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| Sujet: [Bouquin] Les bienveillantes Mer 19 Mar - 1:04 | |
| Les bienveillantes de Jonathan Littel. Le fameux, le cuistre.
Tout d'abord, un petit rappel. Ce bouquin aux presque milles pages est le tout premier de l'auteur sus cité. Jonathan Littel donc, un Franco-Américain vivant à New York, et qui a depuis publié quelques nouvelles dans un recueil dont le nom m'échappe. Son thème, la deuxième guerre mondiale et plus particulièrement la solution finale, a été rebattus sans cesse. L'originalité vient ici du point de vue Allemand d'un gradé SS.
Extrêmement documenté, rempli de termes allemands (la totalité de l'organigramme de l'armée et de l'état pour commencer) qui déroute au commencement. Ce bouquin n'est pas un jet fait à la va vite sur un sujet larmoyant au possible, puisqu'il a nécessité neuf ans de travail à son auteur avant d'être envoyé à son éditeur. Il est célèbre également pour avoir remporté le prix goncourt en 2006, être en passe d'être traduit dans une vingtaine de langues, et avoir vendu 700 000 exemplaires rien qu'en France.
On commencera par ce que l'on peut reprocher à cet ouvrage. D'abord, un vocabulaire germanisé au possible, ou il est possible de voir un terme sur trois en teuton. Chose un peu gênante pour un lecteur lambda non initié aux déclinaisons et à la douceur lexicale allemande. Mais, à force, on finit par s'y habituer, et des formules comme oberstumbahnfuhrer, amstergruppe, ou reischminister deviennent facilement décryptables.
Deuxième chose, le public est ciblé. Parce que même si le buzz médiatique autour de l'auteur et de ses fantasmes, ses obsessions est devenu un argument de vente, accepter tous les "travers" du héros demande un minimum de sang froid et de recul. Ceci étant, si l'inceste et la scatologie ne vous répugnent pas, ce n'est pas un problème. De même, le langage cru utilisé pour raconter les horreurs comme la Shoah, les ghettos peut en choquer certains. mais soyons honnêtes, c'est aussi l'intérêt du bouquin
Troisièmement, mais c'est aussi l'un des attraits de ce livre. Il faut pouvoir suivre l'auteur dans des délires qui peuvent partir extrêmement loin. (toute la partie Air par exemple.)
Enfin, l'auteur se la joue parfois Proust ou Zola. On retrouve des phrases qui font allègrement trois quatre pages, voire cinq. Littel qui s'embrouille, ou effet de style pour retranscrire le climat de folie grandissante qui s'insinue au fil des pages, on ne sait pas.
ce qui plaide pour ce bouquin, enfin. Un récit quasi historique de toute la guerre sur les fronts Russe, Ukrainiens, Polonais. Le niveau de détails peut faire croire à un récit historique. Pour les incultes comme moi qui sont infoutus de se souvenir du ministre des armées d'Hitler, des héros de la Luftwaffe ou des avancées technologiques en matière d'extermination à la chaine, c'est un excellent aide mémoire, d'autant que le héros les côtoie de près.
Un point de vue qui sans être compatissant, arrive à nous montrer la différence entre le souvenir collectif et la réalité. On est effaré notamment de la rationalité avec laquelle on prend le problème Juif, et de voir que les décisions, dans une optique Allemande, sont parfaitement logiques avec une table de rendement à côté des yeux.
Une histoire inhabituelle. On est surpris du nombres de "déviances" auxquelles le protagoniste se livre sans aucune gène, et d'un point de vue de quasi voyeurisme dans ses ébats de jeunesse et durant la guerre. De ce point de vue, ça ne peut être que rafraichissant.
Une histoire très bien narré. On peut lui reprocher ses élans Proustien, cela reste de la narration de haut niveau, et certain passages semblent avoir été vécus. (Stalingrad).
Une véritable histoire enfin, qui émerge parfois pour replonger et laisse place à une routine. Un scénario qui reste un petit bijou et des personnages très bien dévelloppés.
Bref, ce bouquin, long certes, est un truc à lire. On peut être en total désacord avec le personnages principal et être fasciné par lui. Je conclurais en disant que son charisme m'a quasiment obligé à repêcher des CDs de Bach dans les profondeurs de la discothèque de mes parents, pour pouvoir comprendre ce que ressentait le Max Aue, le héros. |
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