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 Folie [policier]

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Rumulus

Rumulus


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MessageSujet: Folie [policier]   Folie [policier] Icon_minitimeSam 13 Fév - 1:46

Note : Ce RP quelque peu long fût déjà posté sur le board officiel de Ogame, toutefois, il ne fût jamais terminé. J’ai donc décider de le terminer ici même en Ter Aelis. Quoi de mieux que de terminer une histoire en Ter Aelis…surtout si c’est le premier texte que l’on entrepose malgré le fait que je suis ici depuis le début du projet de Ter Aelis. Pour certain cela pourrait sembler pathétique…mais j’aime prendre mon temps XD. Bref, certains l’on peut-être déjà lu, dont dvb sur le board, mais je l’ai revu et corrigé quelque peu…pour améliorer sa lisibilité et corriger quelques maladresses en plus de m’efforcer de corriger mes maudits participes passés! (Bête noire de toujours hélas). Vous m’en direz des nouvelles si ma tentative n’a été que vaine et inutile. Bref, je préviens aussi que je ne serais pas tendre, ce texte est glauque, carrément sordide, donc les âmes sensible s’abstenir.



Folie

Chapitre un : Le Cadavre qui entendait les murmures de l’eau.


Les murs de la pièce étaient d’un gris terne qui ne se mariait que peu avec le beige du sol carrelé datant d’une quarantaine d’années. Ces murs étaient vide, ne contenaient aucun papier peint, aucun tableau, ni même la moindre inscription obscène, graffiti abject ou égratignure accidentelle quelconques. De quoi rendre complètement folle une décoratrice d’intérieurs. Une minuscule fenêtre rectangulaire semblait s’étouffer au sommet d’un des murs. Celle-ci éclairait les quelques, mais rudimentaire, meubles qui parsemaient la pièce. Un lit métallique aux draps et aux cousins d’un blanc immaculé, une petite table de chevet, accompagné d’une lampe d’un mauvais goût, une minuscule table en bois grossièrement assemblé au fond de la pièce mariée à deux chaises jumelles bien petites et une toilette dans un coin, jumelée d’un lavabo à la propreté douteuse.

On peut donc conclure éventuellement que cette pièce n’était pas la chambre à coucher du Président des États-Unis d’Amérique, mais bien une cellule. Malheureusement, ce n’était point une cellule pour un criminel, mais pour un patient. Malgré le fait que ledit patient ait égorgé ses parents et sa petite sœur lors d’une sortie au Cinéma parce que des voix dans sa tête le lui avaient ordonné. Il fût par la suite interné dans un centre de psychiatrie en plein centre de Cracovie. Or, malheureusement pour lui, celui-ci se trouvait actuellement allongé sur le sol, mort, deux crayons de plomb planté dans les oreilles et plusieurs plaies ensanglantées aux tempes, à la nuque et au front. Le tout avait généré une gigantesque flaque de sang assez spectaculaire. Deux infirmiers se trouvaient dans l’encadrement de la porte, tandis qu’un médecin était assis sur une des deux chaises, écrivant plusieurs notes dans un petit carnet.

Docteur, pouvons-nous amener le corps à la morgue? Demanda l’un des infirmiers.

Non, pas tout de suite, dit-il simplement.

Le Docteur Czajkowski quitta lentement sa chaise et tourna autour du corps en observant sa position et les nombreuses particularités sordides qui le caractérisaient. Il se pencha au-dessus du mort et observa les blessures pendant un long moment pour ensuite, se concentrer sur les crayons de plomb tâchés de sang. Il se leva ensuite pour balayer la salle de son regard observateur, clinique, presque policier. Il fit le tour de la pièce, s’arrêtant un moment près du lavabo pour ensuite, examiner sommairement les draps du lit. Il s’arrêta alors pour prendre quelques notes et il quitta la pièce en prenant bien soin d’éviter les regards des deux infirmiers. Comme si le départ du Docteur avait été un signal, les deux infirmiers introduisirent une civière dans la pièce et ils entreprirent la délicate tâche d’y mettre le corps du pauvre bougre. Après quelques grognements, jurons étouffés et grincements métalliques, le corps fût finalement allongé sur la civière et un drap blanc le recouvrit presque immédiatement.

C’est toujours nous qui avons le sale boulot!

Arrête de chialer, au moins on est bien payé.

Ouais… mais quand même… si je reste plus de dix ans ici, je crois que je vais devenir comme eux! Complètement dingue et carrément zinzin!

Oh! Mais tu l’es déjà mon vieux!

Oh! La ferme Henryk! Amenons ce pauvre bougre à la morgue et après on se fait une partie de cartes.

Avec argent?

Si tu veux…

Dix minutes plus tard, les deux infirmiers arrivèrent à la morgue en se querellant sur une quelconque équipe de foot polonaise, sous les yeux exaspérés du médecin légiste qui s’amusait joyeusement en tripotant un intestin grêle devant le corps complètement ouvert d’une jeune femme. Il regarda les infirmiers transporter le corps sur l’une de ses civières de travail et les deux hommes retirèrent la couverture de son visage.

Vous en avez un troisième doc!

Un troisième! Je n’ai même pas encore terminé avec cette demoiselle.

Bah! ça vous donne du boulot au moins. Il n’y a pas eu de meurtre à Cracovie depuis déjà quatre semaines et les flics doivent vraiment s’emmerder à mort là-haut.

Les policiers ont d’autres occupations que résoudre des meurtres Stefan, il y a ces incendies criminels sur l’Avenue Dominikańska et cette affaire sordide de viol dans les quartiers nord de la ville.

Ouais ouais… bon salut doc! dit le dénommer Stefan.

Ouais salut doc! dit le dénommer Henryk.

Attendez! Une minute!

Les deux infirmiers se retournèrent vers le médecin légiste.

Ouais doc? Demanda Henryk.

Qui est l’inspecteur qui l’a examiné?

Je ne sais pas trop. Demandez au Doc.Czajkowski, c’est lui qui nous a appelés pour transporter le corps jusqu’ici. Je suppose que la police est passée avant qu’il nous appelle.

Ah bon. Merci.

Les deux infirmiers quittèrent la salle sous les yeux gris du médecin légiste. Il s’appelait Lorenz Ambroziak, dans la soixantaine, médecin de métier depuis vingt ans et médecin légiste depuis près de dix ans, il n’avait jamais quitté Cracovie et pourtant il connaissait le monde comme s’il en avait fait le tour une bonne centaine de fois. Homme cultivé, aimant par-dessus tout la lecture et la musique de Tchaïkovski, de Stravinski, de Mozart et de Wagner, il adorait jouer du violon dans ses temps libres et écouter de vieux films français des années avant la Deuxième Guerre. Il avait des cheveux poivre et sel, ce qui lui donnait un certain charme, surtout grâce à ses yeux d’un gris luisant et intelligent. Plutôt petit, il était d’un caractère qui imposait le respect et la sympathie et il portait de petites lunettes argentées qu’il portait toujours au bout du nez. Lorenz était marié depuis trente-cinq ans à une charmante Russe qui était malheureusement décédée il y a près de dix ans dans un tragique accident, frappé par une voiture conduite par de jeunes hommes sans permis de conduire.

Il s’était alors pleinement lancé dans son travail, ainsi que dans ses loisirs pour masquer la tristesse qu’il éprouvait en pensant à sa pauvre femme disparue. La morgue se trouvait dans le sous-sol d’un énorme bâtiment qu’un poste de police, un hôpital et un centre de psychiatrie se partageaient. C’est pourquoi Lorenz recevait soit des corps provenant de scènes de crimes, soit des corps provenant de la table d’opération ou des corps provenant du centre de psychiatrie. Toutefois, il était rare que le centre envoie des corps à la morgue, mais la plupart du temps c’était des patients qui s’étaient suicidés. Mais cette semaine, c’était le troisième, un troisième patient qui se suicide et d’une façon atroce. Lorenz regarda la jeune femme aux cheveux d’un noir sombre, pâle comme un linge. Elle avait un certain charme… si on excluait les deux barres de métal enfoncé dans ses deux yeux. Il déposa l’intestin grêle dans un récipient métallique et il s’approcha du corps du jeune homme. Il changea rapidement de gants et il retira les deux crayons de plomb qu’il mit dans un sac de plastique pour les policiers. Il était étrange qu’ils n’aient pas retiré les crayons eux-mêmes.

Il s’en retourna ensuite à sa jeune femme suicidée aux yeux crevés par des pieux métalliques. Ceux-ci avaient déjà été retirés et gisaient eux aussi dans un autre récipient métallique, menaçant, terrifiant, mais qui laissait de marbre Lorenz. On avait trouvé le corps de cette femme hier soir et maintenant c’était celui d’un jeune homme, ce matin en plus. Il émit un grognement de satisfaction, il aurait du travail pour au moins deux jours, quel plaisir! Mais avant qu’il ne continue son boulot, il se dirigea vers son bureau et il décrocha le combiné pour appeler le Commissaire Bressler. Il grogna de mécontentement en remarquant qu’il n’avait pas enlevé ses gants déjà tâchés de sang et que le combiné était maintenant complètement souillé.

Commissaire Bressler à l’appareil.

Dominik, c’est Lorenz. Je voudrais savoir si c’est l’inspecteur Heleniak qui s’est occupé du jeune homme suicidé ce matin.

Quel jeune homme? Il y en a un troisième!

Vous n’êtes pas au courant? On vient de m’emmener le corps.

Ils ont décidé de tous se suicider ou quoi! Et pourquoi ne nous a-t-on pas prévenus?

Je ne sais pas. Demandez au Docteur Czajkowski, c’est lui qui a demandé aux infirmiers d’amener le corps jusqu'à la morgue.

Mais je rêve! J’espère qu’ils n’ont pas trop abîmé le corps en le transportant! Mais quel manque de professionnalisme, même un môme de 5 ans appellerait la police avant de toucher au corps! Il va m’entendre ce Czajkowki! Vous pouvez me croire Lorenz!

Oui Dominik, je préfère ne pas toucher au corps pour l’instant, j’ai simplement retiré les crayons de plomb qu’il avait plantés dans ses oreilles…

Dans les oreilles, vous dites?

Oui dans les oreilles… je dois dire que ces patients n’ont pas froid aux yeux.

Un grognement retentit dans l’appareil.

Ces cinglés… même internés ils nous posent des problèmes.

Soyez indulgent Dominik. Soyez indulgent.

Oui, oui… bon… je vous envoie l’inspecteur Heleniak… et comment se nomme déjà ce médecin stupide?

Le Docteur Czajkowski.

Je vais aussi charger Heleniak de lui botter les fesses.

Charmant. Bien, je vais l’attendre, de toute manière je n’ai pas terminé avec la charmante demoiselle d’hier soir.

Plus aussi charmante avec ces deux pieux métalliques dans les yeux vous voulez mon avis.

Pour moi, tous les cadavres sont charmant Dominik.

Moi je les préfère vivantes.

Moi aussi…

… je… je suis désolé Lorenz…

Oubliez celà,… bon au revoir Dominik.

Au revoir Lorenz et désolé encore, n’oubliez pas notre dîner de samedi. Ma femme prépare du canard cette fois-ci.

En y pensant, j’ai les papilles gustatives qui s’affolent! Bon, je raccroche maintenant.

Il déposa le combiné et il grogna une deuxième fois en le voyant complètement tâché de sang. Après une petite opération de nettoyage intensif dudit combiné, il s’attela à sa charmante et séduisante morte aux yeux crevés. Quand Heleniak arriva, Lorenz sifflait du Tchaïkovski.
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Rumulus

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MessageSujet: Re: Folie [policier]   Folie [policier] Icon_minitimeSam 13 Fév - 9:00

Bonjour Lorenz. Votre bonne humeur, j’espère, ne vient pas de la mort de ce jeune homme?demanda l'inspecteur Heleniak.

Oui et non Artur. Oui parce qu’il me permet de faire mon travail et tu sais parfaitement que j’aime ce travail. Et non parce que bien entendu, la mort d’un être humain, peu importe son identité, m’attriste toujours. Alors, ne crois surtout pas que je suis un être insensible et cruel quand même!

Bien sûr que non Lorenz. Quoique certains de mes collègues vous trouvent beaucoup trop cruel au niveau de vos critiques!

Ce n’est pas ma faute si certains inspecteurs sont de véritables incompétents dénués de matière grise! Surtout ces jeunes nouveaux qui se croient importants, puissants, indestructibles et qui vomissent toute leur tripe quand ils arrivent sur les lieux de leur premier homicide. Parfois, ils ne prennent même pas la délicatesse de régurgiter leur déjeuner ailleurs que sur la scène de crime.

Il est vrai que certains d’entre eux sont d’un narcissisme écoeurant, mais ils sont sous les ordres du Commissaire Bressler et quand celui-ci n’aime pas un de ces narcissiques écoeurants et bien lesdits malheureux se retrouvent habituellement délocalisés quelque part dans une bourgade de campagne.

Si j’étais lui, j’enverrais Hercberg dans ladite bourgade de campagne. Je le soupçonne de prendre des stéroïdes.

Et qu’est-ce qui vous fait dire ça?

Cela est impossible d’avoir autant de muscles et une aussi petite tête! À chacune de ses visites, il ne cesse de me montrer sa « charpente », selon ses propres dires. Il prend un malin plaisir à comparer ma propre « charpente » à la sienne. Selon une théorie que j’ai élaborée en lisant quelques livres sur la psychologie humaine il y a trois semaines, il a si peu de matière grise comparativement à moi, qu’il se console en comparant mon corps vieux, faible et ratatiné à son propre corps gigantesque, énergique et débordant. Mais puisque je suis… euh… généreux, je le laisse faire.

Et pourquoi?

Et bien, s’il perd cette consolation… j’ai peur qu’il se suicide le pauvre!

Vous n’êtes pas trop dur avec lui? Et je doute qu’il prenne des stéroïdes, son père et son grand-père avant lui étaient tous aussi imposants.

Il devrait quand même cesser de faire son petit spectacle, cela commence à m’énerver.

Comme beaucoup de choses provenant de mes collègues Lorenz.

Effectivement! En parlant de vos collègues…Filipek est parfois…

Lorenz, Lorenz… ce n’est pas à moi de recueillir vos plaintes. Je suis ici pour le jeune homme qui s’est suicidé ce matin. Je suppose que vous n’avez pas encore commencé l’autopsie?

Effectivement. Mais j’ai terminé celle de la charmante demoiselle d’hier soir. Malgré son état mental qui laisse à désirer, selon son dossier médical, sa santé physique est parfaite. Sauf bien entendu ses blessures aux yeux et à l’encéphale.

Ce sont les pieux qui l’ont tué?

Oui, après avoir crevé les yeux, ils ont pénétré dans la boîte crânienne et ils ont mortellement endommagé l’encéphale.

Il venait de s’emparer du cerveau de la jeune femme et Heleniak fit un léger mouvement de recul.

N’ayez pas peur, je ne vais pas vous le lancez à la figure quand même. Mais je le ferais volontiers à Filipek!

Bon continu…

Et bien, les pieux se sont frayé un chemin dans l’encéphale en pulvérisant l’hippocampe de l’hémisphère gauche et en sectionnant une grande partie du lobe pariétal dans les deux hémisphères et je passe les amygdales et le lobe frontal!

Meurtres ou suicide? Demanda Heleniak d’un ton las.

Suicide. Elle n’a aucune blessure apparente autre qu’aux yeux. Si l’agresseur avait voulu la tuer avec ces pieux tout en gardant une précision de cette nature, il l’aurait sûrement assommé et elle se serait débattue. Or, il y aurait certainement eu des marques dévoilant ce genre de chose. Mais voilà, il n’y en a pas et je doute qu’elle se soit laissée faire comme une belle chienne obéissant à son maître, même si elle était complètement folle. De plus, j’ai appelé l’infirmière en chef, et selon son témoignage cela soutient la thèse du suicide.

Bon… c’est tout?

Oui. Il ne reste plus qu’à savoir pourquoi elle s’est joyeusement plantée des pieux dans les yeux.

Je doute que dans l’état mental où elle se trouvait, il y ait une raison rationnelle à son suicide.

Toutes personnes qui se suicident, même avec une santé mentale amoindrie, ont une raison de se suicider. Je suis sûr que la famille aimerait savoir pourquoi elle a commis l’acte final.

Elle a malheureusement tué son mari et ses quatre enfants parce qu’elle voyait Satan en eux.

Oh? C’est donc la femme de Lusina! Dans le sud de Cracovie! Je devrais m’informer sur les patients du centre, ils ont vraiment de grandes célébrités!

Je ne crois pas que nous pouvons la qualifier de vedette.

Effectivement, effectivement. Mais les médias en ont parlé durant des semaines de cette affaire. C’était il y a cinq ans, je crois, non?

Oui, un gros bordel, j’en étais à ma septième année à la criminelle, j’avais une tante qui habitait dans le coin, elle m’avait présenté l’inspecteur qui s’était occupé de l’affaire à l’époque. Enfin bref…

Les deux hommes restèrent silencieux un moment, Lorenz perdu dans ses pensées tout en observant la jeune femme et Heleniak qui faisait semblant de s’intéresser aux pieux métalliques, mais se sentant pourtant très mal à l’aise sans savoir vraiment la raison. Lesdits pieux étaient maintenant à l’intérieur de sacs de plastique qu’on utilisait généralement pour y mettre des pièces à conviction.

Bon! Je crois que je vais y aller.

Oui! Je ne te retiendrais pas plus longtemps. Et je te ferais signe quand j’aurais terminé l’autopsie de mon deuxième invité.

D’accord. On se revoit plus tard alors.

Oui, à bientôt.

L’inspecteur s’empara du sac de plastique contenant les pieux métalliques pour le mettre ensuite dans la poche droite de son gros et lourd manteau. Il sortit ensuite de la salle en faisant claquer les deux portes battantes derrière lui, quittant enfin l’odeur de la mort et la température glaciale de la morgue. Il s’approcha des ascenseurs et il appuya sur le bouton noir qui appela immédiatement un ascenseur qui semblait être au dixième étage. Heleniak émit un soupir las qui résonna dans le couloir vide et silencieux. Il détestait les sous-sols. Des endroits vide, silencieux, ou le grisâtre côtoyait le blanchâtre un peu partout sur les murs, le plancher et le plafond. De plus, il y faisait plus froid que dans le reste du bâtiment, accentuant encore plus le sentiment de malaise qu’il ressentait toujours quand il venait ici. Toutefois, il ne savait pas quoi exactement le rendait mal à l’aise… ou bien… c’était l’ensemble des sous-sols qui causait cet effet. Bref, il reste qu’il aimait mieux les endroits avec des personnes vivantes de préférence, ce qui était parfaitement compréhensible. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent enfin devant lui et un infirmier surgit subitement. Celui-ci ne s’entendait pas à ce que quelqu’un se tienne exactement devant l’ascenseur causant ainsi une inévitable collision frontale. Il s’excusa en bafouillant lamentablement et il tourna le dos à Heleniak pour se diriger vers les entrepôts.

Celui-ci le regarda disparaître au bout du couloir avant de se décider à pénétrer dans l’ascenseur, tout en grommelant de mécontentement. Il traversa les vingt étages nécessaires avec un ennui apparent pour ensuite, se retrouver dans un couloir d’une couleur assez triste qui mènerait n’importe quel dépressionnaire au suicide. Il soupira encore une fois, maudissant celui qui avait construit ce bâtiment, ce furoncle de béton armé au milieu de Cracovie. L’édifice était d’un pur style socialiste… l’efficacité avant tout! Ils auraient pu au moins copier le gothisme stalinien représenté par les sept Sœurs de Moscou et le Palais de la Culture et de la Science à Varsovie. Ces bâtiments étaient assez grandioses et ils auraient été plus appréciés à Cracovie que le bloc de béton qui faisait figure de poste de police, d’hôpital et de centre de Psychiatrie. Les couloirs étaient d’un vide effrayant et plusieurs tentatives vaines avaient été faites pour rendre les couloirs et les pièces un peu plus joyeuses. Une plante verte s’étouffant par ci, un semblant de mobilier extravaguant par là. Même la lumière du soleil ne semblait pas avoir la volonté de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Comme si elle avait peur de se perdre à jamais dans les méandres maussades de l’édifice.

Peut-être que ses vingt ans passés en Colombie-Britannique avaient accentué le dégoût qu’il éprouvait face à l’héritage architectural des quarante années passées sous le socialisme soviétique. Il était revenu en Pologne après que le rideau de fer soit définitivement tombé pour prendre des nouvelles de son père et de sa mère. Malheureusement, celui-ci était mort et sa mère vivait maintenant seule dans la demeure familiale en périphérie de la ville. Il avait donc continué son métier de policier à Cracovie, et ce, pour ne pas laisser sa mère toute seule, mais aussi parce qu’il avait revu une amie d’enfance. Un an après ces retrouvailles, ils s’étaient mariés dans une Église Catholique de Cracovie, ayant survécu au régime socialiste.

L’inspecteur Heleniak se retrouva bientôt devant la réception. Une infirmière blonde à lunette et au regard froid l’accueillit d’un ton autoritaire et glacial. Le genre de femme à ne pas se frotter si vous teniez à la vie. Heleniak montra son badge et exposa la raison de sa visite. L’infirmière l’analysa de la tête au pied de son regard dur. Il resta planté là, le dos droit, le regard tout aussi dur que son interlocutrice, ne bronchant pas d’un poil. La scène ne dura que quelques secondes et l’infirmière sembla être satisfaite du résultat de son analyse. Elle émit un léger sourire, démontrant sûrement que le policier était digne de pénétrer dans la chambre d’un patient sans foutre le bordel. Elle avait sûrement en tête le premier policier qui s’était occupé du premier suicide avec ses grosses bottes militaires imprégnées de boue. En y repensant…, c’était sûrement cette infirmière qui avait piqué une crise d’hystérie à cause de cette gaffe monumentale. Heleniak ne put s’empêcher de regarder ses souliers de ville bon marché pour vérifier s’ils étaient impeccables. Il soupira intérieurement de soulagement après la vérification.

L’infirmière le mena à la chambre qu’il désirait et elle sortit un trousseau de clés. Elle en inséra une dans la serrure de la porte et elle l’ouvrit brusquement tout en s’écartant prestement pour laisser passer le policier. Heleniak fit un signe de tête pour dire à l’infirmière que tout était correct et celle-ci s’éloigna en demandant à l’inspecteur de l’avertir quand il aurait terminé. Heleniak pénétra dans la chambre et balaya son regard dans la pièce. Il pouvait commencer ses investigations.
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Rumulus

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MessageSujet: Re: Folie [policier]   Folie [policier] Icon_minitimeMer 17 Fév - 11:17

Premièrement, l’inspecteur marcha jusqu’au centre de la pièce pour mieux observer l’énorme flaque de sang qui était en train de coaguler sur le sol. On pouvait voir clairement qu’un corps avait été allongé sur la flaque et qu’on l’avait apparemment déplacé. Heleniak avait les infirmiers en tête. Ils avaient tout foutu en l’air cette section de la scène de crime…ou plutôt de suicide. De toute manière, il devait suivre la procédure et la femme de la scientifique n’était pas encore arrivée. Il entendit quelques minutes, s’attardant autour de la table et des chaises, examinant le lit et la table de chevet. Douze minutes plus tard, une femme se présenta à la porte, il l’a reconnu tout de suite. Regina Cieslak, spécialiste de l’Institut d’expertise judiciaire de Cracovie. Il avait souvent travaillé avec elle, pour cause, elle était du même tempérament que Lorenz. Elle détestait travailler avec des nouveaux, ce qui l’a rendait irritable et causait généralement des conflits et des tensions entre la Police et l’Institut. C'est pourquoi on assignait généralement Regina sur des enquêtes dirigées par des inspecteurs d’expérience…soit Heleniak dans la plupart des cas.

Chose que Heleniak n’avait pas beaucoup appréciée au début, puisque Regina était une amie ou plutôt LA meilleure amie de sa femme. Après ses retrouvailles avec Erika, Regina avait manifesté une grande hostilité envers Artur. Il avait compris que la jeune et belle spécialiste était l’une des femmes qui trouvaient ou plutôt qui étaient convaincues que tous les hommes étaient des salauds. Chose assez compréhensible après trois liaisons amoureuses ayant tourné au fiasco et une tentative de viol à la troisième. Artur avait donc enduré les sarcasmes, provocations et les critiques, parfois violente, de Regina jusqu'à son mariage avec Erika. Elle cessa cette activité pour se contenter de regards assez éloquents et un silence parfois oppressant. Il avait dû attendre deux ans avant que Regina accepte entièrement le mariage, quatre avant que celle-ci ne l’accepte lui et cinq pour qu’elle commence à le respecter. Aujourd’hui, leur relation était des plus amicale et Heleniak savait qu’il avait réussi à prouver sa valeur et son expérience aux yeux de Regina. Un exploit assez difficile si l’on connaissait assez bien le genre de femme qu’elle était. D’ailleurs, selon les dires du patron de Regina…les seuls hommes qu’elle respectait dans ce bâtiment étaient le Commissaire Bressler, Artur Heleniak et Lorenz Ambroziak, chose qu’il ne l’étonnait pas beaucoup.

Un autre? Quel est leur problème tout à coup? C’est un effet secondaire de leur médication ou quoi? Le dernier était hier soir non?

Oui.

Avec Regina…on devait oublier les « Bonjour », les « Salut » ou les « comment ça va? » sinon elle risquait de vous frapper à la figure.

Où est le corps? Ne me dis pas que tes incompétents de collègues l’ont déplacé avant que je n’arrive!

Non, soupira-t-il, c’est un psychiatre qui n’a pas daignez avertir la police avant de faire porter le corps à la morgue.

Regina fronça les sourcils.

Un psychiatre? Ce n’est pas du tout professionnel pour un homme en blouse blanche et une dizaine de diplômes derrière son bureau!

C’est justement mon opinion.

Il y a sûrement un truc, parce que même un aliéné habitant dans un véritable trou perdu aurait averti la police avant de toucher au corps…ou bien ce doc est un véritable crétin.

S’il était crétin comme tu dis, il ne serait pas psychiatre.

Et bien je ne vois qu’une explication plausible!

Laquelle ma chère? Dit-il en sachant très bien la réponse.

C’est parce que c’est un homme!

Sur cette révélation qui ne sembla pas faire réagir Heleniak, Regina déposa sur le sol l’énorme valise métallique qu’elle transportait toujours avec elle sur une scène de crime. Heleniak l’a regarda l’ouvrir et prendre deux paires de gants en latex d’un blanc laiteux. Elle lui tendit une paire de gants et Heleniak les enfila lentement, détestant par-dessus tout que ces foutus gants se déchirent entre ses doigts, chose qui le mettait sur les nerfs.

Bon! Dis-moi ce que tu sais pour que je sache où chercher veux-tu?

Le suicidaire est un homme de 22 ans, un peu maigrichon, originaire de Bratislava en Slovaquie. Sa famille et lui ont immigré à Cracovie il y a environ huit ans et ils ont obtenu la citoyenneté polonaise peu après. Il y a deux ans, il a tué ses parents et sa petite sœur dans un Cinéma avec un couteau de cuisine de fabrication allemande.

Hmmm… c’est le cinglé qui entendait des voix c’est cela? Ils ont de vraies célébrités ici!

Lorenz veut justement créer un fan-club pour idolâtrer les «stars» internées ici.

Pardon?

Peu importe.

Il balaya le vide de sa main droite comme pour chasser l’échange qu’ils avaient eu.

Bon, il a été interné ici juste après les évènements tragiques. Aucun incident grave durant son internement ou peut-être quelques-unes… je devrais relire le dossier. Je l’ai laissé sur mon bureau avant d’aller voir Lorenz.

Hmmm il va bien?

Euh oui… euh… donc, on l’a retrouvé ce matin, je ne connais pas l’heure, ni les circonstances de la découverte et ni comment il était positionné lorsqu’ils l’ont découvert. Mais je sais qu’il s’est planté deux crayons de plomb dans les oreilles.

Dans les oreilles? Insolite…

Oui… comme les deux autres suicidés de cette semaine…

La première suicidaire s’est tailladé le corps en entier avec une ampoule fracassée, la deuxième des pieux dans les yeux et maintenant une troisième victime avec des crayons de plomb dans les oreilles. On se croirait dans le film Décadence.

Un autre film que je n’ai jamais vu et que je n’irais pas voir.

C’est tout?

Les infirmiers et les médecins compléteront les détails qu’il nous manque, pour le moment mettons-nous au travail.

Je m’occupe de la zone où se trouvait, apparemment, le corps. La zone étant fichue à cause de cet imbécile de doc qui a eu la brillante idée de déplacer le cadavre, je vais tout de même voir ce qui reste comme élément.

J’ai déjà commencé à inspecter les meubles sommairement avant ton arrivée.

Prends la lampe noire et du luminol et suis la procédure pour chaque meuble.

Ouais… mais… la procédure ne s’applique que pour les meurtres…et nous avons un suicide.

Habituellement, c’est moi qui émets ce genre de remarque et c’est toi qui me casses les oreilles avec le protocole!

Je n’ai pas dit que je n’allais pas le suivre!

Elle ne répondit point à la réponse d’Heleniak et elle se concentra sur la flaque de sang sur le sol. Heleniak resta planté au milieu de la pièce pendant une dizaine de secondes avant de prendre la lampe noire et le vaporisateur de luminol que Regina avait déposés tout près de sa valise. Il commença par la table et comme il s’y attendait, il y avait une bonne vingtaine d’empreintes digitales provenant sûrement de la victime, des médecins et des infirmiers. Avec du papier adhésif, il recueillit les plus exploitables et il fit la même chose sur les chaises et le bureau de chevet .Il remarqua qu’il y avait du sang au bord dudit bureau de chevet Il prit l’appareil photo de Regina qui traînait sur le sol et il prit les tâches de sang en photo. Il fit la même chose avec chacun des meubles et la flaque de sang.Puis, il revint à son inspection et il ne découvrit rien d’intéressant sur le lit, ni en dessous et ni entre les draps. Rendu au lavabo, il remarqua plusieurs accumulations de sels et minéraux, principalement du calcaire, qui formait une sorte de longue coulisse blanchâtre qui allait jusqu’au trou d’évacuation du lavabo. Il aspergea le robinet de luminol et il passa le rayon UV de la lampe noire au-dessus. L’une des deux vis qui retenaient le robinet au lavabo devint presque entièrement blanche. Heleniak s’approcha un peu et il remarqua que la vis était entièrement recouverte d’empreinte digitale partielle qui serait apparemment inutilisable s’ils étaient sur une véritable scène de crime. Il regarda la deuxième vis, celle-ci était intacte, d’un gris terne et sale. De plus, Heleniak remarqua que la deuxième vis était soudée au robinet, empêchant quiconque de dévisser celui-ci et de s’en servir comme une arme ou pour s’enlever la vie. Or, pourquoi la deuxième vis était-elle dessoudée?

Quelqu’un a tenté de dévisser le robinet, dit-il en ne s’adressant qu’à lui-même.

Tu penses que c’est le suicidé? Demande Regina sans lever la tête.

C’est plausible. Mais comment aurait-il pu dessouder une vis?

Regina leva la tête.

Il faut un équipement lourd pour pouvoir dessouder une pièce métallique, ce n’est donc pas la victime, mais quelqu’un d’autre qui a dessoudé cette vis. Peut-être un plombier qui a oublié de la souder. Sache que la plupart des meubles, vis et objets métalliques sont soudés pour qu’ils ne soient pas utilisés par les patients. De plus, il y a seulement des chaises en bois dans les chambres des patients à risques faibles.

Il a tué sa propre famille! Je doute qu’il soit un risque faible! Dis Heleniak en regardant les deux petites chaises en bois dans le coin de la pièce.

Tu diras cela aux médecins. Mais cette vis est un signe de négligence. Si tu savais ce qu’un mec dérangé peut faire avec une simple vis.

Faire exploser un train?

Dit comme cela… cela ne m’étonnerait pas!

Elle s’approcha du lavabo et elle regarda la vis en question.

Il y a eu beaucoup de manipulation sur cette vis. Or, la deuxième est intacte. Je conclus qu’il n’y a pas eu de manipulation sur la deuxième… puisqu’il n’y a aucune trace d’empreinte digitale dessus. Donc, la victime ou soit un employé savait que cette vis était… comment dire… à risque.

Tu as l’air de vouloir faire un rapport d’inspection pour le Ministère de la Santé.

Je ne sais pas ce qui m’en empêche!

Peut-être le fait que tu n’es pas une inspectrice du Ministère de la Santé?

Tu m’énerves!

Merci, cela me fait chaud au cœur!

Bon, on passe à autre chose?

Le sang par exemple?

Il n’y a rien à en tirer, ce médecin salopard a tout foutu en l’air.

Et cela te met en colère?

Si je le vois, je lui flanque une raclée!

J’adore ta façon de saluer les gens.

Elle lui jeta un regard noir et Heleniak lui répondit avec un demi-sourire moqueur.

Et moi je déteste quand tu changes d’humeur subitement comme ça!

L’inspecteur haussa les épaules comme pour dire : «Ce n’est pas ma faute! » Et il s’éloigna du lavabo que Regina avait subitement continué à examiner pour s’approcher ensuite, de la table de chevet. Il se pencha légèrement et il empoigna les deux poignés du seul tiroir qu’abritait le meuble. Il tira lentement le tiroir qui émit des grincements plaintifs et il fouilla ensuite à l’intérieur. Il n’y avait que quelques objets personnels et une bonne centaine de feuilles de papier blanc utilisé ou non, ainsi que plusieurs cahiers à dessin accompagnés de plusieurs paquets de fusain tout déjà utilisé. Il s’empara d’un des cahiers et il l’ouvrit sur la première page. C’était un dessin représentant une foule de personnes dans un quelconque lieu public. Le dessin était d’une netteté surprenante et d’une précision fascinante. Il regarda vaguement les autres dessins, puis il ferma le cahier pour le mettre dans un sac de papier kraft, suivit des autres cahiers et feuille de papiers. Les objets personnels furent mis dans le deuxième sac. Heleniak regarda le fusain dans sa main pour ensuite jeter un regard dans les sacs et dans le tiroir. Il fronça les sourcils et il se tourna vers Regina.

Si notre joyeux suicidé faisait des dessins avec du fusain, d’où proviennent les crayons de plomb planté dans ses oreilles?

Regina se retourna brusquement, une expression étrange sur son visage. Elle regarda pendant quelques secondes le fusain dans la main d’Artur pour regarder l’inspecteur dans les yeux.

Ça sent mauvais tout ça.
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