Nouvelle vie (Rôle Play en Ter Aelis)

Ils ont touché au Temple.

Leur Ame est nôtre

Je veux les respirer.

Ils sont entré.

L'Ombre de Shyon continuait son sommeil omniscient. Sa voix lointaine semblait gronder de plaisir. Sanz fixait l'enfant tout en murmurant une étrange mélodie.

Les longs couloirs de glaces..les longs couloirs de glace..je marche, je marche..tout me semble près..tout est si loin.. tout est si froid... .

Le Lion et le Loup, entrés dans une transe fiévreuse couraient partout en se cherchant mutuellement, griffe et crocs sortis. Des touffes de poil blancs volaient dans leur sillage.

Le Prince coupa sa complainte en fixant ses âmes.

Calmez vous!

Immédiatement, une silencieuse ambiance recouvrit la salle du Trône. Le Lion d'argent adopta une forme enfantine, qui s'assit sur un pic et se mit a chantonner tout doucement.

Ils vont se perdre..se perdre dans les couloirs sans fin, pris de soif pris de faim, ils vont se perdre, se perdre dans les couloirs sans fin...

Anwen, ouvre les failles.

Toutes, Sanz?

Oui.

Elle sortit un petit couteau de sa taille et passant devant des fissures noires lama l'air d'un geste ample. Des vortex sombres naquirent au contact de la lame.

Il va faire froid, Sanz.

Je sais.

Le Prince semblait songeur. Mais sous son visage impassible, son corps s'était lié à la citadelle en recherchant les Etrangers dans tout la citadelle. De fibre de glace en fibre de glace il auscultait l'espace jusqu'à toucher sans l'alerter la voix tonnante de Grendelor. Il sourit à son contact et se mêla aux émanation que les arabesques de la Mère lésée échappait en dépit d'elle. Effleurant en même temps qu'elle l'âme de Cassiopée il souffla à Issac:

Il n'y a aucun choix, Issac. Il n' y a plus de choix, elle veut nous voler notre Avenir. Elle veut détruire nos Renaissances. Elle veut nous détruire... Tellement longtemps..nous avons dormi..il fait si froid, la bas...si froid. Les voies infinies du Néant, le rien, le tout... la Mémoire volée, l'Autre absolu qui nous hantait... Ni sang... ni faim... elle veut nous faire du mal... . L'Enfant est notre Espoir, notre Avenir, l'Enfant... Elle veut..Issac..nous...tuer.. nous..notre Enfant... .

La voix insinuante de Sanz se fit plus dur et plus cinglante.

Elle veut nous détruire.

Charriant dans son invasion mentale une rage sourde et haineuse, il sentit Issac gronder.

Réveille toi, Issac. Obéis au Destin.

Le sang de Cassiopée se glaça lorsque ses mains quittèrent le corps de l’enfant alors qu’Issac lui brûlait le cœur. Elle pouvait l’entendre gémir :

-Tu ne sais pas ce que tu fais….Tu n’es plus toi-même pour agir de la sorte.

Elle sentait son corps défaillir sous le choc de l’affrontement qui s’opérait en elle. Toute son âme de sœur luttait pour le bon droit de Grendelor, mais elle se sentait à la fois trahie par Issac et Cassiopée en personne car elle voulait cet enfant ! Elle le voulait comme on veut s’approprier son monde ! Il lui semblait lui appartenir plus encore qu’à la mère qui venait de l’enfanter. Mais toute sa raison luttait contre cette aberration.
Tout à ses combats intérieurs, Cassiopée ne perçut que trop tard le pétale qui effleura ses lèvres. Un parfum de réminiscences s’en dégagea pour l’étourdir totalement et la mener dans l’ivresse d’une nuit sombre et froide où elle se blottit contre les flancs d’Issac…
Issac lui apporta alors toute la chaleur tendre et douce de leur entente, il fut son lien à la vie, véritable muraille contre le Néant qui l’effrayait tant.

-Il est temps de me suivre Cassiopée.

Contre sa chair, le dragon exhalait un souffle ardent qui seul la préservait de la peur et de l’oubli qui s’était emparé d’elle.

Le souffle du dragon brûlait sa cervelle et réchauffait Cassiopée qui n’entendit pas Sanz lui déclarer :

-Ne sentez vous pas votre sang se glacer?

Elle ne le vit pas disparaître emportant l’enfant, ni ne comprit le chemin que lui faisait parcourir Sephi pour la mener vers la citadelle imprenable de l’ange plus noir que la nuit qui l’occupait en cet instant.
Seul Issac la maintenait hors du temps, ignorant des œuvres des démons.
Alors que le dragon en son être, mu par une impulsion de volonté grandissante, soufflait son haleine de braise en son sein, Cassiopée expulsa un long soupir de peine qui libéra ses lèvres du baiser pervers du pétale. Comme une plume libérée par le vent, il s’envola vers l’ailleurs.

Cassiopée ouvrit alors les yeux.

Elle se trouvait enserrée dans une minuscule bulle d’air dont les parois, véritables murs d’eau claire, laissaient entrevoir les lumières translucides d’un palais de cristal. Auprès d’elle Grendelor et Sephi se serraient l’un contre l’autre.
Ce furent les mots que prononça l’elfe qui informèrent Cassiopée des raisons de leur présence dans les entrailles des océans.

-Nous allons pouvoir y aller. Ton fils nous attend au cœur de ce palais.

Par la voix de Sephi défilait le condensé du chemin qu’ils avaient parcouru. Elle sentit la présence de Sanz dans la crypte comme si elle avait assisté à la scène depuis les yeux de l’elfe.
Mais son voyage mental fut bref, car libérant l’espace, Grendelor lui apparut soudain telle qu’elle l’avait un jour perçue sur la digue : l’image d’un monde de malheur en pleine puissance lançant son cri de guerre.
Alors, comme Issac se dressait en elle prêt à montrer sa force, ses yeux se scindèrent en un couple de pupilles jumelles et les larmes qui s’échappèrent parcoururent ses joues, laissant des marques profondes dont le bleu s’enfonçait dans la nuit des temps. Longues trainées qui sillonnaient son visage empreint d’une peine immense.

-Choisis ton camp, nymphe. Maintenant.

Choisir son camp…. Issac grogna. Cassiopée chanta.
Elle était nymphe oui, et en des eaux plus profondes encore résidait le monde ancestral d’Issac. Elle était nymphe des eaux, Dame des étoiles et Force du vent.

Son chant s’éleva dans le palais de glace, résonnant sur les parois de verre qui se liquéfiait au contact de sa voix se couvrant d’un voile d’eau claire qui bientôt pourrait charrier un monde…
La mélodie envoutante circulait dans les couloirs froids et bleus cherchant ce qu’elle était venue chercher.
Lorsqu’elle toucha Sanz, elle se tut et Cassiopée, dressée devant la femme qui autrefois était sa soeur, dit :

-J’ai choisi mon camp…. Je suis venue pour l’enfant.

La nymphe avait choisit. Son amie avait complètement changé. L’elfe eut un instant de doute.
Qui étaient donc ces gens pour posséder tant de pouvoir, et nombres d’âmes doubles à première vue.

Se ressaisissant l’elfe reporta son regard sur l’entrée du Palais. Il n’en connaissait rien, mais il ne voulait traîner, se perdre au détour et s’enfermer dans nombres de pièges au détour des couloirs.
Se concentrant, il augmenta la taille de leur espace vitale, repoussant l’eau bordant les murailles de glace. Il pouvait maintenant enter en contact direct avec sans toucher l’eau. D’un pas, le nain se plaça devant, prenant en main son immense marteau. Deux fois, il frappa le sol, dégageant flamme puis éclair. Deux symboles dorés apparurent sur les côtés du marteau, illuminant par la même occasion, deux des runes gravées dans son corps.

D’un signe de son maître le phénix s’envola, tournant dans le faible espace au-dessus de leur tête, chantant, réconfortant les âmes de toute oppression.
Lentement le groupe pénétra dans le palais par les portes, pour le moment l’elfe ne voulait passer au travers des murs.
Avancé rythmé au son des pas lourd du nain, alors qu’à peine s’entendaient ceux des autres.
Le couloir s’étendait sur une distance assez longue, les murs de glace, permettant à l’elfe d’agrandir et de maintenir avec plus de facilité l’espace d’air les protégeant. Y cherchant en permanence tout signe attestant de la présence d’un piège ou d’une attaque qui perturberait la sphère protectrice.

Le premier tournant arriva, un mur se dressait face à eux, et deux couloirs partaient sur les côtés. N’étant pas capable de trouver l’enfant, le contact étant trop faible, pour le peu de temps passer avec lui. Il se tourna par dépit vers les deux femmes.

- Par où ? Même si c’est tout droit, c’est réalisable. Ajouta-t-il le sourire aux lèvres.

A ces paroles, Kordrok brandit sa masse, frappant, une fois, deux fois, trois le mur de glace. Laissant des étincelles de flammes le lécher. Rapidement, la paroi commença à fondre nimbé de multiples flammes d’un bel orangé. Le nain regardait maintenant les flammes dévorées la parcelle de mur, laissant pour le moment qu’un fin trait noir de l’obscurité qui s’y trouvait.
La protection de Sephi, s’harmonisait aux flammes les protégeant tout en leurs permettant d’user la paroi. Et empêchant une rentrée d’eau qui leur serait plus que dommageable à son ami et lui.

Les couloirs de la Cathédrale sont des vastes, vastes corridors que des pièces étranges et richement décorées segmentent. S'il vous donnait l'envie d'aller tout droit, vous n'aurez pas assez d'une seule vie pour arriver au terme. Mais vous aurez découvert des fascinants espaces fardés d'un temps toujours changeant. Des ombres fantasques vivent au sein de ces murs glacés, tel les pantins d'antiques civilisations qui tentent de retrouver leurs habitudes de vie. Il n'y a pas de limite à l'espace. D'un point de vue d'humain, c'est un monde entier qui est enfermé au sein de la Cathédrale de Givre. Dans certaines pièces des failles discrètes, noires et volatiles, forment des portes spatiales perceptible seulement par ceux qui savent. Toutes ces failles de néants miniatures ne mènent qu'à un seul endroit: l'Antichambre du Trône Princier, où vit quelque fois l'Enfant-Prince Sanz et ses plus dévoués serviteurs.

***

Sanz fixait les failles de néants qui croissaient peu à peu. Son visage avait sombré dans une tristesse infinie. Il ne fallait pas qu'ils atteignent le trône avant que la marque sur l'enfant ne soit complètement formée. Mais Issac bien que sous son influence pouvait à tout moment sortir hors de son contrôle. Les âmes dispersées du Prince s'activaient a concentrer l'énergie des failles vers la bulle protectrice ou dormait l'Enfant.

Tu ne sais ô combien, petit être, est lourd ton Avenir... . Tu ne sauras peut être pas rire, danser, vivre comme tous les autres enfants de ton âge. Tu erreras seul la nuit sans dormir, obsédé par des rêves que tu ne pourras comprendre que trop tardivement... . Tu auras faim, et tu voudras assouvir ta faim.

Le Prince se leva avec difficulté pour s'approcher de sa cible. Une courant d'air glacé filait dans son sillage comme une nuée de flocons de neige.

Tu auras faim d'âme... .

Dans une discrétion absolue Anwen se glissa dans son dos en lui murmurant sans que ses lèvres ne sortent un son.

Nous n'aurons jamais assez de temps.

Il la congédia d'un geste en lui jetant comme unique réponse:

Envoie leur notre Chasseuse.

La jeune fille se changea alors en Lion pour rejoindre au fond de la salle le corps d'une jeune femme allongée, semblant perdu dans un profond sommeil. Elle enfonça son museau dans la masse de cheveux éparse et la poussa du bout du nez avec douceur.

Au premier contact avec Sanz, Issac s’était enflammé, et dressant des barrières mentales qui s’étendaient sur les chemins qui menaient à l’enfant, s’était adressé à Cassiopée.

- Shyon est là et l’autre aussi ! Allons les rejoindre !

Mais Cassiopée qui faisait face à Grendelor, le regard dur, se dirigea vers Sephi. Son double iris rougeoyait derrière les longs cils qui venaient clore ses yeux en mince fente de lumière.

- Le moment n’est pas encore venu Issac. Il est encore trop tôt.

A l’abri des murailles que venaient de construire le dragon, Cassiopée percevait Grendelor comme une immense sorcière maléfique aussi conservait-elle un attention soutenue sur sa sœur. Il n’était pas temps de l’affronter.
Le visage de la nymphe, marqué de longs sillons sombres avait pris la pâleur et les reflets bleus de la glace qui les environnait.

- Laisse-moi les rejoindre seul !

- Non Issac. J’ai bien trop besoin de toi. Vois le monde qui nous entoure. Ce monde gelé manque de la chaleur des étoiles. Je suis pourtant certaine d’avoir senti la présence d’Orion.

Puis levant cette fois la voix, elle dit à Sephi :

Tu comptes parcourir tout le chemin qui mène à lui ? Il faut faire attention aux ombres…

Cordelia s'éveilla, gênée par une masse qui jouait avec ses cheveux. Ouvrant les yeux elle vit Anwen qui la solicitait du bout du museau.
C'est à moi de jouer, c'est ça ? Rhalala, j'étais si bien à dormir... Non non, pas la peine d'insister, je vais y aller ! Pousse toi, grosse mère, que je m'étire !
La métamorphe se leva, se secoua, agitant des tentacules tout autour d'elle. Elle passa sa main dans le pelage du lion en un geste affectueux, puis se téléporta.

Alors que la troupe prenait le temps de choisir le chemin à suivre, arriva par le couloir de gauche une gracieuse silhouette. Son corps avait gardé les marques de l'enfance mais son visage était sans nul doute celui d'une femme. Elle avançait, nue, ne semblant pas craindre la glace. Ses long cheveux, d'un vert sombre, presque noir, ondulaient derrière elle comme s'ils avaient une vie propre.

Arrivée devant les aventuriers, elle pencha la tête et se fendit d'un large sourire chaleureux.
Bienvenue, amis, dans la Cathédrale. Permettez-moi de me présenter : je suis Melicerte et pour aujourd'hui jusqu'à ailleurs, je suis votre guide.
Elle indiqua d'un geste le couloir de gauche d'où elle venait.
Suivez-moi, je vous prie.

Ses cheveux, de plus en plus agités, se gonflèrent et se firent menaçant. Les yeux de Melicerte se mirent à étinceler d'une lueur rougeâtre.
Je vous déconseille de me désobéir.
Puis, aussi soudainement, elle sembla rétrécir et devenir vulnérable. Maintenant enfant, Melicerte se mit à pleurer. Sa lèvre inférieur tremblait et se tordait. Tout en hoquetant, elle ajouta :
Sinon, je vais... je vais... je vais pleureeeeerrrr !

Sa détresse était un vrai crève-coeur pour ceux qui avaient une once de pitié et d'empathie.

Elle avait choisi et un mur de glace s’était abattu entre les 2 femmes. Le chemin jusqu’à l’enfant était encore long et combattre la nymphe ne leur ferait pas gagner de temps. Aussi la femme aux yeux noirs se détourna de Cassiopée, l’ignorant avec une froideur polaire.
L’elfe tentait de leur frayer un passage au travers des murs, seulement…

Tu comptes parcourir tout le chemin qui mène à lui ? Il faut faire attention aux ombres…

Les ombres… Oui leur chemin était parsemé de pièges cachés dans l’ombre, que ce soit celles des murs ou celles de leur cœur. Alors qu’elle allait prendre la parole, une nouvelle venue fit son apparition, se présentant comme leur guide en ce lieu glacé, passant du statut de femme à celui d’enfant en un clin d’œil, cajolant et menaçant. L’entité fixa la métamorphe d’un regard brûlant, la sondant sans ménagement pour connaître ses intentions, ses jérémiades de gamine n’atteignant pas la femme parcourue de symboles bleus. Une envoyée du Prince, bien qu’elle ne semblât pas lui appartenir totalement. Ils n’avaient pas vraiment le choix cependant.

Alors nous te suivrons. Mais si tu me fais perdre mon temps, je te carbonise, fit d’une voix tranchante la femme tout en laissant s’échapper du bout de ses doigts une boule de feu qui s’écrasa aux pieds de l’enfant pleurnicharde.

Puis avec douceur, elle poussa Sephi à suivre leur hôte, ignorant toujours ostensiblement la nymphe.

L’arrivée imprévue, d’une femme et enfant. La tension qui régnait clairement entre Cassiopée et Grendelor, perturbait quelque peu l’elfe.
Que devait-il faire. Aider son amie mais comment. L’enfant malgré l’attendrissement qu’elle provoquait en lui ne lui inspirait pas confiance. Cependant il s’agenouilla à ses côtés.

Alors chère enfant, par ou devons nous allez ? Arrête de pleurez, je n’aime pas les gens qui pleure.

Se penchant plus, il murmura à son oreille :

Tu as ma confiance, pour le moment. Ne la perds pas, pour ton bien. Reste donc sous cette forme, tu attireras moins les foudres des autres.

L’elfe se redressa, tendant la main à la fillette. D’un signe de tête, il lui fit signe de les guider.

* Kordrok, reste entre Cassiopée et Grendelor. Je ne veux d’un combat pour le moment … Je m’occuperais de Cassiopée juste après. *

La petite fille souriant de nouveaux, malgré les quelques traces de larmes restant sur son visage, entraina l’elfe par la main. Les entraînant vers l’inconnus.
Posé sur son épaule, l’oiseau d’or veillait à sa sécurité. Grendelor, marchait derrière eux avec répandant une froide colère, irradiant presque l’air sur son passage.
Kordrok, marchait de son pas lourd juste devant la nymphe sui les suivait, mais semblait presque ailleurs.

Malgré qu’il savait presque que l’enfant pouvait l’entraîner à sa perte, il ne pouvait s’empêcher d’accorder confiance en l’inconnue, cherchant une once de bien en chacun d’eux.

Ravie de voir qu'elle avait réussit à capter l'attention d'au moins deux des Visiteurs, Cordelia cessa de pleurer. La boule de feu ne sembla pas lui faire peur.
Elle sourit à l'elfe et le prit par la main. Elle comprenait vaguement la pertinence du conseil de l'elfe. Reste donc sous cette forme, tu attireras moins les foudres des autres. Elle garda donc l'apparence d'un enfant, changeant toutefois la couleur de ses cheveux, de ses yeux ou encore le grain de sa peau. Elle ne restait jamais exactement la même plus de quelques secondes.

Ils avancèrent donc dans le couloir de gauche. Au bout d'une dizaine de mètres, la troupe arriva dans une salle ornée de centaines de miroirs. À moins que ça ne soit des fenêtres, ouvertes sur d'autres certitudes : dans chaque miroir se racontait une histoire silencieuse, témoins d'autres temps et d'autres lieux. Au centre de la pièce se trouvaient quatre fauteuils dont la profondeur et le moelleux du tissu appelaient au repos. Ils encadraient une table basse où étaient posées une théière et quatre tasses.

Cordelia se sentait bien dans cette pièce. Comme une allégorie de sa propre nature. Elle se tourna vers les Visiteurs, un immense sourire aux lèvres.
Du thé ?
Puis, l'air d'avoir eu une idée géniale, elle rajeunit encore et s'exclama d'un ton plus qu'enfantin :
Qui me donne ma tété ?

Cassiopée s’arrêta net à la vue de la femme qui venait à leur rencontre. Intriguée par la présence d’un tel accueil, elle ne pouvait croire à une aide de bienvenue. Si cette personne devait les mener quelque part, ce serait à n’en pas douter, vers de lieux oubliés des mondes ou vers un piège certain. C’est la transformation subite de la beauté de sirène en démone menaçante qui alerta définitivement la dame des étoiles, si bien que les pleurs de l’enfant ne réussirent pas à atteindre son esprit protégé par l’œuvre d’Issac.
Elle hésitait à s’approcher d’un lieu trop confortable pour être offert aux intrus qu’ils étaient, aussi restait-elle en retrait.

Comme l’ensemble de la troupe pénétrait dans une salle cernée de grands miroirs, Cassiopée se rapprocha d’un renfoncement ouvert dans la glace. Le contact avec la froid de la paroi l’envahit un instant et elle caressa inconsidérément l’humidité gelée. Ce simple frôlement réchauffa le mur qui s’empourpra rapidement, se veinant de longues balafres violacées comme léguées par les traces d’un fouet. Elle ne sut quand ses gestes éveillèrent en elle la relation avec Sanz, mais le dessin qui émergeait des murs du palais avait le parfum de ce filleul qui les avait trahis sur la digue. Alors qu’elle laissait son esprit se pénétrer de cette idée, elle modelait les balafres pour leur donner l’aspect de grandes arabesques liquides. Mais le sang qui y circulait semblait bouillir, creusant toujours plus loin dans la profondeur de la glace, inlassablement, sans fin. Pourtant le sang s’assécha, laissant un dépôt rugueux et crénelé dans les sillons tracés.
Elle considéra un moment les ciselures gravées au couleur d’un sang sans vie, se demandant vers quoi elles pouvaient bien mener. Alors d’un geste vif, elle effaça la gravure ne laissant sur la glace qu’une trainée pareille à un nuage d’orage.

Issac n’avait pas bougé pendant ce moment hors du temps que s’était octroyée Cassiopée alors qu’elle semblait cernée de tous cotés :

-Issac, trouve l’enfant. Je le veux.

Dans l’esprit de Cassiopée, Issac se prit d’un grand rire qui souleva la poitrine de la nymphe. Il occupa alors une telle place en son sein, que ce fut Cassiopée elle même qui plongea dans le Néant, totalement liée à son dragon.

Son esprit était fermé, tout comme son visage. Ses yeux noirs perçaient leur environnement, toujours en mouvement, alertes, ne perdant pas un des changements de la métamorphe. Leur arrivée dans une grande salle marqua un arrêt dans leur progression. La nymphe semblait troublée, méfiante et se réfugia dans le dessin sur glace, comme une enfant.

L'entité, elle, s'approcha de l'un des miroirs, laissant leur guide à ses farces idiotes et ses gamineries blessantes. Le passé, ou plutôt un passé, contemplait la jeune femme. Autre lieu, autre temps, autre souffrance. Elle regarda longuement, sans sentiment, ce rappel vivant. Un lien vers le Prince, mais trop détaché pour les amener là où il était.

Un rire éclata dans la salle, la faisant se retourner d'un bloc vers sa source. Elle n'eut que le temps d'apercevoir la marque sur le sein de Cassiopée briller follement avant qu'elle ne disparaisse dans le Néant. Alors son regard d'ombre tomba sur l'enfant qui réclamait une tétée.

Pas le temps pour tes jeux, métamorphe, nous ne sommes pas dans un terrier. Conduis-nous avant que ma patience n'atteigne ses limites.

Cela fut dit sans élever la voix mais l'air autour des mots chuta de plusieurs degrés.

Ouh, il fait froid ! J'aime pas quand on me parle comme ça. Vous êtes tous méchants avec moi ! Je ne veux pas, ne veux pas, ne veux pas !
La gamine se mit à crier et à tapper du pied. Ses yeux devinrent rouges, ses mains lançaient des éclairs.
Je ne veux pas vous faire de mal !
Le ton de sa voix, sa posture, tout dans son attitude démentait ses propos. Que croire ? Ses paroles ou ses actes ?
L'air autour de la métamorphe devint vite saturé d'éclairs. Puis, en quelques secondes, elle disparut, laissant les Visiteurs seuls dans la salle aux Miroirs.

Cordelia réapparut aux côtés d'Anwen tout en se transformant en lionceau, au pelage violet sombre.
Ma belle, belle bête, je les ai laissés. Je voulais qu'ils m'obéissent mais ils me faisaient peur. Je suis partie. Pas envie de faire mal, non. Pas envie. Tu crois que je vais être punie ?

Anwen caressait le lionceau à la peau violette d’une main douce et chaleureuse. Elle l’attira sur ses jambes tout en lui murmurant :

Pauvre enfant... tu sais le Maître n’accepte pas l’échec… . Non..il est très dur avec ça… . Il ne veut pas qu’on échoue, nous avons déjà tellement peu de temps. Retourne auprès d’eux et continue de les amuser… . N’ait pas peur..tu n’es pas seul… je te surveille… et je te protège.

Elle caressa le poil doux de la bête tout en portant un regard las vers Sanz. Il ne valait mieux pas qu’il sache. Le corps absorbé par les énergies du Néant, le Prince continuait d’œuvre en silence dans un long ballet d’arabesques qu’il dressait, invisibles, dans l’air. Peu à peu il tissait le germe corrupteur. Une étrange danse de pétale d’une blancheur hivernale tournoyait autour de lui. Jusqu’à ce qu’il sente la présence confirmée d’Issac tout proche de lui. Il sourit. Et Shyon gronda.

Tenant d’une main l’ouvrage, de l’autre il tendit un doigt vers la faille qui apparut. Dans le même élan, l’ombre Shyonesque cracha un feu noir intense. Issac se retrouva tout d'un coup enfermé dans une bulle pourpre, suspendu près de l’enfant. Anwen délaissant son Cordelia, les yeux plongés dans une ardeur féroce, s’approcha d’eux.

Sanz sourit :

Issac… . Au moins, tu n’es pas décevant. Ta présence va sûrement nous aider. Ne t’inquiète pas. J’ai seulement besoin de ta force. Les années m’ont bien vieilli, et nous avons trop peu de temps.

Les hurlements rageurs d’Issac résonnèrent comme un feulement étouffé.

Ne te fatigue pas. Je ne veux pas te faire du mal. Laisse-toi gagner seulement par l’aura que tu sens tout autour de toi…. . Il faut gagner du temps…du temps.

Sanz attira la Prison sombre vers lui et la lia à la bulle protectrice par un mince fil doré. Puis dans ses gestes obscurs amena la bête à offrir son infinie puissance afin de former le germe réminiscent. La Salle du trône augmenta de température brusquement et les murs de glaces se pavèrent d’une fine brume de vapeur. Un moment on eut cru que la Cathédrale entière tremblait tandis que les forces conjointes nécessaires au marquage de l’enfant augmentaient peu à peu leurs puissances salvatrices.

L’Ombre de Shyon sentant l’émanation croissante du pouvoir façonneur murmura d’une voix endormie :

Espérons que tant d’énergie déployée n’attire pas trop ceux qui nous cherchent…

Le lionceau, quelque peu rassuré par les paroles d'Anwen, se transforma à nouveau. Cordelia décida de faire preuve d'un peu de tactique et d'intelligence : elle se métamorphosa en une elfe élancée aux longs cheveux argentés. Peut-être réussirait-elle ainsi à gagner la confiance des Visiteurs.
Au moment où elle se décidait à retourner dans la salle des Miroirs, elle vit que Sanz venait de capturer une des femmes de la troupe. Tant mieux, la tâche de Cordelia n'en sera que plus aisée. Elle fit une pirouette et disparut.

Dans la salle aux Miroirs, l'atmosphère avait chuté de plusieurs degrés. La disparition de Cassiopée avait laissé ses compagnons dans une indécision totale.
Me revoilà !
Cordelia sourit tendrement à l'Elfe et à l'Argentée.
Pardonnez-moi de vous avoir laissés, je ne me contrôle pas toujours très bien. Mais je suppose que vous savez ce que c'est.
Elle regarda Grendelor et pencha la tête sur le côté d'un petit air entendu. Cordelia faisait visiblement de grands efforts pour rester sous une forme stable : cela se voyait à la manière dont certaines parties de son corps pulsaient, recherchant l'altérité, le mouvement. Mais Cordelia se contenait, refusait de quitter cette forme si proche des Visiteurs. Elle ne voulait pas échouer une seconde fois. Le Maître n'acceptait pas l'échec. Au fur et à mesure qu'elle parlait, lentement mais sûrement Cordelia pâlissait.

Vous souhaitez rejoindre votre amie et récupérer l'enfant. Je le sais. Je pourrais vous y aider... Mais pour cela, il faudra me convaincre que vous êtes dignes d'être conduits au devant du Maître. Chacun de vous devra donc me défier. Comme il le souhaitera. À vous de décider des règles, je suis belle joueuse !
Cordelia plissa les yeux et esquissa un sourire mi-figue mi-raisin.
Si un seul de vous deux réussit à me batte, foi de Cordelia, je vous ammènerai là où vous le souhaitez.
Qu'en dites-vous ?

Le retour de la métamorphe laissa de marbre l’entité qui n’exprimait aucun réel sentiment depuis qu’elle était apparue. Ni colère, ni amitié, mais seulement des comportements qui pouvaient s’y rattacher. Elle n’était pas humaine, loin s’en fallait, mais sa connaissance de leur façon d’agir lui permettait de donner une certaine illusion. Cependant, elle poursuivait actuellement un but, celui de retrouver l’enfant sain et sauf afin de le rendre à la maîtresse de son corps pour qu’elle puisse continuer à assurer son rôle de Gardienne. Et pour cela, le temps lui était compté, ce qui la faisait réagir d’une manière improbable.

Au cœur de la Citadelle, elle sentait l’énergie enfler, se concentrer, elle pouvait presque la palper. Le rituel avançait rapidement. Utilisant le corps de Grendelor, elle pouvait se servir de ses pouvoirs. Grâce à sa propre énergie, ils étaient plus puissants, mais elle les maitrisait beaucoup moins bien que leur propriétaire. L’aura de Sargas, Sanz et Issac lui était perceptible mais elle doutait de pouvoir les atteindre de manière sûre par téléportation. Son regard noir qui s’était perdu pendant une minute dans le vague, se reporta sur Cordelia.

Soit. Un défi. Tu aimes les jeux, jeune enfant, jouons donc.

Dans son esprit passa en un éclair les milliers d’années de vies qu’elle avait vécues. Un jeu récurrent lui paru approprié.

Très bien, voici ce que je te propose. Faute de tierce personne neutre, Sephi fera l’arbitre, je suis sûre que même les elfes connaissent ce jeu. Sur ma planète il s’appelle « le soleil statue ». Nous partirons d’ici, du doigt elle désigna le bout de la table, et nous devrons atteindre le mur en face, soit environ 15m à parcourir. Sephi nous tournera le dos, il fera la ritournelle : compter jusqu’à 3 et se retourner vers nous en disant soleil. Quand le soleil se lève nous devons rester sans bouger, en aucune manière. Tout changement de forme est considéré comme un mouvement. La première arrivée au mur gagne, la première éliminée perd bien évidemment. La téléportation n’est pas admise. Tu peux te transformer autant que tu veux tant que l’elfe ne te regarde pas. Il peut faire durer le temps qu’il veut son examen de statue. Est-ce clair ?

Ses yeux de nuit se posèrent tour à tour sur Cordelia et Sephi.

L'elfe sembla interloqué, lui arbitre ? Enfin si la métamorphe consentait.

Pourquoi pas, au moins ce jeu est amusant. Si notre petite enfant pleurnicharde et autres est d'accord.
Mon jeu sera énoncer à la suite de celui-ci.

Sur ce l'elfe recula tranquillement, s'éloignant pas à pas des deux femmes. Sourire aux lèvres.
A ce jeu, la métamorphe tiendrait-elle longtemps ? Dès la première observation. l'elfe les feraient plus ou moins durer selon son envie. Un sourire monta à ses lèvres malgré l'urgence de la situation, il était joueur quelque fois.

Quand vos humbles personnes seront prêtent nous pourrons commencer.

Ajouta l'elfe, adosser au mur, tout sourire.

Ils acceptaient de se prêter au jeu ! Quel soulagement ! Cordelia imaginait mal retenir les Visiteurs de force.
Cependant, lorsque la femme annonça le premier défi, Cordelia se mit à paniquer. L'immobilité ? Aucune transformation ? Aucune ?! Elle se changea en une tornade de différences, virant du tout au tout en quelques secondes, kaléidoscope indéchiffrable, morcelé de bouts de vie et de regards.

Puis, lentement, lentement, la métamorphe se calma. Elle choisit de prendre l'apparence d'un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence, encore maladroit dans ses gestes. Elle avait le visage calme, serein.
J'accepte votre défi. Elfe, donne donc le départ !

Les voyants prête l'elfe ajouta tout en se retournant.

Il est bien évident que tant que je n'ai commencé à compter la première fois on n'avance pas.

L'elfe se retourna face au mur, il entendait les pietinement impatient de la métamorphe joueuse.
Le calme glacial de l'entité. Et puis d'un coup alors que :

1 ...

Des bruits de pas et Autres commencèrent à se faire entendre.

2....

L'elfe comptait vite, mais pourtant il sentait la distance se réduire plus ou moins.

3 ...

Toujours, toujours, il avait l'impression d'être lent, très lent, ou elles étaient très rapides. A moins que ce ne soit juste son imagination.

Soleil ...

Il allait se retourné, découvrir la scène immobile devant lui. A quel point auraient-elles avancé.

Cassiopée n’avait jamais menée d’elle-même une plongée dans le Néant, elle s’était toujours laissée guider par Issac en se cramponnant à lui par peur de se perdre. Et ce n’est qu’au moment du contact avec cette glaciale sensation de rien sur elle et dans elle, qu’elle sut…
Elle sut dans un éclair plus rapide que la lumière, plus intense que le noir du vide absolu que le Néant recelait un secret.

Issac s’était étroitement lié à son esprit le temps du passage, si étroitement que Cassiopée ressentit l’attente d’un devenir comme un vide sans fond, sans corps, sans attache que seul leur lien précieux cristallisait.
Leur entrée dans l’univers de Sanz fut autant une révélation fulgurante de l’éclat lumineux de la glace que celle de leur enfermement.

Issac agita ses ailes nerveusement, crachant et sifflant. Cassiopée gardait son calme en contemplant les parois qui les emprisonnaient. Elle venait de réaliser l’exploit de toucher au Néant sans voir son ventre se nouer au point de sembler mourir et elle se sentait empreinte d’une force nouvelle. Ils semblaient être isolés à l’intérieur d’une bulle suffisamment vaste pour que tous deux puissent se tenir debout sans avoir à se plier en quatre. Quand Cassiopée s’attarda à toucher le mur pourpre et translucide de leur prison, elle ne sut en définir la matière. Aucune ouverture susceptible de leur ouvrir la route vers Sanz ne lui apparaissait.

Sanz était là, devant elle, assis sur un trône de verre dont le bleuté n’évoquait que le froid d’un monde sans vie. Il semblait méditatif, concentré sur ses propres pensées. Seule sa voix au timbre grave et ferme exprimait tout le contrôle qu’il maintenait sur la situation alors qu’il parlait à Isaac comme s’il l’avait toujours connu. Tous les traits de son visage évoquaient l’effort et ses rides profondes se concentraient vers le gouffre profond de ses yeux ouvrant sur le Néant.

Alors qu’il attirait leur bulle vers une autre d’une pourpre sombre où Cassiopée aperçut flottant en son cœur le corps d’un nouveau né, elle plongea son regard dans le vide des orbites de Sanz. Elle y plongea si intensément qu’il lui semblait se tenir sur le bord d’une falaise en contemplation des flots sans fin du Néant et devant l’infini du rien sur lequel elle discerna une silhouette incertaine, elle faillit vaciller et se reprit à temps pour sentir la foudre environnante qui grésillait sous ses cheveux.

Issac, à ses côtés avait pris les couleurs chatoyantes d’un immense brasier, de ses yeux pulsait une force que Cassiopée n’avait jamais envisagée. Alors que le dragon devenait flamme, Cassiopée blanchissait, devenait presque translucide alors que sa conscience n’avait jamais eu tant de présence et de puissance de perception. Sa conscience s’était alliée à Issac et observait le cheminement des flux d’énergie qui se déversaient.

1...

Un pas. Un mètre.

2...

Second pas, plus grand.

3...

Le troisième porta la distance parcourue à 4m.

Soleil...

Gagnant encore un demi-mètre, avant de s'immobiliser, hiératique, statue de glace dans la Citadelle gelée. Elle croisa le regard de l'elfe sans qu'une once de sentiment y transparaisse. Elle ne chercha même pas la métamorphe. Un pan de marbre aurait été plus mobile qu'elle. Droite sur ses jambes, comme si elle n'avait bougé entre temps.

L'immobilité... L'absence totale de changement... totale, vraiment ? Pas si sûr. Cordelia avait une idée. Après tout, l'elfe ne pouvait la pénaliser que pour ce qu'il voyait, non ?

1...

Cordelia lança sa tête en avant dans les airs, bientôt suivie de son corps serpentin. Elle avança ainsi de deux bons mètres.

2...

Ce fut cette fois-ci un tourbillon qui fonça à travers la pièce, sans choisir de direction particulière. La tornade renversa la table et deux fauteuils.

3...

Cordelia, maintenant petite fille sage, venait de se replacer dans le jeu. Elle dépassait l'Entité de près de trois mètres. La vitesse a peu de sens pour une métamorphe qui n'est que mouvement. Cordelia aurait pu atteindre le mur dès cette première manche. Mais elle était joueuse et aimait les défis.

Il y avait peu de choses que Cordelia n'aimait pas...

Lorsque l'elfe se retourna, la métamorphe était devenue une véritable statue humaine. Pas un cil, pas un cheveux ne bougeaient. Elle ne semblait même pas respirer.
Je suis une carapace immobile en surface, mais pleine, ô combien pleine de vie ! Son foi devint un bouton de rose. Ses poumons un buisson d'aubépine. Ses os se changeaient peu à peu en bois tandis que l'eau de son corps épaississait, sève parfumée et collante.
De Cordelia, rien ne bougeait en apparence. C'était tout juste si son odeur avait changé, plus verte, plus sucrée peut-être.

L'elfe se retourna, découvrant une métamorphe en avance sur une entité qui semblait toute deux de marbres. Décidément, le jeu allait-il en valoir la chandelle.

Il passa rapidement devant les deux femmes, les observant rapidement. Cette phase si serait rapide, le prochain coup serait lent. Plus lent, très lent même. Il fallait bien les repousser dans leur retranchement.

L'elfe s'approcha du mur, parla

Et bien, mes deux belles statues vont bientôt pouvoir se précipiter.

Se retourna et compta, plus vite.

1.. 2...

Mouvement recommençant.

3... So ..

Bruit fou, pas, décidément tout était utilisé derrière lui pour avancer.

Leil !!!

Il se retourna, devant une nouvelle vision encore.

Maintenant que Cordelia avait trouvé la parade, le jeu ne l'intéressait plus. Si cele ne tenait qu'à elle, elle se serait assise pour jouer avec ses pieds et se raconter des histoires avec son corps.
Il était une fois...
Mais le Maître avait été formel : les Visiteurs devaient être retenus.
Allons, courage !

Au deuxième tour, Cordelia prit donc sur elle et se prépara à gagner.

1.. 2...

L'elfe comptait vite. Mais la métamorphe n'en avait cure. À peine avait-il fini de prononcer le "deux" que Cordelia, véloce guépard rose, était déjà contre le mur d'arrivée.

3... So ..

Cordelia redevint femme, vêtue d'amples jupes superposées. Elle éxécuta une petite danse et fit une grimace en direction de l'elfe, qui ne l'avait pas encore vue.

Leil !!!

Puis elle se figea, appuyée nonchalemment contre le mur, alors que l'elfe se retournait.

Les facultés de la métamorphe étaient intéressantes. Elle était sûre que Grendelor serait ravie d'exercer ses dons de guérisseuse sur elle. Ce devait être un défi que de "réparer" quelque chose qui n'a pas de forme...

Ce fut cette réflexion, et le fait qu'elle la pensait plus joueuse, qui fit que l'entité ne remarqua pas tout de suite que Cordelia avait décidé d'en finir ce tour-ci. Aussi, bien qu'elle fut très rapide, son temps de réaction ne lui permit que d'arriver quelques dixièmes de secondes après Cordelia, se déplaçant si rapidement qu'un courant d'air souleva les cheveux de l'elfe.

Alors qu'il se retournait pour trouver les deux femmes contre le mur, l'entité parla calmement.

Elle a gagné. A ton tour de la défier.

Elles étaient déjà toutes deux arrivées. Elles étaient rapide. Après tout, cela était sans importance.
Il faudrait voir si elle résisterait à son épreuve.

Et bien petite métamorphe, on dirait que tu tiens bien l'immobilité. Cela dit pour la suite je t'autorise à changer entre 2 formes que tu auras choisis avant. Extérieurement en tout cas. Pour la suite, je te proposerais bien un petit exercice de jonglerie. Qu'en dis tu ? Évidemment il y aura bien plusieurs règles.
Kordrok, 8 torches s'il te plait.

Le nain, s'exécuta, le marteau frappa une fois de plus le sol, dégageant une mégère gerbe de pierre. Troisième rune s'éclairant sur le marteau. Le tatouage bleu cernant la poitrine du côté du cœur devint or pur, rejoignant les deux du dos. D'un coup, nouveau, d'un seul, 8 bâton de pierre d'une quarantaine de centimètre jaillir du sol. Gerbe de flamme s'enroulant en leur sommet après une courte manœuvre de l'elfe.

Nous voilà servis mais chère. A qui tiendra le plus longtemps, et réussira à impressionner la foule de deux personnes nous entourant.

L'elfe se pencha, révélant un court instant une lune d'un noir pur, rieuse aux éclat sur la droite du cou, habituellement caché par les long cheveux cristallins.

Acceptes tu ce challenge ? Si tu refuses, tu auras perdus. Choisis donc les deux formes que tu souhaites. Qu'importe le nombres de bras, tant que tu fais de la jonglerie. De la vraie.

L'elfe souris, partant dans une éclat de rire heureux. Comme retrouvant quelque chose qu'il aimait.