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| J'y suis | |
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Ruby
Nombre de messages : 2216 Age : 36 Localisation : 221 B Baker street Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: J'y suis Dim 26 Mai - 20:35 | |
| Je suis assise dans le noir, dans l'obscurité de ma chambre j'arrive à percevoir les silhouettes des meubles qui m'entourent : le lit défait contre le mur, l'armoire ouverte, mon bureau sur lequel j'ai posé mes pieds. Le silence de la nuit m'emporte vers des réflexions nostalgiques, à travers le velux je peux apercevoir le ciel tranquille où aucune éclaircie, aucun mouvement ne peut me détourner de mon angoisse persistante .
Je cours, je fuis sans cesse, des fois ce n'est pas réellement de mon propre chef mais je l'accepte, pas comme une fatalité mais plutôt comme un devoir. C'est ce qui paraît le plus censé. Suivre ce qui est bon pour mon avenir, pour ma carrière, pour moi.
Mais à chaque pas en avant, j'ai l'impression d'effacer la craie qui a dessiné mon existence, j'oublie, j'échappe aux souvenirs, au passé qu'il soit douloureux ou joyeux. J'avance en me délestant de tout ce qui m'attache mais par là même, je ne suis plus liée à rien, je ne ressens plus que du vide, et je ne vois pas comment m'accrocher à ça.
J'ai rejeté une famille dans laquelle je ne me reconnaissais plus, comment des personnes qui vous ont entouré dans toute votre vie, qui vous ont en partie éduqué, qui partagent sûrement certains gênes avec vous, peuvent ils être si étrangers ? Comment expliquer que les voir, les entendre vous fait mal ? Ca vous met mal à l'aise, ça vous rappelle que l'intolérance et l'idiotie existent, et que ce n'est pas seulement une chimère, ou une image retransmise par la télévision. Est-ce prétentieux de penser cela ? Comment expliquer qu'on n'arrive même plus à comprendre ou supporter leur réaction ?
Alors je suis partie, en trouvant une excuse, et j'ai couru au loin, pour ne plus entendre la méchanceté, l'ignorance, pour oublier qu'ils sont liés à moi. J'ai enlevé les chaînes de l'amitié qui me disaient d'être ainsi, de me comporter comme cela ; en tant qu'amie, on ne peut pas oublier cet événement, se décommander... La société a des règles bien précises d'attitude à adopter, que ce soit avec ceux qui s'appellent la famille, les amis, le mari. Je me sentais étrangère à moi même sans même savoir qui j'étais. Je n'avais pas d'enfants peut être qu'autrement ça aurait été différent.
J'ai lutté, j'ai essayé sans trouver une voie qui me convenait, où le déclic aurait eu lieu, où je me serais dit, ça c'est moi ou un moyen de remplir ce vide qui ne cesse de se creuser de plus en plus au fond de moi On aurait pu dire que c'était une dépression, que j'allais revenir, mais je n'ai jamais pu faire le retour, car ça me faisait trop mal ; pas par fierté ou peur, simplement par tristesse. Je ne voulais pas revoir les décombres que j'avais laissé, me replonger dans un deuil.
J'avais changé mon identité, pas celle de mon passeport, mais seulement mon attitude, je parlais beaucoup moins, observais tel une bête sauvage qui attend pour bondir. Je m'étais teint les cheveux, geste qui peut paraître superficielle, mais qui m'apparaissait nécessaire pour recommencer à zéro. Brune, j'étais plus passe partout, et en même temps moins abordable, j'esquivai toujours les questions sur mon passé ou délivrais certaines anecdotes que j'inventai à la chaîne selon l'occasion. Mais je n'arrivai pas à nouer de nouveaux liens, à donner ma confiance, alors je repartais sans cesse.
Et là je vois la maison face à moi, cette maison un peu perdue dans la campagne, avec son porche où j'ai passé quasiment toute mon enfance à dessiner avec des pastels pour rajouter un peu de couleur à l'austère blancheur de la façade. Tout semble très calme, il y a un léger vent, la nuit vient juste de tomber, je pense que si je me concentrais un peu, je pourrais entendre au loin le croassement des grenouilles en plein rut. On est au milieu de l'été. Je n'ai qu'à pousser la porte d'entrée, pas même besoin de frapper, ils ne sont pas d'un naturel méfiant. Ici ils ne craignent pas les cambrioleurs. Comme tous les dimanches, c'est le dîner familial, ils doivent être tous là à s'échanger des blagues de plus au moins mauvais goût. Le gamin de mon frère qui braille car on ne l'écoute pas assez et qu'on ne veut pas lui allumer la télé. Grand-mère qui perd un peu la tête et qui dément avoir fait brûlé le poulet, c'est exactement comme ça qu'il doit être cuit selon elle. Et puis chacun bien qu'il affiche un sourire, se perde dans le vague et s'échappe vers des considérations plus personnelles. Je n'ai pas grand chose à faire pour retourner dans le cercle, je n'aurai même pas besoin de m'excuser car je ne crois pas réellement qu'ils aient compris que je partais, mes multiples excuses les satisfaisaient pour expliquer mon absence.
J'ai mal au ventre, ça pèse en bas du nombril. Je ne vais pas arriver à le faire, ma respiration s'accélère.
J'ouvre les yeux, ce n'était que mon subconscient qui m'avait forcé à y retourner, ce léger assoupissement avait suffi pour me projeter devant ce dilemme. Je suis encore toute chamboulée, mais ça va mieux, je regarde les gens autour de moi se retrouver, s'embrasser, ceux qui tirent leur valise avec plus ou moins de difficulté. Sur l'écran des départs, mon vol vient de s'afficher, il n'est pas trop tôt, je reprends mon sac de voyage et pars à nouveau pour une nouvelle destination. Le corps plus léger, bientôt il n'y aura plus rien.
Dernière édition par Ruby le Dim 26 Mai - 21:38, édité 1 fois | |
| | | D.A.
Nombre de messages : 667 Age : 32 Date d'inscription : 30/04/2013
| Sujet: Re: J'y suis Dim 26 Mai - 21:29 | |
| - Citation :
- Je suis assise dans le noir, dans l'obscurité de ma chambre j'arrive à percevoir les silhouettes des meubles qui m'entourent : le lit défait contre le lit (Tu as sans doute voulu dire autre chose ?), l'armoire ouverte, mon bureau sur lequel j'ai posé mes pieds. Le silence de la nuit m'emporte vers des réflexions nostalgiques, à travers le velux je peux apercevoir le ciel tranquille où aucune éclaircie, aucun mouvement ne peut me détourner de mon angoisse persistante.
Je cours, je fuis sans cesse, des fois ce n'est pas réellement de mon propre chef mais je l'accepte, pas comme une fatalité mais plutôt comme un devoir. C'est ce qui paraît le plus censé. Suivre ce qui est bon pour mon avenir, pour ma carrière, pour moi.
Mais à chaque pas en avant, j'ai l'impression d'effacer la craie qui a dessiné mon existence, j'oublie, j'échappe aux souvenirs, au passé qu'il soit douloureux ou joyeux. J'avance en me délestant de tout ce qui m'attache mais par là même, je ne suis plus liée à rien, je ne ressens plus que du vide, et je ne vois pas comment m'accrocher à ça.
J'ai rejeté une famille dans laquelle je ne me reconnaissais plus, comment des personnes qui vous ont entouré dans toute votre vie, qui vous ont en partie éduqué, qui partagent sûrement certains gênes avec vous, peuvent ils être si étrangers ? Comment expliquer que les voir, les entendre vous fait mal ? Ca vous met mal à l'aise, ça vous rappelle que l'intolérance et l'idiotie existent, et que ce n'est pas seulement une chimère, ou une image retransmise par la télévision. Est-ce prétentieux de penser cela ? Comment expliquer qu'on n'arrive même plus à comprendre ou supporter leur réaction ?
Alors je suis partie, en trouvant une excuse, et j'ai couru au loin, pour ne plus entendre la méchanceté, l'ignorance, pour oublier qu'ils sont liés à moi. J'ai enlevé les chaînes de l'amitié qui me disaient d'être ainsi, de me comporter comme cela ; en tant qu'amie, on ne peut pas oublier cet événement, se décommander... La société a des règles bien précises d'attitude à adopter, que ce soit avec ceux qui s'appellent la famille, les amis, le mari. Je me sentais étrangère à moi même sans même connaître qui j'étais moi-même (doublon que tu peux facilement éviter, sans même me connaître réellement, pour de vrai, à l'intérieur, j'en passe). Je n'avais pas d'enfants peut être qu'autrement ça aurait été différent.
J'ai lutté,j'ai essayé sans trouver une voie qui me convenait, où le déclic aurait eu lieu, où je me serais dit, c'est moi ou ça emplit ce vide qui ne cesse de se creuser (Cette phrase ne veut rien dire) de plus en plus au fond de moi-même. On aurait pu dire que c'était une dépression, que j'allais revenir, mais je n'ai jamais pu faire le retour, car ça me faisait trop mal ; pas par fierté ou peur, simplement par tristesse. Je ne voulais pas revoir les décombres que j'avais laissé, me replonger dans un deuil.
J'avais changé mon identité, pas celle de mon passeport, mais seulement mon attitude, je parlais beaucoup moins, observais tel une bête sauvage qui attend pour bondir. Je m'étais teint les cheveux, geste qui peut paraître superficiel, mais qui m'apparaissait nécessaire pour recommencer à zéro. Brune, j'étais plus passe partout, et en même temps moins abordable, j'esquivais toujours les questions sur mon passé ou délivrais certaines anecdotes que j'inventais à la chaîne selon l'occasion. Mais je n'arrivai pas à nouer de nouveaux liens, à donner ma confiance, alors je repartais sans cesse.
(...) C'est tout ce que j'ai trouvé niveau orthographe. Il y a quelques maladresses de syntaxe, des virgules mal placées que tu peux essayer de chercher. Le texte est simple, on sent une lourdeur (mais est-ce assez étouffant pour le thème ?). On ne plonge pas encore suffisamment dans le malaise pour saisir ce qui la pousse à partir et à aller vers ce rien dont parle la chute, c'est dommage. Plutôt fluide cependant, il se laisse lire sans complexe | |
| | | Ruby
Nombre de messages : 2216 Age : 36 Localisation : 221 B Baker street Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: J'y suis Dim 26 Mai - 21:38 | |
| Merci, j'édite, j'ai pas fait de relecture, my bad. | |
| | | Axel & Anders
Nombre de messages : 1018 Age : 30 Localisation : Dans ton coeur Date d'inscription : 13/12/2012
Personnages RP Pseudo: Jésus Pseudo : Vincent Bidalère Pseudo : Eric Couyalère
| Sujet: Re: J'y suis Lun 24 Juin - 10:58 | |
| Je reste perplexe, même après une énième lecture de ton texte. Je m'y retrouve un peu, cette envie de fuir ses proches qui nous exaspèrent de par leur attitudes et leur remarques. Mais elle, pourquoi fuit-elle ? - Citation :
- Alors je suis partie, en trouvant une excuse, et j'ai couru au loin, pour ne plus entendre la méchanceté, l'ignorance, pour oublier qu'ils sont liés à moi.
Fuir pour oublier. Le chemin de la facilité. J'y ais pensé aussi, mais l'éloignement ne fait-il pas raviver, encore plus, la flamme des souvenirs ? Le lecteur est perdu à se moment. Ok, elle en a marre de ses proches, le message est passé. Quel est l'élément déclencheur de sont départ ? Pourquoi à ce moment précis ? Il manque quelques images pour que l'on puissent pleinement plonger dans sa tristesse, son malaise. - Citation :
- La société a des règles bien précises d'attitude à adopter, que ce soit avec ceux qui s'appellent la famille, les amis, le mari.
J'adore ce passage, rappel des règles à suivre, de cette soumission à adopter face à quelqu'un de notre société. On sent une faiblesse en elle grâce à cette phrase, une soumission comme dit avant. C'est cette sensation qui lui donne envie de partir, c'est ce que je pense avoir compris. - Citation :
- Et là je vois la maison face à moi, cette maison un peu perdue dans la campagne, avec son porche où j'ai passé quasiment toute mon enfance à dessiner avec des pastels pour rajouter un peu de couleur à l'austère blancheur de la façade. Tout semble très calme, il y a un léger vent, la nuit vient juste de tomber, je pense que si je me concentrais un peu, je pourrais entendre au loin le croassement des grenouilles en plein rut. On est au milieu de l'été. Je n'ai qu'à pousser la porte d'entrée, pas même besoin de frapper, ils ne sont pas d'un naturel méfiant. Ici ils ne craignent pas les cambrioleurs. Comme tous les dimanches, c'est le dîner familial, ils doivent être tous là à s'échanger des blagues de plus au moins mauvais goût. Le gamin de mon frère qui braille car on ne l'écoute pas assez et qu'on ne veut pas lui allumer la télé. Grand-mère qui perd un peu la tête et qui dément avoir fait brûlé le poulet, c'est exactement comme ça qu'il doit être cuit selon elle. Et puis chacun bien qu'il affiche un sourire, se perde dans le vague et s'échappe vers des considérations plus personnelles.
C'est très bien écrit, on en prend plein les yeux d'images et de souvenirs. On a l'impression qu'en l'espace d'un instant, la narratrice passe de l'insouciance de l'enfance à la dureté de la vie d'adulte. Un passage touchant et drôle, l'image de la grand-mère m'a fait sourire.Alors, ma conclusion finale est assez "bizarre". Le texte me plaît mais en même temps il me semble inachevé. En tout cas, il se lit avec aisance et j'aime beaucoup les images que tu y insères. | |
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