cette culture livresque ne saurait l'expérience d'un habitant de ces lieux. Je serais ravi, dame Grendelor, de bénéficier de votre aide éminente.

Quelque chose me dit que tu n'as pas besoin d'être accueilli!! ^^

Mais bienvenue quand même jeune homme! ( enfin je veux dire cloporte! c'est pour Dvb ça!)

(scolopendre en fait... )

Grendelor sourit avec grace à l'inquisiteur. Elle était ravie que son arrivée ait fait sortir de sa cachette son collègue.

Si vous le souhaitez, je peux vous montrer le plus bel endroit de Ter Aelis, un édifice qui fait parler de lui tant par sa qualité que par le contraste qu'il offre avec l'environnement. Tournant son regard bleu vers Exodus elle lui demanda innocemment. Aimez-vous les fleurs? Vous pourriez nous accompagner. Il y a même quelques fruits pour vous rassasier.

(colgate le sourire plz )


- On m'en a effectivement beaucoup parlé, répondit l'inquisiteur, et ce m'a l'air d'être un endroit particulièrement intéressant à visiter. Mais dites moi, vous qui connaissez cet endroit, n'est-il pas difficile de ne pas se laisser enivrer par tant d'essences si subtiles et si volatiles ? Il faut en tout cas féliciter les habitants de Sûl-Nar pour une telle idée, et une telle prouesse.

Il offrit son bras à Grendelor.

- Il commence à faire chaud ici, même si mon armure doit y être pour quelque chose. Je pense qu'aller nous rafraîchir sous les frondaisons serait une bonne idée. De plus, si je puis émettre un conseil, pour qu'Exodus fasse ce qu'on attend de lui, il ne faut pas lui laisser le choix... ricana l'inquisiteur. On peut sinon être sûr de ne le voir apparaître qu'une fois l'an, voire plus s'il ya un open bar.

Les présentations faites, les nouvelles amitiés liées et les premiers sourires échangés, la place retrouva bientôt bientôt sa quiétude dans la tiédeur d'un soleil déclinant.

Les dernières voix s'éteignirent dans le soir, et tel un funeste glas, les rats et les invisibles purent entendre ces mots parvenir du haut de la cathédrale :


" Si on me cherche, je suis TOUJOURS dans le clocher ... "

Le choix? Quel choix? Entre rester ici, tout seul, à écouter les piaillements de la gargouille animé (dont l'accent rappelait légèrement celui des caves gobelines) ou à suivre l'une des plus charmante personne de ce pays vers un endroit magnifique, où les fruits abondaient. Certes il y avait aussi les fleurs mais leur goût un peu trop léger selon lui et il se contentait donc à les reléguer dans le décoration.

-Ma Dame, j'accepte l'invitation avec joie. En effet j'avoue une adoration sans limite aux fruits. Par contre les fleurs, en entrée, c'est pas mal, mais je n'en ferai pas mon quotidien. Aussi je me contenterais de les regarder. Puis à l'intention de son collègue. Et pour ma présence annuelle, je me permettrais juste de te répondre que si elle a lieu à un open bar, il est certain que tu en sera témoin, vu que tu sera sans aucun doute le premier arrivé et le dernier reparti. Sur ce...

Il remit son chapeau en place, fit le signe de L'unique et salua les dames une dernière fois.

-Je part devant et laisse mon collègue à vos bon soins dame Grendelor.

Prenant le bras de l'inquisiteur, elle sourit devant l'amitié manifeste des deux hommes.

Mon cher de Vaanne, certes je lui laisse le choix mais ce que je lui propose, il ne peut que difficilement le refuser. Je connais quelque peu la bête.

Elle regarda s'éloigner Exodus avec un sourire entendu. Puis elle posa à nouveau ses yeux bleu sur de Vaanne. Tapotant le bras armuré, elle l'enjoignit au départ.