Libération [Guerre des Confréries]

L’elfe noir venait à peine de recevoir la missive de son seigneur et maitre, qu’il était déjà en train d’enfiler son armure d’obsidienne, il enfila son grand manteau de velours noir sur un tabard de la même couleur orné d’un croissant de lune bordé de liserait rouge sombre.
Il ajusta son fourreau à sa ceinture avant de rejoindre une petite escouade de chevalier qui s’entrainait dans les sous sol. L’inquisiteur valombre les interpella, ils se mirent alors tous au garde a vous face a lui épée au poing. Na’gresm ouvrit alors la parole expliquant la mission à sa troupe.

- Suite à l’alliance du Zénith avec notre glorieuse confrérie, notre seigneur nous demande de superviser la prise de pouvoir dans la ville, je vous demande donc de vous préparer dés maintenant.

Les paladins noirs se préparèrent rapidement, armure lourde de couleur noir grande cape de velours noir, avec sur chacune d’elle une des phases de la lune.
La troupe se mit alors en marche dans les rues de la ville, se dirigeant rapidement vers l'hôtel de ville où ils retrouvèrent la métamorphe cordélia et le maitre du zénith.

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Arzenia Prengt se préparait dans le sous-sol d'une des tavernes du Zénith. Autour de lui rassemblé, un contingent de rôdeurs issus des trois branches, tireurs, sapeurs, et hommes de lames. Chacun ajustait son équipement, vêtements de cuir, avec doublure en maille de fer contre les balles, pistolets, couteaux, bombes artisanales. Enfin, ils furent tous prêt, masque à la ceinture. La tension était palpable, mais chacun garderait son sang-froid, il le fallait. Après tout, il y avait eu des attaques bien plus dangereuses. Mais l'enjeu de ce jour était tout autre.

"Vous connaissez notre manœuvre. Sortez de la taverne de manière désordonnée, pas de vague, pas de bruit. Vous connaissez tous votre affectation, soyez en place à midi. Demain, cette cité nous appartiendra. Allez, et ne vous décevez pas."

Ils se dispersèrent.

Le soleil était au zénith lorsqu'Arzenia arriva face à l'hôtel de ville. C'était jour de marché, comme prévu. Ainsi, les gardes du bourgmestre postés à l'entrée du riche bâtiment ne remarqueraient rien avant que les choses ne commencent. Il balaya la place du regard. On ne les voyait pas, mais tous étaient là, effacés dans la foule, ou le fusil à l'épaule, discrètement allongés sur le toit d'une bâtisse. Une charrette bringuebalante s'arrêta à sa hauteur. L'homme a l'allure misérable qui la conduisait lui jeta un regard.

"Voulez-vous m'acheter du bois, mon bon seigneur ?
- Et qu'en ferais-je ?
- Des instruments de musique. De la plus puissante musique qui soit..."

A ces mots, il se glissa à l'arrière de la charrette. De la cohue du marché émergea une quinzaine de rôdeurs qui se saisirent des fusils dissimulés sous les fagots de bois. Les combattants de l'Effronterie Lunaire étaient ponctuels : ils surgirent au coin d'une rue, en armes et armures. Les tireurs s'étaient mis en place. Souriant, Arzenia salua d'une révérence respectueuse l'arrivée de l'escouade lunaire. La libération pouvait commencer.

Sur le toit d'une masure une silhouette observe, masquée par l'ombre de la cheminée. Seul luit légèrement le pommeau de son arme accrochée sa taille. Sans louper un seul détail de ce qui se trame dans les rues il tapote légèrement les briques. Sur son visage émacié par des rides de fatigue, une inquiétude se lit. Il n'aime pas ce qui est en train de se passer et dans sa tête des scénarios improbables voient le jour. Quand il comprend ou ces étranges soldats vont et ce qu'ils font dans ce quartier précis:

- Damn... Yok, ils vont chez le bourgmestre.

- En armes?

- Dis aux veilleurs de me rejoindre sur le port, on dégage nos affaires, ca sent l'insurrection...

D'un bond leste son collège sauta près de lui et descendant plus bas dans la rue héla un cheval qui traînait dans le coin avant de l'enfourcher et de filer vers les docks. Le bruit de l'animal s'étouffa dans l'imminence d'une ville rebelle qui ouvre lentement ses yeux au fond de ses rues crasseuses. la foule elle même semblait trembler d'une excitation nouvelle et les badauds s'étaient arrêtés de marcher pour laisser passer les trajets de foudres des personnes inquiètes de leurs intérêts. Dans ce trajet, le veilleur portuaire au service d'un certain officier Jok, qu'il trouva dans une taverne a bastonner un indic gaufré a l'hydromel.

- Allez, et tu me dis que tu as rien vu... c'est ca? Tu veux pas essayer de me le répéter pour que j'entende mieux? Répète le !

- J'ai..J'ai zoublié je crois, je sais pas, bordel, vous me voulez quoi!

D'une main discrète, Yok heurta l'épaule de l'officier en murmurant :

- Ils vont prendre d'assaut la ville, s'ils ne l'ont déjà pas fait.

Il se passa une seconde avant que l'officier ne se retourne et que son visage rougi par la colère se mue en un très simple et très beau :

- Il va nous pendre tous si on perd la main sur les cargaisons dans l'affaire.

Ramassant ses bras endoloris par les séances de tortures il abandonna l'indic avant de sortir, le pas lourd, de la taverne. Dans sa tête il entendait déjà les os craquer sous le broiement de dents de dragons. Dans l'une des cargaisons, ils y avait... . Jok frissonna. Il fit signe à Yok de le suivre et prirent la direction des docks.

***

Aux docks, les veilleurs prévenus, les cargaisons étaient entreposés dans l'espace réservé, et rapidement comptées, rapidement verrouillées, prête à être chargées. D'un signe de tête le responsable accueillit l'officier et son second pour les mener vers le navire. Il prononça avec un ton laconique:

- On en aura pour deux heures le temps de les afférer aux transports et de quitter la ville. Nous remonterons au Nord par les chemins secondaires pour éviter de mauvaises rencontres. A quelque lieu d'ici des dragons ont dévié leur courses pour prendre le relai. Si au delà de deux heures, on ne règle pas ca a tant, on n'a plus qu'a tout abandonner et se noyer direct avant que la ville ne saute.

- La ville sautera avant deux heures, murmura Jock.

- Alors nous avons moins de deux heures, répondit-il lentement, au boulot.

Ce fut des mouvements d'effervescence et de technicité parfaite. Les chevaux furent attelés, les cargaisons vidées et déposées dans les carrioles. Chaque homme suivait les intérêts urgents sans se demander s'ils étaient dans les temps. Ils ne pouvaient que l'être ou leur vie se finiraient en même temps que ce que certains murmuraient déjà " la Prise de Galvorn". Au loin des hommes encapuchonnés observaient des soldats de la lune approcher le bourgmestre. Dans leur têtes, ils avaient déjà imaginé d'éventuelles actes de ralentissement mais admit que c'était pure folie et que cela ne changerait rien. Ils se contentaient donc d'imprimer leur rétine de souvenirs qui serviront éventuellement au Maître. Puis quand on leur indiqua que les cargaisons allaient sortir de la villes, ils prirent eux aussi le chemin des portes de la ville. Ils n'avaient plus d'utilité ici et leur Maître allait bientôt leur demander de rejoindre les postes avancées qui surveillaient les campagnes alentour.

Sur la place de l'Hôtel de Ville, l'air était lourd d'attente. Malgré l'heure peu avancée – il était, après tout, tout juste midi – les passants allongeaient le pas, tête basse, et les étals du marché se vidaient à la hâte.

- Oula, fait pas bon d'être de sortie à c't'heure : v'là l'orage qui s'annonce !

Tu ne fais pas si bien dire, l'homme.

Cordelia, fondue dans l'ombre de l'auvent d'une boutique de tissus, regardait le commerçant s'agiter et remballer ses marchandises avec hâte. Galvorn était une habituée des combats de rue et des insurrection aussi vives qu'éphémères et ses habitants avaient développé un sens aigu pour flairer les ennuis. Et cette fois encore, ils avaient raison de s'inquiéter : l'insurrection qui se préparait promettait d'être violente. Éclatante !

La métamorphe se décolla du mur dont elle avait copié les motifs et s'avança sur la place. Les hommes étaient prêt : il était temps de donner le signal. Elle se composa une allure de saltimbanque, noble et pourtant composite : un pourpoint d'arlequin au riches tissus bariolés, usé aux coutures ; des chausses jaunes, liserées de bleu-roi ; des bottes de cuir rouge, ornées d'une multitude de pièces de monnaie clinquantes et disparates ; une cape de voyage, doublée de soie électrique ; et enfin, posé sur des cheveux blonds mi-longs, un tricorne surmonté de deux immenses plumes d'autruche, l'une verte, l'autre rose. Le personnage était manifestement un homme, même si ses traits fins pleins de morgues avaient sans conteste une allure féminine.

Une fois au milieu de la place, Cordelia Melicerte, d'un geste ample, lança son bras vers le ciel et tira une nuée de plumes écarlates : le signal était lancé ! Sans plus attendre, Arzenia Prengt découvrit son arme et tira en l'air un puissant coup de semonce. Les passants qui trainaient encore s'enfuirent à toute allure sur la place comme une troupe de pigeons effrayés. Les hommes sur Zénith, aux pieds des marches de l'Hôtel de Ville, épaulèrent leurs fusils, prenant de court les gardes municipaux. Avant que ces derniers n'aient le temps d'organiser une riposte, les coupe-gorges de l'Effronterie Lunaire se rapprochèrent et dessinèrent à la moitié d'entre eux un large sourire macabre. Les gardes survivants – les plus proches de l'Hôtel de Ville – eurent le temps de se mettre à l'abri dans le bâtiment et d'en barricader les portes, le capitaine de la garde parmi eux.

Lorsque la métamorphe s'avança devant les marches, seules les troupes conjointes des Lunaires et du Zénith se trouvaient donc sur la place, encerclant l'Hôtel de Ville. D'une voix de stentor, Cordelia lança les paroles qui officialiserait l'évènement. Aussi planqué qu'il était au fin fond de son bureau, Zef Bothari, le bourgmestre de Galvorn, ne pouvait manquer de l'entendre.

Zef, sale charogne ! Et vous aussi, vous, tous les couards qui travaillez pour lui ! Écoutez-moi bien attentivement : Galvorn ne vous appartient plus ! Galvorn s'est libérée de votre joug et il vaudrait mieux pour votre peau que vous vous rendiez sur le champ ! Non pas que nous ne souhaitions pas mettre ce joli bâtiment en pièces, et vous avec... vous ne méritez simplement pas que l'on se donne le mal de vous traquer. Alors rendez-vous et peut-être serons-nous cléments ! Ceci sera l'unique avertissement !

Les derniers mots claquèrent dans l'air plombé de la place. Les hommes du Zénith et des Lunaires attendaient, silencieux, la réponse du bourgmestre. Arzenia et Naz'gresm, représentants des deux confréries, se placèrent de chaque côté de Cordelia.

Arzenia promena son regard tout autour de lui : Une ligne de soldats fusil à l'épaule, quelques tireurs d'élite sur les toits dont on devinait la présence. Les sapeurs arrivaient. Aux fenêtres de l’hôtel de ville, les gardes attendaient en joug, terrifiés et désespérés. Mais il était clair qu'ils ne comptaient pas se rendre.

- Quel entêté. Ils savent tous quelle est l'issue d'un tel combat, mais ils veulent quand même se battre. L'honneur, quelle valeur mortifère. Enfin. Ca me chagrine beaucoup qu'on abime ce bâtiment, mais à la guerre comme à la guerre.

Ils étaient maintenant encerclés, car la troupe s'était renforcée de plusieurs compagnies jaillissant des rues comme la mort qui vient vous prendre.
Ils attendirent encore un moment, mais l'ennemi restait muet. Alors, très silencieusement, une escouade de sapeurs émergea d'une bouche d'égout située près de l'édifice, de manière à rester invisible aux yeux des municipaux. Longeant les murs, ils vinrent se placer sous chaque fenêtre et préparèrent leurs grenades à poudre. Puis sans prévenir, ils les lancèrent par les ouvertures, et des nuages de poussière se répandirent dans les pièces, aveuglant leurs occupants. Ce fut le signal, et les tireurs ouvrirent le feu, éliminant la majorité des gardes, avant de se précipiter à l'intérieur.

Na'gresm et les paladins tirèrent leurs lames pour le combat, se mettant alors en marche vers les portes. les elfes ouvrirent les grands pans de bois à l'aide de petits béliers d'acier tandis que leurs camarades les protégeaient de leurs grands écus. une fois les portes ouvertes, les paladins noirs envahirent rapidement le hall de l’entrée. Avec une efficacité étonnante, ils jonchèrent le sol du sang des quelques gardes de la garnison. Après avoir pris place ils postèrent des gardes à chaque porte interdisant la sortie à toutes les personnes présentes dans le bâtiment. Là, ils attendirent en silence d'un froid glacial, l’arrivée du reste des troupes et des dirigeants. A l'arrivée du chef du Zénith, l'inquisiteur se dirigea vers lui.

- le hall est sous notre contrôle seigneur, si vous avez des souhaits particuliers qui n'iraient pas à l'encontre de notre maitre, je vous prie de les formuler.

Il frappa son torse de son poing fermé avant d'incliner respectueusement la tête.

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Arzenia passa entre les pièces noircies par la poudre, en évitant les débris au sol. Il dévisagea chaque prisonnier, et plusieurs étaient agités de spasmes de terreur. S'adressant sur un ton léger au meneur Lunaire, il lui dit :

- Renvoyez les Belthiliens chez eux, enchaînez leurs pieds pour les ralentir. Qu'ils aient le temps de sentir l'amertume de l'humiliation. Quant aux autres, les natifs, jetez les aux oubliettes jusqu'à nouvel ordre. J'aimerais bien les voir libres mais je ne veux pas courir le risque de prendre une balle dans le dos quand les troupes de l'Unique marcheront sur la ville - si elles viennent.

Puis à ses hommes :

- Faîtes moi nettoyer tout ça, réparer les fenêtres et renforcez-les. Que l'hôtel de ville soit fermement gardé. Et faîtes venir des scribes, nous allons faire savoir à tous qui sont les nouveaux maîtres de la ville.

Il posa sa main fraternellement sur l'épaule du Lunaire. Il hocha la tête, puis sortit et disparu dans les rues.

Le seigneur des paladins noirs regarda le maitre du zénith partir avec un sourire.

- Enfin seul... Paladin ! Pour la gloire du seigneur Teysa décapités le bourgmestre et envoyé sa tête à Belthil.

Un des hommes en armure noire attrapa l'homme grassouillet par le bras et le traina sur le sol. Le bourgmestre, tremblant sur le sol, suppliait ses dieux de le sauver. Un des elfe souleva son épée à deux mains. La lame noire brillait d'un éclat malsain avant de s'abattre sur la nuque de l'humain. La tête roula au pied du commandant, le corps inanimé s'écroula sur le sol arrosant le marbre de rose pourpre.

- renvoyés les chez eux, à la capitale et qu'ils offrent le présent au seigneur, Galvorn a repris sa place de cité libre. Pour les lunaires !

- Pour les lunaires ! Pour les lunaires !

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