N'y a-t-il rien de plus frustrant pour nous autre, gribouilleurs de page blanche, que de ne trouver les mots qu'il faut pour nous ? Demandez-moi l'amour, la tristesse, l'amitié, la haine, la nostalgie, la joie... Demandez-moi donc ce qu'il vous plaît, je pourrai bien être capable de les dégrader en noir et blanc et aux couleurs de l'arc-en-ciel s'il le fallait vraiment. Un seul mot de vous et j'en abattrai bien quelques arbres pour m'y épancher. Vos vies sont si claires, je sais bien qu'il me serait possible d'en saisir l'essence et qu'alors, entre mes doigts, au bout de ma plume, vous pourriez m'appartenir un instant.
Vous pourriez m'appartenir que je resterai hors de portée de mes propres mots.
Alors que je colore vos paroles vides de ressentis profonds, je bafouille lamentablement devant mon amour, ma haine, ma tristesse et mes peurs.
Mes mots deviennent plats, mes phrases incompréhensibles, mes textes incertains. Mes sentiments ne sont plus que torrents houleux, que désordres insondables. Imaginez vous aux abords d'un ouragan, cherchant désespérément ce qu'il y a de plus solide pour vous y accrocher. Imaginez vous pouvoir enlacer la plus imposante des montagnes, confiant que jamais le plus violents des ouragans ne pourrait seulement la faire frémir. Imaginez maintenant la sentir rompre peu à peu. Imaginez la peur dans vos cœurs. Imaginez vos yeux écarquillés. La terre sans dessus dessous. Plus rien n'a de sens. Les choses se passent trop vite pour une pensée cohérente. Et rien ne va plus. Les mots sortent. Un par un. Sans logique. Sans suite. Incapable d'y mettre le l'ordre.
Laissez moi vous dire que vous seriez encore bien chanceux de pouvoir ainsi mettre des mots à la suite les uns des autres. Car chaque mot, même unique, porte en lui un sens.
Comprenez vous l'effort éreintant de chercher à mettre un mot sur quelque chose d'insaisissable ?
J'aimerai qu'il soit possible, autant pour vous que pour moi, qu'on puisse se libérer des chaînes d'une langue commune.
Mais peut-être est-ce déjà le cas. Peut-être que mes mots n'ont déjà plus vos définitions. Parce qu'alors j'essayais de lui haimer aussi comme l'impossible jamais, il ne vît que l'abandon facile.
Cela manque-t-il tant de sens ? N'arrivez vous donc pas à en discerner l'essence ?
Lumombre onéant de glammes qui dévoresse jusqu'à la tréface de mon acorps.
Comprenez-vous ?
Ne vous bornez donc pas, ne vous donnez pas de limites. Le haut n'est pas seulement le bas, le bas n'est pas seulement le haut. Le haut est bas et haut, le bas est haut et bas : ils sont baut ne trouvez-vous pas ?
A tout mélanger, se forme d'autres choses inconnues du commun. Et si vous saviez, si vous pouviez avoir la moindre idée de ce qu'il y a à vivre au cœur de mon ouragan, vous sauriez qu'il vous faudrait aussi cette graine de folie pour me saisir.