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(composé sur le Nocturne n°8 en Ré bémol Majeur)
Je franchis la limite ténue, invisible
De l'interdit tacite, secret indicible ;
Je m'en vais dérober aux oiseaux somnambules
Le peu d'éternité exquis et somptueux,
Que les Dieux ont placé en leur vie noctambule ;
Je glisse dans le noir d'un geste voluptueux.
Une étoile perdue captive mon regard :
Son éclat est lointain ; et sans le moindre égard,
Elle pourrait m'échapper, s'éteindre, silencieuse.
Peut-être est-elle en vie, ou bien morte déjà ;
Ce soir elle luit encor, lumière prodigieuse,
Reflet de projecteur semblant suivre mes pas.
Alternativement guide ou bien poursuivant,
Nous voyageons ainsi dans un accord savant
Jusqu'à une falaise, âpre et vertigineuse.
Au bord du précipice, l'étoile me fait signe ;
Je m'abandonne alors et, folie délicieuse,
Me jette dans le vide pour suivre la maligne.
Miracle ou sortilège : je ne disparais pas !
La chute ascensionnelle, serait-ce donc cela ?
Lorsque je tends la main, espérant un frôlement
De l'étoile hermétique, elle s'enfuit dans le vague,
Distillant dans ma paume un léger frémissement,
Une brûlure à l'âme, dans le cœur, une dague.