Après le paradoxe, voici la rédemption ! Ou comment expliquer que Sissi veut une sign. [Fini] (Melaka +2)

Chaque histoire cache une grande part de mensonge souvent ignorée. Celle-ci ne fait pas exception. Les grandes pierres de granites montaient lugubrement vers le ciel. Les nuages devinrent épais jusqu’à en cacher les astres éclatant. Un tourbillon de magie commençait à se concentrer autour du lieu maudit. Puis, doucement, celle-ci s’apaisa comme rappelée à l’ordre par une force inconnue. L’air lui-même sembla s’écarter pour laisser sortir de l’obscurité cet être aux cheveux blancs. La seule chose qui étincelait encore, était ses yeux d’un bleu à vous en glacer le sang. Son regard ne fixait qu’un point, comme hypnotisé par une rage sans fin. Il s’avançait. Sa respiration rauque coupait le silence de cette étrange nuit sans lune. Ses doigts se refermèrent sur le pommeau de son épée. Il s’avançait. Sa détermination ne faisait aucun doute, ce soir était le bon. Il s’avancerait jusqu’à l’apercevoir. Il n’avait pas eu beaucoup de recherche à faire pour la retrouver. Sa peau diaphane semblait luire de l’intérieur, comme si une source de lumière puissante était en sommeil dans ce corps. Il était bientôt l’heure. Il commençait à avoir du mal à respirer. Enfin il l’aperçut. Elle était là. Froide. Désolée. Juste une rose rouge posée dessus qu’il balaya d’un revers de la main.

« Cette fois tu ne t’échapperas pas. Tu m’as fait mentir. Je vais rectifier cela ne t’inquiète pas. Je n’ai certes rien pu faire à ce moment là, mais ce soir c’est différent. »

Ses doigts caressèrent l’épitaphe, ils longeaient les signes gravés avec douceur. Il luttait pour ne pas céder sous le poids de sa peine et de sa colère. Car même si des années c’était écoulée depuis sa mort, ses sentiments demeuraient inchangés. Il avait lamentablement failli à sa tache, lui le guerrier craint de son monde. Son déshonneur était total. Seulement il était temps de le laver.

« Kyara Partizan, je vais te ramener près des tiens. Tu n’aurais jamais du partir. Puisque ma vie n’a pas grande importance, alors je t’en fais don. Ainsi l’échec ne fera plus partie de mon existence, et je serai soulagé de cette mascarade. Chacun de nous y trouvera son compte, toi retournant auprès de ceux que tu aimes, et moi auprès de celle que je chérie. Alors laisse-moi défier les dieux une dernière fois, que je mérite pleinement mon châtiment. »

Le jeune homme recula de quelques pas et tendit les bras vers les cieux. Ses lèvres commençaient à s’agiter doucement, récitant des mots silencieux. Il avait répété cette scène dans ses rêves des milliers de fois, il n’avait le droit qu’à un seul essai. Le vent commençait à se lever, balayant la terre, la faisant remonter en un tourbillon autour du guerrier. Ce qui n’était qu’un banal soir sans lune, se transformait peu à peu en une nuit magique. Les énergies spirituelles des environs se concentraient en un même point. L’air vibrait au rythme des incantations qu’il psalmodiait avec supplication. La stèle de la tombe vola littéralement en éclat, ses morceaux restant en suspension dans l’air retenue par une force invisible. Une violente lumière blanche frappa le corps tendu par la magie, celui-ci ce mit à hurler de douleur. La seule chose que l’on pouvait encore distinguer était un dragon noir. Il se mit à grandir. Grandir. Grandir. Déployant ses ailes d’encre. Recouvrant le corps de son hôte. Ouvrant sa gueule béante. Enroulant sa queue écailleuse. Cela se passa en un instant d’éternité. Aussi court que long. Un hurlement de douleur déchirant s’éleva de la bête noire pour engloutir la clarté. Doucement, le ciel se dégagea, laissant filtrer les étoiles derrière le rideau blanc. La tension cessa. Le cimetière redevint calme. Le seule témoignage demeurant de cette hystérique nuit magique, fut la profanation de la tombe de Kyara Partizan. A présent, celle-ci était vide.

Une sorte de vapeur s’éleva du corps recroquevillé qui étendit de grandes ailes immaculées. Il se redressa. Seuls ses cheveux noirs de jais couvraient sa nudité. Et quand il ouvrit les yeux, deux émeraudes étincelèrent, encadrées par une envolée de cils sombre. Un soupir s’éleva de ses fines lèvres.

« Tu es un idiot Sylan. Aucune vie ne vaut d’être sacrifiée. Crois-moi… »

L’être ailé se pencha pour ramasser la rose qu’elle reposa sur un morceau de marbre. Le froid ne lui faisait plus rien. L’ange leva les yeux vers les cieux. Cela faisait bien longtemps que Silissia n’était plus humaine.