Souvenir au pied d'un arbre [Rp concerté]

Ce qui était le plus appréciable en Aelis, c'était sa paix et sa beauté. Mais depuis quelque temps, tout cela tendait à s'envoler loin de la réalité. Le monde était devenu barbare et violent... comme tant d'autre. Ici aussi la guerre avait déchiré la terre et transfigurer ce lieu serein. Et si l'ange avait eut ce pouvoir, elle aurait peut-être pu l'entendre geindre. L'univers finirait un jour par s'effriter, se fendre et enfin disparaitre, car tel était son destin. Ce lieu de paix s'évaporerait un jour et son existence éternel devrait en trouver un autre. Tout cela était perfide. Et ses pensées lui donnaient un arrière goût amère de prophétie qu'elle essaya de chasser. Mais autant verser du vinaigre sur une plaie ouverte, tout cela ne rimait à rien. Pourquoi fallait-il toujours guerroyer ? Pourquoi encore sacrifier des innocents ? La cruauté et l'avarice étaient-elles les seuls vertus des êtres vivants ? Pour y avoir souvent participé elle connaissait la réponse. Mais au plus profond de son esprit, une faible lueur continuait d'éclairer son âme. Peut-être que tout n'était pas perdu, mais il faudrait beaucoup de temps en tout cas.

Toutes ces pensée venait à la ramener à son ultime question. Que faisait-elle en ces lieux ? La Digue n'était pas vraiment son endroit préféré. C'était ici que Kyara avait failli mourir et cela par deux fois. En même temps pourquoi avoir eu peur du peintre, il n'y avait pas eu de raison et cela l'avait conduite à faillir se noyer. Un léger sourire triste égaya son visage. Le pauvre n'avait pas compris ce qui c'était passé. La mort de cette enfant avait du le ronger, comme beaucoup d'autre personne.

Silissia commençait à s'avancer vers la gréve pour écouter le chant des vagues. C'était comme à Saphirya, avec le sable en moins. L'odeur de l'iode et la couleur du ciel la firent rêver des temps anciens. Un temps où elle ne se souciait pas encore de la mort. Mais c'est fou comme après des siècles et des siècles les souvenirs se voilent. Tel était certainement le destin des êtres immortels.

Tout doucement, elle s'accroupit sur le sol pour effleurer l'eau du bout de ses doigts et la faire danser. D'une main qu'elle souleva, un petit dragon de lumière chevaucha l'eau en tournant sur lui même. Les jeux d'enfants étaient ceux qu'elle préférait, ceux des adultes étaient trop compliqués. Alors elle voulait redevenir une enfant. Redevenir innocente comme au premier sang. Ne voir que des souvenirs et ne pas les effacer. Pour les oublier de temps en temps et finalement les retrouver. Petit à petit le reptile lumineux se changea en loup majestueux.

Elle se contenta de soupirer et le fit disparaitre. Comme tant d'autre...

AU fond d'un palais de glace détruit, dans les ruines apparente à des épines tranchantes comme des lames, dormait indolemment un loup au visage balafré. Sa queue repliée vers son ventre, sa respiration était lente et son corps ne semblait pas affecté par le courant rude des bas fonds de la digue. Immobile, il veillait sur des terres de mémoire oubliées. Jusqu'à ce que la surface l'onde forme dans les mains d'une étrangère un mouvement d'essence discret mais aussi bruyant qu'une tempête dans l'âme du félin. Ses oreilles se relevèrent lentement et sa tête scruta vers les hauteurs comme pour tenter de reconnaître l'air troublé. Mais Saint Adobe a tjs été perdu dans une concentration de magie tellement intense qu'il était difficile de reconnaître au premier abord. S'étirant , pattes tendus, il chassa le sommeil avant de se transformer dans un faible éclair lumineux en une Ondine, puis, sortant de l'eau , arrosé d'écume blanche il laissa ses traits imiter la silhouette d'un guerrier au yeux bandés par un foulard noir. Sur son front, une opale brille d'une lueur rouge sombre. S'extrayant de l'onde il sembla marcher sur la mer.

Fait uniquement d'essence et de mémoire, l'Avatar paraissait incertain à chaque mouvement de ses membres. Tirant une petite dague de sa ceinture il souleva le visage avec la lame de la jeune femme tout en murmurant :

Les Loups et les Dragons ne sont pas les bienvenus, ici. Je suis le Gardien de cette Mer et je n'aime guère qu'on me dérange pour quelque hasardeux exercice de magie.

Retirant son arme il présenta son buste droit tendant sa main comme pour la congédiait, il dévoila un signe plus vieux que ses paysage : un "S" enlacé par un Dragon.

Si tu ne fais qu'errer, tes pas feraient mieux d'aller ailleurs.

Il n'y avait plus rien de surprenant à voir sortir de l'eau un être se prenant pour Dieu. Un de plus. Son coeur se souleva. Le temps se répétait inlassablement, formant une boucle que l'on ne pouvait briser. Étrangement, c'était toujours les passages les plus désagréables qui revenaient en premier. La dague glacée vint chatouiller sa gorge aussi douce qu'un plume. Qu'importe, elle ne pouvait pas mourir. Mais c'est avec surprise qu'elle observa qu'il l'avait enlevé.

Les Loups et les Dragons ne sont pas les bienvenus, ici. Je suis le Gardien de cette Mer et je n'aime guère qu'on me dérange pour quelque hasardeux exercice de magie.

Comme si elle ne maitrisait pas entièrement sa magie... Un ange de sa stature avait grandi avec, et elle avait eu le meilleur professeur qui soit. Son esprit vagabonda du côté de cette période. Tout doucement, son corps et son âme avalèrent les années. Ce lieu n'était plus ce qu'il était. Son regard se tourna vers le vieux cabanon qui l'avait hébergé autre fois. Tout cela est lointain. Peut-être trop même. Tout cela devient flou. Et il ne peuvent pas devenir poussière car le réceptacle est immortel.

Si tu ne fais qu'errer, tes pas feraient mieux d'aller ailleurs.

Les Dieux ne lui faisaient plus peur. Son visage fit volte-face et se figea. Ce ne pouvait être vrai. Le chant du vent s'engouffrait de nouveau dans un sommeil lointain et paisible. Dans une vie de douceur et de simplicité. Le plus grand arbre trônait fièrement en son centre, abritant deux enfants endormis. Un ange et un loup. La créature céleste était adossée à l'écorce et le métamorphe avait posé sa tête sur ses genoux. Ils se comprenaient mieux que personne. Il n'attendait rien de l'autre, si ce n'est le repos de l'âme.

Un courant électrique la réveilla. Son cerveau avait agi comme un interrupteur. Et à présent elle ne voulait plus partir. Son coeur se mit à battre plus fort.

Hezeriel...

Son âme n'était pas présente mais elle ressentait ce même vent chaud et agréable... Quelque chose n'allait pas. Les engrenages tournaient à présent à toute vitesse. Ce n'était pas normal. Il fallait qu'elle le revoit. Elle devait lui dire. Ce n'était pas juste. Mais rien ne l'était dans ce monde. Une douleur abominable foudroyait son âme.

Non, ce n'est pas toi... Hezeriel.

Tout doucement elle avança vers l'être inconnu. Sans savoir qui l'attend.

Il perlait sur les doigts de l'Avatar des reflets de mémoire, tel un long chapelet qu'il égrenait au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Et quand elle fut à deux pas à peine un sourire se forma sur ses lèvres alors qu'il imitait sa voix:

Non ce n'est pas toi... Hezeriel.

L'être prit la main de la jeune femme et la serra violemment comme pour effacer le dernier mètre qui les séparait.

Regarde au fond de mes yeux.

Elle s'approcha irrémédiablement avant de rencontre son iris flamboyant, fracturé en trois. Ce qu'elle vit dans ce regard embrasé, ce n'était que des images sans lien, des longues galeries de mémoire égarée, tenu dans l'espace par le lien encore puissance d'essences disjointes ; le miracle d'une harmonie essoufflée qui chante quelque vieilles notes. Et dans cet entremêlement de paysage, de figures et d'objets, une se fit plus agressive, plus présente : de vastes palais enneigés balayés par vent un glacial. Au sommet des tours, des Dragons griffent l'espace dans des hurlements silencieux.

L'Avatar posa brusquement une main sur son front avant d'arracher son opale et de lui tendre.

Il n'y a plus rien ici, sinon des ruines que plus personne ne sait regarder. Tu es venue bien tard, je t'attendais. Rejoins le la- bas, dans ces monts enneigés. Retrouve le. Ne crois pas que nous sommes des Dieux. Ou alors, tu auras aimé un vent divin. Et ferme ton âme, ou il saurait lire assez en elle pour qu'il ne reste plus rien de toi avant même qu'il ne te reconnaisse. S'il te reconnaît.

Retirant sa main, il sembla hésiter avant de s'effondrer lentement tel une vague d'eau qui reflue en écume. Le dernier effort d'un souvenir qui avait essayé d'exister encore un peu.

L'être avait fondu comme neige au soleil, laissant l'ange au milieu de ce paysage désolé. La pierre était aussi brûlante qu'elle en était glacée. Un paradoxe d'une toute beauté qui l'aspira dans un univers lointain. Alors il était possible que lui aussi ne se souvienne plus... Ces années devaient être une plume ensevelie sous tant d'autre. D'un coup la douleur de la mort sembla bien légère par rapport à celle de l'oubli. Les cris des dragons la transportèrent dans ce monde de rêve. Il fallait qu'elle avance pour le retrouver. Les mots sont parfois le plus grand réconfort que l'on puisse souhaiter. Et c'est à cette fin qu'elle utilisa un sortilège sur le talisman.

« Le vent souffle doucement, dans nos doux rêves d’enfant.
Oublié de toutes nos vies et de celles qu’on nous envie,
Nos existences ne sont rien, elles ont perdu leurs chemins.
Retrouvons-nous bel ami, aux creux de nos soucis
Pour revivre une fois encore le goût du réconfort.
Que notre arbre nous protège et nous prévienne des pièges
De ce qu’une existence peut apporter comme sentence.
Nous avons été puni touts deux par un interdit,
De pouvoir nous aimer et un jour nous retrouver.
Mais qu’en cet instant lointain puisse se joindre nos destins,
Et que cette pierre sacrée se désigne le messager,
De mon désir secret de te voir et t’écouter. »

Puis son souffle insuffla la magie manquante et la pierre et celle-ci se souleva pour avancer vers le château. Le grès qui la dominait aurait pu lui faire peur, mais le temps lui avait montrer des endroit bien plus effrayant que cet enfer. Son cœur la brûlait comme pris dans un étau de flamme. Silissia espérait encore un miracle en ce monde. L'opale accéléra emmenant avec elle l'ange. Son souffle chaud émettait une brume dense, pourtant elle ne ressentait pas le froid. Ses pieds nus s'enfonçait dans la neige comme si elle marchait dans du coton. La fatigue n'était plus un obstacle. Cette course l'emmena à contourner la forteresse pour arriver dans un champ glacé où seul un arbre mort au large tronc avait encore sa place. A son pied, un loup semblait dormir.

Son sang se figea. Le temps fit de même. La pierre retomba lentement dans sa main et le charme fut rompu. Ses pas l'amenaient doucement vers le centre, sans écouter les mises en garde de cette conscience qu'elle avait autre fois. Une chose lui importait. Le revoir. Le revoir et respirer son air. Enfouir de nouveau son visage dans cette délicate fourrure. Et puis... elle avait des choses à lui dire.

Ses yeux verts d'enfant le regardaient de trop près à présent.

Hezeriel...

Il la regardait s'approcher du statuaire immaculé ou repose une tombe sans corps, un caveau de rien, sans âme et sans chair, oublié depuis de longs siècles. Sur son visage, des fines arabesques contournent les commissures des lèvres et des yeux pour se rejoindre sur les joues et former d'étranges hiéroglyphes. A son front l'opale de Pouvoir brille autant qu'un joyau écarlate sous le soleil froid. Il tient son corps droit et immobile, laissant ses mains et sur le pommeau de son arme et sur sa taille. Autour de lui l'herbe semblait se plier sous un vent invisible et impalpable la lumière lui donnait l'allure d'une ombre sortie du paysage. et la lu Quand sa voix perça le silence elle sembla lointaine, presque effacée :

Il y eu de très grandes, de très belles cérémonies ici. On suivait en procession des Forteresses imprenables jusqu'à cette parcelle de terre. On l'a couverte de draps et de drapeau, et tendant aux arbres plus loin des guirlandes on a veillé sur sa dépouille. Je ne sais plus son nom ni son visage. Je sais seulement qu'il est mort un jour d'automne. Il s'est couché, loup fatigué, sur cette dalle et la pierre l'a pris. Le Sépulcre a semblé l'accueillir comme si depuis longtemps tout était déjà prévu. On a beaucoup chanté, certains ont ri, d'autres ont dansé. Des hommes vêtus de cuir et d'arcs ont tiré des flèche au ciel. Elles ne sont jamais retombées depuis ; elles ont sûrement du toucher un astre. Et puis, peu à peu, ils sont parti, chacun de leur côté, chacun pour leur nouvelle vie sans leur Prince. Quel était.. son nom déjà?

S'approchant d'elle et de la statue il s'agenouilla pour lire les inscriptions.

Hezeriel...oui.. ce doit être cela. Vous arrivez bien tard si vous le cherchiez. Cela fait de longs siècles. Un grand homme il habitait à côté, dans ces palais. Je crois qu'ils sont désert désormais. Vous pourriez les visiter si vous voulez...j'ai les clefs de la porte d'entrée.

Faisant sonner dans sa main droite un trousseau de clef il dirigea ses yeux pourpres vers Silissia

Qu'en pensez vous?

Ce n'était qu'une statue... Tout ce chemin pour une statut. L'âme qui tournoyait autour d'elle capta sa détresse et commença à s'agiter. Tous les rêves sont faits pour être détruit. Le corps de l'enfant céda sous son propre poids et elle se retrouva à genoux dans la neige. Sa robe bleu devenait humide mais cela lui importait peu. Elle s'excusa au moins un millier de fois auprès de sa tombe. Pendant un millier de fois son coeur fut pris de regret. Pendant un millier de fois elle se sentit mourir.

Pardonne-moi... Pardonne-moi... Pardonne-moi...

Ses frêles mains frappèrent le sol à plusieurs reprises, jusqu'au sang. C'est quand elle découvrit la neige pourpre qu'elle s'arrêta. C'est toujours ainsi. Tout doucement elle se redressa et se tourna vers le gardien du tombeau. C'était là le dernier hommage qu'elle pouvait lui rendre.

Je veux voir sa demeure. Je veux toucher son monde. Je veux effleurer du bout de mes doigts son passé. Alors amenez-moi dans ses souvenirs. Que mon chemin jusqu'ici n'ait pas été vain. J'irai me recueillir sous un arbre plus tard.

Sa voix était éteinte. Les flammes n'arrivaient plus à prendre. Les plaies de ses mains commençaient déjà à cicatriser. Son regard d'habitude flamboyant devenait de plus en plus terne comme aspirer par un trou noir. Lentement, l'ange lui emboita le pas.

Le trousseau de serrure tinta légèrement avant que le bras ne s’abaissa pour de bon. Il fixa l’étrange ange d’un air circonspect. Il ne l’avait jamais croisé auparavant. Balayant d’une main ce qu’il pouvait ressentir d’elle au travers de son aura il prit le chemin des palais. C’était un sentier entretenu avec soin, bordé par des bornes de pierres décoré par des inscriptions illisible, vieillis probablement par le temps. Les pas sur la terre résonnaient dans le silence d’échos ordonnés et réguliers. Ils ne mirent pas longtemps à rejoindre les vastes murailles qui découpaient l’horizon tant leur taille étaient immense. Se dressant sous la forme de longues tours effilées, tirant leurs flèches baroques vers le ciel, les bâtiments semblaient vouloir lier terre et cieux dans un même élan d’étrangeté surannée. Le Guide inséra l’une des clefs et les vastes grilles pivotèrent pour les laisser passer.

Passant le portique d’entrée sous colonnade et voute brisée, le duo arriva dans une vaste cour ou passait un vent doux transporteurs de feuilles brunes. Il tourna sa tête vers elle en lui murmurant :

Essayez de ne toucher à rien, on ne sait ce qui peut se réveiller ici.

La jeune femme hocha vaguement de la tête pour signaler son accord. Après tout, cela ne semblait plus qu’un rêve qui finirait par sombrer dans l’oubli. Car caresser l’espoir de retrouver un être perdu de vu est parfois plus sage. Ses yeux balayaient machinalement le décor, essayant d’imaginer que pouvait être le quotidien du temps où il était encore Roi. Mais tout ceci ne ressemblait guère à ce qu’elle avait connu de lui. Ils n’avaient jamais su grand-chose l’un de l’autre mais s’en accommodait plutôt bien. Son pas se calqua machinalement sur celui du gardien.

Prenant une petite porte dans un coin de la grande cour, il la poussa délicatement et commença à monter les marches en colimaçon. Le guide regardait fréquemment derrière lui pour être sur qu’elle le suivait tout en frôlant ses mains aux murs pour s’en servir de brefs appuis afin d’assurer son ascension. Ils montèrent ainsi de longues minutes sans que l’on puisse apercevoir une porte ou l’entrée d’une pièce. Enfin, alors qu’ils tournaient indéfiniment, l’escalier se termina sur une arcade donnant l’entrée sur une salle basse ou trônait une immense bibliothèque. Le Guide se retourne et simulant un sourire il souffla :

Ce sont les appartements privés de Monsieur. On y trouve ses livres, un petit cabinet de travail et une chambre plus loin. Il y a longtemps, l’aile sud a été ravagé par la foudre venu d’on ne sait trop ou. Il n’en reste plus que des ruines et des objets abandonnés par la pluie. Dans ces œuvres on parle d’ange, et de néant, d’histoires oubliées. Je passe des heures ici à lire ces vieux grimoires… . Il y a des histoires fascinantes… Comme celle d’un ange qui le traque.

Tout en continuant de raconter il tira livre et tourna les pages. En quelque passage des lithographies éclairaient l’ouvrage, dessinant une ombre qui en pourchassait une autre page après page.

Il y a ce passage… « Elle est dans le Manoir. Elle me cherche. Pièce par pièce. J’entends ses ailes frôler les murs, les vases, sa main effleurer les tables et les portes. Elle avance lentement. A-t-elle peur ? Elle pourrait respirer, sentir ma présence, mais elle prend son temps. Un temps incroyable pour arriver jusqu’au salon. Que cherche-t-elle »
Le Guide se retourna vers elle, les yeux flamboyants allumés par le récit. Puis tirant une moue il s’adressa à elle :

Vous ne dites rien ?

Ses lèvres entrouvertes, la jeune femme se remémorait la scène. Toutes ces traques étaient gravées à jamais donc son âme et sa mémoire. Chaque recoins où elle le débusquait et où ils se livraient une bataille sans merci. Essayer de le tuer était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour rester à ses côtés sans qu’IL essaie de le supprimer.

Ce n’était pas un ange… C’était un démon. Cruel et assoiffé de sang.

Ainsi donc c’est la seule chose qu’il avait su retenir de leur relation. Comment lui en vouloir…

La réponse de la jeune femme lui parut étrange. Il n’avait croisé dans ce roman aucune trace d’un démon, seulement l’image d’un homme singulier qui essayait d’arriver à un but, un but obscur ou il y aurait des dieux, et des mondes ; des races et des peuples : un univers lointain. Reposant le livre sur l’étagère, il caressa d’une main les autres reliures.

C’est sans importance, finalement. Ce ne sont que des histoires.

Détachant ses yeux de la bibliothèque il l’invita à le suivre vers l’antichambre, empruntant des couloirs étreints fourni de tentures et de bas reliefs. Les scènes peignaient souvent de titanesques affrontements entre dragons et autres bêtes imposantes se livrant une guerre effroyable. Sous leurs ailes des hommes se battaient, l’arme au poing, tous vêtus d’habits de guerre et d’écusson au sens perdu dans l’oubli. Pourtant si l’on s’y attardait, l’on reconnaissait parfois comme des vagues reliefs de Wilwarin ou encore de Galvorn. Tous ces riches décors ne montraient pas que de fantastiques contrés irréelles mais semblaient prendre leur source plus proche, dans la réalité même de Ter Aelis. Le Guide s’arrêta sur un portrait glissé entre deux fresques. Tendant un doigt il fit une remarque brève et presque gaie :

Cette femme vous ressemble. Mais elle est morte il y a longtemps, au-delà de ce monde. Très loin.

Ouvrant une petite porte sur la droite du couloir qu’ils empruntaient, il la laissa entrer dans une vaste pièce ou un lit trônait, entouré de soie et de velour. La pièce comparée aux autres endroits de la maison semblait plus sobre, dénuée de représentations. Sur le lit quatre dagues gisaient, aux lames encore imprégnées de sang. Chacune d’entre elle avait un pommeau sous la forme d’un dragon dont les ailes se repliaient pour former la garde. Il contourna le vaste lit et se retourna vers elle il déclara :

C’est ici sa chambre. Un endroit où Monsieur ne restait pas longtemps. Il faut savoir qu’il ne dormait guère. Sa vie était toujours ailleurs, dans des voyages fous d’où il revenait exsangue et silencieux. Ces poignards qui traînent encore sur les draps sont ceux qu’on a retrouvé tout près de son sépulcre. Quelqu’un a du les placer ici machinalement, attendant probablement qu’un héritier les réclame.

Pourquoi devait-elle souffrir autant ? Le tableau… C’était elle, elle en aurait mis son âme en jeu. C’était horrible de subir ainsi ces souvenirs de plein fouet. Il devait être fou pour avoir gardé ces vestiges de cet affrontement. Tout cela appartenait à leur passé. Silissia se rapprocha du lit. Du bout des doigts elle effleura les lames. C’était bien elles.

Qui de nous deux avez touché l’autre en premier ? A qui de nous deux appartient ce sang ?

Elle serra le pommeau dans sa main. Les ombres des souvenirs dansaient dans sa mémoire. On l’avait engagé pour éradiquer le mal. Et le mal en question, c’était lui.

Non, c’était moi…

Elle se tourna vers le gardien. Il fallait qu’elle demande.

Quel était son nom à ce démon qui le traquait sans relâche ?

Il fallait qu’elle l’entende. Il fallait qu’on le lui dise.

Il n’osa pas le lui interdire. Pourtant il avait prévenu. On ne devait pas toucher aux objets. Tout ceci n’était qu’une vaste illusion, un rêve qui tenait fragilement, imprimé dans la mémoire d’une pierre ; le dernier artefact du Prince Régnant. Fixant ses yeux écarlates vers la jeune femme murmura :

On ne le sait pas. Il ne reste qu’une seule Lettre de son nom. Elles sont gravées sur ces lames. Ce ne sont pas que des dagues… elles sont uniques, construites dans une seul ambition, forgés pour une seule personne. Il y a des… des initiales sur le pommeau. Rien qu’une lettre : un S.

Le visage du Guide sembla se décomposer lentement tandis qu’autour d’eux la pièce tangua, les murs devenaient d’étrange pans amovibles qui se balançaient en tous sens. Sa voix se fit plus grave et plus lointaine :

Ce ne sont que des chimères tous ces maudits endroits. Des labyrinthes de mémoire qui n’appartiennent plus à personne, et qui restent a gémir au fond d’un coffre. Tout ce monde-là n’est fait que pour enfermer le Démon.

Un son violent, tel un orage fendant l’espace, s’abattit brusquement. Le monde dans lequel ils évoluaient se brisa et l’essence qui supportait de telles illusions s’étouffa dans un souffle. Peu à peu apparurent des cavernes où coulaient des bras de rivières rejoignant dans un même élan un petit lac. AU centre du lac était plantée dans le roc inondé une épée runique. Et devant la lame brillante veillait un Loup, un loup au pelage plus blanc que neige et aux yeux étranges dans lequel l’iris était fracturé en trois. Mais ce loup-là n’était pas une statue. Sous son pelage, un cœur battait lentement. Sur ses moustaches une fine rosée laissait tomber des gouttes d’eau pure. Ouvrant sa gueule, il montra des crocs ensanglantés. Dévisageant la jeune femme qui venait de s’effondrer en même temps que le rêve sur le sol dur et rocailleux de la caverne il dit à sa pensée :

Longtemps à rêver ici, dans les échos d’un monde enfoui, endormi ; longtemps à chasser des rêves à se demander quand le démon viendra me chercher. Vois ce que tu as fait de moi !! VOIS ! Enfin.. je t’ai retrouvé… .

Dans un éclair blanc, la bête disparut et laissa place au barbare de la digue aux yeux cachés par un bandeau, au front brillant d’une opale sanglante. Tendant ses mains aveugles vers elle il cria de sa bouche tordue par d’anciennes douleurs :

Mon corps n’est plus rien, c’est un corps emprunté, volé à des humains ou que sais-je d’autres ! Des rampants de ce monde trop faible pour avoir pu me résister. Mon âme est divisée en QUATRE et je m’entends parfois discuter avec moi-même, résonner tel un concert, dans mon sang et dans ma tête. Plus jamais je ne dors et plus jamais je ne vis. Mes Âmes sont des chimères qui passent leur temps à chercher comment se détruire, comment n’être plus que la seule dans un corps épuisé par le combat… .

Faisant un pas il laissa voir sur sa poitrine des blessures béantes ou le sang semble jaillir puis se résorber.

Immortel comme on peut l’être lorsqu’on est devenu ce que je suis… le Roi, le Prince d’un Sang si puissant qu’il ronge les veines, et le chair, et tout le corps au final. Rien, non rien ne le retient. Il exulte dans chaque élan pour sortir et inonder le monde d’une rage sourde et mauvaise. Vois… Démon. Je suis un Monstre. Et toutes les secondes, voilà mon corps qui referme les plaies pour mieux qu’elles s’ouvrent. Maudite âme de vampyre qui me régénère trop lentement pour que tout se referme et trop rapidement pour que tout se déchire.

Plongeant dans l’onde, titubant plusieurs fois, il combla l’espace entre elle et lui et tendant la main il pointa son doigt vers elle.

Je ne sais même plus qui tu es Démon. Je sais seulement que nous avons une chose en commun, une unique chose auquel ma mémoire s’est accrochée désespérément. Un S comme un silence sur toutes ces années de perdues, d’oubliées par le simple fait d’avoir… « perdu » mon âme d’humain, de mortel. Une simple lettre que je scande partout et qui ressurgit quand je fixe l’eau. Elle dort là, dans tous les reflets, dans toutes les gouttes. Un S maudit, que j’ai moi-même maudit. Te souviendrais-tu toi ?

D’un geste brusque et précis il lui attrapa le bras et dévoila le poignet gauche de la jeune femme. Sur la peau était imprimée comme par une brûlure un « S » que la cicatrisation avait rendu difforme.

C’est une dague qui vous à blessé ici… n’est ce pas ?

Son gémissement était faible. Tout semblait flou. Le monde pouvait bien se renverser d’un coup, se fendre et se tordre dans tous les sens, rien ne vaudrait jamais la douleur qu’elle ressentait. La cicatrice la brûlait de nouveau comme au premier jour. Pourtant ce n’était plus son corps, elle ne devait plus l’avoir. Ou alors c’est qu’elle était gravée à jamais dans son âme. Pourquoi avait-elle failli ? Qu’est-ce qui avait bien pu l’amener à toucher les dagues ? Elle voulait les sentir à nouveau. Il fallait qu’elle reconnaisse le lien qu’elles avaient établi entre eux. Et puis c’était de sa faute s’il était comme ça à présent. Sa chasse c’était arrêté le jour où Quelqu’un avait réussi à la tuer.

Oui, c’est une dague. Oui c’est cette dague. Oui je suis un démon plus qu’un ange. Oui je t’ai abandonné !

Sa voix était montée crescendo jusqu’à en faire vaciller l’air. Elle tremblait. Elle pleurait. Elle gémissait. Pitoyable. Une enfant perdue en pleine forêt avec des loups et qui leur demande de la manger. Impardonnable. L’âme qui l’accompagnait se cacha, prise de peur. Ses larmes se cristallisaient en perles translucide au reflet mauve. Comme son arme. Même reflet. Celui de sa peine.

Je voulais m’excuser… Je voulais juste que tu me pardonnes…

Son corps ne répondait plus à ses pensées. La seule chose qui la maintenait encore debout était l’étreinte de la chimère. Sa voix s’effaçait dans les sanglots de son cœur. Les larmes roulaient sur le sol comme autant d’âme en enfer. Ses yeux ne lui montraient plus rien d’autre que des ombres dansant derrière une vitre. Seule le « S » lui parvenait nettement.

Hezeriel pardonne moi. Pardonne nous d’avoir était maladroit. Oublie ce « S » infâme.

Sa gorge se noua. Tout doucement son corps et son esprit sombrait plus profondément dans les souvenirs. Une bribe de lumière éclaira ses songes pour la faire sourire comme une démente. Ils étaient là devant cet arbre. Ils étaient là, endormis. Le vent soufflait doucement une bise d’été dans les branchages qui chantaient doucement. On les berçait. Ils étaient les enfants chéris de la nature et de la paix.

Oublie Silissia…

Elle ne voyait plus rien. Juste l’obscurité. Simplement le silence.

Le nom arracha un hoquet au monstre qui lâcha le bras. Ce nom, ce son, peu à peu une mémoire mauvaise et fracturée revenait. Il avait une liste à exécuter. Elle était la dernière. Dans ses mains rayonnèrent un éclat de lumière avant que deux dagues apparaissent, les dagues de l’Assassin, les seules capable de déchirer les ailes d’un ange. Elevant lentement les bras, les larmes le retinrent dans son acte quand elles vinrent se briser comme se brise du cristal sur le sol dur. Non pas qu’il n’ait assez de courage face à quelqu’un qui pleure mais qu’un instinct le réfrénait, lui intimait d’attendre encore, encore un peu.

D’attendre que l’image d’un portrait revienne, a demi effacé par le temps. Un arbre sous un vent chaud et le sommeil lourd sur ses paupières. Une rivière coule non loin qui berce un peu. Il tend les mains, il crie, et une lame l’emporte au ventre, l’ombre l’étreint, il tombe et balbutie. Il voit le ciel s’écailler d’un vernis écarlate sous le bleu abimé.

Ses lèvres se tordent pour murmurer dans un souffle de rage :

Que puis-je oublier ? J’ai perdu et mon âme et mes souvenirs.

Ce n’était qu’a demi vrai. Son sang était sa mémoire et peu à peu son histoire devenait claire.

Il faisait si sombre dans cet espace. Il y faisait si froid. Quelque chose lui attrapa la main pour la tirer vers lui. Très doucement elle ouvrit de nouveau les yeux pour voir où elle était. Une silhouette dansait devant elle comme un pantin. Elle essaya de tourner la tête pour observer ce lieu familier mais rien. Son corps état bloqué. Sa gorge laissa échapper un grognement.

Tu es une idiote. Tu gâches le réceptacle.
Maintenant elle arrivait vaguement à distinguer un homme. Il avait l’air grand. A moins que ce ne soit elle qui était petite.

Hezeriel ?

Un rire éclata. Puis il l’a tira de nouveau pour la coller à lui. A présent elle le voyait mieux. Il éclata de rire et tourna son visage vers le sien.

Perdu, mais si tu recommence à te laisser aller comme ça, alors tu ne pourras plus rien faire pour lui. Soit forte.
L’être inconnu la renvoya comme une balle vers le monde de rêve qu’elle avait quitté. Toute son âme tremblait comme retrouvant le souffle vital. Il avait raison. Si elle se laissera aller ainsi, le sort d’Hezeriel serait bouclé à jamais. La culpabilité envahissait le corps de l’éternel. D’une main elle s’agrippa au poignet de la chimère. Ses iris d’émeraudes se dévoilèrent de nouveau. Un léger sourire moqueur se dessina sur ses lèvres.

Tu m’as bien oublié d’une certaine manière… Sinon tu saurais ce qu’est vraiment la haine que tu éprouves à mon égard.

Tout doucement, les forces lui revenaient. Mais, elle ne se battrait pas. Pas contre lui…

Il fit quelque pas en arrière comme pour imprimer de nouveau une distance. Une petite aspérité au sol le fit basculer en arrière. L’onde du lac le recueillit dans un flot d’écume avant de se résorber. Quand il ressortit de l’eau ses blessures incessantes semblaient s’être effacées. Sa peau était neuve et brillante, son teint si blanc qu’il semblait nimbé de lumière. Il s’accrocha à l’ile qui ou son épée dormait. Posant sa main sur la lame il fit entendre un son cristallin qui résonna dans toute la caverne. De l’étrange mélodie se forma des ombres lumineuses, puis des silhouettes. Enfin apparut à ses côtés d’étranges personnages. Sa voix porta lentement et difficilement dans l’écho des musiques incessantes.

Voilà mes amis. La jeune Amazone se nomme Anwen, c’est une belle vampyre parfois lionne, parfois enfant. A gauche c’est…

Ce fut d’abord un étrange animal à la tête reptilienne puis un serpent, d’eau, d’air, comme un être inconstant se cherchant une figure, un corps qui pourrait lui plaire. Enfin il épousa la forme d’un phoenix puis se posa sur l’épaule du Prince.

Shyon… un bel oiseau.

Caressant l’arme il la fusionna d’un geste avec les dagues puis la tira du socle pour la tenir dans un fourreau de laine épaisse. Enfin il se retourna vers elle et tandis que la musique stoppa dit :

Qu’attends en venant ici ? Que veux tu ?

Son corps se redressa entièrement, et son regard se posa sur l’étrange spectacle. Son esprit embrumé ne comprenait pas grand à la situation actuel. Les images du lieu changeaient aussi vite que des hologrammes. Quelque chose d’étrange se préparait.

Je ne compte pas me battre. Je veux juste revoir Hezeriel. Je sens sa présence…

Il était peut-être là à quelques pas. Ses yeux scrutèrent les alentours à sa recherche mais rien de plus ne semblait apparaitre. Elle fixa pendant quelques secondes les deux créatures qui venaient de se matérialiser, et secoua la tête. Si c’était lui alors il avait bien changé.

Tu ne veux pas lui révéler que celle qui l’a conduit dans cet enfer est présente ? Je veux juste lui parler. Il y a quelque chose que je dois lui dire. Et de vive voix.

L’ange faisait des efforts considérables pour tenir debout sans vaciller. Un affrontement ne serait pas judicieux. Pas dans cet état. Elle s’efforçait de sourire, mais les deux monstres en face d’elle la forçaient à se tenir tout de même sur ses gardes.

J’ai promis de ne plus brandir mon arme…

Faisant un vague mouvement de tête le monstre jeta un regard nonchalant vers sa direction. S’il parlait c’était avec une légère pointe d’agacement.

Tu ne comprends pas, si je suis dans un tel état, ce n’est pas vraiment toi. Après tout je ne suis que son corps, et son sang. Lui…

La suite de la phrase semblait le gêner. Les silhouettes s’approchèrent de lui pour se mêler à son aura jusqu'à ce qu’il n’y ait plus de distinction entre les personnages, jusqu’ce qu’il n’en resta plus qu’un seul : un jeune Prince dont le dos était embarrassé de deux ailes blanches et majestueuses. Une couronne ceignait son front et dans son cou pulsait un dragon sous la forme d’un tatouage. Venant à elle il posa sa main sur la joue de l’Etrangère avant d’approcher ses lèvres de son oreille et de murmurer :

Il est mort. Je suis navré.

Puis son pas s’en alla plus lointain, sonnant légèrement à chaque pas avant de s’effacer dans l’obscurité. Les souvenirs affluaient bien trop nombreux pour pouvoir être assimilés. Une foudre d’une violence inouïe venait de frapper la pièce. Du moins c’était l’impression que lui donnait la situation. Son corps et son esprit étaient paralysés, on aurait même dit qu’ils étaient hypnotisés. Il était passé si près d’elle. Son souffle avait glissait au creux de son oreille. Un souffle glacial et enivrant. Puis… plus rien. Il s’était volatilisé sans autre forme de procès, la laissant là comme une vieille loque au milieu de nulle part.

Pendant ce temps, tout le paysage commençait à fondre, à se liquéfier comme ronger par une pluie d’acide. Les gouttes s’écoulaient lentement. Prenant. Leur. Temps. Les images se succédaient et s’effaçaient à une vive allure. Petit à petit, la digue repris sa place. Ses arbres, sa plage, sa mer. Et debout au milieu de tout ce décor, il y avait un être regardant fixement le sol. Ses cheveux empêchaient que l’on voit son visage mais il en était mieux ainsi, car sinon on aurait vu celui d’un monstre aux yeux exorbités et sans vie. Les poings de l’enfant se serrait de plus en plus, jusqu’à sentir un mince filer de sang couler le long de ses doigts.

Un son d’abord presque inaudible se glissa dans le vent. Puis il enfla jusqu’à devenir un cri déchirant. Prise de spasme de douleur et désespoir, Silissia se laissa tomber à genoux et saigna toutes les larmes de son corps. Elle resta là. Libérant sa magie et ses sentiments, jusqu’à pouvoir respirer à nouveau. Puis elle se leva tel un pantin et déploya ses ailes.

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