Sornette II

L
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Je fais ce rêve difficile, parce qu’inachevé ; où les images rebondissent et où la voix s’est brisée. Je fais ce rêve trop souvent. Quelqu’un marche dans l’allée bordée d’arbres, et ses pas résonnent dans la poussière. Je suis une ombre, une ombre attachée au bruit qu’Elle fait quand Elle marche. Car c’est Elle, C’est L qui avance vers cette maison. Saccade au fond du cœur de l’allée pleine de mémoire. Ses Yeux portent la nuit sombre jusque à l’aurore, comme si elle ne devait que marcher jusqu’alors, en attendant que son Corps, lentement, s’étiole, s’évade, s’étale en couleur dans l’heure pâle. J’aurai fait ce rêve difficile, parce que trop de fois répété sur les murs de ma chambre.

De la fenêtre, celle que Tu regardes, crient les singes qui ont fui les jardins. Au matin, je dormais encore. Et, tu n’étais plus là. Lentement, les couleurs disparaissent dans la lumière.

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Et ce jour détaché du ciel, comme on contemple un long passé. EN recouvrant la mémoire du sentiment d'être l'ombre d'Eranikus, celui qui avait trop attendu et lentement s'était endormi. Je suis au sommeil lent la fugitive pensée d'un Amour décomposé, plongé en soi comme un étranger.

J'espérais jadis, dans un frêle rayon, peupler de Souvenir une corde qu'on tient à deux. Et puis, d'entaille en entaille, j'ai ciselé un fil, puis deux. Et n'éprouvant qu'un vague effroi, j'ai pu ainsi oublier un peu.

Sot celui qui croit tout oublier, au fronton malade d'une métempsychose, on se souvient trop.

Tu es ce souvenir perdu dans la grâce, ce sentiment du beau et de l'adorable, perdu dans un rêve.

Et ce jour détaché du ciel, racontait que tu ne reviendrai pas, mais que les mots seuls voyageront.

Les mots seul, voyageront.

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Nombre de messages : 505 Age : 51 Date d'inscription : 14/08/2009

Waou ! Je trouve ton texte magnifique. Quelle finesse dans l'écriture ! Les images sont délicates et sensibles. De plus le thème de l'absence, lié au chemin et à la maison, m'est particulièrement cher en ce moment. Ça me parle beaucoup. Citer des perles là dedans reviendrait à découper le texte dans son intégralité, donc je vais l'éviter ^^.

La seule phrase où j’émets un doute quand à la fluidité de l'ensemble, c'est celle-ci :

Citation :: Je suis au sommeil lent la fugitive pensée d'un Amour décomposé, plongé en soi comme un étranger.

Ça fait beaucoup de "é" à mon gout. Ce qui ralentit le flux. C'est dommage car l'image, ici encore, est très belle.

Sinon, il y a cette phrase qui m'interpelle par l’emploi des temps :

Citation :: Et ce jour détaché du ciel, racontait que tu ne reviendrai(s) pas, mais que les mots seuls voyageront.

L'emploie du futur simple après le Présent du Conditionnel me fait bizarre (Edit : Mais cela ne m'est pas désagréable non plus Content

).

Voilà. Sinon, sincèrement et de mon humble avis, c'est un des meilleurs texte que j'ai lu sur TA. Donc : MERCI !

Oh combien me fait plaisir de lire ton commentaire Sebastien K.
Si peu viennent commenter les textes de Sanz que je me demande parfois si je suis seule avec Lilith ou Volodia à être sensible à sa prose comme à ses vers.

C'est justement cette finesse de l'écriture qui lui donne cette délicatesse même dans les fioritures et la grandiloquence et à laquelle je suis si attachée.

Pour ma part la fluidité de la phrase chargée de "é" ne m'écorche pas. Elle passe au même titre que les autres.

Comme toi, j'ai ressenti l'immense mélancolie portée par ce texte.

Beau et triste.

Quand je plonge avec langueur dans l'éveil tardif de mes nuits, je me souviens. Si je ris tant et danse autant c'est pour mieux pleurer les larmes amères de celle que j'étais.

J'ai cru, un jour, pouvoir faire la différence. J'ai cru, une fois, pouvoir être. Mais si je suis, ce n'est que pour paraitre. Je suis l'Ombre, le désir d'un soir dans la nuit qui s'enfuit. On me prend et on me regarde assise. Oubliée. Je suis la putain d'un soir, d'un jour ou d'une heure. Celle qu'on baise dans les draps blancs que rien ne tâche, car j'emporte seule des souvenirs qui n'existent que pour moi.

Je n'ai de grace que les mouvements de mes hanches et peut-etre la ligne de mon cou. Pour le reste je m'évade dans les cordes que tu tends pour ma nuque. Et m'y pendre doucement, balancée à son bout. Dans un silence soupiré.

Si mes mots, pales souvenirs imprévus arrivent encore quelque part, que ce soit dans la gloire de tes yeux. Toi qui voit l'intérieur quand je me donne avec violence. Je continue mon errance charnelle en attendant que mon Corps s'évade. Pour l'instant je fais ce rêve difficile, celui ou je ne me déshabille que de mots.

Mais ma chair seule répond.

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Je dirais même plus: Balivernes.
Contente de voir que tu postes ici =)

Je vogue dans vos nuits portée par l'onde de vos mots où je balance de l'un à l'autre grisée par l'émotion.
Je tangue mollement quand la sornette se complait en baliverne et, sereine, je respire au rythme de vos traits qui se tracent. Je ferme les yeux pour mieux voir vos visages peints.

» Sornette