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| Distorsion [Science Fiction] | |
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Auteur | Message |
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Cocoon Rôliste
Nombre de messages : 985 Age : 34 Localisation : Dans 14 plans stellaires en simultané Date d'inscription : 26/12/2010
Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: Distorsion [Science Fiction] Mer 7 Déc - 1:07 | |
| Chapire 1: En route pour la gloire ! (Au nom de l'empereur...)
Parmi les nombreux voyages que j’eus à effectuer dans les contrées reculées de notre glorieux empire, celui qui m'amena sur Aria IV fut de loin le plus morbide qui m’ait été donné de faire.
J'avais 29 ans à l'époque, ma carrière débutait depuis trois ans à peine et autant dire il y a une éternité de cela. L'Empereur terran Balhiun, qu'il repose en paix, était en pleine campagne de pacification suite aux insurrections civiles de la capitale. Une série de réformes très impopulaires visant à renforcer les mesures de surveillance venait d'être décretée. Plusieurs planètes s'étaient endurcies et avaient rejoint une révolution souterraine visant à assassiner l'Empereur en place afin de mettre un terme à une paranoïa galactique. La révolte eut bien lieu en l'an 1420 du calendrier actuel, et détruisit le palais impérial. Mais le conseil sénatorial fut plus habile que les révolutionnaires et mirent en place un de leurs pions infiltrés dans le mouvement pour satisfaire les foules. Ils purent ainsi reprendre le pouvoir en toute sécurité. Tout du moins jusqu'à l'arrivée du nouvel empereur "Baral l'injuste", qui fera l'objet de l'un de mes prochains tomes. Durant cette transition progressive vers l'insurrection des mondes connus, le corps diplomatique avait l'habitude d'être envoyé sur des terrains peu enviables, entouré de gardes du corps pour "dissuader" certaines planètes de rejoindre les forces rebelles. Mais cela ne fonctionnait pas toujours, et trop nombreux furent les corps, voire tout juste une tête revenir en guise de déclaration de guerre. Cette période n'était donc pas des plus sûres pour les amateurs de soirées mondaines comme je l'étais. C'était un métier "de famille", et on ne m'avait pas réellement laissé le choix de mon avenir professionnel. Cependant, je dois bien vous avouer qu'il y avait de sérieux avantages et que je ne me plaignais pas de mon sort, en définitive.
Afin d'adoucir les relations entre Terra, le Créateur la bénisse, et le chef auto-proclamé d'Aria IV, mon poste d'ambassadeur m'obligea à m'y rendre pour une raison fâcheuse, mais irrémédiable. Par malheur, j'avais tenté de séduire trois mois auparavant une charmante demoiselle à un gala sur une plateforme spatiale pour célébrer la nomination d'un nouveau gouverneur. Demoiselle qui s'avéra fort sympathique, peut-être un peu trop, car la garde qui vint me chercher m'apprit que je venais de passer une nuit avec la fille dudit gouverneur. Comment pouvais-je savoir que cette timide d'apparence mais torride partenaire me causerait tant d'ennuis ? Mon supérieur décida de m'envoyer sur une mission à risque pour que je puisse prouver une nouvelle fois ma valeur aux yeux de l'empire. Pour étendre la gloire et la bonté de notre guide suprême bla, bla, bla... Une mission punitive en somme. Ne riez pas trop, car pour cette excursion j'aurais bien exigé pouvoir passer une année entière dans le lit de la femme de Balhiun lui-même ! Ce fut non sans escorte que j'entamai, dans le langage administratif de la capitale, ma "visite diplomatique" ; visite qui n'était rien d'autre qu'une menace directe des forces de l'empereur, puisse sa gloire être éternelle, pour remettre dans le rang une rébellion en marche. L'organisation rebelle de la planète et son climat hostile aboutirent à une hiérarchie du plus fort. Ce qui expliquait qu'aucune précision n'était faite sur l'identité du meneur actuel des forces sur place.
Pour aiguiller un peu les lecteurs à se représenter Aria IV, c'était une planète lointaine du coeur de la galaxie, un monde qui pourrait être qualifié d'industriel. La classe ouvrière y était quasi omniprésente hormis quelques magistrats qui s'occupaient de gérer les échanges commerciaux avec les autres colonies. Il y avait également une classe noble qui profitait abusivement de leurs richesses pour les étaler honteusement aux yeux de quiconque daignait regarder. Incontestablement riche en minéraux divers exploités en raffinerie, le sol était recouvert pour beaucoup par des usines, des mines et autres bâtiments tout aussi bruyants et encombrants qui crachaient en permanence leurs fumées d'ébène (On m'a dit qu'il y avait une explication toute rationelle à tant de pollution, mais je m'étais persuadé que certains y voyaient un aspect décoratif). Quand ce n'était pas les taudis où se terrait la population malade... Au fil du temps, l'activité de cette planète rendit son atmosphère pratiquement toxique, son climat pluvieux combiné à l'épaisse nappe dégagée des cheminées créèrent un ciel invariablement sombre et menaçant. Les orages y étaient perpétuels, crachant des pluies acides qui empêchaient tout développement végétal. En conclusion, cette planète-usine n'était plus qu'une masse grouillante de fer et de minerais. Car il faut l'admettre, ce monde ouvrier ne pouvait se targuer d'avoir une technologie de pointe. Les habitants grappillaient quelques gadgets utiles auprès des rares marchands de passage assez fous pour s'arrêter sur cette terre d'exil et les appareils qu'on y recensait se trouvaient au mieux obsolètes depuis une cinquantaine d'années. Les machineries devenaient vétustes, usagées ou tombaient en ruine. Les travailleurs les maintenaient en état plus qu'ils ne les réparaient, et aucun ingénieur-réparateur qualifié n'avait jamais osé s'engager dans ce qui relevait du défi planétaire. Comprenons les...
C'est au milieu de bas-quartiers composés d'alcôves insalubres et de cantines communes que vivaient les pauvres habitants de cette planète. Les statistiques officielles m'indiquèrent sur le trajet que l'espérance de vie moyenne ne dépassait pas les 40 ans, avec un taux de maladie et de mortalité infantile extraordinairement élevé. Aria m'apparaissait bien plus qu'insalubre et je craignais de ne jamais ressortir de ce lieu vivant. Tout en priant pour ne pas attraper cette horrible maladie dont me parlaient mes collègues. Pouvant vous faire produire de l'huile biologique irritante au creux des coudes, voire pire: "la maladie du travailleur" comme je l'appris bien plus tard était pourtant le dernier de mes soucis. Bien que cette crainte ridicule me tarauda une bonne partie de mon séjour.
J'embarquais peu fier sur un vaisseau de transport à l'image de la planète: rafistolé, clopin-clopant, il semblait avoir traversé plus d'un champ d'astéroïdes et, par un obscur instinct, je sentais qu'il décollait par des procédés qui ne devaient pas avoir été officielement ratifiés. Ce ne fut qu'après deux semaines de voyage en vitesse supraluminique, quelques vomissements et de violentes crispations d'estomac que le Valhalla II ralentit enfin sa course. Si c'était le vaisseau le plus rapide de classe diplomatique de Terra, que sa puissance rayonne à jamais, il était aussi le moins confortable. Il ne s'était absolument rien passé durant ce laps de temps, et alors que je tentais de dormir dans mon étroite couchette les haut-parleurs de ma cabine crachèrent une voix atrocement déformée ressemblant à celle du commandant.
-Diplomate Primus Navi ? Nous sommes en orbite autour d'Aria, merci de vous présenter sur le pont principal.
Les grésillements ne permettaient qu'à peine de comprendre le message du maître du navire. Comment ce rafiot pouvait-il être le plus rapide alors que si peu entretenu ? D'après un mécanicien que j'avais rencontré, nous voyagions à bord de l'un des bacs à sable de l'ingéniérie Terrane, plus particulièrement au niveau des systèmes de propulsion.. On y essayait des procédés nouveaux, des façons plus ou moins légales d'optimiser la vitesse d'un vaisseau et, parfois, ça ne marchait pas comme prévu. Cependant, le conseil galactique de la recherche l'approuvait (de façon officieuse bien entendu). La raison de cette décision était simple: "les deux seules manières efficaces de faire avancer la science sont la guerre, et l'illégalité". Difficile d'envoyer des flottes sur des vaisseaux ayant une chance sur dix de fonctionner. Il était de notoriété publique que certains secteurs de la galaxie, selon leurs spécificités, devenaient un terrain de jeu pour nombre d'expériences hasardeuses. Nous traversions justement l'une d'elles. Je me dirigeais vers ma nouvelle et sinistre mission sur la piste qu'on appelait "pluie d'étoiles".
(La piste de la pluie d'étoile est une sorte voie de circulation large de quelques années lumière, dont tous les autochtones savent qu'il y circule les bolides les plus dangereux de la création. On voit souvent des segments entiers de la voie isolés à la suite d'une percussion violente entre deux ou trois vaisseaux. Les accidents de ce genre arrivent de façon spectaculaire et meurtrière. Aussi tout individu sain d'esprit évite-t-il très soigneusement de fréquenter l'axe. Le terme de pluie d'étoiles vient du fait, bien entendu, que la vitesse moyenne étant deux à trois fois celle de la lumière, les voyages ne permettent de voir qu'un rideau de blancheur. Selon les habitués du genre, cela ressemble plus à une douche de soie, voire un tube, ou à l'intérieur d'un accordéon violet (se reporter à l'affaire B-6 des accidents supra luminiques, dossier des collisions et traversées planétaires).
"En tout cas, il vous amènera où vous v'lez en un clin d'oeil, M'sieur Navi. Mais pas dit que ce s'ra en un seul morceau ! HAHA, blague d'ingénieur hein, oubliez pas qu'nous aussi on est sur c'rafiot ! "
Ha ha... Très rassurant...
Me décidant à abandonner ma quête de sommeil, je fis donc marche vers le pont principal, rythmé par le bruit de mes bottes sur les plaques d'acier du couloir. Croisant quelques membres de l'équipage, je percevais dans leurs yeux une lueur d'amusement, ou de moquerie. Parfois même de pitié. Ils se doutaient pourquoi je voyageais sur ce navire, et sans doute devait me plaindre d'un sourire en coin. Après quelques minutes de marche, parcourant des salles moites et bondées, ou de longs couloirs interminables, je parvins finalement devant la grande et lourde porte du pont.Les senseurs m'ouvrirent automatiquement l'accès dans un léger crissement métallique, et j’eus un plein aperçu de ce qui m'attendait.
Par delà la vaste cloison vitrée de la salle de contrôle, au dessus des nombreux panneaux couverts d'écrans compliqués se dessinait, dans l'ombre de l'espace, une coquille grisâtre tournant lentement entre les étoiles. Les membres de l'équipage se criaient des informations et des rapports sur l'état du vaisseau, des calculs inertiels pour l'entrée en atmosphère et d'autres estimations qui m'échappaient totalement. Quant au commandant, il donnait des ordres dans tout les sens, mais ne semblait pas affolé pour autant. Ce vieux loup de mer était un habitué des voyages en carcasse.
Me voyant arriver, il me fit signe de grimper sur une plateforme pour le rejoindre. Et remarquant ma mine abattue après avoir "contemplé" Aria IV, il me mit une petite claque dans le dos avec un rire rauque et usé par des milliers de cigares:
"Bienvenue sur Aria, Sieur Navi. On vous a pas offert des vacances, c'est moi qui vous l'dit. Ce tas d'ferraille vous apportera que des ennuis, je serais vous, je repartirais aussi tôt que possible. Ne cherchez pas à faire trop de tourisme, y'a des visiteurs qui n'en sont jamais revenus, l'Empereur seul sait pourquoi, même si j'ai ma p'tite idée..."
( Note : Il est coutume parmi les anciens des voyages interplanétaires de surnommer ainsi tout ce qui se rapproche de près ou de loin à un bureaucrate, à "un rond-de-cuir de l'Empereur". Les diplomates ayant la réputation bien fondée de se mettre très en avant, de se vanter et de faire les beaux-parleurs durant leurs missions, chacun d'entre nous se fait donc appeler hypocritement "Sieur", selon la tradition. )
L'homme s'imposait comme un bloc d'acier taillé à la masse auquel on avait donné vie ainsi qu'un léger quelque chose d'humain. Un peu de chair et des cheveux donnaient à ce qui fut sans doute un jour un monstre de guerre l'apparence d'un Terran. L'âge avait adoucit le résultat final, ce qui convenait parfaitement pour un commandant de vaisseau d'une cinquantaine d'années. Posture droite dans un costume officiel pourtant négligé et abîmé par le travail, il me taraudait du regard, estimant mes chances de survie sans mon escouade de rangers sur-entraînés. Après un long silence pendant lequel je fixais la planète du coin de l'oeil, il reprit.
"On atterrira dans trois heures environ, rendez-vous près du sas de sortie. J'ai déjà prévenu vos gars, ils vous y attendront. Bonne chance, et restez prudent."
De nouveau le moral plombé, je retournais à ma cabine où je rassemblais le peu d'affaires que j'avais sorti de mon paquetage, et attendais seul l'heure fatidique. L'Empereur, ou plutôt ses représentants, m'avait donné un ordre direct: inspecter, questionner, et faire un rapport. Et comme tout Terran doit savoir: "Pour la gloire de notre nation, chaque citoyen doit accomplir ses devoirs avec implication, bonne volonté, rigueur et sérieux" : Article 12 du chapitre sur les devoirs des citoyens de l'empire. Tome 2 de "Pouvoirs, Devoirs et Unité de l'Empire".
Lorsque, enfin, je me retrouvais dans le sas d'évacuation, je découvris une salle aux éclairages criards, bardée de lourds sièges en acier fixés aux murs. Je m'avançais entre deux rangées d'hommes en attente, ces mêmes hommes qui me serviraient d'escorte. Je reconnaissais quelques têtes, les ayant déjà croisé durant notre voyage. Notamment celle du capitaine, assis au plus près de la sortie, comme le voulait la bienséance militaire. C'était un homme barbu, aux traits rudes (sans doute un critère de recrutement) et marqué par les cicatrices de missions précédentes. Une large entaille barrait le côté droit de son crâne, traçant une balafre claire dans la chair du vétéran. Ses cheveux noirs et courts s'alliaient bien avec ses yeux foncés. Ce même homme lança la conversation:
-Bonjour, monsieur le diplomate. J'espère que vous avez apprécié le voyage ?
Quelques ricanements accompagnèrent la question.
-Eh bien...J'ai connu mieux, dirons-nous.
Être ambassadeur nécessite bien souvent de savoir bien s'entourer, mais il arrive parfois que vos gardiens viennent à se défouler sur vous pour passer leur frustration d'une paie précédente.
-Bon, alors on va rapidement faire les présentations. Dans l'ordre, on a Velta, spécialisé en informatiques et communications, les deux ours à côté, c'est Gonagan et Tiirs, les meilleurs oreilles et les réflexes les plus rapides que j'ai jamais commandés. Nest, un fanatique du C4. Marcus, pro du tir à distance. Yorg, médecin en chef. Et enfin Meneras et Boyle, du renfort envoyé spécialement pour vous. Si on vous gâte pas, avec tout ça !
Après avoir fait le tour de l'équipe, les hommes se mirent à discuter entre eux pour se raconter leur dernière permission. L'entrée en atmosphère s'entamait alors. La coque du vaisseau fut secouée de spasmes violents et l'énorme frottement provoqué par l'engin spatial chauffa très vite les parois. Le bloc d'acier chuta à travers les couches de nuages toxiques, se mit à esquiver les éclairs tout autour de lui, perfora le ciel et continua sa course vers le sol.
Après de longues minutes d'attente, les moteurs rugirent et engagèrent une contre-poussée à mesure que nous approchions de la zone d'atterrissage. Les chocs redoublèrent d'intensité et mon estomac se retourna un nombre incalculable de fois. L'Empereur soit loué, je gardais mon repas intact.
Dans un ultime impact, le Valhalla II finit par se poser. Les amortisseurs sifflèrent. Les propulseurs soufflèrent bruyamment avant de s'éteindre pour de bon. Ce ne fut que là, dans ce court silence avant l'ouverture des portes, que je perçus le son de la pluie. On ne l'entendait réellement qu'ici, dans le sas. Pour le reste du bâtiment, la pluie se rapprochait plus d'un bruit lointain et discret, étouffé par l'épaisseur de la coque. Il tombait beaucoup d'eau, et les soldats me conseillèrent de bien fermer ma combinaison. Les intempéries ne possédaient pas de pouvoir corrosif au point de dissoudre l'épiderme, mais à partir d'un certain taux d'absorption, les cancers et diverses contaminations devenaient aussi fréquents qu'un rhume d'hiver.
Je vérifiais scrupuleusement chaque recoin de ma tenue protectrice, sous les gloussements amusés de certains vétérans, tandis que le système hydraulique qui verrouillait la lourde porte se déclenchait pour nous offrir notre première vision d'Aria IV. Devant nous, une piste bétonnée aux multiples nids de poule nous attendait, encadrée par des entrepôts, fermés pour certains, condamnés pour d'autres. Au loin, une nappe de brume grise enfonçait un décor délabré dans une voûte plombée, cachant le plus gros d'un paysage difforme et disgracieux. Il était 8h53.
Par l'Empereur, combien de fois ai-je maudit cette expédition...
Même à travers les filtres de la combinaison qui retenaient le trop plein d'éléments toxiques dans l'air, une puanteur à vomir s’engouffra dans mes narines. À peine avait-on ouvert que déjà les relents d'Aria IV s'infiltraient partout et répandaient leurs toxines. Ça sentait le cambouis, la fumée, et les excréments. Une fois mes premiers pas faits sur la planète, je voyais enfin de mes yeux les immenses colonnes de fumées noires, par dizaines, qui s'élançaient dans les nuages. On aurait dit le sous-sol du monde, porté par ces multiples piliers. Des centaines d'usines crachaient leurs miasmes. Au sol, un vacarme incessant de véhicules de marchandises fonçaient d'un site à l'autre, ajoutant leurs propres émissions à l'ensemble. Plus tard, quand notre convoi nous fit passer, Empereur merci, à une distance raisonnable d'un quartier résidentiel, nous pûmes également voir des visages malades ou fatigués errer entre des locaux crasseux. Les enfants, eux, s'amusaient avec des pierres. Toutes précieuses, malgré une saleté qui ternissait leur éclat.
-Terminus, la décharge, messieurs ! "Sieur Navi" , un bon conseil, ne quittez pas cette combinaison si vous voulez rester en bonne santé.
-Sieur ? Vous avez un planning pour cette magnifique journée ? Demanda Boyle, dont je retrouvais le nom avec peine.
-Eh bien, je pense passer du temps à discuter avec le maire, et j'imagine qu'il tiendra à nous faire visiter les lieux et ses...sites d'intérêts ? dis-je en scrutant le sombre panorama autour de nous.
-Les gars, bonne nouvelle, on va se promener et manger des toasts ! s'esclaffa Tiirs, ce qui sembla raviver l'humeur de l'escorte.
Quelques mécanos vinrent nous accueillir à la façon locale, à grand renfort de toux et de crachats, tout en ignorant de façon magistrale le monde autour d'eux. Ils s'occupèrent tout juste des révisions d'usage et des contrôles habituels ; l'arrivée brutale d'un camion blindé des forces militaires ne leur arracha même pas une once d'intérêt. Courant nous mettre à l'abri sous le métal anti-corrosif, nous grimpâmes dans le fourgon arrière dont le conducteur, un excentrique du nom de Matt, enfonçait sans attendre la pédale d'accélération. Il semblait de tester ses plaques de freinage et son tout nouveau châssis avec la plus inquiétante extase qui soit. En quittant la zone atterrissage de l'astroport, je me rendis compte à quel point ce monde était délabré. La route était dans un état lamentable, aucune signalisation ou quelconque tentative de contrôle de la circulation ne se faisait connaître. Matt s'amusait avec sa pédale de freinage. Il pila et renfonça l'accélérateur de nombreuses fois, riait tout seul de ses embardées, et nous demandait quelques rares fois si tout allait bien. Une remorque pleine de matériaux lourds percuta le coin arrière droit du fourgon dans une tentative désespérée de franchir une intersection, puis Matt percuta le flanc gauche d'une camionnette. Enfin, après un troisième lampadaire arraché par notre char d'assaut, et quelques harponnages de camions, nous parvînmes tout de même à notre objectif.
La course folle dans les rues de l'immense cité-planétaire terminée, Matt se gara devant un bâtiment comme tant d'autres: haut, gris et froid. Sa seule différence notable, il affichait un blason gravé dans la façade. Une pelle et une pioche se croisant sur un tas d'or, aux allures de trône. Symbole officiel d'Aria IV.
- La mairie messieurs, entama Joris; on rentre, on est poli et on dit bonjour.
Quelques gloussements échappèrent à plusieurs soldats autour de moi.
Une fois franchis les lourdes portes de bronze marquées par l'acidité permanente des pluies, nous traversâmes deux antichambres avant d'entrer dans l'espace de vie. Un majordome nous ouvrit et nous accueillit dans la demeure. Le contraste avec l'extérieur nous figea sur place. De riches tapis de velours rouge étendus sur le sol. Un double escalier de marbre menant aux étages, avec en son centre un immense portrait d'homme qui s'imposait aux visiteurs. De somptueux lustres en cristal, en grenat et en émeraude inondaient les pièces d'ambiances riches et colorées, de nombreux chandeliers étaient disposés dans la maison et on ne comptait plus les meubles anciens en bois rares. Quant aux murs, ils brillaient d'un magnifique marbre blanc, qui entourait des mosaïques représentant des mines remplies de minéraux, d'immenses vaisseaux de commerce et un peuple en plein travail. Des odeurs raffinées planaient dans l'air, suggérant des mets délicats préparés en cuisine, d'élégants parfums portés par le personnel, et parmi les livres, ce puissant arôme de vieux papier, de savoir endormi.
Joris et ses hommes n'avaient visiblement jamais pénétré ici, car ils eurent la même réaction que moi : une béate contemplation.
-Bienvenue messieurs, j'espère que mes appartements vous plaisent ! s'écria une voix à l'étage.
Dernière édition par Cocoon le Jeu 10 Jan - 15:16, édité 6 fois | |
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mer 7 Déc - 1:08 | |
| Chapitre 2 Suivez le guide! (Vous reprendrez bien une chouquette...)
Un homme rondouillard dans des habits d'un luxe insultant descendit lentement les marches de son pas lourd et grotesque. Il savait ménager l'effet de scène, car il passa bien au centre de l'escalier double, marchant dans l'axe de ce que j'appris plus tard comme étant son propre portrait, aux dimensions extravagantes. L'homme mesurait presque les mêmes dimensions en largeur qu'en hauteur. Des années de luxe et de paresse tyranniques avaient atrocement mutilé la santé du dictateur qui devait désormais vivre avec un coeur confit dans la graisse. Ainsi payait-il le prix de son appétit pour la chaire: à peine eut-il posé le pied sur le sol qu'il dut s'arrêter pour reprendre son souffle. Il suait déjà à grosses gouttes, un serviteur courut lui apporter une serviette et un verre d'eau. Comparé à la représentation sur le tableau, il n'y avait plus grande ressemblance. Celui sur la peinture avait l'élégance et la carrure d'un homme bien bâtit de 70 kilos environs. La pauvre âme devant nous devait en faire 160...
—Tout va bien, monsieur ? s'inquiéta le major d'homme.
—Suffit, allez ! s'énerva le maître des lieux qui le congédia d'un geste nerveux de la main.
Toussotant pour chasser son malaise, il releva la tête et tenta de prendre une posture plus noble.
—Bienvenue sur Aria IV messieurs, je suis le premier maire Albert Reness. J'ai appris que l'Empereur, loué soit son nom, envoyait sur notre humble planète l'un de ses meilleurs diplomates ! Vous m'en voyez honoré. Vous êtes chez vous, monsieur...? demanda-t-il dans une ridicule tentative de révérence.
—Navi. Primus Navi. répondis-je en lui tendant une main amicale.
—Primus Navi, bien bien. Fort bien même, si vous permettez, j'aimerais que vos hommes...
Des clics d'armes se firent entendre juste derrière moi. Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant le visage du maire se décomposer à vue d'oeil tandis que sa main boudinée qui désignait encore l'escorte restait figée dans l'air.
—Sauf respect, monsieur, moi et mes amis aimerions beaucoup rester près de notre ambassadeur. Volonté de l'Empereur, comprenez ? Joris venait d'imposer avec une délicatesse aussi grotesque qu'amusante sa présence et celle de ses hommes. Pas question de me quitter, ni leur armes d'ailleurs.
Le pauvre homme semblait en perdre tout ses moyens. Albert Reness montrait quelques signes de stress: ses mains s'agitaient, ses yeux s'affolaient et scrutaient dans tout les sens , il se mordait la lèvre avant de prendre la parole. Visiblement, notre arrivée ne se passait pas comme prévu. De mon côté, je commençais à penser la même chose. Où était ce tyran confiant et arrogant que l'on m'avait décrit ? Cette brute belliqueuse qui méprisait l'Empire ?
Était-ce vraiment lui ? Ce rondouillard maladroit ? Le tyran tant redouté d'une colonie rebelle ? Impossible.
La suite de l'entretien fut d'un ennui total. Reness nous emmena à contrecœur moi et mon escorte dans ses appartements. Il nous ouvrit les portes d'un vaste salon richement décoré, nous fit patienter un quart d'heure le temps qu'un thé lui fut servit. Il nous présenta sa planète sans nous en apprendre bien plus, rappelant son activité, ses chiffres annuels, ses partenaires commerciaux et même de quelques accidents qui avaient eut lieu quelques temps avant notre arrivée. Étrangement, il ne parla que très peu de ses habitants et de leur condition de vie misérable. Mes tentatives pour l'y amener se révélèrent sans succès.
Parlant de sa propre histoire et de son accession au pouvoir en tant que premier maire, Albert Reness se glorifiait et chantait presque les louanges de sa propre image. Il nous parla de ses études sur Terra, avant d'être "sélectionné pour ses nombreuses compétences et sa notoriété remarquable". Puis comment il avait mené Aria IV sur la voie de la richesse et de la prospérité, et bien sur ses nombreux projets pour "apporter la gloire à son peuple de fiers et courageux travailleurs." Ce monologue dura pratiquement trois heures, et je soupçonne encore Albert d'y avoir prit du plaisir pour se venger de la présence imposée de mes sbires. Enfin, après une longue et pénible attente, il nous proposa de souper en sa compagnie.
Les journées étaient très courtes sur cette planète, 16h à peine. Ce ne fut qu'à condition de laisser mes hommes dans des quartiers à part que nous pûmes passer la nuit dans la demeure du premier maire. Je fut contraints à un long repos, mon horloge biologique trop peu habituée à ce rythme de vie, tandis que Reness ronflait sûrement à faire craquer le joint des murs. Je fermais les yeux, la tête remplie de questions, me demandant qui pouvait bien être Albert Reness, et où se cachait l'homme sanguinaire dont on m'avait tant parlé. Celui-ci était bien trop craintif, trop accroché à son luxe démesuré. Que se passait-il vraiment sur cette planète ? Je tentais en vain de faire une sieste, tout en craignant la suite de cette expédition. Car bien que protégé par des vétérans de l'empire, je redoutais ce qui nous attendait dans les coins les plus sombres et reculés d'Aria IV.
La nuit ne m'apporta aucun conseil, et les 5 heures de repos qui nous furent accordées me causèrent au matin un regard égaré et de nombreuses cernes devant le miroir. Tentant un brin de toilette pour paraître présentable malgré la fatigue, je descendais prendre un léger encas dans la salle-à-manger qu'un serviteur de passage m'indiquait gracieusement. Ma troupe y était déjà au complet, parée et mangeant avec appétit. Je dois admettre que le rythme court des journées sur cette planète dérégla mes heures de repas et de sommeil encore trois semaines après mon retour sur Terra, mais ne sachant pas quand serait le prochain repas, je me forçais à manger quelque chose. Les plats étaient riches, des plateaux entiers de mets sucrés ou salés, chauds ou froids, recouvraient la table. Pains, brioches, gâteaux, gelées, mais aussi volailles, viandes ou légumes cuits; Accompagnés de boissons tout aussi diverses, allant du bon vieux café aux "liqueurs d'émeraudes", dont le goût métallique avec une légère teinte de menthe poivrée caressait le palais comme un joyau fondu. Le premier maire avait demandé aux cuisine à sortir la grosse artillerie, sans doute pour faire impression. Ce qui marchait plutôt bien je dois l'avouer, même si cela soulignait encore plus l'injustice séparant la bourgeoisie de la classe ouvrière.
Un petit cortège précéda l'arrivée de Reness, qui le fit entrer avec une surenchère ridicule de manières et de politesses. Notre hôte, encore plus richement vêtu que la veille vint nous saluer:
—Salutations, amis Terrans, j'espère que notre humble cuisine locale vous convient. J'ai pris la liberté d'organiser quelques activités durant votre séjour. Cela vous permettra d'avoir une vision plus précise de notre fière colonie.
Mes réflexes de diplomate se mirent en branle. Mon esprit concentra toute son attention sur ce qui allait suivre: un dirigeant qui organise un planning de ce genre sur son territoire est un dirigeant qui cache derrière cela une idée, un message bien précis. Ceux qui maîtrisent leur art et qui savent lire entre les lignes peuvent vous en dire beaucoup sur la situation politique et relationnelle qui en découle. Vous dire précisément ce que l'organisateur attend de vous, ce qu'il veut vous dire et ce qu'il aimerait bien vous cacher. En l’occurrence, je m'attendais déjà à voir les meilleurs circuits de production où les ouvriers sont fiers de leur travail, un ou deux points panoramiques de la planète, les réserves de minerais les plus riches, et peut être même une dégustation de la cave personnelle du premier maire. Classique, pour un monde ouvrier, mais certaines choses ne changent jamais dans ce métier. Le but étant de me montrer explicitement qu'Aria IV était une colonie fructueuse et lucrative pour l'empire et implicitement de me faire comprendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes.
—Pour commencer je compte vous emmener voir le magnifique point de vue sur la terrasse de notre observatoire, dans une heure le soleil baignera toute la vallée du district principal, et vous devez absolument voir ce spectacle. Ensuite nous nous rendrons à la manufacture de cristal... poursuivait-il sans prêter attention au reste du monde, comme un enfant récitant son exposé.
Gagné...
La journée fut d'une longueur interminable, le monologue du premier maire passa de trois heures à neuf. En bon diplomate, je ne pouvais que poser des questions attendues par monsieur Reness dans un premier temps : productivité de la colonie, capacité de stockage, système d'import/export, transport... Il parlait avec plaisir de sujets sur lesquels je m'étais déjà renseigné et évitait soigneusement tout ce qui touchait à la politique, au logement ou aux habitants hors de leur horaires de travail. J'attendais avec la plus grande hâte la fin de la journée pour pouvoir respirer un peu et préparer ma petite enquête du lendemain. Le premier maire m'avait fait comprendre, au petit-déjeuner, qu'il devait malheureusement s'absenter pour mon deuxième jour sur Aria IV. Une navette nous attendrait près de la mairie, un planning de visites nous était déjà préparé. Ce coup de fortune me permettrait de visiter la planète à ma guise et sans notre guide pour nous surveiller. Je comptais bien sortir des sentiers battus, pas question de passer une nouvelle journée à rencontrer de tristes âmes payées pour me sourire. Peut-être découvrirai-je ce qui m'était caché avec tant d'efforts ? Mais d'ici là, je désirais obtenir le plus d'indices possible de la part de notre hôte grassouillet.
— Mais dites-moi, premier maire, l'organisation politique n'est-elle pas trop complexe à gérer ?
— Que vou... voulez-vous d... di... dire ?
— Si vous êtes la tête pensante de la politique de toute cette planète, vous avez bien quelques délégations, n'est-ce pas? Ne me dites pas que vous gérez tout à vous seul ?
— Oh, répondit l'homme, eh bien oui, j'ai n... nommé divers responsables sur chaque district d'Aria IV.
— Je vois, et ils vous font part de leurs résultats, j'imagine ?
— O... oui. Je reçois des rapports réguliers m'informant des résultats et p... projets en cours. Ainsi, lors de nos assemblées nous traitons des problèmes à r... régler.
— Et concernant la population ? Prennent-ils part aux discussions ?
Touché. Je vis Reness s'empourprer sous la gêne que provoquait ma question.
— Mais v... vous savez, n...n... nous sommes une société assez di... divisée sur ce domaine. Voyez vous, comme la majeure partie des habitants t...travaillent en usine ou en transport de m... matériaux, ils sont t... très chargés et t... trop épuisés pour passer des heures à ba... batailler sur des projets hypothétiques.
— Ils sont exclus de la politique ? Dis-je en feignant l'étonnement.
— Pas exactement, non !
Albert Reness fit une moue gênée.
— Disons que nous... nous débattons et agissons tout en gardant un lien fort avec le peuple. En les informant des nouvelles décisions. En récoltant leur avis sur des enjeux majeurs...
Récoltant ? Rien ne dit qu'ils les prennent en compte, pensais-je.
— Je vois, répondis-je calmement. Et pour la justice, comment vous organisez-vous ? J'imagine qu'il y a tout de même, dans cette prolifique colonie, quelques délits commis de temps en temps ?
— C... comprenons-nous bien, Monsieur Navi, la politique et l'industrie sont sous notre responsabilité. Mais en ce qui concerne la justice, elle est la même que celle appliquée sur T... Terra. N... nous suivons scrupuleusement les lois édictées par l'Empereur, et les criminels sont punis selon la procédure.
Une judicieuse réponse. Trop claire et trop bien formulée. L'homme connaissait parfaitement sa réplique, un discours qui se voulait persuasif, posé et réfléchi, justement fait pour que l'on passe de façon rapide sur le sujet. Personne ne s'intéresse vraiment au sort d'un criminel, après tout, a fortiori quand un bel entrepôt rempli de cristaux vous ouvre les bras et que l'on vous en offre un échantillon "en souvenir". Je glissais ma main dans ma poche contenant encore le précieux cadeau qui m'avait été donné de bon coeur, lové dans un étui de velours qui n'attendait que d'être échangé contre de l'argent. Beaucoup d'argent. Ce genre de pot-de-vin était courant dans le secteur minier. En général, on offrait un sachet de petites perles d'ambre, ou de quartz fumé, appréciés par les dames : un parfait cadeau pour courtiser celles-ci, mais ayant une valeur bien moindre que la plupart de la production, basée sur le cristal, sa valeur restant surtout symbolique. Cela permettait d'adoucir les remarques sur un contrôle qualité ou même d'obtenir un avis favorable pour des subventions. Mais là, il s'agissait d'un vrai cristal, poli et joliment taillé, long comme un majeur et large comme un pouce. Son prix valait une petite fortune, je tenais dans ma poche l'équivalent de deux ans de mon propre salaire, peut-être trois ! Mais cela voulait dire deux choses : d'une, je devrai taire certaines choses que je pourrais voir ici et de deux, si je trahissais la confiance du premier maire, j'allais avoir de gros ennuis sur cette planète.
La journée se termina après avoir profité d'un coucher de soleil factice sur le Mont Lapiz. Le vaste bâtiment aux courbes souples et harmonieuses coiffait le haut du mont tel un élégant chapeau sur une tête trop pointue. Le plancher en verre permettait une vue sur chaque détail du relief et de ses versants, nous offrant le spectacle d'une cascade de joyaux juste en dessous de nos pieds. Un système d'éclairage extérieur pointait la lumière du bas vers le haut, rasant la longue et étroite pente pour éclairer les pierres encore brutes, celle-ci se réfractait en d'innombrables éclats qui remontaient droit dans le plancher de verre, innondant la grande salle de contemplation. Ce procédé créait une illusion bleutée de coucher de soleil malgré la pluie. On se serait cru lors d'une chaude averse estivale, les lumières des puissants projecteurs déversant sur nous leur mille et une nuances de bleu, comme un majestueux torrent éthéré. La mise en scène sous nos pieds était, je dois bien le dire, magique. Si ma venue sur cette planète fut réalisée au tout début de ma carrière, j'aurais probablement pris ce séjour comme de merveilleuses vacances, hormis le transport depuis Terra et le climat local. Repas gratuit, visites, spectacles, et même un précieux cadeau pour mon voyage de retour, cependant à la fin de la journée, j'avais l'esprit plus inquiet et perturbé qu'à son début. Qu'est-ce que cet endroit voulait-il tant me dissimuler ? Je me devais de le découvrir avant de retourner sur la capitale.
Au matin, je préparais mes affaires à la hâte : quelques portions de nourriture sous vide, de l'eau, de l'argent et ma micro-caméra : un précieux modèle d'enregistrement qui se fixait sur l'oreille, capable de stocker 5000TA de vidéo, autant dire des mois entiers de vie numérisés. Si mon intuition était bonne, avoir des preuves en images serait un excellent appui lors de mon rapport final. Mes seuls craintes sérieusement fondées venaient des rapports alarmants contredits par les manières fausses mais bienveillantes du premier maire. Qu'en était-il vraiment ? Pourquoi Aria IV n'avait-elle pas essayé d'attaquer le Valhalla II si elle était bien en rébellion ? Pourquoi Albert Reness nous avait-il accueillit à bras ouverts, alors qu'il savait très bien que l'empire venait lui mettre des bâtons dans les roues ? La seule explication était que nous étions autorisés, "tolérés" pour une raison encore inconnue. A moins que ce soit parce que sur cette étrange échiquier, nous étions des pions prévus pour d'obscures machinations. Je me faufilais dans les quartiers de mon escorte et toquais à la porte de Joris, le capitaine. Celui-ci m'ouvrit quelques secondes après. Il était en uniforme, son arme lustrée et graissée dans une main, un chiffon dans la deuxième. Il aperçut mon sac à dos et me fit un large sourire :
— Pas trop tôt, on se demandait quand vous vous décideriez à bouger de là. Je vais prévenir les autres, ils doivent être en train de finir leurs paquetage.
Peu de temps après, nous étions en marche.
— Vous allez quelque part, messieurs ? demanda poliment le major d'homme en me voyant avec mes hommes traverser le couloir principal.
— Oui, je me sens faible, et je dois retourner au vaisseau pour rendre visite au médecin. Il a ce qu'il me faut pour calmer la douleur. J'ai mon escorte, donc je ne crains rien. Je préfère ne pas déranger monsieur le premier maire, il doit être très occupé et c'est déjà un honneur qu'il nous ait accompagnés tout la journée d'hier.
Cela n'allait pas plaire à Albert Reness, pas du tout même. Sortir de son planning minutieusement orchestré allait le mettre en rogne. Mais il était évident qu'il ne nous montrerait pas ses petits secrets, alors il fallait faire vite. Il finirait bien par trouver un prétexte pour m'interdire de sortir "gambader" à nouveau sur son territoire. J'allais devoir mettre mes talents, mes ressources et une modique somme du trésor de l'empire en jeu pour arriver à mes fins. Le comportement du premier maire me paraissait louche et ne collait pas du tout avec les rapports d'espionnage qui m'avaient été transmis. Officieusement, Aria IV était sous un régime dictatorial, son peuple soumis à une production intensive et épuisante. L'ambassade de Terra avait été détruite suite à l'explosion malheureuse d'une bombone de gaz et la planète n'envoyait plus de rapport détaillé de sa situation à l'empire depuis des mois. L'homme qui tenait les rennes de cette insurrection se faisait décrire comme violent, sanguinaire et pour certains fou à lier. Mais, étrangement, aucun nom ne nous avait été communiqué, et je ne voyais clairement pas Albert Reness dans ce rôle. La veille, j'avais demandé à notre hôte depuis combien de temps tenait-il son poste. Il m'avait répondu douze ans, il n'avait pas du tout le profil d'un chef, tout juste celui d'un bureaucrate ; la rébellion durait depuis maintenant cinq ans, alors qui était l'homme que je devais réellement affronter ? Le premier maire et lui furent certainement présentés, et il y avait de fortes chances pour qu'il soit même à sa botte, servant de pion docile pour apaiser l'empire en cas de contrôle. Un bon accueil, un pot-de-vin généreux, une visite sans surprise de la planète et l'affaire était réglée. Puis on aurait démenti les rapports. La mention "retards de communication avec l'empire" aurait justifié toute l'histoire. Cependant, un élément me fit prendre le risque de sortir des sentiers battus ; parmi les pages d'informations et de signalements que firent les espions jusque-là, une chose retint mon attention. Cette simple note mise en bas de page, après une description succincte de l'économie de la planète :
"Remarque personnelle : Présence d'un marché noir. Beaucoup de vols, rackets, enlèvements effectués pour gagner de l'argent par tous les moyens. Rues peu sûres. Les patrouilles interviennent régulièrement, mais les structures pénitentiaires semblent toujours aussi désertes... Où sont les criminels ?
Le vaisseau fut contacté et informé de se tenir prêt au décollage dans les prochaines vingt-quatre heures, au cas où il y aurait du grabuge, il fallait pouvoir partir de cet endroit dès que possible.
Nous nous lançâmes donc à corps perdu dans l'immense cité-planète d'Aria IV. Le sergent Nest partit de son côté, emportant Tiirs et Gonagan avec lui. Joris prit une autre direction, accompagné de Velta et Marcus. Quant à moi, je restais avec Boyle, Meneras et Yorg pour compagnons. Peu importe de qui venait l'information, il fallait découvrir qui était le vrai commandant des opérations et si possible où il se cachait. D'ambassadeur en visite diplomatique, je venais de passer en un rien de temps au rang d'infiltré dans les rangs ennemis. Ma mission prenait alors un tout autre tournant.
Peu de temps après, nous prîmes la voiture pour nous rendre dans le quartier industriel du secteur. Ne sachant où chercher exactement, Boyle conseilla au groupe de se rendre au premier complexe que nous pourrions trouver. Il ne fut pas difficile à trouver : les larges colonnes de fumée et la taille imposante des bâtiments, écrasant leurs congénères, nous invitait presque à venir à lui. Nous nous faufilâmes par la porte de service dans une salle aux silos immenses. Une partie de la production locale arrivait dans ces lieux par de larges canalisations et bien que la taille des locaux était impressionnante, il y avait peu d'hommes présents. Meneras nous dégota facilement quelques combinaisons ajustables d'une propreté douteuse. Sous le conseil judicieux de notre médecin, Yorg, nous nous frottâmes le visage et les mains avec nos tenues pour effacer une trop grande hygiène qui nous aurait démarqué de la population. Nous voilà fondus dans la masse, l'heure était désormais aux questions. Par chance, le local où nous nous trouvions faisait parti d'un vaste complexe fait de bâtiments inter-connectés via passerelles, couloirs, quand ils n'étaient pas collés l'un à l'autre. Meneras, de son immuable ton sévère, se fit passer pour un formateur en visite avec ses apprentis. Le vacarme de la production cachait le fait qu'il ne savait rien sur les machines qu'il présentait. Il se contentait juste de décrire la salle d'un air à la fois strict et connaisseur. Par chance, j'appris plus tard que beaucoup d'ouvriers étaient reconvertis ou formés par soucis de polyvalence afin de palier au taux record de maladie, ainsi il n'était pas rare de voir des formateurs avec leurs disciples parcourir les usines de production ou inspecter les machines. Ce fait, allié à la fatigue et au manque de vigilance du personnel, nous fit traverser toutes les salles sans encombre. Croisant même quelques regards respectueux envers notre "instructeur". Je pus ainsi découvrir la chaîne de production du secteur de sa fin à son début. Après l'aire de stockage, nous traversâmes deux grandes pièces servant à la distribution des cristaux. De larges souffleries et des tapis automatisés se chargeaient de l'envoi à travers tout un réseau de canalisations. Plus loin, nous vîmes comment la production était contrôlée dans sa phase finale, à l'aide de scanners de mesure crachant leurs faisceaux à une vitesse hallucinante. Les quelques rares exemplaires encore imparfaits se faisaient transporter à une chaîne de finition pour corriger la défaillance. Enfin, nous parvînmes aux premiers stades de la chaîne : la taille des pierres. Elle se faisait sur deux dizaines d'endroits différents, avec des machines tout aussi bruyantes que complexes ; puis nous découvrîmes l'aire de livraison. D'immenses camions vomissaient en continu des tonnes de pierres brutes dans des cuves qui lançaient toute la production jusqu'à arriver à notre point de départ. Visiblement, nous n'avions pas pris la bonne entrée pour suivre la chaîne dans le bon ordre, mais ce n'était pas le plus important. Durant toute notre petite visite, ma caméra s'occupait de filmer les locaux, les hommes, et emmagasinait de précieuses preuves qui me serviraient d'appui une fois revenu sur Terra. De ce que j'en conclus à ce moment là, nous étions dans un tout autre univers que celui du premier maire. Les travailleurs avaient nettement moins le sourire et la santé des hommes ne semblait pas être une priorité ici : tous avaient le visage pâle et maladif.
Il était dix heure cinquante cinq, soit l'heure du déjeuner si l'on se réfère au rythme de vie de la planète, quand la production s'arrêta. Les machines cessèrent, laissant place à un silence apaisement meublé par les bruits de pas des ouvriers jusqu'au réfectoire. Nous les suivîmes sans attendre. Le pas lourd, accompagné de toussotements et de gorges raclées, nous entrâmes tous dans une boite de conserve aux vagues senteurs de graillon et de nourriture. Les murs étaient couverts de tâches de graisse et de sauces de toutes les couleurs, formant une mosaïque d'un goût douteux. Tables et tabourets en acier cabossés étaient disposés sans aucune notion d'harmonie, tandis que les lumières au plafond marchaient trois secondes sur quatre. Ajoutez à cela un cuisinier gras à l'hygiène peu flagrante, vous servant un plat tout aussi appétissant et vous avez une petite idée de la bonne ambiance qui planait dans les locaux.
Moi, Meneras, Boyle et Yorg, nous postâmes sur une table pour discuter un peu de nos premières impressions.
— Ce qui m'inquiète, coupa Yorg en plein milieu de la discussion, c'est de savoir ce qu'ils font de toute cette production.
— Facile, ils la vendent ! Vous n'croyez pas qu'ils vont garder tout ça pour eux ! rétorqua Meneras.
La remarque du médecin m'interpella.
— Peut-être ne vendent-ils pas toute leur cargaison, tentais-je.
Yorg me lança un regard entendu.
— Comment ça ? répondit Meneras.
— En y réfléchissant, on voit assez peu de transporteurs décoller d'ici avec les cales remplies de marchandises. Souvenez-vous du spatioport. Quand nous sommes arrivés, nous étions seuls sur la piste. Pas un seul vaisseau ne partait ou n'arrivait. Un peu étrange pour une planète qui prétend faire fortune grâce au commerce de pierres, non ?
— Mais alors, les cristaux... Ils en gardent une bonne part pour eux ? C'est ridicule ! Qu'est ce qu'ils pourraient faire de tous ces cailloux ? poursuivit Boyle.
— C'est ça qui est intéressant à savoir...
Soudain, mon bracelet-ordinateur résonna:
—Primus Navi ? Ici le sergent Nest. Nous avons quelque chose secteur 5 zone C, c'est à deux heures au nord nord-est, prenez la rame magnétique et rejoignez nous à la station, nous sommes déjà en chemin avec les soldats Tiirs et Gonagan. Je vous transmet un enregistrement. Terminé.
—Compris sergent, nous vous retrouvons là-bas.
Peu de temps après, je recevais un fichier audio. C'était une discussion entre le sergent et un des locaux d'Aria IV.
—Je dois y faire une livraison de matériaux mais y'a un accident sur le trajet, t'aurais pas un raccourci qui y mène ?
—J'suis désolé, vieux, mais j'en connais pas d'autre. Le seul autre chemin d'accès passe par la zone C, mais elle est d'accréditation 8, presque personne n'a le droit d'y rentrer, et j'imagine qu'on t'a pas invité à passer prendre du jus d'Emeraude, va falloir attendre...
-Accréditation 8 ? Ils gardent quoi là dedans ? Des têtes nucléaires ?
-Tu viens vraiment de l'autre côté de la planète pour demander ça...La prochaine fois essaie de rester dans ton secteur... En dessous de ce niveau personne sait ce qu'y a là-d'dans, mais j'pense pas que t'aimerais savoir, et moi non plus j't'avoue.
L'enregistrement se terminait et je compris l'annonce précipitée du soldat. S'il y avait quelque chose à cacher, c'était sûrement par là qu'il fallait chercher. Sans perdre de temps, je résumais la situation à Yorg et Meneras, désignés pour ma protection, tandis que le message de ralliement était déjà diffusé aux autres équipes.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mer 7 Déc - 1:10 | |
| Chapitre 3 Sans un bruit
Les rames magnétiques étaient légion sur cette planète. Pratiques, rapides bien qu'inconfortables, elles évitaient la sortie en extérieur et l'exposition aux pluies acides, mais également aux transports de matériaux qui pouvaient vous écraser sans même le savoir. Ces coques de métal cabossées s'imposaient de fait comme le mode de déplacement le plus en vogue entre les différents secteurs. Le réseau souterrain couvrait la quasi totalité de la planète. Les gares, quant à elle, n'étaient que d'étroits hangars où s'arrêtaient brièvement les carcasses de fer. Elles ne disposaient que d'un seul quai, d'une seule voie et d'un panneau de contrôle situé près de l'entrée dont une carte interactive de la planète vous affichait l'intégralité du réseau de voies. Il suffisait d'entrer votre destination, et le train magnétique le plus proche passait par votre station pour vous prendre au passage. Bien que pratique car il vous évitait d'interminables files d'attente dans les halls de gare, ce système fut réputé dans l'espace comme l'un des pires sur la ponctualité. Allez prévoir votre heure d'arrivée quand n'importe qui pouvait détourner votre rame à n'importe quel moment ! Cela dit, la petitesse des rames inspira comme on l'appelle aujourd'hui le "micro-banditisme", une pratique basée sur le braquage express de rames, le commerce de drogues, et le règlement de compte. On ne compte plus les fois où l'on retrouvait un corps inerte dans une rame sans pouvoir retrouver le meurtrier, ou des passagers ressortants avec un sourire béat sans aucune raison particulière. Ce système d'échanges instantanés, impossibles à prévoir et bien sûr intraçables était le cauchemar des forces de police. Tant et si bien que d'autres planètes adoptèrent plus tard ce même modèle de transports, largement recommandés par les mafias locales, qui permirent une incroyable montée de la criminalité, mais aussi le sauvetage inespéré de la reine Pol'chy VIII lors de sa fuite de fin de règne, il y a quelques années à peine. Bref, on pourrait résumer la chose en ajoutant qu'il y avait certains secteurs à éviter plus que d'autres...
Notre train mit bien un quart d'heure avant de débarquer à pleine vitesse dans le tunnel d'accès et de s'arrêter, non sans difficulté, devant nous. Les portes chuintantes et crissantes de mécaniques mal entretenues s'ouvrirent dans un tapage sans nom. Il n'y avait que deux personnes à bord, qui ne nous jetèrent pas même un regard: trop moroses et maladives pour faire attention à quoi que ce soit d'autre qu'eux-même. Dans une ville-planète comme celle-ci, il était facile de perdre quelques hommes dans la masse, surtout quand la société qui la compose est à ce point homogène. Les ouvriers n'ayant que très peu de différences de tenue et leur puce biométrique possédaient déjà toutes les informations nécessaires, il devenait presque impossible de retrouver quelqu'un qui venait de l'extérieur, sauf par un contrôle direct.
"Zone C, secteur 5: Purification minérale" Crachota la voix presque féminine du haut parleur. Des informations que j'avais pus récupérer en chemin sur mon bracelet-ordinateur, et en me basant sur le plan de la planète y étant téléchargé, j'appris rapidement que de nombreux minéraux de valeur étaient traités par des produits hautement chimiques pour en améliorer l'éclat, la solidité, et enlever tout élément indésirable afin d'en retirer un résultat d'une valeur quadruplée. Une activité rentable dans la vente de précieux cristaux... Mais encore fallait-il entrer et les gardes seraient beaucoup plus difficiles à amadouer que de simples ouvriers.
La gare était tout aussi lugubre que la précédente, à la différence que celle-ci était en sous sol. Aucune fenêtre ne trahissait l'extérieur, plusieurs néons aux lumières crues et agressives servaient de sobre décoration à l'endroit. La seule issue consistait en un long tunnel bétonné qui se perdait dans les ténèbres, parcourut de quelques ouvertures adjacentes.
Je m'inquiétais de l'absence de nos compagnons et priais pour qu'ils soient partis en reconnaissance. Les autres montraient des signes de tension, à l'affut du moindre mouvement. Nous restâmes bien quelques minutes, tendant l'oreille et essayant de percevoir tout signe d'activité. Albert Reness avait probablement été mis au courant de notre fuite et des hommes étaient sans doute à notre recherche en ce moment même. Il fallait rester vigilant à tout, tomber dans une embuscade rendrait les choses beaucoup plus difficiles pour nous tous. C'est finalement l'un des bleus de l'escadron qui finit par nous alerter d'un signal capté par son senseur thermique. Un cercle rouge se dirigeait au pas de course dans notre direction au travers d'un complexe réseau de galeries, il semblait ralentir parfois, comme pour trouver son chemin et reprenait de plus belle. Peu à peu l'écho des bruits de pas se fit entendre.On entendait aucun souffle, aucun grognement, juste le bruit de lourdes bottes martelant le sol. Deux hommes me plaquèrent dans un recoin sombre, le reste de la troupe se dispersa derrière les piliers de béton, prêts à faire feu. Certains avaient déjà en main ce qui ressemblait à des grenades, d'autres leur fusil de combat. Je jettais alors un oeil sur le senseur de mes gardes: une deuxième marque rouge était apparue à l'écran. Elle courait du côté opposé au tunnel principal vers lequel se dirigeait la première. J'entendais l'un de mes gardes pester contre la chance:
— Ces enfoirés sont déjàs à nos trousses!
Je sentais de la sueur froide perler dans mon dos. Si ces choses nous trouvaient, quelles qu'elles soient, les coups de feu alerteraient les gardes. Fin de la mission diplomatique. Bonjour la guerre ouverte! Les marques étaient désormais à quelques enjambées de la plus proches ouverture dans les parois du tunnel de sortie de la gare. Chacun serrait son arme, ajustait sa visée en l'attente de faire feu. Encore quelques secondes.
Plus rien.
Les deux êtres semblaient s'être tout simplement arrêté juste avant de sortir à vue. Un silence de mort planait autour de nous. Tout le monde attendait dans la crainte de voir ce qui allait se produire. A l'instant même un signal d'alerte était peut-être transmis, alertant d'autres gardes pour nous coincer dans ce trou.
Des bruits retentirent. Légers. Secs. Comme du métal contre la pierre. Des coups en cadence. Répétés. Une sorte de série. Un code... Du morse !
"T-E-R-R-A".
Une autre série de coups métalliques s'ajouta au deuxième similaire. Ils étaient des nôtres! Joris saisit son propre fusil et se mit lui aussi à tapoter contre la paroi.
"J-O-R-I-S" se répéta comme un chant de réponse à l'appel des deux autres.
Les coups d'en face s'arrêtèrent un instant, puis reprirent sur un rythme différent. A tour de rôle.
"T-I-I-R-S" "G-O-N-A-G-A-N"
Les armes s'abaissèrent et c'est avec soulagement que je vis nos deux hommes sortir de leur cachette. Ils étaient en pleine santé. Mais aucun signe du sergent Nest, qui nous avait donné rendez-vous. Ce qui n'échappa guère au capitaine.
— Rapport, soldats, où est Nest?
— Il est resté derrière, mon capitaine. Il attend votre signal. Répondit Tiirs.
— Quel signal ? Qu'est ce que cet abruti prépare encore ?
— Une diversion mon capitaine, renchérit Gonagan, les gardes de la zone C sont en alerte depuis notre départ de chez le premier maire. Il nous a ordonné de vous rejoindre par les tunnels périphériques pendant qu'il s'occupe de faire diversion.
Le visage de Joris prit une moue méfiante qui ne présageait rien de bon, même s'il semblait déjà se faire une idée de ce qui allait se produire.
— Une explosion, mon capitaine.
C'est un détail futile, mais qui me fera toujours rire: la peau du capitaine semblait s'être prise ladite déflagration en pleine face tant il virait au cramoisi. Il se contenait de crier, l'effort était de taille. Exploser les locaux n'était visiblement pas prévu au programme, tant pis pour la partie infiltration discrète.
Impossible de contacter Nest par radio, il se serait fait repérer par l'ennemi. D'après les rapports de nos deux éclaireurs, l'accès aux sous-sols ressemblait à un vaste bunker. Une fortification souterraine à quatre entrées sur-protégées permettait de descendre dans les niveaux inférieurs. Des soldats vadrouillaient aux alentours de la zone, des caméras se disputaient presque la place sur les murs, et les chariots de matières premières envoyées vers les étages inférieurs étaient scrupuleusement passés sous scanner. Impossible donc d'entrer par la grande porte. Voyant cela, Nest avait prit la décision de placer quelques explosifs dans un tunnel voisin pour attirer l'attention ailleurs pendant que la troupe passait par le point faible de toute structure souterraine: les canalisations d'air. Reprenant son calme, Joris fit le point avec ses hommes, précisa l'ordre de passage dans les conduits et se munit de sa radio. Il fallait simplement biper Nest pour qu'il déclenche la bombe, pas besoin de se parler. Les gardes ainsi que la surveillance vidéo seraient concentrés sur le tunnel piégé, tandis que notre groupe aurait à courir jusqu'à la canalisation principale. Celle-ci était dissimulée sous le plancher du grand couloir qui reliait la gare au bunker. Une grille d'accès réservée au personnel d'entretien était à cent mètres devant nous, au juste milieu entre nous et l'angle droit qui menait à la forteresse. Elle ne serait pas difficile à forcer, mais deux caméras gardaient l'angle et avaient, bien entendu, vue sur la fameuse grille.
Il fallait agir vite, plus le temps passait, plus les chances que Nest se fasse repérer augmentaient. Nous nous regroupâmes rapidement, prêts pour la course. Une fois alertés, qui aurait put dire quand la garde allait jeter un coup d'oeil aux caméras, voir même passer dans le coin. Joris pressa nonchalamant sur le bouton de contact de la radio, qui fut rapidement suivit par un lointain bruit d'explosion.
— MAINTENANT! Cria-t-il.
La course démarrait. Chacun s'élança aussi vite qu'il le put, droit vers les conduits d'aération. Les cents mètres furent avalés en un rien de temps, et Gonagan, plus rapide que tout autre, pointa son fusil vers la serrure et tira sans hésiter pour faire sauter l'épais verrou et ouvrit la grille pour se faufiler dans le trou. Une fois que tout le monde l'eut suivit, Joris, dernier à entrer, referma derrière lui puis nous poussa dans les ténèbres. Sans attendre Tiirs délogea les quelques vis qui tenaient un pan de conduit pour le faire pivoter. Un courant d'air tiède nous fouetta le visage alors que je m'approchais de l'épai tuyau, une main calleuse m'aggripa l'épaule et je vis Yorg me passer son pistolet accompagné d'un clin d'oeil. — Ça vous sera utile en cas de combat, monsieur.
— On y est, en avant ! Ordonna le capitaine.
Personne ne savait où nous mèneraient exactement ces tunnels, la méthode était risquée, mais il n'y avait pas beaucoup d'autres options. Tandis que nous avancions à quatre pattes, je maugréais intérieurement sur cette maudite mission qui m'avait amené à me mettre dans de tels ennuis. Je me demandais comment nous allions revenir sur nos pas ensuite, si nous ne nous ferions pas capturer avant d'arriver à l'intérieur et quel danger nous attendait une fois rentrés dans le ventre de la bête. Le nom de mon supérieur, à Terra, fut cent fois maudit, je me jurais de lui faire payer ce calvaire de la pire façon possible. Si tout du moins je revenais à Terra sur mes propres jambes, et non pas les pieds devant...
Les difficultés commencèrent peu après. Le conduit remontait, descendait à pic,pour finir par glisser en pente douce. Nous eûmes plusieurs fois à revenir en arrière à cause d'un tunnel donnant sur un cul-de-sac, ou au dessus de nos ennemis en alerte. Qu'avait bien put devenir Nest? Cela restait un mystère. Je me posais mille questions et je craignais le pire quand, enfin, la longue file indienne s'arrêta. J'entendis le bruit d'un couteau déchirant l'aluminium: Nous avions pénétré la structure. Peu à peu, les hommes devant moi disparurent dans une brèche, puis ce fut à mon tour de plonger dans la lumière orangée qui baignait le mur face à nous.
-Tout va bien, diplomate ? Me demanda Meneras d'un ton taquin.
__________________
Qu'il ne m'appelle pas "Sieur", je dois bien l'avouer, m'interpella. Je bredouillais une réponse positive tout en scrutant les environs. Tiirs et Gonagan, ainsi qu'un troisième dont j'appris plus tard qu'il s'agissait de Velta, clôturèrent la marche. Nous étions dans le secteur de traitement des matières. Des éclairages oranges agressifs inondaient le hangar d'une atmosphère glauque, mêlant le bruit infernal de lourdes machines au jeu des ombres omniprésentes, rendant le tout stressant et malsain. N'importe qui aurait put se cacher dans un recoin et nous attendre. Peut-être étions nous scrutés en ce moment même. L'auspex de Joris ne détectait aucun signe de vie. Mais nous savions tous qu'une patrouille pouvait arriver d'un moment à l'autre. Discrètement, nous avancions entre les géants d'acier. De l'intérieur du bâtiment, nous avions enfin accès aux plans complets de chaque niveau, mais les murs renforcés empêchaient toute détection hors de la pièce actuelle. Une avance à l'aveuglette. Chaque entrée dans une nouvelle zone pouvait nous exposer au danger.
Gonagan et Tiirs s'avancèrent en éclaireur vers la prochaine sortie qui devait nous emmener vers les étages inférieurs, tandis que nous restions à couvert en l'attente de leur signal. Yorg me tapota l'épaule et me fit un sourire rassurant.
-Ça doit vous changer des promenades et des petits fours, hein m'sieur Primus ? Dit-il en me lançant un clin d'oeil.
Marcus, Tiirs, et Boyle, qui l'avaient entendu, gloussèrent discrètement. Joris flanqua un coup dans les côtes de ce dernier pour les faire taire. J'entendis le pauvre homme retenir une plainte entre ses dents, quand le capitaine nous fit signe d'avancer.
-C'est bon, on y va. Murmura-t-il.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mer 7 Déc - 1:11 | |
| Un long escalier grimpait le long d'un mur bétonné, donnant accès aux plateformes métalliques suspendues au dessus des machines. Par un choix avisé, nos éclaireurs avaient préféré nous faire passer en hauteur, afin d'avoir une vue d'ensemble de la pièce suivante, et de pouvoir ramper bien cachés sur les plateformes en cas d'ennuis. Nous grimpâmes donc en vitesse. Couverts par le vacarme du traitement des matériaux inconnus. Cela ressemblait à de la ferraille mêlée à des minéraux, mais l'éclairage et les ombres incessantes ne me permettaient pas de bien voir ce dont il s'agissait. En désespoir de cause, je sortis mon appareil de capture photographique et me le fixait sur l'oeil droit. Ce petit bijou technologique s'accrochait à l'oreille, longeait le crâne pour se fixer devant l'oeil désiré. Un clignement appuyé de la paupière et une photo se prenait automatiquement, directement stockée dans la mémoire de 25Terraoctets de l'objet, avec la possibilité de les envoyer en instantané sur un réseau en ligne. Dans le cas présent, je me devais de désactiver la fonction afin d'éviter toute transmission qui aurait put se faire capter. Mais les photos, une fois retravaillées et épurées, pourraient certainement m'apprendre beaucoup de choses sur ce qui se tramait ici.
Arrivés en haut de l'escalier, les éclaireurs partirent de nouveau en avant, firent quelques pas, et se couchèrent à plat ventre.
-On a de la compagnie... Pensais-je avec angoisse.
Nos deux hommes se retournèrent pour adresser des signes de main au capitaine. Je n'y comprenais pas un traitre mot, à part qu'il fallait se taire et avancer discrètement. Les plateformes sur lesquelles nous étions étaient de simples passerelles de métal encerclant les machineries, je ne donnais pas grand chose de nos pieds si jamais les soldats, si s'en étaient bien, s'amusaient à tirer quelques salves sous notre plancher de fortune.
Je sentais perler sur mon cou des trainées de sueur froide. Nous avancions à notre tour, progressivement, et bien décidés à ne pas trainer longtemps dans cet endroit. On me fit comprendre que des hommes en armes arrivaient dans la salle, et qu'ils allaient probablement avoir la même idée que nous: monter sur les passerelles. Il fallait avancer. Vite. Très vite. L'empereur seul savait de combien de temps nous disposions avant que des canons de fusils soient pointés vers nous. Pressant l'allure en rampant de mon mieux, je priais qui m'écouterait d'attendre la sortie avant eux.
-Montez là-haut, je veux savoir où se taire ce salopard ! Trouvez-le ! Cria un des gardes.
J'entendais les bruits de bottes martelant frénétiquement le métal résonner à mes oreilles. La course des soldats se dispersant dans la salle pour scruter le moindre recoin, la moindre cachette possible. Ils nous traquaient.
Je lisais une panique à demi contrôlée sur le visage de mes compagnons. Joris, lui, nous forçait à avancer. Il fallait être rapide. L'escalier menant à notre passerelle était relativement long, et s'étendait sur une grande partie de la paroi, mais il ne fallait pas trainer. Ramper. Juste ramper et continuer d'avancer. Je sentais la peur suinter de chacune de mes pores. Sortir de la salle. Se mettre à l'abri. Le bruit de nos vêtements sur le métal me paraissait insupportable, assourdissant. Quand bien même les machines couvraient largement notre effort.
Une main ferme agrippa ma cheville et la maintint au sol. Stoppant net ma progression. Sans réellement comprendre comment, les soldats s'arrêtèrent d'un bloc, et sortirent leurs armes. Trop tard. L'ennemi était déjà bien trop près. Il ne restait plus qu'une chose: la confrontation. L'effet de surprise serait à notre avantage, mais pas longtemps. On me tira en arrière, près de Yorg qui m'affichait un sourire rassurant. Les canons pointèrent. En silence. Cinq mètres. Quatre mètres. J'entendais leur supérieur hurler des ordres, et ceux du dessous les plus proches sous notre passerelle crier "négatif". Mais seul importait ce qui ne serait pas crié. Le "négatif" de la passerelle. Ce son qui ne sortirait jamais, remplacé par le bruit des balles. Trois mètres, deux, un...
Trois tirs. Le premier dans la tête. Un corps qui tombe en avant. Deuxième tir dans la gorge, très bien visé. Corps tombant à genoux. Le deuxième dans le coeur, pour éviter tout baroud. Rapide, efficace, et d'une mortelle précision. Les tirs avaient fait deux morts, mais au moins dix alertés. J'entendis crier.
-Là-haut ! Trois coups de feu ! Ils sont là !
-Et merde... Jura Tiirs à voix basse.
-Kriss, à toi ! Hurla le supérieur. Explose-moi ça !
EXPLOSER QUOI ?!
Les yeux s'écarquillèrent. Une main me saisit violemment le col et me tira en arrière.
-REPLI !!! Beugla Joris.
Je vis les autres se relever d'un seul homme et entamer une retraite précipitée. Ils allaient nous tirer dessus ? Directement ? Mais avec quoi ? Je m'attendais à une rafale de tirs. A des coups concentrés, espérant viser assez juste pour toucher au moins un des nôtres. Puis une idée me glaça le sang: un seul homme devait s'occuper de nous. Un seul.
Je remerciais les dieux d'une brève pensée tandis que mon corps se faisait trainer en arrière. A vrai dire, il ne se passa qu'un souffle avant que la passerelle ne vole en éclat. Une onde de choc broya une partie du plancher métallique, sectionnant les câbles dans une chaleur étouffante. Je vis même trois de mes compagnons projetés en arrière par dessus le groupe avec le souffle de l'explosion. Quant à moi et d'autres que je ne discernais pas dans la panique, ce fut une tout autre histoire. L'explosion de la passerelle avait provoqué suffisamment de dégâts pour que celle-ci bascule en avant. En un instant nous fûmes propulsés dans le vide, privés de toute surface stable, de tout point d'accroche. Je me souviens avoir virevolté entre des cuves et des bras mécaniques. C'est là que j'ai probablement percuté quelque chose, car un énorme bleu naquit peu après sur mon bras. Je vis soudain un mur orangé, puis le néant.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Lun 26 Déc - 22:38 | |
| -Unité. Au rapport...
La voix paternelle qui s'élevait péniblement était celle de Joris. La chute avait été très difficile. Beaucoup d'entre nous étions blessés, ou couverts de bleus (ce qui était mon cas). Je regardais autour de moi: de l'acier. En dessous: des cristaux. Mon esprit encore brumeux mit quelques secondes à comprendre que nous avions atterri dans un silo, plus loin dans la chaîne de production. De ce que j'en eut compris, c'est ici qu'arrivaient certains matériaux pour être probablement brassés et transportés vers d'autres conduits. Une lumière agressive nous bombardait du plafond de la salle, rendant l'éclat des pierreries encore plus douloureux pour nos têtes malmenées. D'autres corps se mirent en branle tout autour de moi. J’aperçus les visages de Tiirs, Velta réajustant ses gadgets au gilet, la main caleuse de Gonagan qui tentait de s'extirper d'un tas de cailloux, et la voix plaintive de Marcus.
Il manquait du monde à l'appel. Yorg, Boyle et Meneras avaient disparus, ils avaient été projetés par l'explosion de la passerelle. Tous les survivants avaient souffert de la chute. Quelques uns se massaient les membres endoloris, mais Marcus lui s'était entaillé sévèrement la jambe. Du sang coulait de sa cuisse droite, alors que Gonagan s'attelait déjà à lui bander sa blessure. Nous nous reculâmes peu après contre les parois en comprenant ce qui se passait au centre du silo. Se faire "brasser" dans les conduits du complexe n'était pas ce qu'on peut appeler une attraction "tentante", et vu le crissement des pierres sous nos pieds, l'envie était d'autant moins forte. Les cristaux s'enfonçaient peu à peu comme de l'eau dans un siphon, avec une vitesse somme toute peu alarmante, mais il fallait trouver un plan, et prévoir la suite de notre petite intrusion.
Fort heureusement, cette nouvelle salle était encore plus bruyante que la précédente. Visiblement, il n'y avait pas qu'un seul silo ici, le son d'une bonne douzaine de machines nous harassait les oreilles; D'énormes machines. Ce vacarme infernal couvrirait notre fuite, en espérant ne pas tomber sur les gardes une fois sortis du container. Fort heureusement, une courte échelle de service permettait de s'échapper de notre bocal de fer, ce fut à ce moment que je perçus l'énorme chaleur de l'atmosphère. Nos mains glissèrent sur les barreaux, rendant ascension lente et difficile. Trop absorbés par notre échappée, nous n'avions pas fait attention à autre chose qu'à notre survie, mais maintenant qu'il fallait réfléchir, la température devenait un sérieux handicap.
-La fonderie! Tenta de prévenir Velta.
-QUOI ?!
-LA FONDERIE ! ON EST DANS LA FONDERIE ! IL FAUT SORTIR D'ICI!
Je vis le bras de Velta s'agiter sur son gilet, nous indiquant l'un de ses nombreux appareils dont il était si fier, et dont il m'avait vanté les mérites durant toute notre échappée de chez le premier maire. Il pointait un écran en hémicycle, dont l'aiguille s'affolait sur une zone rouge à l'extrême droite du cadran. Même si je ne compris pas tout de suite la gravité de la situation, le visage de mes camarades me renseigna tout aussi efficacement. Même si le tain de leur peau était masqué par les fortes lumières de la salle, leurs yeux affichaient une peur panique.
Sans avoir le droit de dire ou de faire quoi que ce soit, des bras m'arrachèrent du sol, me flanquèrent sur l'échelle, et je n'eus d'autre choix que de grimper avec les autres. Il fallait sortir d'ici, c'est tout ce que je savais. Gardes ? Ingénieurs ? Ouvriers ? Qu'importe ! Par dessus la chaleur étouffante, et les lances lumineuses qui se plantaient dans mes orbites, des nausées vinrent s'ajouter à ma peine. La faute aux lumières ? Non. Quelque chose n'allait pas. Et tandis que je grimpais frénétiquement aux barreaux de l'échelle, mon mal de crâne s’amplifiait.
Arrivés au bord du silo, les hommes se figèrent. Je vis Joris scruter les alentours, par dessus les parois de métal, il baissait régulièrement la tête d'une façon assez brusque. Nous n'étions pas seuls,donc. Sans que je sache réellement pourquoi, il fit une série de signes à Velta, qui était resté derrière tout le monde. Le capitaine gardait sa tête à couvert, et attendit. Je vous laisse imaginer mon état, moi, simple bureaucrate habitué aux soirées mondaines plus qu'aux travaux d'usines, rester accroché à une échelle pendant cinq bonnes minutes, la sueur au front dans cette fournaise, mes rétines en train de brûler, et mon cerveau en train de fondre...
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mar 10 Jan - 18:30 | |
| Partir. Tout ce que je comprenais se résumait à ce simple moi. Je me rappelle avoir grimpé cette échelle à toute vitesse, enjamber la paroi et passer de l'autre côté pour redescendre à nouveau. La chaleur m'écrasait et m'arrachait toute pensée logique. Les barreaux défilaient un à un, passant entre mes doigts moites, et le sol semblait ne jamais vouloir venir à moi. Encore combien de temps ? De quelle hauteur pouvaient dont bien être ces fichus silos ? Je n'en eut jamais la réponse... A peine mes pieds touchaient enfin le sol, je sentis de nouveau une paire de bras m'attraper et me trainer quelque part, à la différence que cette fois ci, une gueule ronde et métallique avait posé ses crocs sur ma nuque, et me suggérait de ne pas résister (même si ma corpulence ne me le permettait franchement pas).
Mes nouveaux "gardiens" étaient vêtus d'une combinaison orange, masquant la quasi intégralité de leur corps, seule la tête était visible derrière une visière renforcée, dévoilant des visages sévères et agités. Ils portaient sur eux des armes dont je ne saurais vous décrire le type, mais semblaient très bien s'en servir, c'est tout ce dont je peux être sûr. Concernant mon escorte, elle fut encadrée par une armada bien plus importante que pour mon humble personne: un groupe d'une vingtaine d'autres gardes les tenait en respect, et commençait à prendre leurs armes.
Je me rappelle avoir traîné sur plusieurs dizaines de mètres avant qu'on ne me laissa me remettre sur pied, bien que des canons soient toujours pointés sur notre petit groupe. Nous étions sortis de la fournaise, et des techniciens refermaient de lourdes portes blindées derrière nous. Il nous fallut prendre une douche de décontamination avant de passer un par un dans un laboratoire où nous fûmes soigneusement examinés. Quelques piqûres et autres fioles, que je reconnus comme étant des fluidifiants sanguins, des sérums de régénération cellulaire et des fortifiants immunitaires très puissants nous furent administrés. C'est là que le souvenir de Velta me sauta à l'esprit: un compteur Geiger! Comment n'y avais-je pas pensé?! L'aiguille qui s'affolait, le mal de crâne, quel idiot!
Je devinais que les gardes, bien que nous ayant finalement capturé, nous avait surtout sorti d'un danger mortel, et qu'un quart d'heure de plus dans cet endroit nous aurait mutilé d'une horrible façon. Les médecins semblaient bien préparés à ce genre d'incidents, et je redoutais de plus en plus ce que pouvaient encore nous réserver les souterrains d'Aria IV. Mes camarades sortirent un à un après moi, et tous perçurent que j’intégrais à peine le danger que nous avions évité de peu.
-Eh ouais Sieur, ces connards font joujou avec des trucs dangereux on dirait, s'amusa Tiirs.
A peine eut-il le temps de terminer sa phrase qu'une crosse de fusil vint se loger dans ses côtes, lui arrachant un gémissement de douleur. Nos encadrants étaient de retour, et nous conduisirent sous bonne garde au travers des niveaux sur-éclairés. Aucun geste, aucun mot ne nous fut permis, sous peine de coups, et nous dûmes rester silencieux durant une bonne demi-heure avant d'accéder à une salle de visionnage. Ici, un mur entier d'écrans holographiques se dressait face à nous. Seuls se dressaient à quelques mètres des plaques d'acier plantées à la verticale, impossibles à reconnaître avec la forte lueur qu'émettaient les images du complexe. On nous fit avancer, contourner les plaques, et je remarquais deux choses: premièrement, on avait aménagé la salle juste pour nous, le reste de la pièce étant vidé de tout son contenu; Deuxièmement, ces plaques, fraîchement installées pour nous, avaient des pinces chromées, ce qui n'annonçait absolument rien de bon.
-Att...attachez-les!
QUE ? Cette voix grasse et chevrotante? Reness!
Les hommes de Reness nous plaquèrent contre nos fers et qui se verrouillèrent automatiquement sur nos chevilles et nos poignets. La structure était à peine penchée en arrière, rigide et absolument inconfortable. Les pinces nous serraient les membres avec une force presque excessive, et les écrans me blessaient la rétine. Après quelques secondes d'adaptation, je scrutais cet apanage de clichés et de vidéos récoltées de chaque niveau, et des salles principales. Reness, fier de lui et de sa prise, nous targua quelques secondes de son regard hautain, et d'un sourire narquois que j'eus tout de suite en horreur.
-Bien. Vo..vous avez joué au p..p..plus malin avec moi messieurs. Vous auriez d..dus rester sur votre fout..tue planète de bureaucrates. C'est dommage, i..il..il aurait été très utile d'avoir une taupe sur T..T..Terra.
J’espérais au fond de moi que les gardes étaient partis... Connaissant mon escorte, il y en aurait certainement un pour...
-Bah voyons, et te laisser garder tout ces petits bijoux rien que pour toi ?
Je reconnus la voix franche et pleine de défi de Gonagan, personne ne vint le frapper, mais une décharge électrique lui arracha un cri de douleur quand notre hôte appuya sur un bouton d'une console posée sur un haut tabouret. Visiblement, on ne lui avait peut-être pas laissé des gardes, mais Reness avait amené un joujou avec lui...
L'homme, quant à lui, avait abandonné son tailleur des grandes occasions pour une tenue militaire qui le boudinait de façon ridicule. Ses bottes étroites contrastaient avec l'épaisseur de son tour de ventre, dont la ceinture peinait à en faire le tour. On le voyait mal à l'aise dans ses vêtements, mais son arrogance et son orgueil le poussaient à tenir tête haute face à ses captifs. Il sortit un petit tube de l'une de ses poches et avala l'une des pilules qu'il contenait tout en nous tournant le dos. Fixant fièrement une zone précise du mur d'hologrammes, il inspira profondément et prononça:
-Incubateur principal
Les écrans du mur s'effacèrent pour laisser apparaître en grand les images d'une seule caméra. Celles-ci montraient une énorme cuve d'un liquide émeraude-cyan aux nuances de couleurs tirant parfois sur le glauque. Tout autour se trouvait une véritable murailles de machines, de câbles épais et d'énormes conduits transportant un liquide que je soupçonnais être le résultat de la chaîne de raffinage des cristaux. Visiblement, tout cet équipement servait à alimenter en énergie la cuve principale. Des dizaines d'ingénieurs, de scientifiques et de techniciens courraient dans tout les sens pour prendre des mesures, régler des niveaux énergétiques, libérer de la pression dans une machine ou alterner l'utilisation des générateurs nucléaires afin d'en refroidir le noyau. Je comprenais que le projet, quel qu'il soit, demandait une énergie colossale, et je sentis couler sur mon dos des sueurs froides à l'idée que nous pouvions être juste au dessus d'une véritable montagne d'explosifs. L'énergie consommée ici devait être incroyable, et un bon tiers de la production de la planète devait être utilisée rien que dans ce complexe. Quant à la cuve elle-même, elle contenait une aberration. Ce que nous accordons encore à dire aujourd'hui, c'est que ce qui était entretenu entre ces parois de verre renforcé était une injure à la création.
Une forme massive se mouvait dans ses 30 mètres cube d'espace aqueux. Un monstre gélatineux, ou caoutchouteux, d'une bonne quinzaine de mètres de long, pour au moins 5 de haut, et 9 de large. Cette énorme larve semblait composée de stries, ou de bout de câbles sombres, un peu comme de la réglisse. Les lignes noires s'alignaient et s'entrecroisaient comme des muscle sur un os, se chevauchant, se contractant de façon répugnante. L'Empereur merci, aucun son ne nous parvenait de l'intérieur de la cuve, je crois bien que je me serais évanouit. La "chose" ne réagissait pas mis à part sa lente flottaison, et se contentait de se nourrir de l'énergie que faisait passer d'épais pylônes d'acier à travers le liquide de stase. Des poutres métalliques partaient du haut et du bas de la cuve, longeant les parois en formant deux cercles superposés, entre lesquels se gavait l'immondice.
-Ahem...Maître Solicius, voici les captifs! Proclama fièrement Reness.
Marcus fixait l'écran, comme nous autres, incrédule:
-Me dites pas qu'il cause au chewing-gum géant là?!
-Je... Commençais-je.
-Ahhhh......Enfin....Nous répondit une voix caverneuse.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 26 Jan - 15:21 | |
| Maître solicius ?! A ce moment là, toute l'horreur de la chose me parvint. Solicius...Le "vrai" tyran d'Aria IV, nous était enfin présenté. Sa voix était empreinte de la corruption la plus noire, elle était devenue inhumaine, produit de sa...transformation. Par quelque procédé abjecte, Solicius le dominateur, le rebelle de l'empire était devenu une créature bouffie, larvaire à la vue difficilement soutenable. Il avait placé un pantin ridicule pour éteindre tout soupçon hormis celui d'une légère fraude dans le commerce de cristaux. Il avait masqué le vrai visage d'Aria IV. Qu'avait-il bien put préparer pour faire accepter sa disparition? Depuis combien de temps Reness était-il au pouvoir ? Les habitants d'Aria IV pensaient-ils donc que leur tyran était mort ? Empereur...
Ces deux seuls mots me hantent encore certaines nuits. La voix nous parvenait de l'intérieur, comme par télépathie. Et je redoutais déjà quels autres pouvoirs Solicius nous cachait-il encore...
-Bienvenue à vous, mes petits rats, je vous aiiiiiiiiii observé depuis votre arrivée dans le complexxxxxxxxe.
La fin de ses phrases était comme aspirée, arrachée au tissu de la réalité. Elle semblait s'évaporer par moment, parfois même en plein milieu de son discours. Le son devenait alors plus aigu, différent clairement avec la voix grave de Solicius (ou ce qu'il en restait).
-Quel dommaaaaage que vous arriviez si vite... CcCCCCcccCCc'eût été un beau spectacle que de me voir une fois correctement nourrit. Mais il reste enccccccccooooooooore quelques semaines avant la phase finale, et je doute d'avoir la patiennnce de vous laisser vivre jusque là...
Ses derniers mots me glacèrent le sang bien plus que n'importe laquelle des menaces sous entendue que je reçu dans toute ma carrière.
-Renessss...explique lEUUUrr...
Le personnage, a bien y regarder, semblait pétrifié d'effroi devant son maître. Il avait certainement vu le potentiel de Solicius, et semblait craindre à chaque instant de commettre un faux-pas qui déplairait au monstre, et de s'attirer ses foudres. Se faire appeler lui provoqua un sursaut de surprise, mêlé de peur j'imagine. Il chercha nerveusement le tube caché dans son manteau, et avala une des pilules qu'ils contenait sans prendre la peine de se servir un verre d'eau. Avançant de trois pas, il gonfla sa poitrine rondouillarde et se planta devant moi avec un air strict.
-Vous vous pensiez plus malin que moi,p-pas vrai ? Vous n'auriez jamais dut quitter ma résidence...Maintenant que vous en savez trop sur nos activités, maître Solicius vous propose de vous..."racheter".
Ainsi il était encore possible de négocier notre vie? Tant qu'ils avaient besoin de nous, je possédais encore des cartes dans ma main. J'étais peut-être encore jeune diplomate, mais ce n'était pas un bureaucrate bouffi et sa larve géante qui gagneraient à mon propre jeu. Je haussais les sourcils d'un air intéressé, et soutint le regard trop confiant que me lançait l'imbécile.
-Vous m'intéressez.
Ravi, un sourire presque niais se dessina sur ses lèvres l'espace de quelques secondes.
-Nous n'avons jamais souhaité couper contact avec l'Empire. Nous préférons parler de "discrétion momentanée", voyez-vous? Mais nous serions ravis de relancer le commerce avec l'Empereur, et pour cela, il nous faudrait quelqu'un de...
Il laissa un silence de quelques secondes passer, sans doute pour la mise en scène.
-Confiance.
Un espion, donc. J'étais servi... La vie contre une existence de trahison envers l'Empire. Dans l'idée, un diplomate peu scrupuleux était facile à convaincre, les pots-de-vin étaient (et sont toujours) très fréquents dans le métier. Un oubli sur des chiffres dérangeants, un avis favorable sur tel secteur d'activité... Tant que cela restait mineur, et profitait à tout le monde, pourquoi s'en priver ? Mais corrompre un diplomate entouré d'une garde personnelle de l'Empereur était d'un tout autre niveau. Et je redoutais qu'ils se débarrassent de mes gardes du corps pour faciliter les négociations. Après tout, être sans défense dans la gueule du loup peut faire changer bien des avis, parfois. Et c'était précisément ce qu'avait en tête Reness.
Voyant mon silence réfléchit, il changea de cible et se planta devant Yorg, sortant d'une poche intérieur un modèle discret d'arme à poudre. Peut efficace pour les mêlées, risiblement faible au vu de l'armement de notre époque, mais toujours mortel à bout portant. Le modèle Symphonia 6, plus connut par les vétérans comme "Le cure-dent des bourges", était une véritable pièce de collection. Un objet recherché que beaucoup de nobliaux aimaient porter sur eux pour montrer leur richesse et leur classe. L'avantage de cet objet était qu'il passait absolument inaperçu dans les contrôles à énergie. De nos jours, seules les armes laser ou à ions étaient considérées comme de vraies menaces; Et la législation de l'Empire avait oublié que ce type d'objets pouvaient bel et bien donner la mort... Cependant, certains s'en servaient en mission d'infiltration, lors de soirées mondaines fratricides, où le fait d'avoir une arme cachée sur soit pouvait vous sortir de bien des situations, même si lesdites armes étaient d'une autre ère. Je ne reconnu le modèle que 5 ans plus tard, quand on m'en offrit un pour une mission épineuse (bien moins que celle-ci, paradoxalement). Désactivant la sécurité, il entama une autre conversation.
-Qu'en dites-vous, cher ami? Travailler pour le compte d'une planète remplie de cristaux, ça vous tenterait? Je doute que vous trouviez meilleure paye ailleurs dans tout l'Empire. Dix cristaux de Type A par an, soit très certainement le double, si ce n'est le triple de votre solde actuelle. Mh?
Yorg était observé par tout les autres. Sur lui reposait toute la fierté de l'escouade. S'il faiblissait, Reness saurait que la corruption avait sa place parmi nous. Et si personne ne flancherait devant les autres, ce ne serait qu'une question de temps avant qu'il nous prenne un par un et nous fasse des offres toutes plus alléchantes les unes que les autres...Jusqu'à ce que quelqu'un craque. Ouvrant a bouche, Yorg sembla tenter de prendre son souffle. Il aspira a plusieurs reprises, comme s'il voulait éternuer, ou s'il hésitait à commencer sa phrase, prenant un air troublé, hésitant. Dans les yeux de Reness brillait une joie malsaine, comme s'il était persuadé de faire flancher sa victime, d'avoir déjà gagné la bataille.
Peine perdue. Je crois que ce jour là je vis le plus gros, le plus répugnant et le plus bruyant crachat de ma carrière. Un énorme glaviot décolla des lèvres de Yorg pour s'écraser en plein dans la face de notre geôlier. Sans doute à cause de la pression morale qui m'était infligée depuis le début de cette mission, et de même pour le reste de mon équipe, une explosion de rires s'enchaîna après un silence interloqué de plusieurs secondes, sous la stupéfaction de Reness en personne. Le crachat avait recouvert toute la surface de son nez, de son oeil gauche, et commençait à couler sur sa joue gauche également. Il sortit un mouchoir d'un blanc de nacre de sa poche, et s'essuya le visage, calmement, sous les moqueries de toute l'escouade. Yorg, quant à lui, était très fier. Tant par sa prestation, que par la qualité du crachat.
Mais la réaction de l'insulté ne se fit pas attendre. Une détonation mordante répondit à l'injure. Un bruit de poudre perfora mes tympans, et la jambe de notre camarade. S'en suivit un cri de surprise, puis rien. Yorg se mordait la lèvre jusqu'au sang, il se retenait de crier sa douleur, pour ne pas faire se plaisir à son bourreau. Il devait être fier, il portait l'honneur de l'escouade en lui. Et c'est pour cet honneur qu'il leva la tête et creva les yeux de Reness du regard. Qu'importe ce qu'il se passerait maintenant, Reness était quasi certain de mourir. S'il faisait une inattention, si Yorg avait une chance de le tuer, quitte à y passer ensuite, je sentais qu'il sauterait sur l'occasion. L'air méprisant et affreusement hautain du grassouillet, son visage heureux et triomphant de l'enfant fier d'avoir gagné illégalement, c'était une injure plus tranchante encore qu'un simple crachat dans la face.
Posant son canon contre la plaie fraichement ouverte, il s'amusa à l'enfoncer pour triturer la chair à nu.
-Nous disions donc...Maintenant que j'ai votre attention la plus sincère, je vous repose ma question: travailler pour nous, ou crever comme un CHIEN?
Criant la dernière syllabe, il enfonça encore plus le canon dans la plaie, comme si celui-ci s'abreuvait du sang qui en sortait. Les gémissements de Yorg se firent encore plus forts, il devait se retenir d'hurler devant Reness, et c'est ce courage qui m'inspira jusqu'à aujourd'hui le respect que j'ai pour ce soldat.
Nettoyant son canon bien tranquillement, avec le même mouchoir dont il s'était servit pour nettoyer la morve, il fixa Yorg en attente de sa réponse. Le sang avait lavé l'affront. Le message était clair. Mais une fois de plus, notre ami répondit avec un air de défi:
-Si tu m'suces pour ça, je veux bien y réfléchir...
Nouvelle détonation. La gorge cette fois. Reness n'avait pas supporté cet ultime outrage. Fou de colère et de voir son autorité piétinée, sa fureur avait tiré pour lui. J'entendais les gargouillements de notre ami en train d'agoniser sur sa plaque verticale, le sang coulait sur son uniforme, dessinant un rideau rouge sur son veston kaki. La fin de son acte. Sa tête tombant dans un dernier soupir, la scène était devenue surréaliste. Reness, les yeux rouges de rage, au bord de la folie furieuse, tenait encore son pistolet pointé sur la gorge du cadavre. Le bord du canon tremblait. Aucun des nôtres ne put émettre un seul son, choqués par ce qui venait de se passer. Il venait de le tuer. Là. Comme ça. Pour rien. J'avais beau avoir essuyé des problèmes depuis mon arrivée au service de l'Empereur, jamais je n'avais vu une exécution pure et simple. Pas une fois. Le silence dura un temps infini.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Lun 30 Jan - 13:57 | |
| C'est Reness qui brisa cet instant, où le temps me semblait complètement figé.
-Alors, "monsieur l'ambassadeur de l'Empire", cracha-t-il, si nous en revenions à ma proposition?
La question était pleine de sous-entendus et de menaces. Et je doutais d'avoir vraiment le choix, si je voulais vivre.
-Le marché est plutôt honnête, la vie contre quelques informations. Imaginez un peu, je vous laisse repartir avec vos camarades, vous êtes tous grassement payés, vous reprenez vos activités normales, en échange de quoi vous nous fournissez les renseignements que nous demandons, rien de plus.
Il avait prit une voix mielleuse pour me faire ce discours, mais nous savions tout deux que ce petit marché ne vaudrait que pour quelques mois seulement. Ce n'était qu'une question de temps avant que l'étau se resserre et qu'ils demandent de leur rendre un "petit service", puis un autre, puis un autre, jusqu'à devoir faire chanter quelqu'un, muter un autre, ou pire... Ce qu'il me proposait était bien une vie de servitude et de trahison envers l'Empereur. Mais avais-je vraiment le choix? Reness s'avança vers moi, rechargeant son arme. Le clic du cran de sécurité désactivé appuya l'argumentation du soit disant maire d'Aria IV, et sonnait comme une raison indiscutable d'accéder à sa demande.
-Qu'en pensez-vous ? Monsieur l'ambassadeur ? Me susurrait-il d'une voix absolument insupportable.
Mon regard se porta sur l'écran principal, où flottait toujours la masse sombre et froidement intelligente de Solicius. Depuis quelques minutes, il ne disait rien et se contentait de profiter du spectacle. Valait-il mieux mourir ou servir cette aberration ? Beaucoup de mes confrères baisseront les yeux si vous leur poser la question de s'ils ont honte de quelque chose par rapport à leur carrière. Et croyez-moi, beaucoup d'entre eux ont des choses à cacher. Être à ce poste n'est pas seulement un moyen de fréquenter la Haute société et de séduire ces dames entre deux petits fours. C'est aussi subir les pots-de-vin, les chantages, les pressions politiques et voir maintes fois sa conscience et son intégrité remises en question. Et puis, sincèrement, quand on vous laisse le choix entre de juteux avantages ou une fin expéditive de carrière... A à peine 30 ans, qui refuserait ? J'en avais 29.
Soudain, le crachotement d'un communicateur sur la ceinture de Reness se fit entendre:
-Monsieur! Ici Rodrick, on a un gros problème secteur B6, on a besoin de vous très rapidement!
Furieux d'être dérangé de la sorte, le maire décrocha son appareil et dégueula sa frustration dans le micro intégré:
-Qu'est-ce qu'il y a encore ? Vous êtes pas foutus de vous démerder cinq minutes?!
Cette fois ci, ce sont des hurlements qui répondirent en premier, puis la voix de Rodrick se fit de nouveau entendre:
-Les sujets du labo' se sont libérés. Je répète, les sujets se sont libérés! J'ai envoyé des renforts mais il nous faut votre clé d'accès pour verrouiller le secteur, c'est le chaos ici!
Le visage de notre geôlier perdit alors toutes couleurs. Des sujets? Ils travaillaient donc sur des êtres vivants? Mais sur quoi? Que pouvait-il bien se passer dans ce maudit complexe? Mille questions se profilèrent dans mon esprit. J'envisageais les pires scénarios. Les manipulations sur êtres humains? Tentative de reproduction de ce qui flottait dans la cuve principale? Création d'une armée de Solicius? Empereur... Les autres ne semblaient pas comprendre la gravité de la situation, mais au regard désespéré de Reness, je devinais que c'était bien pire que ce que l'on pouvait imaginer. Sa peau désormais écarlate reprit un peu sur le vermeil quand son regard se posa à nouveau sur nous.
-Je n'en ai pas finit avec vous! Cria-t-il tout en courant vers la sortie. Réfléchissez bien, monsieur l'ambassadeur!
Puis ce fut tout.Nous étions désormais seuls, avec un cadavre encore chaud et un monstre devant nos yeux. L'attente dura quelques minutes, et j'aperçus que quelque chose se tramait de l'autre côté de l'écran. L'agitation allait de mal en pis, et visiblement, il y avait un sérieux problème ici aussi. Les autres commençaient eux aussi à le comprendre, et la situation devenait critique. Quelque chose avait dérapé dans les réglages, ou dans le fonctionnement du complexe, et mettait à mal toutes les installations, surchauffe peut-être? Je me doutais que ce n'était pas sans rapport avec le "problème" du secteur B6, mais quel pouvait être le lien entre les deux? Les spécimens avaient-ils attaqué un segment de la production? Cela restait envisageable.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Dim 25 Mar - 14:43 | |
| -Troisième écran partant du haut, rangée deux, aboya Marcus.
Tous les regards se portèrent sur ce que venait de nous indiquer notre homme. La caméra active était, à l'instar de l'écran principal, disposé dans la salle où reposait la cuve de Lorr. Les images diffusées étaient celles des générateurs à énergie liquide, d'épais tubes remplis de cristaux fondus, qui servaient à la nutrition de la créature. Ils se vidaient à une vitesse anormalement rapide, et le débit d'arrivage baissait à vue d'oeil. Des centaines de questions et d'hypothèses défilaient à toute allure dans mon esprit. J'envisageais alors les pires scénarios possibles, tandis que les réserves de Lorr s'épuisaient. Bien vite, nous vîmes les techniciens en panique courir dans tous les sens, et s'enfuir de la salle sans même un regard en arrière. Le mal était déjà fait.
Les appareils sautèrent les uns après les autres. Le verre et le métal brisés se répandirent au sol, un feu électrique gagna chaque circuit, chaque composant. La salle entière tremblait sur ses fondations, et je regardais avec horreur ce triste spectacle. La cuve ne tiendrait pas longtemps, et je vis à travers l'écran holographique le verre céder par à-coup. De légers trous, tous d'abord, laissèrent s'écouler le précieux liquide nutritif, fruit d'un dur labeur, puis ce furent des fissures, répandant de gracieuse giclées émeraude sur le sol. L'eau verte s'écoula entre les parois du sol, y trouvant de nombreux câbles, d'où naquirent courts-circuits, et nouveaux incendies. Dans une secousse terrible, le cocon de Lorr explosa et répandit alors tout son contenu. Les images hallucinées projetées sous nos yeux nous montrèrent alors la libération du Maître, sans doute le premier contact de Lorr avec l'air libre depuis sa mutation.
Le monstre suintait un liquide noirâtre, pâteux, qui se mêlait à l'infâme mixture dans laquelle il trempait jusque là. Réaction sans doute causée par la rencontre de sa chair avec les molécules présentes dans l'air.
Quand je pus enfin retrouver un semblant d'esprit, arrachant mon regard à cette atrocité, je trouvais alors un Tiirs terrifié à ma droite, et un Marcus encore sous le choc de la découverte. Une forte odeur d'urine vint se ficher dans mes narines, sur le coup, je me souviens m'être interrogé de sa provenance, mais à la sensation de chaleur qui s'accrochait à mon pantalon de toile, et à la brusque sensation de froid qui la suivit, j'en déduisit que j'en étais le triste auteur.
-Il...il est sortit...
-On est foutus...
-VOS GUEULES ! Le premier que j'entends chialer, je lui colle une balle dans la tempe dès que j'ai une main de libre, comprit ?! Surenchérit Joris.
Le silence s'imposa quelques secondes. Laissant des hurlements lointains se faire entendre. Des hurlements terrifiés, des cris d'agonie, et d'autres qui n'appartenaient certainement pas à des êtres humains. Qu'importe ce qu'il se passait là-haut, je n'avais clairement pas envie de le découvrir. Mes pensées retournèrent à Reness. Où était-il partit? Qu'est ce qui avait dérapé dans son plan si bien conçut ? "La salle des prototypes"... Gardaient-ils des spécimens vivants ? Un genre de Lorr miniature ? Si les petits s'étaient échappés de leur bocaux comme avait fait le père...Cela expliquerait bien des choses, à commencer par ces hurlements.
Le monstre s'agitait dans la salle d'expérience, tandis qu'il puisait ses dernières réserves d'énergie dans sa mixture. L'incendie ne semblait pas le préoccuper foncièrement, autant dire qu'il s'en fichait complètement. Pourquoi les flammes ne l'atteignaient-elles pas ? Sa chair était-elle résistante aux flammes ? D'un point de vue scientifique, je dois avouer que voir cette chose me fascinait, tout autant qu'elle m'horrifiait. Et la seule chose qui tenait ma raison sur un semblant de stabilité, vacilla en même temps que mon sang-froid: Les lumières moururent dans une nouvelle explosion.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Dim 1 Avr - 19:23 | |
| Je me réveillais après quelques minutes d'inconscience, toujours dans le noir. Les cris avaient redoublé d'intensité, et les bruits de balles répondaient avec une ardeur féroce aux hurlements bestiaux. Pour ma part, j'étais assis mollement sur le sol, adossé contre la plaque qui me maintenait prisonnier, et je remarquais en levant la tête que la coupure de courant avait eut le mérite d'ouvrir automatiquement les menottes chromées. Je bénissais intérieurement celui, ou la chose, qui avait eut l'ingénieuse idée de provoquer cet accident, mais un autre hurlement me fit amèrement regretter cette bénédiction. Des coups sourds tonnaient à quelques mètres de nous, et je comprenais que Lorr n'était pas loin, et semblait vouloir s'échapper de sa prison. Des beuglements semi-humains, une voix distordue, blasphématoire nous parvint aux oreilles. Et elle ne semblait hurler qu'une chose, à peine compréhensible:
-REEEEEEEEEENEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEESS!!!
-"Reness"? Demandèrent Marcus et Velta à l'unisson
Je prenais mon courage à deux mains, repoussant mon stress et ma terreur de mon mieux pour leur répondre:
-On...on dirait bien, mais vu à quoi ressemble la salle, il...il ne risque pas de partir de là avant un moment.
-Par contre, on est dans le noir, quelqu'un sait où on branche le générateur de secours ? Sieur ?
-La salle des contrôles n'est pas ici, nous ne sommes que dans une pièce de surveillance, il faudrait sortir d'ici rapidement, et trouver une source de...
Instantanément, toutes les lumières de l'équipe s'allumèrent. Les mini-lampes, fixées sur les fusils de Joris et ses hommes, étaient brandies fièrement, dont deux d'elles m'éclairaient. J'entendis des rires moqueurs, et la voix du capitaine me lancer une pique taquine:
-Vous croyez qu'on vous a attendu, Sieur ? Ce gentil petit maire nous a laissé les armes bien en évidence contre le mur, si c'est pas sympathique. Du coup on les a récupéré à taton pendant que vous ronfliez. On va leur dire merci les gars ? Je sais pas vous mais j'me tirerais bien d'ici moi.
Un grand "OUAIS" suivit la question, ainsi que le bruit de quelques clics d'armes fraichement rechargées.
Notre petite équipe, composée donc de Joris, Marcus, Velta, Tiirs, Gonagan et moi-même, s'engagea dans le couloir par lequel nous avions été conduits à l'aveuglette, et par une belle ironie, le retour était presque à l'identique. Gonagan, le costaud, et Velta l'ingénieur, m'encadrèrent. Devant, Joris et Marcus, plus combattif pour l'un et plus précis pour l'autre, prirent le devant de la marche. Maintenant que nous étions dans l'espace "commun", les bruits alentours se firent plus facilement entendre, et d'autres sons un peu plus lointains nous faisaient comprendre que le chaos s'étendait sur toute l'ampleur du complexe. La catastrophe semblait bien pire que ce à quoi je n'avais songé, et avec le recul, c'est un sourire teinté de jaune qui se dessine sur mes lèvres quand je repense aux horreurs que j'appréhendais à ce moment là. Et celles, les vraies, auxquelles nous avons finalement échappé ce jour là.
Levant les yeux vers un panneau indicatif incrusté sur le large mur de béton face à nous, je lisais deux directions, la droite, qui indiquait "NIVEAU-24: STOCKAGE ENERGETIQUE /GENERATEURS", et sur celui indiquant le couloir gauche, et qui donnait sur un escalier montant, était écrit "NIVEAU -22: LABORATOIRE BIO EXPERIMENTAL (3) / FONDERIE". En sortant de la salle de vidéo-surveillance, nous nous étions mis en tête de sortir d'ici au plus vite. En regardant ces panneaux, il devenait beaucoup plus tentant de s'enfoncer plus profondément encore dans ce maudit complexe. Mais nous étions pris entre deux choix aussi peu enviables l'un que l'autre: Nous enfoncer encore plus, au risque de ne jamais trouver de sortie, et de tomber sur l'un des très nombreux ennemis qui nous attendaient (humains ou non), ou remonter vers la surface, et traverser le laboratoire bio expérimental, risquant ainsi d'affronter les choses à l'origine de ces horribles cris.
-On prend à gauche! Ordonna Joris. Allez!
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Lun 2 Avr - 11:51 | |
| Combien de fois ai-je maudit cette simple phrase...La seule chose que j'espérais à ce moment là, était un bon bain chaud, un vrai repas, et une longue nuit de sommeil dans un des délicieux matelas de la capitale. Les lits y sont spécialement conçus pour s'adapter à votre colonne vertébrale. La structure se modifie selon vos mouvements, analyse votre système nerveux et musculaire et vous donne un sommeil reposant à coup sûr, si du moins vous n'êtes pas sujets aux insomnies, ou aux remords. Mais niveau "physique", disons qu'ils sont un must en la matière. "Celestia, pour un sommeil de rêve".
Alors que je sentais la sueur froide, la bile, le cambouis; Que la faim me triturait les entrailles, et que mes muscles criaient au scandale, deux bras entraînés me traînèrent vers le niveau-22, au pas de course.
-Bon, je vous explique le plan. Tiirs ?
-Ouais?
-Tu te charges de retrouver Yorg, Boyle, et Golth. Tu pars avec Marcus. On s'assure de traverser vivants le labo, et vous partez devant.
-Ça marche, répondirent les deux hommes.
-Gonagan?
-A vos ordres, capitaine!
-Tu restes protéger notre ambassadeur favoris.
-Compris.
-Velta!
-Yep?
-On va essayer de trouver la salle de contrôle, il faut s'assurer qu'on aura la voie grande ouverte pour se tirer d'ici. Et essai de joindre les autres.
-Ok.
Attrapant son communicateur fixé sur sa ceinture, il enclencha le mécanisme à moyenne portée et tenta un premier contact.
-Ici Velta. Message à toutes les unités, si vous m'entendez, présentez matricule. Je répète, ici Velta. Message à toutes les unités, si vous m'entendez, présentez matricule.
Il répéta son message quelques minutes, et tandis que nous courrions vers l'étage supérieur, j'espérais le plus sincèrement du monde qu'une réponse se ferait entendre. Cette mission, c'était moi qui les y avait emmené, bien qu'involontairement. Et être à l'origine de leur mort n'était pas spécialement quelque chose d'enviable pour une personnalité dans mon genre. Je pourrai dire adieu au doux sommeil Celestia...
L'appel tourna en boucle de longues minutes. D'interminables minutes. Ponctuées par des cris de plus en plus proches, ainsi que par le beuglement lointain et les grands coups de Lorr qui s'excitait dans sa cage en acier ultra renforcé. De ce que m'avait dit Velta, autour d'un pot quelques années après, ce genre de salles étaient faites des alliages les plus résistants possibles. On pouvait bien y faire exploser deux têtes nucléaires, le métal en serait tordu, mais une large part de l'onde de choc serait absorbée avant que le reste du monde ne soit inquiété. Ce dispositif permettait ainsi "d'alléger" les dégâts collatéraux, quand on pratiquait ce genre d'expérimentations hasardeuses, ou dirons-nous, avant-gardistes.
-REEEEEEEEEEENEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEESS
On l'entendait dans tout le complexe. Et ce cri insupportable nous terrifiait si profondément, que chaque homme serrait son arme avec encore plus de fermeté et de crainte. Je me demande comment ma raison a put tenir lors de cette mission. Nous avons traversé des moments si terribles, sans compter ceux que ma mémoire a effacé, ou les moments que de miséricordieuses inconsciences m'ont épargné. Quoi qu'il en soit, ce fut une réelle lueur d'espoir qui nous fut rendue lorsqu'une voix répondit à Velta, à travers le commutateur.
-Velta, ici Nest. Matricule 45B20, unité 7, secteur C-120, et à la botte de ce connard d'empereur qui me doit encore 3 mois de paie!
Dans ce genre de situation, après tant de pressions et d'angoisses, ma seule réaction fut l'éclat de rire. Comment résister à cette occasion de lâcher enfin un peu de leste? Joris me fusilla du regard, mais sincèrement, cette réplique resta gravée dans ma mémoire jusqu'à aujourd'hui. Je lus un soulagement réel sur le visage de mes compagnons.
-NEST! Par Terra, où t'es bon sang? Tu fous quoi?
Des bruits d'explosions, de tirs de barrages, et quelques éclats d'un rire dément, presque pervers nous répondirent par intermittences.
-J'me suis fait passer pour un chef de guerre. Ils m'ont fait la visite, mais la blague a tourné court. MAIS PUTAIN TU VAS CREVER OUI?!!!
Nouvelle explosion. Nouveau rire dément.
-Voilà, pour l'instant, c'est calme. Reprit-il, essoufflé. J'ai assommé un mec en costume de parade qui arrivait pour une visite officielle. J'ai prit son costard et ils m'ont fait faire la visite à sa place. Une fois dans la salle de contrôle, j'ai tué tout le monde et j'ai fait péter tout le système de l'intérieur. Les ingénieurs ont pas dut apprécier.
-Oui, on a put voir, t'as foutu un sacré bordel dans la baraque!
-AH AH!!! Hein que Nest c'est le meilleur? C'est qui l'patron? ALLEZ CREVE!
Une rafale de balles nous vint aux oreilles, l'un des cris bestiaux aussi. Visiblement, il s'était cantonné à la salle de contrôle, barricadé, et tuait tout ce qui approchait de son repère.
-NEST! S'affola Velta. C'est quoi ces bruits? Tu tires sur quoi là?
-J'sais pas. Y'a eut un problème dans la salle des tortures, les bestioles se sont échappées, et ont commencé à chopper les gars à la gorge. Depuis, y'a des soldats qui se baladent avec ces saloperies incrustées dans la boite à gants.
Pour ceux qui, comme moi, n'ont comprit que quelques bouts de cette dernière réplique, je vous présente rapidement ce qui me fut expliqué un peu plus tard. La "salle des tortures" est le sobriquet que Nest donne aux endroits où se pratique la médecine expérimentale, qu'elle soit sur des plantes, des animaux, ou des humains. Naturaliste convaincu malgré sa tendance à la régulation par le génocide, il condamne toutes tentative de manipulation du vivant, et considère ceux qui s'y adonnent à des malades mentaux qui ne font que torturer leurs sujets.
Quant à la "Boite à gants", il parlait tout simplement du crâne, et de son contenu. Les militaires de bas étage n'étant pas réputés pour leur connaissance de la physique quantique (pour rester courtois), il s'amuse à comparer cela avec un espace généralement vide, ou plein d'objets insolites que l'on utilise pas, ou peu.
Sur le coup, l'incompréhension m'empêcha d'avoir une quelconque réaction à ce qu'il venait de dire. Mais les autres, eux, avaient bel et bien compris, et semblaient encore plus anxieux qu'auparavant, si c'était encore possible.
-Ils se font bouffer par leurs joujoux ? Demanda Tiirs.
-Bon, les gars, je vous préviens, on tire sur tout ce qui bouge, sauf nos gars si vous les reconnaissez dans ce merdier. Mais vu qu'ils semblent par répondre...Soit ils y sont déjà passés, soit ils se sont prit une bestiole dans la face. Donc à choisir, je préfère voir ces mecs morts plutôt que de les laisser nous bouffer la gueule, comprit ?
L'équipe acquiesça. Arrachant son appareil des mains de Velta, Joris l'approcha de ses lèvres.
-Nest, c'est Joris, t'en es où là?
-Plutôt calme, mon capitaine. Il me reste des munitions, des explosifs, le barrage tient bon.
-Ok, t'es à quel étage?
-Moins dix-neuf, je crois bien. Pile au centre.
-Bon, tu bouges pas, on vient te chercher, tiens bon jusque là.
-A vos ordres, cap'taine!
Une fois l'engin rendu à Velta, la troupe se mit au pas de course, avec un "ON FONCE" expéditif de notre chef de meute. Arrivé au centre de l'étage -22, l'éclairage d'urgence était notre seule autre source de lumière dans ce chaos. Alors que nous cherchions le chemin le plus court,ou tout du moins une indication sur la route à prendre vers le niveau supérieur, un homme sortit à pleine course d'un couloir, devant nous, en poussant des cris désespérés. Des lumières se braquèrent sur lui, les canons également. L'homme, en larmes, s'arrêta instantanément, surprit de retrouver de la lumière, et je vis une terreur absolue dans son regard.
-Aidez-moi! Je vous en...
Une forme humaine sortit des ténèbres teintées d'orange, et fondit sur le pauvre garçon, lui plantant une main presque fluide dans le front. Les doigts de la créature étaient passés au travers du casque et de la peau, et s'étaient littéralement glissés dans la tête de sa victime. Celui ci devait souffrir atrocement, et d'une manière indescriptible, car ses hurlements d'agonie me figèrent d'effroi, me tétanisant et m'obligeant à regarder la scène. Quand les hommes réagirent à l'assaut, braquant le monstre de leurs lampes et de leurs canons, laissant déferler une salve de balles sur l'assaillant, le mal était déjà fait. Le soldat ne bougeait plus, la main de l'autre encore fondue en lui, le tout donnant une étrange sculpture morbide.
-Qu'est ce que c'était que ça ? Demandais-je.
Un dernier râle monstrueux s'échappa de la gorge de l’abattu. Dans un sens, cela se rapprochait de Lorr. A mon plus grand écœurement, notre victime n'était pas si xeno-biologique que ça. Et pour cause, malgré son visage défiguré, ses traits torturés, ses orbites remplis d'un miasme noirâtre, et sa peau comme fusionnée avec cette fameuse texture caoutchouteuse que nous avions croisé dans la cuve principale; Sur son veston était brodé ceci:
Sdt N. BOYLE
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Sam 7 Avr - 0:20 | |
| Joris s'approcha, en tant que capitaine du groupe, du corps des deux pauvres hommes victimes de tout ce chaos. Inspectant la créature l'espace de quelques instants, le voyant tâter son visage du bout du canon, ce ne fut que lorsqu'il se retourna que je remarquais à quel point son visage avait définitivement perdu toute couleur. Le regard des autres passèrent d'un "alors?" inquiet à une tristesse mêlée de dégoût. Quand je m'approchais à mon tour, je remarquais que ce que j'avais prit pour des orbites vides était en fait la matière caoutchouteuse des spécimens qui avait comme dévoré les globes oculaires. On voyait encore quelques bouts blanchâtres, mais visiblement la chose s'implantait dans le crâne et utilisait le corps humain comme un véhicule, en une sorte de fusion contre-nature. Des os avaient été brisés, remodelés durant la transformation. Je remarquais des angles impossibles, des muscles déchirés à travers une peau et des vêtements en lambeaux, ou des parties de la combinaison craquelée sous l'excroissance osseuse ou musculaire. Quel genre de mutation ces êtres pouvaient-ils donc engendrer ? L'effet aurait-il empiré avec le temps? Quoi qu'il en soit, la fusion devait causer des souffrances inimaginables, et les hurlements me paraissaient d'un simple coup dramatiquement explicables.
Je vis des doigts resserrer leur emprise sur les armes, les regards se durcir, et quelque mains vérifier que les grenades étaient à portée, lovées sur le pourtour des ceintures. Nous allions devoir traverser cet enfer pour survivre, et je craignais déjà la rencontre avec les prochains groupes, humains ou non.
-Les gars, on dégomme tout ce qui arrive. La priorité numéro 1, c'est se barrer de ce trou à merde. On avisera après. Je préfère savoir les autres morts que vous voir crever sous mon commandement. Navi, vous restez avec nous, sous AUCUN prétexte je veux vous voir lambiner ou vous écarter du groupe, comprisz?
Quel choc ce fut. La toute première fois depuis notre arrivée que le capitaine Joris m'appelait par mon nom, oubliant mon sobriquet de magistrat. Je mis du temps à acquiescer, mais une fois ceci fait, l'homme reprit.
-Bon, Velta, tu gardes contact avec Nest, on vient le chopper au passage, tu nous ouvre la voie, et on fonce, je suis sur que cet abruti aura déjà blindé la salle d'explosifs pour foutre son ptit bordel. Prêts ? On y va!
De mémoire, je crois que mon corps n'eut jamais à faire autant d'effort d'endurance qu'en cette occasion. Il m'est bien sûr arrivé de nombreuses fois de trotter, de forcer un peu la marche, et éventuellement de courir sur quelques dizaines de mètres, mais jamais par l'Empereur je n'eut à ce point à courir aussi vite, ni aussi longtemps. (Suite à cela je pris bien au moins trois mois de récupération, et réclamais une augmentation largement méritée, que j'obtenus sans aucun mal. Et ce malgré les tentatives de mon supérieur pour m'en priver). Les couloirs défilaient un à un, et je m'étonnais de voir aussi peu de rencontres, mais il fallait croire que les militaires et les spécimens devaient être localisés sur des points clés du complexe. Comme nous n'avions pas tenté de rejoindre les gares de sortie, les points de ravitaillement, ou les places fortifiées, il me paraissait logique de ne pas affronter des légions de corrompus à chaque coin de couloir.
La traversée du laboratoire 3 n'était, en soit, qu'une sinécure comparé à ce que nous avions vécut jusque là. Nous croisâmes quelques cadavres humain et xenobiologiques disséminés de temps en temps, dans des positions et des mares de sang que je préfèrerais oublier, qui me privèrent de nuits paisibles pendant 5 bonnes années.
Mais le début de notre fuite ne commença vraiment qu'à la fin du laboratoire, quelques pièces avant d'atteindre l'escalier menant au niveau supérieur. C'est Tiirs qui fit signe au groupe de s'arrêter. En tendant l'oreille avec un peu plus d'ardeur, j'entendis un brouhaha affolé, et même une respiration saccadée. Un survivant.
En nous approchant avec discrétion (pour ma part avec toute celle dont j'étais capable), la source du vacarme se fit plus clairement distinguer. Caché dans une salle aux murs de béton opaques, je remarquais que la seule et lourde porte d'entrée était entrouverte. Nous étions sur le point d'aller à la rencontre du personnage quand une des créatures caoutchouteuse, ayant possédé un pauvre soldat, fonça d'un autre couloir vers la salle où se trouvait notre cible. M'attendant à la voir déchirer la porte avec une force titanesque, comme tout bon cliché qu'un bureaucrate de l'Empereur peut avoir sur des formes de vie étrangère, et un peu trop adepte des lectures fantaisistes, ce fut avec une surprise unique que je vis la chose sauter vers un pan de mur bien solide, et le traverser comme une brume printanière. Dès que son corps avait touché le béton, celui ci s'était comme liquéfié, vaporisé, tout en gardant sa position initiale. Nous entendîmes un hurlement de plus, puis naquît d'un instant de silence atroce un bruit indescriptible pour des oreilles humaines. Succion? Injection? Liquéfaction? Sincèrement, je ne saurais le dire, ni le retranscrire ici. Ce bruit immonde me paralysa sur place. J'imaginais le condamné se tortiller au contact de la créature pénétrant dans son crâne par la force.
Des gargouillis, des bruits de frottement du tissu contre le sol, des coups désespérés donnés par terre, comme pour se libérer, puis de nouveau le silence. Quelques bruits blasphématoires s'échangèrent, eux aussi indescriptibles, puis ce furent deux créatures qui à nouveau passèrent le mur. A la différence près que le premier fit le retour aussi aisément qu'à l'aller, alors que le nouveau corrompu cisailla la pierre par je ne sais quel moyen. Une vague de lueur dorée tirant sur le violet pâle traversa la pierre comme une onde de choc, découpant le mur en une mosaïque étrange, puis la pierre fut comme soufflée, et projetée en avant. Les débris cognèrent sur le couloir comme des balles sur un trampoline, et ne produisirent aucune poussière, aucun éclat. Comme si on avait simplement désassemblé une paroi pour déposer délicatement ses composants sur le sol. C'était hallucinant. Les deux frères (appelons les comme ça) coururent vers l'endroit d'où arrivait l'autre, et ce ne fut qu'après plusieurs minutes que le groupe s'autorisa à avancer.
-Incroyable, m'exclamais-je. Comment est-ce possible?
-Je rêve pas là ? Ce truc vient de trancher un mur comme si c'était de la gélitamine, et sans faire un seul dégât à la pierre, hein? J'suis pas finit encore, si ? Demandait Marcus, visiblement inquiet d'avoir perdu son bon sens.
-Nan, nan, champion, t'as bien vu, répliquait Joris, ces saloperies ont des pouvoirs spéciaux, et de ce que j'en capte, ils ont chacun le leur. Navi, z'en pensez quoi?
-Que vous devenez de plus en plus bourru et familier avec le stress, pensais-je, puis je repris à haute voix: Que chaque spécimen a ses capacités propres. Si le service scientifique a bel et bien créé plusieurs "essais", on peut comprendre qu'ils aient différentes variantes, des aptitudes différentes...
-Ça veut dire que chacune de ces choses pourrait aussi bien nous écraser, que nous faire fondre sur place ou nous découper en morceaux ?
-Exact, Gonagan, donc mieux vaut rester sur ses gardes, et se faire le plus discret possible. Cet idiot s'est fait avoir car il faisait un raffut très facile à repérer, si nous longeons les murs, nous devrions esquiver la plupart des ennuis.
Nous écraser était peut être quelque chose d'extravagant, sur le coup. Car de ce que nous en avions vu jusque là, les corrompus avaient plus une tendance à jouer les passe-muraille. Velta semblait, sans grande surprise, plus à l'aise maintenant qu'il identifiait un tant soit peu la source de cette agitation. Mais il regagna encore plus de couleurs lorsqu'il pénétra dans la chambre opaque. Pour en ressortir peu de temps après, un engin électronique dans une main, et quelques tablettes de données sous l'autre bras.
-On peut savoir ce que c'est? Demanda le capitaine.
-Ce sur quoi ils travaillaient. Le gars qui vient de se faire prendre était surement l'un des responsables qui travaillaient sur le projet, ou en tout cas il ne devait pas être de ceux qui tiennent une arme, sinon il n'aurait pas prit la peine de rassembler ces petites merveilles. Avec ça on pourra mettre en quarantaine la planète entière, et savoir enfin ce qu'ils tramaient dans de complexe.
Rangeant fièrement sa nouvelle prise dans son sac, Tiirs grogna, scrutant toujours les alentours:
-On peut y aller maintenant? Je vous rappelle que Nest nous attend, et que Lorr et ses copains ne semblent pas être du genre patient, eux.
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Lun 9 Avr - 19:57 | |
| Nous étions donc repartis. Plus encore sur nos gardes qu'avant, chacun craignait de voir surgir l'inconnu, l'impossible, l'impensable au prochain tournant. Le centre de contrôle était à l'étage -19, nous dûmes traverser les deux autres labos avant d'atteindre notre sergent explosif. Même si nous n'y fîmes aucune rencontre "réelle", nous pûmes y contempler les restes des bocaux où logeaient sans doutes les spécimens. Brisés, brûlés, bien que certains soient encore en état de conservation, nous nous arrêtions seulement pour contempler le visage de l'atrocité qui frappait le complexe. C'était une forme molle, pâteuse, entortillée. Un croisé de la larve, de l'insecte, et de la brume. En effet, certaines parties du corps de ces choses semblaient disparaître, comme de la vapeur, d'autres s'arrêtaient nets dans l'espace, mais des contours de membres se voyaient au delà. Comme si certaines parties de leur corps, tête, derrière, embryons de pattes, se transformaient en hautes vibrations, à peine visibles à l'oeil nu. Des dizaines, probablement centaines de spécimens étaient gardés ici. Les variantes de pouvoirs des corrompus devaient probablement être vers ce chiffre là également. Ce qui ne fit rien pour rassurer nos esprits.
Après la mission d'Aria IV, j'eus l'occasion de parler de ces découvertes à d'éminents scientifiques. Le sujet à l'époque avait fait le tour de tous les spécialistes en la matière. L'énigme est restée entière jusqu'à encore aujourd'hui, et les innombrables conférences, travaux en commun, et des projets d'études s'étendant sur des décennies n'y ont rien changé. Le mystère des "parasites extra-planaires" se situe quelque part entre le paradoxe et la quête sainte, et depuis lors j'ai reçu nombre de plaintes et de voeux de mort pour avoir apporté une telle absurdité dans l'Empire. Beaucoup croient encore que tout ceci n'est que falsifications, mais quant à vous, cher lecteur, je vous laisse vous faire un avis des plus libres sur la question.
Je vous épargnerai la description complexe et totalement inutile des nombreux écrans d'analyse et de contrôle, les schémas et les courbes sans aucun sens pour nous, et plus encore les lignes incalculables de données et de formules sans fin. La seule chose qui puisse être aisément retenue, c'est que tout cela n'était pas mentionné dans le guide du bon petit ambassadeur (et j'ai bien relu chaque volume de fond en comble).
Tandis que je m'attardais un peu sur les écrans, tentant vainement de comprendre jusqu'où s'étendait la folie de Lorr et de ses sbires, une main bourrue m'arracha à ma contemplation pour me projeter vers la sortie de la salle.
-On traîne pas, Sieur, je vous rappelle qu'on a une fuite sur les bras. Me réprimandait Joris.
La voix de Velta, le plus jeune du groupe en réalité, enchaîna:
-Vous inquiétez pas, vous aurez tout le temps de regarder ce qu'ils trafiquaient quand on sera sortis de là. Dit-il en me faisant un clin d'oeil, tout en portant une main sur son sac à dos.
Les tablettes...Oui. Avec le recul, peut-être aurait-il dut les oublier, les perdre, ou se les faire arracher. En tout cas qu'elles ne fussent jamais retrouvées n'aurait pas été un mal pour l'humanité.
-On y est les gars!
Je devais être profondément perturbé par notre récente découverte. Car je n'ai absolument aucun souvenir de ce qu'était le niveau -20 hormis quelques sombres couloirs. La voix d'un de mes camarades me tira de mes pensées, l'une parmi tant d'autres, et mes yeux s'enclenchèrent de nouveau sur le panneau:
Niveau -19: Centre de contrôle / Archives / Poste de communication général
Nous y étions. Nest ne devait pas être loin, les coups de feu et quelques rires tonitruants nous indiquèrent que notre ami était toujours vivant.
-Nest, ici Velta, ça va toujours ?
Le crachotement qui répondit me rassurait, nous n'avions pas perdu tout le monde.
-Ouais, ben grouillez-vous, et faites gaffe. Sont nombreux ce coup-ci, je sais pas ce qui leur prend, y'en a quelques uns qui se transforment en bouillie sans que j'les touche, ils pass...MAIS CREVE BORDEL!!! ON A PAS IDEE DE CREER DES SALOPERIES PAREILLES!!!
-Nest!
-QUOI ENCORE?
-On arrive, accroche toi!
La panique gagna le groupe. Certes notre sergent était toujours vivant, mais pour combien de temps encore. Les pouvoirs de la horde avaient été cléments jusqu'ici, mais des entités plus puissantes avaient grossit les rangs, et si certaines passaient les barricades que Nest avait sûrement bâtit à l'arrachée, il n'en aurait plus pour bien longtemps. Les bruits de balles et les cris déchirants des assaillants se firent entendre de plus en plus clairement. Il devait nous rester à peine quelques dizaines de mètres avant d'arriver à la salle principale.
-TIIRS, COUCHE TOI!
Gonagan, l'Empereur bénisse ses réflexes, eut la présence d'esprit de plaquer son frère d'armes sur le sol. Une ombre passa au dessus d'eux dans un bond bestial, accompagné d'un gargouillement que j'aurai qualifié d'affamé, et vint s'écraser sur le sol juste devant nous. Cette fois-ci, la bête disparut dans une volute de fumée, comme si elle était faite d'encens, et qu'une impulsion l'avait chassé d'un coup vif.
-Je rêve ou elle vient de s'envoler ?! M'exclamais-je.
-Attention!
Marcus fit un bond sur le côté, me délogeant avec brutalité de mon plancher, m'évitant par la même de prendre en pleine face un nouvel assaut. Le trait de fumée noire s'avança d'un coup, dans une nouvelle charge, comme une flèche, puis la matière revint sur notre plan. Sortie de nulle part, la créature fut brusquement de retour, gueule ouverte. Je vous assure qu'échapper de peu à un homme aux mâchoires débridées, aux yeux fous et à moitié dévorés, est un spectacle que je ne recommande à personne. Le cri de rage de notre assaillant se perdit dans le béton. Du béton oui. Ayant raté sa charge, "ça" continuait droit devant, disparaissant à nouveau de notre plan pour traverser la paroi dans laquelle il allait s'encastrer.
-Mais c'est quoi ça ? Vous allez pas me dire qu'ils peuvent TOUS passer à travers les murs ??!!
Dans le doute, je prenais cette hypothèse pour certitude. Il valait mieux ne plus se fier à rien, et rester sur le qui-vive.
-GYAAAAAAAAAAAAAAHHH. Un nouveau hurlement, celui-ci beaucoup trop familier pour être anodin, se fit entendre.
-NEST! Merde! ALLEZ ON BOUGE! ALLEZ! ALLEZ! ALLEZ! ALLEZ!
D'un seul homme, nous nous précipitions tous droit devant, quitte à tirer dans le tas et à sauter à pied joints dans la gueule du loup. Et c'est plus ou moins ce qu'il se passait. L'attente angoissante qui m'avait tenu les tripes depuis le début de notre course, celle de savoir si nous allions retrouver l'un des nôtres, ou son cadavre, arrivait à son terme. Un groupe de 5 corrompus tambourinait, gueule et crocs sortis, sur un amas d'armoires métalliques, bloquant l'accès à notre objectif. Ceux-là ne semblaient pas dotés de pouvoirs anti matière...Et je redoutais de les voir déployer leur arsenal secret.
-FLASHBALL!
L'ordre fit jaillir une balle d'une des ceintures de notre groupe, qui roula vers les créatures. Par réflexe, chacun ferma les yeux, mais les parasites ne semblaient pas connaître le but du jeu, et jetèrent vers nous 5 regards haineux, enfin je crois. L'explosion de lumière qui en suivit déclencha une sorte de tempête, sonore et visuelle. C'était un mini big-bang qui naissait dans le couloir. Après ce premier éclat, des dizaines d'autres jaillirent du bout des canons, criblant de balles les corps mutilés de nos adversaires. Les masses tombèrent au sol, mais les cris ne cessèrent pas. Les corrompus se tortillèrent au sol, certains semblèrent tenter de s'enfuir, par saut planaire ou autre simili. L'air se tordit, se déchirait, certains membres réussirent à disparaître dans un ailleurs invisible, d'autres non, d'autres encore se liquéfiaient, ou se durcissaient, attaquant le sol comme l'aurait fait un acide virulent. Le résultat donnait un démembrement atroce, et confirmait l'idée que la "salle de torture" n'avait clairement pas engendré que des expériences réussies.
-Déblayez-moi ça, MAINTENANT! Ordonna le capitaine.
6 paires de bras se chargèrent de pousser les armoires, virer les panneaux, et défoncer les caisses qui encombraient le chemin. Peu à peu, nous pûmes voir un Nest affolé, blessé au bras par une sorte de pieu qui le perforait de part en part. Il était en pleine lutte avec une monstruosité à quatre pattes. Une sorte de bull dogue trapu et couvert d'un caramel aux teintes vermeilles projetait des dards de friandises solides. Les pointes d'ambre ensanglantées défonçaient les débris derrière lesquels était recroquevillé Nest. Une explosion me fit réaliser qu'il tirait à la grenade. Ce n'était clairement plus humain, mais c'était tenu en respect. Alors c'était donc "ça" qui avait coulé à travers le mur...
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 12 Avr - 15:06 | |
| L'ordre ne s'était pas fait attendre. A vrai dire, il tenait plus du protocole que de la véritable utilité. Voyant leur camarade menacé de mort, Marcus, Velta, Tiirs et Gonagan, ainsi que leur capitaine, sortirent leurs armes de l'étui et déclenchèrent une rafale d'impacts sur la créature. Quelle ne fut pas notre surprise en voyant les balles traverser la matière! De ce que je m'en souviens, il n'y avait aucune trace visible d'un quelconque cadavre humain, à travers la gélatine ambrée. Ce qui voulait dire que soit l'hôte avait été entièrement dissout, soit la chose visqueuse s'était fabriquée d'elle-même son propre corps. Ce qui était tout aussi atroce. Si les parasites n'avaient pour certains même pas besoin d'hôte pour devenir un danger mortel, je craignais un véritable chaos à venir sur Aria IV.
Récoltant à la volée quelques débris de métal tombant autour de lui, Nest profitait des dégâts que provoquait l'assaillant sur le mur derrière lui pour renforcer son propre rempart. Nous voyant tirer à pleines charges, il parvint à nous crier quelque chose à travers le vacarme:
-...craint pas...balles!!!
Gonagan, sans doute aidé par ses habitudes d'éclaireur sur le terrain, avait comprit la même chose que moi.
-A couvert!
Et grâce soit rendu à ce personnage, car sans lui, la salve de dards qui fut projetée vers nous nous aurait certainement planté contre la paroi. Les pointes traversèrent le bitume renforcé et l'une d'elles m'égratigna le coude gauche. Imaginez donc la puissance de projection! Un seul de ses dards avait traversé 30centimètres de béton et d'acier, et avait encore assez de toupet pour narguer mon coude de cinq bon centimètres encore! Je sentais des sueurs froides me couler dans le dos. Ces abominations étaient de véritables armes de guerre. Jamais je ne revis un danger si incalculable, rapide, et si surpuissant. J'en avais d'ailleurs reparlé à un général de flotte qui me devait beaucoup, sur Tersaurus, lors d'une visite de courtoisie à l'un de mes contacts. Il avait entendu parler de mon expédition-suicide, et m'avait avoué que ce projet avait fait des émules dans tout l'empire. Le nouveau joujou des fanatiques de l'armement était désormais de recréer une armée de ce style, capable de pulvériser n'importe quoi, des planètes même, en l'espace de quelques jours, au mieux quelques heures. La seule faiblesse qui était reconnue, à titre officieux bien entendu, était que ces extra-planaires n'étaient pas capables de sortir de l'atmosphère d'une planète. Aucun des essais connus à ce jour dans la recherche ultra expérimentale (c'est à dire de préférence gardée secret défense), n'avait réussit à traverser l'espace orbitale pour se rendre sur une destination précise. Même courte.
-Capitaine, on fait quoi? Demanda Marcus.
-Toi, tu charges deux grenades à implosion, et tu les lui colles dans la gueule. Nest se tire, et repli. Tant pis pour la voie express jusqu'à la sortie. On sort de la VIVANTS.
Agrippant son appareil de communication, il écrasa le bouton d'activation et cracha dans l'appareil.
-NEST!
-Chef?
-On fait imploser cette saloperie. Deux grenades. Au top, tu dégages. Compris?
-Reçu!
Alors que de nouveaux impacts démolissaient encore notre paroi de l'intérieur, Marcus fouilla dans son sac et sortit deux disques, en forme de galettes assez épaisses. On m'expliqua que ces "grenades" étaient en fait des petits bijoux de technologies, extrêmement coûteux. Le principe était, par une technologie que je ne comprends toujours absolument pas, à provoquer une violente augmentation de masse sur un point donné: la dite grenade. Le résultat provoquait une sorte de mini trou noir, et écrasait littéralement tout ce qui était à portée. Ce qui rentre à l'intérieur se trouve donc surchauffé brutalement, puis écrasé. L'explosion en elle-même est très courte, mais suffisante pour faire d'énormes dégâts sur du vivant. C'était donc cette merveille de technologie qui provoqua une lumière et une détonation tonitruantes peu après que Nest et les deux grenades se croisèrent sur l'entrée de la salle, et qui laissèrent derrière nous des murs violemment enfoncés vers l'intérieur.
La créature devait être désintégrées, si ce n'est sérieusement endommagée, car pas une seule goutte d'ambre ne s'osa à nous poursuivre. La salle de contrôle était donc totalement détruite, et l'ensemble du complexe tomba dans une obscurité quasi totale. Les veilleuses d'urgence s'allumèrent, quelques lampes d'alerte rouge s'éclairèrent joyeusement, faisant encore plus monter la pression, la crainte générale, et diminua d'autant plus la visibilité ambiante.
Nous avions donc retrouvé un équipier, mais perdu deux armes très précieuses dans l'histoire, plus un paquet d'explosifs dont Nest s'était servit pour se défendre jusqu'à notre arrivée. Velta était déjà en train de calculer un itinéraire en se basant sur les plans du complexe volés au niveau -23. Et plus nous courrions vers les étages supérieurs, plus ses traits devenaient graves. Les possibilités de sorties s'évaporaient une à une. Et ce ne fut qu'après d'interminables minutes d'attente et de course dans une atmosphère glauque au possible qu'il nous annonça: Etage -12, ascenseur principale du segment A, monte de l'étage -12 à l'étage 0. Il est hors service, il va falloir tout se grimper à la main, ou retrouver un semblant de courant, et vite!
Comme pour souligner ses propos, un bruit terrible et lointain de fin du monde fit trembler notre sol. On aurait dit que le sol, loin dans les profondeurs du complexe, était martelé, détruit, arraché. Comme si un monstre souterrain venait de se réveiller. L'un des plus gros parasites s'était-il éveillé?
-Par l'Empereur...murmurais-je. Lorr...
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Sam 21 Avr - 12:53 | |
| Sur l'instant, je ne saurais vous dire si ce qui me terrifiait le plus était de savoir que le monstre pouvait remonter, ou bien descendre dans le complexe. Dans les deux cas de figure, je m'attendais au pire. Qu'allait-il faire? Lorr devait bien faire dans les quatre ou cinq tonnes désormais, il lui serait difficile de s'évader par la porte.... Alors que faisait-il? Les vibrations et le bruit du métal, voir même des étages défoncés ne me rassuraient pas le moins du monde. Il fallait sortir d'ici au plus vite. Rejoindre l'astroport, quitter cette maudite planète.
L'équipe était figée, nous étions à l'étage -16, ou -15 peut être bien, et nous attendions dans la crainte. Il fallait détruire cette aberration, mais comment se débarrasser d'une bio expérimentation belliqueuse de plus de 4T, avec quelques grenades et une poignée de chargeurs ? Velta s'affolait sur les données qu'il avait volé un peu plus bas.
-Ça a l'air de descendre, non? Plaça Tiirs d'un air se voulant rassurant.
-Mh...ça s'éloigne. Pour le moment. Velta, t'en es où? Y'a quoi en bas?
Joris essayait de garder son sang froid, scrutant les environs, tendant l'oreille, gardant son gros index calleux sur la gâchette de son fusil. Tout le monde était sur le qui-vive. Pour ma part, je ne comprenais pas pourquoi nous n'étions pas déjà en train de courir vers la sortie, fuyant pour nos vies. Mais je dois bien admettre, pour l'avoir testé moi-même sur une autre planète, que s'enfuir en regardant un plan tout en en élaborant un n'est pas forcément la solution la plus simple à appliquer (même si parfois, c'est la seule qui marche).
-Si il descend vraiment, il va atteindre les réacteurs et les réserves énergétiques du complexe. A mon avis, il va faire le plein...
Cette dernière remarque a eut comme effet d'un coup de griffe dans les tripes de toute la troupe. Un silence de mort s'imposa dans le couloir. Le "plein"?! Avec le recul, ça me parait logique, mais j'avoue avoir eut du mal sur le moment à comprendre comment un parasite géant, ayant le culot de sortir de son bocal pouvait de surcroit jouer les mal nourris... La bestiole devait bien pomper le tiers de l'activité de la planète en terme d'énergie, si ce n'est la moitié. Et elle voulait encore un casse croûte après ça ?!!
-Bon, alors on va profiter que Lorr se fasse les dents sur les réacteurs pour se tirer d'ici. On fonce jusqu'au niveau -12, si l'ascenseur marche encore, on court au vaisseau et adieu Aria IV, maintenant!
Pour être honnête avec vous, je dois bien avouer que la suite des évènements me parut incroyablement courte. Emporté dans la panique générale, nous n'avions pas échangé grand chose, si ce n'est des coups de feu avec les créatures qui barraient notre chemin. Elles étaient plus nombreuses, plus agressives, plus rapides. Et ce ne fut que 2heures plus tard que je compris que la source de fatigue et les picotements dans mon flanc n'étaient pas dus qu'à l'effort ou un éventuel point de côté. Le fait que j'avais une entaille profonde au niveau sub thoracique ne me vint à l'esprit que lorsque mon genou s'écrasa de lui même sur le sol. En signe de protestation. Après une compresse et un rapide bandage, je reçu l'aide bienvenue de Gonagan pour m'aider à avancer.
Les étages, de ce que je me rappelle de notre fuite éperdue, étaient plus accessibles que les précédents. Non pas parce que les escaliers se faisaient plus nombreux, mais parce que les parois était détruites, fondues par endroits, ou tout simplement réduites en (larges et épaisses) miettes par des moyens connus et inconnus. Des trous béants se dévoilaient parfois au détour d'un couloir, donnant directement sur les 4 étages au dessus, ou sur ceux d'en dessous. Le complexe d'Aria IV était devenu en peu de temps un gruyère de 25 étages, et je salue la prouesse des architectes, qui avait construit un joyau en terme de structure, car le site ne s'effondrait pas, et il n'y eut à déplorer que quelques chutes de pierre seulement sur notre passage. Venant d'un traître plafond ou d'un plancher dérobant, à l'occasion.
Ainsi, nous pûmes escalader des tas de gravas pour grimper d'un étage ou deux, et faciliter ainsi notre remontée dans les différents niveaux. L'opération ne nous prit, en tout et pour tout, qu'une trentaine de minutes, en comptant les combats avec les corrompus, le jeu de cache cache avec l'un de leurs plus massifs représentants, et l'escalade en elle-même. Étrangement, le fait que les monstres se multiplient était rassurant dans un sens. Car je préfère de loin un bon combat et voir l'ennemi tomber, bien qu'il ne soit qu'un parmi des milliers d'autres, plutôt que rester seul, dans l'attente d'en voir débarquer un. Plus les monstres tombaient sous les tirs de mon escorte, plus je me sentais rassuré. Le mal avait un visage, et il pouvait saigner. Deux faits ô combien rassurants quand on démarre une exploration souterraine dans une salle d'interrogatoire, après une coupure générale de courant, et des hurlements en fond sonore.
Avec la progression vers le niveau -12, je me voyais donc plus rassuré, tout en gardant en tête que Lorr pouvait se manifester d'une seconde à l'autre.
-A droite à la prochaine, objectif dans 20 mètres. S'écria Marcus, qui avait décidé de servir de co-pilote à notre débandade. Tandis que le pauvre Velta essayait tant bien que mal de planifier la suite de notre itinéraire, une fois sortis de là.
Le couloir où nous étions indiquait le fameux niveau après lequel nous courrions depuis tout à l'heure, mais l'entaille que j'avais pris pour un point de côté très persistant absorbait une partie de ma concentration, et je suivais plus le groupe par instinct de survie que par une volonté clairement planifiée, toujours aidé par mon ange gardien en tenue kaki. L'éclairage y était pour une bonne part. Un noir total, bercé par d'agressives lumières rouges, projetées par les gyrophares d'alerte. Autant dire qu'y voir dans ce chaos relevait du défi, et le fait que Velta et Marcus aient réussis à nous guider dans cette course souterraine, et qu'ils m'aient permis d'en sortir vivant notamment, y sont pour une grande part du respect qui leur fut attribué une fois la mission achevée. Quant aux autres, je me demande encore comment ont-ils put abattre autant de corrompus, avec une précision somme toute remarquable quand on regarde le contexte effréné de notre fuite.
Le couloir tournait à droite, et nous vîmes enfin une vaste double porte en acier, qui tenait lieu d'accès à l'ascenseur. Plusieurs corps, humains ou non, s'étendaient dans la zone, à moitié déchiquetés. Une preuve, s'il en fallait une, que nous n'étions pas les seuls à fuir, et encore moins à combattre pour notre survie. Les portes étaient fermées, et avec la coupure générale de courant, difficile d'envisager qu'elles s'ouvriraient en appuyant sur le bouton d'appel...
Et tandis que les hommes s'affairaient à trouver un pied-de-biche, ou quelque chose d'approchant pour ouvrir ces larges portes, une chose attira mon attention. Quelque chose qui me glaça le sang au moins, si ce n'est plus efficacement qu'une série de hurlements lointains.
-Joris! M'exclamais-je.
-Quoi encore ?!
-Ecoutez...!
-...
Bien que Gonagan et Tiirs s'efforçaient d'ouvrir les larges portes de l'ascenseur, tandis que Velta et Marcus essayaient de trouver une parade pour renvoyer de l'énergie dans notre voie de sortie, Joris tendait l'oreille et mit du temps à comprendre ce qui clochait.
-Alors quoi?! J'entends rien, là!
Mon regard se fit plus insistant. Et ce ne fut qu'après une longue minute que le sien s'écarquilla d'horreur.
Justement, Joris...Il n'y avait plus aucun bruit dans la base...
Velta leva son nez du panneau de commande de l’ascenseur, suivis de Marcus, et enfin des deux autres. En effet, il n'y avait plus le martèlement lointain de Lorr contre le métal. Il s'était arrêté. Même les corrompus avaient arrêté leurs cris, leurs déplacements, leur partie de traque dans le complexe. C'était comme si le temps s'était figé, tout simplement. Quelques minutes où tout pouvait se produire. Où le réel n'avait plus repères concrets. Où un impossible devenait concevable...
Puis, comme pour briser cet arbre des possibles, imposer un nouvel ordre, affirmer son existence, la voix de Lorr résonna dans tout le complexe. Du plus profond des niveaux inférieurs, hurlant, vomissant, invoquant de son timbre blasphématoire, hérétique, et inhumain: un seul mot. Un seul nom. Dans tout ce que cette atrocité incarne de contre nature, dans ce mélange de génomes, de paradoxes, et de curiosité scientifiques, régnant sur cette nouvelle race qui avait été créé dans les souterrains d'Aria IV, j'y voyais le nouveau roi de cette espèce prédatrice. A présent rassasié, il venait de faire retentir dans l'air son premier mot, écoeurant car empreint d'une humanité toujours présente dans ce corps torturé:
"Reness"
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Ven 4 Mai - 22:01 | |
| Concernant ce que je vais décrire plus loin, je vous demanderai, amis lecteurs, lectrices, de me croire sur parole, et de faire preuve d'imagination. Soyons clairs, moi-même ne suis sûr de tout ce que j'ai réellement vu ou non dans cet ascenseur, et à la surface. Une partie de ce que je vais vous écrire ici sera peut-être due au délire, à la peur, à ma fuite, et je soupçonne qu'une certaine partie de ce que je me souviens n'est qu'une production de mon cortex pour me préserver un semblant de raison, et rassurer mes yeux de ce qu'ils ont vu. Entre nous, je ne vais pas lui en vouloir pour cette initiative.
Quand Lorr avait enfin terminé avec les réserves d'énergie et les réacteurs à double fission, et une fois son cri avalé par les étages supérieurs, nous fûmes tous pris par une sensation de vertige, comme si nos corps flottaient en apesanteur. Le sol se déroba sous nos pieds, pour nous laisser en suspension dans les airs. D'un rouge violent qui nous vrillait les rétines, chassant par intervalles les ténèbres du complexe, notre environnement tira lentement vers le bordeaux, puis sur une nuance fushia du violet, pour finir sur un rose profond veiné d'améthyste. L'espace d'un instant, je fus plongé dans une mer infinie de joyaux, sans limites ni confins, lové dans une dimension étrange dans laquelle ni la raison ni la science n'avaient place. Des vrilles de lumières filaient dans d'étranges canaux transparents, comme si la texture même de cette réalité était faite de cette matière étrange qui composait les parasites. Nous étions dans une tapisserie gigantesque, dont ces vives lueurs passaient d'un extrême à l'autre en quelques secondes à peine. La chorégraphie de dizaines d'entre elles me donnèrent rapidement mal au crâne, tandis que je tentais désespérément de localiser mes compères. Mais la seule présence que je détecta, dans tout ce marasme gravitique, était la volonté de Lorr. De toute sa puissance, de toute sa haine, il fit résonner sa dimension jusqu'à moi. Me percutant avec violence d'images et de pensées obscures.
Je ne compris que peu de choses à vrai dire, de ce qu'il me murmura à cet instant. Je vis des images de batailles, d'explosions, des flots de tristesse et de désir de vengeance me gagnaient, et s'imprégnaient en moi comme s'ils étaient miens. C'était comme si mon être se mélangeait à d'autres volontés, à d'autres esprits. Aussi bien que je ne parvins plus à distinguer ce qui relevait de moi, ou d'un corps étranger. Ma raison déchirée entre ces innombrables éléments, et toutes ces émotions, laissa s'échapper un hurlement de folie. Je ne supportais plus cette intrusion massive dans mon cerveau, ce martelage de pensées, de mots, d'images. Lorr semblait jouir de sa toute puissance face à ma faiblesse, et s'amusait de me transformer en kaléidoscope mental.
Sans raison apparente, le cauchemar prit fin. Le silence s'imposa, et mes yeux perdirent tout contact avec le monde extérieur. A cet instant, j'avais toujours une horrible sensation d'apesanteur qui me remuait les entrailles. Signe que la dimension créée par Lorr était toujours là. Tentant veinement de nager, par un sombre instinct de survie, j'essayais de reprendre un semblant de contrôle sur mes dérives. Je ne savais pas si je progressais vers l'avant, les côtés, ou dans quelque autre direction. A bout de forces après plusieurs minutes, j'abandonnais une magnifique nage en papillon, après un crawl digne du plus sportif des bureaucrates. Restant en tailleur, au beau milieu de nulle part (et je vous assure que cette expression n'a jamais été employé aussi littéralement qu'ici), je décidais d'attendre la suite des évènements, et de tendre l'oreille.
Etais-je donc condamné? Lorr avait-il remporté la partie? Je tournais et retournais mille questions dans ma tête, tandis que mes yeux tentaient désespérément de retrouver un support visuel. M'en voulant de ne pas avoir put faire mes adieux aux miens. La peur, l'angoisse de l'inconnu, du sort que nous réservait notre kidnappeur; Des pensées (les miennes, cette fois-ci), remuaient à toute vitesse dans mon esprit. Où était la réalité? Qu'était devenu l'univers que j'avais connu? Comment Lorr avait-il put changer tout cela en un instant? Comme ses fils, il était doué de pouvoirs extraordinaires. Les corrompus entraient alors dans ce monde lors de leurs "bonds"?
Comment tout cette dimension avait-elle put s'effondrer en un claquement de doigts? Où était passée la tapisserie aux milles éclats? Les couleurs criardes, presque irréelles...Pourtant aucune douleur ne me vrillait les yeux, c'était donc Lorr qui nous jouait une nouvelle farce.
Où étaient mes compagnons? Où étais-je, moi?
Etait-ce une prison? Etions-nous enfermés ici à jamais?
...
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 10 Mai - 14:43 | |
| Soudain, pour une raison que j'ignore encore, je sentis que l'emprise de Lorr sur moi commençait à lâcher prise. Dans son jeu pervers, il s'était emballé, trop pressé de savoir sa victoire, de me faire souffrir, et son contrôle perdait peu à peu en puissance. Je sentais sa panique, il savait que je lui échappait. De quelle manière, je ne saurai le dire. A cet instant je n'étais que son pantin, son jouet, sa chose. Il était libre de me manipuler à loisir, mais quelque chose avait glissé entre ses doigts. Un élément que je ne connaitrai sans doute jamais, mais qui libéra ma conscience de cette immonde créature. Mon corps se mit à chuter dans le vide. Traversant ces épais boyaux translucides qui semblaient composer l'intégralité de ce plan d'existence. Alors que je perdais tout repère, isolé dans un monde sans limites, j'essayais de me rattraper à un bord, une poignée, une racine, ou tout autre élément familier et salvateur qui m'aurait sauvé la vie. Aucune trace de ces supports tant attendus. Pendant ma chute, le fil de mes pensées prit enfin en compte ces immenses tubes, et les lueurs qui les traversaient. Cette seule pensée s'ouvrit pour moi comme un sésame, et me fit basculer dans un tout autre univers.
L'écran de rose veiné d'améthyste disparut enfin. Mais bien que mon séjour dans la dimension Lorr fut très court, et que j'écris ces lignes presque trente années après ces évènements, ces quelques instants passés là-bas me dégoutèrent totalement de cette couleur pourtant agréable. Et d'une façon bien plus pernicieuse et profonde que je ne m'y attendais. A titre d'exemple, lorsque Selenya, ma fille, me présenta un jour sa robe rose teintée de vermeil et de violet pour le bal des Officiers de Terra II, ce qui donnait il est vrai un effet des plus somptueux, je la lui arracha des mains pour la brûler stoïquement dix minutes plus tard.
Bref, poursuivons.
Je me vis alors transporté dans ce que je pense l'un des "fils de la réalité". Je ne saurai vous expliquer réellement comment, et c'est là que je vous demanderai de me croire sur parole, et de mobiliser toute votre imagination. A partir du moment où, de ce que ma mémoire a bien voulu garder, je suis "rentré" dans l'un de ces tubes, j'ai alors perdu toute présence physique. Par un procédé que personne mis à part Lorr lui-même ne saurait expliquer, mon corps se décomposa, et disparut tout simplement. Je me souviens avoir gardé ma conscience, mon esprit était semble-t-il toujours entier, bien que très sérieusement amoché, et je me rappelle quelques bribes de mon voyage. Pour faire au plus simple, partons du principe que je suis devenu un "fait". Si la chose que j'ai traversé était bien l'un des fils de la réalité, comme dans une immense tapisserie qui composerait notre univers, je suis devenu l'espace de quelques instants l'une des lois absolues et universelles de la création. La représentation la plus simple que je pus en faire, lors de mes nombreuses conférences auprès de cercles scientifiques de tous bords, et à mes 458 chroniqueurs et bio-graphistes, fut que j'étais plongé dans un fleuve aux composants innombrables et incroyablement complexes, dans lequel étaient plantés des centaines de roseaux. Roseaux étant la représentation mentale que je ressentais des lois de l'univers. Ces roseaux se pliaient, se tordaient dans des sens physiquement impossibles, et se croisaient parfois, ou naissaient tout simplement du vide. Si vous voulez, la seule variable que je reconnaissais à peu de choses près, était le fleuve. Probablement la source d'énergie ultime, la théorie des cordes pour certains, mais ceci est d'un tout autre débat. Pour les roseaux, et bien disons qu'ils étaient aussi normaux et familiers qu'un triangle en forme de cercle. Je n'eus ce jour là qu'une infime partie du torrent, et ne peut donc dire si cette représentation est à titre général (bien que j'ai ma petite idée sur la question...). Là où commencent mes crises d'angoisse, c'est lorsque ma mémoire se décide à libérer quelques miettes de souvenirs supplémentaires. Cette première image de l'univers m'ayant causé des maux de tête abominables, car cachant des vérités diaboliquement plus complexes, parfois je me souviens qu'il n'y avait pas que le fleuve et les roseaux, mais des centaines d'autres couches et éléments que je ne fut pas capable de voir, ou que mon esprit se refusait à regarder.
Chers lecteurs, lectrices. Je sais que certain(e)s d'entre vous, après avoir lu ce passage, me traiterons de fou, crierons à la calomnie, au blasphème contre la Tercera, dogme en vigueur encore aujourd'hui, et peut être que dans un avenir plus ou moins proche chaque exemplaire de ce témoignage sera détruit, par crainte de l'inconnu; Un réflexe si cruellement commun à chaque homme. Mais sachez ceci, vous qui me lisez: quel que soit ce que j'ai réellement vu, ou ressenti, je vous donne ici une description des plus sincères, et des plus honnêtes que je puisse vous faire. Pardonnez la mémoire affaiblie d'un diplomate à la retraite, je vous le redit: ce récit n'est que ce que ma mémoire a bien voulut garder pour protéger ma raison. Mais comprenez que je m'estime déjà miraculé d'en être ressortit, et de pouvoir aujourd'hui vous écrire ces quelques lignes en héritage de ce que j'ai vécu.
Quoi qu'il en soit, après cette entrée en matière, je me souviens avoir traversé ce fleuve, cherchant désespérément à rejoindre mes compagnons perdus. Mon âme défila à toute vitesse au travers des mondes,des différentes couches de réalité, de matière et de temps, guidé par la seule volonté de retrouver les miens. Et alors que je zig zigzaguais entre les majestueux roseaux aux formes inconcevables, je me retrouva aspiré entre deux feuilles d'une eau vaseuse, me faufilant comme l'air dans une minuscule fente d'une fenêtre mal isolée. Mon corps retrouva toute sa consistance, et mon flanc me signala que ma blessure était revenue, elle aussi, m'arrachant un gémissement de douleur. Mes yeux physiques ne s'ouvrirent que plusieurs minutes plus tard. Ce que j'avais "vu" me brûlait encore l'esprit, le cerveau essayant désespérément de comprendre les informations qu'il venait tout juste de recevoir. Ma mémoire fondait pour effacer les éléments les plus dramatiques de mon périple extra planaire, et un mal de crâne titanesque me vrillait le cerveau. J'entendis des voix à travers mes cris, des voix d'une familiarité utopique. J'avais retrouvé mon escorte: j'étais en sécurité.
Des bras me portèrent, des voix essoufflées s'échangèrent des bouts de phrases, quelques explosions retentirent, mettant fin à des beuglements irritants, que mes oreilles ne supportaient plus. Ni ça, ni le reste. Trop de bruits, trop de lumière, trop de contact. Le temps de faire le tri et que mon coeur se calme, mes gardiens traversèrent le reste du complexe en me défendant bec et ongles (ou plutôt grenades et balles perforantes). De ce qui me fut rapporté, la double porte qui barrait l'entrée de l'ascenceur fut démembrée, comme beaucoup d'autres éléments de cette planète. Avec l'activité de tous les corrompus dans le centre, ainsi qu'à la surface (car ces maudites bêtes étaient parvenues à s'enfuir), la gravité ambiante avait été proprement massacrée. Certes, Aria IV émettait toujours son propre champ gravitationnel, dut au coeur de la planète, mais les failles planaires et les téléportations des créatures avaient provoqué un dérèglement complet, provoquant des "singularité physico-spatiales" selon l'intelligencia Terrane. C'est d'ailleurs l'une des raisons majeures de la quarantaine permanente d'Aria IV. Chose amusante, c'est que la situation fut justifiée par des "problèmes politiques internes" selon les principaux médias galactiques. Et que ce mensonge éhonté fut maintenu jusqu'en 1202 après le premier Empereur, année à laquelle Thy'kha Mdll, le grand agitateur à la voix d'argent, dévoila l'affaire publiquement, ainsi qu'une trentaine d'autres dossiers très houleux. Ce qui lui valut d'ailleurs une chasse à l'homme qui dura jusqu'à la mort naturelle de Thy'kha, dont on connait l'emplacement de sa tombe sur la planète Naftali-C, du système Trantorius.
(Note: Pour les amateurs de tourisme galactique, sachez qu'un magnifique temple en style Retro-Chergh de soixante mètre de haut lui est consacré, il loge d'ailleurs des archives historiques si jalousées de Trantorius.)
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Lun 14 Mai - 18:06 | |
| Certains diront peut être que ce dernier acte n'est que pur fantasme, délire halluciné, ou divagations d'un vieux bureaucrate. A ceux-là je réponds: KRAGHN! (les initiés et amateurs des plateformes interconnectées transculturelles et autre systèmes de partage/traduction inter-espèces comprendront). Certes, je n'ai malheureusement pour seule preuve de mes dires qu'une malheureuse photo d'Aria IV, celle prise dans les chaînes de production du complexe du secteur C. Oui, je l'avoue, j'ai moi-même détruit l'enregistrement vidéo de notre fuite, dernier réflexe semi conscient de mon esprit alors abattu.Comme je l'ai déjà dit: libre à chacun de croire ce qu'il veut. La dimension Lorr n'était peut être qu'un rêve éveillé, mais ce que moi et mon escorte avons vu ce jour là, et les images que mon enregistrement avait prit lors de mon inconscience...ça, n'est pas inventé.
Pourquoi ai-je détruit ces images? Pour plusieurs bonnes raisons. De "garder ma santé mentale" à "éviter d'inspirer d'autres assoiffés de pouvoir"...Les causes ne manquent pas. Ainsi, alors que j'avais prévu de joindre la vidéo à ce document, je vous fait confiance, lecteur(ice), pour user de toute votre imagination, et de bien vouloir me croire sur parole.
Après avoir perdu connaissance, c'est à dire peu avant d'avoir atteint l'étroite échelle encastrée dans la cage ascenseur, mon escorte dut se charger de me porter à travers une réalité disséquée à l'épée tronçonneuse. L'échelle que nous empruntâmes fut certes relativement droite, malgré les quelques distorsions en fin de course, et de légères ondulations de l'acier, rarement cela dit. La lumière était toujours bombardée par des néons agressifs, du moins pour ceux qui marchaient encore, et les beuglements des corrompus s'étendaient maintenant dans toutes les directions.
-Bon, les gars, encore 12 putain d'étages et on décolle d'ici. S'exclama Joris. On lambine pas, ALLEZ!
Sans tarder, chacun grimpa à l'échelle sur une cadence soutenue, tous pressés (comprenons les) de voir la lumière du jour. La caméra m'indiqua que j'étais sur l'épaule de Gonagan, le plus robuste de tous mis à par le capitaine. Mon porteur prit la troisième position, après le chef d'escouade et Velta qui suivait de près. Marcus et Tiirs étaient derrière, mais impossible de savoir dans quel ordre. Notre joyeuse file grimpa donc au travers des étages plongés dans une mer d'encre, striée de quelques rares bandes lumineuses. Ce fut le vrombissement percutant d'un moteur de classe 6 qui mit fin à cette retraite misérable. Il ne s'était pas encore manifesté jusque là, mais au vu du gruyère qu'était devenu le complexe, je m'étonne encore que le son ne nous soit pas parvenu avant.
Pour vous faire une description plus complète, le bruit qui résonna contre les murs de l'ascenseur aurait put provenir d'un Traqueur de Nyorn, dont le bruit des moteurs aurait été enregistré à plein régime, et rediffusé par à-coups. Pour ainsi dire, les rares vétérans à qui je confia la vidéo crurent tout d'abord que l'engin était déjà à l'intérieur du bâtiment. Le bruit était le résultat sonore d'une aspiration très violente de l'air, distordu dans un tri-catalyseur, et renvoyé sous forme d'onde de choc. On entendait ainsi comme un craquement dans l'air, mêlé à un sifflement à la fois très aigu et très grave, puis à une détonation aérienne. Ce vacarme très désagréable pour les auditeurs sans casque adapté résonnait dans les interminables couloirs qui s'étendaient sous nos pas.
-Qu'est ce que c'est que ça? S'enquit la voix de Marcus, derrière moi.
-On dirait de la machinerie, ça peut pas être "eux", si?
-Avance, on discutera après j'vous rappelle que j'porte le Sieur, moi! Grinça Gonagan
Tiirs ne sembla pas noter la remarque de son camarade, ou s'il le prit mal, la caméra ne put me le faire voir, étant axée face à l'échelle. Le bruit retentit plusieurs fois d'affilée, se rapprochant d'une façon alarmante. Cela ne semblait pas se diriger droit sur nous, d'autant plus que l'origine nous était inconnue, mais en tout cas "ça" remontait vers la surface. Et en même temps que nous. La panique l'emporta donc sur la prudence, malgré le tempérament trempé de ces hommes qui en avaient déjà vu beaucoup, et l'empressement accéléra la cadence d'escalade. La crainte s'entendait dans leur respiration, leur mouvement, les coups nets de la caméra qui virevoltait avec l'épaule de Gonagan. Il faut bien avouer qu'une attaque surprise dans cette situation les mettrait clairement en désavantage. | |
| | | Cocoon Rôliste
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mer 30 Mai - 15:11 | |
| Ce serait mentir de prétendre que le visionnage de ce passage ne m'a pas affecté. Pour être franc, ce sont bien plus les bruits, les craquements et les grognements qui m'effraient encore que les images en elles-même. Ma tête branlant sur l'épaule de Gonagan, la majorité de la bande ne me montra que les barreaux de l'échelle, et le mur fissuré ou partiellement détruit qui passait devant nous. Pour rester euphémique: l'ambiance était angoissante. Imaginez nous tous dans une semi pénombre, plongé dans l'inconnu, le chaos et la mort. En pleine fuite pour nos propres vies. Les mains moites de peur, la respiration saccadée des autres qui vous parvient aux oreilles, votre coeur qui bondit dans votre poitrine, et les bruits. Ces bruits. Tout d'abord, on entendit des éboulements lointains, des bruits d'étages qui cèdent, de murs qui plient sous la douleur et les fissures. Ce ne sont que des bruits de pierre, puis des bruits de pas. Quelque chose de lourd, mais de maladroit. Une salve de tirs, puis deux autres. Un hurlement bestial. Des cris d'effroi. Le silence pendant quelques secondes.
Et là vous vous rendez compte que vous êtes bien plus proche de cette chose que ce que vous n'imaginiez. L'angoisse de se dire qu'on est le suivant sur la liste. La peur de voir la mort surgir d'un éclat de mur, et qui vous emporte dans les pires souffrances possibles. Un nouveau bruit d'air mutilé, puis celui d'une masse molle encastrée dans la pierre. Le craquement des os, l'explosion de la chair. Non loin. Un peu plus haut, vous voyez un rai de lumière: une porte d’ascenseur ouverte en large, défoncée. Nouvel effondrement de mur. Cette fois il est diablement plus proche. Vous entendez des bruits de course sur le sol, quelque chose qui se plante dans la chaire. Un nouveau bruit de siphon, et enfin les échos d'une giclée de sang sur le sol.
La file s'arrête. Laissant ma tête pencher sur le côté droit, presque dans l'axe de la porte. L'image me montre un bout de couloir en contre plongée. Et cette courte vision me pétrifia d'horreur, c'était les appartements des habitants du complexe. Les pauvres devaient être sur leur cycle de repos quand la catastrophe s'était déclenchée dans les étages inférieurs. Les monstres étaient arrivés, et ne leur avaient laissé aucune chance. Moi et Velta fûmes les deux seuls à vomir sur le coup. Le reste de l'équipe ne se laissa aller que bien plus tard, en sécurité. Des cadavres plantés dans le béton, je reconnaissais les affreux pics d'ambre ensanglantés qui avaient servis à bombarder Nest dans la salle de contrôle. Pour certains, ils étaient tout simplement démembrés, ou écervelés. Il y en avait même un dont le contenu crânien s'étalait sur cinq bons mètres. La matière grise et le sang s'écoulaient encore au sol, au fond du couloir. Ce devait être la dernière victime que nous avions entendu.
Rien.
Pas de traces de corrompus, mis à part ceux déjà disséqués par balles. Le silence était revenu, et c'est en comprenant cela que je sus pourquoi Joris nous avait arrêté net. Nous n'étions plus seuls.
Chacun sortit son arme et se préparait à tirer. Nous nous attendions tous à voir sortir la créature dans un bond, et les canons étaient pointés vers l'entrée défoncée de l'ascenceur. L'attente dura un bon moment. Le temps pour nous d'entendre qu'à l'extérieur, tout ne faisait qu'empirer, et semblait totalement hors de contrôle. La planète était condamnée. Qu'en était-il de son peuple? S'ils avaient connu le même destin que ces pauvres hommes, qu'ils n'avaient pas eut le temps de s'échapper devant la menace... Empereur. Valait-il mieux réellement sortir? Si c'était pour contempler une telle horreur?
Un tremblement de terre mit fin à mes interrogations. Tandis que l'escouade était toujours aux aguets, le complexe entier fut prit de secousses. Fait étrange, ce sont celles-ci qui réussirent à me tirer de mon état; J'ouvris les yeux avec peine, découvrant un tunnel sombre, à peine éclairé, perché sur de massives épaules, et des bruits tonitruants m'encerclaient. Nous dûmes nous accrocher de toutes nos forces, car le phénomène dura plusieurs minutes, mais tout le monde tint le choc, nous évitant une chute de plusieurs étages. Les murs pourtant renforcés subissaient les derniers outrages. Tandis que je me réjouissais intérieurement de voir notre équipe proche de la sortie, d'après les cris étouffés de Velta.Je constatais au travers du couloir qui s'étendait derrière nous que la super structure s'effondrait sur elle même, comme des sables mouvants. Des avalanches de pierres s'écroulaient vers le coeur de l'enfer tandis que certaines d'entre elles se faisaient repousser, éjecter à la surface à la façon de poissons nageant à contre courant. Un vacarme colossal nous parvint aux oreilles, comme si le complexe se retournait sur lui même, que son coeur même cherchait à atteindre la surface. Un léviathan qui se ruait vers la sortie. Un monstre sortit des ténèbres abyssales.
-Empereur tout puissant, ayez pitié de nous....
Je murmurais ces mots à moi même, en proie à un mal de tête naissant; je le chuchotais aux dieux qui voudraient l'entendre. Car à cet instant précis, le seigneur d'Aria IV, le tyran galactique, l'abérration vivante: Lorr le sanguinaire, avait achevé son repas, et se dirigeait maintenant à la surface de la planète libéré de sa prison de pierre.
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| | | Cocoon Rôliste
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 21 Juin - 17:49 | |
| Durant l’ascension de l’aberration vivante qu'était devenue notre tyran, je peinais à m'accrocher aussi fort que possible au cou de mon porteur. Celui-ci dut le remarquer (sans doute l'arrivage plus ardu d'oxygène), car il agrippa le bras et desserra lui-même mon étreinte tout en me tenant fermement.
-Je crois que le Sieur est réveillé, cria-t-il. Faites lui de la place, il commence à être lourd, le bestiau!
Ravalant mon orgueil, pourtant fier de mon physique entretenu, j'acceptais la place qui m'était offerte sur l'échelle, et profita des secousses décroissantes pour vérifier que la mini caméra disposée sur l'oreille était toujours en place.
-QU'EST CE QU'ON FAIT, CHEF? Hurla Tiirs pour couvrir la cacophonie qui régnait encore malgré les secousses en baisse.
Gonagan, qui était derrière moi maintenant, me fit passer la demande, que je retransmis à mon tour. Fallait-il attendre sagement que le calme revienne? Ou tenter une sortie à l'arrachée, brute, et désespérée? Nous ne savions même pas ce qui nous attendait à l'extérieur, et à vrai dire, personne ne voulait vraiment le savoir... Seulement voilà. Au vu de ce qu'on percevait de la surface, le chaos était partout. La planète se faisait malmener, d'une façon ou d'une autre, et nous n'avions clairement pas intérêt à rester sur place longtemps. Déjà car Lorr et ses sbires finiraient bien par nous trouver (si nous n'étions pas morts avant), et parce qu'un vaisseau de classe Valhalla nous attendait à l'extérieur. Et je n'avais pas envie de perdre mon ticket de retour vers une vie de cour, de soirées mondaines et de petits fours.
-ON FERAIT MIEUX D'AVANCER! LORR FINIRA PAR NOUS RETROUVER! Tentais-je.
Certes, c'était une idée remarquablement teintée de couardise, mais je n'avais pas les qualités martiales pour tenir face à cette xeno-armée, ni l'envie d'ailleurs. Cependant, un nouvel évènement vint confirmer mon opinion: Le bruit du traqueur de Nyorn avait grimpé dans les étages, suivant son maître, et semblait s'être déchainé une fois arrivé à l'air libre. Une fois, deux fois, puis une troisième qui dura un long moment; On aurait dit que la chose à l'origine de ce bruit s'était lancée dans une rage frénétique, et détruisait tout sur son passage.
Encore une fois, je regrette ici d'avoir supprimé la vidéo témoin. A vrai dire, c'eut été très enrichissant pour vous, et beaucoup moins complexe pour moi pour vous le décrire... A partir de cet instant, tandis que le vacarme de destruction se rapprochait de plus en plus au dessus de nos têtes, les premiers blocs de béton chutèrent du plafond de la cage d’ascenseur. Des pans de murs s'étaient déjà fissurés autour de nous, défoncés, ou étaient même tombés au fond de la cage, mais bien que ceux-ci ne nous atteignaient pas car étant pour la plupart sous nos pieds, nous avions ici nos premières menaces venues d'en haut.
Quand Joris le remarqua, il hurla à tout le monde d'utiliser son paquetage comme bouclier de fortune contre les roches, et d'avancer coûte que coûte pour se dépêcher. Pour ma part, j'étais à l'abri entre deux soldats protégés, et je pouvais donc plus aisément lancer le champ de ma caméra vers la direction du danger. Esquivant l'ombre des deux hommes me précédant, j'assistais à un nouveau et terrifiant spectacle:
Si la matière peut être comparé à de la poussière agglutinée et soudée à elle même, imaginez qu'un aspirateur doté d'une force d'aspiration démentielle qui peut décomposer des blocs de poussière entiers en particules. Que le résultat donne une sorte de nuage sombre à haute vélocité qui se dirige vers ce qui tient du trou noir, mais qui peut rendre son état initial à toute matière prise dans ce siphon dès que l'aspiration se coupe. Pour les adeptes de la vulgarisation, disons que le résultat concret se résume aux premiers jets d'une téléportation encore instable, ou ce que serait, selon les amateurs de science fiction, un début d'entrée en hyper espace (bien que je réfute totalement ce concept, soit dit en passant. Remonter le temps, compresser l'espace et défrayer toutes les lois les plus basiques du déplacement spatial, je trouve ça totalement ridicule! ).
Je vis donc des blocs de pierre arrachés, décomposés, et aspirés vers une source encore inconnue. Imaginez l'angoisse de découvrir cet énième danger qui nous attendait à la surface! Mais nous n'avions plus vraiment le choix, il fallait accélérer, et sortir de là. Et je n'étais pas le seul à le penser:
-A tous les membres de l'équipe au sol: répondez! Répondez bon sang! Par l'Empereur! Vous m'entendez? Répondez!
La course de notre petit groupe s'arrêta net. Le volume à fond, la radio de Joris se mit à vomir des appels tonitruants sans discontinuer. Visiblement, l'équipage du Valhalla s'inquiétait pour nous. Le capitaine s'empara de son appareil redevenu opérationnel avec l'arrachage du plafond, redonnant contact avec les ondes hertziennes, et vociféra lui aussi dans le commutateur:
-Valhalla, ici Joris! Je répète: ici Joris! A vous!
-Bon sang! Joris, espèce d'abruti, 'pouviez pas répondre avant non? On a eut une peur bleue ici. Terra soit louée, vous allez bien?
-On a connut mieux, on a perdu Meneras, Boyle et Yorg sont avec vous?
-Négatif. J'espère que ces rats ont trouvé un coin où se terrer. Vous en êtes où?
-Presque sortis du trou, un toit en moins nous a permit de vous capter. Comment c'est à la surface?
-C'est l'enfer. Je sais pas où vous avez fourré votre sale groin, mais des saloperies sont sorties de partout, et ont commencé à foutre un bordel pas possible sur tout Aria IV. Bon sang mais vous avez foutu quoi ?!
-Pas maintenant, vous pouvez nous récupérer ou pas?
-Avec le vaisseau?! Tu rigoles! Je descends pas en bas, on va se faire dépecer. Pour l'instant on a mit le Valhalla en orbite, ces choses ont pas l'air de savoir nager dans l'espace. Mais on peut vous envoyer un Raptor si vous voulez.
(Pour les non-initiés aux différentes classes de vaisseau spatiaux, les raptors sont des vaisseaux de chasse très répandus dans les zones où le furtif et la rapidité l'emportent sur la force de frappe. Ils sont très rapides, disposent d'un châssis pouvant réfracter la lumière. Ces bijoux remplis de capteurs en tout genres sont surtout utilisés pour les missions de reconnaissance en milieu hostile, ou pour les récupération en urgence. Seul inconvénient de ces merveilles de l'aérospatiale: ils coûtent un prix exorbitant. Une rumeur dans l'armée impériale dit que le pilote qui ramène un de ces vaisseaux en mauvais état se fait dégrader, subit de nombreuses peines et amendes, et passe sur la liste noire du monde du pilotage. Certains disent qu'il vaut mieux mourir avec son vaisseau que revenir avec une aile en moins. C'est dire...)
Joris laissa un soupire lui échapper:
-Très bien, vous nous avez localisé? -On est en train. Je vous envoi le chasseur dès qu'on vous a repéré. Tenez bon jusque là. Terminé.
Raccrochant sa radio au ceinturon, Joris cria pour que ceux de derrière entendent:
-Les gars de la carcasse nous envoie leur raptor. Le but du jeu c'est de vivre jusque là, comprit? On sort de ce trou, on dézingue tout ce qui passe, ils nous choppent, et on se tire. ALLEZ ON Y VA !
Forçant le rythme de la marche, nous nous mîmes en route pour gravir les derniers étage de ce maudit ascenseur. Lorr était à la surface maintenant, et vu les bruits qui nous parvenaient, il devait refaçonner son royaume à son nouveau statut. Enfin arrivés à la dernière porte de notre ascension, Joris enfonça cette dernière qui donnait sur un ultime couloir à l'autre bout éventré, vomissant une lumière crue qui nous brûla les rétines. De ce que j'en percevais, nous traversions, sans un regard en arrière, les restes de la voie de service qui démarrait au hall principal d'accueil du super complexe. Mais avec la sortie fulgurante de Lorr, les locaux étaient quelque peu... dévastés. En effet le cadre de la porte avait à moitié été arraché, l'ancien hall ne possédait plus que des vestiges de murs, le reste n'étant que gravas, flots de papiers et de matériel informatique dispersés et émiettes aux quatre vents. Quelques cadavres de malchanceux pendaient maladroitement aux armoires, restes de murs et autres obstacles contre lesquels ils avaient été propulsés. Et je me demandais si Lorr savait reconnaître les siens, ou si ses sbires se livraient déjà à une guerre interne. Car les cadavres de corrompus n'étaient pas dans un état...humainement infligeable, dirons nous.
Ainsi donc, un énorme trou béant perforait le hall ainsi que les bâtiments plus lointains, trouant la surface du monde tel un ver sortant d'une pomme pourrie. Courant nous mettre dans un abri relatif pour faire une rapide analyse de la situation, nous ne mîmes pas longtemps à contempler notre tyran dans sa forme définitive. Visiblement, Lorr avait finalement forcé la cadence pour se nourrir au plus vite, quitte à y perdre son précieux complexe.
La chose était quinze fois plus grosse que ce que nous avions observé dans la cuve principale. Elle dépassait à vue d'oeil les 100-120 tonnes, faisait des kilomètres cube de large et de long, et le spectacle n'en était que plus insupportable. Entouré d'une armée de créatures absurdes, celles-ci s'attaquant au tissu de la réalité. Sautant, tordant, se phasant et modifiant la matière comme l'impalpable à leur disposition, Aria IV était devenue un gigantesque terrain d'expérimentation pour ces monstruosités. Et trônant au milieu de cette danse folle, scrutant avec mépris ce monde qui n'était plus à son goût, Lorr libéra par des moyens qui me sont inconnus un torrent de la matière sombre qui le composait. Je crus tout d'abord qu'il vomissait, ou qu'il était blessé par son entrée dans l'atmosphère d'Aria, mais c'est un instinct glaçant qui me suggéra qu'il pouvait créer sa propre matière. Sous les cris de sa horde, que mes compagnons jugèrent cris de joie, la liqueur sombre se déversa comme une marée sur le monde, le recouvrant de sa corruption la plus sinistre.
-En hauteur, vite! | |
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mer 27 Juin - 22:05 | |
| Marcus fit preuve de l'esprit avisé d'un habitué de la chasse et de la survie. Comprenant que le monde serait bien vite submergé devant les quantités incroyables que le monstre engendrait, il devenait évident qu'un abri en hauteur allait bien vite s'imposer. Mais les réflexes et la rapidité d'action de Marcus, je dois bien l'avouer, nous sauva tous. S'élançant vers les décombres et la plaie béante qui devait certainement être les restes de l'entrée principale du hall, Marcus partit en éclaireur , son sac à dos basculant vers sa main. Évitant les quelques poutres d'acier, les pans de murs ainsi que le cadavre de l'immense oculus de verre qui faisait office de plafond à la salle, l'homme se plaqua contre l'un des murs d'encadrement de la sortie agonisante. Plongeant sa main dans son paquetage, je le vis sortir un instrument à la croisée du monocle et de la longue vue, il s'équipa de l'objet avec précaution à l'aide d'une sangle, et toucha sa tempe gauche de deux doigts. En plissant les yeux, j'arrivais à percevoir qu'un angle de la mécanique recouvrait celle-ci, et que la manœuvre consistait sans doute à quelque réglage qui m'était inconnu.
-Jumelles? Criais-je timidement, n'osant faire trop de bruit de peur d'être repéré dans un vacarme de fin du monde.
Tiirs, qui était contre moi, acquiesça de la tête et m'expliqua rapidement que ces petites merveilles sont utilisées pour la plupart des missions de reconnaissance de l'armée terrane. Dans un soucis pratique, ces appareils ne recouvrent qu'un seul oeil. Les caméras multi philtres disposées à l'intérieur permettent en temps réel de disposer d'un mode film, photo, d'une analyse thermique, spatiale, et d'un service d'identification via une base de donnée pharamineuse (de mémoire, cela vous reconnait tout type d'armements, d'équipements ou de structures connues, et dans de plus rares cas de bâtiments standardisés peuvent même vous afficher le plan du lieu. Un avantage beaucoup moins pratique quand vous partez en mission sur une planète rebelle aux confins de l'empire...).
Ah, et j'oubliais, de zoom aussi, bien évidement.
En bref, Marcus scrutait les environs pour nous trouver une bonne planque. Et ce fut il me semble la seule nouvelle réconfortante de ces 120 dernières minutes que j'entendais lorsqu'il tourna la tête vers nous, levant son pouce droit en l'air d'un air de celui qui sait avoir mérité son repas du soir. Toute l'équipe accourut donc en suivant le même chemin escarpé, et s'accroupit pour entendre quel serait le prochain objectif. J'en profitais donc pour observer ce qui provoquait tant de bruits dehors, en plus de notre cher ami cracheur de mélasse. Pour vous faire une comparaison relative, Aria IV ressemblait à ce moment précis à un mauvais cross over entre un film catastrophe, et l'autobiographie du célèbre personnage de pseudo fiction d'Abraham Vinis, appelé ironiquement "Galhad le Sobre". Au sol, des débris de toutes tailles et de tous matériaux trainaient et s'écroulaient à intervalles régulières. Des blocs de bétons, de taule, d'étagères en bois synthétique pour les plus riches, ou en métal pour les autres. Je crus discerner, comme nous n'avions pas encore quitter les quartiers les plus actifs de la planète, quelques restes d'objets en marbre ajusté (un terme bien élogieux pour de la camelote luisante recyclée vendue à bon prix sur les marchés faits de prétentieux auto baptisés "nouveaux riches"). Le paradis des récolteurs de babioles et des revendeurs de matériaux en somme. Le sol valait désormais des milliers de cellules... (Pour les férus de culture générale, sachez que le terme "cellule" pour la monnaie terrane est un néologisme accepté à contre coeur par l'empire, car accepté et utilisé par l'ensemble de la classe populaire de la galaxie.A l'origine, après la dernière guerre de la fédération de 4552 calendrier de la deuxième ère spatiale, c'est à dire juste à la transition vers l'an 1 du calendrier actuel, le premier empereur, Protak Zugul, surnommé de son vivant "Le Grand", décida de forger une monnaie unique pour commémorer la fédération des terrans de toute la galaxie sous son seul étendard. La monnaie en question, après des semaines de débat pour trouver un nom communément admit, fut décrétée comme "Monnaie Terrane Galactique", soit le sigle MTG. Quand la nouvelle fut répandue, les citoyens du glorieux empire trouvèrent ça pour le moins ridicule, surtout au vu du temps de débat complètement absurde qui avait été consacré à cette décision. Au final, quelques mois après l'instauration de cette nouvelle unité de monnaie globale, il est apparut que la valeur de l'argent s'était alignée sur celle d'une cellule d'énergie solaire. Ce que nos ancêtres appelaient "pile", ces unités provisoires, toxiques et non rechargeables, et qui est aujourd'hui l'unité énergétique de base de notre société, est devenue la référence en terme de monnaie. 1 MTG valant par conséquent 1 cellule énergétique, la masse populaire adopta donc le terme de "cellule" pour qualifier la monnaie galactique, au grand damne de Protak le Grand, et de son conseil terran...) | |
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 28 Juin - 21:12 | |
| Des milliers de cellules étalés au sol. De tout. Pierre, métaux, pierreries, souvenirs. Un monde entier était éparpillé au sol. Bien que beaucoup de choses soient dissimulées sous des tas de taules en tous genres. Mais qu'en était-il des airs? Et bien une fois que le regard se lève, escaladant les restes démembrés d'immeubles bétonnés et autres cadavres d'habitations, la vue se voit déjà perturbée par le passage de quelques créatures. La plupart dont les effets ne nous sont que trop familiers, et certains encore dont nous ne connaissons rien. Mais la chose qui m'horrifiait le plus, était que les hordes de monstres que je voyais se déverser sur Aria IV sortaient de toutes parts d'un énorme cratère. En me retournant pour observer d'où venait cette cohorte qui nous survolait, mes yeux furent arrêtés par un vestige de paroi, à l'autre bout de la pièce. Frustré de devoir rester près de mon escorte, je fis part à Marcus de mon observation, et lui aussi remarqua qu'un flot de monstre sortait de derrière nous. Fixant avec son appareil ce que je pensais être l'origine de l'invasion, son visage se durcit et il confirma ce que je pensais.
-On dirait que notre ami a fait un sacré trou pour sortir du complexe. Je ne sais pas combien de gars il y avait à l'intérieur, mais y'en a un paquet qui en sortent maintenant.
Je ne préférais pas demander à voir de mes yeux, croyant Marcus sur parole.
-C'est pas tout ça, mais on devait pas chercher un coin à l'abri? Demanda Gonagan.
-Oui, et c'est ce que je voulais vous dire avant que M'sieur Navi ne me fasse sa remarque.
Il toussa.
-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle...
-La mauvaise, vite. Trancha Joris.
-C'est loin.
-Et la bonne?
-C'est sûr.
Quelques grommellements semi approbateurs s'élevèrent dans le groupe, mais il fallait bien avouer que nous n'avions pas beaucoup de temps pour débattre. Après rapide analyse de la situation, et une concertation assez expéditive, la décision fut prise.
-Tu nous guides, on vous couvre toi et l'ambassadeur. Messieurs, on tire dans l'tas, on rate rien, et on touche pas les p'tits copains, compris?
-Affirmatif! Clamèrent les autres.
Nous nous engageâmes donc dans la large avenue qui conduisait à la sortie du secteur C. Anciennement place forte de premier ordre, je contemplais avec une crainte mêlée d'admiration ce désastre provoqué par quelques centaines d'hommes. Des corps, du matériel, des véhicules abandonnés, et beaucoup...beaucoup de décombres. Voilà ce qu'il restait du secteur C, classé niveau de sécurité 8. Un champ de bataille en ruines. L'odeur de la poussière et de la fumée m'emplirent les narines, je sentais le crissement de la pierre sous mes pas, les bruits assourdissants de Lorr dévastant son propre monde et des hurlements de son armée de monstre me terrorisaient, mais il fallait avancer. Courant pour sauver nos propres vies, dans l'espoir de voir apparaître un raptor au dessus de nos têtes, arborant fièrement le symbôle de l'Empereur, nous foncions tête baissée vers un abri connut de Marcus seul. -C'est à combien de kilomètres d'ici? Demandais-je.
-Vingt cinq, peut être trente.
-Et vous pensez vraiment qu'on y arrivera sous peu?!
-Pour l'instant, il faut s'éloigner de cet endroit, ensuite on cherchera un moyen de transport encore en état de marche.
-Les navettes marchent peut-être encore...suggérait Gonagan, mon éternel ange gardien qui restait coûte que coûte près de moi.
-Bien sûr, à condition que Lorr et ses potes aient pris soin de ne toucher ni aux rames, ni au réseau électrique, ni à aucun équipement fournissant ou traitant de l'énergie.
-Et un camion militaire, ça compte? Lança Joris, fier de lui.
S'écartant de la trajectoire du groupe, celui-ci se dirigeait vers un véhicule aux couleurs gris et boue typique d'Aria IV dont le moteur tournait encore. Arme à la main, le capitaine de l'escorte fouilla soigneusement l'arrière du véhicule, ouvrant ses double portes blindées, puis vérifia l'avant en passant par le côté passager. De là où nous étions, l'avions perdu de vue. En effet bien qu'encore en état de marche, ou du moins visiblement, une bâtisse en taule s'était partiellement effondrée sur le camion qui était garé sur son flanc. Bien que celui-ci ne semblait pas avoir subit de lourds dégâts, Joris avait dut se faufiler entre plusieurs pans de métal pour contourner le camion. De là où nous nous étions arrêtés, nous avions en visuel le coin arrière gauche, impossible donc de voir ce que devenait notre chef d'escouade. Ce furent deux coups de feu qui provoquèrent la ruée vers le véhicule ainsi que des appels apeurés envers Joris. Qu'avait-il trouvé? De qui provenait cette détonation? Du capitaine ou de ce qu'il avait trouvé dans le camion? Encore quelques mètres...
-TOUS AUTOUR! Qu'importe ce que c'est, ENCERCLEZ-LE! Hurla Marcus, manœuvrant encore les opérations d'un oeil stratégique.
Chacun se disposa en demi cercle, arme pointée, tandis que je rejoignais Velta qui gardait ses distances depuis notre sortie de l’ascenseur.
-CAPITAINE?
Pour toute réponse, le tas de ferraille qui recouvrait le camion s'affaissa au sol lorsque ce dernier recula brutalement en arrière, la pédale d’accélération brutalisée et plaquée au plancher. Le moteur vrombit et les roues crissèrent sur le sol, tandis que notre ticket de sortie faisait une belle manoeuvre de dérapage pour se poster face à l'accès du secteur C. Joris posa son coude gauche là où se tenait certainement une vitre quelques temps plus tôt, la main droite fermement ancrée sur le volant, le regard nous narguant pour cette petite frayeur improvisée.
-Allez mes demoiselles, en voiture!
Sans se faire prier, je me dirigeais en premier vers le fourgon, suivis de très peu par le reste de l'équipe, pas encore tout à fait rassurée. Une fois tout le monde en place, et Velta à à la place passager pour guider notre fuite, Marcus demanda à travers la fenêtre qui communiquait avec l'avant:
-Capitaine, c'était quoi ces coups de feu?
-Un pauv' gars qui était pas décidé à rejoindre l'armée de choses, il avait un bout de bestiole coincé dans le front, comme Meneras. J'ai préféré l'achever, et placer une balle dans la tête de l'autre, histoire d'être sûr. Velta?
-A vos ordes!
-Je mets les gazs, donc il va falloir être aux taquet question itinéraire.
-Compris.
C'est étonnant de remarquer à quel point les rapports entre Joris et ses hommes changeait selon les situations. Parfois, le militaire s'imposait, alors qu'à d'autres c'était le vieux frère d'armes qui refaisait surface, assouplissant ou non les échanges. Mais j'imagine que dans des moments tendus comme celui-ci, il est normal de voir de vieux réflexes militaires revenir à la charge...Et ce malgré vingt ou trente années de bons et loyaux services côte à côte.
Enfonçant à nouveau la pédale d'accélération, le camion démarra à vive allure vers la sortie du secteur C, laissant derrière nous un amont d'horreurs et de choses dont le souvenir aurait mieux fait d'y rester également. Abandonnant le complexe à son triste sort, notre équipe passa en trombe l'entrée anciennement gardée pour retrouver avec un certain réconfort les ruelles d'Aria IV. Et tandis que Velta s'acharnait à donner des instructions via sa tablette numérique et les plans récoltés plus tôt dans la journée de façon plus ou moins légale. Des ordres brefs fusaient à l'avant, dignes du plus antipathique et du plus misanthrope des guides électroniques. "Gauche", "droite à deux cent mètres", "contourne à droite", "accélère", le tout débité à une vitesse proportionnelle à celle qu'affichait le compteur de vitesse que j'avais arrêté de fixer à travers la fenêtre pour m'éviter une frayeur.
-Combien de temps encore? Gronda Joris.
-Environ...DROITE...2 minutes...ATTENTION!
Pilage sec de la pédale de frein, dérapage, contrôle, accélération. Mon estomac commençait à réellement m'en vouloir de l'avoir entraîné là dedans, mais il fallait bien subir la conduite effrénée de Joris pour espérer un jour remplir à nouveau le-dit estomac. Profitant enfin d'un moment de court répit à l'arrière du camion, je remarquais alors trois choses dans cet abri relatif et temporaire:
-Mon coeur s'acharnait à battre de toutes ses forces après notre fuite désespérée et ma frayeur constante
-J'avais horriblement faim, et je regrettais amèrement le repas de Reness proposé le matin même
-Nous étions au crépuscule
Ce détail m’intrigua plus que tout autre, car on m'avait dit que la fin du jour ne venait qu'avait l'absence de lumière sur Aria IV. Et que du lever au coucher du soleil, rien ne permettait de distinguer l'heure exacte à cause des épaisses couches de nuages toxiques et de leurs variations de densité. Je jetais alors un oeil intrigué au ciel de cette planète, qui normalement ne devait pas être teinté d'orange et de vermeil comme il l'était ce soir là.
En y regardant de plus près, j'observais avec intérêt un coin de ciel lorsque les ruines croulantes me le permettaient. Sans savoir comment, mais en devinant son origine, j'observais de vastes griffes en lieu et place de la couche nuageuse. Des distorsions spatiales, des puits de gravité comme l'ont vulgarisé quelques contacts ahuris lorsque je leur ai montré la vidéo qui tournait toujours, grâce à la caméra bien accroché à mon oreille. S'en suivit les innombrables phases et téléportation qu'utilisaient ces monstres, provoquant ainsi des perturbations météorologiques, qui allaient provoquer quelques heures plus tard le plus vaste cataclysme que la planète aurait jamais connut.
"Le calme avant l'apocalypse", le creux de la vague.
Ainsi, pour la première fois depuis sans doute des centaines d'années, la surface d'Aria IV baignait dans une magnifique lueur cuivre, faisant luire de pleins feux tel un embrasement gigantesque les milliards d'éclats de métaux, de verre et autres matériaux répandus sur la ville-monde. Ajouté à cela les brasiers et colonnes de flammes par centaines, le spectacle en lui même était réellement magnifique, malgré ce qu'il laissait clairement suggérer. Entamant la pente d'une colline menant à notre dernière ligne droite, nous pûmes alors graver quelques souvenirs d'un monde en flammes, arrivé au dernier acte d'une pièce digne de la plus triste et de la plus divine comédie. Car c'était bien un dieu qui menait ce monde à sa perte. Par dessus les ruines et les cendres, mesurant des centaines de mètres de haut, Lorr, nouvelle puissance née de la science des hommes, déversait sa rage et son pouvoir sur le monde. Son armée partant à la conquête de son nouveau royaume, on entendait ses cris, ses grognements, et ce bruit infâme qu'émanait de son ventre continuellement en déversant ce fiel épais et sombre sur Aria IV.
-La mort d'une planète. Triste, hein m'sieur le diplomate?
-Pardon?
-Regardez, poursuivis Tiirs. Vous reverrez pas ça de sitôt. Avec les dégâts qu'a provoqué Lorr dans le complexe, je serai pas étonné si la fumée là bas vienne des réacteurs qui lui servaient de biberon. Ils exploseront bientôt, et toute la géologie de la planète va en souffrir. Le coeur ne supportera pas, et soit la planète deviendra un chaos de lave et de séismes, soit...
Il joignit les mains et fit un geste décrivant une explosion.
-Et les habitants? Où sont-ils? Je pensais entendre bien plus de bruits de lutte. Ne me dites pas qu'ils sont TOUS devenus comme eux?
-J'avoue que ça...je n'en sais rien. Espérons...
-Z'en faites pas, Sieur, renchérit Marcus. Connaissant ces gus, ils ont dut ressortir tous leurs vieux vaisseaux et se faire la malle dès qu'ils ont comprit que ça allait mal du côté d'une zone de niveau 8. Ou alors ils se sont planqués en sous sol, dans des bunkers fortifiés, mais entre nous, c'est une très mauvaise idée.
-Vous avez assisté à combien de fins de planète, comme celle-ci? Demandais-je à Gonagan, toujours assit près de moi.
-Assisté ou fuit?
-Et bien... Comme maintenant. La fuir.
Je vis le regard de mon compagnon s'assombrir, les yeux se teintant d'une tristesse qu'aujourd'hui encore je n'ai moi même connu. Sa gorge sembla se nouer, et je voyais presque des souvenirs défiler devant lui.
-Trop.
Un silence lourd et respectueux s'imposa dans notre petit groupe. J'aurais bien voulu demander ce qui différenciait réellement une fuite d'un simple visionnage à distance (mis à part le danger potentiel d'y rester), mais visiblement la précédente question était déjà de trop. Gonagan, d'ailleurs, ne voulut jamais me parler de ce qui avait assombrit ses yeux, même des années après cet épisode.
-...st lui?! Mais qu'est ce qu'il...
-ACCROCHEZ VOUS!
Trop accaparés par notre discussion, nous n'avions pas fait attention à ce qu'il se passait à l'avant, et nous n'entendîmes au final que l'ordre brut craché par Velta. Par réflexe, nous nous agrippâmes aux poignées d'acier fixées aux parois intérieures prévues pour de violentes secousses, mais Empereur ce qu'elles nous furent inutiles... Le blindé, pour une raison parfaitement inconnue, se mit à quitter la pente (en tout cas, c'était une pente aux dernières nouvelles, et difficile de décrire l'inclinaison de celle-ci sur l'enregistrement vidéo). Le camion fut brutalement propulsé dans les airs, comme si une main géante nous catapultait vers les airs, créant une sorte de tremplin parfaitement indésirable. Et notre bolide fonça tête baissée vers l'inconscience collective, à grand renforts de cris de ma part. Pendant ces quelques secondes de vide, propulsés dans l'inconnu, je me demandais ce qui avait bien put "encore" nous arriver. Mais avant que je finisse par trouver un nombre satisfaisant d'hypothèses, un mur vint mettre un terme à ma réflexion, et la paroi avant du fourgon suivit peu après pour me faire quelques politesses faciales. | |
| | | Cocoon Rôliste
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Jeu 28 Juin - 21:14 | |
| -...o.is!
...
-Joris! ...ar l'Empereur, ...i?
...
-... toute la journée ici! ...EPONDEZ! ...or!
Les mots crachés péniblement par la radio recroquevillée dans un coin du camion me parvinrent très lentement aux oreilles. Je saignais abondamment de la tête, le choc m'avait assommé plusieurs minutes et je peinais à me rappeler où j'étais, ce que j'y faisais, et par Terra qui était cet abruti qui hurlait dans l’appareil cabossé.
Les secondes passaient et je faisais de mon mieux pour rassembler toutes les informations que je pouvais. Il y avait urgence. Et il FALLAIT me rappeler. Surmonter le choc. Venir en aide. Mais à qui?
Je scrutais autour de moi, tentant de comprendre, et je revoyais des corps familiers autour de moi; Certains étaient dans le même état hagard, d'autres encore dans l'inconscience.
-Joris...Ve...Velta.
Mes mains tremblaient, et mon corps se dirigea tout seul à l'arrière du camion, évitant les corps endoloris. La caméra me servait d'yeux et de mémoire, car je dois bien avouer que je ne garde aucun souvenir de ce moment précis.Choc traumatique peut être bien. Quand bien même, ma tête se leva assez pour que l'oeil de l'objectif filme ce qu'il se passait dehors. Je découvris notre co-pilote affalé au sol, du sang coulant de ses mains et de son visage, et notre capitaine la tête agrippée dans les serres d'une créature grosse, informe et balafrée. Des restes de vêtements calcinés et déchirés pendaient lamentablement à ses bourlets, une gueule béate et satisfaite, gavée à la matière noire de Lorr, bavait le précieux liquide qui semblait l'avoir nourrit généreusement. La voix pâteuse peinait à prononcer des mots humains, et il s'entendait que sa morphologie n'avait plus vraiment grand chose en commun avec notre espèce.
-Aglor, khapitaine...
Serrant à la gorge notre ami, il le levait avec une aisance ridicule, et plantait son oeil restant, dépourvu de paupière vers notre chef.
-Ne vous avais-gh pas dit qu'il vayait mieux krester en sékh...sékhurité chez moi?
La fin de sa phrase prit une pointe suraiguë, comme aspirée, de la même manière que son très cher maître.
-Sssi Seulement vous m'aviez éklouté...
Il articulait avec peine, et n'arrivait même plus à prononcer correctement les mots sans les déformer de façon anarchique, comme si son esprit même perdait pied avec ce qu'il fut auparavant.
-Reness...mon gros, tu nous avais manqué! Crachota Joris. Ça t'as plus de jouer à cache cache avec nous? Tu nous avais caché que tu savais faire ce genre de crasses...mon salaud!
Il luttait pour respirer, et toussait à de multiples reprises sous l'étreinte du premier maire. Et tout en regardant ce passage, bien à l'abri dans mes quartiers de Terra, la macabre découverte me donna frissons et cauchemars. Joris avait tenu à ce que je regarde mon propre enregistrement avant de discuter de quoi que ce soit sur la mission. Il avait gardé un silence de marbre trois semaines après notre retour sur le Valhalla. Et j'avais que j'eus du mal à ne pas en faire autant, d'autant que je n'avais pas vécus cette scène moi-même, ou du moins pas consciemment.
-Fais le malin, la voix de Reness reprenait un semblant d'humanité, en attendant, je me ferai un plaisir d'offrir ta chaiiiir et celle des tiens à notre nouveau m...maîtrrre.
Considérant sa phrase, il semblait scruter son adversaire et vouloir se réserver une part du butin.
-Mais je vais peut être faire une exception. | |
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| Sujet: Re: Distorsion [Science Fiction] Mar 3 Juil - 23:57 | |
| Le grognement se changea en quelque chose de familier. Une vibration très aiguë se fit entendre, me forçant à boucher mes oreilles. Des vibrations s'étirèrent et partaient en un large tube qui traversait le crâne de notre capitaine.Le bruit à s'y méprendre d'un chasseur de Nyorn reprit, on entendit à nouveau ce sifflement d'air qui se craquelle, mais Joris réagit avant la seconde phase d'aspiration. Dégainant son couteau de combat, il agrippa dans une main le poignet de Reness et trancha celui-ci de l'autre, laissant un moignon noircit parfaitement découpé.
(Pour les amateurs d'armes, et les néophytes en la matière: sachez que les couteaux de certaines unités de combat ont été, en plus des amélioration d'alliage, et de tranchant homologuées, modifiées de façon à rajouter un peu plus "d'efficacité". Ainsi, selon les secteurs de la galaxie, on retrouve plus ou moins fréquemment de la marchandise de contre bande, fruit direct des productions des-dits groupuscules. Pour vous donner quelques exemples, dans le secteur minier de Kryfonte A, l'armée locale a fait fortune en revendant aux ouvriers des couteaux à lame-tronçonneuse, dotée d'une chaine de dents extrêmement solides pour les aider dans leurs travaux. Redoutable sur de la chair humaine.
Les "Crocs", disponibles dans le sous secteur des Hérophantes, très réputés pour leurs réseaux d'assassins, fournissent nombre de dagues équipées d'une charge du poison de votre choix. Celui-ci est automatiquement diffusé sur la lame en cas de choc, et chaque blessure devient un aller rapide pour l'au-delà.
Sans parler des innombrables armes jugées "très expérimentales" par la haute cour de l'armement, forgées avec des matériaux toxiques, disposant d'attaques à distance de toute sorte, avec option "lame télescopique" et autres fantaisies. Des modèles de toutes qualités et au potentiel très relatif circulent donc partout sur les marchés terrans.
En l’occurrence, le modèle que tenait Joris dans ses mains faisait partie de ces objets dangereux bricolés au fond d'un atelier. Lorsqu'il fut stabilisé officiellement, c'est à dire passé sous la barre des 1 modèle dysfonctionnant sur 20 selon les ingénieurs du Valhalla II, il fut distribué en masse et baptisé "Aurore". Pour résumer rapidement, il s'agissait d'une large lame de vingt centimètres, anciennement à double tranchant, dont un côté avait été creusé en rectangle du manche jusqu'à une quinzaine de centimètres. Une tige de métal était installée d'un bout à l'autre, pouvant être chauffée à blanc à une vitesse hallucinante. L'avantage était que cette râpe à fromage tranchait la chair de façon très nette, et cicatrisait instantanément la plaie. L'Aurore dut en partie son large succès au corpus médical, les infirmiers combattants l'utilisant pour des amputations rapides, permettant des greffes mécaniques tout aussi instantanées. Une révolution sanitaire à laquelle Joris ne s'était certainement pas attendu, mais qui le rendit avec son équipe infiniment riche.)
Arrachant un hurlement de rage à notre ennemi commun, le capitaine fit trois bonds en arrière, dégainant cette fois son pistolet de l'autre main. Les gouttes de sang éclaboussées sur son visage atteignirent ses lèvres, provoquant un crachat virulent sur le sol, suivit d'un air méprisant:
-Et ben gros lard? Lorr t'a pas apprit à repousser? J'vais pouvoir de trancher du gras tranquillement alors! Allez viens par ici qu'on rigole!
Regardant son moignon carbonisé, la créature beugla un nouveau cri et lança son attaque. Cette fois, l'aspiration mit beaucoup moins de temps à venir, et je vis de mes yeux ce qui avait arraché le toit de l’ascenseur. La réalité même semblait se décomposer en particules, puis comme fondue par une chaleur brûlante se déversa vers Reness qui semblait ragaillardit de pouvoir déchaîner sa colère. Après quelques secondes d'observation béate, je comprenais que la vague grisâtre qui avait traversé le flux était un reste du mur bétonné devant lequel se trouvait Joris, quelques instants avant qu'il n'esquive. Le résultat était un trou énorme arraché à la pierre, les marques sur les ruines restantes donnaient l'impression qu'il s'était tout simplement liquéfié dans l'appel d'air de Reness. La matière avait été aspirée dans le tube, et disparut à travers la matière caoutchouteuse qu'était devenu le corps grassouillet du monstre. Pendant un instant, Joris inspectait le résultat, et perdit quelques degrés de couleur. S'il se loupait, c'était finit.
-On ne se repose pas! Vociféra l'ennemi.
Un flox inverse propulsa des pierres expulsées du corps fonça en ligne droite vers sa cible. Une nouvelle esquive provoqua une demi brèche, qui mordait sur la précédente. La dévastation n'en n'était pas moins impressionnante. Tirant une salve de balles, Reness la reçut sans bouger, se contentant d'une aspiration moindre qui fit disparaître la menace.
-A mon tour...
Par instinct de survie, Joris sauta dans le fourgon encore encastré dans une paroi de la pièce (ou de ce qu'il en restait) pour éviter son propre tir revenu à lui.
-Putain, il triche ce con... Grommela-t-il. Ça va, Sieur?
Acquiesçant timidement, je n'osais me faire remarquer de peur d'être le suivant. Un mouvement à l'arrière du camion m'indiqua que je n'étais plus le seul à avoir reprit connaissance. Un bras jaillit par dessus moi, et jetta quelque chose à Joris.
-La dernière! | |
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