La maison des douleurs... [rp concerté]

Le ciel commençait à rougeoyer depuis le temps... Les renaissances ne sont jamais simple, après tout c'était déjà la deuxième et elle pria pour que ce soit la dernière. Mais paradoxalement, ce qu'elle craignait le plus était à venir. Comment réagir quand l'on se retrouve dans une demeure que l'on a toujours vu de loin et par les yeux d'une autre ? Les souvenirs de Kyara, les moments bonheurs et de peines étaient tous gravés dans son esprit et son coeur. Certains passages venaient encore de temps à temps la faire sourire. Comme quand elle passa au dessus de la salle où Green et Kyara c'étaient mariés. C'était le bon vieux temps... Et le temps s'écoule si vite pour les humains. Une morsure fugace figea son âme et la fit grimacer. L'ange aussi avait était mortel un jour, mais c'était avec le Diable qu'elle avait pactisé... Non pas avec un Dieu. Ses doigts se glissèrent sur son vêtement de fortune pour masser l'organe meurtri.

- Rien n'est juste dans ce monde... Mais je ferais changer ça. Moi aussi je serai de nouveau heureuse...

La rédemption et le bonheur étaient devenus ses obsessions et sa seule raison de vivre. Plus jamais quelqu'un ne viendrait se mettre en travers de cela. Combien de ses amours avait-elle dû laisser partir pour ne pas qu'il subisse sa malédiction ? Combien de siècle avait-elle sacrifié au nom d'une croisade qui n'était pas la sienne ? Combien de fois avait-elle dû fuir devant Lui ? Et puis il y avait ça aussi... Son regard se tourna vers l'âme qui tournoyait autour d'elle. Justice devait être faite. Il fallait qu'elle voit Green. Lui dire que sa femme avait retrouvé le repos de l'âme et l'avait chéri jusqu'au bout. Que cette fois c'était belle et bien fini.

La demeure des Partizan était désormais en vu. Doucement, elle replia ses ailes pour amorcer sa descente et plana vers la passerelle d'entrée. Mais elle se figea. Ce nom... Ce n'était pas le leur...

Qu'est-ce que... ?

Ses yeux d'émeraude se levèrent pour observer les fenêtres. Il n'y avait pas l'air d'y avoir qui que ce soit. L'angoisse commença à s'emparer de son esprit. Ce devait être une erreur, elle n'avait pas pu se tromper... à moins que. D'un coup d'un seul, une lame de cristal sortît de sa main et se retrouva sous la gorge de celui qui venait d'arriver.

Qui es-tu.

Il lui avait fallu un quart de seconde pour reprendre le dessus sur ses émotions. Elle s'en voulait de ne pas avoir senti cette présence plus tôt. Silissia devait être plus rouillée qu'elle ne le croyait.

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- Et toi qui es-tu ? répondit-il froidement à l'étrangère, en pressant un peu plus contre son ventre le révolver qu'il avait instantannément dégainé.

Il la repoussa lentement sans qu'ils ne se quitte du regard, ni ne baisse leur garde respective, et recula jusqu'à avoir mis entre eux une distance respectable. En son for intérieur, il était impressionné par une telle sensibilité et de tels reflexes. Elle ferait une excellente membre du Zénith, et en ces temps troublés, toute recrue était bonne à prendre. Malgré tout, il resta de marbre et la considéra avec hauteur.

- Ils ne sont pas là en ce moment. Cependant, je ne crois pas que tu sois venue pour voir les locataires actuels. Plissant les yeux avec méfiance, il ajouta : Qu'est-ce que tu cherches ?

Son corps se détendit, même si ses vêtements amples et légers empêchaient quiconque de le remarquer, mais il tint avec la même séreinité l'arme argentée et rutilante. L'inconnue lui inspirait un mélange de curiosité et de prudence, mais il avait confiance en lui.

L'ange devait-être sacrément rouillé. Il y a une dizaine d'année de cela, elle aurait pu prédire qu'un humain porterait une arme à feu. Même si cela ne la tuerait pas, la douleur serait bien réelle. Le vent se mit soudainement à souffler. Très doucement il s'écarta et commença à baisser son arme, alors elle en fit autant. Son regard se fit plus froid, et pour impressionner son ennemi, Silissia déploya légèrement les ailes. Pas de quoi voler bien sûr, juste pour les dévoiler.

Tu te méprends sur la question, humain. Ce qui est intéressant n'est pas de savoir ce que je recherche mais Qui je recherche.

Puisqu'il n'y avait personne, elle était déterminée à rentrer. Cette maison avait-été un peu la sienne après tout. Elle tendit la main vers la poignée mais il l'interrompit d'un ton désabusé :

N'ait pas trop d'espoir quant à ce que tu espère trouver dans cette demeure.

Sans se préoccuper plus que ça de sa présence, elle mit la main sur le verrou et manipula le métal pour ouvrir la serrure sans la clef. Un vrai jeu d'enfant. Puis doucement la jeune femme poussa la porte du bout des doigts. Tout doucement, elle poussa de la paume la porte de bois en retenant son souffle. Tout son être avait peur de se retrouver submergé de souvenir. Peut-être même s'attendait-elle à voir Kyara assise devant un chevalet l'accueillir avec un grand sourire. Mais rien. Cette maison n'était plus que le fantôme d'une vie passé dont les meubles avaient été réagencé. Quelque peu déçue, elle s'avança tout de même de quelques pas en regardant de droite et de gauche et se dirigea vers les escaliers.

Où est-il ?

Elle ne lui accorda pas le moindre regard.

- Où est qui ? répondit-il d'un ton désinvolte.

Entre temps il avait pénétré dans la maison, et il referma la porte derrière lui. Il en profita lui aussi pour inspecter les alentours. Un intérieur tout à fait ordinaire pour une famille tout à fait ordinaire. Il ne restait pas grand chose du décor initial. Même le papier peint avait été changé en plusieurs endroits. Peut-être étaient-ils mal à l'aise dans cette maison abritant un deuil, et qu'ils avaient voulu la métamorphoser. Il s'appuya au mur avec hauteur pour considérer la jeune femme. Elle était séduisante, au demeurant, même si cela ne l'affectait pas le moins du monde. Elle avait une froideur agressive - elle devait avoir l'habitude de se battre. Elle paraissait également très seule.
Il interrompit son flot de pensée et resserra l'étreinte sur son arme abaissée. Il était dangereux de manquer de vigilance, et l'étrangère paraissait véritablement douée de talents au combat. Cependant, il ressentait moins en elle d'intentions belliqueuses, qu'un esprit perdu, désorienté, et donc aux abois. Elle était sur la défensive, comme un animal sauvage qui sent le danger venir. Curieusement, il se sentit pris de compassion pour elle. Mais il était décidé à ne pas lui céder quelque information que ce soit sans obtenir quelque chose en retour.

Son corps était raide, son esprit en éveille et son âme en colère. Elle ne ressentait plus sa présence, pas même un simple fil de son essence. Ou était-il donc ! Sa patience commençait à s'effriter peu à peu et bientôt elle n'y tiendrais plus. Ses ailes battirent d'un coup sec pour arriver en haut des marches en quelques secondes seulement. Son pas c'était fait rapide.

Où est Green ?

Son ton était devenu froid et désagréable. La jeune fille n'avait pas été nommé général pour rien, tous les anges l'avaient craint. Cette fois elle s'était retournée vers l'inconnu et sans doute pas avec de nobles intentions. La pièce se réchauffait peu à peu. La chambre ne ressemblait plus à ce qu'elle avait été. Tout avait changé. Tout. Elle était juste venue ici pour chercher quelques affaires de Kyara, mais il n'y avait plus rien.

Où est son mari ?!

La chaleur devenait suffocante. Et presque palpable.

En entendant le nom de Green, Arzenia se refroidit instantanément, en dépit de la température qui s'élevait. Il la fusilla du regard, tout en relevant son arme.

- Green n'est pas là. Il n'est plus là.

Il s'approcha d'elle, tout en retirant son chapeau, ce qui éclaira son visage. Il fallait bien que cela vienne un de ces jours. Il était même étonné que les proches de Green n'aient pas tenté de le rechercher plus tôt, mais il faut dire qu'il s'était tellement coupé du monde, l'année passée, qu'ils avaient dû finir par le croire parti en voyage pour se changer la tête. Il y avait un peu de ça, quelque part. Un long voyage. En tout cas, cette jeune femme était la première à venir enquêter sur le sujet, et pas la plus commode. Il eut largement préféré de se confronter avec un oncle ou un cousin. Elle ne semblait d'ailleurs pas appartenir à la famille, ou du moins, pas à la famille de Green. En revanche, le fait qu'elle parle de lui comme "son mari" l'aiguilla sur la voie de Kyara. Cependant, il savait que la famille de son côté, était bien maigre, tout juste des frères adoptifs, ou des cousins éloignés.

- Qu'est-ce que tu lui veux ? Demanda-t-il d'un ton sec en découpant bien les syllabes.

Son visage était à quelques centimètres du sien, et il détendit ses traits pour qu'elle puisse le voir clairement.

Les surprises sont parfois les pires choses que l'on puisse avoir. Son esprit devait rêver éveillé car elle était sûr d'être prise d'une hallucination. C'était une chose impossible. Ce qu'elle avait devant les yeux devait être faux. son âme se concentra sur celle qu'elle avait en face de lui. La chaleur retomba d'un coup. Tout était vrai. Ce qu'il venait de lui révéler était la pure vérité.

Tu... Tu es ... lui ?

La jeune femme secoua violemment la tête comme pour se réveiller. En face d'elle se tenait celui qu'elle cherchait. En face d'elle se tenait de le mari de la jeune fée. En face d'elle se tenait en quelque sorte son mari. Ses pupilles s'étaient dilatées sous le choc. Instinctivement elle l'attrapa par les épaules comme pour s'assurer qu'elle ne voyait pas de fantôme.

Green bon sang ! Je me suis fait un sang d'encre ! Tu te la joues comme ta femme ou quoi ?

Visiblement, l'ange venait de se réveiller et ne semblait pas vouloir s'arrêter.

Tu te prends pour un autre dans l'espoir que ta douleur disparaisse ? Mais ça va pas ?! Et tu t'es jamais demandé ce qu'elle penserait de toi de là où elle est ? Et si elle te voyait en ce moment même ?

Sans s'en rendre compte elle serrait de plus en plus fort son étreinte.

Devenu livide, Arzenia ne mit pas longtemps à réagir. Se libérant de son étreinte, il la repoussa d'un coup si violent qu'elle fut projeté à terre. Une chance pour elle que le couloir était long. A peine s'était-elle légèrement redressée qu'il braqua son revolver sur elle, les yeux flamboyant. Il était hors de lui.

- Et toi, pour qui est-ce que tu te prends, espèce de petite fouille-merde ?! Je t'ai dit que Green n'était plus là. Je vais même te dire, il est en vacances. En vacances oui, ajouta-t-il d'un air grave. Il détendit légèrement ses muscles. Pourquoi est-ce que tu crois que je suis là, je sais où tu es apparue. Il insista sur ce terme. J'ai des yeux partout, et je savais que tu viendrais là. Alors je répète ma question, détachant les mots, qu'est-ce-que-tu-veux ?

Dans un tic nerveux, il fit tourner son pistolet automatique autour de son index, dans un sens, puis dans l'autre. Il semblait définitivement refermé sur lui-même.

Le sol avait semblait bien dur à l'ange quand elle s'était retrouvée au sol sans comprendre ce qui c'était passé. Depuis quand Green était-il violent ? Et puis n'était-ce pas Green qui lui disait qu'il détestait les armes ? C'était à n'y plus rien comprendre. Doucement elle se leva.

Pff, les humains resteront toujours aussi pitoyable. Dire que j'ai cru que Kyara avait trouvé une perle. En fait c'était juste une bille de verre fragile, fissurée et sale.

Son esprit savait que parlementer avec lui ne servirait à rien. C'était décevant. Comment avait-il pu tomber si bas ? Une certaine amertume était restée dans sa bouche. Surtout ce qu'il venait de lui dire. Et si c'était vrai ? Il n'avait pas pu prévoir que Sylan la ramènerait de l'au-delà.

Je suis venue dire à Green, celui qu'a épousé Kyara que celle-ci avait enfin pu trouver le repos. Qu'elle avait arrêté de souffrir. Mais cela n'a plus aucune importance, puisque je ne vois devant moi qu'un minable qui fait joujou avec un flingue.

Silissia haussa les épaules. Et commença à se diriger vers le bureau.

Arzenia soupira. Voyant qu'elle avait rangé son agressivité, il rangea la sienne, avec son arme, sous sa cape. Il fallait remettre les choses en perspective. De toute évidence, elle était dépassée par les évènements, et ne comprenait pas de quoi il pouvait retourner. Il décida de changer de stratégie. Il la rejoignit dans le bureau.

- Tu ne trouveras rien ici, la maison a changé d'habitant depuis... Il sortit un petit carnet rouge. Ca fait sept mois maintenant. Tu ne devrais pas rester là. Ils vont finir par rentrer à un moment ou un autre, et, la loi étant appliquée ici, je peux t'annoncer que nous sommes entrés dans une propriété privée par effraction.

Il se planta devant elle dans une attitude diplomatique.

- Je ne sais pas qui tu es, mais tu sembles bien connaître Green et Kyara. Je peux t'en dire plus à propos de Green si tu le souhaites, ou te dire où tu pourras trouver certaines de leurs affaires, mais pas ici, pas maintenant. C'est à toi de voir.

La patience finit toujours par atteindre une limite. Mais pas ici, pas avec elle. Arzenia n'avait pas l'air de tout savoir non plus. Néanmoins, le schizophrène avait des informations que l'ange désirait. La pièce était plutôt grande pour un bureau, il ne ressemblait plus à ce qu'en avait fait Kyara et Green. Son cœur se pinça. Pour une fois, même si ce n'était pas complétement elle, Silissia avait vécu heureuse. Le temps qui passe est précieux, il nous guide vers notre avenir et forge le caractère. La fée avait été son côté tendre et doux. L'ange était l'animal et la violence. pas facile de se défaire d'un bagage aussi lourd que celui-ci.

Mais il fallait qu'elle le récupère et il était entre eux deux. La jeune guerrière et son passé. Son soupir raisonna dans toute la pièce.

- Bon... si tu me laisses récupérer le cahier qui se trouve derrière toi, je consens à partir rapidement et à remettre à plus tard notre discussion. Dans un lieu neutre en plus, sans enfreindre de loi.

Son regard d'émeraude fixait le mur de papier peint un peu kitsch qui n'avait pas changé, tout comme ce vieux secrétaire. Il en avait renfermé des secrets du couple. Il avait accueilli bon nombre de leur projet. Un léger mal nostalgique la ballota d'avant en arrière. Le bateau des sentiments tanguait sérieusement. Silissia se souvenait.

- Ce n'est cependant pas quelque chose qui te concerne. C'était un truc entre elle et moi. Si tu l'avais eu en main, tu aurais su qui j'étais.

Ses doigts fins montrèrent le secrétaire collé contre le mur. Un sourire forcé nourrissait ses lèvres.

Arzenia entra d'un seul coup en terrain inconnu. Il avait débarrassé absolument toutes les affaires du couple, et avait étudié chaque document, notamment à la recherche de feuillets administratifs, mais il n'avait pas négligé la moindre page d'un dossier. De surcroit, il n'avait pas trouvé de "cahier" à proprement dit, d'autant qu'il devait s'agir d'un document personnel, intime, des jeunes gens. Malgré son instant de doute, il n'en montra rien et resta impassible. Il redressa le dos et plongea son regard dans le sien avec assurance.

- J'ai dissimulé hors d'ici tous les effets personnels de Green et de Kyara. Il n'y a rien dans ce secrétaire, rien qui ait pu leur appartenir.

Puis il se tourna, et d'un mystérieux mais vif tour de main, il crocheta la serrure dorée du meuble richement ouvragé, et découvrit l'intérieur - quelques papiers sans âme à première vue.

- Tu peux fouiller si tu veux - à condition de tout remettre en ordre ensuite - mais tu ne trouveras pas ce que tu cherches.

Se tournant vers elle, et soudain mu par un élan de douceur incompréhensible, il détendit son visage, et lui esquissa ce qui ressemblait peut-être à un sourire.

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