Docteur

Salutations cher confrère,

Je vous envoie cet extrait d'une mes sessions avec le patient H. James, faisant suite à votre demande après notre entrevue d'hier soir. J'espère sincèrement que vous parviendrez à découvrir quelques indices que je n'aurai su discerner. Toute cette histoire, je vous le dis, me fait froid dans le dos.

"Vous ne comprenez pas docteur ! Je... je ne peux pas expliquer. Ce n'est pas humain, comprenez ?

-Allons, allons, essayez de le décrire, expliquez-moi ce qui vous effraie Mr James.

-NON ! Non ! Non... non...Je ...c'est dans ma tête, et je...

Je n'peux pas. "Ça" me hante toutes les nuits, et ça murmure dans ma tête, ce sont ces voix docteur ! Ces voix ! Elles sont toujours là, à me ... elles...

-Et à qui sont ces voix ?

-Je ne sais pas... Cela fait sept mois, SEPT MOIS ! Toutes les nuits, je les entends. D'abord c'est un souffle. Après un grincement. Et puis le noir. Et ça recommence encore et encore. Ça tourne dans ma TÊTE ! ÇA TOURNE !

-Et quand vous vous retrouvez dans le noir, que se passe-t-il, Mr James ?

-Ils m'emmènent chez eux tous les soirs. Mais je ne veux pas y aller ! Non ! Je ne veux pas ! Mais ils m'attrapent dans mon lit et ils m'emmènent dans leur maison. Loin, là-bas, sous l'eau ! Et après... Et après ils... la porte et puis ça se referme derrière moi. Et c'est noir docteur. Si noir !

J'ai voulu aller dehors après. Pour me cacher ! Mais même la nuit ce n'est pas aussi noir que chez eux. Mais je ne sais pas ! Arrêtez ARRÊTEZ ! ASSEZ !

-Du calme, du calme. Tout va bien, je suis avec vous, et puis nous sommes en pleine journée, aucune raison que le noir vienne vous chercher.

-Oui...Oui...Vous avez raison... Ici y'a des lumières. Pas de quoi avoir peur hein ? Hahaha !

-Quelles sont ces "choses" qui viennent vous chercher dans le noir, Mr James ?

-Ils habitent loin d'ici. Très loin. J'ai rencontré des gens, vous savez ? Ils disent qu'"ils" viennent d'avant...enfin de...c'était eux les premiers nés, eux qui avaient... SORTEZ DE MA TÊTE !

-Doucement. Allongez-vous. Voilà, tout va bien. Détendez-vous. Je suis là.
Bien, maintenant décrivez-moi ce que vous ressentez.

-Ça fait mal docteur ! Ça fait mal ! Ils murmurent. Ils grattent. Ils veulent rentrer. Et quand on ne les laisse pas entrer ils ...ils vous torturent, j'arrive pas à expliquer...sortez de ma tête... sortez de ma tête ! J'vous en supplie...Pitié !

Do...docteur...

-Je suis là, ne vous en faites pas, je reste près de vous. Essayez de penser à quelque chose de joyeux, mh ? Oubliez ces voix quelques instants.

-Oui... de... joyeux... d'accord...

-Voilà, ça va mieux ?

-Un peu...

-Bien, dites-moi maintenant, pourquoi cela semble-t-il si difficile de décrire ce que vous avez vu ?

-On... on ne peut pas décrire...le temps est cassé là-bas, tout est en morceaux...l'espace aussi...tout est cassé...et après ils ont tout remis dans le désordre. C'est chez eux. C'est leur maison.
Ils m'emmènent mais je ne veux pas.

-Pourquoi donc ?

-Parce qu'ils me torturent docteur ! Ils me torturent à l'intérieur. Ça ronge l'esprit, ça grignote et ça le casse en petits morceaux pour qu'il soit cassé lui aussi. Mais, moi, ils n'ont pas encore réussi ! Je ne suis pas cassé ! Je vais bien !

-Ils n'ont pas réussi ? C'est pour ça qu'ils reviennent vous chercher ?

-Ça les énerve ! Ils veulent comprendre. Ils veulent savoir pourquoi ça casse pas. Alors ils me montrent chez eux. Je visite. Vous comprenez doc ? Je visite ce que personne ne peut comprendre ! J'ai raconté ce que j'ai vu, mais personne n'a compris, personne ! Mais moi j'ai vu ! J'ai vu chez eux, je les ai vu moi ! Et je vais toujours bien !

-Oui, d'autres patients m'ont également dit que...

-Les autres qui sont ici, ils sont cassés ! Parce qu'ils n'ont pas compris ce qu'ils ont vu.

-Expliquez moi, Mr James, pourquoi ces "premiers nés" essaient de "casser" vos esprits ? Pourquoi font-ils ça ?

-Parce qu'on ne doit pas savoir. Pas encore. Leurs maîtres ne sont pas encore réveillés. Alors ils les appellent. Mais ils ne répondent pas. Alors ils les attendent.

-Mais alors pourquoi ces murmures ? Ce serait ces créatures qui parlent dans votre tête ?

-Les murmures ? C'est pour rappeler qu'on a vu, qu'ils nous veulent, qu'on sera sacrifiés pour le grand réveil. Ils nous appellent. On doit venir. Il FAUT venir. Ils répètent toujours la même phrase. Mais ça gratte docteur ! Ça gratte à l'intérieur. Dans ma tête. Ils veulent rentrer. Je ne suis pas cassé moi, j'ai compris, je servirai leur maître. C'est ce qu'ils m'ont dit. Je réveillerai leur maître. Mais je veux pas y aller docteur, je ne veux pas ! Aidez-moi docteur, je vous en supplie ! Il ne faut pas "le" réveiller. Ni lui ni les autres. Aidez-moi. Je. Je ne veux pas. Ils veulent me forcer à chanter avec eux à leur retour. Ils veulent que je chante la prière avec eux. Mais moi non ! Je sais qu'il ne faut pas chanter ! Sinon. Nous mourrons tous. TOUS !

-Ils veulent vous faire chanter cette phrase pour eux ?

-La phrase. Oui. Elle. Ça gratte. Ça chante. Je ne veux pas chanter. Vous ne me laisserez pas chanter avec eux, hein docteur ? Je ne dois pas partir avec eux. Il faudra me retenir si vous me voyez chanter. Je ne dois PAS chanter. JAMAIS !

-Si vous m'écriviez cette fameuse phrase, peut-être que je pourrais mieux vous aider, Mr James.

-Oui, d'accord. L'écrire. Oui. OUI ! Comme ça vous saurez quand je chante. Et comme ça. Et comme ça... Vous m'arrêterez quand il faut. Avant que...

-Ne vous inquiétez pas, je vous arrêterai si je vous vois chanter.

-Tenez. Gardez.

-Merci. Et maintenant, il faut vous reposer. Vous semblez très fatigué, Mr James.

-Dormir ? Maintenant ?

-Oui, c'est mieux pour vous. Tenez, avalez ça.

-Médicament ? D'accord.

-Très bien, Mr James. Maintenant, restez allongé, vous êtes très fatigué, il vaut mieux dormir un peu.

-Fatigué. Oui, dormir. Pas chanter. Plus penser...tout va bien...sécurité...se...repo..."

Sur le bout de papier blanc était griffonné à la va-vite, d'une façon tortueuse et trop rapide pour être clairement lisible, la fameuse "phrase" qui hantait tellement ce pauvre homme :

Ia, Ia ! Cthulhu ftaghn ! Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl ftaghn

Elle ne ressemble à aucun langage connu, et des experts linguistes travaillent sur sa traduction. Une question reste cependant pendue à mes lèvres. Qu'est ce qui, par tous les saints, peut effrayer un homme à ce point ? Je doute qu'un simple cauchemar puisse terroriser aussi profondément un homme de la trempe de H. James.

Note personnelle : je suis heureux de ne pouvoir regarder dans les songes de mes patients, celui-ci développe des cernes profonds suite à ses luttes pour se tenir éveillé. Une surveillance accrue serait à envisager, je n'ai pas envie de perdre "encore" l'un de mes pensionnaires. Mais ceux-ci sont parfois redoutablement ingénieux quand il s'agit de trouver un moyen de s'ôter la vie.

Jonathan Kirk
Médecin chef de l'Arkham Asileum





Ia, Ia ! Cthulhu ftaghn ! Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl ftaghn


Ia, Ia ! Cthulhu ftaghn ! Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl ftaghn


Ia, Ia ! Cthulhu ftaghn ! Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl ftaghn

Edit: Merci à Franz pour avoir prit le temps de me corriger

En effet je trouve aussi un peu dommage que tu es laissé tomber les réactions du médecin. Quelques analyses ou réflexions de l'observateur initial auraient pu agrémenter le récit d'une "horreur" toute lovecraftienne.

Mais je pense que tu as bien saisi l'esprit dans ta conclusion.

Toujours un plaisir de se confronter aux Grands Anciens

Arf :/ donc à a limite mettre les réactions du médecin amélioreraient le texte? Si ce n'est que ça ça prendrait pas longtemps à corriger

Personnellement j'aime beaucoup sans les répliques du docteur Après ça peut éventuellement être amélioré au niveau des phrases, comme l'a dit Green. Néanmoins je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui : le fait que l'on ressente la même chose que le perso ? Moi j'aime bien ce "malaise" en tout cas.

Version d'essai avec les répliques du docteur, ca rend mieux ?

Arf j'ai eu la curiosité de pousser le côté littéraire. C'est amusant à lire, intrigant. Des références à tours de bras, vidéoludiques et littéraires.
Mais il reste encore trop de fautes, c'est vraiment dommage. J'en ai relevé une grosse dizaine. A ce propos "cerne" est masculin. J'ai bien aimé le "nous sommes en peine journée". Ca décrit parfaitement l'état d'incompréhension du médecin.
Super illustration aussi, je ne savais pas que tu dessinais! Ca colle parfaitement au sujet.

J'ai fais au mieux pour corriger les fautes, même si je sais bien que les participes et moi ... ^^" c'est la guerre froide... Mais je me soigne

Pour l'illustration, elle n'est pas de moi, la signature de l'auteur fait acte de preuve. Bien dommage car j'aimerais pouvoir dessiner comme ça ^^

Ca faisait un C comme Cocoon.

Bon en fait je taquinais. Peu importe les participes si tu arrives à te faire comprendre.