[Unique]Les grilles de la Cathédrale

En dehors des offices, la seule entrée qui permette d'accéder à la cathédrale même, à travers le parc que ceignent de hauts murs et les casernements, est gardée en permanence par un bataillon de Frères jurés qui exécutent leur mission avec zèle.
En vérité, ils sont peu nombreux, ceux qui chercheraient à s'introduire dans un lieu où la fumée des bûchers s'élève régulièrement, où des explosions retentissent plus souvent qu'à leur tour et où tout ce qui n'est pas immédiatement reconnaissable par les Enfants est classifié comme "ennemi".

La populace, toujours mal à l'aise devant une telle débauche de moyens militaires, se contente d'avancer en ligne droite des grilles à la cathédrale elle-même, sans dévier de sa route. A ce stade, même les enfants se tiennent tranquilles. Malgré les appels de certains pour alléger un peu le dispositif lors des offices (et même en dehors, Exodus prenant la défense des voituriers terrifiés à l'idée d'apporter ses précieuses victuailles à la cathédrale), le primat a toujours refusé, considérant que la peur "les rend[ait] beaucoup plus réceptifs à la substantifique moelle [des] sermons"

Cependant, il existe des gens que la nécessité pousse à vouloir parler avec un Enfant. Ils se présentent alors aux grilles et présentent leur demande aux Frères de fonction. Si elle leur parait convaincante (ou que l'arme brandie devant eux les impressionne), ils seront conduits sous bonne escorte devant l'Enfant avec qui ils ont souhaité discuter. Par défaut, le primat a demandé à ce que lui soient envoyés tout ceux qui ne spécifiaient personne en particulier, et ce quelle que soit l'heure.

Malgré la paranoïa institutionnelle des Enfants, qui déteint sur leurs Frères jurés, le visiteur sera toujours entendu avec courtoisie, et parfois un repas si l'Enfant en face est Exodus, mais rien n'indique que le primat sache garder son calme s'il avère qu'il a été dérangé pour des broutilles, surtout si le dérangement a eu lieu au beau milieu de la nuit.

[Unique]Les grilles de la Cathédrale Cyncopy

Je crache mon sang, et la peau me brûle. les hiéroglyphes m'ont emporté. Et cela fait tellement mal... . Je titube, je tombe, je rampe. Des ronces m'arrachent des lambeaux, et des animaux lointains observent mon agonie. Ils attendent que je m'épuise encore, ils attendent que je crève. Sous mes pieds, mes mains, la terre est gelée et c'est un long sillage de glace que je laisse traîner derrière moi. J'ai froid, aussi. Des larmes, maudite humanité, coulent sur mes jouent et finissent en fine gouttes givrées décorer le sol d'éclat de verre. Les grilles de l'Unique, leur cathédrale, leur ilot, Dieu est proche, devant moi. Je t'en conjure, préserve moi, dis moi ce qu'il passe - que dois-je entendre, comprendre? Pourquoi cette douleur, pourquoi cette horreur intestine? Possédé, arraché de ma quiétude. Je m'accroche aux barreaux et du sang coule sur l'acier, je crie je hurle. Qu'on m'ouvre, merde, qu'on m'entende, je brise ma voix sur le silence muet de cet endroit désert. A l'horizon, quand je tourne ma tête, je vois ces chasseurs. Leurs yeux sont des orages de sang et d'ombre mêlées. Et brusquement, un de leur chien étrange, monstrueux apparaît à côté de moi. Je n'ai que le temps de la glacer et sa gueule se fige à deux millimètres de mon cou. Ma main effleure sa prison de verre, d'où peut venir cette chimère étrange qui traque ses proies de bonds prodigieux ? Le froid apaise mes brûlures , tout mon corps est ravagé d'un souffle infernal. J'ai trouvé dessous cette colline une rage millénaire, j'ai trouvé ce qu'on a longtemps murmuré dans les couloirs du Ministère. Non, nos armées n'ont pas réussi à venir à bout. Il existe des nids.

Il existe des nids de Dragon, Monseigneur : des cavernes somptueuses, dressées au fond des Montagnes les plus inhospitalières. Leur progéniture éclot dans leu feu des volcans endormis. Et veillent sur eux des étranges chimères millénaires. Dans des cavités il y a des fossés d'os humains et de créatures sacrifiées. Je les ai vu de mes yeux. Dans ces grottes, cela rampe, cela vole, cela se nourrit du vivant enfermé.

Une autre chimère apparait, l'écume aux lèvres. Ma main le vise. Rien ne se produit. Plus assez de force. Un vague sourire s'esquisse.

Je vous ai trouvé. Nid de dragon. Je vous ai...

Regard trouble. Je m'enfonce dans la nuit. Achève moi.

L'air était devenu anormalement lourd. Irrespirable. Il fallut peu de temps à Tear pour réagir, étant malheureusement habitué a ces manifestations. Le pyromancien avait appris a reconnaître les signes que lui envoyait l'Unique à chaque fois que ces émanations maléfiques trainaient dans l'air.
Ajustant la croix dans son dos, l'Enfant se précipita vers les grilles. Il était impossible que le mal ait pénétré l'enceinte du bâtiment grâce a Sa protection.

Les gardes en charge de la protection de l'entrée accordée aux visiteurs assistaient a la scène sans réagir. C'était en tout point compréhensible sachant qu'ils venaient de voir, sûrement pour la première fois, une téléportation maléfique. La seule chose qu'ils trouvaient a faire c'était agiter les bras nerveusement a maintes reprises pour demander dans une prière silencieuse Sa grâce.
Tear, une fois arrivé sur les lieux, pris le soin de noter intérieurement l'état proche de l'hérésie dont faisait preuve ces bons a rien. La seule chose où ils avaient pu être utile était de commencer a ouvrir les grilles. Malgré l'imposant signe de sa foi qu'il transportait avec lui, Tear se glissa par l'ouverture afin de s'approcher de celui qui semblait être a l'origine du vice.
Il n'était plus qu'a une paire de pas lorsque le mal se fit plus fort. Mis en garde, le l'Enfant délogea sa croix et se mis en position pour pouvoir réagir au plus vite en cas de complications. Comment diable l'homme, inconscient avait pu invoquer quoique ce soit ?
Un corps, sombre, imposant et puant le mal apparut soudain aux abords de l'homme. Pas le moins du monde intimidé par l'Enfant, il plongea vers l'inconscient, gueule ouverte. Les crocs avaient entamé la peau au niveau du cou lorsque la bête fut violemment projeté de côté, avec une odeur de brûlé.
Localisant la source du contre-temps, la créature regarda avec rage le pyromancien, armé de sa croix. Bondissant a nouveau, mais cette fois en direction de son agresseur, la bête compris trop tard qu'il ne fallait pas attaquer de face un mage de feu, la gueule ouverte. Une nouvelle gerbe de flammes, née de la magie de l'Enfant, était venue tâter sa langue, puis poursuivant son chemin jusqu'à l'estomac du monstre. Continuant malgré tout sa course, elle ne put arracher qu'un lambeau de tissu rouge à l'Enfant, qui avait profité de la surprise de la bête pour esquiver.

- Vous ! Amenez cet homme a l'intérieur, cria Tear a deux gardes qui avaient mal aux bras a force de prières.

Tandis que les flammes continuaient a dévorer leur proie, celle-ci se téléporta, espérant sans doute échapper a la douleur infinie qu'est réservée a ceux qui affrontent l'Unique.
Un nouvelle apparition semblait se profiler. L'homme, toujours inconscient serait bientôt hors de danger, dans l'enceinte de la cathédrale, mais Tear allait devoir affronter une nouvelle fois une bête. Malgré la puissance que lui procurait sa foi et sa croix, la moindre invocation lui demandait un sérieux cout en énergie, et il n'aurait sans doute pas autant de chance une deuxième fois.
L'apparition se fit. La bête noire prenait consistance alors que l'homme était a l'intérieur de l'enceinte. Cependant, cette fois, elle ne tenta rien. Dès que la vision fut plus nette, l'Enfant compris pourquoi : elle venait de s'embrocher sur les grilles, n'ayant pas prévu de se matérialiser entre deux barreaux.

Une fois a de l'autre côté des grilles, Tear se posta devant celui qui avait amené le mal si proche d'un lieu de culte. Toujours inconscient, il jugea bon de tenter deux trois baffes pour le réveiller. Il en avait recu suffisamment en guise de réveil pour attester de l'efficacité de cette méthode.

Brume sanglante, je marche lentement sur un fil. Tout autour de moi des ombres dansent, même les horizons pourprés varient de nuance, effraient mes perceptions. Où est l'autre bas. Là dans le ciel un Dragon, je crois. Il s'approche à toute vitesse vers moi. Ses griffes, sa gueule s'ouvre. Je plonge pour l'éviter, bascule et tombe. Abîmes sombres.

Quelque chose de violent réveilla brusquement Cyn. Il sursauta, tiré de son rêve par une douleur aigue à la mâchoire. Au moins sait-il qu'il n'est pas mort mais comment. Sa vue d'abord trouble s'affine. Les étoiles, la nuit, l'humeur froide du dehors l'accueille en même temps qu'un visage étrange. Sa main se lève brusquement pour se défendre mais il reconnaît rapidement les habits de l'Unique. Sa respiration saccadée s'apaise un peu même si au vu du regard qu'il le fixe il devina qu'il n'est pas exactement tiré d'affaire.

Ne t'inquiète pas, mon Fils, le Mal est resté dehors.

Sa voix qu'il voulut plus assurée était faible et fatiguée. Il essaya de se relever mais ses jambes le soutenait mal. Il échangea un regard vaguement désolé avant de se rassoir.

Des nids de Dragon... dire que ce n'était qu'une légende supposé par des aventuriers de l'Unique, des Diacres finissant leurs jours dans des asiles sans nom... . Vous lisez la presse ministérielle, jeune homme?

Teclis travaillait d'arrache-pieds à l'élaboration de nouveaux glyphes de protection : capturer l'essence divine de l'Unique pour la sceller à l'intérieur du métal était malheureusement une expérience fort complexe. Il désespérait d'y parvenir sans user de magie profane, néanmoins, mêler l'impur à la foi risquait de ternir le pouvoir des sceaux.
Alors que l'archiviste cherchait l'inspiration dans la grande cathédrale, une étrange secousse, très légère, parcourut le bâtiment. On aurait dit que l'édifice entier grondait de colère à l'approche d'un mal ancien. Aussitôt, l'érudit sortit d'un pas rapide à l'extérieur où il vit l'Enfant TeaR penché au-dessus d'un homme assez jeune. Bien qu'il eut l'air hagard, quelque chose en lui contredisait cet état de fait. Teclis saisit une poignée de paroles depuis l'entrée du sanctuaire.

- Des nids de Dragon... dire que ce n'était qu'une légende supposée par des aventuriers de l'Unique, des Diacres finissant leurs jours dans des asiles sans nom... . Vous lisez la presse ministérielle, jeune homme?

Le visiteur venait-il bien de parler de "nids de Dragon"... Impossible... Mais pour l'heure, il y avait des choses plus urgentes à règler. Le cadavre d'une abominable créature pendait mollement, embrochée sur les barreaux de la grille. Le Maître Archiviste fonça et ouvrit son calepin en sortant une lentille verte et une lentille orangée. Il superposa les deux morceaux de verre et les colla sur son oeil gauche. Il ouvrit ensuite le livret à une page apparemment vierge et se mit à psalmodier. Au bout de quelques secondes, la carcasse respirant l'enfer irradia d'une lueur vive avant de se ternir de gris. La chair de la bête était dorénavant aussi dure que du bois et en avait la consistance.
Teclis fit signe à trois frères jurés qui accouraient.

- Que deux d'entre vous mènent cette immondice dans les geôles sanctifiées de la cathédrale. Il n'y a plus aucun risque mais sait-on jamais. Et débrouillez-vous pour la retirer convenablement sans abîmer la grille. L'inquisiteur serait furieux et je désire tout de même l'autopsier.
Quant au troisième, il reste avec moi ici. Je vais renouveler les bénédictions de l'enceinte en attendant l'arrivée du Primat.

Ce faisant, l'archiviste referma con calepin d'un coup sec et le rangea soigneusement. Ce rituel là, il le connaissait par coeur. Nul besoin d'aide supplémentaire.

Pendant que Teclis s'adonnait au rituel, Tear jugea bon de répondre, même s'il n'en avait aucune envie. L’intrus avait amené des bêtes démoniaques en ces lieux, et se permettait d'évoquer le Sang. Il semblait, à ses yeux, n'avoir rien de bon. Seulement, la courtoisie était de mise, pour l'instant.

- Très peu. Nous ne pouvons céder un pouce à cause des païens qui sont partout en ces terres. Malgré ce qu'elle peut apporter, elle n'est pas ma priorité. Pourquoi ?

- Du calme, Cyn, dit une voix froide. Celui-là, c'est moi qui l'entraîne et l'endoctrine.

La remarque parvient à faire sourire l'ancien Ministre, à travers sa douleur et sa fatigue. De Vaanne l'observa quelques instants, avant de porter son regard sur les environs. Rien ou presque ne laissait penser qu'un combat avait eu lieu aux grilles quelques instants avant. Le presque englobait cependant Cyn, effondré par terre, et l'abomination empalée sur la grille.

- Je suppose que vous venez voir un Enfant ? Mais d'abord, vous allez devoir passer par la case "infirmerie", je le crains. Vous n'êtes guère en état de faire trois pas, et encore moins pour nous raconter votre histoire. Que quelqu'un l'emmène à l'infirmerie, ça ferait mauvais genre de le voir crever sur le pas de la porte !

Ramenant les yeux vers Cyn, il croisa un regard furibond : Tear, apparemment, n'appréciait pas du tout la dernière phrase.

- Mais enfin, commença-t-il, vous n'avez pas senti l'aura de mal qui l'entourait ?

De Vaanne soupira.

- Je sais ce que tu penses, jeune fanatique, mais il faudrait que tu apprennes à mettre de l'eau dans ton vin. Quelqu'un, blessé, nous demande asile. il est poursuivi par le mal, il n'est pas le mal. Pourquoi lui refuser ? une fois rétabli, les questions pourront commencer, et là nous aviserons.

Le sourire du blessé se transforma en un rire fatigué.

- Oui je sais, mais si j'ai appris, lui aussi peut le faire. Sans compter que c'est mieux pour votre propre peau, non ? Allons, ajouta-t-il, direction l'infirmerie. L'odeur de poil brûlé qui flotte n'est pas des plus agréables.

Ce fut au tour de Tear de sourire largement. un sourire qui augurait mal pour quiconque n'était pas un fidèle serviteur de l'Unique.

Cyn essaya de croiser le regard du Primat mais tourner la tête lui coûtait un effort incommensurable. Peu à peu les hiéroglyphes puisaient en lui une force qu'il n'avait déjà plus, épuisé par une longue traque dont il s'en était sorti que miraculeusement. Il senti des bras vigoureux l'étreindre et l'emporter. les soubresaut de la marche lui donnait de vagues nausées qu'il réfrénait comme il pouvait. Sa voix parut éteinte alors qu'il la voulait forte

Toujours le mot pour rire, ou pour occire, Primat. Je ne doute pas que venir dans votre circonscription soit une idée... lumineuse.

Il ne put aller plus en avant dans son procès. Une salive mêlée au sang l'empêchait d'articuler distinctement sa pensée. Peu à peu les balancements de l'individu qui le portait intensifièrent son malaise et c'est tout naturellement qu'une torpeur ferma ses paupière.

S'endormir de douleur et d'épuisement a toujours été un baume des plus efficace, sauf quand la vision d'un monstre aux crocs sanglants s'approche de vous et que l'action se répète dans toutes les dimensions possible que l'esprit pouvait envisager. Jusqu'à ce qu'une autre douleur, brusque et violente vous démonte la mâchoire et vous renvoie la réalité en premier lieu d'observation. Cyn ouvrit, sortit de son cauchemar tel un sonneur sonné avec la désagréable impression que sa joue n'était plus qu'une mixture de chair froissée. Dans le même temps l'écho de la voix du Primat confirma son ressentiment.

Voilà, c'est mieux Tear. Tu aurais pu frapper plus fort mais ma foi cela est suffisant.

Cyn ne put réprimer qu'une remarque amère tout en se massant en grinçant des dents.

Votre foi vous perdra Primat, et plutôt deux fois qu'une.

Tout en reprenant lentement la logique d'une réalité violente, il compta mentalement par habitude de survie ceux qui étaient présent : Celui qui se nommait Tear, étrange personnage affublée d'une croix ostentatoire, son cher et vieil élève accusant chaque année plus d'âge qu'il n'en portait avant et un infirmier qui l'observait avec un regard significatif des bleus qui ne sortaient pas beaucoup dehors. Les fines figures sur les parties visibles de son corps devaient l'intriguer. Se donnant un peu de temps pour retrouver quelque réserves il murmura:

Il n'y a pas une âme généreuse pour m'apporter un remontant bien sec, son regard se tourna vers De Vaanne. Forcément, en Rhéanite civilisé vous avez bien importé quelque fut, non?

Cyn ne sut s'il y eu une légère gêne ou si sa vue se troublait mais le demi tour brusque et le départ du Primat le rassura. Quelque part dans ces briques de pierres, L'Unique conservait le Rhéan. Il se releva péniblement de sa couchette et fit signe a Tear de s'approcher pour ne pas hausser la voix.

Je vous remercie, Petit, pour le coup d'main. Cela vaudrait bien quelque honneurs mais il y a longtemps que je me suis débarrassé des médailles officielles et je n'en ai guère sous la mains. Bien que votre regard me fait sentir toute l'affection que vous me portez, cela aurait été un plaisir. Si votre infirmier aurait l'obligeance de m'apporter une serviette trempée afin que je me rafraichisse un peu, le feu brûle en moi sans mauvaise allusion.

La remarque ne cilla personne mais elle n'était là que pour éveiller un peu d'attention. On s'affaira et il appliqua ce qui ressemblait plus à un torchon sur son front et sur ses bras avec lenteur, contrait par l'étrange fièvre et les douleurs physiques. En passant il nota que sa cheville droite ne ressemblait plus à quelque chose d'humain et que dans le cou des longues trainées douloureuses signifiait qu'il n'avait pas faut que rêver. On avait bien chercher à le tuer et les crocs de son cauchemar auraient très bien pu faire l'affaire. Tout en notant ses remarques mentalement il entendit le Primat revenir avec une bouteille de Rhéan et un gobelet en métal dont la couleur laisse franchement douter d'une quelconque propreté. Cyn le fit remarquer non sans un brin de grognement délicat

Vos manières n'ont pas changé. Ceci dit vous faite honneur à votre naissance.

Sans un mot, il fut servi et sans un mot il but d'un coup sec l'alcool complètement imbuvable pour un homme classique mais que les temps durs et les régions inhospitalières de l'Unique avait aidé à habitué l'Ancien Ministre tant et si bien qu'il se servit une seconde fois. L'alcool aidant à oublier certaines réalités du corps il sentit le mal s'apaiser et les circonvolutions noires s'effacèrent peu à peu. Cyn commença alors lentement a s'expliquer

Ce que vous avez vu tantôt est un traqueur du sang. Ces chimères que l'Unique n'a point connu sont en dehors de leur féroce appétit capable de se téléporter vers la moindre odeur d'homme, puis de revenir la gueule occupée vers son maître par les même moyens. Statistiquement, j'avais une chance sur dix. L'Unique fut avec moi. Ces monstres dressés pou tuer sont surtout fait pour défendre des endroits souvent païens, toujours secrets que l'homme dans son ignorance et son incapacité chronique à appréhender les vastes mystères enfouis ne peut comprendre sans profaner. On en retrouve des trace dans quelque grimoire que votre Archiviste doit avoir. Ce qu'il doit avoir aussi ce sont des bouts de lignes sur ce que défendaient ces chiens infernaux en l'occurrence : une couvée de Dragon. Je n'ai pas besoin d'indiquer à qui cela pourrait appartenir, vous ferez vos déductions tout seul.

Tout en poursuivant Cyn se servit mécaniquement de longues rasades de cet excellent et ignoble alcool.

Et moi comme un crétin à vouloir passer un peu de temps avec cet enfant maudit, je me suis amusé a visiter leur galerie, ignorant de ce qu'elles pouvaient jalousement garder dans leurs entrailles jusqu'à ce qu'une tête de ... une étrange tête toute droite sorti du pire cauchemar de n'importe quel diacre timbré ne se trouve nez à nez avec moi, moi qui ne suit qu'un précepteur affairé à de sordides éducations de routine, n'est... ce pas?

Le corps du Ministre dodelina avant de s'effondrer brusquement dans sa couchette. Le Rhéan pouvait apaiser la douleur, certes, mais offrir aussi de merveilleux rêves quand on en abusait trop.

L’air frais de la nuit soufflait lentement sur le visage pale de l’être qui s’avançait lentement vers la grille. Il s’approchait dans une brume bleuté, ces trais était cachés par une capuche noire. Il s’arrêta près des deux portiers, sont port altier, son sourire charmeur, et sa démarche langoureuse, mirent étrangement en confiance les deux fanatiques.

- Messieurs, je vous prierais de bien vouloir m’annoncer, j’aurais une requête des plus importantes à soumettre à votre chef. Veuillez s’il vous plait lui dire que Teysa Netzach aimerais lui parler.

Le tout avait été dit sans aucune agressivité, avec une voie sensuelle et charmeuse. L’un des gardes s’inclina et entra rapidement à l’intérieur prévenir les autorités requise.

Laylay qui observait la scène depuis le toit jugea bon de descendre afin d'empêcher les deux gardes de déranger le Primat. Il se laissa tomber du haut de la cathédrale avant de se rattraper à quelques mètres du sol aux branches d'un arbre. Il se dirigea alors vers Teysa :

- Le primat a été prévenu bien avant votre arrivée n'ayez crainte. En revanche je ne pense pas que vous soyez en mesure de décider de ce qui est important ou non, l'Unique est le seul juge en cette matière, comme dans les autres d'ailleurs.

Les gardes déjà parti firent demi-tour comme guidés par une force supérieur et vinrent ce positionner à leur poste comme si rien ne c'était passé. Laylay s'adossa à l'un des montants de la grande grille de la cathédrale, jambes et bras croisés il dévisagea Teysa d'un regard nonchalant.

- Le primat semble bien occupé, mais peut-être pourriez vous m'en dire un peu plus quand à votre venue ? Je me ferais un plaisir de lui transferer l'information si l'Unique juge que celle-ci est utile.

- Il s'est endormi, Primat !

- Merci de relever l'évidence ! Je me doute que ses yeux vitreux et ses ronflements ne sont pas le signe d'une personne fraîche et alerte...

- Je lui en recolle une ?

- Non, tu lui démonterais la mâchoire sans résultat visible. Laissons le dormir pour l'instant, et...

De Vaanne fut brutalement interrompu par l'irruption d'un frère juré qui lui murmura quelques mots à l'oreille. Il grogna.

- Encore quelqu'un aux grilles ? C'est la journée, décidément ! Bon, Tear, tu restes auprès de lui. S'il commence à bouger un peu trop dans son sommeil, tu le réveilles. Une fois complètement réveillé, tu le cuisines. je veux tout savoir de lui : ce qu'il a fait depuis sa disparition mystérieuse, ce qu'il voulait faire, ce qu'il n'a pas fait, ce qu'on l'a empêché de faire, et surtout, pourquoi il l'a fait !

- Bref, je le réchauffe.

- A feu doux, s'il te plait. Je te fais confiance.

Sans attendre de réponse, il partit au pas de course en direction des grilles, à la fois curieux et méfiant devant ce soudain afflux de visiteurs, lesquels étaient d'habitude plus que rares. Arrivé près de l'entrée, il remarqua le groupe nerveux de Frères qui gardaient l'entrée et en cibla bien vite la raison : Laylay, dont l'attitude habituelle n'était pas pour inspirer confiance. En face de lui, un homme dont la capuche sombre mangeait le visage. De Vaanne haussa un sourcil.

- C'est bon, Laylay, je vais m'en occuper. merci de m'avoir prévenu... mais tu peux rester, ajouta-t-il en voyant l'assassin s'éloigner déjà.

Il se tourna ensuite vers le visiteur.

- Quel est le problème dont vous souhaitez si urgemment m'entretenir, sieur... Netzach si j'ai bien compris ?

Teysa souleva sa capuche, revelant ainsi sont pâle visage. Ses yeux amethyst fixaient le primat et son sourir charmeur ne le quittait.

- Je vous en pris appeler moi Teysa. Vous êtes donc le primat De Vaan... J'aimerais vous entretenir a propos de la guerre qui se raproche de nos portes.

Teysa, joignant le geste a la parole, tendis une main amical au primat. Mais dans toute la douceur de son geste, pesait l'ombre menaçante de ses six ailes. Ses yeux violacée brillait d'une lueur maligne, tandis qu'une inquiétante brume multicolor recouvrait le sol. la lueur de la lune faisait un halo argenté autour du primera.

Après un infime instant d'hésitation, De Vaanne serra la main qui lui était offerte, non sans penser dans un coin de son esprit qu'il venait d'être le premier à serrer la main d'un serpent, métaphoriquement parlant s'entend. L'être en face ne lui inspirait pas du tout confiance : les ailes peut-être...

- Je suis confus, mais il me sera impossible de vous faire entrer pour le moment.... Nous sommes quelque peu sur le pied de guerre : une invasion de caniches téléporteurs, voyez-vous, et les Frères sont assez nerveux.

Le Primat interpréta le mouvement subséquent des ailes de Teysa comme une acceptation de l'excuse, et continua.

- Vous semblez bien informé : qu'en savez-vous exactement, et quel est votre intérêt à venir discuter de cela avec nous ? Vous nous connaissez, vous comprenez, je suppose, notre position envers vos semblables ?

-Je me dois d’insister, très chère Primat, je souhaiterais que la conversation que aillons de souffre point d’une écoute extérieure, je vous promets de ne pas faire d’esclandre et de ne pas effrayer vos frères.

Il se pencha un peu et fit un signe d’excuse de la tête.

-D’ailleurs je ne comprends point le mal que vous reprocher a notre groupuscule, nous ne dénigrons point l’unique, et comment le pourrais-je de tout façon. Mais cela importe peu, je ne compte pas vous faire changer d’avis en si peu de temps. Je vous propose de laisser de coter nos différents le temps de la conversation.
Il s’inclina.

- Je crains, sieur Netzach, que la conformité de votre présence aux préceptes de l'unique nécessite plus d'examen qu'une simple dénégation de votre part.

De Vaanne sourit légèrement.

- Et je crois qu'effectivement il apparait plus sage de vous faire entrer. Vous ferez moins d'effet aux frères jurés qu'à un passant. Un tel nombre d'ailes, une telle stature, surtout sur les terres de l'Unique, sont... inhabituelles, à dire le moins. Si vous voulez bien me suivre, nous serons sans doute mieux dans mon bureau, si vous n'accordez pas une trop grande importance aux liasses de feuilles.

Le bras tendu pour montrer le chemin, il ajouta :

- Je saurai peut-être enfin ce que vous nous voulez... Non pas que je ne vous fasse aps confiance, voyez-vous, mais la suspicion de principe envers les allanthropes est une mesure qui a longtemps été de bonne, voire de très bonne politique pour les dirigeants du Culte, et je ne peux faire autrement que de vivre par leurs si hauts standards.

Alors que l'inquisiteur invitait Teysa à se rendre dans son bureau le Grand Archiviste arriva à ses cotés en trottinant et lui glissa quelques mots à l'oreille. Bien qu'il chuchotait, Teclis se doutait que l'allanthrope pouvait l'entendre, mais au fond, il n'en avait cure.

- Cher Primat, vous ne pensez pas qu'il y ait un risque...

Malgré l'ombre, on pouvait deviner les sourcils de De Vaanne se hausser très légèrement.

- ... de contamination ?

Alors que leur "invité" continuait de marcher de façon décontractée, le Primat se pencha à son tour vers l'Enfant.

- Cette remarque est autant déplacée qu'inutile cher Archiviste. Je suis formé à résister à l'hérésie et j'ai avec moi des atouts pour le moins tranchants... Il tapota la garde d'Antienne...et de toute façon, s'il montre le moindre signe d'hostilité, il en répondra à Son ardente justice.

- Certes... Pourrais-je procéder à une dissection en bon ordre si possible ?

Les yeux de Teclis luisaient d'une lueur tout infantile et innocente, qui aurait pu passer pour une mimique attendrissante s'il n'avait pas frotté ses mains de façon impatiente. Son supérieur jeta un nouveau regard à l'allanthrope, craignant que cette discussion ne finisse par le froisser. Cependant, qu'il entendait ou non la conversation, Teysa n'y prêtait pas attention.

- Dites-moi archiviste, au lieu de m'importuner vous n'avez pas un laboratoire ou une aile de bâtiment à faire sauter ?

- J'ai déjà remplis mon quota ce mois-ci. Et je n'ai plus le matériel adéquat pour faire sauter quoi que ce soit ! Votre protégé Tear a pillé mon stock de bois après la capture des trente-sept elfes de la semaine dernière. Quant à mes produits chimiques, une bonne moitié a disparu. Je soupçonne Exodus...

- QUOI ?! De Vaanne ne put retenir une exclamation devant l'ampleur de la menace. Bref, je ne veux rien savoir d'autre. Laissez-moi régler déjà cette affaire avec notre... heu... invité. J'aviserai ensuite... ET pas de dissection !

Teysa souriait en entendant la discussion entre les deux frères, le coté informel qui ressortais tranchait nettement avec l’impression que laissait les enfants de l’unique en règle générale.
Teysa tendit sa main vers Téclis, en toute politesse bien sur.

- mes respect monsieur, je me nomme Teysa Netzach Wesrina et je vous souhaite la bonne journée, si vous n’avez rien à faire peut-être pourriez vous nous suivre dans le bureau de votre primat vous serez un gage de plus de sa sécurité, vu que vous semblez en douter.

Il sourit, laissant une expression enfantine couvrir son visage, tranchant avec le regard sévère qui semblait maitre Téclis a nue, une des ailes caressa doucement le visage du frère.

- bien que comme vous pourrez le remarquer je suis venue sans arme, et je ne vois pas comment le petit fils direct de l’unique pourrait s’évertuer à corrompre ses croyant.

Entre chien et loup, au terme d'une nuit venteuse.

Une ombre détala du parvis du céleste et saint édifice.

Son pas rapide et claquant sur les pavés ne laissa derrière lui qu'une affiche aux lettres de Sang plantée sur l'épaisse porte de la Cathédrale.

Une fois le jour levé, on pourrait y lire ceci :

Citation :: Les Alliances ne résistent pas à la soif d'or et de pouvoir.

Les trahisons naissent toujours trop tard dans le Sang !

Ceux qui se veulent bienveillants et protecteurs aujourd'hui seront les infanticides de demain.

PEUPLE D'AELIS : NE TE LAISSE PAS NOYER DANS TON PROPRE SANG !

De Vaanne grimaça comme s'il venait d'avaler un fruit pourri.

- Nous allons mettre rapidement au point deux vérités fondamentales, Netzach. D'abord, avoir Teclis à moins de trois cents mètres de soi est bien plus un danger majeur qu'un gage pour la sécurité. Deuxièmement, l'Unique a précisé à ses Prophètes, lors de la révélation de son existence, qu'il n'interviendrait pas dans les affaires humaines tant que la mission qu'il a confiée à l'Humanité ne serait pas accomplie. Je ne sais donc pas ce que vous êtes, mais vous n'êtes pas le descendant direct de l'Unique. Par ailleurs, ceci ne rentrera pas dans la discussion, ou j'y mets un terme immédiat.

Il se retourna et avança vers la cathédrale à grands pas.

- Ceci étant, suivez-moi dans mon bureau, je suis curieux de savoir ce qu'un allanthrope souhaite absolument nous dire au point de clairement mettre sa vie en danger. Et dépêchons-nous avant qu'un autre de mes empêcheurs de négocier en rond fasse irruption...

Le Primat n'avait pas menti : son bureau, quoique de dimensions respectables, était rempli de feuillets portant la marque de l'Unique, de livres divers et d'objets à vocation autant administrative que militaire. Sans plus de cérémonie, il s'assit dans un fauteuil à haut dossier sur lequel était fiché son casque à visière en T caractéristique, et fit un geste à Teysa de s'asseoir sur le fauteuil de l'autre côté. Teclis prit place derrière De Vaanne.

- Teclis, tu es là pour écouter, pas pour intervenir à moins d'avoir une excellente raison. Le moindre mouvement, la moindre odeur suspecte, le moindre glougloutement liquide te feront passer à travers la fenêtre. Compris ? Sur ce, Netzach, ajouta-t-il avec un sourire diplomatique, je vous écoute...

Bien que De Vaanne ne voyait pas l'archiviste, ce dernier inclina légèrement la tête -par habitude- pour signaler qu'il avait compris... et naturellement -comme d'habitude- le hochement de tête fut accompagné d'un grognement.

Teclis observa par la suite l'allanthrope. Son allure et son assurance, démesurée pour oser venir quémander un entretien auprès de Ses serviteurs, démontraient un esprit puissant et une volonté de fer. De même, cet être devait assurément descendre d'entités aux pouvoirs impressionnants.
Cependant, ses ailes et son air serein ne trompaient personne ; sans oublier son énorme vanité. Il n'y avait qu'une créature de nature démoniaque pour apparaître ainsi... Sans savoir pourquoi, l'Enfant repensa au combat qui avait eu lieu dans le cimetière.

Fronçant les sourcils, l'archiviste demeura impassible puis sortit doucement un carnet d'une de ses poches intérieures. Il commença à griffonner dessus, faisant le moins de bruit possible pour ne pas déranger le primat et son interlocuteur. Il fallait bien passer le temps...

Teysa s'assit dans un fauteuil qui ne se trouvait pas la avant. Calmement il sortit une pipe qu'il commença à fumer.

- Je suis venu vous rencontrer pour faire un marché avec vous, qui je pense vous semblera avantageux. Je fais en sorte de saboter ce que viennent chercher les sanguinaires et en échange vous me permettez de détruire moi même nos palais. vous noterez que l'offre est généreuse et assez simple pour ne pas cachez de duperie.

Teysa souriait d'avance de la tête de ses interlocuteurs en entendant cette demande dénuée de sens.

Dénuée de sens, la proposition l'était effectivement. Tellement que De Vaanne vérifia furtivement si son casque n'était pas resté sur sa tête. Il jeta ensuite un coup d’œil à Teclis et soupira : il était évident qu'absorbé dans son griffonnage frénétique du calepin, l'archiviste n'avait absolument rien entendu à la déclaration de Netzach.

- Je dois avouer que je n'ai pas tout compris. Cela me réjouirait évidemment de voir le Sang tomber sur un os, tant que cela ne vous donne pas un avantage bien trop important. Mais là, en quoi cela nous concerne-t-il ? Je vois mal comment vous empêcher de détruire votre propre Palais, et je vois également mal pourquoi je le ferais.

Il se renfonça dans son siège, croisa les doigts et regarda fixement le Primera.

- Ceci n'est pas une proposition, tout juste une déclaration d'intention. Nul doute qu'empêcher le Sang d'arriver à son objectif vous renforce vous, et que vous allez le faire sans mon accord. Donc : de quoi voulez-vous véritablement me parler ? Vous souhaitez une aide particulière pour mettre vos plans en mouvement ? Mais contre quoi, alors, la monnaierez-vous ? Ou alors, vous souhaitez ma neutralité bienveillante à un moment précis... ce qui peut potentiellement se discuter.

Teysa écouta le primat avec un sourire calme.

- Très chère, la seul chose que je vous demande c'est de ne pas démolir nos palais avant que je le fasse, je vous laisserais donc entrer calmement dans mon petit pied à terre, ainsi nous discuter calmement de la chose, mes palais seront vide vous laissant ainsi une sécurité relative.

Pour conclure sa déclaration, Teysa s'enfonça dans son siège avec un sourire lui traversant le visage.

- Ouais, très relative, grogna De Vaanne. Et cessez donc de sourire, vous me donnez la chair de poule.

Il se retourna vivement vers Teclis qui sursauta, surpris.

- Tu en penses quoi ?

- Ah mais, mais, je... enfin bref... mais d'un autre côté...

- Donc tu n'en sais rien et une fois qu'on te prive de tes jouets explosifs tu es aussi inutile qu'un hérétique dans un confessionnal. Rendors-toi, alors.

Il se retourna vers Teysa et le regarda longtemps d'un air méfiant.

- Soit. Si vous voulez faire sauter vos palais, c'est votre problème et ça nous épargnera le boulot. Autre chose ?

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