Un espoir funambule

Ecrit le 02 Novembre 2011.

Le goût du temps est étrange, un peu amer, il laisse sur la langue une sensation glacée au parfum de souvenirs voilés.
Comment dire qu’il y a tant de gestes oubliés, regrettés ? Comment donner un sens à un voile déchiré ? L’espoir, crieraient les uns. La résignation, murmureraient les autres. Les uns et les autres ont leurs raisons d’y croire et d’avancer. Tous posent leurs pieds au-devant, sans vraiment réfléchir, sans vraiment faire attention ou penser aux pièges qui pourraient dérober le sol. S’ils le faisaient, ils ne seraient que des statues immobiles pour l’éternité, au cœur vide et à l’esprit envolé. Mais ils sont vivants, présents, presque dans leur temps. On ne peut pas leur reprocher de ne pas être là et d’exister.
Personne ne sait pourquoi.

_____________________

Le fil est tendu entre les toits. Il espère que de l’autre côté, elle l’attendra, les yeux brillants et le cœur battant. Elle espère de son côté qu’il viendra, sautillant d’un pied sur l’autre, les bras tendus en balancier et le regard fier et souriant du funambule habitué. C’est un peu Roméo et Juliette sans personne à qui cacher leur histoire. Ils n’ont qu’une fenêtre et un balcon, et leurs cœurs pour bâtir des mondes. Tous deux s’espèrent, s’attendent et se trouvent, chaque soir, chaque heure. Ils ont dans les pupilles un même rêve d’avenir, dans les mains une histoire commune qui débute et s’écrit déjà, au loin, sur les pages blanches d’un conte pour enfant. Ils vécurent heureux, et eurent beaucoup d’enfants.
En bas, dans la rue, la tête renversée en arrière, il y a une enfant. Elle est assise en tailleur sur une chaise, les bras ballants et la bouche entrouverte, comme toujours. Elle admire le passage du garçon qui défie les hauteurs de la ville. Elle ne sait pas ce qu’il rejoint à l’autre bord de cette rue, mais c’est un monde qu’il traverse : son monde. Elle s’imagine mille raisons, sans vraiment croire à aucune. Il est là, planté sur son fil, et du temps qu’il le parcourt, c’est tout ce qui importe. Et quand il n’y est plus…
Il n’y sera plus, quand les routes des amants ne seront plus qu’une ligne droite vers l’horizon. Alors l’enfant fermera ses paupières lourdes d’espoirs perdus et se plongera dans l’attente sans fin de son monde à l’arrêt. Elle aura perdu de vue le rêve d’un bonheur inaccessible.

Tàranis a écrit:

Tous posent leurs pieds au-devant, sans vraiment réfléchir, sans vraiment faire attention ou penser aux pièges qui pourraient dérober le sol.

Cette phrase m'a fait tiquer. Elle me semble appeler un élément qui manque à sa fin.

Tàranis a écrit:

Le goût du temps est étrange, un peu amer, il laisse sur la langue une sensation glacée au parfum de souvenirs voilés.

Là, ce n'est pas très original, le temps au goût étrange, l'amertume du temps qui passe et les souvenirs estompés qui glacent le coeur. J'ai pensé à un poème de Baudelaire en lisant ça. L'horloge je crois. Mais j'ai un trou.

Oui, on s'avance vers l'avenir en risquant de se manger une gamelle à chaque pas. Trop réfléchir avant d'avancer le pied est mauvais, ça t'empêche d'agir. Comme dirait l'autre, "la peur tue l'esprit".

Comme l'a dit approximativement John Lennon, "la vie, c'est ce qui passe pendant que vous faites des plans."

Sinon, le rythme est plutôt agréable jusqu'à la phrase citée plus haut qui casse cette dynamique.

_____________________________________________________

Tàranis a écrit:

Le fil est tendu entre les toits. Il espère que de l’autre côté, elle l’attendra, les yeux brillants et le cœur battant. Elle espère de son côté qu’il viendra, sautillant d’un pied sur l’autre, les bras tendus en balancier et le regard fier et souriant du funambule habitué. C’est un peu Roméo et Juliette sans personne à qui cacher leur histoire. Ils n’ont qu’une fenêtre et un balcon, et leurs cœurs pour bâtir des mondes. Tous deux s’espèrent, s’attendent et se trouvent, chaque soir, chaque heure. Ils ont dans les pupilles un même rêve d’avenir, dans les mains une histoire commune qui débute et s’écrit déjà, au loin, sur les pages blanches d’un conte pour enfant. Ils vécurent heureux, et eurent beaucoup d’enfants.
En bas, dans la rue, la tête renversée en arrière, il y a une enfant. Elle est assise en tailleur sur une chaise, les bras ballants et la bouche entrouverte, comme toujours. Elle admire le passage du garçon qui défie les hauteurs de la ville. Elle ne sait pas ce qu’il rejoint à l’autre bord de cette rue, mais c’est un monde qu’il traverse : son monde. Elle s’imagine mille raisons, sans vraiment croire à aucune. Il est là, planté sur son fil, et du temps qu’il le parcourt, c’est tout ce qui importe. Et quand il n’y est plus…
Il n’y sera plus, quand les routes des amants ne seront plus qu’une ligne droite vers l’horizon. Alors l’enfant fermera ses paupières lourdes d’espoirs perdus et se plongera dans l’attente sans fin de son monde à l’arrêt. Elle aura perdu de vue le rêve d’un bonheur inaccessible.

"Bienvenue dans mon bocal !" semble dire ton personnage, regardez le monde qui pulse autour de moi qui reste immobile à le regarder. J'aimerai tant en faire partie ! Il y a ces êtres bizarres qui traversent mon monde et qui en sorte tout aussi vite, parfois sans le savoir...

Peut-être le marionnettiste devrait-il tout simplement pousser son pantin hors de sa bulle, dans un monde plus sauvage et plus dangereux mais qui peut lui apporter le bonheur ? Pinocchio qui rencontrerait les contrariétés de la vie.

Bon, j'ai dépassé la limite du cadre strict du commentaire en donnant mon ressenti sur ces textes mais bref. Heureux

Les histoires que tu racontes sont plutôt sympa. Le premier texte étant une sorte de réflexion aboutissant sur une sorte de parabole. Avec laquelle on ne captera pas grand chose si ce n'est la TNT.

Mais je m'égare.

Citation :: Il est là, planté sur son fil, et du temps qu’il le parcourt, c’est tout ce qui importe.

Cette phrase m'a marqué. Ce fil infini qui semble lui convenir, cette chose qu'il parcourt sans pour autant tendre à sa fin, serait-ce une métaphore du temps ? ce fil qui le retient en place, qui l’empêche de voir l'avenir et de se tourner vers le passé ? Ce fil qui le retient sur le droit chemin ?

» Lueur d'espoir
» Espoir